vendredi 19 juillet 2013

Chronique d'un redoublement : 61. Quand Maman prend le temps de régler ses comptes avec une Christine trop longtemps épargnée...

SUITE 60


J'ai ressenti la première claque avant qu'elle n'atterrisse sur ma lune. Le mouvement du bras maternel, qui se lève avant de s'abattre sur la cible pleinement dégagée, cela faisait comme une sorte d'appel d'air, ultime sensation de fraicheur, comme un souffle caressant les rondeurs offertes, une étrange impression de douceur qui annonçait l'averse.




Instinct de la punie, sensations qui reviennent en mémoire,
j'avais ressenti la première claque avant qu'elle ne s'abatte
sur ma lune. Cette gestuelle maternelle, je la connaissais si bien...

J'aurais voulu avoir la force de crier, de me cabrer et de me dégager, mais j'avais conscience que ce serait vain, que cela ne ferait qu'aggraver mon cas, que Maman m'aurait rattrapée, que la rébellion se serait payée cash sur mes fesses par une tannée plus forte encore.


J'aurais au moins voulu trouver la touche "pause", celle qui aurait figé le bras de Maman avant que sa paume n'atteigne ma peau blanche, juste avant que la fessée ne commence... Mais on n'avait pas encore inventé le magnétoscope numérique, il n'y avait pas de touche "pause", ni de retour en arrière ou de ralenti. Ce n'était d'ailleurs pas du cinéma, mais une fessée, une vraie de vraie, somme toute bien méritée...

J'aurais pourtant bien voulu pouvoir être le metteur en scène de ma vie, descendre des genoux maternels, remonter ma culotte et dire d'une voix assurée : "Stop, on recommence la séquence depuis le début, on la rejoue bien cette fois, avec des bonnes notes, les félicitations de la prof d'anglais, un sourire maternel, et une soirée au cinéma au lieu d'une déculottée magistrale."




J'aurais voulu inventer la touche "pause",
me relever, remonter ma culotte sur des fesses encore blanches,
et dire : "On recommence depuis le début".
Mais, jamais nul ne sortait des genoux maternels sans fessée.

Mais, il n'y avait pas de retour en arrière possible... On ne ressortait jamais des genoux maternels avec les fesses blanches... Et pourtant, à cet instant précis où je tendais le dos sentant la première claque arriver, j'aurais tellement voulu réécrire l'histoire, consciente que ce n'était pas une fatalité, que j'aurais pu, effectivement, avoir de meilleures notes, que j'aurais pu jouer les élèves modèles, ne serait-ce que le temps des cours d'anglais... Je ne savais, hélas, que trop bien, que Maman n'avait pas tort en disant que mon carnet, même s'il était heureusement moins pire que l'année précédente à même époque, n'était pas digne d'une redoublante censée mettre à profit cette année comme une nouvelle chance, comme l'occasion de reprendre sa place dans le peloton de tête de la classe.

Promis, juré, qu'à ce moment précis, j'aurais tout refait au mieux, j'aurais été sage comme une image en cours d'anglais et révisé mes leçons au lieu d'imaginer que ce qu'il m'en restait de l'année précédente suffirait...

Mais, une fessée promise est une fessée qui sera donnée dans la logique maternelle, et j'étais suffisamment bien placée pour le savoir depuis longtemps que ce n'est pas en dernière minute que l'on peut imaginer changer le cours des choses.

Je trouvais cela d'autant plus regrettable que j'avais réussi à passer entre les gouttes durant les sept dernières semaines, qui n'avaient pas été pour autant des semaines d'amnistie familiale puisque Aline avait accaparé une bonne part de l'attention maternelle, et joué à plusieurs reprises le rôle de la punie que je lui laissais bien volontiers... 

Ces sept semaines et demi environ n'en avaient été que plus appréciables, puisque les pleurs de soeurette sous la claquée maternelle avaient rappelé à intervalle régulier à toute la maisonnée que la fessée demeurait de mise dans la maison Spaak !

Alors, au moment où je retrouvais le premier rôle, ce n'était que plus difficile à vivre, à 'y "préparer ses fesses" pour reprendre une des expressions favorites et des plus angoissantes de Maman...

Après cette (relativement) longue attente, le retour sur les genoux maternels aurait pu être vécu comme une sorte de juste retour des choses, avec du fatalisme, se disant qu'il fallait bien que cela arrive un jour. Mais, de mon point de vue, de la place où j'étais, le fatalisme n'était pas dans mes pensées, et je ne considérais pas ce qui m'attendait comme inéluctable, mais comme un échec, une erreur de ma part, et ce sentiment de me dire que j'aurais pu l'éviter me rendait encore plus malheureuse et angoissée...

