lundi 17 décembre 2012

Chronique d'un redoublement : 53. Maman tient toujours ses promesses...

SUITE 52

Depuis qu'elle était rentrée, je n'avais pas encore eu de contact direct avec Maman. Je l'avais vue revenir de la boulangerie, j'avais été écouter dans le couloir du bas sa conversation avec Tata, mais elle ne m'avait pas encore appelée, ni donné de consigne quelconque...
J'hésitais donc à attendre encore dans ma chambre ou à aller aux nouvelles, ce qui ne me disait guère puisque déjà, via Aline en rentrant, via sa voix espionnée depuis le couloir, et via Tata qui me l'avait confirmé, je savais que la reprise de contact ne se traduirait pas autrement que par une invitation à "préparer mes fesses"...



Je tournais en rond, plutôt angoissée, ma main s'égarant parfois au bas de mon dos, moitié par réflexe de protection, moitié pour constater que tout allait encore bien, que pour l'instant je profitais encore du sursis que j'avais réussi à prolonger depuis deux bons jours...

Maman qui savait évidemment par mon manteau accroché dans l'entrée et certainement par Aline qui lui avait dit, que j'étais bien rentrée, devait se douter que si son ainée restait hors de sa vue, c'est qu'elle ne se sentait pas tranquille...  
Et je pense qu'elle me laissait mijoter volontairement, préparant le dîner tout en surveillant d'un oeil les devoirs des petites, sages comme des images, selon l'expression consacrée, mais qui aurait pu se traduire à la maison par "sages comme les jours de fessée de Christine" !



Au bout d'une demi-heure, où la seule incertitude était de savoir quand ma chère mère "s'occuperait" de moi, je descendis, le coeur battant, me retrouvant en face de Maman qui venait de donner une précision sur un devoir de Diane, et allait retourner dans la cuisine.
Maman me décocha un regard faussement amusé : "Tiens, tiens, te voilà. Je me demandais où tu étais cachée. Tu ne voulais pas dire bonjour à ta Maman ? Il y avait quelque chose qui te gênait, peut-être ?"
Je ne savais quoi répondre, et baragouinai un : "Oh, non, euh... Tu veux, euh, parler, euh, du courrier du collège, euh. Je, euh, enfin, euh, je vais te, euh, t'expliquer".
 Maman ne me laissa pas développer une quelconque explication. La réponse fusa : "Christine ! NON ! Arrête tes histoires et tes mensonges. Tout ce que je sais, c'est que ma fille a encore récolté deux heures de colle, et pour avoir chahuté en classe. C'est i-nad-mi-ssi-ble !", tonna-t-elle en détachant les syllabes. "Alors, ne me raconte pas de sornettes. Tu sais très bien ce qui t'attend, ce que je t'ai promis, la fessée, Christine, la fessée... Puisque c'est la seule chose qui te fasse tenir à carreau, du moins quelque temps, eh bien, Mademoiselle va encore recevoir une déculottée maison, et voilà tout !".
Elle me pointait du doigt avec un regard noir, à deux pas des petites qui observaient la scène, plus intéressante bien sûr que leurs livres et cahiers.
Je tentai de protester, répliquant par deux petits "Non, non", puis osant un "Oh NON !" presque fort, presque de révolte, en tout cas moins timide pour quelqu'un qui se sentait au pied du mur.
 Maman n'apprécia pas ce "Oh NON !" intempestif, et sa main qui pointait son index s'ouvrit montrant sa paume. Je crains de prendre une gifle et me retournai prestement pour aller vers la porte. Dans le mouvement, ma jupe virevolta au moment où Maman, qui avait vu venir ma manoeuvre, en profita pour me décocher une claque magistrale sur mon fond de culotte.
La claque résonna et me fit pousser un petit cri pendant que Maman commentait : "Oui, c'est cela, file, tu ne perds rien pour attendre..."





J'avais été surprise par cette claque lancée à la volée et qui témoignait bien de la détermination maternelle. Je ne demandai pas mon reste et filai dans ma chambre, perturbée et au bord des larmes.
J'étais haletante quand je refermai la porte derrière moi. M'arrêtant après ma course dans l'escalier, je sentis le picotement sur ma fesse droite. Maman y était allée de bon coeur contre une fille dont le "Oh NON" avait un avant-goût de révolte.
Cela me chauffait sur le côté et je me mis devant la glace de mon armoire, relevant ma jupe et posant mes mains en parallèle sur mes deux hémisphères jumeaux.
La claque maternelle était passée par dessous la jupe, atterrissant légèrement de côté,  la paume et le pouce se plaquant sur le fond de ma culotte, les quatre doigts ayant débordé et atteint la peau directement.
C'est là que cela picotait, et je distinguais l'empreinte des quatre doigts marquant de rouge ma fesse latérale droite.
Sous l'étoffe de ma culotte, la trace de la paume n'était que diffuse, chauffant comme un petit radiateur, mais sans le picotement.
En plaçant mes mains sur mon bas du dos, je ressentais ces différences. A gauche, une demi-lune toute fraiche, intacte, reposée par un long sursis, puis à droite une double sensation de chaleur, maitrisée et comme réchauffante sur la partie protégée par l'étoffe de coton, brulante et "picotante" où les doigts avaient marqué la peau.
Je comprenais que je venais en quelque sorte d'avoir un acompte, que bientôt ma fesse gauche aussi serait "réchauffée", mais comme je le ressentais avec une grande acuité, ce serait au plan de la douleur tout autre chose quand ma culotte serait baissée...

De plus, il n'était pas question d'avoir la moindre illusion : toutes mes colles m'avaient valu des déculottées, et si Maman n'avait parlé à Tata que d'une "bonne fessée", elle venait d'annoncer clairement, et devant mes soeurs, que je recevrais une "déculottée maison". Le doute n'était plus possible et cette claque décochée à la volée resterait sans doute la seule à atteindre une lune protégée...

Ce qui me consolait vaguement était que Maman ne m'avait pas punie sur le champ, ma petite interjection de révolte aurait pourtant pu justifier qu'elle règle ses comptes immédiatement. Mais, elle n'avait pas non plus renvoyé l'affaire, comme elle le faisait souvent d'un "On réglera ça après le diner", ni en me demandant de me mettre en pyjama. Quelque chose toutefois, je ne sais quoi, mais avec le temps on a souvent des intuitions qui fonctionnent, me disait que le sujet serait vite remis sur le tapis...

