mardi 27 mars 2012

Chronique d'un redoublement : 30. Une fessée qui n'arrête pas la petite voix tentatrice...

SUITE 29 


Il ne me restait plus qu'à aller trouver refuge dans ma chambre, à en refermer la porte pour cacher mon chagrin, mon émotion. Maman ne m'avait ordonné d'aller l'y attendre, mais pour moi c'était pareil, ses phrases ayant été si claires sur ce qui m'attendait...
"Christine, ne crois pas que je vais laisser passer ça... Alors, tu peux préparer tes fesses, je te le dis. Je te promets une bonne déculottée à ma façon qui te fera réfléchir avant de bavarder à nouveau en classe".
Ses mots résonnaient encore dans ma tête alors que j'arrivais dans ma chambre. Peut-être que si mes soeurs n'avaient pas été en bas, aurais-je tenté de plaider plus longuement ma cause, mais cela aurait été en vain, surtout devant elles, Maman se devant de rester ferme.



Je me retrouvais donc à l'abri des regards, tentant de remettre mes idées en place. Moi qui, l'année passée, avait le plus souvent tenté de gagner du temps pour annoncer mes colles, joué la montre, préféré trouver le moment adéquat, quand je n'allais pas jusqu'à attendre l'arrivée par la Poste du bulletin de colle, je venais de me sentir obligée de libérer ma conscience sur le champ.
J'avais perçu que Maman me sentait mal à l'aise, et ses menaces à propos des mensonges depuis le début de l'année m'avaient fait craindre  que j'aggrave mon cas en cachant la nouvelle.
Ma bonne conscience avait fait que je n'avais pas menti pour m'éviter une tannée au pire le jour d'arrivée du bulletin de colle, d'ici deux à cinq jours, mais ma franchise faisait que j'étais là dans ma chambre à attendre que Maman ne vienne me déculotter... Quelque part, dans ma petite tête de fille intelligente et rusée, j'avais l'impression de perdre au change... Je commençais à m'en vouloir presque de ne pas avoir réussi à gagner ne serait-ce qu'un jour de tranquillité postérieure...



Maman monta quelques minutes plus tard avec mes soeurs. Sans venir dans ma chambre, même si chacun de ses pas me faisait trembler.
J'étais aux aguets et j'écoutais ce qui se disait à côté. Maman s'occupait des devoirs de mes soeurs, qui se montraient d'un calme olympien comme souvent quand l'atmosphère était à l'orage.
Je tentais de mon côté de regarder mes leçons, mais mes pensées revenaient toujours à mon bas du dos encore blanc, mais plus pour longtemps...

Maman semblait pressée. Je comprenais d'après les bribes de conversation qu'on dinerait tôt, car elle voulait regarder une émission à 20 h 30. De toute manière, il y avait école le lendemain et on allait au lit, surtout les petites, de bonne heure.

En tout cas, ce détail me laissait entendre que mon cas serait réglé assez tôt...

Ayant contrôlé le travail des petites, et pendant qu'Aline continuait à apprendre une récitation, Maman poursuivit ses tâches quotidiennes, récupérant le linge sale, préparant nos affaires du lendemain, et allant mettre au four une quiche qui serait prête à 7 h et demie quand on passerait à table.

Elle fit irruption dans ma chambre, alors que je faisais semblant de travailler, et récupéra mes affaires de sport utilisées au collège durant mes deux heures d'EPS et mit aussi au sale mon pyjama à carreau.
Elle sortit un chemisier propre pour le lendemain et mit sur mon lit une chemise de nuit et une culotte pour remplacer le pyjama.

"Vas donc prendre ta douche maintenant, Christine. Je voudrais qu'on ne dîne pas trop tard. Surtout qu'on a un compte à régler toutes les deux", lança-t-elle avant de quitter la pièce.

J'avais cru en la voyant rentrer qu'elle venait pour ce fameux "compte", mais mon coeur s'était mis à battre vite pour rien.

Aller prendre sa douche, c'était logique après une journée où il y avait gym. Cela signifiait aussi que je devrais dîner en tenue de nuit, ce qui était très souvent le lot de mes petites soeurs, alors que mon statut de grande et d'autonome pour toilette et habillage m'en dispensait.
Mais, je n'allais pas m'arrêter à un détail si minime, et de toute manière ce n'était pas le moment de rechigner aux consignes maternelles...




Dans la salle de bains, je ressentais toutefois cette sensation étrange qui fait que si je venais me laver, comme tous les jours, et me doucher comme deux ou trois fois par semaine, j'étais aussi en train de me changer, et de revêtir la tenue de ma prochaine fessée...
Plus encore en ce cas précis même, puisque Maman venait de mettre au sale mon pyjama portée ces derniers jours, et qu'elle m'avait désigné ce que je devais mettre, comme si elle "choisissait" ma tenue de fessée. Et le fait que ce soit une chemise de nuit et non un pyjama me faisait me sentir à l'avance plus vulnérable...



