vendredi 25 juin 2010

Moments cruciaux : l'ouverture de la boîte aux lettres...

Derrière Maman, je priais pour que le facteur ne soit pas passé


Retour des courses. J'aide Maman à porter les sacs de provision. Arrivées à côté de la boîte aux lettres, elle s'arrête. Le courrier n'était pas passé ce midi quand elle est allée voir. En ces périodes de grève, le facteur est souvent en retard.
J'aurais préféré que Maman ne vérifie pas. Mais, elle semble y tenir, comme si elle avait une prémonition... J'espère surtout qu'il n'y a rien, et surtout pas le bulletin de colle que le collège doit envoyer après un chahut en anglais...
Il n'y était pas hier, ni ce matin, et je prie pour que la boîte soit vide... D'autant que ce soir, je dois aller au cinéma, avec une voisine du quartier qui y emmène ses enfants. Maman a accepté pour une fois et je m'en fais une joie.... Alors, je croise les doigts pour qu'il n'y ait rien... Car, sinon, ma soirée ne rimera pas avec ciné, mais avec fessée...
La main de Maman fait tourner la clé. Je vois la boîte qui s'ouvre... Il y a juste un prospectus et... une lettre, une seule, mais que je reconnais avec l'en-tête du collège... Voyant ma figure qui blémit, Maman a compris...
"Dis moi, Christine, que ce n'est pas encore un bulletin de colle ?", interroge-t-elle.
Je baisse la tête en murmurant : "Si, Maman, mais je vais t'expliquer..."
Elle me coupe : "Il n'y a rien à expliquer. On verra plus tard... Mais, tu peux déjà dire adieu au cinéma..."
Je ne proteste qu'à peine, quand Maman et moi rentrons à l'intérieur de la maison. Nous posons les sacs de course et Maman va immédiatement téléphoner à la voisine qui devait me prendre au passage. "Christine est punie. Ce n'est pas la peine de passer. Merci quand même".
La voisine propose d'emmener mes deux soeurs à ma place et Maman accepte volontiers. "Si cela ne vous dérange pas, c'est gentil, et puis elles au moins ont mérité une sortie". Et Maman de répondre aussi à la curiosité de la voisine, en évoquant ma conduite en classe et en expliquant que le cinéma allait se transformer en sérieuse explication entre elle et moi...
Elle n'a pas prononcé le mot fessée, mais je suis sûre que la voisine a compris...

Elle raconte tout à la voisine...


Mes soeurs étaient folles de joie d'aller au cinéma et ravies que cela leur arrive grâce aux bêtises de leur aînée... Elles avaient les yeux qui pétillaient quand le dîner à peine avalé, la voisine sonna et qu'elles filèrent en me laissant seule avec Maman...
Je commençais à débarrasser la table pour me montrer gentille quand Maman m'expédia dans ma chambre : "Va faire ta toilette et te mettre en pyjama. Je vais ranger tranquillement avant de venir régler nos comptes..." 
Maman n'était pas pressée puisqu'il n'y avait pas les petites à coucher.
Elle m'a laissée mijoter de longues minutes avant de monter me rejoindre. J'ai eu droit au sermon maison, aux grandes litanies sur le thème : Ce n'est pas possible... Quand finiras-tu tes bêtises ? Comment veux-tu que je te traite comme une grande quand tu n'arrêtes pas de te comporter comme une gamine ? Etc, etc. Et j'eus beau protester doucement, promettre monts et merveilles, Maman passa aux choses sérieuses et me fit venir en travers de ses cuisses.

Christine, tu sais bien ce qui t'attend...


Le bas de pyjama, et la culotte que j'avais gardée en dessous par réflexe de protection, furent abaissés largement et Maman me gratifia d'une dégelée maison, d'une tannée longue et appliquée qu'elle prit son temps à bien administrer.
Je filai ensuite au lit, pleurant longuement de ma douleur et sur mon sort.
Ma seule consolation était que j'avais reçu ma fessée en l'absence de tout témoin auditif, dans notre maison vide.
Mais, quand la voisine ramena les petites, je guettai les paroles de Maman qui me croyait endormie. Elle la remercia et demanda si cela s'était bien passé. La voisine dit que mes soeurs avaient été de vrais petits anges.
Maman commenta : "C'est bien. Heureusement qu'elles ne sont pas infernales toutes les trois ensemble en effet." Mes soeurs dirent au revoir à la voisine avant de monter.
Maman intervint : "Ne faites pas de bruit, Christine doit dormir". Et à la voisine qui semblait vouloir en savoir plus, elle confia : "Vous savez, une bonne fessée, cela vous calme les plus récalcitrantes. Et Christine a été servie ce soir, et elle a eu ce qu'elle méritait".
Je retournai me cacher sous mes couvertures les yeux embués. La voisine et mes soeurs venaient de tout apprendre... J'allais encore être l'objet de moqueries demain...

