dimanche 25 août 2019

Chronique d'un redoublement : 148. Un rendez-vous professoral qui entraîne un retour angoissé à la maison

SUITE 147

Je sursautai quand la sonnerie de la fin des cours se fit entendre. Pour une fois, j'aurais bien préféré qu'elle ne retentisse pas de sitôt... Je n'étais nullement pressée de retrouver Maman et Mlle Simon...


Je devais attendre Mlle Simon et Maman dans le couloir
du bâtiment administratif du collège,
un endroit associé à bien des mauvais souvenirs
des années précédentes, et aux conséquences cuisantes...

Cette dernière devait recevoir Maman dans un des deux petits bureaux individuels, proches de la salle des profs, près du secrétariat et du bureau de la principale. C'était là une partie du bâtiment du collège que je n'appréciais guère, associée qu'elle était avec des souvenirs de colle, sans oublier un passage en conseil de discipline, ni le conseil de classe qui avait entériné mon redoublement, un an et demi plus tôt...
Me voyant m'y diriger, les deux moqueuses de ma classe arboraient un sourire en coin, imaginant certainement qu'il y aurait des sujets de moquerie dans les jours à venir...


Les moqueuses m'ayant vue me diriger vers le bâtiment administratif
se mirent à ricaner, espérant avoir bientôt des sujets de moquerie... 

Maman était arrivée au collège avec dix minutes d'avance, selon le vieux principe que l'on ne fait pas attendre les professeurs. Je la retrouvai dans le couloir, près de la salle d'attente, et elle m'accueillit déjà plutôt froidement. Elle avait en effet, entre temps, croisé la principale qu'elle connaissait bien, de par mes exploits des trois premières années de collège. 
Maman me résuma la conversation avec elle, qui aurait dit : "Christine, ça va pour le moment. Elle travaille plutôt pas trop mal. Avec juste encore une tendance à être un peu dissipée". Bref, rien de grave, mais assez pour agacer ma mère, pour qui je devrais être studieuse, attentive et parmi les premières de la classe !  
Je tentai de lui faire dire que "c'est plutôt bien quand même". Mais, elle n'acquiesça pas, répondant au contraire : "J'espère que l'avis de Mlle Simon sera plus positif... Je l'espère pour toi, Christine... Mais, j'ai bien l'impression qu'il était temps que je reprenne les choses en main" !



En estimant qu'il était temps de "reprendre les choses en main...",
Maman ne m'annonçait rien de bon... 
Je savais trop ce que cela voulait dire... 

L'expression me fit frissonner une fois encore. J'imaginais trop ce que cela sous-entendait...
Mlle Simon arriva sur ces entrefaites et Maman la remercia chaleureusement de lui accorder un peu de temps. La jeune prof répondit que c'était normal, et que cela permettait de mieux connaitre les élèves et leurs familles, ce à quoi Maman rétorqua en la féliciitant de ce bon état d'esprit, et en ajoutant un de ses couplets habituels sur la nécessité que parents et profs travaillent de concert, etc., etc.
Et, comme je m'y attendais, je dus rester dans le couloir pendant que Maman et la prof s'isolèrent dans le petit bureau... Je n'aimais pas cette situation d'attente, où il n'y a rien d'autre à faire qu'à imaginer ce qui se dit entre les deux adultes... Et dont le sujet principal est ma petite personne...
Au bout de dix minutes, je commençais à m'impatienter, surtout que la longueur de l'entretien laissait peu de chances à ce que Mlle Simon "oublie" de parler de la fameuse punition des cent lignes... Même si je pouvais théoriquement l'espérer, la petite voix de ma raison me disait dans ma tête qu'il fallait que je m'attende hélas à devoir me justifier pour quelque chose qui réunissait plusieurs des choses dont Maman avait horreur, à savoir du bavardage en cours, une punition, et circonstance aggravante, une cachotterie, et une ribambelle de mensonges par omission ou dénégation...

Sûr que l'année passée, il aurait fallu bien moins que cela pour me retrouver, culotte baissée, sur les genoux maternels, pour une fessée "bien méritée", du moins selon les critères maternels...


Plus l'entrevue de Maman et de la prof durait, et plus j'angoissais...
Je n'avais plus guère d'espoir que mes cachotteries 
ne soient pas venues aux oreilles de Maman... 
Et j'imaginais ce qu'elles me vaudraient...

