lundi 17 décembre 2012

Chronique d'un redoublement : 53. Maman tient toujours ses promesses...

SUITE 52

Depuis qu'elle était rentrée, je n'avais pas encore eu de contact direct avec Maman. Je l'avais vue revenir de la boulangerie, j'avais été écouter dans le couloir du bas sa conversation avec Tata, mais elle ne m'avait pas encore appelée, ni donné de consigne quelconque...
J'hésitais donc à attendre encore dans ma chambre ou à aller aux nouvelles, ce qui ne me disait guère puisque déjà, via Aline en rentrant, via sa voix espionnée depuis le couloir, et via Tata qui me l'avait confirmé, je savais que la reprise de contact ne se traduirait pas autrement que par une invitation à "préparer mes fesses"...



Je tournais en rond, plutôt angoissée, ma main s'égarant parfois au bas de mon dos, moitié par réflexe de protection, moitié pour constater que tout allait encore bien, que pour l'instant je profitais encore du sursis que j'avais réussi à prolonger depuis deux bons jours...

Maman qui savait évidemment par mon manteau accroché dans l'entrée et certainement par Aline qui lui avait dit, que j'étais bien rentrée, devait se douter que si son ainée restait hors de sa vue, c'est qu'elle ne se sentait pas tranquille...  
Et je pense qu'elle me laissait mijoter volontairement, préparant le dîner tout en surveillant d'un oeil les devoirs des petites, sages comme des images, selon l'expression consacrée, mais qui aurait pu se traduire à la maison par "sages comme les jours de fessée de Christine" !



Au bout d'une demi-heure, où la seule incertitude était de savoir quand ma chère mère "s'occuperait" de moi, je descendis, le coeur battant, me retrouvant en face de Maman qui venait de donner une précision sur un devoir de Diane, et allait retourner dans la cuisine.
Maman me décocha un regard faussement amusé : "Tiens, tiens, te voilà. Je me demandais où tu étais cachée. Tu ne voulais pas dire bonjour à ta Maman ? Il y avait quelque chose qui te gênait, peut-être ?"
Je ne savais quoi répondre, et baragouinai un : "Oh, non, euh... Tu veux, euh, parler, euh, du courrier du collège, euh. Je, euh, enfin, euh, je vais te, euh, t'expliquer".
 Maman ne me laissa pas développer une quelconque explication. La réponse fusa : "Christine ! NON ! Arrête tes histoires et tes mensonges. Tout ce que je sais, c'est que ma fille a encore récolté deux heures de colle, et pour avoir chahuté en classe. C'est i-nad-mi-ssi-ble !", tonna-t-elle en détachant les syllabes. "Alors, ne me raconte pas de sornettes. Tu sais très bien ce qui t'attend, ce que je t'ai promis, la fessée, Christine, la fessée... Puisque c'est la seule chose qui te fasse tenir à carreau, du moins quelque temps, eh bien, Mademoiselle va encore recevoir une déculottée maison, et voilà tout !".
Elle me pointait du doigt avec un regard noir, à deux pas des petites qui observaient la scène, plus intéressante bien sûr que leurs livres et cahiers.
Je tentai de protester, répliquant par deux petits "Non, non", puis osant un "Oh NON !" presque fort, presque de révolte, en tout cas moins timide pour quelqu'un qui se sentait au pied du mur.
 Maman n'apprécia pas ce "Oh NON !" intempestif, et sa main qui pointait son index s'ouvrit montrant sa paume. Je crains de prendre une gifle et me retournai prestement pour aller vers la porte. Dans le mouvement, ma jupe virevolta au moment où Maman, qui avait vu venir ma manoeuvre, en profita pour me décocher une claque magistrale sur mon fond de culotte.
La claque résonna et me fit pousser un petit cri pendant que Maman commentait : "Oui, c'est cela, file, tu ne perds rien pour attendre..."





