mardi 31 mai 2011

Un accueil glacial pour un retard doublé d'un mensonge... (1)

J'avais dû bagarrer ferme pour obtenir de Maman que j'aille au cinéma ce soir-là, mais comme le film parlait d'Egypte et de Cléopâtre, et que la prof d'histoire nous avait recommandé d'aller le voir, j'avais réussi in extremis qu'elle me laisse y aller avec Anne, une copine de classe qui habitait à trois rues de notre maison.
La consigne était de rentrer dès la fin du film bien sûr, mais nous avions plein de choses à nous dire, entre Anne et moi, à propos des profs, et aussi du cours de danse où elle allait depuis peu, et que j'aurais bien aimé fréquenté l'année suivante. Il était plus moderne que celui auquel j'allais, mais Maman estimait que le mien était plus sérieux et mieux fréquenté.
Nous avons donc papoté sur le chemin du retour, et nous nous sommes même arrêtées au coin de ma rue, à vingt mètres de la maison, pour continuer à parler.
Quand Anne a regardé sa montre, on s'est rendues compte que la séance était finie depuis une heure et que nous étions encore dehors. Nous nous séparâmes donc et je rentrai sans faire de bruit, sachant mes soeurs au lit.




Je pensais que Maman devait être aussi dans sa chambre, en train de lire, comme elle aimait à le faire. Mais, il y avait de la lumière dans le salon...
J'entrai et me retrouvai en face de Maman qui était assise sur un fauteuil, déjà en tenue de nuit, une tasse d'infusion à la main, et le regard noir...
"Où étais-tu donc ? Tu as vu l'heure ? Je me fais un sang d'encre...", attaqua Maman.


Je ne savais quoi dire, et j'aurais mieux fait de me taire. J'ai bredouillé : "Bah, euh, j'étais au cinéma, tu sais bien, M'man. Mais, le film était drôlement long, euh, euh, et puis il a, euh, démarré en retard même..."
La réponse fusa : "Christine, tais-toi ! Ne rajoute pas des mensonges en plus. J'étais inquiète et j'ai téléphoné au cinéma, et ils m'ont dit que la séance était fini depuis 22 h 10. J'ai failli appeler la gendarmerie. Heureusement, Mme Lambert qui passait sous ma fenêtre où je guettais m'a dit que tu papotais au bout de la rue. Et toi, tu voudrais me faire croire que le film avait duré jusque-là. Ce n'est pas ça qui va améliorer ta situation, Christine."
Je me trouvais toute penaude, prise en flagrant délit de mensonge, en retard d'une heure, bref difficilement défendable... Je restais plantée là, et muette, tête basse...
"Je t'avais pourtant prévenue, Christine. Je n'étais même pas d'accord pour que tu ailles au cinéma, je me laisse convaincre, et c'est ainsi que tu me remercies. Ca, ma fille, je peux te dire que tu vas me le payer. Ca va barder, je te prie de la croire. Je vais t'apprendre à mentir de la sorte. Ah, tu peux préparer tes fesses..." ajouta Maman.
Elle avait reposé sa tasse, et je m'attendais à ce qu'elle m'attire et m'étale sur ses genoux. Et je suppliai : "Maman, je t'en prie, non, pardonne-moi. Non, s'il te plait, pas la fessée..." 

Mais, il était près de 23 h 30, et mes soeurs dormaient depuis longtemps. Maman rétorqua : "Oh que si, ma fille, tu n'y couperas pas. Je n'ai pas envie que cela recommence un jour, j'ai eu peur qu'il te soit arrivé quelque chose, et toi, au lieu de comprendre mon inquiétude, au lieu de me dire "Maman, excuse-moi, j'ai trainé avec ma copine", tu me racontes des mensonges. Je peux te dire que cela mérite une fessée magistrale. Mais, il est tard, Aline et Diane dorment, et je n'ai pas envie de réveiller la maisonnée. Alors, tu files te coucher. Nous reparlerons de tout cela demain matin, mais ne te fais pas d'illusion, Christine... Tu ne perds rien pour attendre..."


Je n'ai pas demandé plus d'explications, et j'ai filé dans ma chambre, déjà contente de ne pas avoir reçu la fessée sur le champ.
En deux temps trois mouvements, j'étais en pyjama, et au lit, histoire de ne pas aggraver la colère maternelle.
Après avoir rangé sa tasse, vérifié que tout était fermé, Maman monta à son tour. Elle contrôla que tout allait bien chez mes soeurs, rebordant Aline qui avait bougé en dormant, puis elle vint dans ma chambre. "Allez, dors vite, ma chérie", dit-elle à mi-voix.
J'émis un petit sanglot : "Snif, Maman, dis, euh..."
Mais elle posa son index sur mes lèvres. "Chut ! Il est l'heure de dormir, Christine. Ce n'est pas le moment de discuter, et d'ailleurs il n'y a rien à discuter. On réglera nos comptes demain matin. Tranquillement. Il n'y a pas école et je vous laisserai dormir jusqu'à 9 h. Allez, bonne nuit, ma chérie." Maman se pencha sur moi, déposa un baiser sur mon front, et quitta ma chambre, me laissant dans le noir.
Je me tournai et me retournai dans mon lit, cherchant à m'endormir, mais ma tête était trop pleine de sentiments mêlés, de pensées qui s'agitaient, d'angoisse face à l'avenir...
J'avais chaud et je sortis des draps, me mettant en position pelotonnée serrant mes genoux comme on serre un ours en peluche.
La situation me semblait si étrange et si compréhensible à la fois. Souvent, j'avais reçu des fessées au coucher, souvent Maman m'avait ainsi quittée me laissant pleurant à chaudes larmes, la lune rougie, avec la nuit pour sécher mes larmes, pour cacher ma honte.
Ce soir, Maman me laissait juste angoissée, mais dans l'attente. Je n'avais pas reçu la fessée, mais je savais que j'allais la recevoir, "demain matin" avait-elle dit. Au réveil, avant ou après la toilette, avant ou après le petit-déjeuner, en début ou en fin de matinée, ça, je ne le savais pas encore, mais ce n'était qu'un détail...
Maman nous réveillerait vers 9 h, avait-elle précisé. Minuit allait sonner, cela me laissait donc encore 9 h pour dormir, de quoi faire au moins les sacro-saintes huit heures de sommeil que Maman tenait à ce que les enfants fassent le plus souvent possible. Mais, encore fallait-il pouvoir dormir sans penser à ce qui m'attendait... Sans cauchemarder, sans m'imaginer sur les genoux maternels...
Je cherchais des motifs de consolation. En posant ma main sur mon bas du dos, je me disais que j'avais déjà gagné du temps, qu'il n'était pas écarlate et brulant... Mais, je retirais vite la main, tant ce contact me faisait frissonner, tant il m'annonçait que bientôt ce serait la main de Maman qui s'activerait là...
Je me consolais aussi en pensant que mes soeurs dormaient, qu'elles avaient loupé mon arrivée penaude et les explications avec Maman. J'étais presque contente qu'elles n'aient pas pu se coucher en se disant : "Demain matin, Christine va recevoir la fessée..."
Mais, j'angoissais déjà en imaginant que demain au réveil, Maman expliquerait forcément qu'elle avait un compte à régler avec son ainée... Je croyais me souvenir que demain Aline avait catéchisme de 10 h 30 à 11 h 30. Et que Diane devait finir une rédaction à rendre le surlendemain. J'imaginais bien Maman au petit-déjeuner lancer : "Diane, tu n'oublieras pas de finir ton devoir si tu veux aller jouer chez Amélie, cet après-midi. Et toi, Aline, tu devrais relire ton cahier de caté avant d'aller au presbytère. Et, je vous conseille d'être sage et de ne pas vous faire remarquer. J'ai assez à faire avec Christine qui s'est encore distinguée hier soir. Elle va d'ailleurs recevoir ce matin une bonne fessée pour la peine, alors si vous voulez que je m'occupe de vous également, ne cherchez pas les ennuis..."
Inutile de dire que j'ai mis du temps à trouver le sommeil...

