jeudi 20 août 2015

Chronique d'un redoublement : 91. Ce qui c'était passé chez Babette et les raisons de son attitude

SUITE 90

Je me demandais bien pourquoi Babette avait adopté d'un seul coup cette attitude à mon égard. Même si je devinais aisément que la discussion entre Mme Vitez et Maman avait servi de déclencheur, de détonateur. Seulement, je ne savais pas exactement ce que la mère de Babette lui avait rapporté.

Dans mon imagination, le seul espoir était que Mme Vitez se soit convertie aux méthodes Spaak. J'y avais cru un instant, quand j'avais vu le regard noir de Babette en la retrouvant le lundi matin au collège.
Je me disais même que sa mauvaise note doublée d'un commentaire acerbe de la prof avait pu lui valoir un retour sur les genoux maternels, elle dont sa mère avouait qu'elle avait abandonné ce genre de sanction depuis la sortie du primaire.
Et, comme je l'ai dit précédemment, des images m'étaient venues à l'esprit, imaginant Marie-Elisabeth déculottée par Mme Vitez. Il est vrai que je n'avais aucun mal à imaginer la scène, puisque c'est ce qui me serait arrivée à coup sûr, si c'était moi qui avait ramené un carnet comme le sien à la maison...


Je me demandais le pourquoi de l'attitude de Babette...
J'en arrivais à espérer que sa mère se soit convertie
aux méthodes de la mienne...
J'imaginais aisément Mme Vitez lui régle son compte, comme Maman
aurait agi à coup sûr, si j'avais ramené le même carnet qu'elle...

De fait, cela ne s'était hélas (du moins pour moi) pas passé ainsi du tout, et j'en avais eu confirmation quelques jours plus tard, en écoutant à nouveau des confidences entre nos deux mères, qui se voyaient régulièrement dans la perspective du stand qu'elles allaient tenir à la kermesse des écoles.

Les premières allusions aux méthodes de Maman avaient été faites le soir même de la fameuse discussion des mères. Retrouvant sa fille à la maison, Mme Vitez lui fit remarquer qu'elle n'avait pas apprécié sa façon de lui répondre à la bibliothèque. Elle ajouta : "Tu as de la chance que je ne sois pas aussi sévère que Mme Spaak, sinon cela aurait bardé..." Babette avait haussé les épaules, plutôt incrédule... Sa mère lui avait alors lancé : "Tu ferais mieux de te méfier, tu sais, je ne plaisante pas et je pourrais revenir aux bonnes vieilles méthodes qui ont l'air de réussir avec ta copine Christine..."


Les menaces de Mme Vitez étaient explicites...
Babette n'en croyait pas ses oreilles...


Mme Vitez avait accompagné ces menaces d'un geste de la main, paume ouverte, qui évoquait au minimum des claques, et Marie-Elisabeth n'avait pas insisté. Mais, l'information n'était pas tombée dans l'oreille d'une sourde, bien décidée qu'elle était à chercher à en savoir plus, d'autant que Babette n'avait pas d'atomes crochus avec  moi, Christine, qui, forte de mon année d'avance, regardait un peu de haut les Sixième, avant que ces dernières ne me retrouvent comme redoublante de Cinquième...

Là où Babette en sut davantage sur les méthodes "spaakiennes", ce fut en ramenant son avant-dernier carnet de notes mensuel,  celui où j'avais décroché mon 16,5 en sciences naturelles et Babette un 3 sur 20, doublé d'une appréciation salée de la prof.