Guettant les bruits du bas après avoir rouvert ma porte et rabaissé ma jupe, je compris que Maman avait des choses à faire en cuisine. Elle préparait une tourte et avait mis le four à préchauffer. Cinq minutes plus tard, elle put enfourner sa préparation pour qu'elle cuise durant les 45 minutes nécessaires. Soit trois quarts d'heure, avant de pouvoir passer à table, et bien assez pour tenir une certaine promesse...

"Aline et Diane, je monte voir Christine... Soyez sage... Quand vous aurez fini vos devoirs, vous pourrez allez vous mettre en pyjama. J'ai fait une bonne tourte pour le diner..."  , dit-elle depuis l'entrée du salon d'une voix dont je pouvais tout entendre.

Apparemment, Diane, comme il fallait s'y attendre dit qu'elle avait fini ses exercices. Maman lui répondit : "Alors, revois encore ta poésie, je te ferai réciter après le diner. Je ne voudrais pas avoir à me fâcher contre toi aussi..."

Cela remit ma petite soeur à sa place, et Maman s'engagea dans l'escalier... Ce pas, c'était comme ma fessée qui montait...

Je m'étais précipitée près de la fenêtre, pour faire semblant de regarder dehors, pour me donner une contenance.

Maman entra par la porte entrebaîllée, mais elle l'ouvrit complètement, s'arrêtant un instant pour prêter l'oreille, comme pour me dire qu'elle laissait la porte ouverte pour surveiller en même temps les petites...

Je fis la grimace, mais comme j'avais cauchemardé depuis deux nuits en imaginant une déculottée publique devant famille et boulangères réunies, je restai étrangement calme.  

"Maman, s'il te plait...", murmurai-je, mais elle était déjà assise, tapotant sur ses genoux en me disant : "Allez, Christine, finissons-en. Viens ici tout de suite...."


J'ai effectué les cinq à six pas qui me séparaient des genoux maternels comme une automate, mais en esquissant à peine un geste de recul lorsque Maman m'a attrapé par les poignets et m'a basculé en travers de ses genoux, là où je savais depuis l'annonce de la colle en cours que je finirais...
Maman dit une ou deux fois : "Bien, bien...", comme si elle m'accordait un satisfécit pour une obéissance satisfaisante. Je la laissai même remonter complètement ma jupe, la coincer au bas de mon dos, dégageant ma culotte.
Sur le côté droit, on voyait encore nettement les traces de la claque avec quatre empreintes de doigt rougissant mon épiderme...
Maman ironisa : "Ah, un petit peu de rouge d'un seul côté... Mais, je vais réparer cela bien vite... Il n'y aura pas de jalouses, ne t'inquiète pas, les deux fesses seront servies, crois-moi..."





J'avais tenté de placer ma main droite en protection, mais Maman haussa le ton, me la bloqua dans le dos, et entreprit de baisser ma culotte, pendant que je gémissais et commençai à sangloter...
"Garde tes larmes, Christine, je n'ai pas encore commencé, dit elle en dégageant totalement ma lune. Ah, c'est encore tout blanc là-dedans... Mais, on va rattraper le retard, Christine... Quand je pense que tu as récolté cette colle il y a deux jours, et que tu ne t'en es pas vantée... Tu savais trop bien ce qui t'attendait... Tu sais que Maman tient ses promesses, et que jamais elle n'acceptera que sa grande fille gâche ses chances et se fiche du monde..."




Le temps qu'elle dise tout cela, j'étais restée bien bloquée sur ses genoux, culotte baissée, lune encore intacte (à un impact près), avec cette étrange sensation du calme avant la tempête...
Je suppliai : "Maman, non, je t'en prie, je ne recommencerai plus", mais elle avait déjà  asséné une première claque sur la fesse gauche, avant de regarder l'empreinte de sa main rougir ma lune en parallèle avec la claque du salon.

"Voilà, il n'y a plus de jalouses, s'amusa-t-elle, avant de reprendre sérieusement. Allez, passons aux choses sérieuses. Je ne voudrais pas te faire attendre plus longtemps, ma fille... Je vais te rappeler ce que c'est qu'une bonne fessée, et ce qui arrive aux chahuteuses, et qui plus est aux menteuses dans cette maison..."

Et la dégelée tomba, mécanique, forte, très appliquée. Je dis "dégelée", parce que les picotements dont j'avais peur étaient au rendez-vous. Je ne les aurais peut-être pas ressenti autant, pris dans l'avalanche de sensations, de la honte à la douleur qui se mêlaient dans ma tête et dans mon corps. Mais, comme, juste avant, je venais de ressentir, de soupeser la différence d'impact d'une claque sur une culotte avec des doigts sur une peau nue.

Alors, cette première couche, cette longue série de claques savamment réparties, généreusement distribuées par une mère qui se rabâchait que je l'avais méritée, qu'elle m'avait été promise, que je devais m'en souvenir pour qu'elle soit efficace, que je l'avais de plus roulée dans la farine en cachant ma faute deux jours durant, cette fessée, du moins l'entrée en matière, je la ressentais claque après claque comme si chaque picotement, chaque bruit caractéristique de l'impact me rappelait que j'étais déculottée...
 


Les picotements m'arrachaient des petits cris, puis petit à petit, la cuisson devenant uniforme, la "tannée" faisant son effet, la claquée faisait toujours mal, mais plus en profondeur, de manière moins épidermique. L'essentiel de la montée en température devait être accompli, mais on passait à la partie qui fait passer de la fessée d'impulsion à la fessée magistrale, exemplaire, marquante.
Je pleurais à chaudes larmes, ma respiration devenant moins haletante.
C'est à ce moment que des bruits de pas se firent entendre, mes soeurettes montant en courant pour être la première à voir ou apercevoir quelque chose...

Elles arrivèrent devant la porte grande ouverte, se figeant avec des yeux écarquillés, Maman arrêtant sa claquée en les voyant pointer le bout de leur nez...
Je tentai de bouger, mais Maman raidit le bras qui me ceinturait, avec un "Ho, Ho", qui ressemblait à un ordre pour calmer un cheval.