A SUIVRE

jeudi 26 mai 2011

Ces instants vexatoires : où la moquerie se retourne contre moi... (Petite suite)

 Juste une petite suite au message précédent, pour montrer qu'un moment vexatoire peut se prolonger, et revivre à distance.
J'étais sortie de la piscine troublée et agacée par les confidences que Maman avaient faites à la dame dont Diane avait eu une altercation avec son garçonnet. Et le regard de sa grande fille croisée dans la rue m'avait bien fait comprendre que sa mère avait partagé avec ses enfants les détails de notre éducation.
Une semaine plus tard, nous sommes retournées à la piscine, le temps étant toujours au beau. C'est Tata Jacqueline qui nous y accompagnait cette fois, laissant ainsi du temps à Maman pour faire ses courses tranquillement.
Nous nous amusions quand, alors que j'allais monter au toboggan aquatique, une voix m'interpela : "Ah, bonjour, comme on se retrouve... C'est bien, euh, Christine, toi ? La grande soeur de Diane, hein ?".



J'acquiesçai et reconnus la dame de la semaine passée, qui se trouvait avec une autre mère de famille. Je l'ai saluée : "Ah, oui, bonjour Madame, euh, ça va ?"
Mais je n'avais nulle envie de faire causette. Elle embraya : "Où est ta Maman ? Je vais aller la saluer. Et tes soeurs, sont-elles là ? J'espère que Diane est plus calme cette fois..."



Je balbutiai : "Euh, bah, non, Maman n'est pas là, on est venues avec ma tante. Mais, Diane est là, bien sûr, du côté du petit bain, je pense. Non, aujourd'hui, elle est moins remuante que la dernière fois..."
Devant l'oeil interrogateur de son amie, la dame précisa : "Oui, la semaine dernière, sa petite soeur s'est disputée avec mon Yann, et la maman de Christine a dû réprimander la petite. Du moins la calmer un peu, avec la promesse d'une sérieuse explication à la maison... C'est bien ce qui s'est passé, Christine ? "
Effectivement Diane avait eu droit à une déculottée maison dès le retour à la maison, au moment où les petites ont pris leur douche pour enlever le chlore de la piscine. Maman l'avait attrapée alors qu'Aline était dans la douche et c'est une gamine aux fesses écarlates qui avait ensuite rejoint sa soeur dans la baignoire. Je n'avais pas assisté à la scène, mais tout entendu depuis ma chambre dont j'avais volontairement laissé la porte entr'ouverte.
Cela aurait été d'autres personnes, je me serais faite un plaisir de raconter la mésaventure de Diane en détail. Mais, j'étais face à une dame qui avait appris par la même occasion que j'avais souvent ma part de fessées, et je me trouvais toute chose, n'osant qu'à peine dire : "Euh, oui, oui, Diane a, euh, a été punie à la maison, comme Maman l'avait promis".
J'étais gênée et les mains derrière le dos, je rajustais mon slip de bain, comme si l'on risquait de découvrir un centimètre carré de fesse blanche.
Les deux femmes riaient, je ne sais pourquoi. La mère de Yann ajouta : "Eh bien, Christine, tu donneras le bonjour à ta mère. Elle m'est très sympathique, tu sais. J'espère que nous nous retrouverons un autre jour. Entre mères, on a toujours des tas de choses à se raconter. Je compte sur toi pour lui faire la commission. Mais j'espère que tu n'oublieras pas..."
L'autre femme prit ma défense : "Voyons, pourquoi voudrais-tu qu'elle oublie ? A cet âge-là, on a de la mémoire, tu sais."
La dame esquissa un petit sourire : "Oui, oui, on en a normalement, mais on est parfois étourdie aussi, quand on n'en fait pas qu'à sa tête, n'est-ce pas Christine ? En tout cas, c'est ce que me racontait l'autre jour ta maman, si je me souviens bien..."
Je n'ai pas pu m'empêcher de rougir avant de rassurer la dame, avec énergie : "Oui, oui, je lui donnerai le bonjour, ne vous inquiétez pas. Je n'oublierai pas. C'est promis".
Je sentais bien que mon trouble était visible, et que la dame s'en amusait.
A ce moment-là, Diane et Aline arrivèrent pour prendre aussi le toboggan. Diane reconnaissant la dame lui décocha un "Bonjour Madame" des plus polis et resta bien à sa place dans la fille d'attente.
"Bonjour Diane, je vois que tu as l'air très gentille aujourd'hui. Si tu veux venir jouer avec mon petit Yann, il est de l'autre côté du petit bain", lança-t-elle, ajoutant "mais il ne faudra pas l'embêter cette fois, sinon je le ferai dire à ta maman par Christine... Tu ne voudrais pas être punie comme samedi dernier, je suppose ?"
Diane à son tour devint toute rouge de confusion. Elle me fusilla du regard aussi, comprenant que c'était forcément moi qui avais dû raconter sa mésaventure...
Les dames laissèrent passer mes deux petites soeurs qui montèrent au toboggan. Je balbutiai qu'il fallait que j'aille rejoindre Tata. Je dis au revoir, en confirmant que je donnerais le bonjour à Maman. La dame rajouta : "Je constate qu'elle est efficace. Ta petite soeur a dû comprendre la leçon. Comme quoi, c'est vrai, une fessée ça peut avoir du bon... Enfin, euh, tu en sais quelque chose aussi..."
Encore une petite phrase sibylline qui me ramena à ma condition de gamine.
Je ne savais pas quoi dire, j'ai tourné les talons, avec le coeur battant. J'aurais dû d'ailleurs repartir sans rien rajouter puisque nous nous étions dites au revoir. Je marquai toutefois un moment d'arrêt, et en me retournant à nouveau vers elle, je dis bêtement : "Oui, mais moi, je suis plus raisonnable que Diane. Vous savez, j'ai même pas été punie de la semaine".
Cela fit rire les deux dames. Je baissai les yeux et repartis pour de bon. Je me sentais ridicule d'avoir voulu ainsi me justifier. Je comprenais que je venais en fait de me glorifier devant elles de ne pas avoir reçu de fessée des sept derniers jours...
Cela arrivait pourtant bien fréquemment en cette période de pré-adolescence où il n'y avait pas souvent plus de deux ou trois "explications maternelles" par mois. Je l'admets, c'était stupide, mais c'est sorti de ma bouche de bon coeur, comme si je voulais bien faire comprendre que si Maman avait rappelé l'autre jour qu'elle m'avait donné la fessée l'avant-veille, ce n'était pas si souvent qu'elle aurait pu l'imaginer.
Alors que, prise comme telle, ma confidence était au contraire un aveu que cela m'arrivait régulièrement.