Mme Vitez découvrit ce résultat dont sa fille avait volontairement "oublié" de lui parler, sachant que le carnet arrivait et qu'il serait assez tôt pour pondre une explication à la gomme, et tenter de minimiser ce faux-pas.
La mère de Babette ne fut pas dupe des racontars de sa fille, ni du fait qu'elle n'avait, soit-disant, "pas pensé" à lui annoncer ce résultat trois ou quatre jours avant... 
Mme Vitez, énervée, avait lâché : "Franchement, tu cherches les ennuis, ma fille. Ne t'étonnes pas si tu es encore privée de télévision toute la semaine. Et je ne sais pas ce qui me retient de te flanquer une fessée en plus" !
Les derniers mots avaient résonné dans la pièce, comme un coup de canon. Mme Vitez s'était surprise elle-même, et elle regrettait presque ses paroles en voyant les yeux écarquillés de sa fille, incrédule. Elle hésita même quelques secondes, prête à faire machine arrière, prête à revenir sur ses menaces, ou à en ressortir par une pirouette...
Mais, alors que sa mère cherchait ses mots, Babette, elle, joua l'indignée au lieu de faire profil bas...
Elle rétorqua : "Pff, tu dis n'importe quoi. Ca va pas la tête ?"
C'en était trop, Mme Vitez ne pouvait laisser sa fille répondre ainsi, au risque de se faire marcher dessus à l'avenir. 
Elle cria : "Marie-Elisabeth !" le prénom entier qui accompagnait les échanges les plus sérieux. Sa fille releva la tête, lui faisant face, et Mme Vitez lui décocha un aller-retour de gifles cinglantes, là encore se surprenant elle-même.

Babette prit les claques sans avoir le temps de se protéger, d'autant qu'elle ne s'y attendait pas. Interloquée, le souffle coupé, elle éclata en sanglots et fila dans sa chambre sans demander son reste. Elle en referma même la porte en la claquant plus ou moins, ce que Mme Vitez décida d'ignorer, là où certainement une Maman Spaak aurait monté derrière sa fille pour corriger sur le champ ce geste d'humeur...


Giflée d'un aller retour sévère auquel elle ne s'attendait pas,
Babette en larmes s'était réfugiée dans sa chambre,
claquant la porte derrière elle, ce qu'une Maman Spaak n'aurait jamais
laissé faire, mais que Mme Vitez fit semblant de ne pas entendre,
déjà consciente d'avoir sévi plus que d'habitude...


Mais, déjà, pour la mère de Babette, ces deux claques lui semblaient un pas en avant dans la reprise en main de sa fille.

Cela avait en effet calmé, au moins le temps de la soirée, ma camarade de classe, qui était restée pleurer dans sa chambre, ne réapparaissant que lorsque sa mère l'avait appelée pour le dîner. Le sujet n'avait pas été abordé à table, Mme Vitez se félicitant de voir sa fille ne pas faire d'histoire.

C'est en venant lui dire bonsoir à l'heure du coucher, que mère et fille eurent une conversation à propos de ce qui s'était passé. Babette voulait se faire consoler, voire plaindre. Mme Vitez, même si elle se posait des questions au fond d'elle-même, garda ce cap de sévérité retrouvée, expliquant à sa fille : "Et si tu recommences, c'est de tes fesses que je pourrais m'occuper". On était déjà passé du futur au conditionnel, de la promesse à la possibilité, mais cela impressionna pourtant Babette qui protesta : "Même pas vrai, je suis trop grande !"

La réponse de sa mère allait indirectement me causer bien des soucis par ce qu'elle révélait à ma camarade de classe : "Trop grande, toi ? A ta place, je me méfierais. Ce n'est en tout cas pas ce que pense la maman de Christine, qui lui donne encore la fessée quand c'est nécessaire. Et à ce qu'elle dit, ce n'est pas si rare que ça..."
Babette, qui avait déjà eu vent de rumeurs de ce genre me concernant, continua à jouer les incrédules, histoire d'en savoir plus : "Tu dis ça pour me faire peur. Je suis sûre que tu exagères".  Alors Mme Vitez en rajouta, d'autant plus que, au fond d'elle-même, les méthodes de Mme Spaak sans aller jusqu'à justifier, minimisaient toutefois les gifles données à sa fille, et dont elle se demandait si elle avait eu ou non raison d'agir sur le coup de la colère.

