lundi 20 décembre 2010

Moments cruciaux : Maman refermait la porte...

(COMME UNE SUITE LOGIQUE...)

Et puis, après m'avoir fait suffisamment mijoter, Maman montait donc... Je guettais ses bruits de pas dans les escaliers, j'avais le coeur qui se mettait à battre très vite.
Si mes soeurs étaient dans leur chambre, sur le même palier que la mienne, Maman jetait un oeil, vérifiait qu'elles étaient sages. Ce qui était bien sûr le cas, puisqu'elles savaient bien qu'il y avait de l'orage dans l'air...
Maman ajoutait une petite phrase du genre : "Restez tranquilles. Je ne veux rien entendre jusqu'à ce que je vous appelle pour le diner... J'ai assez à faire avec Christine..."
Puis, elle refermait la porte, ce qui n'empêcherait certainement pas mes soeurs de la rouvrir et d'aller tendre l'oreille près de ma chambre... Mais, c'était une manière pour Maman de montrer qu'elle ne voulait pas être dérangée.



Quand elle pénétrait ensuite dans ma chambre, je m'étais redressée, et l'attendais assise sur mon lit, prête à sortir les quelques phrases que j'avais répétées comme une sorte de mot d'excuses, comme une plaidoirie de la dernière chance.
Mais, il y avait des gestes qui ne trompaient pas. Le fait que Maman referme soigneusement la porte de ma chambre également, était la signature d'un certain besoin d 'intimité.
Ce n'était pas pour que je ne me sauve pas, c'était pour signifier qu'il allait y avoir une séquence forte, un moment qui n'appartenait qu'à Maman et à moi.
Elle fermait cette porte et me toisait, la main sur la hanche, comme pour me dire : "Alors, Christine, nous avons un compte à régler..."

Je savais dès lors que mon heure était venue, que l'on allait passer aux choses sérieuses, que j'aurais beau dire n'importe quoi, cela ne changerait rien à ma destinée.
Maman était là pour me donner ce que je méritais, pour tenir ses promesses, pour s'occuper de mes fesses...
Elle ne prenait pas en traître, elle m'avait prévenue, je n'ignorais pas pourquoi j'étais là dans ma chambre à l'attendre, et son irruption au bout d'une attente savamment dosée, cette porte qui se refermait ouvrait une autre scène, comme un huis-clos dont l'issue allait me voir allongée sur les genoux maternels, pendant qu'une main déterminée me rougirait une lune bien déculottée...
Et puis Maman s'asseyait elle aussi au bord du lit. A mon côté, à cette place qui lui était si familière... qui m'évoquait tant de souvenirs... qui enclenchait une nouvelle séquence, celle d'une fessée crainte mais bien méritée...
A SUIVRE (peut-être)

mardi 14 décembre 2010

Moments cruciaux : ma chambre, pour le pire et le meilleur

 SUITE (plus ou moins)

Monter dans ma chambre, c'était souvent aller me réfugier dans mon antre, dans cet espace un peu personnel qui m'était réservé. J'avais "ma" chambre, alors que les petites partageaient la leur. C'était mon univers qui leur était théoriquement interdit, c'était la pièce où j'avais loisir de ranger mes affaires presque comme je le voulais, à condition bien sûr que cela ne reste pas en désordre.
C'était un espace d'intimité même si Maman pouvait y entrer sans frapper, considérant que je n'avais pas encore l'âge d'avoir de vrais secrets.
Ma chambre, c'était quand même un endroit à part, où je dormais, où je m'habillais, où je travaillais, où je m'amusais quand des copines venaient, où je rêvassais, où j'élaborais mes stratégies, où nous avions parfois avec Maman des moments bien à nous, des discussions de mère à sa grande fille, où je pouvais être tranquille quand mes soeurs m'embêtaient. Bref, c'était ma tanière, mon endroit favori, sauf bien sûr quand ses quatre murs étaient témoin d'une de mes punitions...
Quoique, même pour ces moments-là, comme je l'ai déjà écrit souvent, c'est l'endroit que je préférais, si je peux employer ce terme, disons que je détestais le moins, puisque les autres étaient moins intimes pour ce genre d'explications...
Si Maman m'avait donné le choix, c'est celui que j'aurais dit souhaiter, évidemment. Mais cela n'en rendait pas moins le moment difficile à vivre... Car, bien sûr, préférer recevoir la fessée dans sa chambre, cela ne veut surtout pas dire que la chose devient anodine.
Ce que j'aurais préféré à l'évidence, c'était de ne pas la recevoir du tout, de ne pas savoir ce qui m'attendait...
Alors, arrivée dans ma chambre, j'en avais bien fermé la porte derrière moi, pour que même mon attente soit comme protégée.
 Comme pour dire que la suite était privée, qu'elle ne regardait personne, et surtout pas mes fouineuses de petites soeurs...
La grande glace de mon armoire m'avait renvoyé l'image de Christine apeurée, d'un visage défait, de quelques larmes qui coulaient provoquées par la petite phrase de Maman : "Tu peux préparer tes fesses" qui signait ma destinée...
J'avais tourné un moment en rond dans la pièce, mais cela ne faisait qu'accroître mon angoisse.
Je m'étais donc décidée à m'asseoir sur mon lit. De toute manière, je n'aurais pas pu lire une ligne, ni faire quoi que ce soit, mon esprit étant trop occupé par mes peurs...

Le tic-tac du réveil ressemblait à un compte à rebours...


J'essayais dans ma tête de trouver quelques excuses à ma conduite que je soumettrais à Maman pour infléchir sa décision. C'est vrai que je n'étais pas la seule collée, que c'était une punition collective, mais elle avait déjà rejeté cet argument et je n'en avais guère d'autre.
Une mauvaise note, on peut toujours trouver une circonstance atténuante, jouer sur l'incompréhension, relativiser son importance. Deux heures de colle pour un motif de discipline, c'était hélas dans la manière de penser de Maman la chose impardonnable... Surtout en récidive, car il y avait déjà eu plusieurs faits similaires depuis le début de l'année...
Avec la même issue fatale pour mon bas du dos...
Circonstance aggravante même, dans l'esprit maternel : Maman avait remarqué la veille au soir que j'étais préoccupée et elle m'avait tendu la perche : "J'espère, Christine, que tu ne me caches rien. Si tu as quelque chose à me dire, dis-le... Tu sais que je déteste les cachoteries..."
J'avais hésité, mais tenu ma langue. J'espérais que le courrier du collège aurait du retard, ou qu'il n'arriverait jamais...
Et puis, je n'avais pas envie de risquer une fessée qui pouvait bien attendre...
Hélas, ce genre de détail, Maman ne l'aura pas oublié et cela ne fait qu'aggraver mon cas, et m'enlève tout espoir de pardon. D'autant que la menace ayant été claire et prononcée devant mes soeurs, elle pouvait encore moins changer d'avis...
Assise sur mon lit, j'avais tout cela qui tournait en boucle dans ma cervelle angoissée. Je regardais régulièrement le réveil et son tic-tac prenait des allures de compte à rebours. Déjà presque une demi-heure que j'étais là, à attendre Maman. Elle avait dit : "Va m'attendre... Je vais venir...", elle n'avait pas dit précisément à telle heure...
A l'évidence, elle me faisait languir volontairement, elle jouait sur mon angoisse qui devait me faire réfléchir...
Tic-tac, tic-tac, je me doutais pourtant que c'était la fin de l'attente. Elle avait pris le temps de finir de préparer le diner, avait dû regarder les devoirs des petites, et mis la table. Le temps de ranger une chose ou deux, de faire en sorte que tout soit en ordre, qu'il n'y ait plus d'autres choses à penser que ce compte à régler... 
On dinerait à 20 h, il allait être 19 h 30, la maison était évidemment du plus grand calme, comme quand cela sent l'orage... Maman allait donc avoir tout son temps pour tenir sa promesse...
Tic-tac, tic-tac, j'aurais voulu pouvoir arrêter la pendule, arrêter le temps, mais chaque minute qui passait était soixante secondes d'angoisse rétrospective. Je ne voulais pas qu'elle monte, jamais. En même temps, j'en avais assez d'attendre, bref j'étais à point... A deux doigts de souhaiter qu'on en finisse en fin...
Le bruit d'un pas dans l'escalier mit un terme au suspense...