Douchée et "en tenue", je suis retournée vite dans ma chambre, m'asseyant sur mon lit, la tête dans les mains, au bord des larmes, continuant à m'en vouloir, certes d'avoir bavardé et d'avoir été collée, mais surtout de me retrouver déjà dans cette situation de devoir préparer mes fesses...

Maman, à côté, faisait réciter Diane, sans guère de souci. Puis, Aline qui hésitait sur sa récitation. "Ma chérie, j'aimerais bien que tu la saches mieux. Tu ne veux pas que je me fâche contre toi aussi ?", demanda Maman. Aline se remit à apprendre, imaginant aisément à quoi Maman faisait allusion.
"Aline, tu as le temps jusqu'au dîner pour la savoir par coeur. Allez, encore un petit effort, tu la sais déjà plus qu'à moitié. Je te laisse travailler tranquille pendant que je m'occupe de Christine".





 "Pendant que je m'occupe de Christine..." J'avais bien entendu et mon coeur se remit à battre la chamade. Ce ne serait donc pas après le dîner, mais avant. J'en avais eu l'intuition dès qu'elle avait parlé de son émission qu'elle voulait regarder. Il fallait que tout soit en ordre avant. Et les comptes réglés, bien sûr...

En sortant de la chambre des petites, Maman ouvrit ma porte. "Ca y est, tu es prête, Christine ? Alors, j'arrive, ma fille, j'arrive..."

Je me relevai et me réfugiai près de la fenêtre qui était entrouverte, et que je refermai, comme pour étouffer de futurs bruits...

Maman était redescendue vérifier la cuisson tranquille de sa quiche, avant de s'en occuper d'une autre... Je guettais son retour. Elle ne remonta pas tout de suite, demeurant au moins cinq bonnes minutes en bas, mais pour moi qui mijotais, cela semblait une éternité. Même si je n'avais aucune envie qu'elle arrive et que je frissonnais à l'avance...




Enfin, elle reprit l'escalier, arriva au palier, lança un "Soyez sage, les filles", à mes soeurs, et entra dans ma chambre, en repoussant la porte derrière elle, sans la fermer complètement. Comme si elle voulait entendre si mes soeurs chahutaient, mais laissant aussi notre "petite discussion" plus audible de la chambre voisine, voire du couloir où à pas de loup deux petites curieuses seraient peut-être tentées de venir épier la scène...

Maman s'est assise sur mon lit, bras croisés, le regard sombre, semblant excédée de devoir à nouveau "s'occuper" de son aînée...

"Allez, Christine, viens ici que je t'apprenne ce qu'il en coûte de bavarder en classe...", dit-elle en décroisant ses jambes pour me présenter ses genoux... 

Je restais bloquée à deux pas d'elle, l'air suppliant : "Maman, non, s'il te plait, je ne recommencerai plus. Non, pas la fessée, Maman, non..."

Elle soupira : "Il est trop tard pour discuter, Christine. Tu le sais bien..."

Je repris mon air implorant : "Maman, je t'en prie. Pardon. C'est la première colle de l'année, laisse-moi une chance, je ne recommencerai plus. Je veux pas, non, pas la fessée..."

Mon argument tomba à plat. Pire, Maman haussa le ton : "La première de l'année, mais je rêve ! Heureusement que c'est la première de l'année. Après seulement quelques semaines de cours. Cela ne va pas recommencer comme l'an passé. Tout ce que je vois, ma fille, c'est que tu as récolté deux heures de colle pour bavardage, et que cela mérite une bonne fessée, voilà tout..." 



En disant cela, Maman s'était levée et était venue m'attraper par le bras, me tirant vers le lit, où elle se rassit et me fit plonger en travers de ses genoux...
Je chignais, psalmodiais un "Non, non, non..." qui était plus un réflexe qu'un espoir de convaincre.
Ma chemise de nuit était remontée dans la manoeuvre, et je n'avais plus que ma culotte comme seul rempart. Je tentai à peine de l'agripper, mais la détermination maternelle était telle que je n'osais pas lutter vraiment.
A mes "non, non", elle répondit avec une voix redevenue calme : "Si, si, Christine, oh que si que je vais te la donner cette fessée pour ces deux heures de colle... Et justement parce que c'est la première, comme tu dis, parce que je veux que tu saches ce que cela rapporte deux heures de colle, avant de m'en ramener d'autres..."

Ma chemise de nuit avait été bien remontée, et ma culotte descendue à mi-cuisses, pendant que Maman proférait ses menaces.



