Le dîner étant prêt, Maman nous appela, et je fus pour une fois la première en bas. Aline descendit ensuite, mais il fallut deux rappels maternels, et une menace : "Tu veux que je vienne te chercher, Diane ?" pour que ma petite soeur daigne nous rejoindre.
Elle faisait grise mine, et avait encore les yeux rouges d'avoir longuement pleuré.
"C'est pas juste", marmonna-t-elle en s'asseyant. Et d'ajouter : "J'ai pas dit de mensonges, moi, j'ai juste répondu aux questions des filles. J'ai que dit la vérité".
Maman coupa court à ces jérémiades : "N'aggrave pas ton cas, Diane. Cela t'amusait bien de raconter ce qui était arrivé à ta grande soeur. Et tu verras comme c'est drôle, si Christine raconte à son tour comment je t'ai rougi les fesses. En tout cas, que je ne t'y reprenne pas, sinon tu sais ce qui t'attend..."
Maman rappela à Diane qu'elle ne supporterait
pas d'autres bavardages,
sinon elle pourrait préparer ses fesses...
Diane se remit à pleurnicher, puis piqua du nez dans son assiette et ne dit plus un mot du repas. La conversation fut d'ailleurs sommaire, et le dîner expédié avant que nous ne remontions dans nos chambres.
Alors que Diane ruminait sur son lit attendant que Maman ne vienne éteindre, Aline vint dans ma chambre pour me confier ce qu'elle savait de la scène avec Maman à la salle de danse, et comment sa soeur avait raconté mes déboires... Je me doutais bien qu'Aline ne devait pas être aussi innocente que ce qu'elle prétendait, et qu'elle avait au moins acquiescé, lors des discussions entre Diane et Charline, et entre Diane et Corinne.
En tout cas, cela me renseignait sur l'origine des fuites, et les raisons des moqueries de mes camarades qui se délectaient à me faire honte, d'autant qu'elles s'appuyaient sur des confidences de source sûre, et non sur des suppositions ou déductions faites d'après ce qu'elles savaient des méthodes de Maman.
Autrement dit, c'était plus facile pour elles et plus éprouvant pour moi de se moquer de fessées réellement reçues, dont les détails avaient été extirpés sans difficulté à ma petite soeur.
Je remerciai Aline, mais j'aurais presque préféré ne pas savoir exactement ce qu'avait dit Diane, car c'était éprouvant pour moi de comprendre jusqu'à quel point mes prétendues copines pouvaient imaginer leur souffre-douleur déculottée et fessée comme une gamine...
Maman monta nous dire bonsoir et s'attarda chez les petites, prévenant Diane, et Aline par la même occasion, qu'elle "n'admettrait pas de nouvelles confidences à l'extérieur" sur ce qui "pourrait arriver" à leur grande soeur. Les portes étant grandes ouvertes, j'entendais le sermon, mais il ne me satisfaisait pas vraiment.
En affirmant qu'elle ne supporterait pas de futures confidences, c'était comme si elle disait : "Je vous interdis de parler des prochaines fessées de Christine..." Comme si c'était inéluctable, comme si c'était sûr que de nouvelles déculottées m'attendaient, étaient comme programmées...
Le sermon de Maman à mes soeurs ne me rassurait en rien...
Il ne faisait que rappeler que d'autres déculottées m'attendaient
à n'en pas douter dans les semaines à venir...
Cela allait peupler mes cauchemars la nuit suivante...
Venant ensuite me dire bonsoir, Maman se voulut rassurante : "Je crois que Diane a compris, et que tes soeurs auront la langue moins pendue sur tes petits malheurs".
Mais, elle n'en rappela pas moins son habituelle justification : "Cela dit, Christine, si tu ne veux plus que l'on se moque de tes fessées, il suffit de ne plus en mériter... Plus d'heures de colle, plus de mensonges, plus de mauvaises notes, plus de coups en douce et de cachotteries et Maman n'aura plus à déculotter sa grande fille..."
Maman vit que cela me mettait au bord des larmes, elle arrêta là son discours moraliste et me souhaita bonne nuit, en me serrant un long moment dans ses bras. J'appréciai ces instants qui me réconfortaient, mais dès qu'elle fut ressortie de ma chambre en éteignant la lumière, je ne pus m'empêcher de repenser à tout cela, à l'étendue des confidences de Diane, à Maman qui lui donnait la fessée, là juste où j'avais reçu les dernières... Je revoyais ses fesses rougir, comme elle avait dû voir les miennes aussi, écarlates et sans protection, bien en place sur les genoux maternels...
Je repensai aussi à la fausse peur quand Maman m'avait demandé de l'attendre dans ma chambre, ce qui prouvait bien que je tendais le dos, que je n'étais rassurée en rien, imaginant qu'une quelconque des rares grosses bêtises que j'avais pu cacher ces derniers mois avait été découverte, et que j'en paierais le prix...
Et puis, il venait d'y avoir les allusions maternelles prévenant mes soeurs qu'elle ne supporterait pas de futures confidences sur mes malheurs. Comme si c'était évident que je mériterais d'autres fessées...
Alors, au lieu de ne retenir que les sentiments d'une certaine satisfaction d'avoir vu Diane payer pour ses bavardages, au lieu de me sentir vengée d'avoir assisté à sa fessée, j'eus du mal à m'endormir, et me réveillai même en sursaut deux fois dans la nuit en plein mauvais rêve...