 (A SUIVRE
peut-être aussi...)

lundi 13 décembre 2010

Moments cruciaux : "Allez, monte dans ta chambre... J'arrive !"

 Retour à quelques instantanés après de longs récits. Juste pour analyser quelques sentiments vécus, quelques ressentis que diverses photos (pour la plupart trouvées sur le Net, mais assez significatives) me semblent bien illustrer et réveillent des souvenirs.

La montée peu glorieuse et très angoissée...



La scène s'est répétée de nombreuses fois, à travers les années, mais elle demeure très forte en émotion. C'est un de ces retours à la maison, où l'on tend le dos car on sait que des mauvaises nouvelles risquent d'être arrivées.
C'est la découverte au premier regard que Maman n'a plus la bonne humeur qu'elle avait le matin même.
"Ah, te voilà, Christine... Il va falloir qu'on parle toutes les deux, ma fille. Je suppose que tu sais de quoi ?", me lance une mère visiblement énervée.
Je baisse la tête et cherche quoi dire, ne sortant que un "Euh.... bah..." très hésitant.
"Tiens, regarde donc sur la petite table. Il y a une enveloppe qui va t'intéresser. C'est un courrier du collège...", dit-elle, alors que mes yeux s'embuent... Je sais bien ce que contient cette lettre... La conséquence d'un chahut en cours...
Maman embraye : "Franchement, Christine, tu cherches les ennuis. Encore deux heures de colle. Ce n'est pas possible... Quand comprendras-tu qu'il faut travailler en cours ?"
Maman était en train de préparer une salade de tomates et elle s'est arrêtée un instant pour me parler. Aline et Diane sont assises au bout de la table et prennent leur goûter. Elles ne manquent pas une miette de notre discussion...
Je prends une grande respiration et je tente de plaider ma cause : "Maman, euh, je vais t'expliquer. Tu sais, euh, la prof a puni toute ma rangée. On est six à être collées. Euh, ce n'est pas moi qui parlait, euh..."
Je n'ai pas le temps d'en dire plus : "Christine, n'en rajoute pas. Si on t'écoutait, ce n'est jamais de ta faute. Je me moque qu'il y ait six ou douze élèves collées. Ce qui m'intéresse, c'est ce que fait ma fille, pas les autres. Et je constate qu'une fois de plus, tu t'es distinguée alors que tu m'avais promis de te tenir à carreau... Je vois que tes bonnes résolutions ne tiennent pas longtemps..."
Le ton a monté, je sens Maman vraiment sur les nerfs. Je sais qu'il vaut mieux que je me taise, que je ne rajoute rien. Je baisse le regard et je n'ose même plus bouger, plantée là dans l'entrée de la cuisine.
Maman reprend une tomate et s'apprête à la couper en rondelles. Avant, elle désigne la porte du doigt : "Allez, Christine, prends l'enveloppe, et va m'attendre dans ta chambre. Je vais venir m'occuper de ton cas... Et ne fais pas cette tête étonnée, Christine. Tu sais très bien ce qui t'attend... Allez, monte, et prépare tes fesses..."
Personne, ni moi, ni Maman, ni mes soeurs, ne doutait vraiment de ce qui allait arriver, mais la petite phrase maternelle l'annonçait clairement...
Je n'allais pas protester sur le champ, au risque de voir la colère de Maman exploser immédiatement. J'avais au moins gagné de ne pas être punie sur le champ.
J'ai tourné les talons et pris le chemin de ma chambre. En montant l'escalier, je me suis retournée, et j'ai vu que Maman et mes soeurs me regardaient m'éloigner, me regardaient monter vers le lieu de ma prochaine fessée...
J'avais comme la sensation que les trois paires d'yeux se posaient sur le bas de mon dos...
J'ai accéléré le pas pour aller me réfugier entre les quatre murs de ma chambre... Mais y pénétrer était comme entrer en scène, dans cet espace où je n'avais plus qu'à attendre, attendre Maman, attendre la fessée, ma fessée...
(A SUIVRE...
peut-être... si je suis inspirée ou motivée...)

jeudi 25 novembre 2010

Mes ruses de Sioux : la malade imaginaire (18)

SUITE 17 

J'épongeais mon chagrin contre mon oreiller quand mes soeurs sont revenues de leur cours de danse. La prof les avait lâchées avec dix minutes d'avance, et je me rendais compte que j'avais eu chaud qu'elles n'arrivent pas au moment crucial.
J'avais "eu chaud", façon de dire, et réellement aussi en recevant cette fessée magistrale que Maman avait particulièrement soignée...
"Christine, descends, on va passer à table", l'appel de Maman, quelques instants plus tard, m'obligea à sortir de ma torpeur. J'étais encore sous le choc, les yeux toujours mouillés, perdue dans mes pensées, me remémorant ce que je venais de vivre.
Descendre ne m'enchantait pas. C'était le retour à la vie familiale, dans un contexte où mes soeurs allaient bien se rendre compte que je n'étais pas dans mon assiette...
J'ai cherché à faire bonne figure, séchant mes larmes, rajustant ma tenue, avant d'aller retrouver la table familiale. Aline, Diane et Maman étaient déjà assises quand je suis entrée dans la cuisine. J'ai tenté d'éviter les regards, de ne pas croiser celui de mes soeurs, et j'ai commencé à avaler mon bol de soupe en plongeant le nez dedans, manière bien pratique de cacher mon émotion.
"Tu as pleuré, Christine ?" me demanda Diane qui avait remarqué mon visage défait.
Je ne répondis pas, mais cela me fit remonter un gros sanglot. Ma soeur réitéra sa question sans que je dise un mot. Elle se tourna vers Maman qui lui confirma ce dont elle se doutait : "Laisse ta soeur tranquille, Diane. Christine a encore eu, comme je le craignais, une très mauvaise note à son contrôle d'anglais. Alors, Maman lui a donné la bonne fessée qu'elle méritait, voilà tout !"



Mes soeurs n'en ont pas su davantage, et j'étais soulagée que Maman n'ait pas précisé qu'il s'était agi d'une "bonne déculottée", comme elle savait si bien dire...
Le regard d'Aline et de Diane brillait en me regardant, le visage triste et penaud, avec cette mine de gamine honteuse que Maman rappelle mes exploits.
Heureusement, le sujet n'a plus été abordé et c'est avec soulagement que j'ai pu sortir de table, le dessert avalé.
Maman a demandé aux petites d'aller se préparer pour la nuit. Moi, j'étais déjà en pyjama depuis que j'avais dû m'y mettre pour attendre Maman et ce qu'elle m'avait promis...
J'ai donc aidé à débarrasser la table, à ranger les quelques affaires qui trainaient dans le salon, puis j'ai été autorisée à monter pour retrouver le calme de ma chambre...

