dimanche 31 mars 2013

Chronique d'un redoublement : 58. Un peu plus de raison, mais le naturel revient vite... Et les conséquences fessières aussi !

SUITE 57

Cette fessée reçue, au coucher, dans l'intimité (relative certes sur le plan sonore...) de ma chambre, allait pour ainsi dire "marquer le style" de relations conflictuelles entre Maman et moi durant cette année de redoublement.

Si j'ai tenu à disséquer en détail les événements depuis l'annonce du redoublement, à la fin de ma première Cinquième, jusqu'à ces premiers mois de cette seconde année dans la même classe, c'est pour bien faire comprendre l'aspect psychologique et la manière dont Maman poursuivait la même logique, en étant persuadée de bien faire. Et, d'ailleurs, force est de constater que la méthode portait ses fruits, puisque cette année fut globalement plus calme, et qu'elle s'acheva par un passage en Quatrième, plutôt bien classée en la plupart des matières, avec des appréciations encourageantes, même si les rapports avec un ou deux profs étaient restés tendus et m'avaient encore valu divers déboires...

Mais, comme il convient d'avancer, pour ne pas donner l'impression de me répéter trop, je passerai certains épisodes, ou ne les évoquerai que rapidement, pour m'étendre plus sur quelques faits plus marquants ou significatifs de cette année-là.

Comme je l'ai déjà dit, après une Sixième qui m'avait vue "profiter" de l'impression de liberté que procure la multiplicité des profs, et la possibilité d'en "jouer", et où Maman avait dû "reprendre la main" à sa manière, puis une Cinquième, où la situation s'était empirée, amenant Maman à ne rien lâcher et à multiplier les "explications" avec sa fille, cette année de redoublement ne pouvait qu'être plus "calme" du point de vue de ma lune, si je peux parler ainsi...

Et, fait certain et fortement apprécié par Maman, la fessée faisait son effet, me calmant, m'amenant à travailler mieux, dans l'idée de montrer à Maman qu'elle avait tort, que je n'étais pas une fainéante, alors qu'elle, au contraire, se disait qu'elle avait eu bien raison, puisque les résultats suivaient... Sans parler du fait qu'une fessée de l'ainée impressionnait mes soeurettes et avait tendance à interagir sur toute la petite famille.

Comme j'avais donc moins d'occasions de déclencher les foudres maternelles, comme je ramenais aussi des notes globalement plus satisfaisantes, les scènes d'anthologie ou disons les grandes démonstrations, furent relativement rares pendant cette année. même si j'en conterai quelques unes.

Mais, moins de tannées spectaculaires ne signifiait pas un retour au laxisme maternel... Et, jamais, il n'y eut de fessée bâclée, ni surtout de fessée méritée non donnée... Etait-ce parce qu'en grandissant, je pouvais prendre conscience que mes manoeuvres et mensonges cherchant à échapper à l'inéluctable étaient vaines,  toujours est-il que je savais clairement ce qui m'attendait quand je franchissais certaines lignes, et que je cherchais plus alors à ne pas aggraver mon cas, qu'à tenter l'impossible. Comme si, dans ma tête, je me disais : "Ne tente pas le diable, Christine, mieux vaut peut-être une fessée ce soir dans ta chambre, qu'un mensonge et deux jours de répit qui risquent de te valoir au final une déculottée devant tes soeurs..."

Je n'en étais pourtant pas, et n'ai jamais pu en arriver à une véritable "acceptation" de la sanction, mais il y avait un peu plus de raison dans mon attitude. 

Cela tenait aussi au fait que Maman ne déviait nullement de sa méthode et que toute discussion n'était que temps perdu, même si, à chaque fois, je cherchais des arguments, je plaidais ma cause, je promettais monts et merveilles...

Mais, quoi qu'il en soit, si j'avais récolté un zéro, ou repris deux heures de colle, ou si un prof s'était plaint de moi, je pouvais deviner que le soir même, au moment du coucher, l'esprit débarrassée de toutes les autres tâches éducatives ou ménagères, Maman tiendrait sa promesse, et m'appliquerait la "bonne" fessée qui transformerait ma lune en mappemonde écarlate et me ferait pleurer toutes les larmes de mon corps.