Consciente que j'avais gaffé, je suis retournée m'étendre sur ma serviette, et je fermais les yeux chaque fois que des gens s'approchaient. Je ne voulais plus croiser la dame, plus échanger le moindre mot. J'étais même contente quand on est reparties de la piscine, contrairement à mes soeurs qui auraient voulu rester.
J'espérais d'ailleurs au fond de ma tête que nous n'y retournerions pas de sitôt, surtout avec Maman, et que cela ne nous arriverait encore moins d'y aller un jour ou lendemain d'une déculottée...

vendredi 20 mai 2011

Ces instants vexatoires : où la moquerie se retourne contre moi...

Les lecteurs de ce message seront sûrement déçus. Faute "d'action claquante"...
Mais, parfois, ce qui tourne dans une tête peut être encore plus désagréables, et rendre rouge de honte sans attendre un passage à l'acte.
Je repense à une scène de début d'été. Il faisait chaud et, avant les vraies vacances, nous allions parfois à la piscine d'une commune voisine qui avait un centre aquatique très agréable.
On s'amusait bien, j'y retrouvais parfois des copines, et les petites s'en donnaient à coeur joie.
Moi, j'alternais le bain et la bronzette, petite manie de grande gamine se prenant déjà pour une ado.


A un moment, arriva une mère de famille qui demanda à Maman : "C'est bien votre fille la petite blonde qui est à côté du mini-toboggan ?".
C'était en effet Diane, qui faisait des siennes et s'était battue avec un petit garçon de la dame qu'elle avait même fait tomber.
Maman se leva et alla rechercher Diane, la grondant devant la Maman, avec une bonne gifle et l'obligation de rester assise à côté du transat maternel pendant un moment : "Et gare à toi quand nous allons rentrées, Diane".




C'était  bien fait pour ma petite soeur, même si Maman me reprocha presque de ne pas avoir surveillé assez les petites.
Diane s'était mise à pleurnicher, et elle boudait recroquevillée, le nez dans sa serviette, vexée de cette altercation en public.


De mon côté, j'avoue que je bichais, que cela me consolait de bien d'autres épisodes de ce type, où j'avais pu être la punie.
La pénitence de Diane durait depuis un bon quart d'heure quand la dame à l'origine de l'incident repassa près de nous. Elle dit à Maman : "Ne soyez pas trop dure avec votre fille, vous savez, je pense que mon fiston avait certainement aussi sa part de torts. Je ne voudrais pas qu'elle soit privée de baignade de sa faute".



Maman avait rassuré la dame : "Ne vous en faites pas : Je la laisserai retourner à l'eau bientôt, mais il fallait qu'elle se calme".
Les deux mamans échangèrent alors quelques impressions sur le beau temps, sur la piscine qui était bien agréable, même si elle était assez bondée cet après-midi là, et j'en passe...
La mère du garçonnet avait aussi une fille un peu plus jeune que moi, et je suivais la conversation qui se prolongeait, la dame s'étant d'ailleurs assise cinq minutes sur un transat à côté de Maman. Non sans surveiller de loin son petit monde qu'elle rejoindrait dès que cela serait nécessaire.
Les mères évoquèrent le fait que la piscine fait du bien, qu'elle calme les mômes que cette chaleur de fin de printemps a tendance à énerver.
Maman ajouta : "C'est bien vrai. Diane était d'ailleurs assez insupportable avant que nous partions de la maison, j'ai failli la calmer à ma manière. J'aurais dû, et elle aurait sûrement été moins agitée. En tout cas, j'en connais une qui va avoir quelques problèmes quand nous serons rentrées..."
J'ai évidemment saisi l'allusion et, sans être méchante de nature, j'ai eu le visage qui s'est éclairé. Contente Christine, ça je peux le dire. Je bichais comme rarement.