Mes soeurs étaient en tenue de nuit et attendaient Maman, non sans me guetter, me regardant passer devant leur porte, en me décochant un de ces sourires moqueurs dont elles avaient le chic.
Elles pouffaient discrètement pour ne pas se faire entendre du rez-de-chaussée, mais moi je les entendais bien, et leurs gloussements me faisaient craindre qu'elles m'aient jouer un tour.
De fait, en me dirigeant vers mon lit, je me rendis compte que l'oreiller n'était plus en place...
Je cherchai un instant et je le retrouvai posé bien en évidence sur la chaise de mon petit coin bureau, celle où je m'asseyais pour faire mes devoirs...
Mes taquines de soeurs avaient placé l'oreiller comme un coussin sur ma chaise, comme si j'en avais besoin pour y asseoir mes fesses endolories...
Si j'en avais eu l'idée en sens inverse, j'aurais trouvé la plaisanterie drôle, mais en étant sa victime, elle était du genre à me taper sur les nerfs... J'en ruminai quelques volontés de vengeance à l'encontre de mes soeurs. Car si je m'étais plainte à Maman, je ne suis pas sûre que cela ne l'aurait pas fait rire à son tour.
J'ai donc pris sur moi et fait contre mauvaise fortune bon coeur, me résignant à ne rien dire, et remettant vite en place l'oreiller sur mon lit, histoire d'oublier cette vision d'un coussin protecteur qui montrait que mes soeurs en se moquant ainsi m'imaginaient avec la lune écarlate... Elles n'y avaient pas assisté, mais ce détail prouvait qu'elles y pensaient très fort...


Maman a couché les petites avant de venir me dire bonsoir. Je l'attendais sagement couchée. Elle s'est assise sur le bord de mon lit et s'est mise à me parler longuement. C'était sa manière de me consoler, tout en rappelant ce qui s'était passé, et en justifiant sa méthode.
"Allez, il faut éteindre, Christine. Il est l'heure de dormir. Il y a école demain et je suis sûre que tu vas t'appliquer à remonter ta moyenne. Tu ne voudrais pas que Maman se fâche encore...", me disait-elle d'une voix douce et calme.
"Oui, Maman, je travaillerai bien, c'est promis", lui répondis-je avec de la sincérité dans la voix, et en contenant des sanglots qui remontaient dans ma gorge.
"Je l'espère, ma chérie, je l'espère. Tu sais, cela ne fait pas plaisir à Maman de devoir te punir, mais là, franchement, tu l'avais bien méritée. Tu le savais depuis des jours et des jours que tu allais avoir une mauvaise note. Et, au lieu de travailler, tu as cherché à éviter le contrôle, en jouant les malades imaginaires. Le résultat, c'est que tu as été prise, et qu'au lieu d'être punie une fois, tu l'auras été deux fois. Je pense que cela te fera réfléchir avant de recommencer. Tu sais, Christine, on gagne toujours à être franche, ne l'oublie pas...", insistait Maman, et je ne pouvais que constater qu'elle avait entièrement raison...
"Oui, Maman, j'ai compris, pardon, pardon" ! En disant cela, je m'étais redressée et j'avais enlacé Maman dans mes bras, la serrant très fort...
J'avais besoin de tendresse et je redevenais comme un bébé, comme une gamine qui veut être rassurée. Maman me serra longuement, et j'étais bien dans ses bras.

 "Allez, c'est fini, Christine. Tu es pardonnée, bien sûr. Pourvu simplement que tu n'oublies pas trop vite cette leçon. Tu sais, ça peut arriver de louper un contrôle, d'avoir des mauvaises notes, mais déjà ne pas les cacher est un bon point. D'ailleurs, je suis contente que ce soir, en rentrant du collège, tu n'aies pas cherché à me cacher tes résultats. Tu as reçu la fessée que je t'avais promise, mais cela aurait pu être pire si tu m'avais menti... Je sais que tu me comprends, ma chérie...", ajouta Maman avant de me déposer un doux baiser sur la joue et de sortir en éteignant la lumière... 


Je fermai les yeux en serrant l'oreiller contre moi, comme je l'aurais fait d'un nounours quelques années plus tôt. J'avais sommeil, mes nerfs avaient été copieusement calmés, et ma tête commençait enfin à se vider des angoisses que je trainais depuis plus de deux semaines.
Il y avait eu la peur de devoir passer le contrôle, puis tout ce que j'avais imaginé pour y échapper. La trouille ensuite de voir ma fausse maladie découverte, puis une fois ma ruse éventée, l'angoisse précédant la tannée promise, et son exécution magistrale devant mes soeurs.
Et cela n'était qu'une étape du fait du report impromptu du contrôle. J'avais dès lors eu peur de le rater, puis j'avais vécu plus d'une semaine dans l'attente d'une note que je savais mauvaise, et dont les conséquences avaient été clairement édictées à l'avance.
Ce soir, mon retour avec cette mauvaise note aurait pu me voir tenter de gagner encore du temps, de retarder l'échéance. Non, j'avais réussi à me libérer, à avouer presque spontanément mon résultat. Maman, a posteriori, venait d'ailleurs de m'en féliciter, mais je crois que cela avait été comme un soulagement pour moi. J'avais conscience que l'issue passait à nouveau par les genoux maternels, mais peut-être aussi que j'allais mettre un terme à plus de deux semaines d'angoisse. D'où ma franchise cette fois...


En plus, j'avais un petit sentiment de fierté d'avoir échappé à une nouvelle déculottée exemplaire devant mes soeurs.
On se console comme on peut, mais ce n'était pas un détail bénin pour moi... Pas du tout !
Je trouvai donc le sommeil assez facilement. D'autant que, pour la première fois depuis plus de deux semaines, je n'avais pas dans ma tête cette angoisse qui me taraudait l'esprit. Je n'avais plus penser au contrôle d'anglais, ni surtout à craindre ce qu'une mauvais note faisait planer sur ma tête, ou plutôt sur mes fesses...

samedi 13 novembre 2010

Mes ruses de Sioux : la malade imaginaire (17)

SUITE 16


"Non, Maman, Non. Pas devant elles, nooon!", ma protestation avait fusé de ma bouche. Comme un cri du coeur. Immédiatement, Maman s'était rassise confortablement, avec un air du genre satisfait. La menace avait bien fonctionné. Le piège était imparable...
Maman me regardait sans rien dire, me laissant un instant à mon angoisse. Sa main pianotait à nouveau sur ses cuisses, pour me montrer la voie....
"Allez, viens ici alors... Ne reste pas plantée là... Il faudrait savoir ce que tu veux..."  dit-elle en haussant le ton.
La phrase jouait d'une savante rhétorique. Elle transformait mon cri du coeur, mon refus d'être punie devant mes soeurs en une acceptation d'une tannée immédiate. C'était finement joué, mais j'étais effectivement devant un choix qui n'en était pas un, contrainte d'avancer vers ma fessée pour ne pas avoir à la voir doublée d'une nouvelle humiliation.



"Allez, décide-toi, Christine...", insista-t-elle. Je pris une longue respiration et m'avançai enfin vers les genoux maternels...
Maman venait à sa manière de gagner un point important dans cet espèce de duel sur fond d'autorité.
J'avais la gorge serrée et je tremblais quand elle m'attrapa le poignet et m'attira pour me basculer en travers de ses cuisses.
Sa main tapota le fond de mon pantalon de pyjama, alors qu'elle commenta ma soudaine docilité : "C'est bien ma chérie. Je suis fière de toi. Tu obéis à Maman et tu viens sur mes genoux. On dirait presque que tu es pressée de recevoir ta fessée... Tu ne veux vraiment pas que nous attendions ce soir, après le dîner, dis, Christine ?"


Allongée en cette posture tant redoutée, je vivais mal ce qui était une moquerie supplémentaire, mais c'était plus supportable que la perspective d'avoir mes soeurs comme témoins...
Je ne pouvais que répondre : "Non, Maman, pas ce soir".
"Alors, passons aux choses sérieuses", ajouta Maman en glissant sa main sous l'élastique de mon bas de pyjama. Le pantalon glissa vers mes genoux, puis la culotte que j'avais gardée en dessous prit le même chemin, dévoilant pleinement mon bas du dos rebondi...


