samedi 28 septembre 2019

Chronique d'un redoublement : 149. Le retour à la maison confirme une issue inéluctable et angoissante...

SUITE 148

Alors que nous n'étions qu'à deux minutes de la maison, il se mit à pleuvoir. Ce n'était qu'une petite averse automnale, mais qui nous força à hâter le pas, Maman n'ayant pas emporté son parapluie. Nous fîmes donc irruption dans la maison en courant, ce qui ne me plaisait guère, moi qui n'avais guère envie de rentrer, chacun le comprendra aisément...


Nous étions rentrées sous la pluie, Maman hâtait le pas,
moi, je n'avais pas du tout envie de rentrer trop vite...

"Enlève donc tes chaussures et mets tes chaussons. Ne mets pas de l'eau partout. Ce n'est pas le moment de m'énerver davantage", m'avait lancé Maman d'un ton qui renseigna vite Tata et mes deux soeurs sur l'humeur maternelle...
Ma chère tante nous rejoint dans l'entrée, m'aida à enlever mon blouson et le rangea sur le porte-manteau, en remarquant ma mine grincheuse. "Que se passe-t-il encore ? Tu as fâché ta Maman ?"
Je baissai la tête et plongeai dans les bras de Tata, en sanglotant, sans pouvoir formuler quoi que ce soit, pendant que ma tante me caressait la tête, en disant : "Ne pleure pas ma petite chérie. Allez, ça va passer..." !
Ce qui ne manqua pas de faire réagir Maman, qui lança : "Laisse donc ta petite chérie pleurnicher. Ce n'est rien à côté de ce qui l'attend... Allez, Christine, file dans ta chambre faire tes devoirs. Mieux vaudrait pour toi qu'ils soient bien faits... On verra plus tard pour le reste..."
Je me redressai et quittai les bras de Tata pour prendre l'escalier vers ma chambre, pendant que Tata interrogeait Maman : "Qu'y a-t-il donc avec Christine ? Le rendez-vous avec sa nouvelle prof s'est mal passé ?" 
Aline et Diane attablées à la cuisine avaient les oreilles grand ouvertes. 
Quant à moi, arrivée sur le palier du haut, je m'arrêtai avant d'entrer dans ma chambre, l'oreille tendue pour écouter ce que Maman allait répondre...


Je guettai du haut de l'escalier, tendant l'oreille,
et écoutant Maman raconter son entrevue avec Mlle Simon...
Maman était visiblement décidée à sévir à mon encontre...

"Ah, ne m'en parle pas... Ta petite préférée retombe encore dans ses travers habituels... Il faut qu'elle bavarde en classe, qu'elle fasse l'intéressante dans le dos de ses profs, Et quand elle se fait prendre, elle me cache ses punitions, en me mentant effrontément... Ce n'est pas possible... J'espérais que le passage en Quatrième allait la voir s'assagir... Mais, non, pas du tout, avec Christine, il n'y a vraiment que les bonnes vieilles méthodes qui fassent de l'effet... Eh bien, on va les reprendre... Pas plus tard que ce soir...", avait expliqué Maman, d'un ton qui ne souffrait aucune contestation...
Tata essaya bien de plaider ma cause : "Pourtant., côté des notes, ce n'est pas trop mauvais, me disais-tu ?"
La réflexion fut balayée par Maman : "Mais, c'est comme toujours. Christine est partisane du moindre effort... Mademoiselle a des facilités, elle apprend vite, mais se contente souvent d'une petite moyenne tranquille, alors qu'elle est capable de figurer parmi les meilleures de la classe. C'est rageant quand même... Et si je n'interviens pas, Christine se la coule douce, quitte à même me raconter des bobards et me mentir effrontément pour s'éviter des ennuis... Et cela je ne le supporterai jamais".


 Tata avait bien essayé de plaider ma cause,
mais rien n'y faisait... Maman confirmait clairement
qu'elle allait me donner la fessée...

Tata tenta de calmer le jeu : "C'est comme ça, tu sais, elle commence à s'assagir. Ce n'est pas forcément la peine de la punir. Elle peut très bien comprendre sans..."
Maman monta d'un ton : "Laisse-moi donc élever mes filles à ma guise... Je connais trop bien Christine... Si je ne lui donne pas la fessée cette fois, c'est la porte ouverte à tous les coups en douce... Pas question que ma fille s'en sorte comme une fleur, alors qu'elle bavarde en classe, me cache ses punitions, me ment de façon éhontée. Et moi qui arrive devant sa prof en ignorant tout ça. Je suis passée pour une idiote, pour une mère qui ne sait même pas ce que fait sa fille, une mère qui se fait rouler dans la farine... Cela, je te prie de croire qu'elle va me le payer..." La dernière partie de l'argumentaire maternel me fit trembler plus encore... Maman s'était sentie idiote devant la jeune prof, et ça, je me doutais bien que j'allais effectivement le "payer" ! Sur mes fesses bien sûr !