Heureusement, cette seconde Cinquième était plus aisée que la première et moins propice aux plongées en travers des genoux maternels. D'ailleurs, je me tins à carreau trois bonnes semaines après cette fessée pour la colle en anglais. Aline, pour un devoir fait en dépit du bon sens, et Diane, pour un caprice doublé d'un début de colère, avaient entre temps pu tester l'efficacité de la dextre maternelle, chacune par une fessée sur le champ, sans fioritures, mais qui remettait un tant soit peu les pendules à l'heure. 

 J'avoue qu'entendre depuis ma chambre, Aline et, le lendemain, Diane,
piailler sous la dextre maternelle, me paraissait comme une sorte
de consolation, même si je me rendais compte 
de la manière dont on entendait bien...

Alors, comme nous étions à une semaine des vacances de Noël, et que je commençais à rêver d'y arriver sans encombre, mon naturel joueur reprit un peu le dessus. J'eus une alerte en cours d'anglais, la prof me surprenant à rêvasser, mais comme je savais ma leçon et pus répéter ce qu'elle venait de dire, j'eus droit seulement à un : "Vous avez de la chance, Christine, mais que je ne vous y reprenne plus. Je ne voudrais pas une fois de plus être obligée de vous coller..."

Connaissant Mlle Paule, je savais que je n'étais pas passée loin, d'une nouvelle colle, et donc de ce que cela m'aurait valu à coup sûr à la maison...
J'étais donc heureuse que l'heure se termine sans incident, ce qui me fit aborder le cours suivant, celui de français où j'étais plutôt bonne élève (quand je voulais...) avec un esprit très guilleret !

Tellement guilleret que, lorsque l'une de mes camarades de classe que je n'appréciais guère, appelée au tableau par la prof, s'étala de tout son long dans la rangée après avoir buté contre un cartable, sa jupe remontant pour montrer une culotte rose qui faisait très gamine, je me mis comme toute la classe à éclater de rire. 
 
La prof demanda le silence pendant que l'élève se relevait et rajustait sa tenue, penaude, avant d'entendre lui asséner : "Mlle Pariset, pour vous apprendre à regarder où vous marchez, vous me ferez deux heures de colle".

Sans être méchante, cette nouvelle me plaisait plutôt, et j'en ris avec un certain plaisir, la fautive n'étant pas de mes amies, et du genre pimbêche. La prof remarquant que je souriais largement me lança : "Si cela vous fait rire, Christine, je peux vous mettre aussi deux heures de colle". 
La phrase me fit sursauter. Oh, non, c'était trop bête, je n'allais pas me retrouver collée pour si peu, et la seule évocation de cette possibilité fit naître une angoisse liée à ce que deux heures de colle auraient signifié aussi pour moi... J'en frissonnais presque du bas du dos...
Je me figeai donc d'un coup et, au lieu de faire profil bas, tellement apeurée qu'elle puisse mettre ses menaces à exécution, je tentai maladroitement de me justifier en expliquant : "Oh, non, c'est pas pour la colle que je riais, c'est, euh, c'est parce qu'elle est, euh, elle est tombée par terre, euh".




J'avais une telle trouille d'être à nouveau collée
que je balbutiai mes explications, 
affichant une mine défaite qui fit rire toute la classe


Comme ma phrase peu rassurée fit rire toute la classe, la prof dut redemander le silence, et ajouta : "Bon, eh bien, au lieu de deux heures de colle, Christine, vous me copierez cent fois : je ne dois pas me moquer de mes camarades de classe".
Je balbutiai : "Oui, Madame", presque contente d'avoir échappé pour la seconde fois dans lla même matinée à une colle. Mais, je compris vite que j'étais quand même dans de beaux draps, quand la prof rajouta : "Vous me faites ça pour le prochain cours, donc demain matin, Christine. Et, bien sûr, vous le faites signer à la maison, c'est bien compris ?"

D'un seul coup, au lieu de la colle évitée deux fois, j'héritais de cent lignes, mais surtout de cent lignes à faire signer... 
Je n'avais pas besoin que l'on me fasse un dessin. Dans ma tête, la petite voix me disait : "J'en connais une à qui cela ne va pas plaire du tout. Ce n'est peut-être pas une colle, mais le libellé des cent lignes ne passera pas... Ma pauvre Christine, il n'y a pas de doute : cela pourrait bien chauffer pour ton matricule..."      

En tout cas, en revenant à midi vers la maison, j'en connais une qui n'avait pas la démarche assurée et qui commençait à se faire du mouron....