vendredi 11 juin 2010

Moments cruciaux : la confidence maternelle à une amie

Je rougissais devant leur regard rieur


J'étais rentrée assez inquiète à la maison. Je savais pertinemment que le courrier du collège annonçant mes deux heures de colle pour un chahut en cours d'histoire devait être arrivé dans la boite aux lettres aujourd'hui.
En arrivant dans l'entrée, j'ai entendu des voix dans le salon. Maman y était avec Mme Landais, une amie du club de tennis, et sa grande fille, qui avait deux ou trois ans de plus que moi.
Je n'avais pas envie de me montrer et je me suis dirigée vers les escaliers quand Maman m'appela : "Christine, c'est toi. Viens dire bonjour à Mme Landais et à Christelle".
Je me suis exécutée sans enthousiasme, prétextant mes devoirs à faire pour filer dans ma chambre. Maman a rétorqué : "C'est bien, Christine. Tu as intérêt à bien les faire, parce que nous avons aussi un petit compte à régler, tu sais... A propos du cours d'histoire..."
J'ai fait grise mine et baissé la tête alors que Mme Landais interrogeait : "Christine aurait-elle fait des siennes, dites-moi donc ?"
J'étais tétanisée et n'osais plus relever la tête alors que Maman commentait : "Oh, oui, ma chère. Ma fille vient encore de récolter deux heures de colle. Christine file vraiment un mauvais coton cette année. Elle chahute, elle travaille quand elle veut, et j'ai bien du mal à lui faire entendre raison."
Mme Landais compatit : "Ah, c'est comme ça, il y a toujours des périodes plus dures que d'autres. J'ai connu cela avec Christelle, vous savez, mais heureusement, c'était quand elle était bien plus gamine".
Maman la coupa : "Hélas, avec Christine, la période n'est pas achevée et je dois continuer à sévir comme si elle avait dix ans..."
Je sentais que le sujet devenait gênant et je murmurai : "M'man, je t'expliquerai pour l'histoire. Dis, je peux aller dans ma chambre ?"
Elle accepta, non sans en remettre une couche : "Allez, oui, Christine. Profites-en pour réviser aussi ton anglais. Je viendrai vérifier tes devoirs, avant que nous parlions de tes deux heures de colle... Et, tu peux préparer tes fesses, ma fille..."
On était passé de l'allusion au vif du sujet. Mme Landais et sa fille, au lieu de compatir, affichèrent un large sourire, qui me fit rougir de la tête aux pieds...  Je sentais qu'elles m'imaginaient déjà sur les genoux maternels, les fesses à l'air...
J'ai tourné les talons et quitté la pièce... Les larmes au bord des yeux.
Dans le couloir, avant de monter vers ma chambre, j'ai guetté la suite de la conversation. Mme Landais proposa de prendre congé : "On ne va pas vous déranger plus longtemps... Puisque vous avez à faire...."
Mais, Maman la fit rasseoir et lui reversa une tasse de thé : "Non, voyons, on n'est pas à la minute. Nous n'avions pas fini de parler de vos projets de maison. Vous savez, Christine peut attendre... Cela lui permettra peut-être de réfléchir à sa conduite... Et puis, je ne suis pas sûre qu'elle soit pressée de me voir venir m'occuper de son cas..."
Mme Landais rétorqua en riant : "Quand Christelle avait huit ans et qu'elle me sentait en colère, je la retrouvais cachée dans son armoire... Elle savait bien ce qui l'attendait... Maintenant, elle a passé l'âge, mais j'avoue qu'il y a parfois encore comme la main qui me démange..."
Maman était comme rassurée par cette confidence de son amie : "On se comprend donc entre mères. J'espère moi aussi que Christine va sortir de cette période difficile et devenir plus raisonnable. Mais, en attendant, il n'est pas question que je cède, d'autant que j'ai les deux petites qui suivent."
Mme Landais acquiesça : "C'est sûr que ce n'est pas le moment de relâcher la bride, sinon vous ne tiendrez plus ni la grande, ni les petites. Je comprends dans ces conditions que Christine n'ait pas trop envie que vous veniez la rejoindre... Même si votre petite demoiselle n'a pas eu trop l'air étonnée quand vous lui avez dit qu'elle pouvait préparer ses fesses. Mais cela ne rend pas l'attente plus confortable pour autant...."
La remarque fit mouche. Maman se sentait soutenue : "Vous êtes perspicace en effet. Je crois surtout que Christine n'avait surtout pas envie de discuter du sujet devant vous. Elle n'est pas très fière de devoir être punie comme une gamine. Vous avez bien vu qu'elle cherchait à monter dans sa chambre sans venir se montrer. Elle sait très bien que je ne vais pas la féliciter pour avoir récolté deux heures de colle... Alors, laissons-la mijoter un moment... De toute manière, cela se terminera par une bonne fessée, Christine le sait... Mais, revenons à votre projet de maison... Où en êtes-vous avec l'achat du terrain ?"
La conversation changeait enfin, et je me suis résignée à monter dans ma chambre sans faire de bruit, honteuse et tremblante...
Avec des yeux embués. Il allait falloir réviser mes devoirs, préparer mes affaires, revoir mon anglais. Tout cela en sachant que cela n'empêcherait pas la "discussion" tant redoutée d'avoir lieu... Tout en sachant que m'attendait "une bonne fessée", que Maman l'avait annoncée, que Mme Landais et Christelle étaient dans la confidence, que mes soeurs, dans leur chambre, guettaient déjà le moindre bruit. Je n'avais pas eu le temps d'esquisser la moindre explication, de tenter de plaider ma cause, que je me savais condamnée, que toute la maisonnée connaissait mon avenir...
J'allais bientôt me retrouver, étendue sur les genoux maternels, culotte baissée et la lune à l'air pour recevoir la fessée...
J'en avais la chair de poule au bas du dos...