Avant que cette première claque ne tombe, je n'arrivais pas à me retirer de l'esprit la vision que j'avais eue de ma lune blanche dans la glace alors que je me déshabillais, en sachant que je me préparais en fait pour la fessée...




J'avais eu comme l'étrange besoin de regarder mes rondeurs jumelles,
épargnées depuis plus d'un mois, à la peau blanche et douce,
et l'image me trottait dans la tête, au moment où Maman la voyait à son tour
et allait s'employer à la rougir longuement...


Dotée d'un esprit vif, curieuse de nature, j'avais souvent guetté mon reflet dans la glace au moment fatidique où j'attendais Maman, mais la plupart du temps, je ne jetais qu'un regard fugace, comme gênée de voir ma peau encore blanche, comme si la pudeur l'emportait sur la curiosité.

Ce soir-là, j'avais pris, comme je l'expliquais précédemment, plus de temps, me sachant à l'abri des regards, scrutant mon bas du dos à l'épiderme intact, comme reposé, comme vierge de tout contact avec la paume maternelle depuis un temps dont j'étais pour ainsi dire fière...

L'image n'en était que plus forte dans ma tête que je prenais conscience que c'était cette vision que j'offrais, à mon corps défendant, au regard de Maman qui venait de dégager pleinement la surface à corriger...

Et, comme j'avais, de mon côté, pris le temps de bien regarder à quoi ressemblait une lune de grande fille sage (ou presque...) depuis plus d'un mois, j'avais l'impression que Maman faisait de même à son tour...

J'aurais pu imaginer notre chère mère dans l'optique de penser : "Allez, Christine, depuis le temps que tu y as échappé, je vais rattraper le retard, allez, hop, prends cela", déversant sur ma lune une pluie drue de claques, comme un orage d'été qui éclate et inonde les rues.

Mais, au contraire, je sentais Maman dans un registre calme et déterminé. Nous n'étions pas dans l'habituelle situation d'une soirée de veille d'école, où il faut coucher les petites tôt, vérifier les devoirs, préparer les affaires pour le lendemain, et en prime flanquer une nouvelle volée à l'ainée qui l'a bien méritée...

Ce soir-là, c'était le dernier jour de classe du trimestre, et donc le début des vacances, une soirée charnière, où la benjamine était récompensée par une sortie avec une copine, où la cadette avait été calmée la veille par une déculottée maison et ne bronchait surtout pas, et où il ne restait donc qu'à "s'occuper" du cas de l'ainée. C'était comme le dernier acte, une sorte de conclusion "fessière" qui se devait d'être appliquée de façon magistrale.


 Je sentais Maman dans un registre calme et déterminé,
prenant le temps de "préparer" la cible,
de manière appliquée et réfléchie, sans hâte.

Et je sentais bien, dans une certaine minutie des préparatifs, dans le temps pris pour bien me bloquer, pour bien dévoiler et présenter la cible que Maman ne se contenterait pas d'un simple rappel à l'ordre, qu'elle avait la volonté de bien faire passer le message... 

Sèche et sonore, cette première claque me fit repasser du rôle d'ainée semblant sur la voie de la sagesse, épargnée par les foudres maternelles, à celui de la grande soeur que sa Maman doit encore déculotter et fesser comme une gamine...

Je poussai un cri sans me retenir, seules les oreilles d'Aline qui avait bien piaillé la veille étaient là pour entendre ma réaction, où se mêlaient douleur et désespoir surtout. La deuxième claque suivie de quatre autres étaient parfaitement ciblées et réparties sur ma lune... J'imaginais Maman s'appliquer à imprimer la trace de sa main sur mes deux fesses, au milieu, puis en bas, puis en haut... 



Retrouvant la sensation des claques maternelles 
sur une lune épargnée depuis cinq semaines,
je ne retins pas mes cris que seule Aline pouvait entendre...

Je criai à chacun de ces impacts, ne trouvant d'autre à redire que "Oh, non, Maman nooon, pas la fessée, arrête !", sorte de litanie hélas "habituelle", même si ce qualificatif me renvoie le fait que ce n'était pas la première fessée, ni sûrement la dernière...

J'avais réussi à bouger un tant soit peu, et Maman stoppa son bras pour me réajuster en bonne position, prenant une longue respiration devant ma lune qui rosissait déjà. Moi qui avais en tête cette image d'une mappemonde blanche, fraiche même sous la main, je ressentais déjà, uniquement par ces six premières claques savamment réparties que mon épiderme réagissait, picotait, s'empourprait...


