jeudi 12 septembre 2013

Chronique d'un redoublement : 64. Quand Maman découvre mon mensonge...

SUITE 63 


Il est des moments, où l'on doit réfléchir à cent à l'heure. Pas même le temps de me repasser la question maternelle. Elle était claire : "Dis donc, Christine, je repense à ce que tu m'as raconté tout à l'heure... Depuis quand as-tu cours de maths le vendredi ? Je croyais que l'après-midi, tu avais deux heures de gym et une heure d'histoire-géo, non ?"

Une question claire, mais qui ressemblait à un coup imparable, comme une mise en échec sur l'échiquier, alors que l'on croyait mener la partie, avoir une défense imparable. Mais, il y avait une faille, et cette faille, c'est le fait qu'on ne raconte pas n'importe quoi à une Maman attentive, le fait qu'à l'évidence, elle savait mon emploi du temps, d'autant que le vendredi midi, elle me rappelle que je dois prendre mes affaires de sport, et pas les cahiers de maths bien sûr...


 "Je t'ai posé une question, Christine !", relança Maman,
d'une voix qui était passée de l'interrogative à la courroucée.
Je comprenais que j'étais coincée et ne savais plus quoi dire...

Ma première réflexion est de m'en vouloir, une fois encore, non pas d'avoir menti, mais de ne pas avoir imaginé que ma ficelle était trop grosse, qu'elle ne passerait pas inaperçue...

"Je t'ai posé une question, Christine !", relança Maman, d'une voix qui était passée de l'interrogative à la courroucée. Ce ton incisif me bloqua encore plus. Je n'allais quand même pas dire : "Oui, Maman, je t'ai menti, j'avais la note depuis hier, et je n'avais pas envie que tu me grondes, alors j'ai caché la copie, et je ne te l'aurais jamais donnée si tu ne l'avais pas trouvée, puisqu'il n'y avait pas besoin de la faire signer. Oui, je sais, ce n'est pas bien, et tu vas me dire que ça mérite une fessée." Même si c'était le fond de ma pensée, et si je commençais à imaginer cette issue, je n'aurais jamais eu cette franchise...

Pendant que cela bouillonnait dans ma tête, et que je sentais trois paires d'yeux me dévisager, tenter de lire mes réactions, j'ai d'abord bredouillé des mots désordonnés, essayant de retomber sur mes pattes, pour ainsi dire : "Euh, bah oui, euh, on avait gym et histoire, euh... Mais, euh, on a eu, euh, la copie quand même".
  
Cela ne tenait pas debout, et Maman m'arrêta : "Christine, stop, Christine, ne raconte pas n'importe quoi... Tu veux que j'appelle ta prof de maths pour lui demander quand elle a rendu les copies ?"

J'étais au pied du mur. Je tentai encore un : "Mais, non, ce n'est pas la peine, mais euh, Maman, puisque, euh, je te dis, euh..." que Maman coupa à nouveau : "N'aggrave pas ton cas, Christine. Ce n'est pas la peine de rajouter des mensonges à d'autres mensonges. Et, en plus, de mentir devant tes soeurs... J'avais bien senti hier soir que tu te comportais bizarrement, que tu n'étais pas tranquille... J'aurais dû fouiller ton cartable tout de suite..."


Tête basse, je sentais mes yeux s'embuer...
Mon mensonge ne pouvait plus tenir.
Il valait mieux avouer avant qu'elle n'appelle ma prof...

Je baissai la tête, sentant mes yeux s'embuer, cherchant à ne pas montrer mon désarroi. Il y eut un silence pesant de quelques secondes, avant que Maman n'embraye à nouveau : "Christine, regarde moi dans les yeux et répond moi. Elle a rendu les copies jeudi ou vendredi ? Allez, répond tout de suite, ou j'appelle ta prof. Dépêche-toi, Christine".

Maman a fait deux pas vers le couloir, où se trouvait le téléphone, sur la petite table de l'entrée, Une manoeuvre sans doute, mais je la savais capable d'appeler vraiment, et même de confier ensuite à son interlocutrice que j'allais passer un sale quart d'heure...

Je relevai le nez et suppliai : "Non, non, M'man, non, n'appelle pas. Euh, oui, euh, on a eu les notes, euh, hier, euh, jeudi oui. Mais, euh, c'était pas à signer, et euh, c'était donc pas pressé, et enfin, euh, je ne voulais pas que tu te fâches..."