Elle fut claire : "Non, je n'invente rien. Sa Maman me l'a dit devant elle et Christine ne l'a pas contredite. En tout cas, Mme Spaak ne laisse rien passer. Chaque colle ou chaque mauvaise note, et c'est la fessée. Apparemment, cela donne des résultats. Méfie-toi quand même, que je ne m'y mette pas à mon tour..."


Mme Vitez eut une longue discussion avec sa fille au moment du coucher,
justifiant sa sévérité revenue (mais relative) en confiant à Babette
ce qui se passait pour Christine et ses soeurs...
Autant de confidences qui ne tombèrent pas dans l'oreille d'une sourde...

Ne sachant pas si sa Maman était totalement déterminée, et échaudée par la paire de gifles reçue, Babette promit à sa mère de travailler, de ne plus répondre, etc., etc. 
Mme Vitez constata quand même avec intérêt que deux claques avaient suffi pour ramener sa fille à de meilleurs sentiments. Mais, en même temps, elle se sentait gênée d'avoir dû recourir à la force. Et c'est comme pour se justifier qu'elle avait bien expliqué à Babette que cela aurait pu être pire, détaillant l'exemple des méthodes de Mme Spaak pour faire comprendre qu'elle s'en sortait plutôt bien avec deux gifles, là où la mère de sa camarade n'aurait pas hésité à recourir à la fessée...
Vu du côté de Babette, dans son for intérieur, il était clair que c'était moi, Christine, qu'elle rendait quelque part responsable d'avoir déjà pris deux claques. et de s'être faite menacer de pire... 
Et c'est en y pensant, en imaginant comment Maman devait s'occuper de mes fesses, "à chaque mauvaise note, à chaque colle", comme Mme Vitez l'avait révélé, que Babette s'endormit, bien décidée à en savoir encore plus et à s'en servir pour se moquer de moi... 


Cela tourna longtemps dans la tête de Babette... Alors, Christine, celle qui 
jouait les grandes l'an passé, celle qui la prenait parfois de haut,
Mademoiselle Christine Spaak filait droit à la maison et, en plus,
elle récoltait une bonne fessée de sa Maman, "à chaque colle, 
à chaque mauvaise note" ! 
Babette imaginait le tableau et pensait déjà :
"Ah, quand les copines vont savoir ça..." !


A son tour donc, Babette pouvait imaginer comment on réglait le compte des indisciplinées ou des fainéantes dans la maison Spaak... A cette différence près que chez nous, ce n'était pas de l'imagination, mais bien notre lot au quotidien... Et Babette avait là bien des éléments pour me mettre plus que mal à l'aise... 


A SUIVRE 


jeudi 13 août 2015

Chronique d'un redoublement : 90. Les menaces persistantes entretiennent ma peur des moqueries des copines

SUITE 89

De retour à la maison, je reçus les encouragements de Maman suite à mon 14 sur 20 en géo, non sans, bien sûr, qu'elle ajoute ses commentaires : "Tu vois quand tu veux, Christine. Tu es sur la bonne voie. Tu n'as plus qu'à poursuivre ton effort jusqu'à la fin du mois, et tout ira bien".
J'allai dans son sens en promettant de bien travailler jusqu'au dernier jour, etc., etc.
Elle acquiesça : "Je ne demande qu'à le constater et j'en serais ravie. Sinon, tu sais ce qui t'attend, Christine, hein, tu n'as pas oublié, je pense..."
Je manifestai comme un geste d'humeur, répliquant un peu sèchement, en haussant les épaules : "Oui, je sais, je sais, pfff, c'est pas la peine de le répéter..."
Maman me lança un regard noir : "Baisse d'un ton, ma fille, que cela t'agace ou pas, les choses sont claires, je ne tolérerai aucun faux pas en ce dernier mois, et que cela te vexe ou pas, ce sera une déculottée maison autant de fois qu'il le faudra..."
Je détournai le regard et me gardai bien de répondre, si ce n'est d'une voix radoucie : "Oui, Maman, oui, je sais".
Elle parut rassurée : "Je préfère ce ton-là, Christine. Et je te conseillerais d'éviter de me répondre vivement, si tu ne veux pas revenir sur mes genoux plus rapidement que tu ne l'imagines..."