"Arrête plutôt de crier, Christine, je viens à peine de commencer. Cela ne sert à rien de t'égosiller, cela ne changera rien, ma fille. Tu vas recevoir la fessée que tu mérites, et plus tu vas gigoter, plus tu aggraveras ton cas... Et, ne fais pas l'innocente, tu savais très bien que je ne laisserais pas passer un tel bulletin... Allez, tiens, tiens et tiens, puisqu'il n'y a que cela qui te fasse réfléchir..." Le ton de Maman était resté calme, et la valse de la main droite reprit, presque aussi méthodiquement....

Je tentai de retenir mes cris, serrant les dents, puis éclatant en sanglots, pleurant à grosses larmes.

Maman avait entrepris de "repeindre" à sa manière mon bas du dos, alternant les séries de claques équitablement réparties sur mes rondeurs jumelles, avec d'autres séries plus vives, plus sonores et claquantes, correspondant aussi à des phases de re-motivation maternelle. C'était le cas quand elle reprenait certains de ses arguments, en accompagnant ses phrases par une tannée plus forte. "Ah, quand je pense que tu ne fais encore aucun effort en anglais, alors que tu sais combien Mlle Paule t'a dans le collimateur, c'est à croire que tu cherches les ennuis, Christine... A croire que tu n'as rien compris... Tiens, tiens, et tiens..."

La fessée semblait se dérouler comme une longue cuisson, comme l'application de couches successives pour que la couleur tienne. Maman prenait son temps pour respirer, rajuster ma position, reposer son bras quelques secondes, avant de mieux repartir dans une démonstration magistrale.

Le fait que je n'ai pas un carnet à la hauteur de ce qu'elle attendait d'une redoublante revenait dans ses sermons claquants : "Pas question que tu perdes une année de plus. Je ne transigerai sur rien, je te l'ai dit, Christine,  et tu peux préparer tes fesses, si tu continues ainsi... Je ne céderai pas, tiens, tiens et tiens..."

Il y avait aussi omniprésente cette sensation qu'exprimait Maman de ne pas m'avoir surveillée assez, d'avoir été comme endormie par diverses notes correctes ou faussement encourageantes. Découvrir dans le bulletin plusieurs faux pas, et ne pas s'être assez inquiétée de l'opinion des profs avant la fin du trimestre lui semblait impardonnable, presque autant de ma part que pour elle. "Ah, j'aurais dû me méfier, à te voir jouer les élèves modèles, à me faire croire que tout va bien... Je me doutais bien que tu me cachais quelque chose, Christine... Tiens, tiens et tiens... J'aurais dû sévir bien plus tôt... En tout cas, crois moi, ma grande, tu as peut-être réussi à ce que j'épargne tes fesses durant quelques semaines, mais je vais rattraper mon retard... A commencer par cette fessée dont tu te souviendras longtemps, ma fille..."

La volée devenait de plus en plus dure à supporter, le bras de Maman semblant infatigable, tannant mon bas du dos qui devait être écarlate sur toute sa surface...

Je suppliais à nouveau, demandant grâce, promettant "de bien travailler" au deuxième trimestre, d'être exemplaire, "de ne ramener que des bonnes notes"... J'aurais promis la lune pour qu'elle s'arrête de claquer la mienne...


J'étais épuisée, vannée, ne me débattant plus, alors que les claques 
tombaient et tombaient toujours sur une lune devenue écarlate,
pendant que Maman sermonnait et en promettait d'autres... 

Mon argumentaire ne fit que lui redonner encore du tonus, de la faire repartir dans quelques séries de claques sonores et brulantes : "Ca, j'y compte bien, Christine, que tu aies de bonnes notes, car je n'attendrai pas les bulletins mensuels ou trimestriels cette fois. Et j'irai voir tes profs, et je surveillerai chacune de tes copies, chaque note... Tiens, tiens, tiens et tiens.... Et je te promets que ça ira mal pour toi, si tu me déçois... Tiens, tiens, tiens et tiens... Tant que tu n'auras pas compris, ma fille, tu pourras encore et encore préparer tes fesses... Et penses-y bien avant de me ramener une mauvaise note ou de chahuter... Tiens, tiens et tiens, tu sais ce qui t'attend..."

