Des cauchemars, oui, j'en ai fait durant cette nuit, me réveillant au moins à deux reprises, m'asseyant dans mon lit, les mains moites, en nage, ne sachant plus trop où j'étais, puisque sortant d'un rêve noir, ou plutôt rouge écarlate pour une part de mon anatomie...
Il me fallait alors quelques instants pour revenir à la réalité, rassurée par le silence qui régnait dans la maison, où tout le monde dormait.
Je m'étais réveillée au moins à deux reprises,
angoissée par des cauchemars qui tournaient autour
des mêmes scènes, me replongeant sur les genoux maternels...
Je pouvais alors chasser les images qui me trottaient dans la tête et me rallonger pour retrouver le sommeil. Heureusement, épuisée par cette journée à rebondissement, et bien calmée par les traitements maternels, je me rendormis assez vite à chaque fois.
Ce fut d'ailleurs Maman qui vint me réveiller à dix heures le lendemain matin, ouvrant fenêtre et volets, alors que je dormais encore. Mes soeurs étaient déjà levées et terminaient leur petit-déjeuner, quand je les rejoins, encore un peu dans le brouillard, après avoir enfilé ma robe de chambre sur mon pyjama.
Je n'avais rien entendu du lever familial, preuve s'il en est que je dormais profondément, ma fin de nuit ayant d'ailleurs été plus calme sur le plan des cauchemars...
Aline et Diane me scrutaient attentivement, curieuses de voir comment étaient leur grande soeur au lendemain d'une triple déculottée... Mais, je restai concentrée sur mon bol de chocolat et mes tartines, n'ayant pas envie de connaître le fond de la pensée de mes soeurettes, ni subir leurs moqueries.
Le petit-déjeuner avalé, je remontai, croisant Maman dans le couloir. "Fais ta toilette et habille-toi. Ne traine pas, tu sais que nous allons à la messe de 11 h, puis déjeuner chez Mamie. J'ai préparé tes affaires sur ta chaise".
Je repensai alors à la jupe plissée que Maman m'avait achetée la veille, et qui avait engendré une part de l'énervement maternel... Mais, surprise, c'était la robe d'été que Tata m'avait offerte qui était en évidence sur la chaise, avec mes habits du jour.
J'hésitai même en la voyant, me rappelant ce que Maman avait dit la veille au soir. J'allai lui demander pour en être sûre. Elle répondit avec un petit sourire : "Bah, alors, maintenant, tu veux mettre la jupe plissée. Ne t'inquiète pas, tu la mettras pour aller au collège. Aujourd'hui, j'ai pensé que cela ferait plaisir à Tata Jacqueline que tu portes la robe qu'elle t'a offerte, puisqu'elle déjeune aussi chez Mamie".
Je retournai dans ma chambre, moitié contente de mettre la robe d'été, moitié chagrine de savoir que je porterais la jupe plissée pour aller en cours... Mais, à chaque jour suffit sa peine, comme on dit...
En m'habillant, je pus constater en regardant un instant dans la glace mon bas du dos, qu'il n'y avait plus trace aucune des fessées de la veille.
En m'habillant, je regardai un instant mon bas du dos dans la glace...
Il n'y avait plus trace des fessées de la veille...
Je cachai vite ma lune blanche, comme si la vision de mes fesses me faisait penser qu'elles étaient prêtes pour une future déculottée...
Mais, elles étaient bien dans ma mémoire, et je m'habillai vite pour cacher cette vue qui me rappelait trop de mauvais souvenirs... Peu après, j'étais donc prête à l'heure pour aller à la messe, assez fière de ma tenue, mais espérant toutefois ne pas faire trop de rencontres sur le chemin ou à l'issue de l'office, dans une paroisse où tout le monde se connaissait un tant soit peu...
Mes prières secrètes furent exaucées, puisque nous ne croisâmes aucune camarade de classe, ni parents sur le trajet, ni à la sortie de l'église.
Les seules personnes proches que nous rencontrâmes furent la voisine et sa fille, qui sortaient alors que nous retournions à la maison pour prendre le gâteau préparé par Maman, avant de nous rendre chez Mamie.