Maman n'avait pas apprécié ma réaction d'agacement,
et me menaça de me ramener au plus vite sur ses genoux
pour une nouvelle déculottée maison... 

Je fis amende honorable et tentai autant que possible de me calmer et de cacher mon trouble. Une fois encore, l'arrivée d'une (assez) bonne note me valait certes des encouragements, mais entrainait des commentaires et des promesses inquiétantes pour mon bas du dos...
Mais, il est vrai que j'avais réagi vivement, dans un contexte où tout ce qui touchait aux méthodes maternelles, était encore plus sensible depuis que je savais être l'objet de rumeurs et de moqueries au collège qui m'inquiétaient.
Toutefois, je n'allais pas dire à Maman le fond de ma pensée qui aurait été du genre : "Bien sûr que je vais essayer de faire le maximum pour ne pas donner cours à de nouvelles moqueries en classe. Mais, j'aurais moins d'ennuis si tu n'avais pas tout raconté à la mère de Babette..." De toute manière, une telle réflexion n'aurait pas été du goût de Maman, et je n'avais aucune envie de risquer de provoquer une réaction d'un genre que je voulais éviter absolument... 
En tout cas, quelque part, j'en voulais à Maman et j'avais du mal à cacher une certaine mauvaise humeur qui s'exprimait par une attitude renfrognée et plutôt fermée. Heureusement que le contexte était globalement positif, sinon je ne doute pas que Maman aurait certainement agi en disant : "Si tu continues à faire cette tête, je vais te donner une bonne raison de grogner, moi, en m'occupant de tes fesses..."


 J'étais agacée et renfrognée. Heureusement que le contexte
était plutôt positif, sinon je me doute bien que Maman 
m'aurait donné sur le champ une bonne raison de grogner...

Après un carnet de notes satisfaisant, puis une première note du mois encourageante, j'aurais pu commencer à respirer, à prendre confiance, à me dire qu'il ne restait plus que quatre semaines, que mon passage en quatrième ne devrait pas poser de problème, et donc que, même si c'était compréhensible que Maman veuille ne pas relâcher la pression avant la fin des cours, je n'avais pas trop à me faire de souci... Peut-être même, qu'avec un peu de chance, je terminerais l'année sans nouvelle déconvenue fessière...

Seulement, voilà, il y avait depuis lundi un gros sujet d'inquiétude qui me polluait les méninges, avec les moqueries de Babette et de Brigitte, qui en savaient donc, plus que je ne l'aurais souhaité, sur les méthodes maternelles employées dans la famille Spaak...


Je repensais sans arrêt aux réflexions de Babette et Brigitte,
ainsi qu'à leurs messes basses...
J'imaginais aisément qu'elles allaient chercher
à en savoir encore plus sur ce qui m'arrivait à la maison... 

Encore cela se serait-il concrétisé sous une forme de compassion, pour plaindre leur camarade subissant une éducation sévère, que j'aurais pu l'admettre. Cela avait été le cas, l'année précédente, quand mon amie d'alors, Anne, avait essayé de trouver les mots pour me consoler, même si elle cherchait aussi à en savoir plus sur ce qui m'arrivait... Présenté ainsi, comme en soutien moral, son appui m'avait fait du bien, et je m'étais plus facilement confiée à elle.

Non, là, et comme près d'un an et demi plus tôt, car c'était en fin de premier trimestre de ma "première" classe de Cinquième, quand je commençais vraiment à tenter d'échapper aux foudres maternelles, ce qui était insupportable pour ma fierté de pré-ado, c'était que des camarades fassent de ce qui m'arrivait à la maison des sujets de moquerie...