J'avais été surprise par cette claque lancée à la volée et qui témoignait bien de la détermination maternelle. Je ne demandai pas mon reste et filai dans ma chambre, perturbée et au bord des larmes.
J'étais haletante quand je refermai la porte derrière moi. M'arrêtant après ma course dans l'escalier, je sentis le picotement sur ma fesse droite. Maman y était allée de bon coeur contre une fille dont le "Oh NON" avait un avant-goût de révolte.
Cela me chauffait sur le côté et je me mis devant la glace de mon armoire, relevant ma jupe et posant mes mains en parallèle sur mes deux hémisphères jumeaux.
La claque maternelle était passée par dessous la jupe, atterrissant légèrement de côté,  la paume et le pouce se plaquant sur le fond de ma culotte, les quatre doigts ayant débordé et atteint la peau directement.
C'est là que cela picotait, et je distinguais l'empreinte des quatre doigts marquant de rouge ma fesse latérale droite.
Sous l'étoffe de ma culotte, la trace de la paume n'était que diffuse, chauffant comme un petit radiateur, mais sans le picotement.
En plaçant mes mains sur mon bas du dos, je ressentais ces différences. A gauche, une demi-lune toute fraiche, intacte, reposée par un long sursis, puis à droite une double sensation de chaleur, maitrisée et comme réchauffante sur la partie protégée par l'étoffe de coton, brulante et "picotante" où les doigts avaient marqué la peau.
Je comprenais que je venais en quelque sorte d'avoir un acompte, que bientôt ma fesse gauche aussi serait "réchauffée", mais comme je le ressentais avec une grande acuité, ce serait au plan de la douleur tout autre chose quand ma culotte serait baissée...

De plus, il n'était pas question d'avoir la moindre illusion : toutes mes colles m'avaient valu des déculottées, et si Maman n'avait parlé à Tata que d'une "bonne fessée", elle venait d'annoncer clairement, et devant mes soeurs, que je recevrais une "déculottée maison". Le doute n'était plus possible et cette claque décochée à la volée resterait sans doute la seule à atteindre une lune protégée...

Ce qui me consolait vaguement était que Maman ne m'avait pas punie sur le champ, ma petite interjection de révolte aurait pourtant pu justifier qu'elle règle ses comptes immédiatement. Mais, elle n'avait pas non plus renvoyé l'affaire, comme elle le faisait souvent d'un "On réglera ça après le diner", ni en me demandant de me mettre en pyjama. Quelque chose toutefois, je ne sais quoi, mais avec le temps on a souvent des intuitions qui fonctionnent, me disait que le sujet serait vite remis sur le tapis...

Guettant les bruits du bas après avoir rouvert ma porte et rabaissé ma jupe, je compris que Maman avait des choses à faire en cuisine. Elle préparait une tourte et avait mis le four à préchauffer. Cinq minutes plus tard, elle put enfourner sa préparation pour qu'elle cuise durant les 45 minutes nécessaires. Soit trois quarts d'heure, avant de pouvoir passer à table, et bien assez pour tenir une certaine promesse...

"Aline et Diane, je monte voir Christine... Soyez sage... Quand vous aurez fini vos devoirs, vous pourrez allez vous mettre en pyjama. J'ai fait une bonne tourte pour le diner..."  , dit-elle depuis l'entrée du salon d'une voix dont je pouvais tout entendre.

Apparemment, Diane, comme il fallait s'y attendre dit qu'elle avait fini ses exercices. Maman lui répondit : "Alors, revois encore ta poésie, je te ferai réciter après le diner. Je ne voudrais pas avoir à me fâcher contre toi aussi..."

Cela remit ma petite soeur à sa place, et Maman s'engagea dans l'escalier... Ce pas, c'était comme ma fessée qui montait...

Je m'étais précipitée près de la fenêtre, pour faire semblant de regarder dehors, pour me donner une contenance.

Maman entra par la porte entrebaîllée, mais elle l'ouvrit complètement, s'arrêtant un instant pour prêter l'oreille, comme pour me dire qu'elle laissait la porte ouverte pour surveiller en même temps les petites...

Je fis la grimace, mais comme j'avais cauchemardé depuis deux nuits en imaginant une déculottée publique devant famille et boulangères réunies, je restai étrangement calme.  

"Maman, s'il te plait...", murmurai-je, mais elle était déjà assise, tapotant sur ses genoux en me disant : "Allez, Christine, finissons-en. Viens ici tout de suite...."


J'ai effectué les cinq à six pas qui me séparaient des genoux maternels comme une automate, mais en esquissant à peine un geste de recul lorsque Maman m'a attrapé par les poignets et m'a basculé en travers de ses genoux, là où je savais depuis l'annonce de la colle en cours que je finirais...
Maman dit une ou deux fois : "Bien, bien...", comme si elle m'accordait un satisfécit pour une obéissance satisfaisante. Je la laissai même remonter complètement ma jupe, la coincer au bas de mon dos, dégageant ma culotte.
Sur le côté droit, on voyait encore nettement les traces de la claque avec quatre empreintes de doigt rougissant mon épiderme...
Maman ironisa : "Ah, un petit peu de rouge d'un seul côté... Mais, je vais réparer cela bien vite... Il n'y aura pas de jalouses, ne t'inquiète pas, les deux fesses seront servies, crois-moi..."