Maman dodelinait de la tête, presque incrédule. "Mais, ce n'est pas possible, Christine. Il faut que je menace d'appeler ta prof pour que tu daignes arrêter de mentir. Et tu mens, comme tu dis, "parce que tu ne voulais pas que je me fâche". Ah, je peux te dire, ma fille, que sur ce coup-là, tu as tout faux... Parce que je ne sais pas si, hier, je me serais fâchée fort, mais ce n'aurait sûrement rien été à côté de ce que je vais me fâcher ce soir... Tu peux me croire, Christine !"

Je sanglotai, suppliant : "Maman, je t'en prie, comprends-moi. J'allais le dire, tu sais, je te l'aurais dit, euh, demain, euh" !

Elle répliqua : "Tais-toi donc, Christine. Je t'ai assez prévenue. Je ne veux plus de mauvaises notes, plus de colles, plus de mensonges. Et toi, tu me ramènes un 6 en maths qui est peut-être du trimestre dernier, mais dont tu t'étais bien passée de me prévenir avant les vacances qu'il y aurait encore cette mauvaise note à venir. Et, au lieu de m'expliquer ça calmement, ce que j'aurais peut-être pardonné, il faut que tu retombes dans tes cachotteries, dans tes mensonges, à jouer les innocentes hier soir, à mentir quand je me doute de quelque chose, et à continuer jusqu'au dernier moment à me mentir aujourd'hui avec des explications qui ne tiennent pas debout".

Je n'osais plus croiser le regard maternel, ni regarder mes soeurs qui ne pipaient mot, mais n'en manquaient pas une virgule, assises de chaque côté de leur aînée qui prenait un savon bien mérité. "Pardon, Maman, pardon. je ne recommencerai plus...", murmurai-je sans évidemment convaincre notre mère qui continuait à me sermonner.

"En tout cas, Christine, je vais t'ôter l'envie de recommencer. Et tu sais très bien ce qui t'attend... Puisque Mademoiselle ne comprend pas autrement, Mademoiselle peut préparer ses fesses, et ça va barder, tu peux me faire confiance..." conclut Maman d'un ton péremptoire.


Les bras croisés, Maman avait prononcé la sentence,
déterminée comme jamais : "Christine, je vais t'ôter l'envie de recommencer... 
Et tu sais très bien ce qui t'attend... 
Puisque Mademoiselle ne comprend pas autrement, 
Mademoiselle peut préparer ses fesses " !

Je ne savais plus quoi dire, retenant mes sanglots pour ne pas m'attirer une réflexion du genre : "Garde tes larmes, tu vas en avoir besoin quand tu seras sur mes genoux..."

Maman ramassa les grandes assiettes, et sortit pour le dessert une jatte de crème caramel maison, ainsi que trois petits ramequins, nous servant dans la foulée. Diane demanda si elle pouvait avoir un yaourt à la place, mais Maman lui répliqua que ce n'était pas le moment de faire des caprices. 
Mes soeurs avalèrent le dessert en quatrième vitesse, en redemandant même. Maman les resservit volontiers, pendant que j'avais du mal à avaler mon petit ramequin de crème, la gorge serrée, et la tête ailleurs...

Comme il n'y avait pas école le lendemain, Maman autorisa les petites à aller jouer dans leur chambre. Je restais le nez planté au dessus de ma crème dessert quand Maman me dit : "Allez, Christine, finis ton dessert, et file m'attendre dans ta chambre" ! Je ne demandai pas pourquoi... Ce n'était pas simplement Maman que j'allais attendre. C'était surtout la fessée, "ma" fessée, la première de l'année civile pour les filles Spaak, là où j'avais reçu la dernière du premier trimestre, un vendredi, comme il y avait trois semaines exactement...


"File m'attendre dans ta chambre", avait dit Maman. Je savais bien pourquoi, 
je savais que cela allait barder. Et, dans ma tête, me revenaient le souvenir, 
les images, presque les sensations, de la dernière fessée
reçue au même endroit, trois semaines plus tôt...
C'était déjà une déculottée magistrale...

Le souvenir de cette déculottée magistrale me revenait jusque dans les moindres détails, et je savais déjà, de par le ton et les promesses du discours maternel, que ma fessée de ce soir serait au moins aussi longue, aussi cuisante, et que la main maternelle allait claquer, claquer et claquer encore mes fesses déculottées qui n'avaient plus rougi depuis vingt et un jours précisément...

