dimanche 16 août 2020

Chronique d'un redoublement : 155. Quand les deux moqueuses montrent qu'elles savent tout...

SUITE 154

La matinée s'acheva sans autre alerte, et je rentrai déjeuner à la maison presque guillerette. Maman me demanda si cela s'était bien passé, et je lui répondis "Oui" avec un large sourire, rajoutant fière de moi : "J'ai même été interrogée en anglais et j'ai eu un 15 sur 20 !"
Notre chère mère me félicita : "Tu vois que tu peux avoir de bonnes notes quand tu travailles bien. Mlle Simon doit être satisfaite, et je compte sur toi pour que les prochains résultats soient aussi excellents".
Maman ne manqua pas de se féliciter de son intervention : "C'est juste un peu dommage qu'il ait encore fallu que je te donne une bonne fessée pour que tu brilles en cours d'anglais..."
Je rougis et balbutiai : "Mais, euh, Maman, euh, pourquoi tu en reparles ?"
Maman esquissa un sourire, un peu moqueur, en constatant mon trouble et rétorqua : "Voyons, Christine, j'en reparle pour constater qu'une bonne déculottée fait toujours de l'effet chez ma grande fille. Et pour te rappeler que j'espère bien que tu me ramèneras d'autres bonnes notes..."
 
 
  
Maman regretta d'avoir dû me donner la fessée 
pour que je ramène une bonne note. 
Mais, au fond d'elle même, elle se félicitait 
que sa méthode marche aussi bien...
 
J'acquiesçai  : "Oui, Maman, c'est promis. Promis de chez promis, tu verras".
Maman fit la moue, en modérant mes propos : "Ce ne sont pas des promesses que je veux, Christine. Mais des actes, car j'ai trop souvent constaté que tu promettais monts et merveilles, puis que tu te relâchais vite... En tout cas, tu as bien pu constater vendredi soir que, moi, je tiens mes promesses... Et il en sera de même à la prochaine mauvaise note, à la prochaine heure de colle... Tu auras beau me supplier, me raconter n'importe quel bobard ou fausse raison, tu n'y couperas pas, ma grande. Je m'occuperai de tes fesses, crois moi..."
Au moment où Maman terminait sa tirade, mes petites soeurs entrèrent dans la cuisine, Aline relevant le propos maternel : "Dis, Maman, tu vas donner la fessée à Christine ?"
Maman grogna : "Mais non, je n'ai pas dit ça. Et puis cela ne vous regarde pas".
Je me sentis obligée de préciser : "Non, Maman ne me grondait pas. J'ai même eu une très bonne note, ce matin, un 15 en anglais, na !"
Mon petit ton un peu hautain dérangea Maman qui modéra mes propos : "15 sur 20 après une année de redoublement, il n'y a pas non plus de quoi se vanter. Je rappelais juste à votre grande soeur qu'il valait mieux continuer à obtenir de bons résultats, sinon cela pourrait lui apporter de nouveaux ennuis que vous devinez facilement..."
 
Je ne rajoutai rien, et  montai dans ma chambre, un peu vexée que ma "bonne note" m'ait valu plus de menaces que de félicitations. Mais, en réfléchissant, le raisonnement maternel ne souffrait guère de contestations... Maman, elle au moins, tenait ses promesses... Et mes fesses pouvaient en témoigner...
De leur côté, Aline et Diane montèrent aussi dans leur chambre en attendant d'être appelées pour le déjeuner. En tendant l'oreille, je compris qu'elles commentaient les propos de Maman à mon égard. Aline n'y voyait rien de louche, mais Diane avait retenu l'expression "cela ne vous regarde pas". Et elle expliqua à Aline : "Je crois que Maman voudrait donner la fessée à Christine en cachette. Il va falloir bien guetter et observer leurs humeurs, pour tout savoir... On verra bien s'il y a de l'orage dans l'air..."
 

 
Le "Cela ne vous regarde pas" adressé par Maman
à mes soeurs ne modèra pas leur curiosité...
Au contraire, elles se promettaient de bien guetter
le moindre conflit pour ne pas rater mes prochaines fessées... 
 
 
Le déjeuner se passa sans nouvelles allusions, et même l'après-midi au collège se déroula sans véritables anicroches. En histoire, la prof rendit le petit contrôle de la semaine précédente. Babette décrocha un 18 et moi un 12. Les moqueuses ne commentèrent pas, mais j'avoue que cette copie me mettait mal à l'aise, la prof ayant rajouté à côté du 12 sur 20, un "Peut mieux faire" ! Une sorte de commentaire que Maman n'appréciait guère. Sans craindre vraiment que cela me vaille une nouvelle déculottée, c'était susceptible de me valoir une réflexion maternelle acide du style : "Une bien petite moyenne, Christine. Je ne vais pas sévir pour autant, mais ne commence pas à te relâcher... Sinon cela pourrait aller mal..."
Cela dit, comme il n'y avait pas à retourner la copie signée, je me suis contentée d'annoncer ma note, sans sortir le contrôle de mon cartable. Cela me provoqua tout de même quelques désagréments, me faisant passer une nuit assez agitée, où je fis un cauchemar en imaginant Maman trouvant la copie cachée dans mon sac, et ne me pardonnant pas de ne pas lui avoir montrée...