J'éclatai en gros sanglots dès les premières claques. J'étais à bout de nerfs, et la fessée allait me calmer. Je murmurais : "Non, je veux pas, c'est pas juste, non..."
Cela ne fit qu'accroitre la fougue maternelle : "C'est moi qui décide ce qui est juste ou pas, Christine. Et je t'ai assez prévenue que, cette année, je ne tolérerais aucune histoire de discipline au collège. Les chahuts, les bavardages t'ont coûté ton redoublement l'an passé. Je ne te laisserai pas recommencer. Alors, oui, Christine, première colle, première fessée, et si tu m'en ramènes une deuxième, ça sera la même déculottée, Christine. Tu le sais, et à toi d'y penser quand tu as envie de bavarder au lieu de travailler..."






Et au fur et à mesure qu'elle argumentait son discours, sa main déversait des claques de plus en plus brulantes pour mon pauvre épiderme fessier qui tournait à l'écarlate.
Ce n'était pas la tannée des grands soirs, pas un déferlement mû par la colère, mais une fessée très appliquée, très méthodique, très "porteuse de sens", comme pour bien me faire assimiler le message, pour le faire rentrer à la fois par mes oreilles et par mes fesses...
J'avais déjà reçu deux fessées pour des mauvaises notes depuis la rentrée, celle-là était la première pour des motifs de discipline. Jamais deux sans trois, pourrait-on dire. Comme les précédentes, elles étaient parfaitement dans la logique maternelle, dans ce qui avait été dit, dans ce qui m'avait été promis. Presque des fessées "ordinaires", prévisibles, attendues, craintes, données, reçues, pour bien montrer que cette année, il en serait ainsi, sans faiblir.


Quand Maman arrêta son bras, après une dernière salve longue et crépitante, en final qui réveilla mes cris, et qu'elle accompagna d'ultimes menaces de nouvelles déculottées si je m'avisais de recommencer, elle me laissa en larmes et je me roulai sur mon lit, alors qu'elle quittait la chambre en précisant qu'on allait bientôt dîner...

Je pleurai longuement, en ayant toujours dans la tête ces mots "C'est pas juste", que j'avais à peine prononcé durant la fessée, mais qui, au fond, ne remettait pas en cause le fait que je devais quand même la mériter cette fessée...
Ce que j'aurais voulu dire et crier à Maman, c'était : "C'est pas juste de me donner déjà la fessée. J'aurais pu ne rien dire, j'aurais pu mentir. J'aurais pu attendre que l'avis arrive à la maison..."
Quelque part, au fond de moi, sans l'avouer, je m'en voulais d'avoir les fesses rouges pour ne pas avoir tenu ma langue...
Mais, je savais bien que si j'avais dit ce fond de ma pensée, Maman aurait hurlé en me faisant comprendre que si j'avais menti, cela aurait été pire, et j'avais souvenir de colles non avouées qui m'avaient amenée dans le salon sur les genoux de Maman devant mes soeurs...

Sauf que, lorsque l'on se trouve comme je venais de l'être en train de piailler, culotte baissée, en recevant une fessée magistrale, on se met parfois à penser fortement : "Ah si j'avais pu gagner du temps, cacher ma faute un jour ou deux, je n'aurais pas les fesses à l'air, je ne serais pas en train de pleurer et de supplier..." Car, se dire : "Heureusement que je prends ma fessée maintenant, parce que demain cela aurait été pire", je n'imagine personne pouvoir le penser vraiment.




Maman était allée faire réciter Aline, avant que l'on passe à table. Cette fois, elle connaissait la fable par coeur, ce qui plut à Maman, qui comprenait que la fessée de l'aînée était même profitable aux plus petites...

La quiche étant cuite à point, Maman nous appela à table, expliquant aux petites qu'elles se mettraient en pyjama après.
Il fallut un deuxième appel, au ton plus ferme, pour que je quitte ma chambre en séchant mes larmes avant de rejoindre la table familiale.
J'étais en chemise de nuit, la seule de la tablée prête pour la nuit, et je me sentais comme si j'étais la gamine et non la grande.

Un quart d'heure à peine après que j'aie quitté les genoux maternels, je devais supporter le regard de mes soeurs, et les allusions de Maman. Les deux autres fois, j'avais pu m'endormir sans les revoir. Cette fois, ce dîner était comme une épreuve de plus à passer.
J'avais des picotements en bas du dos dans cette position assise qui me faisait penser que j'étais assise sur une planche brulante.

Heureusement, Maman n'a pas trop joué de cette gêne, ni de ce qui venait de se passer. C'était comme si l'affaire était entendue, comme si la "bonne fessée" effaçait ma faute.

Pourtant, j'eus droit à divers rappels par la suite. J'entendis deux ou trois fois Aline ou Diane filer droit quand Maman les menaçait du genre : "Si vous voulez une bonne fessée comme celle de Christine l'autre soir, continuez les filles, continuez..."