Je comprenais que Maman s'était sentie vexée,
comme accusée de ne pas savoir bien élever sa fille...
Et je comprenais que j'allais le payer cher...
Je m'imaginais déjà sur les genoux maternels,
déculottée et prenant une tannée magistrale devant mes soeurs... 

Connaissant Maman, cette sensation qu'elle avait dû ressentir, en apprenant que je lui avais donc menti à plusieurs reprises, était certainement vexatoire et apte à accroître la colère maternelle à mon encontre. Comme lorsque j'avais donné un coup de pied en douce à ma soeur et que la vendeuse de la boulangerie l'avait à Maman, qui avait eu l'impression que la demoiselle lui montrait qu'elle ne surveillait pas assez ses filles...
Tata n'insista pas, comprenant que sa grande soeur risquait d'être encore plus fâchée contre moi au final.
Mes deux soeurs furent envoyées à leur tour dans leur chambre, ce qu'elles firent sans discuter, conscientes que mieux valait ne pas énerver davantage Maman. Les entendant monter, je refermai ma porte pour éviter de les voir se moquer de moi. Mais en tendant l'oreille, je percevais qu'elles étaient en grande discussion dans leur chambre, et je ne doutais pas qu'il devait être question de mon bas du dos...
Il restait près d'une heure avant le dîner, et Maman et Tata s'occupèrent en cuisine, pendant que je tournais en rond dans ma chambre. Dans d'autres circonstances, Maman aurait pu profiter de ce laps de temps pour me régler mon compte, mais je me doutais bien qu'il n'en serait rien tant que Tata Jacqueline était encore à la maison... Cela me permettait de "gagner" en quelque sorte un peu de temps avant "l'explication" tant redoutée, mais en même temps, je ne pensais qu'à cela... 
J'avais bien sorti mes affaires de classe, et regardé ce qu'il y avait à faire pour lundi, mais je n'avais pas la disposition d'esprit pour me mettre à travailler. J'étais trop perturbée par ce qui m'attendait...
D'un côté, j'essayais d'être philosophe, en me remémorant que ma plus récente fessée remontait à la dernière semaine de vacances à la mer. Et que depuis, si les menaces avaient été assez nombreuses, je m'en étais toujours sortie... Contrairement à mes soeurs...
Mais, d'un autre côté, ma tête me renvoyait des images de fessées magistrales, des bruits de claques, des cris et des pleurs que je n'avais pu retenir, et c'était comme si la fessée à venir m'apparaissait comme une épreuve terrible...
La petite phrase maternelle : "Tu ne perds rien pour attendre", me tournait dans la tête et j'en arrivais à imaginer que j'allais comme devoir payer les intérêts, comme des pénalités de retard pour avoir fait attendre ma fessée... Bref, c'était comme si cette fessée avait grossi depuis le temps et qu'elle serait insupportable... 

Surtout que le fait d'y avoir échappé depuis deux mois rendait paradoxalement la peur plus vive... D'autant que cette fois je sentais bien que je n'avais aucune chance que Maman ne tienne pas ses promesses...
Parfois, comme dans mes périodes les plus agitées de la fin de la première Cinquième par exemple, lorsqu'il m'était arrivée de récolter des heures de colle plusieurs, voire quatre ou cinq semaines de suite, avec à chaque fois une fessée magistrale lors de l'arrivée du bulletin de colle à la maison, j'essayais d'être comme philosophe, en me disant que c'était juste un mauvais moment à passer, que la précédente tannée ne m'avait pas tuée pour autant, et que mes fesses supporteraient la prochaine...
Mais, là, bizarrement, le fait d'y avoir échappé depuis plus de neuf semaines me faisait craindre une volée comme si je n'en avais jamais reçue... C'est peut-être idiot, mais je tremblais à l'avance posant par moment mes mains sur mes fesses encore bien protégées, comme pour me préparer au pire...
Au bout d'une petite heure, Maman nous appela depuis le bas de l'escalier : "Les filles, descendez donc, on va bientôt dîner". Aline fut la première à descendre, alors que j'hésitai un instant. Le "On va bientôt dîner", ne me semblait pas clair... Voulait-il dire que Maman avait l'intention de faire quelque chose me concernant avant qu'on passe à table ?
Diane, voyant que je restais dans ma chambre, en ouvrit la porte et me lança : Tu n'as pas entendu ? Maman veut qu'on descende. Faut que tu viennes. Sinon elle va te gronder encore plus fort..."


Diane était venue me demander de descendre,
faisant, le sourire moqueur aux lèvres, allusion à la fessée
qui m'attendait...