J'avais tenté de placer ma main droite en protection, mais Maman haussa le ton, me la bloqua dans le dos, et entreprit de baisser ma culotte, pendant que je gémissais et commençai à sangloter...
"Garde tes larmes, Christine, je n'ai pas encore commencé, dit elle en dégageant totalement ma lune. Ah, c'est encore tout blanc là-dedans... Mais, on va rattraper le retard, Christine... Quand je pense que tu as récolté cette colle il y a deux jours, et que tu ne t'en es pas vantée... Tu savais trop bien ce qui t'attendait... Tu sais que Maman tient ses promesses, et que jamais elle n'acceptera que sa grande fille gâche ses chances et se fiche du monde..."




Le temps qu'elle dise tout cela, j'étais restée bien bloquée sur ses genoux, culotte baissée, lune encore intacte (à un impact près), avec cette étrange sensation du calme avant la tempête...
Je suppliai : "Maman, non, je t'en prie, je ne recommencerai plus", mais elle avait déjà  asséné une première claque sur la fesse gauche, avant de regarder l'empreinte de sa main rougir ma lune en parallèle avec la claque du salon.

"Voilà, il n'y a plus de jalouses, s'amusa-t-elle, avant de reprendre sérieusement. Allez, passons aux choses sérieuses. Je ne voudrais pas te faire attendre plus longtemps, ma fille... Je vais te rappeler ce que c'est qu'une bonne fessée, et ce qui arrive aux chahuteuses, et qui plus est aux menteuses dans cette maison..."

Et la dégelée tomba, mécanique, forte, très appliquée. Je dis "dégelée", parce que les picotements dont j'avais peur étaient au rendez-vous. Je ne les aurais peut-être pas ressenti autant, pris dans l'avalanche de sensations, de la honte à la douleur qui se mêlaient dans ma tête et dans mon corps. Mais, comme, juste avant, je venais de ressentir, de soupeser la différence d'impact d'une claque sur une culotte avec des doigts sur une peau nue.

Alors, cette première couche, cette longue série de claques savamment réparties, généreusement distribuées par une mère qui se rabâchait que je l'avais méritée, qu'elle m'avait été promise, que je devais m'en souvenir pour qu'elle soit efficace, que je l'avais de plus roulée dans la farine en cachant ma faute deux jours durant, cette fessée, du moins l'entrée en matière, je la ressentais claque après claque comme si chaque picotement, chaque bruit caractéristique de l'impact me rappelait que j'étais déculottée...
 


Les picotements m'arrachaient des petits cris, puis petit à petit, la cuisson devenant uniforme, la "tannée" faisant son effet, la claquée faisait toujours mal, mais plus en profondeur, de manière moins épidermique. L'essentiel de la montée en température devait être accompli, mais on passait à la partie qui fait passer de la fessée d'impulsion à la fessée magistrale, exemplaire, marquante.
Je pleurais à chaudes larmes, ma respiration devenant moins haletante.
C'est à ce moment que des bruits de pas se firent entendre, mes soeurettes montant en courant pour être la première à voir ou apercevoir quelque chose...

Elles arrivèrent devant la porte grande ouverte, se figeant avec des yeux écarquillés, Maman arrêtant sa claquée en les voyant pointer le bout de leur nez...
Je tentai de bouger, mais Maman raidit le bras qui me ceinturait, avec un "Ho, Ho", qui ressemblait à un ordre pour calmer un cheval.

"Maman, Maman, on a tout fini nos devoirs", lança Aline. "Et je sais ma poésie par coeur", rajouta Diane, qui ne bougeaient pas d'un pouce, figées devant le tableau, alors que, dégoûtée, je tournai la tête pour cacher mes larmes, sans pouvoir bouger de ma honteuse position...

"Alors, allez vous mettre en pyjama. Vous voyez bien que je suis occupée avec Christine...", ordonna Maman, ajoutant : "Allez, filez, petites curieuses, à moins que vous ne vouliez prendre la place de votre grande soeur quand j'en aurai fini avec elle..."

Aline très vite, puis Diane en laissant encore trainer un oeil un instant, disparurent. J'en profitai pour implorer Maman : "Arrête, Maman, ça suffit, j'ai mal, je veux plus..."
Cela ne fit que remotiver Maman, qui me rééquilibra en travers de ses cuisses, regarda un moment son oeuvre, comme pour jauger la suite à donner.