L'enveloppe contenant l'avis de colle n'est arrivée que cinq jours plus tard, provoquant les quatre premiers jours des réflexions de Maman s'étonnant que le courrier ne soit pas là.

Quand elle arriva, le motif exact sur l'avis était : "A continué à bavarder malgré plusieurs rappels à l'ordre", ce qui faillit faire à nouveau exploser Maman. J'avais expliqué que c'était une punition collective, qui nous avait surprises mes camarades et moi. Le motif indiquait que j'avais dû être avertie plusieurs fois au préalable.

"Tu as de la chance, Christine, que je ne me fâche pas à nouveau. Mais, je pense que tu as enjolivé les choses l'autre soir... Je vais être gentille pour cette fois, parce que tu as déjà reçu une bonne fessée pour cette colle. Mais que je ne t'y reprenne pas de me dire les choses qu'à moitié, parce que si je m'écoutais, ma fille, j'en connais une qui pourrait se retrouver vite fait sur mes genoux..." La menace maternelle me fit trembler, même si, dans une certaine mesure, elle semblait dire que j'échappais à de nouveaux ennuis parce que j'avais été (à peu près) franche l'autre soir...

Peu après, Tata Jacqueline qui était de passage à la maison, apprit que je venais de recevoir un bulletin de colle, et s'excusa presque d'être là, lançant à Maman : "Si c'est cela, je ne vais pas vous déranger plus longtemps. S'il y a de l'orage dans l'air, je vous laisse régler vos comptes. Mais, ne sois pas trop dure avec Christine. Elle fait des efforts, je crois".

Maman rassura Tata, non sans dire que cette histoire avait déjà été réglée par une bonne fessée déculottée. Moi qui rapportais dans mon cartable un joli 15 en maths, je n'avais même plus l'envie de le montrer le soir-même me doutant bien que Maman aurait commenté du genre : "Eh bien, tu vois quand tu travailles au lieu de bavarder, tu as de bons résultats. La bonne fessée de l'autre soir a dû te faire réfléchir..."

Première colle, première fessée, presque ordinaire disais-je plus haut, mais finalement cinq jours plus tard, on continuait à en parler, et j'y repensais sans arrêt. Il y avait même cette terrible petite voix qui me disait, tentatrice : "Si tu n'avais rien dit, si tu avais attendu l'arrivée du bulletin de colle, tu aurais eu les fesses tranquilles jusqu'à ce soir, et en plus tu avais une bonne note à montrer pour tenter d'apaiser la colère maternelle..."
Et c'est vrai que cette petite voix à laquelle j'obéissais souvent l'année précédente avait là des arguments bien tentants...


A SUIVRE

lundi 19 mars 2012

Chronique d'un redoublement : 29. De la tentation de mentir à l'aveu...

SUITE 28

J'avais bien compris que je n'avais pas de droit à l'erreur. L'exigence maternelle était telle que je ne pourrais me contenter de notes médiocres, et encore moins de résultats en dents de scie. Le redoublement était fait pour que je reprenne la place à laquelle je pouvais prétendre aisément, à savoir parmi les premières de la classe.

J'avoue a posteriori que ce n'était pas trop dur, surtout en revoyant le programme de l'année précédente. Etant une fille intelligente, j'en avais tout à fait la capacité, et je savais le montrer comme par ce 17 en géo.
Le problème, car évidemment, il en demeurait certains, c'était de garder la motivation, de ne pas retomber dans la facilité, ni de me laisser distraire pendant que les profs rabâchaient des leçons déjà vues l'année précédente et encore assez présentes dans ma tête.

Ma très bonne note en géo, la récompense d'une soirée cinéma où Tata n'avait pas manqué de me faire admettre que c'était plus sympa d'être de sortie comme une grande avec elle, plutôt que de se retrouver culotte baissée sur les genoux maternels, me montraient le chemin à suivre, et je réussis à m'y tenir sans la moindre alerte durant une dizaine de jours.
Je ramenai même encore trois notes bien au dessus de la moyenne, dont une très bonne, 16,5 en histoire, avec la même prof qu'en géo, annotée d'une appréciation très positive que Maman commenta en rappelant l'épisode du 4 sur 20... 


Les choses se gâtèrent quand je ramenai un petit 11 en maths, commenté par un "Peut mieux faire", puis un 10 en sciences, barré d'un "Copie très moyenne", qui me valut les yeux noirs de Maman et l'avertissement : "Christine, fais attention à toi. On dirait que tu cherches les ennuis..."

Alors, quand le lendemain, durant une heure de permanence où une partie de la salle s'est mise à bavarder, dont moi je le concède, le surveillant a pris les noms des six élèves de la rangée de gauche en disant : "Vous aurez tout le temps de finir votre discussion pendant les deux heures de colle que je vous donne", je me suis sentie très mal.