Diane avait compris aussi et elle s'est remise à bouder ostensiblement, non sans me faire par derrière de vilaines grimaces.
Me sentant en position de force, je l'ai dénoncée à Maman. "Oh, ne t'inquiète pas, Christine, ta soeur fera moins l'intéressante quand je m'occuperai d'elle...", rétorqua Maman.
J'ajoutai : "Oui, elle est pénible, elle embête tout le monde".
La dame comprit que le cas de Diane était indéfendable et alla dans le sens de Maman : "C'est vrai qu'à cet âge-là, ils ont souvent besoin de quelques traitements plus énergiques. Une paire de gifles vous les remet dans le droit chemin", argumenta-t-elle.
"Oui, et une bonne fessée dans le cas présent va calmer ma chère fille", reprit Maman. J'avais un large sourire. Pour une fois que je pouvais me moquer de ma soeur...
La dame ne parut même pas surprise par la précision maternelle. Elle renchérit : "Vous avez raison. Quand il le faut, il le faut", usant d'un bon sens populaire. Mais, elle rajouta : "Je comprends aussi avec deux petites aussi rapprochées, cela ne doit pas être facile tous les jours. Heureusement que votre grande doit être plus raisonnable".
La dame cherchait à faire plaisir, à me flatter, à n'en pas douter, moi qui étais sagement dans mon transat en train de lire, sans louper la moindre virgule d'une scène qui, jusque-là, me ravissait...
Hélas, comme si je sentais la foudre qui allait tomber sur moi, je tendis le dos, espérant que Maman n'allait pas reprendre la balle au bond... C'était mal la connaître...
"Ah, ma pauvre, j'aimerais bien que vous ayez raison, mais ce serait mentir que de dire que Christine ne fait pas des siennes..." commenta ma chère mère.
"Oui, mais sûrement moins que vos cadettes, j'imagine ?" interrogea la dame.
Maman haussa les épaules, me regarda et expliqua : "Vous savez, Christine parait bien sage quand vous la voyez ainsi, mais la demoiselle se distingue autrement. C'est vrai que les petites sont pénibles, souvent agitées, mais cela passe vite, dès les premières semonces. Ma grande, c'est autre chose. Elle se croit trop intelligente pour apprendre ses leçons, et elle préfère distraire ses camarades en classe que de travailler, alors qu'elle a vraiment de grandes capacités, vous savez..."
Je grommelai : "Maman, arrête, ça n'intéresse pas la dame".
Cette dernière comprit mon trouble et prit ma défense, ou du moins le pensa-t-elle... "Ah, l'essentiel est qu'elle ait des capacités, c'est sûrement un mauvais passage, j'ai connu ça avec ma grande. Pendant tout un trimestre l'an passé, il a fallu que je la prive de télé et de sortie pour qu'elle se remette à travailler. Vous verrez, votre Christine va s'assagir."


Je m'étais tournée dans mon transat, cachant mon trouble, feignant de ne plus suivre la conversation en espérant qu'elle allait s'arrêter, mais Maman embraya à nouveau : "Je veux bien vous croire, seulement avec Christine, cela dure. Et puis, vous savez, les privations de sortie ou de télé, elle s'en moque bien. Ce n'est pas comme cela que j'arrive à la faire changer d'attitude. Mademoiselle a besoin de traitements plus énergiques comme vous disiez tout à l'heure, n'est-ce pas Christine ?"
Je vivais un cauchemar. La moqueuse que j'étais vis à vis de Diane devenait à son tour le sujet de conversation... "Maman, arrête, s'il te plait", suppliai-je.
"En tout cas, au vu de sa réaction votre fille n'a pas l'air d'être particulièrement fière de ce que vous me dites là", constata en souriant la dame.
Maman confirma : "Mais, vous savez, elle n'a qu'à s'en prendre à elle-même. Aujourd'hui, Christine joue les grandes soeurs moralisatrices et les petites demoiselles, mais avant-hier elle m'a encore ramené un avis de deux heures de colle pour chahut en classe. Alors, je peux vous dire que, toute grande soeur qu'elle est, le soir même, la demoiselle s'est retrouvée sur mes genoux, culotte baissée, pour recevoir une bonne fessée bien méritée".
Entendant cela je me mis à rougir, cachant avec difficulté que j'étais au bord des larmes.
La dame ajouta en me dévisageant : "C'est vrai qu'à son âge, on ne doit pas se vanter d'être punie comme une gamine... Mais, au moins, si vous arrivez à tenir ainsi votre petit monde, c'est déjà un bon résultat. D'ailleurs, quand on voit vos enfants, on se doute qu'ils sont bien élevés ."
Maman prit ce constat pour un grand compliment et quelque part pour une preuve supplémentaire des bienfaits de sa méthode.
Alors que la dame s'apprêtait à retourner retrouver ses propres enfants, Maman la remercia du compliment qui la flattait assurément : "Vous savez, je fais de mon mieux et je ne ménage pas mes efforts pour que mes filles réussissent plus tard. Au moins, elles ne pourront pas me reprocher de les avoir laissées n'en faire qu'à leur tête". 
La dame prit congé en disant : "Bon courage, ma chère. Ne soyez pas trop dure avec la petite quand même". Maman rétorqua : "Non, mais, elle n'échappera pas à la fessée. Il faut toujours tenir ses promesses".
La dame acquiesça et m'adressa un dernier mot : "Bonne fin d'après-midi, Christine, et j'espère que vous serez sage..." Je sentais une pointe d'amusement dans sa voix.



J'ai cherché le reste de l'après-midi à éviter cette famille. Nous nous sommes juste croisées de loin en sortant de la piscine. La dame marchait de l'autre côté de la rue, et elle a fait un petit signe de la main à Maman, comme chargé de connivence en voyant Diane qui trainait les pieds derrière nous.
Notre interlocutrice avait sa fille qui avançait devant elle. Je me souviens comme si c'était hier. La fille me regardait, semblait me photographier de la tête aux pieds. Elle avait un sourire éclatant, comme si elle riait aux éclats. Ce n'est pas Diane qu'elle fixait ainsi, c'était bien moi, et je n'avais plus aucun doute. Je comprenais que sa mère avait dû lui raconter sa conversation avec nous. A voir son regard moqueur, elle n'avait certainement omis aucun détail... La fille du trottoir d'en face devait savoir que la grande Christine là-bas recevait la fessée...
La scène était silencieuse, mais comme je l'imaginais m'imaginant sur les genoux maternels, j'étais honteuse et vexée, mais vexée...

mardi 17 mai 2011

Ces instants vexatoires : une autre promesse qui calme... et sa suite claquante... (4)

SUITE 4

Un bruit dans l'escalier. Le pas de Maman. J'ai le coeur qui accélère...
"Aline, Diane, préparez vous. Il va falloir bientôt aller au bain...". Maman n'a pas dit : "Venez tout de suite". Je traduis qu'elle va faire autre chose avant, j'ai le bas du dos qui frissonne...
Et, effectivement, Maman vient vers ma chambre. J'ai reculé et suis debout bras ballants devant mon lit, pas rassurée...
Elle entre et me dévisage : "Qu'est-ce que tu fais plantée là, Christine ?"
Je balbutie : "Bah, euh, M'man, euh, je t'attends..."
Elle met les mains sur ses hanches : "Je t'ai pas dit de ne rien faire. Tu pourrais réviser tes leçons. (je rétorque que je n'ai pas de devoirs) Si tu as fini, tu n'as qu'à aller mettre la table pendant que je donne le bain à te soeurs. Au moins tu te rendras utile".
Je prends cette (petite) corvée comme un soulagement. J'ai eu peur pour rien et je file exécuter les ordres, trop contente du sursis accordé...