 
Mon 12 en histoire était acceptable, mais la petite  phrase
de la prof disant "Peut mieux faire" m'avait angoissée...
Je n'avais donc pas montré ma copie à Maman...
J'en cauchemardé la nuit, rêvant que je prenais une nouvelle fessée... 
 
Trois jours passèrent sans que les moqueuses ne reviennent à la charge, ce qui me rassura, et me fit espérer que l'on ne me parlerait plus des épisodes du vendredi dernier. Je commençais à respirer sans me douter que, de par les rencontres de petites soeurs, à la danse notamment, et autres confidences sollicitées mine de rien, on parlait de moi et papotait sur mon cas, en secret, mais sur le ton de la moquerie...
Ma première frayeur, je la ressentis en arrivant au collège le vendredi suivant, au matin. Brigitte était devant la porte, attendant visiblement Babette. Je tentai de passer en faisant semblant de ne pas l'avoir vue. Brigitte m'appela, et je ne pus que venir vers elle, lui demandant qu'est-ce qu'elle voulait. Brigitte me répondit en ricanant : "Tu as vu, on est vendredi... Ca doit te rappeler de mauvais souvenirs de la semaine dernière..."
Je jouai l'innocente : "Bah, non, qu'est-ce que tu veux dire ? Il y avait juste le rendez-vous avec Mlle Simon, c'est tout !"
Brigitte se mit à rire, alors que Babette venait d'arriver. "Tu as entendu Babette ? Christine ne se rappelle que du rendez-vous avec Mlle Simon... Elle veut nous faire croire qu'elle a oublié la fessée de sa Maman au retour à la maison".
Je restai bouche bée, ne sachant pas quoi dire, que répéter : "Mais non, mais  non, c'est pas vrai..."
Et c'est là que Babette rajouta :"Mais, arrête de mentir. Je sais tout. Et même que tu n'as pas eu une, mais deux fessées dans la même soirée..."
Je pris la phrase comme une gifle et me mis à sangloter en essayant de cacher mes larmes. Je laissai les moqueuses sur place et allai tout au fond de la cour, réussissant à me calmer un peu. Et, heureusement, comme lundi, la sonnerie du début des cours me permit d'échapper à de nouvelles moqueries...
J'avoue que je ne suivis pas très attentivement les deux premiers cours de la matinée, et je me dis que j'ai eu de la chance de ne pas récolter un zéro ou des heures de colle, tant j'avais la tête ailleurs, et me repassais le film de mes mésaventures, comme les phrases visiblement bien renseignées des deux chipies...
A l'heure de la récréation, je n'avais nulle envie d'aller dans la cour. Babette et Brigitte étaient entourées d'un petit cercle de cinq autres élèves qui semblaient boire leurs paroles. Et visiblement on y parlait de moi, comme on pouvait en juger aux regards souvent fixés dans ma direction.


Les deux moqueuses semblaient toujours faire des messes basses
et j'angoissais de savoir ce qu'elles savaient réellement...

Je me gardai bien de rejoindre le groupe, et la récréation se termina sans que les deux moqueuses ne m'aient adressé la parole... Mais, dans les rangs, puis en classe, je vis bien que certaines camarades riaient sous cape en me regardant. L'une me fit même un petit geste de la main paume ouverte qui rappelait le geste qui accompagnait souvent les menaces maternelles... J'enrageais intérieurement...
Je réussis quand même à suivre plus ou moins les deux derniers cours de la matinée, évitant ce qui aurait été un scénario catastrophe... Mais, j'étais tendue en permanence, la tête bouillonnante, me demandant bien ce que les moqueuses savaient réellement. Paradoxalement, je ne voulais surtout pas leur reparler, de peur de leurs moqueries. Tant bien que mal, je pus les éviter le reste de la journée.
Mais alors que je sortais du collège en fin d'après-midi pour rentrer à la maison, Babette et Brigitte m'attendaient sur le trottoir. Je ne voulais pas leur parler, mais je voulais savoir si elles bluffaient ou en savaient autant qu'elles ne le prétendaient... Je tentai de fuir en courant, mais j'avais un lourd cartable et les filles me rattrapèrent, me barrant le passage.
Brigitte me lança : "Alors tu nies toujours avoir reçu la fessée, vendredi ?"
Je bafouillai : "Bah, euh, non, euh oui, enfin, euh ça ne vous regarde pas", reprenant sans le vouloir l'expression de Maman.
Babette haussa le ton : "Si tu nous dis la vérité, on ne le racontera à personne, sinon tout le collège le saura..."
Je dis en tremblant : "Puisque je vous dis que j'ai juste été grondée. Vous savez quoi en vrai ?"
Brigitte se lança : "Je peux d'abord te dire que ta Maman a prévenu la prof  d'anglais qu'elle allait te donner la fessée en rentrant à la maison. C'est pour ça que tu faisais une drôle de tête en marchant dans la rue en suivant ta mère. Tu devais avoir peur en pensant à ce qui t'attendait..."
 