C'était la première colle de l'année, et il n'y avait guère de chance que cela ne produise pas les mêmes effets que les heures de colle des deux années précédentes...



C'est en broyant du noir que je suis rentrée à la maison... Je me doutais bien que chaque pas me rapprochait d'une nouvelle fessée, et une petite voix en moi commençait à me tenter... Etais-je obligée d'annoncer mon exploit dès ce soir ? L'année passée, j'attendais que l'enveloppe du lycée avec l'avis de colle arrive par courrier. Je gagnais du temps, près d'une semaine parfois ainsi. C'était comme un sursis, même si je savais bien ce qu'il adviendrait alors, avec la circonstance aggravante d'avoir menti, du moins par omission...

Mentir, c'était plus que tentant, c'était l'impression étrange que j'avais ressenti à de nombreuses reprises l'an passé en particulier, l'impression d'avoir un certain pouvoir. C'était comme si je pouvais conduire mon destin, comme si je pouvais dire : "Je sais que je vais recevoir la fessée, mais je décide que Maman ne me la donnera pas ce soir. Je verrai bien demain ou quand je sentirai un moment favorable pour lui annoncer. Allez, Christine, fais comme s'il n'en était rien. C'est toujours cela de gagné..."

Et c'est vrai qu'il y avait un aspect, je n'irai pas jusqu'à dire jouissif, mais qui me donnait l'impression de mettre en scène ma propre vie. Avec, en contrepartie évidemment, de l'angoisse permanente, des grosses peurs ponctuelles, des cauchemars certes, mais que le fait de gagner quelques heures, voire une paire de jours compensait dans mon petit cerveau très imaginatif...


Ma colle avait été donnée par un pion, il y avait moins de chances que Maman l'apprenne puisqu'elle connaissait surtout les profs et la principale du collège. Ca tournait dans ma tête et je demeurais songeuse, indécise, hésitant vraiment à libérer ou non ma conscience.
Je m'étais dit : si je comprends aux premiers mots de Maman qu'elle est énervée, je ne dirai rien, sinon je trouverai un moment où mes soeurs ne sont pas là pour évoquer le sujet.
Bien sûr, mentir, ce que je traduisais dans ma tête par "oublier de dire", n'arrangerait pas mon cas le jour venu, mais en même temps, c'était s'assurer une soirée tranquille, c'était mettre mes fesses à l'abri, même si c'était aussi entretenir mon angoisse.



Maman était apparemment calme, regardant une revue au salon pendant que mes soeurs étaient dans leur chambre. "Tu n'es pas très en avance, Christine. Ca va, j'espère ? Ton goûter est prêt à la cuisine."
J'aurais pu, j'aurais même dû parler tout de suite, mais comme Maman n'avait pas insisté, sur le "Ca va ?", ni sur le fait que j'avais quelques minutes de retard, car certains jours, je marchais bien plus lentement pour rentrer, la peur au ventre, j'ai hésité un instant, puis suis allée prendre mon goûter.
Je venais d'éviter de répondre à Maman, je m'en étais bien sortie, je commençais à me dire que c'était facile et que je venais de mettre le doigt dans un engrenage de mensonge, certes, mais dans une attitude qui allait m'éviter de passer une soirée délicate...


En même temps, je demeurais songeuse, me rappelant les menaces maternelles à propos des mensonges, dont je retenais surtout une chose : tu peux mentir, mais à condition de ne pas te faire prendre...
Là, le risque encouru était presque jouable, que je dise aujourd'hui ou demain que j'avais eu une colle durant une heure de perm, les chances d'être confondues étaient minimes.
Sauf que, nous étions dans mon année de redoublement et que Maman avait les sens doublement en éveil, et qu'elle semblait tout deviner avant que je ne parle...

Je rêvassais, pour ne pas dire que ça bouillonnait plutôt dans mon petit cerveau, et je n'avais quasiment pas touché à mon goûter quand Maman rentra dans la cuisine. Son irruption me fit sursauter et je me sentis mal à l'aise, comme prise sur le fait, alors que je ne faisais rien de mal, du moins dans les actes...

J'en perdis mon assurance de tout à l'heure, et je compris que Maman allait me questionner. Mieux valait donc changer d'attitude avant qu'elle ne m'accuse de lui cacher quelque chose...

J'embrayai, m'étonnant moi-même, moi qui deux minutes plus tôt était bien décidée à attendre un jour ou deux avant d'évoquer cette punition reçue au collège.

Sans relever le regard, pianotant des doigts sur la table de la cuisine, je murmurai : "Euh, M'man, faut que je te dise, euh... que, euh, tout à l'heure au collège, euh..."

