mardi 24 janvier 2012

Chronique d'un redoublement : 23. Retour sur les genoux maternels...

SUITE 22

Les consignes avaient été claires : "Toilette et pyjama. Ensuite, tu m'attendras dans ta chambre. Je viendrai m'occuper de tes fesses..."
Ma sortie de table n'avait pas été glorieuse et j'avais rejoint l'étage en sentant dans mon dos le regard de Maman, mais aussi celui de mes soeurs redevenues solidaires et complices quand il s'agissait de se moquer en douce de leur ainée. D'autant que cette annonce de fessée pour Christine, me redonnait en quelque sorte la vedette et allait les aider à oublier que l'été avait été plus agité pour leurs fesses que pour les miennes. Il y avait là comme un retour à la normale des dernières années.

Je restai prostrée dans ma chambre, laissant Aline et Diane prendre la salle de bains, et ne m'y précipitant pas après elle. Je n'étais pas pressée d'être en pyjama, ni de croiser les regards de mes soeurs.

Celles-ci étaient plutôt excitées en cette soirée, et commencèrent à s'amuser bruyamment en attendant Maman. "Moins de bruit là-haut. Si vous voulez aussi une fessée, dites-le...", lança notre mère du bas. Ce qui calma vite fait mes soeurs.


Dix minutes plus tard, elle monta et son pas dans l'escalier me fit frémir... Je l'entendis passer devant ma porte, aller vers la chambre voisine et demander à mes soeurs de sortir leurs devoirs.
Puis, elle revint vers ma chambre et ouvrit la porte, me trouvant comme j'étais lors du repas. "Tu ne vas pas restée plantée là, Christine. J'ai dit : Toilette et pyjama. Les petites ont fini. Tu peux y aller maintenant".


Je répondis "oui" timidement, les yeux embués et le regard implorant. Maman les bras croisés, me toisait de haut et ajouta : "Ce n'est pas la peine de faire cette tête là, Christine. Tu as bien cherché ce qui va t'arriver. Tu étais assez prévenue..."

Puis, elle est repartie contrôler les devoirs des petites et les mettre au lit. Je n'avais pas le choix et me suis rendue à la salle de bains pour une toilette rapide avant de mettre mon pyjama...
Un moment particulier que je ressentais comme si je "préparais" réellement mes fesses. Je quittais mes habits de la journée pour ne conserver qu'une culotte blanche et un pyjama de coton, dévoilant ma lune puis la cachant à nouveau en vitesse, en sachant trop bien que j'allais bientôt la retrouver à l'air étalée sur les genoux maternels...



Ma pudeur de presque grande, ma honte d'ainée dont les petites soeurs savaient que j'allais récolter une déculottée maison, c'était un vrai supplice rien qu'en pensée...

Je ne voulais plus y penser, mais je n'avais que cela en tête, et j'écoutais, je guettais les bruits de la maison, entendant Maman prendre tout son temps pour vérifier le travail des petites (qu'elles avaient évidemment soigné en ce soir d'orage), papotant un moment avec chacune de mes soeurs avant de les border et d'éteindre la lumière. Non sans répondre à la curiosité d'Aline et Diane en leur confirmant que "Christine n'avait pas bien travaillé, oui", et que "oui, Maman allait lui donner une bonne fessée".



Quand Maman quitta la chambre des petites en leur souhaitant bonne nuit, je savais qu'elle était à trois pas de ma porte. J'étais assise sur mon lit, me tortillant nerveusement, n'arrivant pas à ralentir mon coeur qui battait très vite.
La porte s'ouvrit sur Maman, et je murmurai : "Maman, je t'en prie... Noooon !"
Mais, elle avait dans les bras un paquet de linge, et prit au passage mes vêtements sales du jour, avant de s'en retourner en me disant : "Bon, je vois que tu es prête. Je mets une machine et je reviens m'occuper de toi..."
C'était donc une fausse alerte, mais aussi un ultime rappel que mon heure arrivait.


Je n'étais pas pressée, mais j'ai eu l'impression qu'elle mettait trois fois plus de temps que d'habitude pour mettre en route le lave-linge. Je pense qu'elle vérifiait que tout était en ordre en bas, et devait, sciemment ou non, me laisser un peu mijoter...
Puis, enfin, un pas dans l'escalier, calme et déterminé... Maman arrivait... Et, si j'ose dire, "ma fessée montait vers moi".


L'entendant, je m'étais relevée et placée près de la fenêtre, le plus loin de la porte. Maman entra et alla directement s'asseoir sur le côté de mon lit. Sans fermer la porte complètement derrière elle. Histoire d'écouter si les petites appelaient ou bougeaient, histoire aussi, sûrement, que notre explication aille jusqu'à leurs oreilles...
Je tentai de palabrer deux minutes. Maman ne voulait rien entendre.C'était "trop tard", selon elle, j'avais "été prévenue", je n'avais qu'à m'en prendre à moi-même. Et puis, "depuis le temps" que je "la cherchais", selon Maman, cette "bonne fessée" allait me rappeler à mes devoirs.
Le raisonnement était imparable, et je savais que résister n'aurait fait qu'aggraver mes affaires... Quand elle m'a ordonné : "Viens ici", j'ai d'abord reculé, puis avancé juste un peu, avant que, le ton montant, je ne me laisse happer par le bras et basculer en travers des genoux maternels...


Le pyjama glissa en dessous de ma lune, alors que je suppliais : "Oh non, Maman, nooon". J'eus la tentation de m'agripper à la culotte, mais un "Christine, lâche cette culotte immédiatement", ne me rappelle l'épisode précédent et l'annonce qui l'avait suivi.
Alors, je lâchai l'étoffe et laissai Maman baisser ma culotte à mi-cuisses également.
J'eus droit presque aux félicitations du jury, Maman commentant : "C'est bien ma fille, tu es plus raisonnable que la dernière fois. Tu sais bien que Maman t'avait promis une bonne fessée déculottée, eh bien, Mademoiselle va être servie..."



Elle abattit dans la foulée quelques premières claques sonores qui durent colorer une partie de ma lune. Je m'étais un peu débattue en poussant de petits cris, et elle arrêta sa main le temps de bien me remettre en équilibre. "Arrête de gigoter comme ça. Tu t'épuiseras avant moi, ma fille... Cela ne fait que commencer, et je vais m'occuper de tes fesses comme elles le méritent... C'est vrai que cela faisait un petit moment que tu y échappais, mais on va rattraper le retard, Christine..."