La lune à l'air, prête à recevoir l'averse, ma docilité passagère s'envola. Je tentai de protéger mes fesses avec ma main droite. Mais, Maman l'experte me l'attrapa et me la bloqua au milieu de mon dos.
J'étais à sa merci, désormais sans défense, et elle ne tarda pas à déverser une série rapide et très sonore de grandes claques sur ma lune. C'était une sorte de dégelée sur un épiderme blanc et frais qui se colora très vite.
Je me mis à protester, à balbutier entre deux cris : "Maman, aïe, aïe, arrête, non, je t'en prie, je travaillerai bien, non, pas la fessée, ça suffit. Je veux pas, je veux plus, snif, snif, c'est pas juste, aïe, aïe, aïe "!



Je redis la même chose, ou presque, une ou deux fois, comme un leitmotiv, alors que Maman ne baissait pas la cadence en s'appliquant à me rougir le derrière consciencieusement...
C'est à mon troisième "C'est pas juste", qu'elle arrêta son bras. Sans me libérer le moins du monde.
"Christine, ne m'énerve pas davantage. Il n'y a pas de "c'est pas juste" qui tienne. Tu le sais bien. Cette fessée, tu l'as bien méritée... Et tu le savais dès le début. D'ailleurs, si tu as joué les malades imaginaires, c'est bien parce que tu craignais d'avoir un mauvais résultat et que tu savais ce qui t'attendrait à la maison. Aujourd'hui, on règle simplement nos comptes...".
Je connaissais son raisonnement par coeur, mais je ne pouvais m'empêcher de plaider sa clémence : "Maman, je t'en prie, j'ai déjà été assez punie".
Elle me coupa, mon "assez" la vexait. "Christine, le "assez" c'est moi qui en décide. Je t'ai punie pour m'avoir menti, pour avoir trafiqué le thermomètre, pour t'être moquée de moi, et je t'ai flanquée la volée que cela méritait devant tes soeurs pour que tu retiennes bien la leçon. Aujourd'hui, c'est de ta note que nous parlons... Tu sais, la note d'anglais dont tu me faisais croire qu'elle atteindrait la moyenne... Est-ce que tu l'as eue cette moyenne, Christine ? Réponds-moi ".




J'étais évidemment coincée... "Mais, Maman, presque personne ne l'a eue".
Elle revint à la charge : "Christine, c'est toi ma fille, les autres élèves font ce qu'elles veulent. Répond moi : Est-ce que tu as eu 10, ou même 9, voire 8 ? Oui ou non, Christine ?"
Je murmurai un petit "Non, Maman, non, pardon, pardon".
Elle poursuivit : "Est-ce que je ne t'avais pas prévenue, Christine ? Avant le contrôle, puis le matin même, et est-ce que je ne t'avais pas dit depuis, en attendant les résultat que si tu n'avais pas la moyenne, tu pourrais préparer tes fesses ? Est-ce que c'est vrai, Christine, oui ou non ?"
Je ne pouvais répondre que oui, forcément, et je le fis en sanglotant, reprise par un flot de larmes qui remontait, que je ne pouvais maîtriser.
La situation était étrange, assez inédite, comme ce dialogue menée en plein cours de fessée. Je ressentais la chaleur de la première longue claquée, je devais avoir de belles rougeurs sur mes rondeurs jumelles, mais Maman avait mené cet échange sans poursuivre sa tâche correctrice. Avec un besoin évident de bien me faire comprendre son raisonnement, de bien me persuader de la nécessité d'une fessée magistrale, d'une "vraie fessée" comme dirait l'autre.
Je l'avais écoutée, sermonnant le doigt levé comme une menace. Je sentais que son bras gauche me maintenait toujours et je n'osais pas chercher à gigoter ou à tenter de me libérer, bien consciente que cela ferait repartir l'averse.
Profitant de ce calme, Maman avait pu aller au bout de son raisonnement, tout en reposant sa main correctrice.
"Tu vois, Christine, Maman tient toujours ses promesses. Et je suis même gentille, car j'aurais très bien pu te déculotter devant tes soeurs pour te faire honte", poursuivit-elle.
Je suppliai avec des petits "Non, non, non". Toujours et encore, comme si mon vocabulaire se restreignait à ces seuls mots dès que j'étais sur les genoux maternels...
"Ne t'inquiète pas, Christine, nous n'allons pas les attendre, puisque tu es pressée de recevoir la tannée que je t'ai promise. Regardez moi voir ces fesses qui ne demandent qu'à être rougies. Maman va s'en occuper, Christine. Et tu t'en souviendras..."



Une première nouvelle claque était tombée sur ma fesse droite, ravivant la douleur que la pause du sermon maternel avait fait s'estomper un peu.
"Maman, arrête, ça suffit, je t'en prie, arrête, je travaillerai bien, arrête, assez, aïe", sans le faire exprès je repartais dans des dénégations et dans ces "ça suffit" et "assez" qui remontaient plus Maman qu'ils ne l'apitoyaient.
"Tais-toi donc, Christine. Elles sont à peine roses tes fesses. Tu te doutes bien qu'un 7 sur 20 quand on a promis un 10 à sa mère, cela mérite une fessée magistrale. Arrête de te plaindre. Tu le savais bien. Ca fait bien deux semaines que tu sais ce qui t'attend, deux semaines que tu prépares tes fesses, ma fille. Alors, maintenant que je les ai sous la main, tu ne vas pas être déçue..."
Et l'averse reprit de plus belle, longue et claquante, sonore et démonstrative...




Après ces palabres, Maman passait aux choses sérieuses. Et j'avais bien conscience que son raisonnement était imparable, qu'elle avait raison sur toute la ligne, et que je ne pouvais même pas me plaindre, du fait que, véritablement, elle m'épargnait la fessée devant Aline et Diane que je craignais depuis des jours.
C'était comme si j'avais choisi le moment de l'exécution et, quelle que soit l'intensité de cette fessée, j'échappais à pire.
Toute protestation était désormais vaine, tout mot supplémentaire inutile. L'action était en route et je n'y pouvais plus rien.
Maman, sans nul doute, s'appliquait à me gratifier d'une fessée mémorable. Pour ma mauvaise note certes, mais aussi pour mes mensonges lui faisant croire une note miracle, et également encore pour me faire passer l'envie de vouloir la tromper en jouant la malade  imaginaire. Car, tout cela était lié à ce fameux contrôle que je craignais, et elle n'avait pas encore complètement digéré ma mascarade et ma duperie.
Energique à la croire infatigable, elle me tanna les fesses un interminable moment. Seule dans la maison avec Maman, j'avais perdu toute retenue. Devant mes soeurs, je me serais mordue les lèvres pour étouffer mes pleurs.
Là, je ne retenais plus rien, je pleurais à chaudes larmes, je poussais des cris à chaque claque. Cela faisait longtemps que je n'avais crié ainsi, une manière peut-être aussi de passer mes nerfs au terme d'un épisode dont l'issue me hantait depuis des jours.



Maman me relâcha enfin. Je crois que nous étions épuisées toutes les deux. J'avais les fesses écarlates et brûlantes, quand je remontai mon bas de pyjama et ma culotte avant de fuir vers ma chambre confier mon chagrin à l'oreiller de mon lit.
Dix minutes ne s'étaient pas passées que mes soeurs réintégraient la maison. J'étais encore en larmes, mais leur retour plutôt en avance me fit pousser comme un énorme "ouf" de soulagement. Maman venait de me donner une fessée d'anthologie, mais étrangement une part de moi se disait que j'étais chanceuse qu'elles ne soient pas rentrées quelques instants plus tôt...