Maman répliqua dans l'instant : "Mais, qu'est-ce qu'il y a encore, Christine ? Si tu as quelque chose à dire, lève les yeux, regarde-moi et parle distinctement. Quand je te vois avec cette mine, je me dis qu'il faut s'attendre à tout... Allez, explique... Tu as eu une mauvaise note ? J'ai quelque chose à signer ?"

Je répondis en me justifiant : "Euh, non, Maman, non, ce n'est pas si grave, noooon... C'est pendant une heure de permanence qu'on a eu à la place du cours de dessin, parce que la prof est encore malade. Euh, c'est le pion, euh, il a dit que, euh, on bavardait trop, euh.."

Maman poussa un gros soupir et commenta : "Du bavardage en classe, cela faisait longtemps... Tu crois que c'est nécessaire, tu ne ferais pas mieux de travailler. Et alors, je suppose qu'il faut que tu copies 100 fois : "je ne dois pas bavarder" ou quelque chose du genre ?"

Je baissai à nouveau les yeux et avouai : "Euh, non, mais on est toute une rangée à avoir été punie. Il nous a donné, euh, enfin, deux heures de colle" !

Maman haussa le ton : "Deux heures de colle ? Mais, je rêve ? Déjà ? Après à peine quelques semaines de cours. Mais, Christine, tu ne vas pas retomber dans les histoires de l'an passé où tu les as collectionnées ?"

Je plaidai : "Maman, c'est pas que moi, c'est collectif. Et puis, c'est la première de l'année...", comme si c'étaient des arguments entendables par une mère déterminée.
Elle me coupa : "Collectif ou pas, je m'en fiche, Christine. Qu'il y ait X ou Y de punie également, ça ne change rien au fait que ma fille qui devrait faire une année exemplaire a déjà commencé à ramener des mauvaises notes, et maintenant, c'est le pompon, deux heures de colle pour bavardage."

Certainement attirées par les bruits d'une conversation qui tournait vinaigre, Aline et Diane venaient de descendre pour demander la permission de regarder une émission à la télévision.

"Maman, s'il te plait ? Euh...",  je n'arrivais même pas à faire une phrase en réponse et, d'ailleurs, Maman ne m'en laissait pas loisir : "Et puis, ce n'est pas parce que c'est la première de l'année que c'est une excuse valable, ma fille... Au contraire, Christine, ne crois pas que je vais laisser passer ça... Pas question de laisser passer quoi que ce soit cette année. Alors, tu peux préparer tes fesses, je te le dis. Ca ne sera pas "la première de l'année", hélas, mais je te promets une bonne déculottée à ma façon qui te fera réfléchir avant de bavarder à nouveau en classe".


  



Cette dernière tirade lancée devant mes soeurs qui écarquillaient les yeux me laissa sans voix. Avant même que Maman ne rajoute quoi que ce soit, j'ai tourné les talons, baissant la tête pour cacher des larmes qui perlaient au bord de mes yeux.
Je suis passée très vite devant Aline et Diane pour monter dans ma chambre. Je n'en avais pas reçu l'ordre, Maman n'avait rien précisé sur l'endroit ou le moment où nous réglerions nos comptes, mais j'agissais comme dans un scénario pré-écrit. Je montais dans ma chambre en sachant que j'y attendrais Maman. Je n'avais même pas dit : "Non, non, non", comme si c'était évident pour moi que l'annonce maternelle serait suivie d'effet, que cette fessée je la recevrais...

Et, dans le regard d'Aline et Diane, qui voyaient leur aînée grimper l'escalier quatre à quatre, c'était comme le début d'une séquence qu'elles voudraient suivre avec attention, c'était l'image de Christine montant attendre sa fessée, de grande soeur qui allait préparer ses fesses...

A SUIVRE

mardi 13 mars 2012

Chronique d'un redoublement : 28. Une bonne note peut aussi angoisser...

SUITE 27

Cela n'a pas manqué. Au lendemain de cette deuxième fessée, les allusions furent nombreuses. Et même Tata Jacqueline sembla donner raison à Maman lorsque je chignai alors que ma chère mère expliquait que "Christine avait encore (!!!) reçu une bonne fessée".
Généralement prompte à me défendre, elle concéda que "C'est vrai qu'en début d'année comme ça, avec un programme qui n'a pas changé d'une année sur l'autre, il faudrait faire un effort".
Je rétorquai en promettant monts et merveilles, ce à quoi Maman répondit qu'elle voulait autre chose que de belles paroles, sinon cela barderait encore...
Et comme je devais aller faire mes devoirs, Tata m'encouragea à sa manière : "Allez, Christine, va travailler pour ramener de bonnes notes. Je suis sûre que tu peux le faire. Tu ne voudrais pas que ta Maman se fâche encore ?"
J'étouffai un gros soupir, en répondant "Oh non, Oh non !". J'aurais presque pleuré et Tata me serra dans ses bras très fort, avant de me raccompagner vers l'escalier pour que je monte faire mes devoirs : "Allez, ma chérie, ce n'est pas si grave que ça. Ne fais pas cette tête.Si Maman t'a donné la fessée, c'est que tu la méritais. Tes petites fesses en ont vu d'autres, ma grande. A toi de t'arranger pour que Maman n'ait plus à te les déculotter..."