Dans la cuisine, la cocotte mijote à feu doux. Je dresse la table, avec couverts, assiettes et verres. Je n'oublie pas les serviettes, la cruche d'eau, la corbeille à pain. Je joue les aide-ménagères modèles, pendant que j'entends mes soeurs jouer dans la baignoire avant que Maman ne les lave.




La table est mise. Je n'ai pas envie de remonter, de passer devant la salle de bains, de demander quoi faire à Maman qui risque de me dire d'aller "l'attendre" avec tout ce que cela comporte comme sous-entendus...
Je reste donc dans les escaliers, songeuse, l'oreille tentant de capter les conversations dans la salle de bains. Un début de chamaillerie entre mes soeurs, quelques gouttes qui tombent sur le carrelage de la faute de Diane, et un peu de shampoing qui pique les yeux d'Aline, les petits incidents classiques du bain des petites ne dégénèrent pas ce soir...
Maman veille au grain, et il suffit de quelques allusions du style : "Gare à vos fesses" ou "Si vous voulez suivre l'exemple de Christine, continuez..." pour que les petites s'assagissent. Une fois de plus, ma fessée (à venir) ramène le calme et sert à trois filles à la fois. Sauf qu'il n'y en a qu'une qui aura les fesses rouges...





 Cela me rend encore plus nerveuse. Les menaces et rappels maternels ne font que confirmer que mon heure approche, que je n'y échapperai pas, chaque rappel à mes soeurs étant une raison de plus de ne pas pouvoir ensuite se déjuger.
 Une par une mes soeurs sont sorties du bain, frictionnées et séchées par Maman, qui les envoie se mettre en pyjama. "Allez, vous avez le temps de jouer un peu dans votre chambre avant le dîner. Je vous appellerai quand ce sera prêt..."
Aline et Diane filent. J'imagine que notre "discussion" sera remise après le souper. Ne voulant pas que Maman me trouve plantée dans l'escalier, je suis redescendue dans la cuisine dès que j'ai entendu que les petites sortaient du bain.
Maman descend à son tour et me toise : "C'est bien, tu as mis la table, mais que fais-tu encore là ? Tu pourrais t'occuper au lieu de faire ta mauvaise tête".
J'encaisse sans broncher, baissant le regard, croisant les bras, grommelant des mots inaudibles.
"Je remonte alors ?", dis-je en allant vers la porte.
Maman qui vient d'ouvrir la cocotte, goûte sa préparation, une sorte d'osso bucco à sa façon, et remet à petit feu, en commentant : "Encore un quart d'heure et ce sera bon", avant de me retenir : "Hep, hep, ne te sauve pas... Viens par là qu'on règle nos affaires..."

C'est hélas ce que je craignais. J'aurais parié que cela se passerait avant le dîner. Je le sentais, mais d'un seul coup, au pied du mur, je panique.
Surtout que j'imaginais devoir attendre Maman dans ma chambre. A l'abri des regards.
"Mais, Maman, non, on peut en causer après le diner, dis...?" Mon ton est suppliant, et je réitère ma question, en promettant que j'allais lui "expliquer" le pourquoi du comment.
Sauf que ce ne sont pas les enfants qui commandent avec Maman.
Elle me fait taire et me prend par la main, m'emmenant au salon. Il y a une chaise devant la petite table qui sert de guéridon et Maman la retourne vers le centre de la pièce.
"Christine. Il n'y a rien à expliquer, ma fille. Je me fiche des raisons pour lesquelles tu as été capricieuse et insupportable. Ce qui m'importe c'est que tu comprennes la leçon que je vais te donner...", dit-elle avec un calme apparent impressionnant.
"Non, Maman, s'il te plait. Non, pas la fessée, pas maintenant", dis-je sans trouver d'autre argument.
Maman s'est assise sur la chaise et me tient toujours par le poignet. Je tente de résister, sans pour autant mettre toute ma force. Je sais ma cause perdue...
"Christine, ne fais pas la sotte. Tu sais très bien que je t'ai promis une bonne fessée et que Maman tient toujours ses promesses. Tu l'attends depuis que nous sommes rentrées du parc, je ne vais pas te faire languir plus longtemps, ma chérie. Le dîner est en train de mijoter et nous avons tout le temps de régler nos comptes. Allez, viens ici..."



Maman m'a basculée en travers de ses cuisses. Mon bas de pyjama tout frais, tout propre, a glissé à mi-cuisses, dévoilant une lune sortie depuis peu de la douche, et bien blanche...
Plus pour longtemps, la fessée promise arrivait. Claquante, brulante, sonore, longue et appliquée, une tannée magistrale et méritée avant qu'une grande fille honteuse, les yeux rougis, et ayant du mal à cacher son trouble ne doive partager le dîner devant deux soeurs au regard moqueur.

lundi 16 mai 2011

Ces instants vexatoires : une autre promesse qui calme... et sa suite imminente... (3)

SUITE 2

Mes soeurs étaient guillerettes sur le chemin de la maison. Dans d'autres circonstances, elles auraient sûrement traîné les pieds et demandé à rester au parc. Mais elles savaient qu'il y avait de l'orage dans l'air et, comme cela concernait leur grande soeur, elles étaient curieuses de savoir comment allaient tourner les événements...
De mon côté, c'était tout le contraire. Si j'avais grogné pour aller au parc, je n'avais aucune hâte à rentrer, sachant ce qui m'y était promis...

Arrivées à la maison, Maman a donné les premières consignes. Nous allions prendre notre douche avant le dîner. Mes soeurs ont filé dans leur chambre. Moi, je suis restée assise dans le salon, sur le canapé, en essayant de faire bonne figure, mais je tirais une sale mine et j'angoissais de plus en plus...



Maman qui me croyait en haut me découvrit : "Christine, que fais-tu là ? Monte te préparer pour prendre ta douche".
J'ai dit que je la prendrais après mes soeurs, comme d'habitude...
"Non, pas question, Christine. Tu vas la prendre en premier, avant les petites. Tu sais bien que nous avons à discuter toutes les deux ensuite...", répliqua-t-elle d'un ton qui était très déterminé...

J'ai chigné un peu, pas trop, car je sentais qu'il valait mieux filer droit. Je suis donc montée dans la salle de bains, refermant la porte derrière moi pour prendre ma douche, petit privilège de mon statut d'ainée, là où les petites prenaient leur douche ensemble (en fait un fond de bain, ensuite rincé au pommeau de douche) en étant surveillées par Maman qui les laissait barboter un moment avant de venir faire les shampoings et vérifier le lavage.
Je me suis déshabillée avant de monter dans la baignoire-douche, et cela me faisait tout drôle de suivre  ainsi des préparatifs dont je craignais l'issue...


