vendredi 3 mai 2019

Chronique d'un redoublement : 144. Quand l'orage qui gronde laisse place à une éclaircie inespérée

SUITE 143 

La main droite de Maman semblait pianoter sur ses genoux, comme si elle me montrait la voie, m'invitait à venir m'y allonger, y présenter mon bas du dos qu'elle allait, sans nul doute, déculotter pour me donner la première fessée de cette année scolaire, la première fessée de ma classe de Quatrième...
Et, le raisonnement maternel, comme les promesses répétées depuis des semaines, tout était fait pour me convaincre que mon heure était venue...
J'entamai donc une sorte de plaidoirie de la dernière chance... Sans trop d'illusion, ce qui fit que je m'exprimai pour une fois plutôt calmement...
"Alors, Christine, explique-moi voir ce 4 sur 20, s'il y a quelque chose à expliquer... Tout ce que je vois, moi, c'est que tu n'avais pas appris ta leçon, un point c'est tout. Et tu vas le payer par une bonne fessée, comme je te l'ai promise, voilà tout", annonça Maman, visiblement pressée d'agir...
"Mais, Maman, j'avais appris mes leçons, mais je me suis juste trompée de matière. J'ai révisé l'histoire, alors que c'était une interro de géo", plaidais-je pour une fois sans bafouiller. "Qu'est-ce que tu me racontes là ? Tu crois me faire passer ça ? N'aggrave pas ton cas ma fille. Ce n'est pas en rajoutant un mensonge que tu vas échapper à ce qui t'attend" , répliqua Maman.


Maman était exaspérée et prête à me corriger.  Perdue pour perdue,
je me lançai dans une plaidoirie sans trop d'illusion,
mais en essayant de garder un semblant de calme et d'être persuasive...


J'insistai : "Mais si Maman, mais si, rappelle toi, c'était lundi soir, et tu m'as même fait réciter ma leçon d'histoire et dis que je la savais bien. Toi qui regardes toujours mon cahier de textes, tu n'as pas fait attention comme moi, et pourtant c'était bien marqué dans les devoirs à faire : "revoir la géographie pour interrogation mardi". Regarde, M'man, regarde, c'est écrit"  lui montrai-je en brandissant le cahier de textes.
Maman jeta un oeil et prit un air perplexe, commentant : "C'est bizarre que je ne l'ai pas vu... Mais il n'en reste pas moins que cette erreur de matière t'a valu la plus mauvaise note de la classe. Et, ça, ça mérite une fessée, je t'ai assez prévenue, Christine. Et, depuis le temps que tu y échappes, cela va te remettre un petit peu de plomb dans la cervelle, crois-moi"!
Je protestai : "Mais, c'est pas juste, Maman, c'est pas un manque de travail, puisque je savais bien la leçon d'histoire. C'est juste une étourderie. Et puis, regarde, je viens d'avoir 15 en maths, ça mérite une récompense, dis... Pas une fessée quand même... La prof de maths a même écrit : "Bon travail, continuez" ! Et, regarde, je me suis bien appliquée à rendre une copie propre. Tu ne vas pas me donner la fessée, hein Maman..."


"Pas la fessée, non, Maman, pas la fessée !"
Je suppliais Maman qui considérait que, depuis le temps que j'y échappais,
cela allait me remettre un peu de plomb dans la cervelle... 


Elle prit le temps de regarder le devoir de maths, soupirant : "Ah, Christine, tu vois que tu peux bien faire quand tu veux". Je répondis : "Oui, Maman, oui, tu verras, je vais ramener des bonnes notes, crois-moi. Mais, s'il te plaît, ne me punis pas..."
Je voyais que sa main droite se remettait à pianoter sur ses genoux qui semblaient m'attendre, Maman n'ayant pas bougé de sa position assise, à cet endroit précis où j'avais été maintes fois déculottée, les souvenirs me tournant dans la tête...
Cette main, ces cuisses où je m'imaginais déjà, me fascinaient... Je ne pouvais en détacher mon regard... Comme si j'étais sûre de ne pas y échapper... Et les larmes me montèrent aux yeux, pendant que je suppliais : "Maman, non, pas la fessée, pas la fessée".
Je ne bougeais plus, tête basse, reniflant entre deux sanglots, persuadée que Maman allait m'ordonner de venir m'allonger sur ses genoux....




J'avais les yeux figés sur les genoux maternels, persuadée
que Maman allait m'ordonner devenir m'y allonger,
sûre et certaine que j'étais bonne pour une déculottée magistrale...