A SUIVRE 

mercredi 10 novembre 2010

Mes ruses de Sioux : la malade imaginaire (16)

SUITE 15

19 h 10. Que fait-elle ? Maman n'est pas encore rentrée. En général, elle dépose les petites au cours avec un peu d'avance, vers 18 h 30, afin qu'elles se changent et soient bien à l'heure. Puis elle revient de suite. Elle aurait dû être là à 19 h, voire un peu avant.
Peut-être en a-t-elle profité pour faire une course ? Peut-être a-t-elle changé d'avis ?
Je me suis relevée et je fais les cent pas en pyjama dans ma chambre. Je déteste être dans l'incertitude. J'aime bien savoir tout, les surprises, ce n'est pas mon truc.
Je tourne et retourne, en me disant que Maman le fait peut-être exprès... Et que je suis en train de tomber dans le panneau, d'entrer dans son jeu. Car, c'est comme si j'étais pressée qu'elle revienne... C'est idiot à y bien réfléchir. Je ne vais quand même pas souhaiter recevoir ma fessée au plus vite...


19 h 20. Enfin, j'entends la porte d'entrée. Maman est revenue. Moi qui l'attendais, l'entendre me fait battre mon coeur plus vite...
Je guette son pas qui ne va pas manquer de retentir dans l'escalier.... Je l'imagine déjà...
Mais, non, elle ne monte pas encore. Je devine qu'elle range quelque chose, puis qu'elle met la table, j'entends les bruits familiers...
Je me demande quoi faire. Les minutes passent, les aiguilles tournent...
19 h 30 : j'en suis certaine, elle joue avec mes nerfs... "Christine, tu es prête ?" La voix de Maman retentit depuis le bas de l'escalier. Je ne sais quoi répondre. Pourquoi ne monte-t-elle pas ?
"Christine, tu m'entends ? As-tu fait ce que je t'ai demandé ?" lance-t-elle à nouveau du bas. Je me dois de répondre. Je bredouille : "Euh, oui, Maman, oui. Euh, j'ai rangé mes affaires et je suis en pyjama".
Je m'attends à un "Alors, j'arrive", mais Maman en a décidé autrement.
Elle réplique : "C'est bien ma chérie... Alors, qu'attends-tu pour descendre ? Viens me rejoindre au salon... Tu sais bien qu'il faut qu'on parle..."
La perspective ne me plaît guère, mais je n'ai pas le choix. Le salon, cela me rappelle trop la tannée reçue devant mes soeurs, le jour de l'arnaque au thermomètre...
J'imaginais que Maman viendrait me "parler" dans ma chambre... 

19 h 35, mieux valait ne pas la faire attendre. J'ai quitté ma chambre et suis descendue lentement. J'avais les jambes qui flageolaient et je me tenais aux rampes pour assurer mes pas. Etrange moment que celui-ci où je savais vers quoi j'avançais, que je marchais vers cette fessée qui m'attendait...


Arrivée au rez-de-chaussée, je me suis arrêtée juste avant d'entrer dans le salon. Je n'osais pas, je n'osais plus... 
J'ai avancé la tête pour regarder si Maman était bien là. Elle était plus que là, elle était exactement où je le craignais. Sur le canapé, à la même place que l'autre fois...
Je la voyais de profil, le visage fermé, les lèvres pincés, et sa main droite pianotait sur le coussin du canapé, comme pour se délier les doigts, et montrer son impatience croissante.


 Je ne pouvais plus reculer... Maman avait entendu les marches de l'escalier craquer, elle savait que j'étais descendue. Je devais aller au bout, je me devais de la rejoindre...
Au moment où je pénétrais dans le salon, Maman a tourné la tête. Son demi-sourire montrait que j'avais une drôle de mine, ainsi toute apeurée et avec un air repentant de circonstance...
Elle commenta : "Ah, te voilà quand même. On dirait que tu n'es pas pressée de rejoindre ta Maman qui t'attend, ma chérie... Mais, c'est bien, je vois que tu t'es changée comme je l'avais demandé. Nous allons pouvoir passer aux choses sérieuses..."  
Cela me bloqua sur le pas de la porte, à quatre pas d'elle, qui ajouta : "Ne reste pas figée comme une statue, viens ici, Christine, allez..."
Je grommelai : "Maman, s'il te plait, tu pourrais me pardonner, j'ai fait des efforts, même la prof le dit. Je veux pas être encore punie..."
Maman haussa le ton : "Christine, ne me fâche pas plus que je ne suis. Les efforts, heureusement que tu en as faits. Mais le résultat est là. Au lieu de la moyenne promise, tu me ramènes un 7 sur 20, et il faudrait que je l'admette. Non, non, non... Je t'ai promis une bonne fessée et tu sais très bien que tu n'y échapperas pas... Allez, viens ici..."
Il restait quatre pas à faire, et je tremblais dans mon petit pyjama, les yeux fixés sur les genoux maternels qui m'attendaient...
Je ne bougeais pas. Je n'arrivais pas à venir de moi-même auprès de Maman. Mais, elle trouva l'argument, se redressant le dos un instant comme si elle allait se relever...
"Bon, Christine, ça suffit... J'ai été assez patiente... Si tu ne veux pas que je te donne ta fessée maintenant, eh bien, nous en reparlerons après le dîner. Devant tes soeurs, ma chérie, puisque tu sembles y tenir..."

A SUIVRE

mardi 9 novembre 2010

Mes ruses de Sioux : la malade imaginaire (15)

SUITE 14

Je ne rêvais pas. Maman avait bien dit : "Si tu veux que nous réglions cela entre nous, attends-moi en pyjama. Et prépare tes fesses, ma fille, prépare tes fesses !"

Alors qu'elle rejoignait mes soeurs dans l'entrée pour les amener à leur cours de danse, j'avais pris le chemin de ma chambre, grimpant les escaliers avec l'impression d'être dans un rêve, ou plutôt dans un de ces cauchemars qui me hantaient depuis deux semaines.
Mais, j'avançais comme un bon petit soldat obéissant qui monte au front...
J'avançais comme un petit soldat obéissant...
 


Arrivée dans ma chambre, je commençai à me déshabiller, presque mécaniquement, sans trop avoir conscience de ce que je faisais. Je n'avais pas envie de réfléchir. Je quittai ma jupe, enlevai mes grandes chaussettes blanches. 
Maman avait dit : "Mets-toi en pyjama", je le faisais sans discuter.


Un coup d'oeil sur le réveil de ma table de nuit me ramena les pieds sur terre. Il n'était pas encore tout à fait 18 h 30 et j'allais me retrouver en pyjama. Bien sûr, en cette période hivernale, il faisait déjà sombre dehors, mais nous ne dînerions que vers 20 h 15, quand les petites reviendraient de leur cours de danse qui était de 18 h 45 à 20 h.
La situation, d'un seul coup, me paraissait incongrue. Se mettre en pyjama si tôt, cela n'arrivait que si nous dinions tôt, ou si nous étions malades, mais ce soir la raison était ailleurs...

Je me suis arrêtée et l'émotion revenait m'étreindre, me serre la gorge...