Les deux mères se saluèrent, et la voisine crut bon de faire à nouveau allusion à l'épisode de la veille, en disant : "J'espère que vous allez passer un bon dimanche en famille, plus calme que la journée d'hier... Vous savez, Mme Spaak, quand j'y repense, je suis vraiment désolée de vous avoir dérangée hier au mauvais moment".
Maman rassura la voisine, avec une formule qui ne me plut guère : "Mais, non, voyons, ce n'est rien. Vous ne pouviez pas savoir. D'ailleurs, je peux bien vous dire que si vous étiez venue hier soir, vous auriez pu encore mal tomber, puisque ma chère Christine s'est montrée infernale toute la journée, et s'est retrouvée à nouveau sur mes genoux avant le dîner pour une nouvelle fessée bien méritée..."
La voisine fit de grands yeux, tout en me regardant avec un petit sourire, et commenta : "Eh bien, ce n'était vraiment pas son jour à votre grande fille. Mais, vous avez sûrement raison de ne pas vous laisser déborder par vos enfants. Il faut juste espérer que cela lui servira de leçon, et qu'elle sera plus sage un bon moment".
Maman rétorqua : "Oui, j'espère bien que ma grande a compris. D'ailleurs, elles sont bien calmes toutes les trois ce matin. Elles savent bien, exemple de Christine à l'appui, qu'il ne faut jamais défier sa maman..."
La voisine et sa fille avaient accueilli les confidences maternelles
avec un étonnement plutôt amusé...
Il faut dire que l'anecdote de l'irruption de la voisine,
et la nouvelle scène du soir pouvaient prêter à quelques moqueries...
Les voyant repartir en riant, je ne m'en sentais que plus honteuse...
La conversation s'arrêta là, à mon grand soulagement, car je sentais bien que mes malheurs amusaient plutôt la fille de la voisine, dont je fis en sorte de croiser le moins possible le regard curieux.
Il était temps de nous rendre chez Mamie, qui nous attendait pour le déjeuner dominical. Nous prîmes l'apéritif au salon, avec jus d'orange pour les filles, et des petits feuilletés faits maison, en attendant Tata qui n'allait pas tarder.
La conversation tourna vite sur les enfants et Mamie fit des compliments sur ma robe : "Tu fais très petite demoiselle, ma chérie. C'est vrai que tu grandis de plus en plus". Cela me fit plaisir, mais Maman rectifia : "Oui, Christine grandit, mais plus en taille qu'en sagesse, hélas..."
Mamie ne manqua pas de demander pourquoi, et Maman expliqua : "Non seulement, elle fait encore des exploits en classe, en ramenant une fois de plus des heures de colle, mais elle se montre ensuite pénible, désobéissante et maladroite... Ce qui fait que j'ai dû sévir deux fois dans la même journée..."
Je baissai la tête et ne rétorquai rien, espérant que la conversation s'arrêterait là. Mais Mamie se mit à me plaindre : "Oh, ma pauvre Christine, quand même, ça me fait toujours de la peine de savoir que Maman te gronde..."
Maman tint à préciser : "Ce n'est pas non plus de gaité de coeur que je la punis, mais Christine n'a qu'à s'en prendre à elle-même... Elle savait bien que ses heures de colle allaient lui valoir une bonne fessée, mais Mademoiselle n'a pas été calmée pour autant, et j'ai dû lui flanquer une autre fessée après qu'elle ait cassé quatre verres."
On changea de sujet ensuite, mais je n'en avais pas fini avec les moments de gêne, puisque l'arrivée de Tata Jacqueline, un quart d'heure plus tard, remit mes exploits sur le tapis.
Mamie me plaint, n'aimant pas savoir que j'avais été punie...
Ses compliments sur sa petite fille qui grandissait vite,
lui valurent en retour le récit de mes exploits
et de leur traitement cuisant à la manière maternelle...
Tata aussi me fit des compliments, contente de me voir porter la robe qu'elle m'avait offerte.
Je la remerciai chaleureusement et elle me serra dans ses bras, en ajoutant : "Tu sais, cela m'a fait plaisir de te faire ce petit cadeau. Et si elle te plait vraiment, j'en suis ravie. C'est un peu de baume au coeur, surtout dans une journée qui avait bien mal commencé, n'est-ce pas ma chérie ?"