  
A SUIVRE

samedi 7 septembre 2013

Chronique d'un redoublement : 63. Un trimestre qui semble bien commencer ! Ou plutôt qui semblait...

SUITE 62
"Tu ne pourras pas dire que je ne t'avais pas prévenue...", l'avertissement maternel m'avait quelque peu perturbée. Cette dernière nuit avant la rentrée en fut agitée, ayant du mal à trouver le sommeil, et me repassant en boucle les avertissements de Maman sur fond d'images sans équivoque pour mon bas du dos. Je pense même que j'en peuplai quelques cauchemars.


"Je compte sur vous pour mieux commencer cette année que vous ne l'avez finie", devait nous répéter encore, à Aline et à moi, Maman durant le petit-déjeuner de ce jour de rentrée, et j'avoue être partie vers le collège bien consciente qu'il allait falloir être attentive et ne pas me laisser aller si je ne voulais pas me retrouver rapidement en fâcheuse posture...



L'avertissement maternel était clair. Et, durant cette dernière nuit avant la rentrée,
j'avais repensé à ce qui m'attendait si je ne travaillais pas mieux...
Je me revoyais sur les genoux maternels, pyjama et culotte baissés,
et recevant la fessée promise...

 C'est donc une Christine plus réservée que d'habitude qui retrouva ses copines. Et si les conversations tournaient autour des cadeaux de Noël, de ce qu'avaient fait les unes et les autres, ce n'est pas moi qui les alimentai le plus. 

D'ailleurs, bien m'en pris, puisque je ne participai pas aux bavardages qui se multiplièrent dans le dos de la prof d'anglais durant les deux premières heures de cours de l'après-midi, et qui firent que Mlle Paule distribua deux heures de colle à quatre de mes camarades de classe ! 
Incontestablement, la prof avait voulu faire un exemple, sévir d'entrée, histoire de reprendre tout de suite la main, suivant là une technique que ma chère mère utilisait aussi à sa façon...

En tout cas, j'étais bien heureuse de ne pas avoir été ainsi collée dès le premier jour, ne pouvant imaginer ou plutôt sachant trop bien ce qui serait arrivé quand Maman l'aurait appris...

J'en aurais presque remercié Maman de m'avoir rappelé le matin même qu'il valait mieux me tenir à carreau, évitant à mes vieux démons de bavarde, et surtout de chahuteuse derrière le dos de ma bête noire de prof d'anglais, de se laisser tenter de participer à l'agitation d'une classe qui était encore dans l'euphorie des vacances... 

Maman, de son côté, si elle avait pu m'observer, et voir que je me retenais de bavarder, en aurait conclu que sa méthode était efficace, et que la bonne déculottée d'avant Noël avait décidément été utile...

De retour, le soir, à la maison, je pus répondre à Maman que la journée s'était bien passée, et je me vantai même de ne pas avoir été collée, racontant les mésaventures de mes quatre camarades, en précisant même leurs noms, d'autant plus qu'une des quatre était une pimbêche toujours classée parmi les meilleures de la classe.



En rentrant, je m'étais vantée de ne pas avoir été collée comme quatre
de mes camarades. J'aurais presque voulu être félicitée. 
Mais, Maman, qui s'occupait de Diane, me rappela clairement que c'était heureux
que je ne l'aie pas été, sinon je n'aurais eu qu'à préparer mes fesses...  

J'aurais presque aimé que Maman me félicite, mais il n'y avait pas de quoi, et elle se contenta de recadrer le contexte : "Encore heureux que tu n'aies pas été punie dès le premier jour, Christine. J'espère surtout que cela va durer. Je l'espère pour toi aussi, ma fille... Sinon, tu sais bien ce qui t'attend..." Et d'accompagner la dernière phrase d'un petit geste de la main sans équivoque. La remarque me fit donc faire la grimace, et je pensai que j'aurais mieux fait de me taire, puisqu'au lieu de félicitations, j'avais juste eu le rappel que ma prochaine bêtise me vaudrait assurément ma prochaine fessée...

En tout cas, si Mlle Paule avait décidé de sévir dès le premier jour pour mieux tenir ses classes en main, Maman n'était pas loin d'agir de même. Dès le premier soir, elle éplucha nos cahiers, vérifia chaque devoir, fit réciter les leçons des petites, et m'interrogea également sur les miennes, où il y avait moins de par coeur à savoir, mais plus de notions à comprendre et à savoir expliquer.