La raison, c'était la fessée promise par Maman, et qu'elle me donnerait en revenant.
Sa petite phrase en forme de concession, la perspective d'éviter la déculottée devant mes soeurs, avait fait son effet. Alors que si elle n'avait rien dit, j'aurais attendu son retour en geignant, en me demandant comment éviter la honte publique, sa manière de me présenter une fessée "entre nous" m'avait quasiment transformée en victime consentante...
En m'en rendant compte, je me suis arrêtée de me dévêtir, et l'émotion est revenue m'étreindre, me serrer la gorge... avec des sanglots et quelques larmes perlant dans mes yeux...
"Non, non, non, ce n'est pas possible", me disait ma tête, en prenant conscience que le deal maternel revenait à rapprocher l'exécution redoutée, même si cela enlevait une part de son caractère exemplaire et dramatique pour moi.
Mes soeurs ne seraient peut-être pas dans la maison, mais ce n'était pas dans la soirée que ce que je craignais arriverait. C'était là, bientôt, dans un quart d'heure, une demie-heure au mieux, quand Maman reviendrait que j'allais payer pour ce contrôle catastrophique à l'origine de tant de désagrément pour moi.
Ne pas me mettre en pyjama n'était pas non plus un bon calcul. Mieux valait ne pas désobéir aux ordres maternels. Dans ma situation, la moindre contrariété maternelle supplémentaire n'était pas à conseiller...

Je me suis reprise et j'ai passé mon pyjama...


"Non, je ne veux pas fâcher Maman davantage", me dis-je en sortant de ma torpeur. Je quittai mes vêtements et enfilai la veste de pyjama, puis le pantalon. Je regardai une fraction de seconde ma lune dans la glace. Deux globes jumeaux bien blancs, à peine rose pâle, deux fesses qui étaient tranquilles depuis 13 jours. Un chiffre qui n'allait pas me porter bonheur.
J'en frissonnais de la tête au pied en me disant que ces rondeurs postérieures allaient être incessamment dévoilées, exposées sur les genoux maternels, livrées à une saine colère, pour une fessée hélas ô combien méritée...


Les images me montaient à la tête, je remontai vite fait mon pantalon de pyjama. afin de ne plus sentir l'air frais de la pièce sur mon épiderme qui s'hérssait de peur et de chair de poule.
J'avais envie de pleurer, mais je voulais surtout ne penser à rien. Je me suis allongée sur mon lit, j'ai fermé les yeux, en essayant de rester zen, d'attendre sagement... Mais comment attendre calmement la volée promise, comment ne pas avoir cette idée chaque seconde en tête, comment ne pas se dire que je préparais mes fesses ?

A SUIVRE

lundi 8 novembre 2010

Mes ruses de Sioux : la malade imaginaire (14)

SUITE 13

Je suis rentrée, tête basse, moitié en pleurs...


Je n'ai pas fait de détour sur le chemin de la maison. J'étais même contente d'être seule, de ne pas être raccompagnée comme souvent par Anne ou une autre copine du quartier. Je me sentais comme dans un tunnel, dans une voie avec une seule issue, la maison où m'attendait Maman.
La spécialiste, la championne du monde du "gagner du temps" que je pouvais être parfois, sentait combien il était inutile de jouer la montre. Maman attendait cette note, la guettait depuis une semaine, mentir le jour où elle était rendue aurait été une folie.
Et puis, ce contrôle, il fallait bien en clore le chapitre. Nous étions lundi soir, cela faisait deux semaines exactement que j'avais commencé à vouloir l'éviter en feignant l'indisposition, avant de réussir, le lendemain matin à faire croire à ma forte fièvre. Du moins le temps d'une matinée, qui s'était achevée en fanfare avec une lune écarlate devant mes soeurs...
Le contrôle reporté, la semaine de privation de sortie, puis à chaque cours d'anglais l'attente d'une note que j'espérais bonne, et le rappel maternel fréquent de ses promesses si je ne tenais pas les miennes.
Maintenant que j'avais eu le temps de me préparer à une désillusion de par les confidences de Mlle Paule, puis que la confirmation m'en était venue le jour dit, celui où Maman savait que les résultats tomberaient, la seule chose à faire était bien de rentrer et d'annoncer la couleur...
Juste devant la porte, j'ai essuyé mes larmes pour tenter de cacher mon désarroi, mais en ouvrant la porte, j'avais la mine déconfite, le regard vers le plancher, et une voix toute timide pour lancer comme d'habitude : "Maman, c'est moi".

"Ce n'est pas possible. Je le savais..."


Elle était dans le salon, près de la bibliothèque, et m'avait répondu d'un usuel : "Je suis là, Christine. Ca va, ma chérie ?"
Mais, arrivée en face d'elle, mon émotion a repris le dessus. Je me suis mise à renifler, à sangloter, en bafouillant : "Bah, euh..."
A voir ma mine, elle avait compris : "Toi, comme je te vois, tu as de mauvaises nouvelles".
Instinctivement, je hochais la tête comme pour dire "Non, non, M'man", mais même ces mots-là ne sortaient pas de ma bouche.
"Allez, ne me mens pas. Tu as enfin eu tes résultats d'anglais, c'est cela, hein ? Alors, tu as eu combien ?" demanda Maman sans me laisser le temps de souffler.
Il fallait que je me soulage, j'ai répondu d'une voix chevrotante : "Bah, euh, sept, Maman... Sept !"
Le visage maternel se figea. Elle resta un instant bouche bée avant de repartir de plus belle : "Ce n'est pas possible, Christine. Je le savais, je le sentais. Et toi qui voulais me faire croire que tu aurais la moyenne. Ca, ma fille, tu vas me le payer... Montre-moi voir donc ta copie !"
Comme soufflée, elle s'était assise sur le canapé, alors que je cherchais mon devoir pour lui montrer.

Je plaidai avec l'énergie du désespoir, pleurant à chaudes larmes.


"Maman, Maman, tu sais, il n'y a que trois élèves qui ont eu la moyenne. Même Anne a en dessous de 10. Et puis, regarde, Mlle Paule a dit que j'avais fait des efforts. Tu n'as qu'à lire, c'est écrit dans l'appréciation". En tendant ma copie à maman, j'avais retrouvé l'énergie pour me défendre, c'était l'énergie du désespoir, celle des causes perdues, mais je lançais mes arguments avec une sincérité poignante, entre deux sanglots d'une crise de larmes qui m'étreignait.
Maman n'était pas convaincue pour autant : "Christine, je me fiche des notes des autres élèves. C'est toi ma fille, toi que j'élève, toi qui m'avais promis d'avoir la moyenne... D'accord, c'est mieux écrit, c'est plus propre, tu as fait plus attention, mais la prof parle aussi de lacunes grossières et dit qu'il est temps que tu te reprennes... Et moi, je sais ce qu'il faut faire pour cela... Et tu n'y échapperas pas, Christine..."
La menace était claire, je savais bien ce que cela voulait dire.
"Maman, non, je t'en prie, pardonne moi. J'ai fait des efforts. J'ai déjà été assez punie l'autre jour pour ça...", essayai-je comme argument supplémentaire. Il fit un flop : "Christine, ce n'est pas toi qui décide ce qui est assez ou pas assez. L'autre jour, comme tu dis, tu as été punie pour avoir essayé d'échapper à ce contrôle. Tu m'as rendue ridicule devant notre médecin de famille et tu as osé jouer la comédie parce que tu ne voulais pas passer ce contrôle. Parce que tu savais que tu aurais une mauvaise note et que tu aurais des problèmes à la maison. Depuis, tu me fais croire que tu auras la moyenne, et tu as même voulu m'amadouer en essayant de placer la barre à 9. Mais, on en est loin, Christine. Ce n'est pas 10, ni 9, ni même 8, c'est un 7 sur 20 pas brillant du tout. Et si tu rentres avec cette tête-là, c'est que tu sais très bien ce que cela veut dire, ma chérie. C'est la fessée, Christine, la fessée, et tu n'y couperas pas !"
J'ai émis comme un petit cri, un "Nooonnn, non, Maman, je serai sage. Nooon, je t'en prie, noooon, pas la fessée...."
Je devais avoir l'air désespérée, même si je venais d'avoir la confirmation de ce dont je ne doutais pas, de ce dont je ne doutais plus...
J'étais là, devant elle, me balançant d'un pied sur l'autre, l'air godiche, apeurée. Je n'osais bouger, ne sachant pas si Maman allait m'empoigner sur le champ, là sur ce canapé, où treize jours plus tôt j'avais été déculottée devant mes soeurs...
Aline et Diane, justement, étaient en train de rentrer. La porte d'entrée venait de claquer. Le scénario catastrophe se faisait jour. Tout allait être réuni pour un remake éclatant...
Mais, l'histoire ne pouvait se répéter à l'identique. Aline, entrant dans le salon, interpella Maman : "Dis M'man, nos affaires de danse sont prêtes ? Tu sais que c'est toi, cette semaine, qui nous amène au cours avec Diane et Elodie. Et que c'est la maman d'Elo qui nous ramènera ?"
Maman n'était pas prise au dépourvu. Elle le savait bien et a envoyé mes soeurs prendre leurs sacs de danse dans leur chambre, avant de s'absenter le temps de les amener à leur cours de danse du lundi soir.
Elle les vit filer vers l'étage et reprit un instant sa conversation avec moi : "Bon, Christine, on reparlera de cela tout à l'heure. Après le dîner..."
Je grimaçai... Après le dîner, c'était la perspective d'une fessée devant mes soeurs. Ou au mieux à portée de leurs oreilles... Et de toutes les moqueries qui s'ensuivraient...
Je me mis à geindre : "Maman, s'il te plait, noooon, pardonne-moi, je ne veux pas la fessée. Pas ce soir, pas après le dîner..."
Elle haussa les épaules, et se mit à sourire, en voyant mes mimiques implorantes... Je ne sais pas si je l'avais convaincue, pas sur le fond en tout cas, puisqu'elle me coupa la parole en confirmant : "Christine, ce qui est dit est dit. Je te l'ai promise, tu auras la fessée et tu l'as bien méritée".
Mais, elle ajouta avec un petit air moqueur : "Allez, file dans ta chambre en attendant. Mais, d'ailleurs, si tu es pressée, on n'aura peut-être pas besoin de te faire languir jusqu'à la fin du dîner. Je vais conduire tes soeurs à leur cours et je reviens m'occuper de toi... Si tu veux que nous réglions cela entre nous, attends-moi en pyjama. Et prépare tes fesses, ma fille, prépare tes fesses !"