"Christine, ici, c'est moi qui décide quand ça suffit ou pas... Tu n'avais qu'à y réfléchir en classe au lieu de te remettre à chahuter... Ne crois pas que l'arrivée de tes soeurs va te tirer de ton mauvais sort. Tu mérites une bonne fessée, et je veux que tu t'en souviennes. Tu as mal, mais c'est fait pour ça, une fessée, ma chérie, et si tu ne t'en souviens pas bien, c'est peut-être que la dernière n'était pas assez forte." Et c'était reparti pour un tour, la mini-pause ayant fait pâlir un tant soit peu ma lune, Maman lui déversa une nouvelle avalanche de claques parfaitement dosées.  
"Ah, voilà des fesses qui commencent à avoir la couleur désirée.Tiens, tiens et tiens... Quand Maman promet une bonne fessée, ce n'est pas de la rigolade, crois-moi...", commentait Maman qui, à nouveau s'arrêta, voyant Aline apparaitre à nouveau.
Elle était juste en culotte et demanda  : "Maman, je ne trouve pas mon pyjama" . Diane était juste derrière, elle déjà en chemise de nuit, et ajouta :  "Il est au sale son pyjama".
Maman rétorqua : "Ah, c'est vrai, prends donc le rose qui est dans le tiroir du haut de la commode".
Mes soeurs demeurèrent devant la porte, alors que je tentai à nouveau de descendre des genoux maternels. "Filez de là, je ne le répéterai pas !", lança une fois de plus Maman à mes soeurettes pas vraiment pressées de quitter leur place de choix à moins de trois mètres des genoux maternels, où la lune de grande soeur était toute déculottée et écarlate... 




"Aline et Diane, je ne voudrais pas avoir à me fâcher. Arrêtez de regarder comme ça... Si j'en revois encore une de vous deux, je la déculotte dès que j'en ai fini avec Christine... Allez, ouste, et fermez la porte derrière vous..." ordonna Maman.

C'est Aline  qui repoussa Diane dans le couloir, retirant ensuite la porte de ma chambre pour la refermer, non sans passer à quelques centimètres de Maman et moi, encore dans la même position , où nous avions été dérangées par deux fois.

Nous étions enfin en situation de huis clos, même si les soeurettes étaient certainement aux aguets derrière la porte ou l'oreille collée contre la cloison...

Je chignai : "Elles sont pas gentilles", en essayant d'apitoyer Maman. Elle me renvoya l'argument : "Oh Christine, si tu n'avais pas chahuté, ni menti, je n'aurais pas eu à sévir, et tes soeurs n'auraient rien vu... Arrête tes simagrées, ce n'est quand même pas la première fois qu'Aline et Diane voient leur grande soeur recevoir la fessée... Et, quelque chose me dit que, si tu ne changes pas d'attitude, ce n'est sûrement pas la dernière fois qu'elles te verront sur mes genoux..."

Je ré-éclatai en sanglots, pendant que Maman, dont le bras venait à nouveau de se reposer quelques instants,  me replaça bien en équilibre... "Allez, finissons-en ! Je crois que ces fesses-là méritent encore une bonne claquée... Pour que tu comprennes qu'on ne se moque pas de sa mère, en chahutant et en mentant effrontément.... Ah, Christine, puisqu'il n'y a que cela qui fonctionne avec toi, puisque cela ne rentre pas par la tête, eh bien, on va encore s'adresser à tes fesses..."

La fessée reprit pour une ultime tannée qui réveilla ma douleur et me fit pleurer un flot de larmes. Je suppliai, mais Maman ne faiblit pas. La porte ayant été fermée, la fessée semblait résonner plus encore, et marquait autant ma peau que mon esprit. 




     
Puis, enfin, après une dernière salve très appliquée où Maman s'aidait de la voix, la fessée s'arrêta... Je devais avoir la lune écarlate, et j'avais l'impression de ne plus sentir mon épiderme, tellement la tannée avait été uniforme, faisant comme si j'avais un radiateur au bas du dos.
Me relevant, un peu chancelante, je dansai d'un pied sur l'autre un instant, tentant en y appliquant mes mains de dissiper la douleur de mes fesses, mais c'était surtout une sensation de haute cuisson que je ressentais.
Maman, croisant les bras, et me regardant sangloter en gémissant, commenta : "J'espère que la leçon portera ses fruits, Christine. En tout cas, ne t'avise pas de recommencer, surtout pas, car tu sais ce qui t'attend... Il y a des choses que je n'admettrai jamais, Christine, ja-mais, tu m'entends, ja-mais !"   
C'est quand elle se leva et se dirigea vers la porte que je pris conscience de la situation et que je remontai à la hâte ma culotte sur ma peau endolorie... 
La fessée ne s'était pas, heureusement, déroulée comme dans mon cauchemar. Elle s'était même achevée à huis clos, à l'abri de tous les regards, mais du point de vue de l'intensité, la fessée avait été un modèle du genre, une déculottée magistrale, une tannée exemplaire. Je n'avais pas "préparé" mes fesses pour rien !

