SUITE 9
Travailler, travailler. Je n'avais plus que cela à faire et j'ai continué à réviser avant le fameux contrôle auquel j'avais failli échapper...
Comme je ne pouvais sortir, je m'arrangeais pour montrer ma bonne volonté, afin de mettre Maman dans de bonnes conditions. Je descendais même mon manuel dans le salon quand personne n'y regardait la télévision, pour que l'on me voit bûcher mes cours...
Maman appréciait, tout en n'étant pas dupe. Elle savait bien que la bonne leçon de l'avant-veille et les menaces de récidiver étaient pour bonne part dans ma motivation spectaculaire.
Je pense même qu'en agissant ainsi, je justifiais ses théories, je la confortais dans l'idée que la méthode marchait et qu'il n'y avait donc pas à en changer...
Comme elle l'avait annoncé aussi, Maman veillait de près à ce que je révisais et elle venait constater si cela "rentrait dans ma caboche" comme elle disait.
Au début de mes révisions, lorsque nous étions dans la partie plus ou moins acquise, cela se passait bien, sans trop d'énervement maternel...
Mais, à la veille au soir du contrôle, quand elle me posa des questions plus générales, qui suivaient moins l'ordre des leçons, afin de simuler ce que pourraient être les sujets de l'interrogation écrite, j'étais plus hésitante, voire sèche sur bien des points.
"Mais, Christine, concentre-toi. Ne me dis pas que tu ne sais pas après avoir révisé autant... Ce n'est pas possible. Qu'est-ce que cela va être quand tu vas te retrouver devant une page blanche ?", grognait-elle.
"Attends Maman, je vais encore réviser ce soir avant de dormir. Tu verras, j'aurai une bonne note...", lui répondis-je.
Elle n'était pas convaincue du tout : "Je comprends mieux que tu aies cherché à éviter ce contrôle. J'espère pour toi, Christine, que tu réussiras à me prouver le contraire... Je l'espère, mais cela n'en prend pas la tournure..." Maman avait le livre d'anglais sur les genoux, et je sentais son agacement croître...
Je fixais aussi sa main qui s'agitait et pianotait sur sa cuisse... J'avais l'impression que cela la démangeait déjà, je me disais que c'était peut-être le signe avant-coureur d'un rendez-vous douloureux pour mon bas du dos...
L'enjeu était clair, et Maman répétait : "J'espère pour toi, Christine, j'espère pour toi... Sinon, tu sais ce qui t'attend..."
Je le savais oui, et ne pouvais l'oublier. Au point que mes dernières révisions du soir ne furent pas des plus studieuses. Je regardais mon livre, mais j'avais l'impression qu'il y avait encore dessus la main de Maman qui me prévenait, qui me disait "à bientôt"...
Le lendemain matin, Maman m'avait souhaité bonne chance pour mon contrôle. Non sans ajouter : "Applique- toi bien, Christine. Tu sais que je veux que tu aies la moyenne... Ne me déçois pas... Rappelle-toi ce qui s'est passé mardi... Et ce que je t'ai promis..."
J'étais sur les nerfs en découvrant les questions de l'interrogation écrite. Elles recouvraient vraiment toute la partie du programme que nous avions à réviser. D'un côté, j'étais rassurée : cela signifiait que j'allais engranger des points sur certains chapitres. Mais, de là à décrocher une bonne note, cela semblait délicat.
Je me suis appliquée du mieux que j'ai pu. Il n'y avait plus d'échappatoire. Alea jacta est. Les dés étaient jetés.
A la sortie de la classe, en discutant avec Anne, j'ai pris conscience de quelque erreurs que j'avais faites, mais aussi de réponses bonnes.
En faisant un petit pointage, je cherchais à me rassurer. Tout dépendait bien sûr de la manière dont Mlle Paule noterait et elle n'était pas du genre à faire de cadeaux...
En comptant et recomptant, je me disais qu'avec de la chance je pourrais décrocher un 12, et au pire un 6. La fourchette était large, tout ce dont j'étais sûr c'était que je n'avais été ni nullissime, ni brillante...
Si c'était 12, cela aurait été les félicitations maternelles, si c'était 6, je préférais ne pas y penser. De toute manière, comme c'était des devoirs de deux heures, Mlle Paule mettrait bien une semaine à les corriger. J'avais au moins ce temps de répit devant moi...
"Alors, ce contrôle, Christine ?" s'enquit Maman dès mon retour. J'ai joué la fille sûre d'elle : "Je crois que cela s'est bien passé, tu sais, M'man. Je pense que j'aurai la moyenne" !
Maman répondit : "J'en serais ravie, Christine. En plus, il vaudrait mieux que tu l'aies cette moyenne. Sinon, tu n'auras qu'à préparer tes fesses..."
Elle n'avait pas oublié ce petit rappel qui a calmé mon enthousiasme un peu forcé.
Restait à attendre déjà la fin de cette semaine avant de pouvoir ressortir. Puis sûrement le milieu ou la fin de la semaine suivante pour avoir les résultats du contrôle. J'avais intérêt à la jouer profil bas d'ici là... Mais, je voulais y croire...
Le soir même, Aline qui avait mal répondu au moment du dessert, a été sortie de table par Maman qui l'a emmenée dans la chambre des petites et lui a flanqué une fessée que nous avons bien entendue depuis le rez-de-chaussée. Une déculottée certainement, même si nous n'en fûmes pas témoins.
Quand je suis remontée plus tard, Aline était en pleurs dans son lit serrant son traversin comme pour se consoler. Elle grogna en me voyant l'observer, mais c'était une petite revanche pour moi.
J'avais bien dans la tête que je n'étais pas à l'abri d'une nouvelle fessée si ma note était mauvaise, mais ce petit événement au détriment d'Aline, faisait que la dernière déculottée n'était plus moi, et je m'accrochais à l'idée que c'était un bon présage...
Je ne le saurais que dans une semaine environ...
A SUIVRE