Je n'étais plus qu'en sous-vêtements quand Maman est entrée sans frapper. Elle venait récupérer mes affaires pour les mettre au sale.
"Donne moi tout, Christine. Je vais faire une machine." Elle avait récupéré mes habits et même mon pyjama qui était accroché derrière la porte et attendait mes dessous.
J'hésitais à les enlever comme ça devant elle, mais un "Dépêche toi" me fit obéir à contre-coeur.
Je lui donnai mon petit soutien gorge, puis descendis ma culotte avant de l'enjamber et de lui remettre, non sans attraper une serviette pour cacher ma nudité. C'était stupide si l'on songe au contexte de la scène, mais la pudeur était quelque chose d'ancré en moi. Même si je savais qu'un peu plus tard, j'allais certainement devoir montrer à nouveau mon bas du dos à Maman...




Le regard de Maman en cet instant où c'était moi qui baissais ma culotte, contrairement à ce qui se passait pour la fessée où Maman agissait, m'avait vraiment rendue mal à l'aise.
"Bon, prends ta douche et ne traine pas. Il y a tes soeurs qui attendent. J'ai mis ton pyjama au sale. Je t'en sors un propre dans ta chambre. Tu le mettras quand tu auras fini", précisa Maman avant de me laisser me doucher.
L'eau tiède sur mon corps me fit du bien, calmant un peu de mon "électricité" due à une angoisse nerveuse de plus en plus forte...




Je me séchai bien comme il faut, prenant mon temps, sans abuser, mais avec cette sensation que je gagnais quelques minutes de tranquillité, avant une période qui s'annonçait plus agitée...
Il allait falloir pourtant quitter la salle de bains, aller dans ma chambre me mettre en pyjama.
J'ai bien vérifié que je n'avais pas mis trop d'eau par terre pour éviter de nouveaux reproches, puis je me suis cachée derrière une serviette, avant de sortir et d'emprunter le couloir pour regagner ma chambre.




Je me doutais bien que mes soeurs seraient dans la leur, aux aguets. Leur porte était ouverte et je me suis dit qu'il valait mieux passer en vitesse, sans les regarder et foncer dans ma chambre...
Mais, je voulais savoir aussi si elles me verraient et tout en marchant de travers pour protéger mon intimité derrière ma serviette, je suis passée devant leur chambre, où bien sûr mes soeurs guettaient.
Je n'aurais pas dû croiser leurs regards, car je pouvais y lire beaucoup de moquerie... Aline, peut-être parce que j'avais surtout joué à la balançoire avec Diane, avait des yeux qui semblaient dire : "C'est bien fait pour toi ce qui t'attend..."
La chipie, allongée sur son lit, me faisait des clins d'oeil, en me montrant son bas du dos avec une main qui mimait des tapes... Le message était clair et je l'ai pris comme une sorte de gifle qui me ramenait sur terre et sur ma toute proche destinée...



Maman n'aurait pas été dans la maison, j'aurais été me bagarrer avec Aline, mais les circonstances me dictaient de n'en rien faire...
J'ai donc filé dans ma chambre, les larmes au bord des yeux, me sentant malheureuse comme une pierre.
Maman avait sorti un pyjama fraichement repassé. Au toucher, on aurait dit un neuf, et le coton frais me fit frissonner quand je l'ai enfilé.
Maman ayant mis tous mes vêtements du jour au sale, je n'ai même pas pu, comme cela me rassurait souvent de le faire, renfiler une culotte sous le pantalon de pyjama.
 Non, cette fois, ma lune n'était protégée que par l'étoffe légère du pyjama en coton, me donnant une impression de plus grande vulnérabilité encore...



Il faisait encore grand jour. Il était maintenant un peu plus de 18 h et le fait de me retrouver déjà en pyjama rendait encore la position plus difficile à supporter.
C'est vrai que Maman aimait qu'on dîne tôt, et faisait en sorte souvent que les petites soient prêtes à aller au lit peu après le dîner.
Mais, là encore, privilège de 'grande", je prenais plutôt ma douche après le repas, et si c'était avant parce que je revenais d'une activité salissante ou sportive, j'étais en général autorisée à me rhabiller normalement.
Ce soir, à l'heure où Aline et Diane allaient faire leur toilette, Christine, la supposée grande, était déjà en pyjama... Voilà qui me ramenait bien au statut de gamine, à celui de la gosse têtue et capricieuse qui avait défié l'autorité maternelle.
Et, je savais que mon sort était scellé... Je n'avais plus qu'à attendre le moment que choisirait Maman pour notre "petite discussion"...
Serait-ce avant le dîner ou après ? Les indices penchaient plus pour que ce soit avant. Il y avait encore largement le temps. Avant la douche des petites ou après, là encore, j'imaginais plutôt après, une fois que le dîner étant préparé, les trois filles douchées et en pyjama, il y aurait un moment de calme, un moment propice...

Maman était dans la cuisine en train de mettre la dernière main à un plat avant de le placer au four pour 50 minutes de cuisson. Dans ma chambre, la porte entrebaillée, je guettais les bruits. Je me doutais que Maman allait monter, soit pour le bain des filles, soit pour "s'occuper de moi"...



J'étais tétanisée, bloquée derrière la porte, l'oreille tendue, sursautant au moindre craquement de marche...
J'ai pensé un moment descendre, me proposer de mettre la table, mais cela aurait paru trop gros comme tentative de me montrer serviable...
Et puis, cela aurait fait gagner quelques minutes à Maman... En réfléchissant, je n'en avais nullement envie...
Je ne savais pas quoi faire, de toute manière, ma tête ne pensait qu'à une chose...
J'en étais réduite à faire des pronostics, à deviner quand et où, nous "discuterions". Mais, une chose m'obnubilait... Seul le moment exact, et peut-être le lieu, restaient en suspens...
Ce dont j'étais sûre, et ce que mes soeurs aussi savaient, c'est que Christine allait recevoir la fessée...
J'en frissonnais parfois en sentant l'étoffe propre et fraiche sur ma peau. Si j'étais là, déjà en pyjama, c'était bien pour attendre Maman, pour préparer mes fesses...
Cette lune qu'elle avait aperçue tout à l'heure toute blanche quand je baissais ma culotte, elle allait venir me la rougir pour de bon...