J'ai hésité à me confier à midi, et Maman a bien vite capté que quelque chose n'allait pas : "Tu as quelque chose à me dire, Christine ? Je n'aime pas quand je te vois comme ça. Ne me dis pas que tu as eu une mauvaise note ou que tu as été collée ?"

Je n'allais surtout pas dire que j'avais failli être collée à deux reprises dans la matinée. Et je m'en sortis en jouant l'innocente, pouvant affirmer : "Mais, non, Maman, non, je n'ai pas été collée, promis, promis". Et je tentai de noyer le poisson en ajoutant que j'avais "un devoir supplémentaire à faire en français", pour expliquer pourquoi je faisais grise mine.

Maman n'avait pas demandé à en savoir plus, et avait rétorqué : "Eh bien, au moins tu auras du travail à faire ce soir. Redoubler, ce n'est pas une partie de plaisir, et je trouve que tu vas un peu dans la facilité, et ne fais pas guère d'efforts ces jours-ci. Je ne voudrais pas avoir à te le faire comprendre autrement, si tu vois ce que je veux dire..."  Elle avait assorti cette dernière phrase d'un geste de la main, la paume ouverte et menaçante qui n'avait pas besoin de décodeur... 

Et, c'est vrai qu'après trois bonnes semaines de calme, j'avais eu tendance ces derniers jours à me la couler douce, commençant à faire naître des reproches maternels encore bénins, mais qui, ajoutés à la découverte des cent lignes à copier et à faire signer, risquaient de "faire déborder le vase" !

De retour au collège, l'après-midi, je me tins à carreau, n'ayant guère envie de jouer avec mes camarades, et m'isolant durant la récréation, pensive et inquiète. J'espérais que le cours de maths allait m'apporter du réconfort, avec le retour des copies du dernier contrôle. Mais, au lieu de la bonne note que je pensais avoir, une ou deux étourderies dans les exercices, l'avaient faite baisser...
11,5 sur 20, c'était au dessus de la moyenne, mais comme c'était une matière où j'avais plutôt entre 12 et 15, je n'allais pas pouvoir m'en vanter pour amadouer Maman. D'autant qu'en marge de la copie, la petite annotation de la prof : "Passable, mais j'attends mieux d'une redoublante"  n'était pas du genre à m'aider. Bien au contraire...


Le moral était bien bas en rentrant à la maison,
une petite voix intérieure me murmurant
que j'allais devoir préparer mes fesses...




Plus encore qu'à midi, le chemin vers la maison raviva mes angoisses. La petite voix dans ma tête n'employait même plus le conditionnel et semblait me dire que j'avais eu de la chance de ne pas être collée en prime, que cela faisait plus de trois semaines que je n'avais pas eu affaire à Maman, bref, elle me jouait la scène presque fataliste, comme si elle me disait : "Ne te fais pas d'illusions, Christine, tu serais déçue. Allez, ton compte est bon : prépare tes fesses, ma grande, prépare tes fesses !"

Seul avantage de la situation du jour : il n'y avait pas à craindre d'arrivée de courrier, pas de bulletin de colle dans la boite aux lettres, et donc pas d'enveloppe du collège trônant sur le meuble de l'entrée ou sur la table de la cuisine, et qui équivalait à une sorte de "bon pour une fessée" à recevoir le jour même...

Même s'il n'y avait pas cette enveloppe, l'ambiance n'était pas des plus détendues à la maison. Maman haussait le ton vis à vis de mes soeurs pour divers motifs bénins, mais qui n'aidaient pas à la détendre. De petits détails certes, mais qui donnaient une atmosphère légèrement électrique n'arrangeant pas mes affaires...

Je pris mon goûter et montai dans ma chambre en disant que j'allais faire mes devoirs. Maman m'encouragea et me dit qu'elle viendrait contrôler mon travail avant le dîner. Enfin, quand je dis "m'encouragea", ce n'était pas : "C'est bien, va travailler, ma chérie, je viendrai regarder tes devoirs et te faire réciter" ce qui aurait été positif, mais c'était : "Oui, allez, file, et applique toi. Je viendrai vérifier ton travail, tu as intérêt à ce que je n'ai rien à redire" qui, avouez-le, n'était pas vraiment de l'encouragement, et prenait déjà l'allure d'un "Gare à tes fesses, si ça ne me convient pas".