Je commençais à imaginer qu'elle allait me donner la fessée devant tout le monde... Mais la présence de Tata me fit oublier cette idée cauchemardesque. D'ailleurs, il n'y eut pas de suspense, Maman nous demandant de passer à table à peine descendues.
Je fis profil bas durant le dîner, évitant tous les regards, le nez comme fiché dans mon assiette, sans dire le moindre mot. J'eus droit à une paire de réflexions maternelles, mais Tata s'arrangea pour que cela ne dérape pas sur des sujets qui auraient pu devenir gênants pour moi, alors que mes soeurs cherchaient à l'évidence à savoir ce qui allait m'arriver...
Le repas ne s'éternisa pas, et Tata commença à aider Maman à débarrasser, non sans prévenir qu'elle allait bientôt nous laisser pour rentrer chez elle, histoire de ne pas manquer une émission qu'elle aimait bien.
Maman, en d'autres circonstances, lui aurait proposé de regarder l'émission avec elle chez nous, mais Tata avait bien compris que sa soeur avait d'autres idées en tête...
"Aline et Diane, montez donc dans votre chambre. Il n'y a pas d'école demain, vous pouvez donc lire ou jouer un peu une fois que vous serez en pyjama. Mais, je ne veux rien entendre... Ce n'est pas le moment de m'énerver plus que je ne le suis..." avait lancé Maman à mes soeurs. 
Quant à moi, les instructions furent plus claires encore : "Et toi Christine, file donc dans ta chambre. Prépare-toi pour la nuit, et attends-moi... Je vais venir m'occuper de ton cas..."
Je ne pus m'empêcher de dire d'un ton suppliant : "Oh, non, Maman, nooon !"
Il me valut une réponse plus claire encore : "Ne fais pas l'idiote, Christine. Tu sais très bien ce qui t'attend... Va donc préparer tes fesses..."
Je baissai le regard et me retournai pour aller vers l'escalier. Je croisai Diane, qui avait les yeux brillants, et cachait mal son envie de rire de moi. Je l'aurais bien giflée, mais cela n'aurait fait qu'aggraver mon cas... 

Je préférai aller me réfugier dans ma chambre, où je constatai que Maman avait changé les draps, et même mis au sale le pyjama porté ces derniers jours. Sur mon lit, elle avait sorti une chemise de nuit assez courte et un pyja-short en coton assorti. Elle avait dû faire ça pendant que nous étions en cours cet après-midi. Donc avant d'aller voir Mlle Simon, sans idée préconçue, j'imagine.
Mais je ne pus m'empêcher de penser que c'était comme si Maman avait en quelque sorte "choisi" ma tenue de fessée...
J'essayai d'ôter ces pensées de ma tête, et me déshabillai pour me mettre en tenue de nuit. En mettant le pyja-short, je jetai quand même un oeil sur le reflet de mon dos dans la glace de l'armoire. Ma lune était bien blanche et frissonnante, et l'image me resta gravée dans la tête...


Je regardai le reflet dans la glace de mes fesses,
des fesses bien blanches et épargnées depuis si longtemps...
Je sentais monter en moi une peur grandissante... 

Je ne pus m'attarder, entendant un pas dans l'escalier, et je remontai le pyja-short et enfilai la chemise de nuit en vitesse.
C'était simplement Tata Jacqueline qui venait nous dire bonsoir avant de repartir chez elle. J'entendis que Diane tentait de faire s'exprimer notre tante sur mon cas. Elle disait notamment : "Tu vois Tata, on est bien sage, nous, c'est pas comme Christine qui va avoir la fessée..." Mais Tata ne renchérit pas et lui demanda de se taire plutôt.
Entrant ensuite dans ma chambre, Tata Jacqueline fut surprise de me voir déjà en tenue de nuit, et me dit : "Tu es déjà prête, ma grande ? C'est vrai qu'il vaut mieux ne pas fâcher davantage ta mère..."
Je me mis à sangloter, en gémissant : "Oh Tata, j'ai peur. Je veux pas la fessée".
Tata Jacqueline ouvrit ses bras et me serra contre sa poitrine : 'Ne pleure pas, ma pauvre chérie. Il fallait y penser avant. Tu sais bien que ta Maman déteste les mensonges et quand tu bavardes en classe..."
Je redis encore : "Mais, Tata, je veux pas la fessée, non !"
Ma tante confirma mes craintes : "Allons, Christine, ce n'est pas à moi de le décider. Tu sais, j'ai bien essayé de te défendre, mais cette fois ta Maman est trop en colère. Elle dit que tu as déjà eu de la chance de ne pas avoir reçu la moindre fessée depuis la rentrée...  Alors, je pense hélas que tu n'y échapperas pas... Allez, n'y pense plus, de toute façon, tes petites fesses en ont vu d'autres..."


Tata avait bien essayé de me consoler, mais, elle-même,
 n'imaginait pas un instant que je puisse échapper à la fessée promise...
Elle donnait presque raison à Maman pour une fois,
et cela ne pouvait qu'accroitre mon angoisse...

En disant ça, Tata m'avait tapotée le bas du dos, juste une petite tape sur chaque fesse bien protégée par les habits de nuit, mais cela m'avait un peu vexée, ayant comme la sensation que sur ce coup-là ma tante donnait pour une fois raison à Maman.
Tata m'embrassa en me serrant fort, puis quitta ma chambre non sans me souhaiter "Bonne nuit", mais aussi "Bon courage, ma grande". Une manière de compatir, en ne doutant pas qu'il allait m'en falloir... Du courage, oui...
A SUIVRE