Le quart d'heure passa, et je vivais chaque minute supplémentaire avec une angoisse croissante. Même si, à tout réfléchir, c'était bien une façon de faire de Maman de vouloir créer des liens avec les enseignants pour que la communication passe au mieux, et pour que les profs ou les instit' soient bien réactifs en cas de problème avec moi ou mes soeurs.
Dans le cas de Mlle Simon, je l'ai appris plus tard, mais Maman avait poussé l'amabilité jusqu'à s'enquérir du fait que la jeune enseignante n'avait pas de difficultés pour s'intégrer dans notre petite ville où elle venait d'être nommée, alors qu'elle était auparavant dans la préfecture et ville universitaire voisine.
Maman lui avait donné des conseils à propos de la vie associative locale, et avait même évoqué de l'inviter à dîner un de ces soirs. Sans en fixer la date quand même. Mais, j'imagine bien la scène, et Maman faisant tout pour être bien vue de ma jeune prof. Il est vrai qu'elle n'avait jamais vraiment réussi, les années précédentes avec ma bête noire de Mlle Paule, la vieille fille revêche qui m'avait valu tant d'ennuis...
Je sursautai quand, au bout de vingt bonnes minutes, la porte s'ouvrit. Mlle Simon arborait comme un petit sourire, en coin. Maman, elle, semblait froncer les sourcils. La jeune prof s'adressa à moi sur un ton presque taquin : "Ah voilà donc notre petite cachotière, celle qui cache ses punitions à sa mère" !



En me traitant de petite cachotière, Mlle Simon avait le sourire.
Mais Maman ne l'avait pas du tout... 
Et de me promettre qu'on allait s'expliquer à la maison... 

Je sursautai, même si la phrase ne faisait que confirmer ce dont j'étais presque sûre que cela allait arriver... Mon coeur se mettant à battre fort, je balbutiai : "Bah, euh, je, euh, enfin... C'est à dire que, euh... je vais vous expliquer..."
Mais, Maman me coupa la parole d'un ton qui, lui, n'était pas à la plaisanterie : "Bon, Christine, je ne suis pas sûre qu'il y ait grand chose à expliquer à ta professeure. Cela nous regarde surtout toi et moi... Mlle Simon a d'autres choses à faire... Prends donc ton cartable et nous allons rentrer à la maison, où une petite discussion nous attend..."
Je baissai la tête et attrapai mon cartable, pendant que Maman prenait congé de l'enseignante : "Merci encore Mademoiselle, et croyez bien que je suis désolée des agissements de Christine, mais je vous assure que je vais faire le nécessaire pour qu'elle n'ait plus envie de recommencer. En tout cas, si elle persiste à faire des siennes, n'hésitez pas à m'en faire part, je saurai agir en conséquence..."
Mlle Simon acquiesça et nous dit au revoir en nous raccompagnant jusqu'à la porte de la conciergerie. Une fois dans la rue, Maman prit le chemin de la maison, en faisant juste un petit détour pour passer à la boulangerie reprendre une baguette, car elle avait proposé à Tata Jacqueline de rester à dîner.
La perspective que ma chère tante soit à la maison, me rassurait un peu, car j'imaginais bien qu'elle allait prendre ma défense. Mais, je ne me faisais guère d'illusion quant à ce qui m'attendait une fois que Tata serait repartie...



Je n'étais pas pressée de rentrer, 
d'autant que Maman avait annoncé la couleur
avant même qu'on ne s'explique, 
en me conseillant de "préparer mes fesses".
J'en tremblais à l'avance... 

Je trainais toutefois un peu la patte, marchant derrière Maman, ce qui contribua à l'agacer : "Christine, peux-tu marcher normalement ? Je comprends que tu ne sois pas pressée de rentrer, mais cela ne changera rien et tu n'échapperas pas à notre petite discussion..."
Je tentai de plaider ma cause : "Mais, Maman, je vais t'expliquer".
Elle répliqua : "Tais-toi donc, et n'aggrave pas ton cas. Se faire punir de cent lignes pour bavardage est inadmissible, Christine. Et, en prime, me le cacher en mentant effrontément est pire encore... Alors, je serais à ta place, je n'énerverais pas davantage ma mère en trainant les pieds. Et, je commencerais à préparer mes fesses..."
Je suppliai : "Oh, non, Maman, noooon ! Tu sais, j'ai aussi bien travaillé. J'ai même eu un 16 sur 20 hier !".
Maman ricana : "Arrête ton cinéma, Christine. Je ne suis pas dupe. Un 16, la veille du rendez-vous avec la prof, ça prouve surtout que tu avais peur de ce qu'elle allait me dire, et ça montre aussi et surtout que tu es bel et bien capable de ramener de vraies bonnes notes, si tu te donnes la peine de travailler... Au lieu de cela, Mademoiselle papote en classe et se contente de notes moyennes... Tu sais, Christine, je ne devrais même pas te féliciter pour un 16, mais te punir à chaque fois que tu n'as pas au moins 14. En tout cas, prépare tes fesses, ma fille, prépare tes fesses..."
Je me mis à sangloter, et Maman rajouta : "Garde donc tes larmes pour plus tard... Tu vas en avoir bien besoin..."


J'eus beau essayer de commencer à plaider ma cause...
Maman ne voulut rien entendre...
Et de me répéter, geste à l'appui, que je devais préparer mes fesses...
Jusqu'à y faire une allusion à peine voilée devant la boulangère...
 