Maman reprit sa claquée, et je sentais qu'elle s'appliquait particulièrement. Ce n'était pas une volée coléreuse, une de ces tannées des grands jours, mais une fessée méthodique et à caractère didactique évident.
"Je t'avais prévenue, Christine. Cette année, je ne tolérerai pas que tu aies des résultats médiocres. Encore moins en anglais où tu t'es si souvent distinguée dans le mauvais sens, l'an passé. Je ne céderai pas, ma fille. Et s'il faut que je te donne une fessée à chaque mauvaise note, tu l'auras, tu peux compter sur moi", ré-expliquais Maman, comme si je ne l'avais pas entendu cent fois depuis l'annonce de mon redoublement.
Mais, la différence, c'est que là, elle joignait l'acte à la parole, et accompagnait chacune de ses phrases, voire chacun de ses mots par des claques sonores et vives sur mes fesses qui s'empourpraient à vue d'oeil.
"J'espère que cela te servira de leçon, que tu comprendras que ce n'était pas des paroles en l'air... Tiens, tiens, tiens et tiens, voilà ce que j'appelle une bonne fessée, Christine. C'est à croire que cela te manquait, et c'est vrai que tes fesses ont passé des vacances assez tranquilles, mais c'est fini, Christine, c'est fini. Maintenant, on passe aux choses sérieuses, et je ne te conseille pas de me ramener de nouvelles mauvaises notes, et encore moins de me les cacher, parce que cela va barder à chaque fois, ma grande, je te le promets..."
La température était montée à l'ébullition sur mon épiderme fessier qui me faisait retrouver des sensations si souvent connues, mais que j'essayais d'oublier à chaque fois.
Je suppliai : "Maman, Maman, j'ai compris, je vais travailler, je te le jure. Mais, arrête, arrête, j'ai mal, je, snif, snif, snif, je veux plus la fessée, non plus la fessée..."
Elle avait encore marqué une petite pause avant de relancer sa claquée, me faisant pousser des cris, sans plus penser aux oreilles de mes soeurs qui devaient jubiler en cachette, de savoir leur grande soeur à nouveau dans le collimateur maternel...  
Maman entama un final plus vif, en martelant une ultime fois son message : "C'est à toi de le montrer, Christine. Ramène-moi des bonnes notes et tout ira bien. Sinon, tu es prévenue, ce ne sera pas la peine de discuter. Tiens, tiens, tiens et tiens. Ce sera le retour sur mes genoux, Christine. Oui, ici, tiens, tiens et tiens. Pour une fessée, Christine, une fes-sée, une bonne fessée, la culotte baissée, comme une gamine qui ne comprend pas autre chose. Et, tu sais bien, tiens, tiens et tiens, Christine, que Maman tient ses promesses..."



Maman s'arrêta enfin, me laissant ruisselante de larmes, geignant et reniflant. Elle quitta la pièce en me demandant de me coucher bien vite. Je restai deux ou trois longues minutes, roulée en boule sur le lit, sentant mon bas du dos rouge et brulant.
Cette fessée n'avait pas eu l'aspect démonstratif d'une déculottée devant mes soeurs, mais elle marquait la véritable entrée dans cette année de redoublante, en me faisant vivre ce qui pourrait m'arriver bien des fois, si je ne me mettais pas vraiment à travailler...

A SUIVRE

lundi 23 janvier 2012

Chronique d'un redoublement : 22. Retrouvailles avec des sensations étranges...

SUITE 21

Il n'était guère que 17 h 45, et j'étais dans ma chambre, pleurnichant sur mon malheur, contrainte à attendre le bon vouloir maternel, ne sachant qu'une chose, c'est bien que j'allais recevoir la fessée...
Un mois et trois semaines et demie après l'épisode de la culotte jaune, je me retrouvais au summum de l'angoisse, même si celle-ci ne m'avait jamais quitté, sachant bien que j'étais seulement en sursis, que les fessées reprendraient, de plus belle même...



J'ai tourné et retourné la situation dans ma tête, consciente qu'il n'y avait pas d'issue autre que de préparer mes fesses...
Restait à savoir, quand, comment, partagée entre l'envie d'en avoir fini, et celle de profiter encore un peu du calme qui régnait sur mon bas du dos...
Une heure, elle m'a laissée mijoter une heure, avant de me redonner signe de vie. Je n'allais surtout pas bouger de ma chambre, ni me montrer avant son signal... Mais, chaque minute me semblait bien longue.
"Christine, tu peux descendre, s'il te plait ?", lança Maman du bas de l'escalier. J'aurais préféré qu'elle monte, mais je n'avais pas le choix et suis descendue la mine défaite, l'air suppliant d'une coupable demandant pardon...
Maman était assise dans le salon, lisant une revue, comme si de rien n'était. J'imaginais qu'elle allait poser sa lecture, déplier les jambes et me demander d'approcher...



J'étais devant elle, comme dansant d'un pied sur l'autre, gênée, le ventre noué. Elle releva la tête au bout de quelques secondes qui me semblèrent des minutes interminables.
"Peux-tu aller mettre la table ? On va bientôt dîner.", dit-elle simplement. J'avais l'impression d'avoir mal compris, je ne bougeai pas et grommelai un "Euh... Tu veux que, euh.." hésitant.
Elle rétorqua : "Oui, rends-toi utile, va mettre la table, au lieu de rester plantée là. A moins que tu ne préfères que je te donne ta fessée tout de suite..."
J'ai rougi comme une pivoine et tourné les talons, me sentant honteuse d'avoir ainsi tendu une perche m'amenant ce rappel qui confirmait la détermination maternelle...
Nous sommes passées à table à 19 h, sans que Maman n'en ait dit davantage. Le repas fut plutôt calme, j'en connaissais trop l'ambiance pré-orageuse quand on sait que cela va tomber bientôt...
Maman parla plus avec mes soeurs, leur demandant si les devoirs étaient faits, faisant comme si j'étais dans mon coin, déjà punie. Quelques allusions ne manquèrent pas d'être glissées sur ce qui m'attendait, mais rien de plus que d'ordinaire, j'oserais dire...
J'avais en effet l'impression que Maman agissait comme si l'événement que je craignais n'en était pas un, comme si c'était une péripétie de plus dans mon éducation, et non une chose exceptionnelle.
Et, à bien y réfléchir, retrouver le chemin des genoux maternels était évidemment pour moi un choc, une angoisse importante, surtout après une longue pause inespérée. Mais, pour Maman, je pense, c'était simplement l'application des règles établies, la concrétisation d'un fonctionnement annoncé et maintes fois répété : sa fille allait être encore plus surveillée qu'avant, mauvaises notes, punitions ou mensonges seraient sanctionnées par la fessée. Celle de ce soir était la première de l'année, certes, mais il y en aurait d'autres assurément et Maman n'était pas dans le même cheminement intellectuel que lorsque j'avais ramené mon annonce de redoublement. Bref, j'angoissais là où Maman maitrisait la situation. C'était quelque part "la première" (de l'année) pour moi, c'était pour Maman une fessée de plus pour son ainée, comme le retour à un rite presque ordinaire...