Tata avait dit cela d'un ton légèrement taquin, ne se doutant pas de ce que sa soeur, Maman, allait répliquer : "Oui, elle avait en effet mal commencé pour Christine, mais ce que tu ne sais pas c'est qu'elle s'est achevée de la même manière..."
Tata écarquilla les yeux, et m'interrogea : "Non, mais, Christine, c'est vrai ça ? Je t'avais pourtant conseillé de te calmer et de ne pas chercher les ennuis. Oh, ma pauvre chérie..."
Je sentis des larmes me monter aux yeux, et je sanglotai : "Oui, Tata, je sais, je sais..."
Tata était toute en compassion : "Ma pauvre chérie, ma pauvre chérie, ça n'a pas dû être drôle. Je plains tes petites fesses... Ma pauvre bichette."
Maman reprit sa soeur, tenant à se justifier : "Ta pauvre bichette n'a eu que ce qu'elle méritait... Si elle n'avait pas été insupportable et maladroite, je n'aurais pas eu à lui rougir les fesses à nouveau... Tu as vu toi-même dans le magasin et au moment des essayages comment ta nièce était énervée. Elle a continué jusqu'au soir, alors cette nouvelle déculottée, elle l'a bien cherchée... Je pense même que j'ai été bien patiente et que j'aurais dû agir bien plus tôt dans l'après-midi..."
Tata aussi voulut me consoler, mais me rappela aussi
qu'elle m'avait avertie du danger encouru de par mon attitude...
Même compatissante, elle ne pouvait qu'admettre
que la dernière fessée était sûrement méritée...
Mamie demanda à ce que l'on passe à table, ne souhaitant guère que l'on poursuive sur le sujet... J'avais eu comme l'appétit coupé par ce rappel à répétition de mes déculottées de la veille, mais je fus la première à rejoindre la table familiale, histoire de changer de thèmes de discussion. De fait, pour mon plus grand soulagement, le sujet ne fut plus abordé de tout le repas.
La seule alerte fut lors d'une petite promenade digestive en famille au parc voisin, quand Diane fit un caprice pour avoir une glace, alors que nous étions sortis de table depuis moins d'une heure. Maman empêcha Mamie, qui était prête à lui céder, de lui acheter ce qu'elle voulait, et elle leva la main, paume ouverte, d'un geste menaçant, en disant : "Attention à toi, Diane, tu sais ce qui est arrivée hier à ta grande soeur... Alors, plus un mot, si tu ne veux pas que je m'occupe de tes fesses de la même manière, tout à l'heure en rentrant à la maison."
L'avertissement fit son effet puisque Diane n'insista pas. Mais, de mon côté, j'avais senti mon coeur accélérer... La tirade de Maman m'avait fait rougir. La marchande de glaces et les trois personnes qui faisaient la queue devant son stand, avaient en effet assisté à la scène et entendu la menace maternelle.
J'avais l'impression que leurs regards avaient convergé vers moi, vers la seule qui pouvait être "la grande soeur", et dont ils venaient d'apprendre que sa mère s'était donc "occupée" de ses "fesses" la veille. Je me sentais honteuse rien qu'à penser qu'ils m'imaginaient les fesses à l'air sur les genoux maternels...
Bien sûr, la menace d'une fessée était adressée à Diane,
qui faisait un caprice au parc... Mais, Maman l'avait accompagnée
d'un rappel explicite de ce qu'avait reçu son ainée la veille...
Le regard que me portait la marchande de glaces, comme les trois clients
qui faisaient la queue, m'avait fait rougir...
J'avais l'impression qu'ils m'imaginaient offrant mes fesses déculottées
à la claquée maternelle...
J'essayai de ne plus être obnubilée par cette pensée et me mis à taquiner Tata qui fut très complice avec moi et m'aida à oublier mes angoisses.
J'avais envie de changer mes idées, tout comme je n'avais aucune envie de commencer à me dire que le lendemain matin, j'allais retrouver les bancs de ma classe au collège...
A SUIVRE