A SUIVRE

lundi 10 décembre 2012

Chronique d'un redoublement : 52. Quand le cauchemar semble prendre forme

SUITE 51

En d'autres circonstances, j'aurais peut-être osé profiter que nous étions seules pour faire taire ma soeur, pour lui faire comprendre que ses moqueries pourraient se retourner un jour contre elle, et qu'une grande soeur imaginative comme je savais l'être parfois pourrait trouver moyen de se venger en douce...
Mais, là, cette fois, je ne lui en voulais pas vraiment, du moins je comprenais son attitude, à elle qui avait subi les foudres maternelles deux jours auparavant.
Cela aurait été Diane, j'aurais sûrement été davantage piquée au vif. Aline, elle, avait presque un regard de compassion tout en se moquant joyeusement, et puis il y avait aussi le fait que ce qu'elle disait et répétait était hélas une évidence, et tout sauf une surprise pour moi...



 Je me suis assise sur mon lit. Prostrée, comme abasourdie, sans ressort. La Christine combative, celle qui jouait à gagner du temps depuis 48 heures, celle qui se nourrissait d'espoir et se devait de jouer un rôle, venait de comprendre que la séquence était finie, que l'on rentrait dans la conclusion de l'épisode, et que, hormis quelques détails, j'en connaissais l'essentiel : cela se terminerait par une fessée. Bien sûr, dit ainsi, une fessée, cela semblait banal. Mais, quand c'est une fessée de Maman, et que ce sont ses propres fesses que l'on doit préparer, ce n'est plus "une fessée" simple, banale, c'est sa fessée, c'est "ma" fessée que j'attendais...



Fataliste, je ne l'étais pas souvent, tant j'essayais de jouer la moindre carte jusqu'au bout, mais là, il y avait trop d'évidence, et je ne me faisais plus d'illusion.
Restait à attendre Maman, et comme je n'avais pas la tête à réviser mes leçons, ne pensant qu'à ce qui m'était promis, je me suis assise près de la fenêtre de ma chambre, à regarder dehors, à guetter le retour maternel.

Le grincement de la porte du jardin me sortit de ma torpeur. Mais, à ma grande surprise, c'était bien Diane qui rentrait, mais c'est Tata Jacqueline qui lui tenait la main.

Je descendis lui dire bonjour, m'étonnant que Maman ne soit pas là. Tata m'embrassa et répondit : "Nous nous sommes croisées en ville quand elle sortait de chez le dentiste. Comme elle avait encore deux petites courses à faire, je lui ai proposé de ramener Diane, mais elle n'en a pas pour longtemps. Ne t'inquiète pas, elle arrive..."




Tata remarqua que je faisais la grimace, et elle esquissa un petit sourire contrit, ajoutant : "Enfin, quand je dis : ne t'inquiète pas, ce n'est peut-être pas la bonne expression, car elle semblait assez en colère contre toi... Ma pauvre Christine, il parait que tu t'es encore faite prendre à chahuter en classe. Tu sais pourtant bien que ta Maman n'aime pas du tout ça... J'ai bien essayé de lui dire que ce n'était pas grave, mais je ne l'ai pas convaincue, et j'ai bien peur que se finisse mal pour toi, ma pauvre chérie..."

J'étais au bord des larmes et Tata me serra à nouveau dans ses bras, quelques secondes qui me parurent une éternité réconfortante. Puis, elle me conseilla : "Je serais à ta place, j'irais vérifier mes devoirs, réviser mes leçons, histoire qu'elle n'ait rien d'autre à te reprocher ce soir. De toute manière, elle ne va pas tarder. Elle devait juste aller à l'épicerie, puis passer à la boulangerie".

Je suivis le conseil de Tata, la laissant avec Aline et Diane qui n'avaient rien manqué de la conversation et avaient le regard pétillant des soirs d'explication pour leur soeur ainée...