A la fin du repas, je me proposai pour débarrasser. Maman dit que ce n'était pas la peine. Elle nous envoya toutes les trois dans nos chambres, annonçant qu'elle viendrait contrôler les devoirs des petites. "Mais, avant, vous faites votre toilette et vous vous mettez en pyjama. Et, pas de chahut, vous savez, ce n'est pas le soir...", leur dit-elle, avant de se retourner vers moi.
"Christine, tu attends qu'elles aient fini pour prendre la salle de bains. Et puis, idem, toilette et pyjama. Ensuite, tu m'attendras dans ta chambre. Je viendrai m'occuper de tes fesses..."

J'étais presque heureuse d'être renvoyée dans mon antre, dans mes quatre murs, même s'ils me rappelaient tant de mauvais souvenirs. J'avais craint que Maman ne veuille faire de cette première fessée de l'année scolaire pour sa redoublante un exemple, une démonstration publique en famille...
Il n'en était donc rien. J'échappais à la fessée dans le salon, je revenais à mes classiques, à la fessée au coucher, à la déculottée de la punie en pyjama, à la claquée sonore dans une maisonnée prête à dormir, et résonnant aux oreilles de deux soeurettes imaginant leur ainée avec une lune rougissante longuement tannée.
Mais, encore allait-il falloir patienter, guetter les bruits, anticiper l'arrivée de Maman, en ayant à chaque seconde en tête que l'on prépare ses fesses...

A SUIVRE

vendredi 20 janvier 2012

Chronique d'un redoublement : 21. Bad news in English...

SUITE 20

Deux semaines étaient passées sans encombre, mais mes pressentiments n'étaient pas bons du tout. Sans avoir de menaces directes, j'avais senti par deux fois déjà que je m'approchais de la ligne rouge, celle à ne pas dépasser.
Les premières notes arrivaient une par une, et les réactions maternelles me montraient bien que la barre était placée haut et que, si je n'y prenais garde, j'allais bientôt en faire les frais...

Même le 12 de ma première rédaction de l'année avait été trouvé "très moyen". C'est vrai que c'était là ma meilleure matière (avec les maths) et que j'avais l'habitude de me situer plus haut.
Idem avec un 10,5 en sciences naturelles, assorti du commentaire : "Leçon sue mais sans plus", qui avait amené Maman à me rappeler ses attentes : "Christine, puisque tu redoubles, tu ne peux pas te contenter de notes aussi moyennes, surtout en ce début d'année sur un programme que tu as déjà vu l'an passé".
Et, le lendemain, à Tata qui demandait des nouvelles, Maman avait confié  : "Pour l'instant, ça va, mais je ne suis pas sûre que Christine ait compris qu'il allait falloir faire des efforts, et non pas se laisser porter par la facilité".

Mais, ce lundi soir, premier jour de la troisième semaine de cours, la première tuile est arrivée. "The" tuile, comme on dirait en anglais, avec cette interrogation surprise sur les acquis de la Sixième...



Evidemment, je savais différentes choses, mais certaines notions et mots de vocabulaires, que je n'avais pas revus l'an passé, était partis dans les oubliettes de ma mémoire.
Pour Mlle Paule, c'était un bon moyen de vérifier ce qu'avaient retenu les anciens Sixième. Sauf que, vu ma fainéantise et mon manque de motivation en anglais depuis deux ans, c'était encore moins frais dans ma tête...
Résultat : pas catastrophique, mais un 6 sur 20 très limite, et surtout une appréciation de la prof plutôt vacharde : "Des lacunes manifestes. Dommage que Christine n'ait pas révisé davantage ses bases durant les vacances".




6 sur 20 en anglais, ce n'était pas aussi dramatique que ça. L'an passé, ma moyenne dans la langue de Shakespeare était plus faible encore. Mais, c'était le premier faux-pas de l'année, qui plus est dans une matière où j'étais attendue au tournant....
J'avais donc conscience que cela allait être un test grandeur nature de la réalité ou non de la détermination maternelle...
Ce qui d'ailleurs me gênait le plus, n'était pas la note, qu'avec beaucoup de persuasion, un peu de chance et une plaidoirie efficace, j'aurais pu faire passer...
C'était plutôt l'annotation de la copie, où je me doutais bien que Maman prendrait presque pour elle le reproche que je n'ai pas assez révisé durant les vacances. C'était comme si Mlle Paule disait que Maman avait été trop laxiste...
Je ne savais pas comment annoncer cette "bad news", cette mauvaise nouvelle et j'étais dans mes petits souliers, le regard fuyant en rentrant à la maison.
Maman qui semblait lire dans mes pensées, m'interpella : "Tu n'as pas l'air dans ton assiette, Christine. Tu as des choses à me dire ?"
J'ai hésité, baissé la tête, et été tenté de mentir, de gagner du temps, le prochain cours d'anglais n'étant que dans 48 heures.   Mais, Maman insista avant que j'ai balbutié le "Oh, non, Maman, non, non, ça va", qui me brulait les lèvres et qui m'aurait amené à entrer dans une de ces spirales de mensonges dont je m'étais faite la spécialité.
Heureusement, je n'en fis rien, et répondis à Maman qui réitérait la question : "Euh, bah, j'ai eu une note pas terrible terrible. Euh, euh, en anglais".
Mon hésitation à dire la matière montrait bien mon angoisse particulière à ce sujet...
"Ce n'est pas possible. Pas déjà une mauvaise note en anglais. Et en plus sur le programme de la Sixième. Je rêve...", avait de suite réagi Maman en découvrant la copie que je lui avais tendue du bout des doigts, en me reculant vite de deux pas, comme si je craignais une paire de gifles immédiate.
Aline et Diane qui venaient de rentrer durant le début de notre échange, nous regardaient les yeux écarquillés, comprenant qu'il y avait de l'orage dans l'air.
Il allait falloir leur donner leur goûter et Maman les envoya vers la cuisine, tout en poursuivant son explication : "Et toi, Christine, tu files dans ta chambre faire tes devoirs. On réglera nos comptes plus tard. Mais, tu ne perds rien pour attendre, ma fille. Je t'ai assez prévenue de ce que j'attendais de toi cette année. Mais, puisque Mademoiselle ne comprend pas les menaces, il va falloir passer aux actes. Ah, tu peux préparer tes fesses, Christine..."