mercredi 9 juin 2010

Moments cruciaux : la rencontre fortuite de Mlle Paule (FIN CLAQUANTE...)


J'attendais Maman sans la moindre illusion


Sur mon lit, je me remémorais ce cours d'anglais de ce matin. J'aurais dû me méfier. Après deux semaines de suite où la prof avait fait des interrogations surprises, j'avais imaginé comme mes copines qu'elle ne nous interrogerait pas ce mardi. Et je m'étais dispensée de réviser la nouvelle liste de verbes irréguliers.
Il n'y a en effet pas eu d'interro, mais Mlle Paule a fait venir deux élèves au tableau. Martine, la fayote, savait sa leçon et a eu un 18 sur 20...
Quand la prof a appelé "Christine au tableau", j'ai fait grise mine. Je crois qu'elle avait senti que je n'étais pas à l'aise....
Résultat : j'ai juste trouvé trois verbes sur dix, et récolté un 6 sur 20 ! Je me disais que cela promettait pour la signature du carnet, dans dix jours, à la fin du mois... Mais Mlle Paule avait une autre idée. A la fin du cours, elle m'a demandé de lui apporter mon carnet de correspondance où elle a écrit : "Christine ne savait pas sa leçon du jour. Elle a eu 6 sur 20. Je constate également un relâchement et une tendance à bavarder à nouveau. Ce serait dommage qu'elle retombe dans ses travers favoris alors qu'elle semblait faire des efforts. Je préfère, comme convenu, vous en avertir avant que cela ne s'amplifie. Avec mes cordiales salutations. Mlle Paule ".
En me rendant le cahier, elle a commenté : "Je suis désolée, Christine, mais je vous avais prévenue. A vous de vous arranger avec votre mère..." Son petit sourire en disait long sur ce qu'elle savait avoir déclenché...
La suite de la journée de cours s'est passée comme si je traversais un tunnel... Je ne pensais qu'à mon retour à la maison, qu'à la réaction de Maman dont j'étais hélas sûre et certaine...
Pas question de cacher le mot puisqu'elle contrôlait chaque soir mon carnet de correspondance. Je n'avais plus qu'à tenter de chercher des excuses, mais je me doutais qu'elles seraient vaines...
Maman était sortie quand je suis revenue à la maison. Le mardi, elle allait chercher mes soeurs et les emmener à la danse, d'où elles reviendraient ramenées par la mère d'une de leurs camarades de cours.
Je savais que j'avais encore un bon quart d'heure de tranquillité, mais je n'avais pas le coeur à travailler...
Au lieu d'attendre qu'elle regarde dans mon sac, j'ai sorti le carnet de correspondance et je l'ai mis en évidence sur la table de la cuisine, sachant que Maman y passerait en rentrant...
Il ne me restait qu'à attendre.... A attendre la fessée... En espérant juste un miracle...