"Maman, Maman, on a tout fini nos devoirs", lança Aline. "Et je sais ma poésie par coeur", rajouta Diane, qui ne bougeaient pas d'un pouce, figées devant le tableau, alors que, dégoûtée, je tournai la tête pour cacher mes larmes, sans pouvoir bouger de ma honteuse position...

"Alors, allez vous mettre en pyjama. Vous voyez bien que je suis occupée avec Christine...", ordonna Maman, ajoutant : "Allez, filez, petites curieuses, à moins que vous ne vouliez prendre la place de votre grande soeur quand j'en aurai fini avec elle..."

Aline très vite, puis Diane en laissant encore trainer un oeil un instant, disparurent. J'en profitai pour implorer Maman : "Arrête, Maman, ça suffit, j'ai mal, je veux plus..."
Cela ne fit que remotiver Maman, qui me rééquilibra en travers de ses cuisses, regarda un moment son oeuvre, comme pour jauger la suite à donner.

"Christine, ici, c'est moi qui décide quand ça suffit ou pas... Tu n'avais qu'à y réfléchir en classe au lieu de te remettre à chahuter... Ne crois pas que l'arrivée de tes soeurs va te tirer de ton mauvais sort. Tu mérites une bonne fessée, et je veux que tu t'en souviennes. Tu as mal, mais c'est fait pour ça, une fessée, ma chérie, et si tu ne t'en souviens pas bien, c'est peut-être que la dernière n'était pas assez forte." Et c'était reparti pour un tour, la mini-pause ayant fait pâlir un tant soit peu ma lune, Maman lui déversa une nouvelle avalanche de claques parfaitement dosées.  
"Ah, voilà des fesses qui commencent à avoir la couleur désirée.Tiens, tiens et tiens... Quand Maman promet une bonne fessée, ce n'est pas de la rigolade, crois-moi...", commentait Maman qui, à nouveau s'arrêta, voyant Aline apparaitre à nouveau.
Elle était juste en culotte et demanda  : "Maman, je ne trouve pas mon pyjama" . Diane était juste derrière, elle déjà en chemise de nuit, et ajouta :  "Il est au sale son pyjama".
Maman rétorqua : "Ah, c'est vrai, prends donc le rose qui est dans le tiroir du haut de la commode".
Mes soeurs demeurèrent devant la porte, alors que je tentai à nouveau de descendre des genoux maternels. "Filez de là, je ne le répéterai pas !", lança une fois de plus Maman à mes soeurettes pas vraiment pressées de quitter leur place de choix à moins de trois mètres des genoux maternels, où la lune de grande soeur était toute déculottée et écarlate... 




"Aline et Diane, je ne voudrais pas avoir à me fâcher. Arrêtez de regarder comme ça... Si j'en revois encore une de vous deux, je la déculotte dès que j'en ai fini avec Christine... Allez, ouste, et fermez la porte derrière vous..." ordonna Maman.

C'est Aline  qui repoussa Diane dans le couloir, retirant ensuite la porte de ma chambre pour la refermer, non sans passer à quelques centimètres de Maman et moi, encore dans la même position , où nous avions été dérangées par deux fois.

Nous étions enfin en situation de huis clos, même si les soeurettes étaient certainement aux aguets derrière la porte ou l'oreille collée contre la cloison...

Je chignai : "Elles sont pas gentilles", en essayant d'apitoyer Maman. Elle me renvoya l'argument : "Oh Christine, si tu n'avais pas chahuté, ni menti, je n'aurais pas eu à sévir, et tes soeurs n'auraient rien vu... Arrête tes simagrées, ce n'est quand même pas la première fois qu'Aline et Diane voient leur grande soeur recevoir la fessée... Et, quelque chose me dit que, si tu ne changes pas d'attitude, ce n'est sûrement pas la dernière fois qu'elles te verront sur mes genoux..."

Je ré-éclatai en sanglots, pendant que Maman, dont le bras venait à nouveau de se reposer quelques instants,  me replaça bien en équilibre... "Allez, finissons-en ! Je crois que ces fesses-là méritent encore une bonne claquée... Pour que tu comprennes qu'on ne se moque pas de sa mère, en chahutant et en mentant effrontément.... Ah, Christine, puisqu'il n'y a que cela qui fonctionne avec toi, puisque cela ne rentre pas par la tête, eh bien, on va encore s'adresser à tes fesses..."

La fessée reprit pour une ultime tannée qui réveilla ma douleur et me fit pleurer un flot de larmes. Je suppliai, mais Maman ne faiblit pas. La porte ayant été fermée, la fessée semblait résonner plus encore, et marquait autant ma peau que mon esprit. 




     
Puis, enfin, après une dernière salve très appliquée où Maman s'aidait de la voix, la fessée s'arrêta... Je devais avoir la lune écarlate, et j'avais l'impression de ne plus sentir mon épiderme, tellement la tannée avait été uniforme, faisant comme si j'avais un radiateur au bas du dos.
Me relevant, un peu chancelante, je dansai d'un pied sur l'autre un instant, tentant en y appliquant mes mains de dissiper la douleur de mes fesses, mais c'était surtout une sensation de haute cuisson que je ressentais.
Maman, croisant les bras, et me regardant sangloter en gémissant, commenta : "J'espère que la leçon portera ses fruits, Christine. En tout cas, ne t'avise pas de recommencer, surtout pas, car tu sais ce qui t'attend... Il y a des choses que je n'admettrai jamais, Christine, ja-mais, tu m'entends, ja-mais !"   
C'est quand elle se leva et se dirigea vers la porte que je pris conscience de la situation et que je remontai à la hâte ma culotte sur ma peau endolorie... 
La fessée ne s'était pas, heureusement, déroulée comme dans mon cauchemar. Elle s'était même achevée à huis clos, à l'abri de tous les regards, mais du point de vue de l'intensité, la fessée avait été un modèle du genre, une déculottée magistrale, une tannée exemplaire. Je n'avais pas "préparé" mes fesses pour rien !