Il n'était nullement question de compassion, puisque Babette l'avait exprimé d'entrée en me rabaissant à un rôle de "gamine" qui reçoit "encore la fessée". Et je ne parle pas de la réflexion du surlendemain quand j'avais reçu une bonne note et qu'elle en avait conclu que je n'aurais donc pas "panpan cucul", expression ô combien infantilisante s'il en est...

Heureusement, dirais-je, que cela ne survenait pas à un de ces moments de mauvaise passe, de conflits fréquents avec Maman, mais cela n'en était pas moins gênant pour mon amour propre, pour ne pas dire humiliant.

Et voir que Babette et Brigitte avaient trouvé en la personne de Corinne quelqu'un susceptible d'alimenter et d'enrichir leur connaissance du sujet ne pouvait qu'entretenir mon inquiétude... J'avais trop en mémoire cet épisode où j'avais joué les malades imaginaires, trompant Maman quelques heures, avant finalement de ne récolter qu'une de mes plus magistrales déculottées, une fessée majuscule donnée devant mes soeurs, et dont la nouvelle et quelques détails avaient fait le tour de ma classe...

Alors, il fallait absolument que je me contrôle, que je fasse que mes peurs ne prennent pas le dessus et que je continue à être ainsi sur les nerfs et irritable facilement. La manière dont j'avais répondu à Maman en était une preuve, et aurait pu mal tourner pour moi en des périodes plus tendues entre elle et moi... 

Or, ce n'était vraiment pas le moment de risquer de faire des faux pas, de provoquer une réaction maternelle qui n'aurait fait d'ailleurs que donner raison à ce que Babette pouvait raconter...

Dans ce contexte, il est évident que j'eus une fois de plus du mal à m'endormir, et surtout à m'enlever de la tête des images entremêlant mes angoisses du jour, les dernières fessées reçues, et même des souvenirs de l'année précédente...


Dans ma tête, revenait cette histoire de l'année précédente,
cette fessée déculottée magistrale reçue devant mes soeurs,
et dont l'existence et bien des détails
avaient fait pour ma grande honte le tour de ma classe... 



Pour me calmer, je m'accrochais à une seule pensée qui était que, pour éviter les moqueries des copines, et pour faire croire que je ne recevais plus de fessées, l'unique moyen était qu'effectivement j'y échappe et ne retourne plus sur les genoux maternels... Mais, même si j'étais dans une phase positive au plan des résultats scolaires, j'avais bien du mal à me dire que j'y arriverais, quand Maman me rappelait sans cesse qu'elle ne laisserait rien passer et qu'à la moindre alerte je devrais préparer mes fesses...


A SUIVRE

samedi 8 août 2015

Chronique d'un redoublement : 89. Un dernier mois qui commence par l'angoisse que la classe sache...

SUITE 88

En arrivant dans la cour du collège, lundi matin, je vis tout de suite Babette qui discutait avec Brigitte, une fille de sa bande que je ne fréquentais guère. Je restai à distance mais j'eus l'impression que Babette me fusillait du regard. Cela m'inquiéta et ma cervelle commença à travailler dur, imaginant les raisons de cette mauvaise humeur de Babette...




Babette et Brigitte discutaient dans un coin de la cour.
Brigitte semblait amusée, mais Babette me lançait un regard noir
tout en parlant à sa voisine derrière ses mains...

Mais c'était l'heure de rentrer en cours et j'essayai de penser à autre chose ne voulant pas risquer de remarques des profs voyant que je n'étais pas attentive de par ces pensées qui me turlupinaient...
Le petit inter-cours de 9 h me confirma juste que Babette me faisait la tête. Et j'évitai de me rapprocher d'elle. Je me mis à imaginer que Mme Vitez avait suivi les conseils de maman et avait puni sa fille à la manière Spaak...
A tout bien penser, je me disais que cela aurait été bien fait pour elle, et je l'imaginais même, la lune rougissante sous une claquée méritée... Je me surprenais à trouver cela plaisant et qui m'aurait faite rire sous cape...