 Je suis partie me réfugier dans ma chambre. Allongée sur le lit, j'ai éclaté en sanglots. Je retombais dans mes pires cauchemars, ceux que j'avais imaginés et revus défiler dans ma tête dès que Mlle Paule m'avait remis ma copie... La trêve était finie. Que le "plus tard" soit maintenant dès que les petites auraient eu leur goûter, ou tout à l'heure avant le diner, ou ensuite à l'heure du coucher, qu'importe, j'allais de nouveau recevoir la fessée...

La petite phrase que Maman avait mise dans ma tête le jour où elle avait raccommodé mon bloomer jaune décousu, devenait une réalité : "La prochaine fois que je te donnerai la fessée...", elle avait eu raison de l'employer au futur et non au conditionnel. La preuve allait en être faite. "La prochaine fois que je te donnerai la fessée", c'est donc ce lundi soir.
Au vu des menaces maternelles depuis l'annonce de mon redoublement, de celles aussi réitérées depuis la dernière tannée reçue, je pourrais presque m'estimer chanceuse, me dire que j'ai été "tranquille" bien longtemps.
Mais, qui penserait à ça ? Qui aurait cette attitude fataliste ? Qui réussirait à positiver en pareille circonstance ?
Non, j'étais là à attendre "ma" fessée... Et assurément, elle allait venir...

A SUIVRE

lundi 16 janvier 2012

Chronique d'un redoublement : 20. Le retour à la case Cinquième...

SUITE 19

Ces derniers jours de vacances sont donc passés bien vite, et malgré les quelques rappels de l'enjeu de l'année scolaire qui s'ouvrait, et de la détermination maternelle, j'échappai à toute nouvelle déconvenue... Du moins pour mon bas du dos. Finalement, ces vacances que je craignais s'étaient déroulées au mieux pour moi. Hormis bien sûr la double scène de l'arrivée du bulletin, j'avais passé un été quasiment sans être punie, si l'on excepte l'histoire où j'avais aidé Aline à faire ses devoirs à l'insu de Maman...


Diane avait eu son caquet bien rabaissé après ses exploits sur la plage, et Aline avait été la plus vissée de l'été, les interventions maternelles cherchant à la faire travailler et rattraper le niveau souhaité avant la rentrée.
Bref, comme je redoublais et n'avais guère à réviser puisque j'allais reprendre tout à zéro, mes vacances avaient été plus calmes que je n'aurais pu le craindre...
C'est d'ailleurs Aline qui clôt la série estivale... Maman ayant vérifié que ses trois filles avaient bien toutes leurs affaires pour la rentrée du lendemain, voulut profiter de la dernière fin d'après-midi pour une révision rapide des devoirs de vacances de sa cadette.
Aline rechigna, fit la mauvaise tête, et montra ensuite quelques lacunes sur des notions pourtant rabâchées pendant ces deux mois.
Et comme le ton montait, à Maman qui lui répétait qu'elle devait travailler si elle ne voulait pas, elle aussi, avoir à redoubler, Aline répondit un "je m'en fiche" dont elle comprit immédiatement que c'était le mot de trop.
Ma soeur se retrouva, en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, étalée sur les genoux maternels, pantalon de jogging rouge aux mollets, puis culotte largement baissée, et elle prit sous nos yeux en plein salon une belle fessée, énergique et très appliquée, plutôt rapide mais qui montrait une détermination maternelle très affutée...
Nous eûmes droit, quand Maman la lâcha à un commentaire valable pour nous trois : "Eh bien, les filles, vous voyez que je ne rigole pas. Et que cette fessée d'Aline vous fasse réfléchir. Cette année, vous avez intérêt à vous tenir à carreau et à bien travailler, sinon je vous promets que cela bardera..."
J'avais regardé les fesses de ma soeur rougir comme hypnotisée par le spectacle et l'avertissement de Maman m'avait fait grimacer. Elle l'avait remarqué et compléta à mon intention : "Oui, Christine, tu peux faire la grimace, cela te concerne au premier chef. C'est particulièrement vrai pour toi, tu le sais bien... Ne me déçois pas cette année, sinon, ma chérie, sinon je ne voudrais pas être à la place de tes fesses..."

Au dernier soir, nous nous couchâmes tôt, puisque c'était la rentrée le lendemain. Maman vint nous border et nous embrasser. Elle était redevenue douce et calme.
J'eus droit à quelques phrases qui se voulaient rassurantes : "Allez, ma chérie, dors bien. Il faut reprendre les bonnes habitudes pour être en forme le matin. Surtout en cette année où il va falloir bien travailler".
J'avais acquiescé, laissant Maman finir son petit sermon du soir : "Mais, je sais que tu peux bien faire, Christine. Regarde, ces vacances se sont en général bien passées. Tu as été plutôt sage et gentille. J'espère que tu as compris qu'il faut grandir dans ton comportement. Je ne demande que cela. Tu sais bien que ce n'est pas de gaieté de coeur que je te punis quand il le faut. A toi de me montrer que tu fais les efforts nécessaires. Sinon, je n'aurai pas le choix. Cette année, c'est trop important. Je t'aurai assez prévenue..." 


Inutile de dire que j'ai eu un sommeil agité, mêlé des menaces maternelles et sur fond d'images fraiches de ma soeur déculottée et piaillant sous les claques d'une fessée méritée...
Ma lune à moi était reposée, depuis un bon mois maintenant, un sursis presque inespéré qui ne faisait que monter mon angoisse de le voir s'achever...
L'arrivée au collège le matin de la rentrée me fit mal au coeur. J'allai tout naturellement vers mes copines de l'année précédente, mais déjà elles me regardaient presque de haut. Les plus sympas étaient au contraire compatissante, me plaignant, et cela me vexait tout autant.
Quand la cloche sonna, il fallut bien que je me range dans la partie des Cinquième, alors que "mon" ancienne classe se mettait côté Quatrième.



Des trois redoublantes de l'année dernière, il ne restait que moi et une autre fille, pas très fûtée et que je n'aimais guère. La troisième redoublante avait été envoyée dans une pension catholique par ses parents.
Je retombai dans la Cinquième I, et je découvris mes nouvelles camarades, des filles qui étaient en Sixième l'année dernière et que nous snobions ou prenions de haut, nous qui n'étions plus dans cette première classe de collège.
Comme j'avais un an et quelques mois d'avance l'année précédente, ce redoublement me mettait finalement avec des filles de mon âge, mais dans ma tête, c'étaient des petiotes et il allait falloir s'y faire.