A SUIVRE

lundi 10 décembre 2012

Chronique d'un redoublement : 52. Quand le cauchemar semble prendre forme

SUITE 51

En d'autres circonstances, j'aurais peut-être osé profiter que nous étions seules pour faire taire ma soeur, pour lui faire comprendre que ses moqueries pourraient se retourner un jour contre elle, et qu'une grande soeur imaginative comme je savais l'être parfois pourrait trouver moyen de se venger en douce...
Mais, là, cette fois, je ne lui en voulais pas vraiment, du moins je comprenais son attitude, à elle qui avait subi les foudres maternelles deux jours auparavant.
Cela aurait été Diane, j'aurais sûrement été davantage piquée au vif. Aline, elle, avait presque un regard de compassion tout en se moquant joyeusement, et puis il y avait aussi le fait que ce qu'elle disait et répétait était hélas une évidence, et tout sauf une surprise pour moi...



 Je me suis assise sur mon lit. Prostrée, comme abasourdie, sans ressort. La Christine combative, celle qui jouait à gagner du temps depuis 48 heures, celle qui se nourrissait d'espoir et se devait de jouer un rôle, venait de comprendre que la séquence était finie, que l'on rentrait dans la conclusion de l'épisode, et que, hormis quelques détails, j'en connaissais l'essentiel : cela se terminerait par une fessée. Bien sûr, dit ainsi, une fessée, cela semblait banal. Mais, quand c'est une fessée de Maman, et que ce sont ses propres fesses que l'on doit préparer, ce n'est plus "une fessée" simple, banale, c'est sa fessée, c'est "ma" fessée que j'attendais...



Fataliste, je ne l'étais pas souvent, tant j'essayais de jouer la moindre carte jusqu'au bout, mais là, il y avait trop d'évidence, et je ne me faisais plus d'illusion.
Restait à attendre Maman, et comme je n'avais pas la tête à réviser mes leçons, ne pensant qu'à ce qui m'était promis, je me suis assise près de la fenêtre de ma chambre, à regarder dehors, à guetter le retour maternel.

Le grincement de la porte du jardin me sortit de ma torpeur. Mais, à ma grande surprise, c'était bien Diane qui rentrait, mais c'est Tata Jacqueline qui lui tenait la main.

Je descendis lui dire bonjour, m'étonnant que Maman ne soit pas là. Tata m'embrassa et répondit : "Nous nous sommes croisées en ville quand elle sortait de chez le dentiste. Comme elle avait encore deux petites courses à faire, je lui ai proposé de ramener Diane, mais elle n'en a pas pour longtemps. Ne t'inquiète pas, elle arrive..."




Tata remarqua que je faisais la grimace, et elle esquissa un petit sourire contrit, ajoutant : "Enfin, quand je dis : ne t'inquiète pas, ce n'est peut-être pas la bonne expression, car elle semblait assez en colère contre toi... Ma pauvre Christine, il parait que tu t'es encore faite prendre à chahuter en classe. Tu sais pourtant bien que ta Maman n'aime pas du tout ça... J'ai bien essayé de lui dire que ce n'était pas grave, mais je ne l'ai pas convaincue, et j'ai bien peur que se finisse mal pour toi, ma pauvre chérie..."

J'étais au bord des larmes et Tata me serra à nouveau dans ses bras, quelques secondes qui me parurent une éternité réconfortante. Puis, elle me conseilla : "Je serais à ta place, j'irais vérifier mes devoirs, réviser mes leçons, histoire qu'elle n'ait rien d'autre à te reprocher ce soir. De toute manière, elle ne va pas tarder. Elle devait juste aller à l'épicerie, puis passer à la boulangerie".

Je suivis le conseil de Tata, la laissant avec Aline et Diane qui n'avaient rien manqué de la conversation et avaient le regard pétillant des soirs d'explication pour leur soeur ainée...

En regagnant ma chambre, je me mis à broyer du noir. J'eus un grand moment d'angoisse, me mettant à sangloter, ayant du mal à retenir mes larmes, à retrouver le calme. J'avais l'impression que je me retrouvais dans le cauchemar de l'avant-dernière nuit...

Tata Jacqueline était là, et semblait ne pas douter que j'allais recevoir la fessée. Et, oh mon Dieu, ce n'est pas possible : Maman devait, comme le disait ma tante, "passer à la boulangerie" !
Je m'étais retenue de demander "pourquoi" devait-elle "passer à la boulangerie"... Elle aurait sûrement répondu : "Mais, pour chercher du pain", mais une partie de moi craignait qu'elle réponde : "Je crois que c'est pour demander à la boulangère et à sa vendeuse de passer à la maison, ce soir".

Non, je ne pouvais pas y croire, mais aussi incroyable que cela paraisse, j'avais l'impression que mon cauchemar prenait forme. J'en revoyais les images, avec ce dédoublement d'image qui me faisait actrice et spectatrice à la fois... J'étais au milieu du salon, étalée sur les genoux maternels, la lune toute déculottée, devant mes soeurs, ma tante, et attendant que la porte s'ouvre pour laisser entrer Martine et Mme Breton...

 


 Je mis quelques minutes à chasser ces images de ma tête, essayant de trouver une contenance en déballant quelques livres et cahiers pour me donner une contenance et une apparence d'élève studieuse... Mais, les lignes se troublaient devant ma vue, et je n'avais que le retour de Maman en tête...

Quand j'entendis à nouveau la portail, je guettai et vu qu'elle rentrait avec une baguette de pain et un sachet de viennoiserie. Elle était donc bien passée chez Mme Breton, et je ne m'inquiétais même pas de savoir si mes oreilles avaient sifflé, si elle avait évoqué mes exploits et ce qui m'attendait. Même ça, je l'aurais trouvé normal, mais ma seule inquiétude était de savoir si elle avait "invité" Mme Breton...






Ne pouvant tenir en place, je descendis discrètement les escaliers et me postai près de la porte du salon. Aline et Diane étaient en train de faire leurs devoirs sur la table de la salle à manger, alors que Maman et Tata discutaient, assises sur le canapé.

Apparemment, le sujet tournait autour de mon comportement. Tata jouait les avocates en suggérant à Maman d'être compréhensive, en disant que cela pouvait arriver d'être distraite, et que l'essentiel était bien que les notes se soient améliorées depuis l'année dernière.