J'avais deux exercices d'anglais et je m'appliquai comme rarement sachant que Maman vérifiait particulièrement les devoirs donnés par Mlle Paule. J'appris ma leçon de géographie là encore avec toute mon application, ne voulant pas ajouter le moindre grief supplémentaire à ce qui allait m'être reproché...







 Je commençai à écrire mes cent lignes, la gorge nouée,
sachant qu'il allait bientôt falloir avouer cette punition,
et surtout affronter la réaction maternelle...


Et puis, leçon et devoir achevés, assise sur mon lit, je pris une grande copie double, inscris mon nom et ma classe en haut dans la marge et me mis à écrire mes cent lignes. Je commençai par numéroter les lignes, de 1 à 100, ce qui remplissait les quatre côtés, à raison de 25 lignes par page. Et puis, je complétai une à une les lignes par : "Je ne dois pas me moquer de mes camarades de classe".


C'était long et fastidieux, et j'avais surtout la gorge nouée et les yeux embués, consciente que le moment de vérité allait arriver... 

L'heure du dîner approchait, et j'en étais à la fin de la troisième page, quand Maman monta. Elle entrouvrit ma porte en demandant si j'avais fini. Je répondis que "presque", et elle trouva que j'étais bien longue ce soir. Je rétorquai : "Ce sera bientôt fini. J'ai fait mon exercice d'anglais, tu peux vérifier, et je sais ma leçon de géo par coeur. Il y a juste le, euh, le devoir supplémentaire de français que je n'ai pas terminé".
En disant cela, j'avais, en me penchant, posé le coude et l'avant-bras sur ma copie pour ne pas la montrer tout de suite. Mais, en ces moments particuliers, je ne devais pas être bonne comédienne, ou Maman avait un sixième sens, et elle devina mon trouble...
Elle s'avança et, sans dire un mot, prit la copie double, la regarda les yeux écarquillés, et avala sa salive comme sur le coup d'une stupéfaction : "Mais, je rêve, Christine, qu'est-ce que c'est que ça ? Une punition ? C'est cela ton fameux "devoir supplémentaire" ? Ah, je me doutais bien qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas !"



 La réaction de Maman ne s'était pas faite attendre...
Elle avait bien senti que quelque chose n'allait pas,
et que je lui cachais depuis ce matin...

Le ton était monté dès les premiers mots. Je baissai le regard et reniflai, sentant les larmes monter : "Mais, Maman, c'est juste cent lignes pour la prof de français. Snif, snif, C'est parce que, euh, on a rigolé quand Emilie est tombée par terre dans la classe. Mais, euh, M'man, c'est juste des lignes, c'est pas une colle, tu sais. Emilie, elle, elle a eu deux heures de colle, mais pas moi, M'man, pas moi. C'est juste une punition à rendre pour demain".

Maman était déjà montée sur ses grands chevaux : "Pas collée, pas collée, Christine, heureusement que tu ne l'as pas été, en plus. Non, mais, je rêve, tu veux peut-être que je te félicite parce que tu n'as pas été collée ? Tout ce que je vois, Christine, c'est qu'une fois encore, tu t'es distinguée en classe. En rigolant, en te moquant des malheurs d'une camarade, mais ce n'est pas possible, Christine, quand décideras-tu d'être sérieuse, attentive en classe, au lieu d'amuser la galerie ? Tu cherches vraiment les ennuis, ma fille, alors ne te plains pas quand ils arrivent... On va régler ça tout à l'heure..."

J'avais bien compris ce que cela voulait dire, même si les mots précis n'avaient pas été prononcés. Je n'étais évidemment pas étonnée, mais au moment où Maman sortait de ma chambre, en me disant qu'on "allait passer à table", et que je finirais mes cent lignes "après le dîner" et "avant qu'elle ne s'occupe" de moi, je tentai une ultime supplique : "Mais, Maman, je t'assure, je n'aurai pas d'heures de colle, c'est juste une punition, juste cent lignes à faire".

Ce à quoi, depuis le couloir, et à portée d'oreilles d'Aline et Diane, répliqua d'une voix claire et ferme : "Arrête donc d'user ta salive pour rien, Christine. Encore heureux que tu n'aies pas été collée, mais ce que je constate c'est que ma fille, au lieu de travailler, rigole et se moque de ses camarades, et qu'elle est punie par sa prof. C'est peut-être juste une punition, Christine, juste cent lignes, comme tu dis, mais ce qui va t'arriver aussi, c'est juste une fessée, Christine, oui, juste une fessée, mais juste une bonne fessée déculottée et bien méritée...."