Nous sentions à l'évidence, mes soeurs et moi, que la volonté maternelle était de ne rien laisser passer durant ce début de trimestre, pour nous mettre sur de bons rails en quelque sorte...

Même Diane qui, souvent, pouvait se contenter d'un travail superficiel, surtout dans les petites classes (ayant comme son ainée des facultés intellectuelles vives), subit le coup de vis maternel. Maman la rappela à l'ordre dès ce premier soir, et elle prit même une forte tape sur le fond de sa jupette, pour la motiver à aller faire ses devoirs alors qu'elle trainassait dans le salon. Le bruit de la claque et le cri de Diane signaient bien la détermination de notre chère mère, et nous incitèrent à faire profil bas, Aline et moi.


 



Ce n'était pas grand chose, mais Diane prenant une grosse tape
sur le fond de la jupe, et filant faire ses devoirs
en gémissant, voilà qui montrait bien qu'il y avait de l'orage dans l'air,
et qu'il tomberait sous peu de façon plus drue...

   
Le troisième soir, c'est Aline qui passa très près de la première fessée de l'année. Une leçon mal apprise, et surtout mal comprise, obligea Maman à reprendre les explications depuis le début, et les réactions chigneuses de ma soeur firent monter le ton. Il y avait de l'orage dans l'air, et Maman se retenait visiblement de ne pas traduire son mécontentement par une tannée magistrale... Elle en était à deux doigts, mais laissa une chance à Aline, en lui disant, la main levée et la paume menaçante  : "Tu la vois celle-là, Aline. Eh bien, je te donne un quart d'heure pour savoir ta leçon par coeur, mais je te préviens que si ce n'est pas su comme il faut, tu peux préparer tes fesses !"

Inutile de préciser que Diane et moi, chacune de notre côté, tout en travaillant nos propres leçons, étions attentives à ce qui allait se produire entre Maman et Aline...

Mais, certainement motivée par la clarté de la menace, Aline réussit tant bien que mal à réciter suffisamment sa leçon pour que Maman ne passe pas à l'acte. Ma soeur s'en sortit de justesse, Maman disant toutefois que : 'C'est quand même dommage qu'il faille menacer d'une fessée pour que tu te mettes à travailler. Dis-toi bien, Aline, que je n'aurai pas tous les quatre matins la même patience et que ça va tomber un de ces jours, et plus vite que tu ne crois..."



Aline savait enfin sa leçon et échappa au pire. Mais, Maman, 
qui commençait à perdre patience, avertit ma soeur. Les mains sur les hanches,
le regard sévère, elle lui rappela qu'elle ne se contenterait pas des seules menaces,
et que cela tomberait plus vite qu'elle ne l'imaginait...
Je savais que l'avertissement avait valeur pour moi aussi...   

Si je pouvais être pour partie contente que ma soeur ait échappé à la colère maternelle, je ressentais cela aussi un peu comme une déception. Ma fessée demeurait la dernière de la maisonnée, et la référence si j'ose dire. Et puis, j'avais bien conscience que si Aline avait réussi à y échapper pour cette fois, la menace n'en devenait que plus précise, plus forte, et pas simplement au dessus de sa tête à elle. A force de multiplier les avertissements, les menaces, il allait bien y avoir une de nous trois qui allait prendre la foudre sur la tête, ou plus précisément sur les fesses... C'est pour cela que, sans lui vouloir du mal, je savais que si Aline avait reçu la fessée, cela aurait plus ou moins détendu l'atmosphère devenu chaque jour plus électrique entre Maman et nous... Mieux valait donc ne pas être la première qui y passerait...

Je commençais toutefois à me sentir en confiance, comprenant qu'Aline était plus dans le collimateur que moi ou Diane. Et je faisais attention à ne pas donner d'occasion à Maman de monter le ton contre moi. A ceci près que, la confiance me gagnant, j'étais un peu moins attentive et me pris une paire de remarques du genre à vous faire réfléchir, et à vous rappeler que vos fesses ne sont pas à l'abri d'une nouvelle cuisson...