Maman ne voulait rien entendre et lui montrait le bulletin de colle : "On ne parle pas de distraction, mais bien de chahut. Je ne peux pas laisser passer ça, surtout dans cette année de redoublement. Pas question que Christine se remette à n'en faire qu'à sa tête. Tu sais, je connais assez ma fille pour savoir ce que je dois faire... La seule chose qui marche avec elle, c'est une bonne fessée, un point c'est tout. Et, crois moi, elle n'y coupera pas..."

Tata n'insista pas. Maman lui proposa de rester dîner, mais elle répondit qu'elle avait prévu d'aller au cinéma ce soir-là, et qu'elle préférait ne pas nous déranger, "surtout" en cette soirée où Maman avait "beaucoup à faire".

Entendant ces mots, je remontai en douce dans ma chambre, où Tata vint me dire au revoir quelques minutes plus tard. Elle me confia en deux mots qu'elle avait plaidé ma cause, mais que Maman avait l'air bien décidé à sévir. Elle me quitta, m'ayant embrassée une dernière fois en me glissant à l'oreille : "Allez, courage, ma chérie. Cela te fera peut-être réfléchir avant de chahuter à nouveau. Ta Maman t'aime, tu sais. Mais, c'est aussi son rôle de t'élever comme il faut, même parfois en donnant la fessée aux petites chahuteuses..."

Tata redescendit, échangea quelques mots que je n'entendis pas, avec Maman sur le perron, puis elle rentra chez elle.

Mon avocate était partie, et j'aurais pu m'en inquiéter, sachant combien parfois, tant qu'elle était là, elle ou Mamie, j'arrivais à gagner du temps, mais ce soir-là, le départ de Tata m'apparaissait comme une bonne nouvelle. J'en étais soulagée, avec un poids en moins... Tata pas là, c'était un signe que mon cauchemar n'allait pas se réaliser, pas comme je l'avais vu en tout cas...


A SUIVRE

samedi 24 novembre 2012

Chronique d'un redoublement : 51. Deux nuits hantées de rêves angoissants

SUITE 50

Meux valait en effet m'endormir après un baiser maternel que les fesses écarlates... Et j'ai apprécié particulièrement ce "Bonne nuit, ma chérie. Fais de beaux rêves", doublé d'un gros câlin d'une Maman qui ignorait les "exploits" de sa fille ainée...

J'avais juste une fraction de seconde pensé que j'aurais dû à ce moment précis soulagé ma conscience, et dire à Maman : "Faire de beaux rêves, j'aimerais bien, mais il y a quelque chose qui me chagrine, qui me reste sur le coeur, et que je voudrais bien te confier, à condition que tu ne te fâches pas". Mais, je savais bien que ce n'était pas possible, et je me suis abstenue, contrariée tout de même d'avoir ce problème de conscience...



Et j'ai eu du mal à m'endormir, me tournant et retournant, analysant la situation, sans pouvoir penser à autre chose que le fait que j'étais dans une impasse. Même si la petite voix tentatrice me disait qu'après la fessée d'Aline, ce n'était pas le bon jour pour provoquer un second orage dans la même soirée, et que je devais être contente d'avoir déjà gagné une journée, et qu'il ferait jour demain...

Mais, le "Fais de beaux rêves" de Maman revenait aussi et m'entraina, comme souvent en ce genre de situations, sur le chemin des cauchemars. L'un d'entre eux me fit me réveiller en pleine nuit, et je dus rallumer ma lumière, boire un verre d'eau, avant que ses images ne quittent ma tête...





Je venais de rêver que Maman était assise dans le salon, sur une chaise face au canapé et à la porte du couloir. Sur le canapé étaient assises mes soeurs et Tata Jacqueline, les yeux grand ouverts. Et moi, moi j'étais étendue en travers des genoux maternels, short et culotte baissés jusqu'aux mollets, attendant une fessée imminente...
Magie ou horreur du rêve, j'étais à la fois en position disciplinaire, tout en voyant la scène comme si j'étais juste à côté de Maman. Ce qui me donnait une vue imprenable sur mon propre dos. J'avais l'impression que ma lune était grande et rebondie, sans commune mesure avec les petites pommes d'Aline. Maman m'avait bien équilibrée et sa main droite était posée sur ma mappemonde postérieure comme pour juger de la fraicheur de mon épiderme, comme pour jauger la tâche à accomplir.
J'étais étrangement calme, résignée, ne gigotant pas le moins du monde, comme acceptant dans ce cauchemar ce que je combattrais forcément dans la réalité.
Maman semblait satisfaite, prête à laisser sa main droite entrer en scène, quand la porte du salon s'entrouvrit encore, laissant pénétrer la boulangère et sa vendeuse !
"Asseyez vous donc, Mme Breton, et toi Noémie aussi. Il reste deux chaises à côté de la commode. Vous arrivez juste à temps, je vous attendais pour commencer...", lança Maman en accueillant les visiteuses.
Personne ne semblait surpris de cette arrivée, comme si elle avait été prévue, et je ne protestais même pas, tournant la tête vers les arrivantes avec un petit sourire poli comme si je leur disais bonjour.
Noémie et Mme Breton assises, Maman redressa la position de son dos, re-vérifia que j'étais bien en équilibre, commentant pour son auditoire : "Voilà, on va pouvoir passer aux choses sérieuses. Comme je vous l'avais dit, quand elle n'est pas sage, ma grande fille reçoit de bonnes fessées bien méritées. Et bien sûr, pour que les claques fassent leur effet, je lui baisse sa culotte... Mais, assez parlé, vous n'êtes pas venues pour m'écouter donner un cours théorique. Je vais donc vous montrer ce qu'il en retourne. Comme ça, vous saurez de quoi je parle quand je menace mes filles de m'occuper de leur cas en rentrant à la maison..."
Noémie et Mme Breton acquiesçait : "Faites donc, je vous en prie. Ne faites pas trop attendre cette demoiselle", répliqua la boulangère, avec un petit sourire aux lèvres.
"Alors, puisque tout le monde est bien installé, allons y. Tu es prête, Christine ? Tu te rappelles pourquoi je vais te donner la fessée ?", interrogea Maman, et je m'entendis répondre, dans ce drôle de cauchemars : "Oh, oui Maman, je suis prête à recevoir une bonne fessée pour avoir chahuté en classe et récolté deux heures de colle". Et la main de Maman commençait à tomber, à la fois sur ma lune et sous mes yeux, où je voyais la paume maternelle rebondir et rebondir...