A SUIVRE 

vendredi 5 novembre 2010

Mes ruses de Sioux : la malade imaginaire (13)

SUITE 12

Plutôt calme, comme je le disais, le dimanche s'est pourtant achevé de façon sonore... Aline et Diane, toutes heureuses d'avoir joué l'après-midi au parc, avaient rechigné pour rentrer. Puis à nouveau pour prendre leur douche, puis pour se mettre en pyjama, et quand il fallut monter se coucher, elles voulaient terminer une partie d'un jeu de société qu'elles avaient débuté au salon.
Maman en eut assez, et attrapa mes soeurs, tirant Aline par l'oreille et Diane par le poignet pour les faire monter dans leur chambre.

Mes soeurs furent expédiées au lit les fesses rouges.


Ce que j'entendis distinctement ensuite me confirma que les fillettes allaient devoir s'endormir avec les fesses rouges. L'une après l'autre, leur voix suppliante résonna, et le bruit caractéristique qui accompagnait leurs cris, me faisait imaginer qu'elles passaient sur les genoux maternels et que pour l'efficacité de la chose, leur pantalon de pyjama avait certainement été baissé promptement.
Petites fessées dans la durée, mais vraies fessées quand même. En d'autres circonstances, je me serais franchement réjouie des malheurs de mes diablotines de soeurettes, mais à la veille d'une possible désillusion pour moi, cela ne faisait que me remettre en tête des bruits que je craignais fort...
De mon côté, bien sûr, j'avais filé doux, je m'étais préparée pour la nuit sans mot dire, et j'étais montée dans ma chambre comme une enfant sage, sans qu'on me le demande.
Maman vint constater que tout était en ordre, ce qui lui provoqua un petit sourire en coin. Elle s'assit sur le coin de mon lit pour me dire bonsoir. "Allez, bonne nuit, ma chérie. Repose-toi bien : la semaine va être longue. Et j'espère qu'elle commencera bien. En tout cas, on verra demain soir, si tu as tenu tes promesses... Ou si je dois tenir les miennes, si tu vois ce que je veux dire..."
J'ai cherché un moment le sommeil, troublé par ces paroles dont je connaissais trop le sens. Puis, je me suis endormie, ne faisant qu'un somme jusqu'au lendemain matin...
Au lever, mes soeurs filaient droit et ne la ramenaient pas, suite à l'épisode de la veille. Maman était satisfaite et appréciait que tout monde soit sage ce matin-là.
Elle vérifia mon cartable et visa mon emploi du temps. J'avais une heure d'anglais le matin avant la récréation, puis une autre l'après-midi en dernière heure.
Mlle Paule, à mon soulagement, nous fit faire du labo la première heure. Il y eut juste une question de Corinne sur nos copies avant la fin du cours. La prof confirma : "Vous aurez vos copies cet après-midi. Mais, ne vous faites pas d'illusions. Les résultats ne sont pas bons du tout. Je ne sais même pas s'il y en a plus de trois qui ont la moyenne..."

  J'étais plus qu'inquiète et ne voulais parler à personne

Les commentaires de Mlle Paule me plongèrent dans une angoisse phénoménale. Je me savais plutôt dans la deuxième moitié de la classe voire dans le dernier tiers, et son annonce sonnait le glas de mes espoirs... Je craignais le pire et me demandais comment j'arriverais à faire passer cela à Maman. Le bruit des fesses de mes soeurs me résonnait dans la tête. Et un dicton idiot qui disait : jamais deux sans trois... Quelque chose me susurrait à l'oreille que c'était mon tour...
 J'ai passé la récréation sans dire un mot à personne. Je n'avais pas les résultats encore, mais pour moi la messe était dite...
A midi, rentrant déjeuner, je dus me composer une mine de circonstance, faire semblant d'être insouciante, alors que Maman était déçue que je n'aie pas encore ma note tant attendue...
Quand je repartis, elle me déposa un baiser sur le front : "A ce soir, ma chérie, ne tarde pas en chemin, et n'oublie pas ton cartable au collège... Je t'attends avec impatience..."

Les deux premières heures de l'après-midi, je n'écoutai les profs que de façon distraite. Je ne pensais qu'à Mlle Paule, et à Maman par ricochet...
La récré passa aussi et nous rentrâmes en cours d'anglais. Le tas de copie était en évidence sur le bureau. Au passage, j'avais vu que la copie du haut était celle de Nicole, avec un 12,5. Cela aurait été un bonheur pour moi, mais c'était bien bas en effet pour la première de la classe et chouchoute attitrée de la prof...
Mlle Paule commença par des révisions de grammaire et le corrigé des exercices du week-end. La pendule tournait. Maintenant, mon seul désir était d'être enfin fixée... Quoi qu'il arrive...
Enfin, à quelques minutes de la fin du cours, elle rendit les copies, une à une, avec ses commentaires. Nicole, Christelle et Corinne avaient 12,5 l'une, 11 et 10,5 les deux autres. Tout le monde était en dessous. Anne récolta un 9, comme plusieurs autres camarades. La liste s'allongeait et j'avais un secret espoir d'en faire partie, mais non, hélas...
Il y avait trois 8,5 puis quatre 8, et deux 7,5. Je n'étais toujours pas nommée et mon moral baissait à chaque nom énoncé qui n'était pas le mien...


"Christine, vous vous êtes appliquée pour une fois..."