Autre souci, à deux exceptions près, je retombais sur les mêmes enseignants, dont mes deux bêtes noires, la pire étant la prof d'anglais, Mlle Paule que j'allais devoir supporter une année de plus, en m'arrangeant pour qu'elle ne soit pas, comme elle l'avait été les deux années précédentes, ma plus grande pourvoyeuse de colles et de mauvaises notes... Et cela me chagrinait déjà, tant j'avais de mauvais souvenirs de cette prof dont les mots à faire signer à la maison étaient devenus pour moi comme des sortes de convocation à me présenter le soir même sur les genoux maternels pour m'y faire déculotter et fesser à coup sûr...

Pleine de sages résolutions, je commençai d'ailleurs par être très attentive à chaque cours, et particulièrement en anglais, où je levai le doigt à chaque question de Mlle Paule, pour bien lui montrer ma bonne volonté. La prof en sembla satisfaite, mais elle interrogeait plus volontiers les nouvelles de la classe, considérant que c'était normal que les redoublantes sachent au moins les premières leçons.

J'avais moi aussi conscience que si les premiers jours étaient faciles, il allait falloir tenir, avec un double écueil, celui de devoir me tenir à carreau et faire semblant d'être attentive, même quand j'entendais une leçon bien acquise l'année précédente. Mais aussi de veiller à bosser les sujets que j'avais délaissés l'an passé, ne les travaillant pas ou ne m'y intéressant pas.


 Le cinquième jour, en sortant du cours d'anglais, Mlle Paule s'adressa à moi en aparté : "Alors, Christine, tu vas faire des efforts cette année ? Je constate un mieux dans ta participation en cours, mais j'espère que cela va durer... Tu donneras le bonjour à ta Maman. Elle m'a demandé de la prévenir si quelque chose n'allait pas. Pour l'instant, je dois dire que je n'ai pas à me plaindre de toi. Elle peut être rassurée, mais je ne manquerai pas de lui donner des nouvelles, s'il le fallait..." 

J'ai hésité le soir-même à passer ce fameux "bonjour" à Maman. Je craignais que la conversation ne dérape... Toutefois, je ne voulais pas que Maman rencontrant Mlle Paule par hasard puisse croire que j'ai voulu lui cacher quelque chose en cette année où cela allait être la chasse au mensonge...
Me voyant tourner autour du pot, Maman crut même que j'avais déjà une mauvaise nouvelle à annoncer. Je me lançai donc et répétai les mots de la prof d'anglais. Maman me posa plusieurs fois la question de savoir si je disais tout, si je ne cachais rien, méfiante qu'elle était de me voir retomber dans un de mes travers favoris.
Je réussis à la convaincre et elle me félicita : "Si Mlle Paule n'a pas à se plaindre de toi, c'est une bonne chose, ma fille. Tu as eu assez de problèmes avec elle l'an passé. Et avec moi par la même occasion, je pense que tes fesses s'en souviennent... Alors, mieux vaudrait en effet que cela dure, ma chérie, sinon il y a quelques bonnes déculottées qui t'attendent, tu peux en être sûre..."
 
Oui, oui, oui, je le savais, Maman, et j'en avais presque assez de me l'entendre dire et redire. Du calme, Christine, me disais-je, ce ne sont que des menaces, des rappels, de la mise en condition. Cela me faisait grimacer, cela entretenait mon angoisse, mais en même temps, le cap de la première semaine de cours était passé et tout allait encore très bien... Je croisais les doigts et commençais à me dire qu'avec un peu d'attention et sans trop me forcer, j'arriverais certainement à réussir une année tranquille. Du moins pas trop agitée, surtout pour mon bas du dos...

J'en devenais petit à petit quasi-optimiste, moins stressée par l'enjeu, presque confiante. Mieux valait pourtant se méfier car, qui disait chez moi retour de confiance, avait tendance à glisser vers un relâchement progressif que je ne percevais pas forcément à temps...

Ma bonne conscience aurait d'ailleurs dû me glisser dans l'oreille : "Attention, Christine, attention, ce serait vraiment dommage de montrer des signes de relâchement. Il en est une qui te connait par coeur, qui te devine, et qui ne pourra pas ne pas les voir ces signes... D'autant qu'elle les guette... Attention donc, Maman veille..."

Mais, chaque nouveau jour qui passait sans encombre me semblait aller de soi, alors que ce n'était pas forcément le cas...

A SUIVRE

lundi 9 janvier 2012

Chronique d'un redoublement : 19. C'est après-demain la rentrée...

SUITE 18

Nous sommes revenues à la maison, un peu tristes de devoir quitter le bord de mer, et surtout de comprendre que les vacances tiraient à leur fin.
Il restait dix jours avant la rentrée, et le retour au bercail a vite pris les allures d'un compte à rebours. Il fallait ranger les affaires d'été, préparer les affaires scolaires, aller acheter les livres, vérifier les listes de fourniture, finir les devoirs de vacances, et j'en passe dans le style rendez-vous chez le dentiste pour Diane, passage chez le coiffeur pour toute la famille, etc., etc.



J'essayais de vivre cela sans trop me faire de mauvais sang, mais j'avais du mal à ne pas me focaliser sur les promesses maternelles, et sur ce que je craignais.
D'ailleurs, la première nuit de retour dans ma chambre, si j'avais apprécié la tranquillité d'être à nouveau seule, contrairement à la location d'été, je m'étais endormie en me disant que c'en était fini des vacances, et que la rentrée approchait...
Au milieu de la nuit, je m'étais réveillée en nage, suffocante, la gorge pleine de sanglots, sortant d'un cauchemar. Je m'y voyais au milieu du salon, étalée sur les genoux de Maman, culotte baissée, lune à l'air, prenant une dégelée claquante et sonore à souhait...
Maman qui avait entendu que je pleurais était venue me consoler. Je lui avais dit que je faisais un cauchemar, mais j'avais prétendu ne pas me souvenir lequel...
Elle m'avait serrée fort dans ses bras et recouchée, restant quelques minutes à me passer la main dans les cheveux. C'était Maman consolatrice comme je l'aimais tant. Je ne pouvais pas lui dire que je venais de l'imaginer dans un autre rôle...



Les derniers jours passaient un par un, plutôt trop vite, augmentant mon angoisse. Maman m'avait demandé de faire quelques dernières révisions. Inutile de dire que j'ai joué les filles studieuses, contrairement à Aline qui renâclait  à devoir travailler encore. Moi, en tout cas, je ne voulais surtout pas d'histoire, surtout que l'enjeu et les promesses ne quittaient guère mon esprit, Maman ayant l'occasion de les reformuler souvent, comme pour bien m'en imprégner.