Mes petites soeurs ne s'étaient pas faites prier pour descendre à table, et je dus affronter leurs regards qui pétillaient littéralement en me voyant les rejoindre, la mine déconfite, tête basse et pas rassurée pour un sou. Inutile de dire que le dîner ne fut pas des plus joyeux pour moi, et que, même si je savais que la suite ne serait pas glorieuse, j'avais surtout envie qu'il finisse vite et que je puisse retrouver ma chambre.


Les bras croisés, me toisant le regard exaspéré, 
Maman informa mes soeurs qui étaient déjà à table,
que je pouvais préparer mes fesses...
 
Maman n'en rajouta pas trop, tout un chacun ayant compris ce qui se profilait, mais elle ne manqua pas de confirmer ses intentions en expliquant à qui voulait l'entendre que "Christine a encore fait des siennes au collège", que "c'est inadmissible d'être dissipée en cours, surtout pour une redoublante,"  etc. Puis, en s'adressant à Aline et Diane de préciser : "Et comme votre grande soeur n'a toujours pas compris, je vais encore être obligée de lui donner une bonne fessée, et elle n'y coupera pas..."

J'ai encaissé sans broncher. La moindre objection n'aurait fait que relancer le débat. Je savais bien que mon sort était scellé. Ma dernière bouchée avalée, Maman m'envoya dans ma chambre, demandant à mes soeurs de l'aider à débarrasser : "Allez, file donc là-haut, en vitesse, Christine. On n'a pas de temps à perdre. Prends ta douche, et mets-toi en pyjama sans trainer. Il faut aussi que tu finisses tes cent lignes. Appelle-moi quand ce sera terminé..."

Même si j'avais conscience que l'escalier que je montais m'amenait au lieu de ma prochaine fessée, j'étais presque rassurée que cela doive se passer dans ma chambre, et surtout contente de m'éloigner de mes soeurs, dont le regard m'accompagnait avec insistance...

Pas question de trainer sous la douche. J'y serais peut-être restée trois jours durant, si cela avait pu différer d'autant ce qui m'attendait, mais je savais qu'abuser n'aurait rien arrangé. J'étais, de plus, mal à l'aise de me sentir nue, la lune à l'air, blanche, comme le reflétait la glace, appréciant le ruissellement doux de l'eau sur mon épiderme, mais imaginant déjà qu'un tout autre traitement lui était réservé...



Je ne restai pas longtemps sous la douche, 
pressée de vite cacher à nouveau mon bas du dos...

D'ailleurs, je me séchai juste en tamponnant la serviette éponge sur mon corps, sans frotter, comme pour éviter d'irriter ma peau.

Ma culotte de coton blanc, bien couvrante, mon pyjama molletonnée par dessus, le les enfilai sans plus attendre, avec l'impression de remettre à l'abri des surfaces que j'espérais (sans y croire vraiment) pouvoir cacher jusqu'au lendemain...

Quand je sortis de la salle de bain, les petites qui n'avaient plus qu'à se brosser les dents avant d'aller au lit, s'y engouffrèrent, les yeux brillants, et avec cet air de gamines jouant les petits anges, une attitude dont je n'étais pas dupe, et qu'elles prenaient ostensiblement dès qu'elles comprenaient qu'il y avait de l'orage dans l'air et qu'il allait tomber sur leur grande soeur...


Diane me regardait fuir vers ma chambre,
avec un petit sourire en coin,
qui me mettait plus que mal à l'aise...

Je m'enfermai dans ma chambre et repris l'écriture de mes cent lignes. Il m'en restait une trentaine, j'en étais à la fin de la troisième des quatre pages de mon pensum. 

71 : "Je ne dois pas me moquer de mes camarades de classe".
72 : "Je ne dois pas me moquer de mes camarades de classe".
73 : "Je ne dois pas me moquer de mes camarades de classe". 

C'était fastidieux, et j'avais envie d'arriver au bout, mais il y avait la petite phrase de Maman : "Appelle-moi quand ce sera terminé..." qui tournait dans ma tête et dont je savais fort bien qu'elle voulait dire en fait : "Appelle-moi quand ce sera terminé... que je te vienne te donner ta fessée ".  
Et, vu ainsi, la perspective d'avoir fini mes lignes m'enchantait moins...