Il fallait donc que je me méfie et j'eus une réelle première grosse inquiétude quand la prof de maths rendit jeudi les copies d'un contrôle surprise qu'elle avait fait juste l'avant-dernier jour du premier trimestre. Comme nous savions qu'il ne serait pas répercuté sur le bulletin trimestriel, la plupart des élèves l'avait fait un peu en dilettante. Preuve en était que, moi, plutôt bonne en maths, je récoltai un 6 sur 20, du genre à ne pas plaire du tout à une mère très exigeante avec sa redoublante de fille...

J'eus un instant de panique, comprenant que cela n'arrangeait pas mes affaires du tout... Mais, comme ce n'était qu'un contrôle ponctuel, la prof de maths ne demanda pas que nous fassions signer la copie à la maison, et je me mis à mieux respirer.

Je me dis que rien ne pressait pour en parler à Maman, que ce 6 sur 20 figurerait sur le carnet de notes mensuel de fin janvier, et que j'avais donc le temps de remonter ma moyenne, et que, de toute manière, j'expliquerais alors que la note n'était pas de ce trimestre, et provenait de cette fin d'année où je m'étais relâchée, mais pour laquelle j'avais été punie comme il se devait...

 

Trop inquiète quant à la possible réaction maternelle,
je préférai ne rien dire à Maman du 6 sur 20, le soir même.
Rien ne pressait à mon sens, même si mon attitude forcée sembla bizarre
à Maman qui, heureusement, n'insista point... 

De retour à la maison, jeudi soir, je n'en dis rien à Maman, préférant lui montrer que j'avais bien fait mes devoirs, et tentant de me faire complimenter, dans une attitude tellement serviable que Maman, un instant se demanda si je ne cachais pas quelque chose, ce que je démentis en masquant au mieux mon inquiétude.

La soirée se déroula sans anicroche, Maman étant davantage occupée par Diane, un rien capricieuse comme parfois, et par Aline qui avait décidément du mal avec les divisions. Toujours est-il que j'étais bien contente d'avoir pu escamoter cette mauvaise note revenue à la surface après les vacances.

Vendredi, j'avais le sourire aux lèvres en me rendant au collège, savourant cette toute petite (à mon goût) manoeuvre qui m'avait évité une séance d'explications avec Maman, dont je n'étais pas sûre de l'issue... Même si j'avais plaidé que ladite note ne concernait pas ce trimestre là, qui me dit que Maman aurait admis l'argument, surtout en cette première semaine où elle tenait à bien montrer son autorité et où, chacune de ses trois filles, avait déjà failli subir sa colère, mais avait pu l'éviter, sans que le ciel familial ne s'éclaircisse pour autant...

La perspective de voir cette première semaine s'achever sans incident majeur me redonnait de l'espoir, rendant pour ainsi dire les avertissements maternels répétés moins angoissants. Mais, la semaine n'était pas finie en fait...

N'ayant guère envie de travailler le soir-même, j'expliquai à Maman que je n'avais pas beaucoup de devoirs pour lundi, et que je les ferais tranquillement samedi, où je n'avais pas cours. Comme elle tenait à faire des exercices quotidiens avec Aline, Maman accepta, et j'en fus ravie.

Ce que je n'avais pas envisagé, c'est que Maman, entre deux exercices à faire par Aline, en profiterait pour venir dans ma chambre vérifier mon cahier de textes, regarder ce que j'avais réellement à faire pour lundi, et sortir donc toutes les affaires se trouvant dans mon cartable... Dont la fameuse copie de maths avec un 6 sur 20 souligné en rouge ! J'avais imaginé la glisser au milieu des copies du premier trimestre rangées dans mon tiroir, mais je pensais le faire tranquillement durant le week-end...

J'étais en train de regarder un magazine dans le salon quand Maman fit cette découverte... "Christine, tu veux bien monter me voir ? Et vite !"  Le ton sec me fit comprendre que ce n'était pas pour me féliciter...



Maman m'attendait dans ma chambre, faisant des aller-retour entre la porte
et le bureau, visiblement énervée, pour ne pas dire en colère...
Il allait falloir la jouer serrée et débiter avec conviction
l'argumentaire que j'avais préparé pour expliquer cette mauvaise note... 

Je compris en retrouvant Maman dans ma chambre, à côté de mon petit bureau, la copie de maths à la main...

"Tu peux me dire ce que c'est que cette note, et pourquoi tu ne m'en as pas parlé...", interrogea Maman, le regard furibard.