Je me souviens de cette visite à la bibliothèque où nous sommes tombées sur ma prof de maths. Et Maman de lui expliquer que je travaillerais mieux cette année, alors que c'était pourtant une des disciplines où j'accumulais les meilleurs de mes résultats.
"Christine se doit de faire une année excellente. Elle en a bien conscience. Je compte sur vous pour m'avertir dès que vous ressentez un affaiblissement, ou s'il y avait le moindre problème de discipline. Je vous promets de réagir sur le champ. Christine est prévenue. Je ne tolérerai aucun manquement et ma fille sait très bien ce que ça veut dire...", avait expliqué Maman, montrant même à la fin de la phrase une paume ouverte et menaçante qui ne laissait aucun doute aux témoins sur ce qu'évoquait ma chère mère...  Le regard un peu amusé de ma prof me mit plus que mal à l'aise et je ne pus m'empêcher de rougir et de baisser les yeux.
Je savais que durant les prochains cours de maths, je repenserais à la scène et que j'allais craindre toute allusion de la prof sur mon compte. Et, même si elle n'était pas, elle, trop de ce genre-là, le fait de savoir qu'elle savait m'était insupportable...

Devant redoubler, j'avais déjà l'essentiel de mes livres scolaires et je savais ce que les profs attendaient comme fournitures. Ce fut donc plus facile à préparer. L'après-midi où l'on faisait le point, Tata Jacqueline était venue passer une heure ou deux à la maison pour parler des vacances qu'elle venait aussi de finir.
Maman lui ayant dit que cela s'était bien passé, et que nous avions été sages, Tata m'avait félicitée en me disant qu'elle était contente que je grandisse, ce à quoi Maman avait fait quelques réserves, en expliquant que l'on verrait bien comment cela allait se passer en classe.
Tata avait rétorqué : "Ca va être plus facile pour Christine. Le même programme, peut-être même les mêmes devoirs. Elle devrait être à l'aise".
La remarque de Tata rappela à Maman que j'avais encore tous mes cahiers et devoirs de l'an passé dans mon bureau. Alors que je continuais à papoter avec Tata en lui montrant nos photos de vacances, Maman était montée dans ma chambre et en avait ramené justement les cahiers et copies de l'année précédente.
"C'est vrai qu'il vaut mieux que je les mette en lieu sûr, si je ne veux pas que ma chère fille aille voir si elle ne peut pas recopier certains exercices de l'an passé.", expliqua Maman qui devina par la demi-grimace que je tirais que j'avais pensé à cette hypothèse et l'aurais bien utilisé le cas échéant.



Tata souriait en se disant que décidément sa nièce préférée était une maline... Maman, elle, feuilletait rapidement copies et cahiers en marmonnant : "Au moins, je vais pouvoir comparer cette année et vérifier les progrès accomplis. Ah, quand je vois certains de ses devoirs, je me dis que j'ai vraiment été trop gentille. Mais, tu ne perds rien pour attendre, Christine, tu le sais".



Tata essaya de dédramatiser, en plaidant ma cause, en disant à sa soeur de ne pas s'énerver à l'avance, que j'étais capable de comprendre et que je le montrerais. J'acquiesçais et espérais que l'on allait changer de conversation. Mais, Maman restait dans la même tonalité, grognant en regardant vite fait quelques copies. Et de s'adresser à moi : "Ah tu m'en as fait voir cette année. Quand j'y pense... Tiens, regarde cette composition d'anglais, où tu avais copié sur ta voisine. Zéro pointé et deux heures de colle. Tu t'en souviens, j'espère..."
J'ai répondu : "Oui, Maman, bien sûr. Je me souviens. Mais, je ne tricherai plus, je travaillerai, promis".
Elle haussa les épaules et poursuivit : "Je l'espère bien, Christine. J'espère que tu te souviens surtout de ce qui est arrivé quand j'ai dû signer cette copie".
J'avais tourné les talons pour cacher mon désarroi et commencé à monter vers ma chambre. Maman m'a rappelée : "Christine, je ne t'ai pas demandé de partir. Tu ne m'as pas répondu."
Je me suis assise sur les marches et j'ai caché mon visage dans mes mains en sanglotant : "Oui, Maman, oui, je me souviens. Mais, puisque je te dis que je ne le ferai plus... Arrête, s'il te plait...", suppliai-je.
"Laisse-la donc tranquille", avait plaidé Tata, "Tu vois bien que tu la chagrines".
Maman n'en avait pas moins terminé son raisonnement : "Chagrinée, c'est moi qui l'étais aussi en découvrant son comportement. Alors, elle peut l'être en se rappelant la déculottée qu'elle a prise ici même et devant ses soeurs pour lui apprendre à tricher en classe. Oui, et ta chère petite nièce préférée, Jacqueline, je peux te dire qu'il vaut mieux qu'elle se souvienne de ce que cela fait une bonne fessée de sa maman, plutôt que d'essayer de revenir cette année avec de nouveaux zéros. C'est vraiment un conseil que je lui donne..."
Je fus enfin autorisée à filer dans ma chambre pendant que Maman rangeait dans un tiroir fermé à clé mes copies de l'an passé.
Tata, avant de repartir, vint me dire au revoir. Elle tenta de me consoler : "Ma petite chérie, ne t'en fais pas, si tu travailles bien il n'y aura pas de raison que tu aies des ennuis. Tu sais bien que j'ai tendance à te défendre, mais avoue que tu les avais souvent méritées les fessées que tu as reçues. A toi d'être plus grande, et d'en mériter moins souvent..."
Elle me prit dans ses bras, essuya mon nez qui reniflait. Si même Tata reconnaissait que je les avais méritées, ce n'était guère consolant... Surtout que derrière sa phrase il y avait une évidence : l'espoir était de faire des efforts et d'en mériter "moins souvent".
J'en traduisais donc que, jusqu'à ma plus fidèle défenderesse, nul ne parlait de "plus du tout de fessées", mais d'en mériter "moins souvent". Une façon de me mettre bien dans la tête que mon avenir passait encore par les genoux maternels et que je pouvais préparer mes fesses. La phrase du jour de couture : "La prochaine fois que je te donnerai la fessée, Christine..."  était plus que jamais d'actualité. J'avais eu de la chance que les vacances se poursuivent calmement, mais la prochaine fois existerait, arriverait, et logiquement donc chaque heure qui passait m'en approchait.  A deux jours de la rentrée, c'était le genre de rappels dont je me saurais passée...