Je ne pouvais pas non plus lambiner à l'excès, Maman sachant où j'en étais avant le dîner...
Bref, je pouvais juste "freiner" un peu, écrire lentement, avec l'impression que je "gagnais" du temps, que je retardais l'échéance fatale... Mais, de fait, à chaque ligne, à chaque instant, je pensais à la fessée prochaine, et cette façon de ralentir n'était qu'un faux bénéfice, puisqu'en réalité, je cultivais ainsi mon angoisse...

A 80 : "Je ne dois pas me moquer de mes camarades de classe", Maman a ouvert ma porte en me demandant si j'avais fini. J'ai répondu qu'il me restait "juste vingt lignes". Elle a répété que je devais l'appeler quand ce serait terminé. Dans ma tête est alors revenue son expression d'avant le diner me promettant "juste une fessée, juste une bonne fessée" ! Et j'eus un gros sanglot qui me monta à la gorge, et une larme qui s'échappa et vint tomber sur ma copie, faisant une tache en délavant l'encre bleu marine de mon stylo. 

Je cherchai un buvard et séchai la copie, tout en reniflant et m'essuyant la joue, en prenant sur moi pour retrouver mon calme, difficilement.

A côté, Maman avait couché les petites, qui n'avaient nullement rechigné, évidemment...  Elle avait ensuite rejoint la salle de bains, prenant du temps pour se démaquiller, pour souffler un peu. La maison était calme, si calme... J'avais l'impression, hormis des chuchotements imperceptibles venant de la chambre des petites, que le seul bruit de fond était mon stylo noircissant la copie, et ma respiration pas rassurée...

97 : "Je ne dois pas me moquer de mes camarades de classe".
98 : "Je ne dois pas me moquer de mes camarades de classe".
99 : "Je ne dois pas me moquer de mes camarades de classe".

Il ne me restait plus qu'une ligne, et j'hésitais à l'écrire. Je rêvassai ainsi, imaginant arrêter la pendule, durant deux ou trois minutes. Mais un "Christine... ? Tu en es où ?" me sortit de cet état. "Euh, j'écris la dernière ligne, M'man. Ca y est, je finis juste..."

Ce fichu adverbe de "juste" m'avait encore échappé, et si, heureusement, Maman ne le remarqua pas, et n'en joua pas à nouveau, son "J'arrive, Christine, j'arrive", sonnait pour moi comme un "Prépare tes fesses, je viens te donner ta fessée, juste une fessée, juste une bonne fessée".
Et je me doutais bien aussi que, dans la chambre d'à côté, ce "J'arrive, Christine, j'arrive", avait été interprété comme la sonnerie dans un théâtre avertit le public que la pièce va commencer....




 
Les dernières lignes avaient été éprouvantes à écrire.
Je ne pouvais m'empêcher qu'à l'issue de la centième,
c'est une fessée qui m'attendait...
 
Jetant un oeil pour vérifier que les petites étaient bien couchées, rangeant du linge dans son armoire, Maman se fit attendre, et n'arriva finalement que cinq bonnes minutes plus tard, comme pour jouer sur mon angoisse. Elle ne referma pas non plus la porte derrière elle, la laissant grande ouverte...

Maman vérifia mes cent lignes, notant que j'avais fait une tache en haut de la quatrième page. "Tu aurais pu éviter de tacher ta copie. Je ne vais pas te la faire refaire, mais c'est comme tout : Mademoiselle veut jouer les grandes, mais elle ne s'applique pas jusqu'au bout..."

J'esquissai un : "Maman, je ferai attention, je vais faire des efforts, promis",  qui la fit hausser des épaules, incrédule. "Oui, oui, c'est bien beau de toujours promettre, mais en attendant, assez parlé pour ne rien dire, nous avons un petit compte à régler, Christine... Allez, viens ici..."

Mon "Noooooon, Maman, noooon" avec des trémolos suppliants ne trouva aucun écho, et elle ne se fatigua même pas à répéter l'ordre en haussant le ton. Se relevant, elle vint me chercher, coincée que j'étais, le dos au mur du fond de ma chambre, où j'avais reculé comme au fond d'une impasse.



 
 
Dos au mur, tête basse, je ne pouvais plus reculer, sanglotant, 
sans attendrir Maman qui se leva pour venir me chercher... 