J'étais épuisée, vannée, ne poussant plus que quelques petits cris quand la dextre maternelle retombait plus vivement sur des zones déjà écarlates. Je pleurais surtout, longuement, et je ne me débattais plus, affalée de tout mon poids sur les genoux maternels offrant une lune rougie où les dernières claques tombant sur un fessier presque relâché résonnaient de manière plus mate...


En tournant la tête, vers la porte de ma chambre que Maman avait laissée grande ouverte, je remarquai que la lumière du couloir avait été éteinte depuis que Maman était entrée me rejoindre. Je compris qu'Aline avait dû appuyer sur l'interrupteur plongeant le couloir dans la pénombre, permettant à une petite curieuse de jeter un oeil sur la scène se déroulant dans ma chambre... Je n'ai même pas cherché à alerter Maman qui ne devait même pas être dupe, sûrement. Diane aurait été là, elle aussi, je me serais sentie plus vexée.
C'était Aline qui devait jouer les espionnes, regardant Maman appliquer une méthode qu'elle avait elle-même subi la veille au soir... C'était presque comme une sorte de retour des choses, et d'ailleurs, dans mon "malheur", si j'ose dire, la seule chose qui me consolait un tant soit peu, c'était de penser qu'il y avait une logique dans le raisonnement maternel. Aline aurait été épargnée que j'aurais considéré ma fessée comme injuste. Sa déculottée de la veille, pour un motif similaire, et dont j'avais encore le bruit des claques et les pleurs de soeurette dans les oreilles, accréditait le discours maternel, et j'avais d'ailleurs eu bien conscience, depuis la veille au soir, que ma destinée était parallèle à celle d'Aline cette fois...

   
 Je me doutais bien qu'Aline, qui avait éteint la lumière du couloir,
devait être cachée dans la pénombre, et regarder Maman
me donner une fessée magistrale, déculottée comme elle la veille,
mais autrement plus appliquée : une fessée de grande !


Je ne voulais penser qu'à cet aspect des choses, parce que me persuader qu'il était "juste" que je sois fessée moi aussi, apaisait en partie ma rancoeur, et faisait que j'en voulais moins à Aline de regarder ma lune rougir, puisque je savais que cela lui rappelait forcément sa déculottée de la veille. Comme si, sur cet exemple là, il y avait une sorte de solidarité entre celles qui subissaient la (juste) colère maternelle...

En revanche, je suis sûre qu'Aline devait être impressionnée par une tannée qui était autrement plus démonstrative, longue et appliquée que la fessée qu'elle avait reçue la veille.

Quand Maman stoppa enfin cette claquée mémorable, je tombai à genoux, me recroquevillant, prostrée et haletante. Je ne bougeai plus pendant quelques secondes, Maman ne se relevant pas encore, et posant sa main sur ma tête comme pour me consoler.

 
Je tombai à genoux, prostrée un instant, 
m'accrochant aux genoux de Maman comme pour demander pardon, 
alors que son bras se posant sur mes épaules, semblait vouloir
me réconforter, une fois nos comptes ainsi réglés... 

"Allez, c'est fini, à toi de faire en sorte que je n'ai pas à recommencer...", susurra Maman, en me passant la main à nouveau dans les cheveux. Me redressant un peu, je m'accrochai à ses genoux avec mes bras, comme pour me blottir un instant. Maman entoura mes épaules en me serrant un infime moment, mais un moment réconfortant, qui me montrait qu'elle ne m'en voulait pas, qu'elle agissait "pour mon bien".

Elle se releva du bord du lit où elle était assise, me tirant vers le haut également. J'étais chancelante, la culotte encore en bas des jambes. "Allez, rhabille-toi, Christine. Tu n'as eu que ce que tu méritais... Cache-moi donc vite ces fesses toutes rouges..." 
Je pris conscience de ma semi-nudité et me penchai pour remonter culotte et pantalon de pyjama. 
Me voyant cacher à la hâte une lune écarlate, Maman ne put s'empêcher de rajouter avec un sourire en coin :  "Allez, c'est fini, ma chérie. Je ne veux plus les voir ces fesses... Enfin.... jusqu'à la prochaine fois..."   
La petite remarque me fit comme un pincement au coeur, ajoutée à toutes les promesses que Maman avait faites en claquant ma lune, promesses d'être encore plus surveillée à la rentrée, exigences de bonnes notes, promesses de ne rien laisser passer, autant de mots développant déjà chez moi de futures angoisses, et faisant que, les fesses encore écarlates, les mots de Maman me mettaient en tête qu'il y aurait assurément une "prochaine fois", voire des "prochaines fois" !


A SUIVRE