Mais, le "Viens ici, Christine !" l'ordre tant redouté ne vint pas. A la place, Maman émit un long soupir et dit : "N'en fais pas trop, Christine. Garde tes larmes pour quand tu en auras vraiment besoin... Tu as de la chance d'avoir eu cette bonne note en maths, et que ton loupé en géo ne soit pas dû à un manque de travail ou de la fainéantise. C'est quand même idiot de se tromper de matière, et je pense que cela aurait bien mérité une bonne fessée quand même... Mais, bon, je vais faire une exception pour cette fois-ci..."
Je croyais rêver, ou plutôt sortir d'un cauchemar, et je répétai : "Oh, merci, merci, merci Maman. Tu verras, je vais bien travailler..."
Elle répliqua : "Ah, ça, tu as intérêt, ma fille, tu as intérêt vraiment, car au prochain faux-pas, ce sera sans discussion" et, montant sa main droite, paume ouverte, Maman ajouta : "Tu la vois celle-là ? Si tu y échappes ce soir, tu n'y échapperas pas la prochaine fois. Tu as intérêt à bien travailler, sinon tu peux préparer tes fesses, crois-moi !"



Maman me promettait que la prochaine fois je n'y échapperais pas...
Mais je n'arrivais pas à croire que je n'allais pas recevoir
cette fessée tellement crainte et promise... 

Je repris mes copies et mon cahier de textes, presque incrédule, et remontai dans  ma chambre. J'en étais presque à me pincer pour savoir si je ne rêvais pas... J'étais descendue persuadée que j'allais recevoir cette fessée tant redoutée, mais tellement promise depuis avant même la rentrée, que c'était comme si c'était écrit d'avance, comme si c'était inévitable... Détail important aussi : le fait que mes soeurs étaient parties à la danse, avait eu en moi l'effet que je m'en sortais bien, et m'avait amenée à accepter ce qui paraissait le moindre mal...
Alors, dans ces conditions, échapper finalement à la fessée, m'apparaissait comme un cadeau, et j'avais d'ailleurs dit trois fois "merci" à Maman, de façon vraiment sincère, ce que je ne me souvenais pas d'avoir jamais fait auparavant.

Je restai dans ma chambre en repensant sans arrêt à ce à quoi j'avais échappé, en revoyant la main droite de Maman pianoter sur ses genoux et me faisant trembler de peur...
Rentrées du cours de danse un peu plus tard, mes soeurs cherchèrent à savoir ce qui s'était passé, Diane surtout se demandant pourquoi j'étais dans ma chambre à la porte fermée... "Dis, Maman, Christine a été punie ? Tu lui as donné la fessée, hein ?", demanda-t-elle.
Mais, la réponse la déçut visiblement, Maman rétorquant : "D'abord, cela ne te regarde pas, petite curieuse. Mais non, Christine n'a pas reçu la fessée... Elle a eu une mauvaise note, mais Maman lui laisse une chance de se rattraper... Par contre, elle n'a pas intérêt à recommencer, sinon ça va barder vraiment..."

A la fin de la soirée, quand Maman vint nous coucher, j'eus droit à la même leçon de morale, Maman insistant que j'avais "eu de la chance" et me rappelant que j'avais intérêt à bien travailler, sinon je n'y couperais pas...


Ma nuit suivante fut agitée... J'avais tellement eu peur de la fessée
que je me voyais culotte baissée pleurant et suppliant
sous la tannée maternelle qui n'en finissait pas...

J'en fis encore quelques cauchemars, et bien qu'y ayant échappé je revins au collège le lendemain soucieuse d'affronter les moqueuses. Je pus toutefois nier sincèrement et bien affirmer que je n'avais pas reçu la fessée... Brigitte et Babette ne voulaient pas trop me croire le jour même, mais n'insistèrent guère dès le surlendemain, sans doute renseignées par l'intermédiaire de Diane indirectement.
Toutefois, ma petite soeur avait dû bien retenir que Maman avait été claire sur ce qui m'arriverait si je recommençais à ramener mauvaises notes ou heures de colle... Et, très vite Babette et Brigitte se remirent à guetter mes notes, en faisant des allusions à ce qui m'attendait en cas de nouveau faux pas... Elles reprenaient même l'expression maternelle : "Alors, ça va barder", preuve s'il en était besoin qu'elles étaient bien renseignées... Ce qui me faisait d'autant plus apprécier d'avoir échappé à la déculottée promise, mais ne faisait que rendre encore plus forte la peur de ce qui risquait de m'arriver un jour prochain...

A SUIVRE