Je m'étais mise à imaginer Babette sur les genoux de sa mère,
culotte baissée et la lune rougissante,
et j'avoue que l'image ne me déplaisait pas...

Je continuai à rester à distance, tout en l'observant de loin. Et je vis bien, à la récréation de 10 h, que Brigitte était revenue parler à Babette, qui semblait lui faire des confidences avec ces petits gestes et attitudes de personnes se livrant un secret...
Ce qui m'inquiétait le plus, c'est que mes deux camarades me regardaient de loin tout en se parlant à voix basse, me laissant craindre que c'était de moi qu'elles causaient ainsi... Et cela n'augurait rien de bon...

J'eus l'impression que Babette m'évitait le reste de la matinée, et je retournai à la maison à midi en me demandant bien ce qu'elle tramait. Maman profita du déjeuner pour nous demander si nous avions bien travaillé, ne manquant pas de rappeler que nous entamions le dernier mois, et qu'il ne fallait surtout pas se relâcher pour que l'année se termine en progrès. Elle insista surtout auprès d'Aline, la prévenant que ce serait "comme pour Christine", et qu'il n'y aurait aucune tolérance en matière de discipline ou de mauvais travail.
Elle acheva son sermon en s'adressant à moi : "Quant à toi, Christine, je t'ai assez prévenue. Je veux un dernier mois avec uniquement des bonnes notes. Alors, ne t'avise pas de me ramener des résultats décevants ou la moindre heure de colle, sinon tu n'auras qu'à préparer tes fesses..."




 Une fois de plus, Maman n'avait pu s'empêcher de répéter 
qu'elle ne tolérerait aucun écart durant ce dernier mois...
Je savais bien qu'en cas de faux pas, j'aurais à préparer mes fesses
pour une nouvelle déculottée magistrale...

J'avais bien compris, et cela m'agaçait d'ailleurs que Maman insiste tant alors que, justement, j'avais ramené un carnet de notes mensuelles encourageant la semaine passée. Mais, il est vrai que Maman savait bien que, parfois, pour ne pas avouer que c'était souvent, après une bonne note, ma tendance à me relâcher reprenait le dessus... Au moins, là, je ne pourrais pas, en cas de récidive, dire que je n'étais pas au courant...

J'y repensai en retournant au collège, me mettant bien en tête qu'il allait falloir que je me tienne à carreau, sinon c'était la fessée assurée...

En arrivant au collège cinq minutes avant la sonnerie de reprise des cours, je remarquai à nouveau Babette et Brigitte qui me regardaient traverser la cour. Commençant à trouver cela vraiment bizarre, je me décidai à approcher, et demander pourquoi elles rigolaient en me regardant... La réponse me glaça les os, et je ne pus cacher mon désappointement. Babette venait de me lancer au visage : "Cela ne te regarde pas. Nous, on ne parle pas aux gamines qui reçoivent encore la fessée !"
Je rougis et balbutiai : "Non, c'est pas vrai, c'est pas vrai..."
Babette rétorqua : "Ne dis pas de mensonges. Même que ta mère l'a dit à la mienne...La prochaine fois que je la verrai, je lui demanderai..."





Les révélations de Babette me mirent au bord des larmes.
Je niai l'évidence, incapable d'avouer qu'effectivement
je recevais encore la fessée maternelle... 

J'angoissais trop en écoutant les moqueries de Babette et Brigitte pour réussir à contenir mon émotion. J'aurais voulu pouvoir plaisanter, faire semblant de ne pas être concernée, mais j'étais au bord des larmes et ne pouvais sortir autre chose de ma bouche que des dénégations qui sonnaient faux : "Pff, c'est pas vrai. Je n'en ai même plus eu depuis longtemps". Heureusement la reprise des cours coupa notre conversation, mais j'eus du mal à me concentrer, me demandant jusqu'où la maman de Babette avait-elle fait part à sa fille des confidences de ma propre mère, confidences détaillées dont j'avais été le témoin auditif.