A SUIVRE

Ces instants vexatoires : une autre promesse qui calme... et l'angoisse qui monte... (2)

SUITE 1

Ravies étaient mes soeurs en arrivant près des jeux du parc municipal. Deux toboggans, quatre balançoires, des sortes d'agrès pour grimper, c'était un endroit que les petites appréciaient et qui servait souvent de récompense, de carotte pour faire patienter les enfants. Avec le fameux : "Si vous êtes sages, on ira au parc..."
Mais, pour moi, il en était tout autrement... Le parc en cet après-midi où j'espérais pouvoir aller chez une copine, c'était au contraire une corvée, un passage obligé, comme une salle d'attente avant de passer à des choses plus sérieuses, avant un retour à la maison où une fessée m'était promise...
 Je suis restée longtemps assise à bouder dans mon coin


Aline et Diane s'en donnaient donc à coeur joie, multipliant les descentes de toboggan, jouant et riant aux éclats. Moi, je m'étais juchée sur un mini-toboggan de bébé qui n'intéressait pas mes soeurs, à quelques mètres du banc d'où Maman surveillait son petit monde.
Je faisais la tête, je boudais dans mon coin, broyant des idées noires, pleurnichant à moitié, me sentant malheureuse et incomprise, alors que j'avais bien cherché les ennuis sans m'en rendre compte...
Maman m'avait demandé de bouger : "Tu ne vas pas rester à bouder comme ça, Christine. Tu ferais mieux de jouer avec tes soeurs. Cela te calmerait un peu... Tu en as bien besoin, j'en sais quelque chose..."
Mais, quand je voulais être têtue et mal lunée, j'y réussissais parfaitement...
Je suis restée ainsi presque une heure, ruminant des pensées noires dans ma tête.
Il était 4 h et demi passées quand Maman sortit le goûter et nous appela pour la distribution. Je n'avais guère faim, mais soif quand même et je revins vers ma mère et mes soeurs. Et nous mangeâmes notre goûter tranquillement.
Diane me demanda de venir jouer avec elle et de la pousser sur la balançoire. Je rechignai et dis que je n'avais pas envie.
Maman commenta : "Tu pourrais faire un effort quand même, Christine. Ne t'en fais pas, Diane, je viendrai te pousser un peu quand j'aurai rangé les affaires. Ta soeur fait sa mauvaise tête, tant pis. De toute manière, je vais m'occuper de son cas quand nous rentrerons à la maison... Allez, continuez à jouer. On repartira vers 5 h, ça vous laisse encore un bon quart d'heure..."

 J'ai compris que je n'avais pas intérêt à ce que l'on rentre vite...



Je suis retournée m'asseoir en boudant dans mon coin. La phrase de Maman venait de confirmer devant les petites qu'elle n'avait pas changé d'avis... D'ici un quart d'heure, on reprendrait le chemin de la maison, et je pourrais alors préparer mes fesses...
Autant j'avais trouvé l'heure précédente longue, comme dans la salle d'attente, pour reprendre l'image déjà employée, autant l'idée que dans quelque minutes, ce serait comme si j'allais devoir passer de cette salle d'attente au cabinet du dentiste (qui fait mal), me faisait d'un coup penser que je n'avais aucun intérêt à ce que l'on rentre vite...
Il valait mieux tenter de retarder l'échéance, de gagner du temps...
Prenant conscience de cela, j'ai enfin quitté mon perchoir de boudeuse pour aller vers mes soeurs. Diane était contente que je la pousse sur la balançoire, Aline m'a entrainée dans un agrès de fils à escalader.
De sorte que, à 17 h, quand Maman nous appela, ce furent trois voix à l'unisson qui demandèrent de rester davantage...
Maman acquiesça, certainement pas dupe, mais assez satisfaite de voir ses filles se dépenser ensemble...
Un deuxième appel vers 17 h 15 obtint le même cri du coeur, et Maman céda encore pour cinq dernières minutes.
"Allez, c'est fini, je vous ai laissées vingt minutes de plus. Maintenant, on rentre les filles. Je ne le redirai pas une fois de plus !", l'avertissement maternel convainquit Diane qui revint vers Maman, alors qu'Aline aurait bien voulu que je la pousse sur la balançoire à son tour.
Notre mère éleva la voix et ma soeurette descendit de la balançoire pour rejoindre Maman.
Je la suivis en trainant les pieds à nouveau. J'émis un petit : "Dis M'man, on ne peut pas encore rester un peu ?"
Mais je n'obtins qu'un rire en coin d'une mère que mon manège amusait presque : "Christine, tu as fait la tête pendant une heure, tu ne voulais même pas jouer avec tes soeurs, et là, maintenant, quand il faut rentrer, tu voudrais que nous restions... La ficelle est un peu grosse, tu ne penses pas, ma chérie ? Je crois plutôt que tu n'es plus pressée de rentrer car tu sais ce que je t'ai promis, Christine..."
Je cherchai à argumenter en disant : "Mais, Maman, Aline et Diane aimeraient bien rester aussi, tu sais..."
L'argument ne porta pas : "Il y a un temps pour tout, Christine", rétorqua Maman. "Aline et Diane se sont bien amusées. Et nous reviendrons ici samedi, si bien sûr, elles ont été sages. En attendant, nous allons rentrer bien gentiment à la maison, comme ça, vous aurez le temps de prendre votre douche avant le dîner. Et nous pourrons aussi, toi et moi, avoir une petite discussion, qui se terminera par la bonne fessée que tu as méritée, ma fille..."
Même si elles auraient aimé pouvoir jouer un peu plus longtemps, sur le chemin de la maison que nous avons pris aussitôt, mes petites soeurs marchaient gaillardement. On aurait dit qu'elles étaient pressées de rentrer...   Ce n'était pas mon cas, mais pas du tout...


A SUIVRE

lundi 9 mai 2011

Ces instants vexatoires : une autre promesse qui calme... (1)

Les menaces, voire les annonces de fessées, en présence de tiers, sont une part importante de ce que j'ai vécu comme des instants vexatoires.
A l'image de la précédente anecdote avec 200 lignes à faire et un rendez-vous annoncé sur les genoux maternels, cette image me remémore un autre moment de honte vécu un après-midi d'été.
Nous étions sorties en ville, et on avait fait les magasins pour acheter des sandales à Aline et Diane. Cela avait été un peu longuet et j'avais montré mon impatience à diverses reprises. De manière peut-être un rien abusive, compte tenu du fait que l'ambiance était assez électrique entre Maman et moi depuis deux ou trois jours, avec divers petits griefs qui s'accumulaient. Rien de grave, mais de quoi irriter Maman à la longue.
Après avoir trouvé les sandalettes des petites, nous nous sommes dirigées vers le parc municipal, Maman ayant promis aux petites qu'elles pourraient s'amuser si elles étaient sages durant les courses.