Ces commentaires de Tata tombaient sous le sens. C'était de la logique et plein de bonnes intentions, mais je m'en serais passée, surtout de certains détails...
Toutefois, cela n'a fait qu'accroître ma motivation, et je me suis mise à bûcher comme jamais.



Assise à mon bureau, j'ai révisé mes leçons et refait les différents exercices qui m'avaient valu quelques désagréments postérieurs, si je peux les qualifier ainsi...

Il en fut ainsi durant toute la semaine. Maman voyait bien que j'avais changé d'attitude et cela la confortait dans sa méthode. Et les quelques jours suivants, lorsque je rentrais, elle demandait si j'avais eu des notes, non sans remettre ses menaces en perspective : "Pas de mauvaise note aujourd'hui, Christine ? J'espère que tu ne me caches rien... Sinon, tu sais que tu peux préparer tes fesses..."
Je me remettais au travail, avec une angoisse latente. Des images de fessée me tournaient dans la tête, et j'avais du mal à m'en détacher. Parfois même, comme pour me rassurer, je posais la main en bas de mon dos, presque heureuse de constater que j'avais la chair fraiche et reposée...

Mais, les mots de Maman venaient et revenaient et je n'arrivais pas à m'ôter de l'esprit cette idée qu'un jour prochain, effectivement, une fessée "m'attendrait"... 


J'y pensais très fort en m'endormant et cela peuplait mes rêves d'images et de bruits caractéristiques. Chaque soir où je montais dans ma chambre sans la menace d'une fessée me semblait une victoire, mais il m'arrivait en gravissant les escaliers avec le regard de mes soeurs dans le dos, d'imaginer qu'il y aurait un prochain orage...
Dans une sorte de cauchemar éveillé, je me voyais même grimper les marches avec la culotte baissée, et des fesses encore toutes blanches sous le regard de mes soeurs hilares et obéissant à l'ordre maternel d'aller l'attendre là-haut en restant ainsi jusqu'à ce qu'elle vienne me flanquer une fessée magistrale...

La première note qui me fut rendue, un 11 en histoire, fut accueilli sans enthousiasme, mais j'échappai à toute sanction, même si les menaces demeuraient...

Heureusement, mon assiduité au travail paya ensuite et je ramenai coup sur coup un 14 en anglais, puis un 17 en géographie, avec les compliments de la prof. J'étais radieuse et je crânais presque un peu devant mes soeurs, surtout que les moyennes d'Aline n'étaient pas brillantes comme d'habitude.

Si j'eus droit aux félicitations maternelles, elle sut tout de même replacer ma note dans le contexte. C'est vrai que c'était facile, puisque mon 17 intervenait dans la matière où j'avais eu mon 4...

Une fois encore, mes résultats et mon attitude radieuse allaient dans le sens maternel, et son commentaire, le soir au diner, devant mes soeurs, ne faisait que justifier sa façon d'agir.
"Christine a ramené deux bonnes notes. Elle pourra aller au cinéma demain soir avec Tata Jacqueline. Vous voyez que si vous travaillez bien vous êtes récompensées", annonça-t-elle.
Je la remerciai et elle en remit une couche, développant cette fois ses thèses : "Quand je pense que tu es passée de 4 à 17... Tu vois bien que tu as les capacités pour réussir, ma fille. C'est juste dommage qu'il ait fallu une bonne fessée pour que tu comprennes... Je constate au moins que je ne me suis pas fatiguée la main pour rien..."

Ce petit sermon modéra mon enthousiasme et je fus moins démonstrative à propos de mes résultats. J'étais content d'avoir obtenu un privilège de grande, avec une soirée cinéma avec Tata. Mais j'étais consciente aussi que je donnais sans le faire exprès des arguments à Maman...
Le soir, en venant me border, elle me félicita à nouveau, me disant combien elle aimait quand elle pouvait être fière de sa grande fille. Et que c'était quand même plus agréable de me récompenser que de devoir me punir.
Et de me répéter sa ritournelle sur "le choix" que j'avais de bien faire ou de ne pas bien faire.
En m'embrassant pour me dire bonne nuit, elle dit espérer que j'allais poursuivre sur cette voie, et pas retomber dans mes travers comme je l'avais si souvent fait l'année précédente avec des résultats alternant le meilleur et le pire...
"Continue à bien travailler, ma chérie, parce que moi, je ne changerai pas de méthode. Ce que je vois, c'est qu'une bonne fessée t'a fait passer de 4 à 17 sur 20. Alors, réfléchis bien avant de me ramener d'autres mauvaises notes... Parce que, Christine, s'il faut que je te déculotte pour que tu aies la moyenne, tu peux préparer tes fesses, ma fille."

