mardi 3 mai 2011

Ces instants vexatoires : le "programme" annoncé à Diane

 J'avais ramené une punition à faire à la maison. Cent lignes. Cent fois : "Je dois écouter en classe et ne pas dissiper mes camarades".
 J'échappais aux deux heures de colle que m'auraient infligées la prof d'anglais, mais ce bavardage en français dans une matière importante n'était évidemment pas du goût de Maman.

Dès qu'elle le sut, elle m'intima l'ordre de me mettre au travail de suite, sur la table du salon. Je pensais le faire dans la soirée, mais Maman préférait que je m'en débarrasse, ce qui allait m'occuper un moment pendant qu'elle vérifiait les devoirs des petites.

Très remontée contre moi, elle avait déjà chiffonné une première feuille où j'avais écrit vingt lignes, en prétextant que c'était mal écrit. Je recommençai donc en m'appliquant, sans trop rechigner. Ce n'était pas le moment de me faire remarquer davantage...

Je me mis au travail sur la table du salon


Aline ayant un devoir à faire fut envoyée dans sa chambre. Elle avait compris que ce soir-là mieux valait aller droit...
Diane, elle, n'avait pas de travail pour le lendemain, et avait même ramené une assez bonne note. Elle rayonnait donc, et demanda à Maman si je pouvais venir avec elle jouer dans le jardin. La réponse fusa : "Ah, non, tu ne vois pas que ta soeur est punie... Elle doit faire cent lignes pour avoir bavardé en classe. Laisse-là donc faire sa punition."
Ma soeur, qui était fûtée, joua les curieuses : "Mais, quand elle aura fini, elle pourra venir dehors, hein, M'man ?"
Maman rétorqua : "N'insiste pas, Diane. Christine ne sortira pas. Elle fait d'abord ses cent lignes, et après, nous aurons une petite discussion toutes les deux..."
Je relevai la tête de ma copie et je protestai timidement : "Oh, non, Maman, dis..."
Elle me coupa la parole : "Ne joue pas les fausses étonnées, Christine. Tu sais bien que je n'admettrai jamais que tu sois une élève indisciplinée. Et j'ai une bonne méthode pour que tu t'en souviennes..."
Diane avait les yeux pétillants et faisait une mine grave de façade, mais je sentais qu'elle bichait de l'intérieur. Elle glissa : "Alors, Christine ne viendra pas ?", manière rusée de relancer le sujet.
Maman mit les points sur les "i" : "C'est ce que je viens de te dire, Diane. Ta soeur reste là, elle fait ses cent lignes. Et après, Maman va donner à Christine la bonne fessée déculottée qu'elle mérite. Maintenant, tu files jouer tranquillement dans le jardin jusqu'au dîner. Je suis assez en colère comme ça..."
Diane sortit en vitesse, nous laissant toutes les deux. Les mots de Maman qui annonçait mon "programme" m'avaient fait battre le coeur très vite. Des larmes perlaient sur mes yeux et une vint faire une tâche sur la copie. J'essuyai la petite bavure soigneusement et  calmai mes sanglots.
"Remets-toi au travail et appelle-moi quand tu auras fini", dit Maman avant d'aller finir de préparer le dîner. J'étais triste, honteuse et vexée de savoir que Diane connaissait mon devenir proche, et j'imaginais qu'elle allait tendre l'oreille pour ne pas manquer la suite.
Il me restait 56 lignes à faire, c'était long, mais c'était aussi comme un compte à rebours... 55, 54... 40, 39... A chaque bout de ligne, j'angoissais de plus en plus... Quand je serais arrivée à zéro, je le savais... une bonne fessée m'attendait...

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