 Nous sommes allées au parc et je trainais les pieds...


Aline et Diane ayant obéi, c'est avec joie qu'elles arrivèrent à l'endroit promis, heureuses de pouvoir faire du toboggan et de la balançoire notamment.
Mais, ce n'était plus des jeux que j'appréciais. C'était trop bébé pour moi qui aurais souhaité rentrer et aller jouer chez une copine du quartier.
Je trainais donc les pieds, et grognais d'autant que Maman qui avait apporté les goûters dans un sac, était bien décidée à y passer un long moment, histoire que les petites s'amusent, se détendent , et rentrent plus tard avec une saine fatigue.
Comme je plaidais encore ma cause, Maman commença à hausser le ton : "Christine, si tu ne veux pas jouer, tu n'avais qu'à apporter un livre comme je te l'avais suggéré. De toute manière, nous resterons ici jusqu'à 5 h et c'est tout. Arrête tes jérémiades, elles n'y changeront rien ".
Cinq heures, cela voulait dire que je n'aurais plus le temps d'aller voir ma copine et je protestai à voix haute, disant que je voulais rentrer plus tôt, qu'elle aurait dû me laisser à la maison, que ce n'était pas drôle, etc. etc.
Prise dans ma protestation, je n'avais pas vu combien cela agaçait Maman que je suivais en trainant les pieds.
Ne pouvant accepter que je grogne ainsi et mette en cause ses décisions, Maman trouva les mots qui d'un seul coup me calmèrent : "Ecoute, Christine, CA SUFFIT !!!"
La voix tonnait d'un coup, et poursuivit : "Je ne veux plus entendre un mot. Tu vas attendre bien sagement que tes soeurs aient fini de jouer. Ensuite, nous prendrons notre goûter en profitant de cette belle journée. Puis, nous rentrerons à 5 h, comme je viens de le dire, et pas avant. De toute manière, il n'était pas question que tu ailles jouer chez Martine au lieu de réviser tes leçons".
En plus, donc, je ne ressortirais pas de la maison. Je trouvais ça injuste et je le fis comprendre. Ces récriminations à voix haute, et devant les petites finirent par faire bouillir Maman.
"Christine, j'en ai assez. Alors, tu te calmes. Non seulement, on fera comme j'ai dit, mais en plus, je peux te dire que ce qui t'attend à la maison, c'est une bonne fessée qui va te remettre les idées en place..."
J'avais tout gagné, en fait. J'allais devoir regarder les gamines s'amuser pendant plus d'une heure, et patienter en n'ayant plus guère envie de rentrer en sachant ce qui m'y attendait.
J'étais rouge comme une pivoine en écoutant la sentence maternelle. Les petites cachaient leur amusement.
J'étais dans tous mes états. J'espérais que si je me tenais à carreau d'ici là, Maman oublierait peut-être ou me ferait grâce de la sanction annoncée. Mais, je savais combien Maman tient ses promesses...
A SUIVRE

mardi 3 mai 2011

Ces instants vexatoires : le "programme" annoncé à Diane

 J'avais ramené une punition à faire à la maison. Cent lignes. Cent fois : "Je dois écouter en classe et ne pas dissiper mes camarades".
 J'échappais aux deux heures de colle que m'auraient infligées la prof d'anglais, mais ce bavardage en français dans une matière importante n'était évidemment pas du goût de Maman.

Dès qu'elle le sut, elle m'intima l'ordre de me mettre au travail de suite, sur la table du salon. Je pensais le faire dans la soirée, mais Maman préférait que je m'en débarrasse, ce qui allait m'occuper un moment pendant qu'elle vérifiait les devoirs des petites.

Très remontée contre moi, elle avait déjà chiffonné une première feuille où j'avais écrit vingt lignes, en prétextant que c'était mal écrit. Je recommençai donc en m'appliquant, sans trop rechigner. Ce n'était pas le moment de me faire remarquer davantage...

Je me mis au travail sur la table du salon


Aline ayant un devoir à faire fut envoyée dans sa chambre. Elle avait compris que ce soir-là mieux valait aller droit...
Diane, elle, n'avait pas de travail pour le lendemain, et avait même ramené une assez bonne note. Elle rayonnait donc, et demanda à Maman si je pouvais venir avec elle jouer dans le jardin. La réponse fusa : "Ah, non, tu ne vois pas que ta soeur est punie... Elle doit faire cent lignes pour avoir bavardé en classe. Laisse-là donc faire sa punition."
Ma soeur, qui était fûtée, joua les curieuses : "Mais, quand elle aura fini, elle pourra venir dehors, hein, M'man ?"
Maman rétorqua : "N'insiste pas, Diane. Christine ne sortira pas. Elle fait d'abord ses cent lignes, et après, nous aurons une petite discussion toutes les deux..."
Je relevai la tête de ma copie et je protestai timidement : "Oh, non, Maman, dis..."
Elle me coupa la parole : "Ne joue pas les fausses étonnées, Christine. Tu sais bien que je n'admettrai jamais que tu sois une élève indisciplinée. Et j'ai une bonne méthode pour que tu t'en souviennes..."
Diane avait les yeux pétillants et faisait une mine grave de façade, mais je sentais qu'elle bichait de l'intérieur. Elle glissa : "Alors, Christine ne viendra pas ?", manière rusée de relancer le sujet.
Maman mit les points sur les "i" : "C'est ce que je viens de te dire, Diane. Ta soeur reste là, elle fait ses cent lignes. Et après, Maman va donner à Christine la bonne fessée déculottée qu'elle mérite. Maintenant, tu files jouer tranquillement dans le jardin jusqu'au dîner. Je suis assez en colère comme ça..."
Diane sortit en vitesse, nous laissant toutes les deux. Les mots de Maman qui annonçait mon "programme" m'avaient fait battre le coeur très vite. Des larmes perlaient sur mes yeux et une vint faire une tâche sur la copie. J'essuyai la petite bavure soigneusement et  calmai mes sanglots.
"Remets-toi au travail et appelle-moi quand tu auras fini", dit Maman avant d'aller finir de préparer le dîner. J'étais triste, honteuse et vexée de savoir que Diane connaissait mon devenir proche, et j'imaginais qu'elle allait tendre l'oreille pour ne pas manquer la suite.
Il me restait 56 lignes à faire, c'était long, mais c'était aussi comme un compte à rebours... 55, 54... 40, 39... A chaque bout de ligne, j'angoissais de plus en plus... Quand je serais arrivée à zéro, je le savais... une bonne fessée m'attendait...