Maman me prit par le poignet et me tira jusqu'au bord du lit où elle s'assit avant de me basculer en travers de ses cuisses... 

Je résistai quelques secondes, par une sorte de réflexe de fierté, sans le moindre espoir réellement. L'une comme l'autre avons lutté presque sans dire un mot, Maman s'employant à bien me bloquer en position, à enlever ma main qui tentait de retarder l'échéance, avant enfin de baisser mon bas de pyjama, puis de faire glisser ma culotte presque jusqu'aux genoux...



S'arrêtant un instant comme pour vérifier que tout était en ordre, que la cible était parfaitement dégagée; que rien ne s'opposait à ce que justice maternelle soit faite, Maman respira longuement et commenta : "Eh bien, Christine, tu fais moins la fière, moins l'intéressante qu'en classe. Tu as de la chance que tes petites camarades ne te voient pas, la culotte baissée, allongée sur mes genoux, à attendre ta fessée... Oui, tu as de la chance, parce que ce n'est pas toi qui te moqueraient d'elles, mais elles qui riraient de toi..." Des petites phrases qu'Aline et Diane devaient entendre avec un malin plaisir...


 
 Après avoir baissé ma culotte et bien dégagé ma lune encore blanche,
Maman me sermonna encore, me faisant ressentir la honte
de me trouver dans cette position 
prête à recevoir la fessée promise et bien méritée...


Je sanglotai avant même la première claque. De honte et de peur mêlées. Bien bloquée, impuissante, la lune blanche et totalement exposée,  je savais le temps venu, la promesse maternelle allait prendre corps, il ne manquait que "juste une fessée, juste une bonne fessée".

Et l'averse tomba, dégelée méthodique d'abord, comme trois semaines et demie plus tôt. Ni plus, et surtout ni moins... 

Je le ressentais une fois encore, c'était "la" fessée de Maman, la fessée non bâclée, la fessée appliquée, volontaire, méthodique, la tannée méritée, la volée promise, la déculottée exemplaire...

"Tiens, Christine, tiens... Cela t'apprendra à te moquer de tes camarades, à être dissipée en classe, au lieu de travailler... Ce n'est pas possible... Il y a des moments où l'on se demande quel âge tu as... Quand est-ce que tu comprendras à la fin ? Mais, crois-moi, Christine, ce n'est pas moi qui céderai... Et tu peux préparer tes fesses si tu recommences... Puisqu'il n'y a que cela que tu comprennes... la fessée, la bonne fessée... Ah, crois-moi, Christine, si tu la cherches, tu la trouveras, ma fille, tu la trouveras..."




 Appliquée et méthodique, la fessée maternelle était un modèle du genre,
jamais bâclée, efficace, elle transformait ma lune en brasier,
m'arrachant des cris et des pleurs que je ne pouvais plus retenir...


Le discours était lui aussi bien rodée, avec ses pauses, ses respirations, pour une fessée orchestrée de main de maître. 
Oui, une "bonne" fessée, car il n'y avait pas de "petite" fessée, une fois étalée sur les genoux de Maman, du moins pour son ainée bien sûr.
Je savais que son bras ne faiblirait pas, que la dextre maternelle n'aurait de cesse que lorsque ma lune serait écarlate et pleinement, méticuleusement, sans en oublier les moindres centimètres carrés.

Je savais que la fessée maternelle faisait mal et ferait mal jusqu'à l'ultime claque, et que protester ne servait à rien, voire à aggraver mon cas... Mais, je ne pouvais m'empêcher de psalmodier des dénégations, des promesses d'être sages, des supplications, même si, à l'évidence, je n'engageais pas l'épreuve de force, ni ne me débattais comme si l'on m'avait égorgée. Il y avait ainsi une sorte d'acceptation, ne pouvant faire autrement, et ne pouvant prétendre réellement que je n'avais pas été prévenue, que je ne savais pas ce qui m'attendait, que je ne la méritais pas, cette fessée, du moins selon les règles et usages de cette maison...

Maman ne se détournait pas de son devoir et peaufinait son oeuvre de cuisson des fesses de sa grande fille. Sans tenir compte de mes supplications, de mes "Non, non", de mes "Ca suffit, j'ai mal, je serai sage"
Elle s'en servait même parfois pour relancer son bras, pour distiller un commentaire, pour rabâcher encore des éléments de son sermon ou de sa démonstration, d'une voix assez haute pour que les oreilles de la pièce voisine l'enregistre bien...