La redoublante fière de son 17 sur 20 s'est endormie avec difficulté. Contente et vexée à la fois, satisfaite d'avoir montré sa valeur, mais prenant conscience qu'il allait falloir confirmer, sinon ... Sinon...

A SUIVRE

jeudi 8 mars 2012

Chronique d'un redoublement : 27. Réflexions sur la logique maternelle en application

SUITE 26

Cette deuxième fessée de mon année de redoublante me faisait entrer dans une certaine logique. Bien sûr, la toute première, reçue une semaine et un jour plus tôt, avait marqué les esprits, et pas que le mien dans la famille. C'était le retour de Christine sur les genoux maternels dans un cadre d'année scolaire cruciale, qu'il n'allait surtout pas falloir gâcher.
Mais, c'était une première, une sorte de pavillon témoin, une fessée qui pouvait être comprise comme une exception, malgré la clarté des menaces maternelles.
La clémence, ou du moins ce que j'ai imaginé comme telle, une semaine après, lors de l'arrivée du premier bulletin, pouvait donc me faire imaginer que la logique maternelle serait à géométrie variable. Mais cette deuxième fessée, au lendemain de ce bulletin, était la démonstration du contraire.
Le bulletin n'était pas brillant, mais il contenait surtout une mauvaise note avouée et déjà sanctionnée, et pas de mauvaises surprises comme j'avais l'habitude d'en ramener dans cette tournure d'esprit que j'avais de gagner du temps jusqu'à la dernière minute. En ne sévissant pas, malgré une ou deux autres notes assez modestes, elle récompensait à sa manière ma franchise.
Mais, faute avouée n'est pas automatiquement pardonnée, comme l'a donc montrée la déconvenue de l'interrogation surprise de géo.
Mauvaise note, appréciation acide de la prof, ne pouvaient entrainer que réaction appropriée, malgré une certaine franchise, plus ou moins relative d'ailleurs, car j'avais bel et bien eu la tentation de différer mon aveu... La fessée devenait inévitable, et je venais de la recevoir de belle manière...


Le bas du dos écarlate, les yeux encore remplis de larmes, je ne pouvais donc que prendre conscience que la logique maternelle était bel et bien mise en pratique. Jusque dans une certaine manière de l'appliquer...
Comme une semaine et un jour plus tôt, j'avais su, dès la découverte de ma note, ce qui m'attendait, j'avais dû passer la soirée en craignant le moment fatidique, et c'était dans ma chambre, à l'abri des regards certes, mais pas des oreilles, pyjama et culotte baissés, que je venais de recevoir cette deuxième fessée qui enlevait son caractère unique à la première, et qui en faisait une scène presque ordinaire de mon destin de redoublante...
Et puis, ma fessée effaçait dans une certaine mesure celle d'Aline, la veille. Elle prenait la première place dans les souvenirs de la maisonnée. Comme un gros titre efface le précédent dans les journaux télévisés. L'actualité, le fait marquant du moment, c'était la déculottée de Christine. Et il y allait forcément y avoir des allusions, des regards ironiques de mes soeurs, des menaces futures qui y feraient référence, voire des compte-rendus auprès des proches, avec autant de moments gênants, où j'aurais l'impression étrange que tout un chacun m'imaginait sur les genoux de Maman, culotte baissée...

Petit détail supplémentaire, mais non négligeable : cette fessée étant la deuxième depuis la rentrée et pour des motifs scolaires, le rappel, les allusions, l'évocation allait aussi forcément en tenir compte. Ce ne serait pas simplement : "J'ai donné "la" fessée à Christine", mais "Christine a reçu une "nouvelle" fessée", ou "J'ai dû "à nouveau" sévir. Christine a "encore" pris une bonne déculottée".

Bref, tant qu'il n'y aurait pas eu, sous ce toit, de nouvelle fessée donnée, la mienne demeurerait l'exemple, comme l'échantillon sur le présentoir, du style "vous voyez cette fessée, vous voulez la même ?"

Mon espoir à ce moment là n'était donc même pas qu'il n'y ait plus jamais de fessée de donnée, mais au contraire qu'il y en ait vite une autre. Mais, surtout, évidemment, que ce ne soit pas pour moi. Et, là, ce n'était pas garanti, mais pas du tout...

  A SUIVRE