Sa posture ne laissait aucun doute sur ses intentions...


J'avais le coeur qui battait quand j'ai entendu la porte d'entrée. "Christine, tu es là ?", lança Maman sans que je réponde tout de suite... L'oreille aux aguets, j'ai compris qu'elle allait dans la cuisine. Le "Mais, ce n'est pas vrai, cela !" que j'entendis distinctement m'annonça qu'elle venait de lire le mot de Mlle Paule...
Les pas dans l'escalier, l'irruption dans ma chambre, le regard noir, tout était comme je l'avais hélas imaginé...
Maman se positionna devant moi, une main appuyée contre le mur, l'autre sur sa hanche, la tête légèrement penchée, l'air à la fois dur et interrogatif...
"Christine, ce n'est pas possible. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Et encore avec Mlle Paule... Tu n'as vraiment rien compris... C'est ton année et ton avenir que tu es en train de gâcher si tu continues... Mais, je ne te laisserai pas te moquer du monde comme ça..." : les arguments maternels défilaient avec un ton ne souffrant pas la moindre remarque.
J'ai tenté de plaider un instant, de dire que c'était juste un accident, que j'avais eu des bonnes notes les dernières semaines...
Cela ne fit que se retourner contre moi... "C'est bien cela le pire, Christine. Tu peux avoir de bonnes notes quand tu veux bien t'en donner la peine. Tu as fait des efforts ces derniers temps parce que j'avais fait ce qu'il fallait pour que tu comprennes... Mais, Mademoiselle se dit que ça suffit, que je vais la laisser retomber dans ses travers... Ca, il n'en est pas question, Christine, et je suis bien contente que Mlle Paule ait réagi sans tarder... Alors, si tu avais oublié ce que je t'ai promis, Christine, eh bien, je vais te rafraichir la mémoire... Et ne fais pas l'innocente, tu sais très bien ce qui t'attend..."
J'enrageais que Mlle Paule soit la cause de cette fessée


Nous étions seules dans la maison, les petites ne rentreraient pas avant une demi-heure au moins. Il n'y avait pas de raison de différer la suite...
J'eus beau protester : "Non Maman, non, pas la fessée, je t'en prie, non, pas maintenant, je travaillerai mieux, laisse moi une chance", que rient n'y fit.
Maman était sous le coup de la découverte de ma mauvaise conduite et il fallait qu'elle tienne ses promesses. Elle sentait d'ailleurs fort bien que je feignais la surprise... Elle avait vu en arrivant dans ma chambre à mon air inquiet et pensif sur le lit que je ne me faisais aucune illusion sur la suite des événements...
Comme j'avais lu dans son attitude que je pouvais préparer mes fesses...
Et, en effet, quelques instants plus tard, Maman me donnait la bonne fessée promise, la déculottée maison, la tannée destinée à payer mes fautes, à me rappeler que c'est ce qui m'attendrait si je recommençais...
Allongée en travers des cuisses maternelles, je fermais les yeux en pleurant, m'en voulant de m'être faite prendre, m'en voulant de ne pas avoir appris ma leçon, en voulant aussi à Mlle Paule d'être en quelque sorte l'ordonnatrice de cette fessée. Je cauchemardais toute éveillée, et j'avais comme l'impression qu'elle y assistait presque, comme si c'était elle qui claquait ma lune, comme si c'était sur ses genoux que je me trouvais. En rouvrant les yeux, en entendant Maman me gronder, en sentant sa main, j'étais presque rassurée...
Cette fessée, je l'avais crainte à chaque petite remarque de Mlle Paule. En la recevant, cela remettait au moins mes peurs à zéro...

mardi 8 juin 2010

Moments cruciaux : la rencontre fortuite de Mlle Paule (SUITE 3)

Mlle Paule semblait jouer sur mes nerfs...