 
Brigitte et Babette m'avaient vue, vendredi, sortir du bureau
de la prof d'anglais et suivre Maman en faisant grise mine...
Elle avaient deviné que je craignais un retour claquant à la maison...

 
Je tentai de la contredire : "Pfff, c'est même pas vrai, je n'ai pas eu la fessée en rentrant à la maison".
Brigitte me cloua le bec : "Oui, je sais, tu as dû attendre en sachant bien que ta Maman tient toujours ses promesses.. Et elle a attendu l'heure d'aller au lit pour te déculotter et te rougir les fesses".
Babette rajouta : "Même que tu avais une chemise de nuit bleue et un pyja-short. Mais ta Maman les a bien dégagés pour te flanquer une sacrée bonne fessée. Et que tes soeurs t'entendaient crier fort à chaque claque... Alors tu vois qu'on sait tout..."
 
 
Il était bien vrai que l'attente de la venue de Maman, 
après avoir été envoyée dans ma chambre pour y recevoir
la fessée promise, avait été plus qu'angoissante...
Je tremblais en craignant cette "première" fessée de Quatrième... 
 
Je ne savais plus quoi dire, et ne pouvais qu'avouer, tout en essayant de minimiser, ce que je fis comme si j'essayais de marchander : "Je, euh, oui, euh, c'est vrai, Maman m'a donné une fessée, mais pas plus que les autres fois. Et puis, c'est rare maintenant".
Babette, qui semblait la mieux informée, me coupa en pouffant : "Laisse moi rire Christine. C'est si rare, comme tu dis, si rare que ta Maman t'a re-déculottée dans la soirée... La grande Christine prétendait qu'elle n'avait pas eu mal, et s'en vantait à sa petite soeur... Mais Maman Spaak veillait et a tout entendu. Elle a alors remis sa fifille sur ses genoux dans le salon lui flanquer une nouvelle tannée à en rougir les fesses de Christine pour longtemps..."
Je ne savais plus quoi dire. Je balbutiai : "Ce n'est pas vrai, ce n'était pas dans le salon, mais dans ma chambre".  
J'en avais trop dit, une fois encore... En cherchant à me justifier, je ne voyais pas que je validais tout ce que les chipies disaient... Babette jubilait : "Le salon ou ta chambre, qu'importe. Tu avoues donc avoir reçu deux fessées déculottées vendredi dernier..." 
Je baissai la tête, cachant des larmes qui perlaient dans mes yeux. Je leur demandai de garder tout ça pour elle, même si, à bien y réfléchir, c'était leur montrer que je craignais leurs moqueries plus que tout... 
Brigitte joua les grands seigneurs et dit qu'elle acceptait, me demandant en échange de reconnaître tout haut que j'avais bien reçu deux fessées déculottées. Je balbutiai, "Oui, euh, j'ai, euh, reçu la fessée vendredi". oubliant volontairement l'adjectif déculotté, et je dus reprendre jusqu'à ce qu'elles m'accordent que j'avais bien dit. Elles bichaient d'avoir obtenu enfin mon aveu...

 
Pour calmer les deux moqueuses, je dus reconnaître 
que j'avais bien reçu deux fessées déculottées ,
juste une semaine auparavant...
 
Je les laissai là, rentrant bouleversée à la maison, où j'eus beaucoup de mal à cacher mon trouble. Je n'avais aucune envie de le dire à Maman, qui m'aurait rétorqué que si je ne voulais pas que l'on parle de mes fessées, il fallait ne plus en mériter... Infaillible raisonnement maternel qui ne me plaisait guère, surtout en cette période où Maman, je le savais, n'hésiterait pas à me rallonger sur ses genoux à la prochaine heure de colle ou très mauvaise note...
Je me gardai donc de raconter ce qui m'était arrivée. Seule consolation, la semaine étant finie, je n'allais pas retrouver Brigitte et Babette avant lundi, mais assurément elles allaient peupler mes cauchemars et mes angoisses...

A SUIVRE