Enfin, Mlle Paule s'approcha de moi : "Christine, ah Christine, ce n'est pas brillant encore. J'admets quand même que vous vous êtes appliquée. Votre copie est moins torchon que d'habitude. Mais, franchement, que de lacunes et de leçons mal apprises, ou pas apprises du tout, je crois. Voilà, même avec un petit point d'encouragement pour une copie propre, cela ne vous fait que 7 sur 20 !"
 Sept, sept, sept ! j'avais l'impression que la note revenait en écho. J'ai levé les yeux au ciel pour empêcher les larmes qui se formaient de déborder et de couler sur ma joue. Sept, pour moi qui espérais dix, voire un neuf "négociable", c'était la tuile, la grosse tuile.
L'annotation de Mlle Paule, avait beau commencer par : "Un petit mieux appréciable dans la présentation". Elle se poursuivait hélas ainsi : "Christine s'est appliquée, mais les efforts attendus restent insuffisants. Un devoir qui montre encore de grosses lacunes. Il est plus que temps de vraiment se reprendre".
 Je n'avais pas besoin que l'on me fasse un dessin. Même en temps normal, ce genre d'appréciation m'aurait valu une chaude réception à la maison. Avec, cette fois, tout le contexte de ma fausse maladie et les promesses maintes fois redites de Maman, je n'imaginais pas un instant une quelconque clémence maternelle...
La sonnette a retenti, et je n'ai pas trainé en classe. J'étais bouleversée, je voulais ne croiser aucun regard.

J'étais en larmes sur le chemin de la maison...






Je me précipitai vers la sortie. J'avais les larmes qui coulaient et je ne me retenais pas. Une autre fois, j'aurais ralenti le pas, j'aurais cherché une parade, j'aurais imaginé je ne sais quelle excuse pour faire croire à Maman que l'on n'avait pas nos notes, je me serais même demandé s'il n'y avait pas moyen de falsifier la copie.
Mais, Maman savait que les compositions seraient rendues; jamais elle n'aurait cru un nouveau mensonge. Et puis, j'étais désarçonnée par un résultat qui ressemblait à un cauchemar...
J'étais à bout de nerfs, sentant que mes mauvaises prémonitions s'avéraient exactes. Comme si j'avais toujours su que ce contrôle me vaudrait une fessée. Comme si c'était écrit. J'avais tenté d'y échapper et j'avais récolté une déculottée mémorable. J'avais dû m'y soumettre et, voilà le résultat, j'allais en recevoir une autre...
Les paroles de Maman revenaient : "Tu ne tarderas pas en chemin, ma fille. Tu n'oublieras pas ta copie... Je t'attendrai... J'ai hâte de savoir..."
Et, sans le vouloir, ni rien faire contre, j'avançais en effet vers la maison, je me rapprochais de Maman... De ce qui m'attendait... Je n'avais même pas de mots d'excuse qui me venaient, d'arguments pour la convaincre. Je ne doutais pas un instant que je n'échapperais pas à la sanction promise. Je savais, je le sentais, que chacun de mes pas m'amenait vers ce que je méritais. Que je n'avais plus qu'une seule chose à faire, c'était de préparer mes fesses...

A SUIVRE

Mes ruses de Sioux : la malade imaginaire (12)

SUITE 11

N'ayant rien trouvé dans mon cartable et voyant, que malgré ses menaces d'appeler la prof, je persistais à dire que les copies n'avaient pas été rendues,Maman finit par me croire.
Je ne savais pas trop sur quel pied danser. Le point positif était que j'étais tranquille jusqu'à lundi soir au moins, et ce n'était pas pour me déplaire.
J'avais du travail à faire et j'ai tenté de me montrer sous mon jour le plus studieux possible. Maman constata que je m'appliquais et cela lui plaisait, consciente qu'elle était que mon comportement montrait bien les effets positifs d'une menace savamment distillée.
Avant le dîner, j'avais eu le temps de jouer un peu mais ce moment d'inoccupation faisait revenir les paroles de Mlle Paule et l'hypothèse bien probable que ma note ne soit pas celle dont je rêvais...
Je tournais en rond dans le salon et Maman voyant mon manège m'interrogea : "Qu'y a-t-il Christine ? Quand je te vois ainsi, je me méfie... Tu as quelque chose à me dire ?"
 Je répondis par la négative, puis me repris et demandai avec une voix peu rassurée : "Euh, dis Maman, si, euh, si en anglais, euh, j'avais juste en dessous de la moyenne, euh, enfin, un 9 par exemple, euh, est-ce que, euh...?"
Maman eut un petit sourire : "Finis ta phrase, Christine. Est-ce que, quoi donc ?"
Je répondis : "Bah, tu comprends, euh, est-ce que, euh, je serai euh, punie, euh quand même..."
Maman leva les yeux au ciel : "Christine, on ne fait pas de marchandage. Je comprends que tu sois inquiète si tu es moins sûre de ton résultat que tu ne le prétendais, mais je ne vais pas changer les règles tous les jours. On verra le moment venu, ma chérie. Le mieux serait que tu aies la moyenne et il n'y aurait pas de discussion. Sinon, je t'ai assez prévenue, Christine, tu n'auras qu'à préparer tes fesses".
Son regard noir me fit comprendre que la discussion était close. Et elle se leva pour aller préparer le dîner.

Son regard noir me fit comprendre que la discussion était close


Elle avait quand même dit "On verra" quand j'évoquais un possible 9 sur 20. Mais elle avait surtout réitéré sa détermination. Et je commençais à avoir vraiment une angoisse comme prémonitoire. Lundi soir, c'était à la fois loin et si près. Je n'arrêtais pas d'y penser.
Au point de mal dormir. Au milieu de la nuit, je me suis réveillée en nage. Je venais de faire un drôle de cauchemar. J'étais dans la classe de Mlle Paule et elle me rendait une copie avec un zéro pointé. Dans mon rêve elle avait un costume de sorcière et ricanait. 
J'étais consternée et je m'apprêtais à ranger mes affaires comme le cours finissait, mais la prof me disait : "Non, Christine, tu restes là. J'ai prévenu ta Maman et elle va arriver. Enlève ta jupe et ta culotte en l'attendant. Tu n'en auras pas besoin quand elle sera là..."
Et je me retrouvais assise les fesses nues sur le banc en bois, au premier rang, n'osant pas me retourner, de peur de voir les regards amusés de mes camarades qui attendaient d'assister à la suite qui promettait d'être claquante et honteuse pour moi...

Je fis un drôle de cauchemar


J'ai eu du mal à me rendormir ensuite, et je me maudissais d'avoir eu une telle idée...
Dimanche, heureusement, fut bien calme. Tata Jacqueline est venue déjeuner et nous avons été nous promener dans un parc l'après-midi, mes soeurs s'en donnant à coeur joie sur les toboggans et balançoires, alors que je restais plus en retrait, n'étant pas trop disposée à jouer, alors que cela m'aurait changé les idées.
Seul événement notable : Anne ma voisine est venue demander si on pouvait dépanner sa mère d'un paquet de farine. Maman en a profité pour se faire confirmer que nous n'avions eu les résultats du contrôle d'anglais. Ce que ma copine fit bien sûr, tout en ajoutant : "Mlle Paule a dit qu'elle nous les rendrait demain", un détail que j'avais omis de préciser à Maman, qui ne me l'avait pas demandé non plus...
Maman vit que la confidence de ma copine me faisait faire grise mine. Elle raccompagna Anne à la porte et, en revenant, me regarda fixement en disant : "Eh bien, voilà une bonne nouvelle. On aura ta note demain, Christine. Nous serons enfin fixées. J'ai hâte de savoir.... Pas toi, ma chérie ?
Anne aurait mieux fait de se taire, mais elle ne savait pas l'enjeu, et n'était pas aussi calculatrice que moi...


A SUIVRE