A SUIVRE

Chronique d'un redoublement : 18. Le dernier bain

SUITE 17

Le séjour à la mer prenait fin. Le dernier après-midi à la plage, j'étais contente de pouvoir porter mon maillot neuf et Maman nous avait promis, si nous étions sages de faire des crêpes pour le diner.
Quand vint l'heure de rentrer, Maman appela les petites qui pataugeaient dans les vaguelettes. Elles demandèrent de rester encore cinq minutes. Il faisait tellement bon, que Maman leur accorda.
Du bord de l'eau, nous les surveillions, Maman et moi, tranquilles en ces derniers instants.
Maman en profita pour me parler comme à une grande : "Alors, c'était bien ces deux semaines, ma chérie ?". J'acquiesçai évidemment et elle poursuivit son raisonnement : "Tu vois, Christine, qu'il suffit de peu de choses pour que tout aille bien. Si seulement cela pouvait être souvent ainsi à la maison..." 



Je répondis que oui, je ne savais pas quoi ajouter. Maman, elle, avait envie de prolonger son message : "Ce serait bien que tu comprennes. J'espère que ton redoublement t'aura servi de leçon et que tu vas repartir sur de bonnes bases. C'est tellement simple quand tu m'écoutes et que tu agis comme une grande. J'ai déjà assez à faire avec les petites pour ne pas que tu en rajoutes".
Bien sûr que je comprenais, ces deux semaines en étaient un bel exemple, et ma bonne conduite avait été récompensée, mais je n'ignorais pas non plus que vacances et période scolaire n'ont pas grand chose à voir, et que les exigences maternelles seraient différentes...
Maman termina son petit speech en me le confirmant : "Je compte sur toi, Christine. Tu sais bien que cette année sera particulière et qu'il va falloir montrer tes vraies capacités. Cela peut être une chance de bien repartir. Il n'est pas question de retomber dans les travers de l'an dernier. De toute manière, je ne le laisserai pas faire et ça bardera comme jamais, tu en as bien conscience, j'espère. Tout est entre tes mains, ma grande, tout.... Allez, appelle tes soeurs, on va rentrer."

L'avertissement maternel me faisait bien comprendre que le chapitre vacances se tournait. Que le marché était clair pour la rentrée. Que tout était "entre mes mains", comme disait Maman.
Dans mon petit maillot de bains, à côté d'elle, je me sentais tout à coup fragile et vulnérable. Je ressentis un frisson en bas de mon dos...
Oui, tout était entre mes mains... Si je travaillais bien... Sinon, je le savais, c'est entre les mains de Maman que mon destin passerait. Et je pouvais préparer mes fesses...

A SUIVRE

jeudi 5 janvier 2012

Chronique d'un redoublement : 17. Histoires de mères et de bord de mer...

SUITE 16

Il était temps de partir enfin en vacances. Cette première partie de l'été avec des devoirs au quotidien et un redoublement à digérer en quelque sorte, avait été pénible, même si je m'en sortais finalement mieux qu'Aline.
Mais je savais que la rentrée ne serait pas drôle, et que ces deux semaines à la mer étaient une pause bien venue...En tout cas, à force d'angoisser certaines nuits et de réfléchir, je m'étais bien promise de me tenir à carreau, de tenter de reconquérir une image de grande fille sage, histoire aussi de "gagner des points", d'arriver à la rentrée avec un préjugé favorable.
J'avais toujours en tête la petite phrase de Maman le jour de la séance de couture de ma culotte décousue : "La prochaine fois que je te donnerai la fessée, Christine..."  Oui, je pensais bien que ce futur serait un jour une réalité, mais c'était à moi d'en retarder le terme au maximum.



Nous avions retrouvé l'appartement que nous louait à prix d'ami un lointain parent, un logement pas très grand mais situé à deux pas du bord de mer (et dont nous avons profité trois ou quatre fois en cinq ou six ans) . C'était idéal, car près de la plage, et de quelques commerces, et avec de quoi cuisiner pour un séjour à prix abordable donc.
Le seul inconvénient à mon goût était que nous dormions les trois filles dans la même chambre et que je devais m'adapter aux horaires des petites. Mais, je n'étais pas en situation de me plaindre et j'avais le droit de lire au lit avec une petite veilleuse discrète quand les frangines dormaient.
Sinon, les journées avec plage matin et après-midi (après une petite sieste obligatoire) et balade à pied avant ou après le diner, étaient agréables et conçues pour que chacun se détende, se dépense et soit calme.
Moi, en tout cas, j'appréciais, et j'ai été cet été-là tranquille comme jamais. L'essentiel était de ne pas risquer de fessée. Et chaque jour de plus me semblait une victoire.
Toutefois, si les menaces ne planaient plus au dessus de ma tête, le sujet n'était pas totalement écarté, et la moindre allusion ravivait mes craintes ou ma honte rétrospective.
Ainsi, je n'aimais guère le moment où Maman deux fois par jour, à l'arrivée à la plage vérifiait l'application de la crème solaire, et nous en mettait dans le dos, tout près du maillot. Cela se terminait le plus souvent par une tape sur le fond du slip de bain, pour nous signifier que nous pouvions aller jouer. C'était un geste qui me faisait grimacer et me nouait le ventre, mais je cachais mon trouble.



Deux semaines de plage avec Maman, c'était de nouvelles connaissances assurées. On revient souvent sur le même coin de sable, et les familles sympathisent.  J'ai donc assisté cet été-là à plusieurs de ces prises de contact, où les mères papotent, échangent leurs expériences, s'invitent éventuellement à boire un thé, se rendent service en jetant un coup d'oeil sur leurs enfants respectifs lorsque l'une va faire une course, un plongeon, ou un petit besoin.
Et, comme je jouais les sages, lisant beaucoup, allongée près de Maman pendant que les petites s'égayaient dans le sable, j'entendais les confidences et j'eus plusieurs fois à rougir quand Maman évoquait mon redoublement et s'en donnait une part de responsabilité parce qu'elle n'avait pas su réagir suffisamment quand c'était encore jouable.
Les nouvelles connaissances de Maman avaient droit à des phrases comme : "Mais, vous savez, à la rentrée, je vais serrer la vis. Christine le sait : si elle ne fait pas les efforts nécessaires, ça bardera pour ses fesses..."
Et les échanges tournaient parfois longtemps sur le sujet de l'éducation des enfants, Maman tenant à justifier sa méthode, et aussi à montrer qu'elle avait quand même déjà fait ce qu'elle avait pu : "Et pourtant, ma chère fille sait qu'il ne faut pas me chercher. Chaque punition donnée en classe ou chaque zéro ramené sur une copie, et cela ne rigolait plus à la maison. Christine savait bien qu'une bonne fessée l'attendait. Hélas, cela n'a semble-t-il fait de l'effet que quelques jours à chaque fois. L'an prochain, comme elle redouble, plus question de me ramener des notes en dessous de la moyenne. Je ne veux pas qu'elle gâche ses capacités. Les professeurs le disent : si elle voulait, elle serait toujours dans les premières... Je ferai ce qu'il faut pour que les résultats soient là..."