Mon cauchemar s'était arrêté là, je m'étais réveillée en sursaut, en gémissant, la main posée sur mes fesses comme pour me protéger...

Inutile de dire que j'avais passé une mauvaise nuit et que la journée suivante avait été pénible, ayant su dès mon arrivée au collège, que les enveloppes d'avis de colle n'étaient pas parties la veille, mais seraient postées le jour-même.

Si je tenais ma langue, cela me laissait une journée de répit, une journée pour jouer les innocentes, et surtout oublier ce cauchemar affreux et invraisemblable de par sa mise en scène, même si je savais que, concrètement, la fessée qui m'y était donnée n'était pas que de l'imaginaire, mais plutôt de l'anticipation.

Je rentrai le soir à la maison, sans crainte, hormis la possibilité que Maman ait rencontré ma prof, mais c'était peu probable.

La soirée passa sans problème, il est vrai qu'entre les cours de danse des petites, les courses de Maman à ranger, le passage rapide de Tata, je pus aisément jouer les innocentes sans être soupçonnées, sans que Maman ne subodore une entourloupe, même si, depuis la veille, il me semblait qu'elle se posait des questions à propos de ma gentillesse plus démonstrative que d'habitude... Une mère attentive a souvent de bonnes intuitions en la matière...



Cette seconde nuit depuis mon chahut en cours de maths fut un peu moins agitée, et le câlin maternel avait été autant apprécié que la veille, avec ce petit supplément d'une sensation que j'avais à nouveau gagné 24 heures, et que c'était dans ma tête une grande satisfaction.

J'essayai d'évacuer de ma tête le cauchemar de la veille, qui tentait de s'imposer à nouveau. Je me focalisai surtout sur la journée du lendemain, en me disant qu'il valait mieux que je prépare mes arguments puisque ce serait à coup sûr le jour J...

Je pensai donc moins à la boulangère et à sa vendeuse qui avaient peuplé mon cauchemar, et je pensai surtout à cette journée à venir, tentant de trouver comment je pourrais avoir une note géniale qui atténuerait la découverte de ma colle...

Peut-être en maths, essayai-je de me persuader, puisque nous avions à nouveau deux heures de cours le lendemain. J'y songeai toute la nuit, me faisant des films, des rêves moitié éveillés, où je décrochais trois 20 sur 20 dans la même journée.




Je me voyais ensuite, à la fin des cours, attendre l'enseignante de maths à la sortie de la salle des profs, près des casiers, et lui demander d'écrire un mot dans mon cahier de correspondance pour dire à Maman que j'avais eu des résultats exceptionnels. Mais, le rêve retombait dans le cauchemar, et la prof refusait, en me disant que les notes seraient dans le carnet mensuel et qu'il n'y avait pas à en parler avant.
J'insistais en vain, mais la prof n'était pas dupe : "Christine, même des bonnes notes ne rattrapent pas le fait que tu aies chahuté l'autre jour, et tant pis si ta Maman se fâche".
Puis, dans ce nouveau cauchemar, je voyais la prof regarder sa montre et me désigner la sortie : "Allez, Christine, il est temps de rentrer. Il ne faudrait pas que tu sois en retard en plus. Le facteur a dû passer chez toi, et je pense que ta Maman t'attend..." Et, toujours dans ce cauchemar demi-éveillé, la prof en m'accompagnant vers l'escalier de sortie, avait remonté l'arrière de ma jupe, tapotant furtivement à deux reprises le bas de ma lune, en disant avec un air moqueur : "Tiens, voilà deux belles joues qui vont être à la fête ce soir... Rentre donc vite à la maison, ta Maman va bien s'occuper d'elles, c'est sûr..."
Nul ne savait encore, à ce moment de la seconde nuit, qu'un bulletin de colle au courrier allait me valoir de sérieux ennuis, mais en deux nuits de cauchemar, je m'étais donc déjà vue déculottée devant famille et boulangerie réunis, et j'avais même imaginé ma prof parfaitement au courant...

Autant d'angoisses qui n'auraient pas eu lieu si j'avais avoué d'entrée, mais la sensation d'être encore les fesses blanches demeurait une sorte de consolation, voire de fierté dans ma tête de linotte...


Le matin du jour J, je me fis une fois encore transparente, gentille et serviable, pour éviter tout reproche. Lors de la récréation, je révisai mes leçons, ce que je ne faisais jamais, dans l'espoir d'une note miraculeuse. Et, à midi, en rentrant déjeuner, j'étais bien contente que le facteur ne soit pas encore passé jusque dans notre rue... Cette dernière était au milieu de sa tournée, et selon ce qu'il avait à distribuer, il passait juste avant ou peu après sa pause déjeuner. Mais, apparemment, là il n'était donc pas encore passé, ce qui était moins rassurant que s'il était passé sans rien apporter venant du collège...
Jouant encore les ainées modèles durant le déjeuner en famille, je repartis au collège, où j'appris par Martine, une camarade qui avait été collée en anglais, que l'enveloppe était arrivée chez elle, dans un quartier voisin du nôtre, à midi. Voilà qui ne faisait plus de doute : le facteur avait bien les enveloppes à distribuer, et ce serait chose faite dans notre rue aussi, comme souvent en début d'après-midi...



Cela me mit un sale coup au moral, et j'en perdis même une part de mon envie de décrocher la note miracle qui serait un bouclier ou du moins un atténuateur de fessée...
Je quittai le collège à la fin des cours, la mine défaite, la tête basse, en pensant que, cette fois, je cheminais vers mon destin, que ce qui m'angoissait depuis deux jours et deux nuits, allait sans nul doute trouver son épilogue et que, comme mon second cauchemar le faisait dire à la prof de maths, j'étais en train de ramener à la maison "deux belles joues" encore blanches, dont Maman allait sérieusement "s'occuper"...