Je n'avais surtout pas envie de revivre la honte et les moments de gêne ressentis l'année d'avant lorsque, à la suite d'un de mes exploits (quand j'avais joué les malades imaginaires pour éviter un contrôle d'anglais), où la fessée reçue devant mes soeurs avait été largement racontée par Maman, et avait provoqué des moqueries de mes camarades, où même les plus proches parmi celles-ci s'étaient montrées curieuses sous prétexte de vouloir me soutenir et me consoler.

Je me dis que mieux valait faire comme si de rien n'était, et éviter de répondre aux provocations ou allusions qui risquaient de me revenir aux oreilles...
Mieux valait me concentrer sur le travail. Il ne restait qu'un mois de classe et, après, les grandes vacances aideraient sûrement à oublier cette déconvenue.

J'essayai d'éviter les deux méchantes langues, mais je vis bien, lors de la récréation suivante, qu'elles faisaient des messes basses à d'autres camarades de classe, et que leurs regards et amusés se fixaient sur moi d'une manière qui me faisait penser que chacune imaginaient ce qui m'arrivait encore à la maison les soirs d'orage maternel...

J'en fis des cauchemars, le soir-même, imaginant mes camarades invitées à assister à ma prochaine fessée et débattant de la couleur de ma lune...


Je cauchemardai me voyant rentrer avec un zéro pointé à la maison,
et me retrouvant comme promis sur les genoux maternels...
Mais, au moment, où elle me déculottait, je tournais la tête
et apercevais toute ma classe sagement assise dans le salon,
et invitée par Maman à assister à la fessée qu'elle allait me donner...


Les deux jours suivants, je restai en retrait de Babette et Brigitte, et le sujet ne fut plus abordé, ce qui me donna l'espoir que ce n'était qu'une alerte sans frais. Il y eut tout de même au sortir d'un cours de géo où le prof nous rendit des copies, où Babette récolta un 13 et moi un 14, une petite réflexion que me fit dans le couloir Babette en me disant : "Alors, tu dois être contente ? Tu as eu une bonne note. Christinette n'aura pas panpan-cucul ce soir, hi hi..."
J'aurais voulu la gifler, mais je me retins surtout en pensant qu'un tel geste m'aurait valu au moins deux heures de colle, ce dont je me serais totalement fichue, mais pas de ce qui m'aurait attendu à la maison, et aurait conforté les rumeurs de Babette...

Je me sentis fière de m'être retenue de me battre avec Babette, et je commençais à penser qu'en ne tombant pas dans la provocation cela lasserait  les moqueuses qui changeraient de sujet ou de tête de turque...

Pourtant, au troisième soir, un détail me mit la puce à l'oreille. Je vis Babette en discussion avec Corinne, une de mes camarades de l'année précédente, et passée pour sa part en quatrième.
Or Corinne avait été une des actrices des moqueries que j'avais subies après l'épisode de la malade imaginaire, et ne s'était pas privée de raconter mes déboires à qui voulait les entendre. D'autant que Corinne étant la grande soeur de Charline, qui est à l'école primaire dans la même classe que Diane, elle avait des moyens d'obtenir des confidences détaillées sur les méthodes de Maman Spaak, et surtout sur comment elles étaient appliquées à l'ainée des trois soeurs...


 Babette éclatant d'un rire moqueur en discutant avec Corinne,
ma camarade de classe de l'année passée, voilà qui m'inquiétait,
d'autant que la petite-soeur de Corinne, Charline, était toujours
en classe avec ma pipelette de soeur de Diane...


D'ailleurs, à la fin de la journée, je vis que Babette s'éloigna en suivant Brigitte et Corinne qui habitaient deux rues proches l'une de l'autre. Ce n'était pas la route directe de Babette pour rentrer chez elle, et j'eus le pressentiment que cela allait papoter sur mon dos, voire à propos de mon bas du dos, en espérant que le trio ne veuille pas chercher à en savoir plus... Mais, quelque chose me disait que rien n'était moins sûr...


A SUIVRE