Il fallait vite "éteindre" l'incendie, et je récitai tout de suite ce que j'avais préparé pour ma défense, au cas où... "Bah, euh, ce n'est rien, M'man. Euh, regarde la date, c'est une interro d'avant les vacances qui n'avait pas été encore rendue. La prof nous l'a rendue cet après-midi. Je n'ai pas eu le temps de te la donner. Je te l'aurais montrée demain en faisant mes devoirs. Mais, elle n'est même pas à signer, tu sais. Et puis, depuis la rentrée, je travaille fort et je vais remonter ma moyenne, tu verras..."


J'avais débité mes arguments d'un coup, surprenant Maman qui s'attendait sûrement à ce que je sois hésitante, voire muette, comme souvent quand je me sentais prise en flagrant délit de faute manifeste. De fait, je ne croyais guère que cela la convaincrait, et je me sentais en fâcheuse posture, m'en voulant personnellement surtout de ne pas avoir caché ladite copie, puisqu'il n'y avait pas à la faire signer...

Mais, à ma grande surprise, alors qu'Aline depuis sa chambre l'appelait en disant qu'elle avait fini son exercice, Maman admit en partie mes arguments en disant : "Ah, Christine, tu as de la chance que ce soit un contrôle du premier trimestre, parce qu'avec une note pareille dans une des matières où tu es censée être forte, je n'ai pas besoin de te faire un dessin sur ce que cela mériterait... J'espère juste que c'est la dernière mauvaise surprise, parce que ma patience a des limites, et qu'une bonne fessée te ferait certainement le plus grand bien..." 



Quand Maman est sortie de ma chambre, sans sévir,
admettant mes arguments, je n'en croyais pas mes yeux.
J'avais tellement eu peur en la voyant brandir la copie cachée...
Mais, ce n'était sûrement que partie remise car elle avait bien rappelé
"qu'une bonne fessée me ferait  du bien..."
Et dans ma tête, j'imaginais rougissante que ce serait culotte baissée... 

Je n'en menais pas large, persuadée que mon imprudence (en ne cachant pas la copie, car c'est bien la principale chose que je me reprochais...) serait fatale pour mon bas du dos, je respirai longuement quand Maman sortit finalement de ma chambre, arrêtant là un dialogue dont je n'imaginais pas me sortir aussi bien ! 

Maman était visiblement sur les nerfs, mais j'avais réussi à lui faire avaler cette pilule, et je n'en revenais pas vraiment. Ecoutant ce qui se passait du côté des devoirs d'Aline, j'entendais bien que Maman était passablement énervée, et je me doutais que le moindre faux-pas de ma soeur déclencherait l'orage à son encontre, même si une part de la mauvaise humeur maternelle m'était due... Mais, pour une fois, cela ne m'aurait pas déplu que ce soit Aline qui en fasse les frais...

Heureusement pour elle, soeurette avait solutionné correctement son exercice. Pas parfaitement, puisque Maman lui fit comprendre qu'elle était près de sévir, mais Aline, une fois encore, y échappa, se contentant de menaces dont mes soeurs et moi commencions à nous dire qu'elles allaient bien se concrétiser un jour, voire très vite...

Sentant que c'était Aline la première dans le collimateur, et vraiment soulagée d'avoir réussi à faire passer mon 6 en maths, j'étais devenue guillerette et me montrai enjouée durant le diner. J'en taquinai même Aline sur ses difficultés à faire ses devoirs, me valant une réflexion de Maman : "Euh, Christine, à ta place, je ne jouerais pas les fanfaronnes. Surtout quand on ramène un 6 sur 20 en maths..."
La réflexion me calma, et je replongeai le nez dans mon assiette, en me disant que mieux valait que Maman change de sujet de conversation...

Il y eut un long moment de silence autour de la table, chacune se remettant à manger les bonnes pâtes au gruyère que nous apprécions toutes.

C'est alors que Maman, qui avait fini son assiette, et s'était levée pour remplir la carafe d'eau, revint vers la table et se mit à réfléchir à haute voix : "Dis donc, Christine, je repense à ce que tu m'as raconté tout à l'heure... Depuis quand as-tu cours de maths le vendredi ? Je croyais que l'après-midi, tu avais deux heures de gym et une heure d'histoire-géo, non ?"
 
Patatras ! C'était la question qui tue...

Autour de la table, deux visages, ceux de mes soeurs, affichèrent une mine étonnée et curieuse... Grande soeur, elle, faisait la grimace et son coeur se mit à battre très vite...

A SUIVRE