Comme Maman ne cachait pas grand chose de notre éducation à nos voisines de plage, je restais souvent solitaire, n'ayant pas envie de me lier avec des filles de mon âge. Pour éviter les moqueries, pour ne pas avoir de sentiment de honte, et me passer des questions que la curiosité naturelle des unes et des autres n'auraient pas manqué de me poser...


Ah, ce regard d'autres mamans sur moi, avec un petit sourire en coin, c'était difficile à vivre...
J'avais l'impression qu'elles me disaient : "Ne t'éloigne pas trop, n'embête pas tes soeurs, ne fâche pas ta maman, parce que, tu sais bien, elle me l'a dit, cela pourrait finir mal pour ton bas du dos..."


Aline qui n'avait plus qu'un programme allégé de devoirs de vacances durant ces deux semaines, juste une leçon à relire et réciter avant le diner, était elle aussi dans le registre calme, et finalement la plus remuante était Diane, sur laquelle plusieurs menaces de fessées planèrent durant la première semaine.
Petite soeur dépassa les bornes quand, alors qu'elle ne devait jamais entrer dans l'eau sans ses flotteurs de bras, elle chuta dans l'eau et se mit à crier comme si elle allait se noyer. Une des nouvelles amies de Maman la rattrapa et ramena une Diane ruisselante et pleurnichante jusqu'à nos serviettes de bain.
L'intrépide se prit une gifle maternelle avant que Maman ne l'essore. Diane pleurait et Maman sermonnait. Avec de l'eau salée dans les yeux, cela piquait d'autant plus Diane qui se frottait les mirettes en reniflant, ses mains rajoutant du sable.
Il fallait passer la zone sous l'eau et Maman ordonna à sa plus jeune fille de filer aux cabines de douche près des toilettes de la plage : "Je vais t'y apprendre à désobéir", lança Maman à haute voix en suivant Diane.



J'étais allongée à côté d'Aline quand l'incident s'est produit. En entendant la phrase maternelle, on s'est regardées toutes les deux, en cachant mal notre envie de rire : "Je crois que ça va barder pour Diane", commenta Aline. "C'est bien fait pour elle", ajoutai-je.


Pour une fois, nous étions complices, nous les grandes en quelque sorte, et nous vimes en effet revenir cinq minutes plus tard une Diane en pleurs, qui se cacha dans sa serviette de bain, alors que Maman lui ordonnait de ne plus bouger de là jusqu'à ce que nous repartions...


Maman retrouva la voisine de plage qui avait "sauvé" notre petite soeur. Elle la remercia et précisa : "Je viens de lui donner une bonne fessée qui devrait la calmer pour un moment".



Diane était vexée et n'osa plus nous regarder durant l'heure qui suivit. Quand nous sommes rentrées à l'appartement, Aline et moi primes notre douche les premières, puis Maman demanda à Diane de se laver à son tour. Elle qui ne s'était pas re-baignée depuis la douche de dessalage sur la plage, et la fessée qui s'en était suivie, rechigna à prendre son tour.
Maman lui redit une fois en haussant le ton. Il n'y eut pas de deuxième rappel, Maman se précipitant sur soeurette et l'amenant de force dans la salle de bain où Aline et moi nous finissions de nous sécher. 
Elle débarrassa Diane de son tee-shirt et lui enleva short et slip de bain. Nue comme un ver, Diane piétina et protesta, mais Maman excédée, lança : "Je vois, Diane, que tu n'as pas bien compris la leçon. Je vais te réexpliquer à ma manière". Et, soulevant notre soeur et la plaçant sous le bras comme un fêtu de paille, Maman lui flanqua une volée de claques sur sa petite lune toute dévoilée... Ca claquait fort, Diane s'époumonnait : "C'est ça, ameute les voisins. Ils sauront que Diane reçoit une bonne fessée..."
Ce fut bref mais sous nos yeux et la détermination maternelle était explicite et semblait dire : "Attention Aline et Christine, car je pourrais bien continuer avec vous si nécessaire d'ici la fin des vacances".
 

Maman raconta le lendemain à sa voisine de plage la seconde suite claquante de son sauvetage. A coup sûr, même si ce n'était que des fessées rapides, les déculottées de Diane calmèrent encore plus l'atmosphère.
J'étais soulagée que la tension soit retombée, et je passai les derniers jours à me montrer serviable et à jouer les ainées de la plus belle des manières.
Maman était ravie de voir sa grande aussi gentille. Elle devait se dire que son tour de vis du début d'été était la bonne voie. Moi, je trouvais que c'était agréable d'être considérée comme une grande. J'en jouais avec délice.
J'eus même droit à aller m'acheter un nouveau maillot de bain avec Maman. Il m'en fallait un de rechange, et l'on en prit aussi un pour les séances de piscine du collège, mais celui-là était un maillot de sport, une pièce.
J'étais assez fière de faire les boutiques du remblai avec Maman, qui avait demandé à une voisine de garder mes soeurs pendant ce temps-là.
C'était un moment de bonheur, Maman acceptant de choisir le modèle que je voulais. En sortant de la boutique, nous rentrâmes main dans la main. Je remerciai Maman qui m'expliqua : "Mais, c'est naturel de faire plaisir à sa fille quand elle est sage, tu sais... J'espère surtout que cela va durer... Tu grandis, il va falloir le montrer..."
Je promis monts et merveilles, marchant comme sur un petit nuage. Maman modéra un peu mon enthousiasme : "Ne promets pas trop, Christine. Je préfère que tu le prouves par des actes... Je me méfie toujours des belles paroles qui ne durent pas... Tu as vu ce que cela a donné comme résultat à la fin de l'année scolaire..."
L'évocation me refroidit un peu mais je prolongeai : "T'inquiète pas Maman, ça ira. Je serai sage, comme pendant ces vacances."
Maman me serrait la main quand elle parlait. C'était sa main droite et cela me troublait. Elle ajouta : "De toute manière, la balle est dans ton camp, Christine... Si tu es sage et bonne élève, il n'y aura pas de problème et tu seras récompensée. Sinon, ma chérie, je n'ai pas besoin de te faire un dessin, tu sais très bien ce que je t'ai promis. Tu pourras préparer tes fesses..."
Le message était clair, et je n'en rajoutai pas achevant la promenade vers l'appartement sans lâcher la main de Maman, cette main qui savait me gâter, mais cette main aussi avec laquelle je me doutais bien que j'aurais rendez-vous, celle qui me faisait angoisser en me remémorant la petite phrase d'avant le départ à la mer :  "La prochaine fois que je te donnerai la fessée, Christine..." 
A SUIVRE