Le retour en cours d'anglais au lendemain de l'entrevue entre Maman et ma prof n'avait pas été facile pour moi.
En partant le matin vers le collège, Maman m'avait bien rappelé que j'avais intérêt à faire des efforts en cours, et plus encore dans cette matière...
"Tu sais, Christine, c'est sérieux. Si tu ne veux pas redoubler, c'est maintenant ou jamais. Et je serai intraitable sur tes résultats, ma fille. De toute manière, Mlle Paule est bien prévenue, et elle n'hésitera pas à me prévenir dès que feras des tiennes... Alors, Christine, c'est à toi de faire en sorte que nous ne soyons pas déçues... Sinon, tu sais ce qui t'attend...", avait clairement reprécisé Maman avant de me laisser devant la porte du collège.
J'avais compris le message et je n'avais pas l'intention de l'oublier...
Moi qui étais en général très dissipée et qui affichais une certaine désinvolture en cours d'anglais, j'ai changé d'attitude, me transformant en élève attentive et sage. A la fin du premier cours, Mlle Paule me dit même : "Christine, vous remercierez votre Maman d'avoir répondu à ma demande. C'est important que parents et enseignants se parlent..."
Le soir, Maman éplucha mes cahiers et notamment celui d'anglais. Il n'y avait heureusement rien à redire mais c'était un signe supplémentaire que j'étais sous haute surveillance...
Deux ou trois semaines sont passées sans que j'ai la moindre remarque en anglais. J'ai même récolté un 13 sur 20 qui était une de mes meilleures notes de l'année avec Mlle Paule.
Maman était ravie, mais surtout satisfaite, je pense, de voir que son intervention avait été efficace...
Le troisième trimestre étant bien entamé, la classe commençait à penser aux vacances et l'ambiance devint moins studieuse, plus dissipée et moins travailleuse. Pourtant, j'essayais de ne pas me faire remarquer...
Il n'empêche qu'à plusieurs reprises, Mlle Paule me fit quelques menaces qui me ramenèrent vite au calme. La prof n'exprimait pas les choses directement, et je lui en suis reconnaissante, mais ses allusions étaient pour moi d'une grande clarté...
Ainsi en me rendant une copie avec un petit 10 sur 20, elle avait lancé : "Très moyen, cette fois, Christine. Pourtant, l'interrogation était facile... Il faudrait peut-être que j'en parle à votre mère..."
J'avais rougi et promis de faire mieux la prochaine fois. Car, derrière la phrase de Mlle Paule, je savais qu'il y avait la menace d'une fessée maternelle si elle se plaignait d'un nouveau relâchement. 
Dans la situation où j'étais, les petites phrases de la prof d'anglais étaient un peu comme des exercices de version franco-anglaise, ou plutôt de version profo-maternelle !
Si Mlle Paule disait : "Christine, taisez-vous... Ou je vous donne cent lignes à faire signer à la maison". J'avais dans ma tête une petite voix qui traduisait immédiatement : "Christine, tais-toi, sinon, gare à tes fesses, ce soir..."
Quand elle lançait : "Christine, au fait, cela fait un bout de temps que je n'ai pas discuté avec Mme Spaak...Vous feriez mieux d'écouter la leçon au lieu de rêvasser..." J'en déduisais : "Tiens-toi à carreau, sinon il va y avoir de la fessée dans l'air..."
Et ce genre de menaces déguisées me mettait les nerfs à fleur de peau. J'en avais parfois la chair de poule, persuadée que Maman n'hésiterait pas...
Je crois que Mlle Paule en jouait pour se garantir le calme de ma part, et je sentais bien qu'à la première occasion franche, elle passerait des paroles à l'acte. J'avais donc une tension croissante en écoutant ses avertissements. Surtout quand cela montait d'un cran et devenait une phrase du genre : "Christine, je n'aime pas rabâcher les mêmes choses... J'ai vraiment l'impression que vous voulez que je fasse un mot pour votre mère... Si c'est cela que vous cherchez, continuez ainsi et vous ne serez pas déçue..."
Le mot, la menace était claire et renvoyait à celui que j'avais dû donner à Maman après l'avoir caché deux jours... Je savais bien que s'il y en avait un nouveau, je ne pourrais pas faire le même stratagème...
J'avais conscience que le climat se dégradait et pouvait tourner à l'orage... Et je rageais d'autant plus que les mots de Mlle Paule me suspectaient de le faire exprès, d'agir en sorte qu'elle prévienne Maman, pire encore, de "vouloir" qu'elle fasse un mot. Comme si je pouvais vouloir la fessée qui m'attendrait dans ce cas, comme si je faisais en sorte de mériter une nouvelle déculottée...

mardi 1 juin 2010

Moments cruciaux : la rencontre fortuite de Mlle Paule (SUITE 2)


Maman avait tout dit à Mlle Paule...