En arrivant à la maison, Aline était dans le jardin, comme si elle m'attendait, les bras croisés, et avec un petit sourire en coin qui ressemblait à celui que j'avais imaginé sur les visages de Mme Breton et de sa vendeuse dans mon premier cauchemar...
"Maman est partie accompagner Diane chez le dentiste. Ton goûter est sur la table de la cuisine. Elle a dit que tu devrais faire tes devoirs en attendant qu'elle rentre. En tout cas, elle avait l'air en colère...", se fit un plaisir de me rapporter ma chère petite soeur, qui avait l'air aux anges.
"Elle t'a dit pourquoi ?", m'inquiétai-je, espérant qu'Aline n'en sache pas plus. Ce n'était pas le cas, hélas. Et sur un air moqueur qu'elle pouvait d'autant plus afficher que maman n'était pas là, Aline rétorqua : "Il y a une lettre du collège sur la table, à côté de ton goûter. Maman a dit que tu avais encore fait le clown en classe et que tu allais voir ce qui arrive aux chahuteuses..."
Je haussai les épaules et jouai les incrédules, tentant de cacher la trouille qui me faisait comme une boule dans le ventre. Je me hasardai à faire croire que j'étais confiante : "Pfff, c'est même pas vrai, parce que moi, je vais lui expliquer à Maman ce qui s'est passé et elle comprendra, tu verras. Et tu peux bien te moquer alors que, toi, il y a deux jours, tu as eu une bonne fessée. Moi, je vais te dire, c'est pas encore fait..."
J'ai tourné les talons pour rentrer prendre mon goûter et surtout voir la fameuse enveloppe, qui était bien là, sur la table de la cuisine. Aline était rentrée derrière moi, certainement pour voir ma tête. 
Le bulletin de colle avait été sorti de l'enveloppe et était étalé sur la table. Le motif était bien celui que j'avais vu la prof écrire :  "Bavarde au lieu de suivre le cours, et chahute derrière le dos de son professeur". J'eus plus de mal à afficher un visage ne trahissant pas mon angoisse, et je sentais que les larmes étaient prêtes à me monter aux yeux...
"Tu as vu ? Tu as vu ?" , demandait, insistante, Aline. Je rétorquai juste d'un "Pfff, c'est rien, je te dis..."
Mais quand Aline dit d'une petite voix presque rieuse : "C'est rien, c'est rien, c'est pas ce que disait Maman tout à l'heure. Je peux te dire qu'elle avait l'air fâché, et qu'elle a ajouté : j'en connais une qui peut préparer ses fesses..."
Je ne dis plus rien, et je finis mon verre de lait, avant de quitter la cuisine en prenant ma part de gâteau pour aller la finir dans ma chambre. J'aurais eu envie de gifler ma soeur, mais sachant qu'elle se plaindrait, et que ce n'était pas le moment de compliquer ma situation, je grimpai les escaliers, en entendant derrière moi la petite voix d'Aline, qui répétait en se retenant de pouffer : "Moi aussi, je sais qui c'est qui peut préparer ses fesses, c'est Christine, c'est Christine, et c'est bien fait pour elle, na, na ,na !"
J'avais, hélas, compris moi aussi que s'il y avait une lune en danger ce soir là, c'était bien la mienne...

A SUIVRE

dimanche 11 novembre 2012

Chronique d'un redoublement : 50. Quand les genoux maternels me font reculer...

SUITE 49


Maman avait achevé la fessée d'Aline par une dernière salve de claques très sonores qui avaient arraché de vrais cris à ma soeurette, toujours encline à forcer le volume sonore, mais qui, à ce moment de la tannée, n'étaient plus feints du tout.

Je reconnaissais, même jusque-là, la "patte" maternelle, sa façon de faire, ponctuée par un final tonique comme pour l'achever sur une bonne "impression", comme pour répéter une dernière fois son message, et faire comprendre qu'elle ne plaisantait pas et que l'on avait intérêt à se souvenir de sa fessée, si l'on ne voulait pas se retrouver en si fâcheuse position...


Aline s'en souviendrait certainement la prochaine fois qu'elle aurait la tentation de se montrer à nouveau dissipée en cours, et elle allait sûrement se tenir à carreau avec son institutrice, pour éviter d'autres confidences de cette dernière se plaignant à Maman.

Et l'appréciation sur la conduite d'Aline, dans le prochain bulletin, serait certainement du style : "En progrès, Aline se montre plus attentive". Une de ces formules classiques, mais qui ne manquerait pas de contenter Maman, et de lui faire songer que la fessée avait fait son effet, voire se demander si elle n'aurait pas dû sévir un peu plus tôt...

Ce que Maman ignorait, c'est que la fessée d'Aline allait rester gravée aussi dans la mémoire de son ainée...

En quittant la chambre des petites, Maman avait vérifié que j'étais bien en train de faire mes devoirs. En tout cas, j'avais prudemment ouvert un cahier et un livre devant moi, même si mon attention était moins dans la révision de mes leçons que dans l'écoute de ce qui se passait à côté.

Maman m'avertit qu'elle regarderait mon travail après le dîner, mais je savais qu'elle n'aurait rien à redire, car je ne voulais surtout pas lui donner de nouveaux griefs contre moi, et puis, signe encore de l'efficacité des méthodes maternelles, quelle que soit la punie, un soir de fessée, il était bien rare que les deux autres ne fassent pas l'impossible pour apparaitre d'une sagesse exemplaire.

Face à une mère qui avait jugé mon 13 sur 20 comme à peine suffisant pour une redoublante, et sans autre joker à jouer pour faire passer la pilule des deux heures de colle, je savais que mieux valait faire profil bas, et attendre le moment idéal, en commençant à être persuadée qu'il n'y en aurait pas...

En tout cas, même si j'avais eu encore un soupçon d'espoir, la fessée d'Aline avait "refroidi" mes ardeurs de sincérité, et "réchauffé" une imagination qui me voyait déjà déculottée et rougissante du bas du dos...

Si encore, Maman avait, comme souvent pour moi, agi au moment du coucher, j'aurais pu tenter de m'endormir quitte à cauchemarder en me repassant images et sons de la séquence d'Aline. Mais, il y avait le diner à venir, les devoirs à montrer, les douches à prendre, les rituels du coucher, tout cela avant de pouvoir se consoler en se disant que l'on a au moins gagné quelques heures avant ce qu'il fallait bien appeler l'inéluctable...

La soirée, comme il fallait s'y attendre, remit plusieurs fois la fessée d'Aline sur le tapis. Ma soeur était restée sur son lit, pleurnichant en continu, cachant ses larmes dans ses mains, et n'ayant plus la moindre envie de croiser nos regards.