Lorsque j'arrivais par instants à retenir mes pleurs,
j'avais l'impression que chaque claque qui tombait sur mes fesses
résonnait dans toute la maison... 

Cela calmait un instant mes propres implorations, mais si je réussissais à retenir mes cris, à serrer les dents, à faire silence, je n'entendais alors que le bruit mat des claques qui me semblait d'un seul coup assourdissant. Et je repartais dans mes sanglots, dans ma supplique, façon en quelque sorte de jouer mon rôle. Maman fessait et sermonnait, Christine pleurait et implorait, comme la chronique prévisible d'une fessée annoncée.

J'avais conscience que je n'avais, du point de vue du fonctionnement maternel, que ce que je méritais, que je n'en aurais ni plus ni moins, mais que plus j'avais mal, plus cela devenait insupportable et plus ma délivrance arrivait. L'accepter aurait-il permis de mieux supporter l'épreuve, d'encaisser l'orage ? C'est possible, mais telle n'était pas ma disposition d'esprit et, jusqu'au bout, la honte d'être ainsi exposée, la peur de la prochaine claque, l'anticipation de la prochaine douleur, du sanglot à venir, faisaient leur effet, celui de vivre pleinement cette épreuve.

Même si en la décrivant, en y repensant, en la remettant dans son contexte, ce n'était qu'une fessée de plus, qu'une bonne fessée de Maman, qui ne serait sûrement pas la dernière, sur l'instant, sous le feu d'une claquée magistrale rougissant une lune, ma lune, déculottée, exposée, sans protection aucune contre la (juste) colère maternelle, moi Christine, je pleurais et pleurais encore, me jurant en mon for intérieur de tout faire pour ne plus jamais la mériter... Ou du moins de tout faire pour que ce soit le plus tard possible...

C'est ce que j'avais en tête quand, enfin, la tannée s'arrêta. J'étais soulagée et épuisée à la fois. Maman me laissa seule, après m'avoir dit bonsoir et déposé un baiser rapide sur le front, sorte de signe d'absolution.


J'avais par réflexe, dès la fessée finie, remonté ma culotte, à la hâte, 
comme pour cacher une lune honteuse, mais, Maman étant partie,
je suis restée un moment avant de remonter mon pyjama, 
sentant sous ma main combien la fessée avait été magistrale et efficace...
 
Mes fesses écarlates me tinrent chaud un bon moment, m'incitant à rester dans le lit à plat ventre, ceinturant mon oreiller comme s'il pouvait me consoler en recueillant mes larmes qui s'écoulaient encore, mais calmement.
Je m'endormis avec tout cela dans la tête, dans le coeur, dans le corps, et ces sensations mêlées alimentèrent mes cauchemars.

Le lendemain matin, je filai droit, cherchant à ne pas me faire remarquer, à éviter tout sujet qui fâche, à fuir le regard ironique de mes soeurs qui, elles, avaient dormi comme des loirs.
Je dus quand même remettre le sujet sur le tapis, car Maman n'avait pas signé ma copie après l'avoir vérifiée.
Elle apposa son paraphe en soupirant, mais n'ajouta heureusement rien d'autre par écrit qu'un "Vu" avant sa signature...
Elle ne put tout de même s'empêcher de faire un dernier commentaire : "Bon, Christine, j'espère que tu as bien compris la leçon d'hier soir, n'est-ce-pas ?"
Je répondis bien sûr : "Oui, Maman, oui, je te le promets, j'ai compris."
Elle en haussa les épaules, ajoutant : "Oui, enfin, tes promesses, je les connais, ma fille... Tout ce que je peux te dire, c'est que tu n'as pas intérêt à recommencer à te faire remarquer en cours... Sinon, tu reprendras le même chemin qu'hier soir, Christine... Oui, sur mes genoux, pour une déculottée dont tu te souviendras longtemps..."

En repartant vers le collège, les menaces de Maman tournaient et retournaient dans ma tête. Mieux valait que je me tienne à carreau un bon moment, car je savais que les promesses maternelles étaient bien concrètes. Pour ne pas dire palpables, comme ma lune s'en souvenait encore le lendemain d'une fessée magistrale... 
A SUIVRE