jeudi 16 juillet 2009

"Hi, hi...", se moquaient mes soeurs...

DES MIMIQUES INSUPPORTABLES...



"Christine, Christine, c'est toi ?". A mon retour du collège, je trouve mes deux soeurs, Aline et Diane, seules à la maison et toutes excitées.
Je demande où est Maman : "Elle est partie acheter du lait et du pain. Elle va revenir bientôt... Mais tu devrais aller voir dans le salon... Il y a une surprise", dit Diane en pouffant.
Leur hilarité ne me dit rien qui vaille et je vais voir, avec un sentiment d'appréhension. Ce que je vois me fait grimacer...
Le petit vase en cristal de Baccarat est au milieu de la table. Cassé en plusieurs morceaux étalés sur du papier journal...
Ce qui m'angoisse, ce n'est pas qu'il soit cassé, mais qu'il soit là. Cela fait quatre jours que le vase avait apparemment "disparu" et que Maman avait remué ciel et terre dans les pièces du bas pour le retrouver... En vain...
Elle avait bien sûr pensé qu'une de nous l'avait cassé et caché, mais sans preuve, l'affaire en était restée là... J'avais d'ailleurs presque réussi à lui faire croire que c'était un coup de mes soeurs qui se disputent souvent dans le salon et aurait pu le faire tomber...
Cela avait failli marcher, alors qu'en fait,... c'est moi qui l'avait cassé sans le faire exprès en tombant à la renverse d'une chaise sur laquelle je me dandinais comme à mon habitude. Dans ma chute, j'avais déséquilibré le guéridon et le vase s'était éclaté sur le sol... Je paniquais en voyant les dégâts, sachant que Maman tenait à ce vase, cadeau de sa défunte grand-mère.
Je m'angoissais déjà à l'idée d'avouer, alors j'ai imaginé comment cacher mon forfait...
Profitant que j'étais seule, j'ai imaginé cacher les morceaux. J'ai ramassé soigneusement les débris, les ai emballés dans un vieux journal, et j'ai cherché une cachette...
Provisoirement, j'ai glissé le petit paquet que cela faisait sous une des couvertures qui étaient pliées tout en haut de mon armoire, et ne servent qu'en hiver. Je me croyais sauvée et j'avais l'idée de jeter les morceaux dehors dans une poubelle publique dès que j'aurais un autre moment de tranquillité...
Alors, comment ce paquet pouvait-il se trouver là désormais... dans le salon, comme une preuve , une pièce à conviction attendant un procès inévitable...
Filant dans ma chambre, j'ai compris. Maman avait fait le grand ménage et changé draps mais aussi ma dernière grosse couverture pour une plus légère, l'été arrivant... Avec tout cela, elle a donc trouvé ma cachette... Et descendu le vase cassé au salon en attendant de pouvoir me demander une explication...
En comprenant cela, j'ai le coeur qui se met à battre très fort...
J'imagine déjà comment cela va finir... Et je sens que les petites ont la même idée...
J'interroge Aline : "Est-ce que Maman a dit quelque chose ?" .
"Oui, elle a dit que tu en avais encore fait de bien belles. Que c'est toi qui avais cassé le vase et que tu l'avais caché..."
Je ne sais pas quoi dire et nie bêtement : "Pff, c'est même pas vrai, c'est pas moi"...
Didi insiste : "Si, si, c'est toi, c'est toi. Maman l'a dit, hi, hi, hi..."
Et Aline d'en remettre une couche : "Elle a même dit qu'elle allait régler ça avec toi quand tu serais rentrée..."
J'ai comme un frisson et la chair de poule, je baisse la tête et répète mécaniquement : "C'est pas vrai, c'est même pas vrai..."
Mais, mes soeurettes en profitent pour pousser leur avantage et se mettent à danser autour de moi, en jouant avec leurs jupes et en faisant semblant de protéger leur bas du dos...
Et elles rient en se moquant et en gloussant, imitant des phrases souvent entendues : "Non, Maman, non, pas la fessée, ouille, ouille, pas la fessée".
Rougissant des pieds à la tête, je tourne les talons et file me réfugier dans ma chambre alors qu'elles continuent leur petit manège...
Je n'ai même pas la force de chercher à les faire taire. Je suis trop mal, trop angoissée... Je m'en veux d'avoir cassé le vase, je m'en veux surtout de ne pas m'être débarrassée des morceaux à temps... D'avoir laissé des preuves...
Je tourne en rond dans ma chambre en essayant de trouver les mots, les explications que je pourrai donner, mais je sens bien que rien ne convaincra Maman...
En bas, Diane chantonne : "Christine va avoir la fessée, la la la, Christine va avoir la fessée..."
C'est insupportable, mais je ne réagis pas. Je frissonne en écoutant ces mots... Je sais bien hélas qu'elle a raison...

9 commentaires:

  1. Ravi de vous retrouver ici. Quid des dizaines de textes déjà passés ailleurs et qui sont parfois des petites perles d'écriture, ce serait dommage de perdre tout ça. Rapatrier n'est pas simple, mais votre blog gagnerait d'un coup en sonsistance, je crois...

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  2. Le parti que vous avez pris de ne pas raconter la punition à proprement parler, mais de mettre l'accent sur les circonstances qui l'ont amenée ou l'appréhension qui l'a précédée donne à vos souvenirs, à mon sens, une force toute particulière...

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  3. Merci du compliment, Stan. C'est ce que je fais petit à petit, mais nombre de textes ont été perdus. Si d'aventure certains en avaient gardé des copies, merci de me les renvoyer.
    ...
    Merci françois-fabien aussi. C'est vrai que tout ce qui entoure la fessée est important sur le plan du ressenti. Et en particulier l'avant...

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  4. Christine, qu'en est-il de Flick'r ? je n'y vais plus, mais avez-vous encore tout vos précédents fichiers, même si j'entends que certains ne sont plus en ligne... ?

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  5. Merci beaucoup pour vos récits qui me rappellent aussi des souvenirs cuisants. Continuez !

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  6. Encore une bêtise que vous auriez mieux fait d'avouer Christine. Non seulement vous avez cassé un vase auquel Maman tenait beaucoup, mais une fois encore vous l'avez prise pour une idiote. Et pour couronnez le tout vous avez tenté de faire porter le chapeaux à vos petites soeurs. Vous devriez vraiment avoir honte. Maman n'aime pas du tout que l'on cherche à accuser les autres. Elle a donc ramené l'objet du délit sur le lieu du crime. Les explications, et l'inévitable déculottée qui suivra, se passeront donc en famille. Oui, vous avez bien compris, devant Diane et Aline. Cela vous servira de leçon.

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  7. J'ai hélas bien peur que l'avenir vous donne raison... Pas question pour Maman de pardonner cette bêtise doublée d'un mensonge et d'une cachoterie de plusieurs jours. Comme en plus, j'ai essayé de faire accuser mes soeurs, connaissant Maman, elle va vouloir laver l'affront en faisant un exemple...

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  8. Je pense que ta maman a trouvé la bonne méthode d'éducation et je te souhaite plus tard un bon mari capable de poursuivre ton éducation de la même manière.

    et tes soeurs, ne font-elles jamais de sottises qui méritent une bonne fessée ?

    si, sans doute, et à mon avis, elles mériteraient aussi de bonnes fessées !

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  9. La suite de ce blog montrera qu'elles n'en étaient pas épargnées, elles non plus. Mais Aline et Diane avaient 3 ans et demi et cinq ans de moins que moi, et donc leurs fessées me paraissaient naturelles et normales. Alors qu'elles pouvaient se moquer davantage de celles de leur ainée...

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