Quand Maman l'appela pour diner, elle dût s'y reprendre à deux fois, mais la petite phrase qui fit bouger ma soeur ne laissait guère le choix de continuer à faire sa mauvaise tête : "Aline, je ne vais pas le répéter une troisième fois... Descends tout de suite, si tu ne veux pas que je remonte m'occuper de tes fesses..."

Diane, de son côté, se montrait obéïssante à l'excès, anticipant les demandes maternelles, cherchant les compliments, bref "fayotant" pour se faire passer pour le petit ange de la famille.



Maman n'était pas dupe, mais cela l'arrangeait tout de même qu'au moins une des trois soit tranquille. Diane ne manquait pas de relancer Maman sur ce qui s'était passé, et cette dernière, une fois que nous fûmes à table, réexpliqua la raison de ce qui l'avait fâchée : "Je veux bien comprendre parfois que vous n'ayez pas que des bonnes notes. Mais, à condition que vous ayez travaillé. Je ne supporte pas que l'on ne soit pas attentive en classe. Il y a un temps pour jouer, un pour travailler. Et, quand on confond les deux, Maman est là pour vous rappeler à l'ordre. Et rien de telle qu'une bonne fessée pour calmer les élèves dissipées, n'est-ce pas Aline ? J'espère que c'est bien compris..."

Ma soeur a piqué du nez dans son assiette, rougissant en grommelant un petit "Oui, Maman, snif, snif !" sur un ton plaintif. Ce sur quoi, Maman rajouta : "Et ce que je dis pour Aline est, bien sûr, vrai pour toutes les trois, vous vous en doutez bien, Christine et Diane... Il y a des sujets avec lesquels je ne transige pas, et vous le savez bien..."

Même si elle ne l'avait pas précisé, nous l'avions bien compris. Surtout moi, évidemment... Et ces paroles ne faisaient que confirmer mon angoisse. Je n'en étais même plus à me demander comment j'y échapperais, mais plutôt à me tirailler entre une (vague) idée qu'avouer tout de suite serait moins pire, et au moins me débarrasserait de cette peur, et une musique plus insistante encore qui conseillait de gagner du temps, mais les deux petites voix qui se faisaient écho dans ma tête avaient bien conscience qu'avec un tel raisonnement maternel, la chahuteuse collée n'avait qu'à préparer ses fesses...

Aline venait d'être punie pour avoir été "dissipée" en classe. Une grande soeur, qui plus est récidiviste en la matière, ne pouvait s'attendre à moins pour avoir "bavardé" et "chahuté" dans le dos de son professeur.
  
Et je n'avais même plus ma plutôt bonne note pour faire diversion face à une mère dont le raisonnement semblait sans faille. En tout cas, je ne me voyais pas le courage d'en parler au cours de cette soirée, sachant qu'après avoir dit et redit devant ses trois filles qu'elle ne tolérerait jamais que l'on soit indisciplinée en cours, Maman ne se déjugerait pas et aurait même eu tendance à théatraliser le second acte de sa démonstration...

Mieux valait, à mon sens, bien sûr, ne rien dire et attendre l'arrivée du bulletin de colle, vraisemblablement au courrier du surlendemain. Un instant, j'avais pensé que je pourrais avouer le lendemain, faire croire que cela venait de m'arriver, mais comme il n'y avait pas de maths le jour en question, cela n'aurait pas dupé Maman.

J'avais donc deux jours devant moi, voire trois, si par chance il y avait du retard dans le courrier, mais en même temps je n'arrivais pas à m'ôter de l'esprit que la cause était entendue, et que je ne m'en sortirais pas sans une nouvelle fessée...
 


Et comment ne plus y penser, quand les mots de Maman tournent en boucle dans votre tête ? Il allait en plus falloir donner le change, cacher mon trouble, ne pas risquer que Maman se doute de quelque chose, elle qui, si souvent, savait comme lire dans mes pensées...

Après le dîner, c'était à moi de prendre ma douche, pendant que Maman mettait les petites au lit, et vérifiait devoirs et cartables.

Je prolongeai un peu mon passage dans la salle de bain, histoire de bien me composer un visage d'innocente, voire d'enfant sage.

En revenant dans ma chambre, Maman avait déjà couché les petites, qui filaient droit en ce soir de fessée d'Aline, et elle m'attendait dans ma chambre, assise et occupée à regarder mon manuel d'histoire. Elle avait les jambes croisées, le genou dégagé par la jupe qui avait glissé légèrement, et l'image me fit sursauter. Elle se grava dans ma tête, comme si elle symbolisait ma prochaine destination... J'en pâlis...

"Il y a quelque chose qui ne va pas, Christine", demanda Maman en me voyant figée devant elle. Je marquai un temps avant de répondre, prétextant que mon pyjama me grattait au niveau du cou, et je me mis à me frotter pour que mon trouble ne soit pas démasqué.

Maman voulait me faire réciter ma leçon d'histoire. Je la savais par coeur, et j'eus même droit à des compliments : "Tu vois, que quand tu veux, ça va bien", commenta-t-elle. 

Toujours bloquée devant ses genoux, j'avais presque envie de dire : "Mais, Maman, tu sais, j'ai chahuté et la prof de maths m'a donné deux heures de colle".
Quelque part en moi, c'était près de sortir, en pensant secrètement : "C'est trop dur de devoir mentir deux jours, en sachant ce qui m'arriverait de toute façon".
Mais, ces genoux maternels m'impressionnaient trop. Et je me voyais déjà en position... "Non, non, je ne veux pas. Pas la fessée, pas ce soir. Non, je préfère un autre jour, non, je préfère attendre..." La voix tentatrice était la plus forte...


Maman venait de me faire un compliment. Elle allait me souhaiter bonne nuit avec chaleur et tendresse. Je n'allais quand même pas me priver de cela pour me jeter dans la gueule du loup, ou plutôt avouer, ce qui revenait à me jeter en travers de ses genoux, à sentir ma culotte descendre pour dévoiler une lune qu'elle aurait assurément transformé en brasier, en m'administrant une fessée à côté de laquelle, celle d'Aline n'eut été qu'un vague brouillon...

Quitte à en cauchemarder encore un jour ou deux, mieux valait m'endormir après un baiser maternel que les fesses écarlates...

A SUIVRE