En regagnant ma chambre, je me mis à broyer du noir. J'eus un grand moment d'angoisse, me mettant à sangloter, ayant du mal à retenir mes larmes, à retrouver le calme. J'avais l'impression que je me retrouvais dans le cauchemar de l'avant-dernière nuit...

Tata Jacqueline était là, et semblait ne pas douter que j'allais recevoir la fessée. Et, oh mon Dieu, ce n'est pas possible : Maman devait, comme le disait ma tante, "passer à la boulangerie" !
Je m'étais retenue de demander "pourquoi" devait-elle "passer à la boulangerie"... Elle aurait sûrement répondu : "Mais, pour chercher du pain", mais une partie de moi craignait qu'elle réponde : "Je crois que c'est pour demander à la boulangère et à sa vendeuse de passer à la maison, ce soir".

Non, je ne pouvais pas y croire, mais aussi incroyable que cela paraisse, j'avais l'impression que mon cauchemar prenait forme. J'en revoyais les images, avec ce dédoublement d'image qui me faisait actrice et spectatrice à la fois... J'étais au milieu du salon, étalée sur les genoux maternels, la lune toute déculottée, devant mes soeurs, ma tante, et attendant que la porte s'ouvre pour laisser entrer Martine et Mme Breton...

 


 Je mis quelques minutes à chasser ces images de ma tête, essayant de trouver une contenance en déballant quelques livres et cahiers pour me donner une contenance et une apparence d'élève studieuse... Mais, les lignes se troublaient devant ma vue, et je n'avais que le retour de Maman en tête...

Quand j'entendis à nouveau la portail, je guettai et vu qu'elle rentrait avec une baguette de pain et un sachet de viennoiserie. Elle était donc bien passée chez Mme Breton, et je ne m'inquiétais même pas de savoir si mes oreilles avaient sifflé, si elle avait évoqué mes exploits et ce qui m'attendait. Même ça, je l'aurais trouvé normal, mais ma seule inquiétude était de savoir si elle avait "invité" Mme Breton...






Ne pouvant tenir en place, je descendis discrètement les escaliers et me postai près de la porte du salon. Aline et Diane étaient en train de faire leurs devoirs sur la table de la salle à manger, alors que Maman et Tata discutaient, assises sur le canapé.

Apparemment, le sujet tournait autour de mon comportement. Tata jouait les avocates en suggérant à Maman d'être compréhensive, en disant que cela pouvait arriver d'être distraite, et que l'essentiel était bien que les notes se soient améliorées depuis l'année dernière.

Maman ne voulait rien entendre et lui montrait le bulletin de colle : "On ne parle pas de distraction, mais bien de chahut. Je ne peux pas laisser passer ça, surtout dans cette année de redoublement. Pas question que Christine se remette à n'en faire qu'à sa tête. Tu sais, je connais assez ma fille pour savoir ce que je dois faire... La seule chose qui marche avec elle, c'est une bonne fessée, un point c'est tout. Et, crois moi, elle n'y coupera pas..."

Tata n'insista pas. Maman lui proposa de rester dîner, mais elle répondit qu'elle avait prévu d'aller au cinéma ce soir-là, et qu'elle préférait ne pas nous déranger, "surtout" en cette soirée où Maman avait "beaucoup à faire".

Entendant ces mots, je remontai en douce dans ma chambre, où Tata vint me dire au revoir quelques minutes plus tard. Elle me confia en deux mots qu'elle avait plaidé ma cause, mais que Maman avait l'air bien décidé à sévir. Elle me quitta, m'ayant embrassée une dernière fois en me glissant à l'oreille : "Allez, courage, ma chérie. Cela te fera peut-être réfléchir avant de chahuter à nouveau. Ta Maman t'aime, tu sais. Mais, c'est aussi son rôle de t'élever comme il faut, même parfois en donnant la fessée aux petites chahuteuses..."

Tata redescendit, échangea quelques mots que je n'entendis pas, avec Maman sur le perron, puis elle rentra chez elle.

Mon avocate était partie, et j'aurais pu m'en inquiéter, sachant combien parfois, tant qu'elle était là, elle ou Mamie, j'arrivais à gagner du temps, mais ce soir-là, le départ de Tata m'apparaissait comme une bonne nouvelle. J'en étais soulagée, avec un poids en moins... Tata pas là, c'était un signe que mon cauchemar n'allait pas se réaliser, pas comme je l'avais vu en tout cas...


A SUIVRE