La déculottée avait été magistrale et la fessée plus que mémorable... De quoi me faire comprendre qu'il ne fallait pas jouer avec les nerfs de Maman, ni surtout lui donner l'occasion d'être prise en défaut en public.
Mon angoisse n'était pas pour autant partie, puisque je savais que Maman et Mlle Paule devaient se voir le lundi suivant... Et même si l'essentiel avait été dit et que je venais d'en subir les conséquences claquantes, je craignais que la prof n'en rajoute à mon encontre...
Je me disais que je n'étais pas forcément à l'abri de nouveaux désagréments à la suite du rendez-vous...
J'ai donc cherché à mettre tous les atouts de mon côté en me tenant à carreau comme jamais...
Le lundi soir, Maman n'est rentrée qu'à 19 h, alors que le rendez-vous était à 18 h....
Je commençais à tourner en rond dans ma chambre et à me faire un scénario catastrophe...
D'ailleurs, quand Maman est revenue et a refermé la porte de ma chambre derrière elle après m'y avoir rejointe, j'étais presque persuadée que je devais préparer mes fesses...
L'oeil maternel était sombre et j'ai eu droit à un sermon maison sur la nécessité d'être sérieuse en classe, sur les chances que je gâchais en ne travaillant qu'en dilettante, etc., etc.
Mlle Paule avait parlé en détail de mon comportement et Maman savait tout de mes petites manies de bavarde, de ma manière d'amuser la classe, ou de bayer aux corneilles...
"Il faut que cela cesse, Christine, si tu veux avoir une chance de passer en classe supérieure. Mlle Paule était farouchement contre, mais je lui ai promis que tu allais faire des efforts et que tu ferais le nombre de devoirs de vacances qu'il faudrait pour ne pas perdre une année bêtement...", expliqua Maman en me promettant donc des semaines bien studieuses et bien surveillées...
"Tu as de la chance, Christine, que j'aie pu la convaincre, et nous sommes tombées d'accord pour que l'on se voit régulièrement afin de suivre ta progression", ajouta Maman, ce qui me fit grimacer. J'avais conscience que cela n'allait pas être drôle tous les jours...
Surtout que Maman rajouta encore : "Heureusement que tu as changé d'attitude depuis notre rencontre dans le parc. Mlle Paule m'a dit que tu avais été sage comme une image durant ses deux derniers cours. Et elle a bien compris que tu avais quelques raisons de filer droit... Je lui ai dit que j'avais fait ce qu'il fallait et que tu avais été bien punie. Et que tu le serais à nouveau s'il le fallait... Cela a rassuré cette pauvre demoiselle qui en avait assez de tes caprices, ma fille..."
J'ai baissé les yeux et blêmi en l'entendant expliquer tout cela. J'étais sûre qu'elle avait donc tout dit à Mlle Paule et je savais que j'avais intérêt à ne pas provoquer ma prof, sinon elle en profiterait assurément...
Maman a achevé la conversation en me demandant si j'avais bien fait mes devoirs et en m'annonçant qu'elle allait les vérifier. Je savais le travail assez bien fait heureusement, mais je sentais bien que les jours et semaines suivantes seraient sous le signe du tour de vis.
En tout cas, Maman qui était fâchée par les révélations de Mlle Paule avait aussi un motif de satisfaction qu'elle énonça avant de quitter ma chambre : " Tu vois, Christine, j'espère que tu vas continuer à mieux te tenir en classe. Je vois au moins que la fessée de l'autre soir t'aura faite réfléchir... Maintenant, c'est clair, je ne le répéterai pas... A la moindre nouvelle remarque de Mlle Paule, tu sais ce qui t'attend, ma chérie..."
C'était clair, très clair en effet !