La première fois, je me voyais prendre une nouvelle tannée, cette fois devant mes soeurs qui regardaient la scène avec un index posé sur les lèvres, en disant : "Tu vois, Maman, on fait chut ! Promis, juré, on ne le dira à personne que Christine a encore eu une grosse fessée, et que ses fesses étaient toutes rouges, toutes rouges.." Une vraie vision de cauchemar qui me fit m'asseoir dans mon lit, le dos moite, angoissée ! Cela avait été court, sur mon premier sommeil, mais marquant, comme si j'y étais...
Dans un premier cauchemar, je me revoyais fessée par Maman
devant mes soeurs qui promettaient de ne rien dire,
mais ne rataient aucune miette de ma tannée,
comme si elles étaient au spectacle...
Une autre fois, je me réveillai avec le coeur battant, mais cette fois, ce second cauchemar ressemblait à une véritable histoire, totalement imaginée, mais dont je me souvenais parfaitement, en détail, ce qui explique combien je me réveillais apeurée, et mis plusieurs minutes avant d'être sûre que ce n'était qu'un cauchemar.
Je venais de rêver que j'étais rentrée du collège avec un mot prévenant les parents que le prochain bulletin serait distribué aux élèves le vendredi suivant. J'avais alors vu Maman prendre son petit agenda et noter quelque chose. Le plus étonnant, c'est que ce prochain bulletin, dans la vraie vie, ne m'inquiétait pas, puisque, en ces dernières semaines, j'avais plutôt des bonnes notes.
Mais, ce n'était pas le cas dans mon cauchemar, pas du tout, et je rêvai que j'allais en douce de nuit regarder dans le sac de Maman ce qu'elle avait bien pu écrire sur son agenda. Et, j'avais vu inscrit à vendredi à 20 h : "Fessée de Christine". J'en avais été toute retournée et avais heurté le guéridon. Maman entendant du bruit avait surgi, me trouvant la main dans le sac...
Je demandai pourquoi elle avait écrit ça. Maman avait répondu : "Bah, ma chérie, c'est pour que je ne prévois rien d'autre, et que je me rappelle que, ce soir-là, on sera occupées à discuter toutes les deux".
Le second cauchemar était un vrai roman. J'y découvrais que Maman avait
programmé une fessée de Christine, vendredi soir...
Pour de nouvelles mauvaises notes, et elle m'expliquait calmement
qu'elle avait bloqué du temps pour ne pas être dérangée...
J'avais chigné : "Oh, non, Maman, non..." Elle avait répondu : "Oh que si, tu le sais bien, Christine. Maman tient toujours ses promesses, elle... Mais, on n'est que lundi soir, ça te laisse quatre jours pour te préparer..."
Je ne savais plus quoi dire, et tenais toujours l'agenda dans la main, le sac de Maman étant à mes pieds. Elle me demanda de lui redonner. Elle le rouvrit à la page de la semaine et vérifia que je n'avais rien effacé : "Bon, c'est bien noté, Christine. Comme ça, tu ne seras pas surprise, vendredi soir".
C'était étrange et je m'imaginais devoir attendre quatre jours,
puis rentrer à la maison et retrouver Maman
qui allait pouvoir prendre son temps
pour donner la bonne fessée déculottée promise et méritée par son ainée...
Je baissai la tête, alors qu'elle reprenait son stylo rouge, et je la vis noter à nouveau quelque chose. J'avançai la tête et vis, stupéfaite, sur la colonne mardi qu'elle avait écrit à nouveau : "Fessée de Christine".
Je sursautai et bredouillai : "Mais, euh mais, pourquoi, dis pourquoi ? Pas une fessée aussi demain quand même ?".
La réponse avait fusé : "Ecoute, Christine, je te trouve en pleine nuit en train de fouiller dans mon sac et tu voudrais que je ne dise rien... Si ça se trouve, la prochaine fois, tu te serviras dans mon porte-monnaie. Je ne vais pas laisser passer ça..."
Je suppliai : "Non, je ne le ferai plus, promis. Et pourquoi demain ?"
Maman avait répliqué : "Tes soeurs dorment, tu ne veux pas qu'on les réveille en te donnant ta fessée maintenant. Je préfère attendre. Allez, file donc au lit, on réglera nos comptes au réveil ou à midi, on verra bien, mais tu vas la sentir passer cette bonne fessée. Tu ne perds rien pour attendre, ma grande".
Et Maman me raccompagnait jusqu'à ma chambre, en me souhaitant bonne nuit, non sans ajouter : "En tout cas, voilà une semaine qui commence bien, Christine. Avec déjà deux fessées de prévues... Et tu vois, c'est bien noté, comme ça Maman ne les oubliera pas..."
J'eus du mal à me rendormir, car dès que je somnolais,
je me retrouvais dans le cauchemar,
presque persuadée qu'une autre fessée m'attendait au réveil...
Ce deuxième cauchemar me laissa éveillée un long moment, puis épuisée, les nerfs à plat, je me suis rendormie quand même, mais que cette fessée de Diane avait pu me faire travailler l'esprit conscient, et encore plus celui des mauvais rêves et des cauchemars...
A SUIVRE