En prenant la baguette à la boulangerie, la patronne remarqua que je faisais grise mine, et demanda : "Votre fille ne semble pas dans son assiette. Aurait-elle encore fait des siennes ?"  Ce à quoi Maman rétorqua : "Vous ne croyez pas si bien dire... Nous allons de ce pas en parler à la maison".
Je rougis et détournai le regard, alors qu'en rendant la monnaie à Maman, la boulangère me glissa : "Ma pauvre demoiselle, courage, c'est juste un mauvais moment à passer". Mais je me serais bien passée de ce propos faussement compatissant. 
Nous finîmes le trajet sans dire un mot, Maman m'ayant laissée passer devant, et je marchai cette fois à allure normale, n'ayant qu'une envie, qui était d'aller me réfugier dans ma chambre dans l'attente de la "discussion" promise par Maman, et dont je devinais bien quelle en serait l'issue, qui ressemblerait certainement à un "monologue" d'une main maternelle sur mes fesses épargnées à son goût depuis trop longtemps !


Je ne pouvais raisonnablement plus compter sur une clémence maternelle...
Depuis la rentrée, j'avais échappé maintes fois à une fessée...
Cette fois, mensonge et bavardage, c'était assurément de trop... 

A SUIVRE

lundi 19 août 2019

Chronique d'un redoublement : 147. Un rendez-vous qui en rappelle d'autres très cuisants...

SUITE 146

Quelques jours encore sont passés après la signature de ce premier carnet mensuel. Le temps de ramener deux notes assez moyennes en géographie et en sciences naturelles. Mais rien de mauvais, à ceci près que Maman aurait voulu que je n'ai que de bonnes notes, surtout dans des matières où l'on doit juste apprendre, et où un 11 ou un 12 lui paraissaient bien en dessous de mes capacités.
"Je ne vais pas te punir pour autant, Christine, mais j'ai vraiment l'impression que tu te contentes de faire le minimum, et que tu cherches les ennuis", avait commenté Maman...
Un 10 sur 20, obtenu le lendemain en anglais, fut plus difficile à avaler pour Maman. D'autant que la copie était agrémentée d'un "Peut mieux faire" qui suscita une vive réaction maternelle. "Je ne peux pas te laisser reproduire le schéma des années précédentes, Christine. Je pouvais comprendre que ce n'était pas facile de s'entendre avec Mlle Paule, mais je ne veux pas que ça recommence avec ta nouvelle et jeune prof d'anglais. Donne-moi donc ton carnet de correspondance, je vais lui demander un rendez-vous".


 Maman lisant l'appréciation de la prof d'anglais craignait
que je reproduise les problèmes connus avec Mlle Paule les années passées...
Elle m'annonça qu'elle allait prendre rendez-vous avec la nouvelle...
Cela ne pouvait que m'angoisser après la cachotterie des 100 lignes...

C'était ce que je redoutais, et je tentai de l'en dissuader, en répondant : "Oh, tu sais, ce n'est pas nécessaire. Tout va bien avec la prof. C'est bien mieux qu'avec Mlle Paule. Pour la note d'aujourd'hui, c'est vrai que je n'ai pas assez révisé, mais ça reste la moyenne. Tu verras, promis, la prochaine sera bien meilleure. C'est pas la peine de déranger la prof, tu sais, M'man".
Ma plaidoirie ne fit pas changer d'avis Maman. Pire, elle l'encouragea à persévérer et la rendit même méfiante... "Toi, ma fille, j'ai comme l'impression que tu n'as pas envie du tout que je rencontre ton enseignante... Est-ce que tu ne me cacherais pas quelque chose ? Je te sens bien nerveuse tout d'un coup..."Je tentai de jouer l'innocente, démentant tout problème : "Mais, non, Maman, je ne te cache rien, promis, promis..." Même si, en m'entendant prononcer cette phrase en forme de mensonge, j'avais bien conscience qu'elle risquait de me valoir de sérieux ennuis de la part d'une mère qui n'oublie rien... Cependant, comme de toute façon, si j'avais avoué sur le champ ma cachotterie des 100 lignes à faire, j'aurais certainement eu de suite de gros ennuis, mieux valait, de mon point de vue avoir au moins "gagné du temps"... Des heures, voire des jours jusqu'à la rencontre entre Maman et la prof...




 
Je cherchai à dissuader Maman d'aller voir la prof, promettant
et jurant que je n'avais rien à cacher... 
Même si, de ce fait, je mentais à nouveau
et que j'avais bien conscience
que cela risquait de se retourner contre moi... 

Maman, de toute manière, n'était pas du genre à changer d'avis, et je dû, le lendemain, montrer à la jeune enseignante le petit mot écrit à son intention dans le cahier de correspondance. La prof, Mlle Simon accueillit la demande maternelle avec le sourire, ajoutant : "Les grands esprits se rencontrent. Ce sera avec plaisir que je recevrai votre mère. J'étais d'ailleurs sur le point de lui proposer moi-même que l'on se voit..."
La réflexion ne me rassura pas du tout, et m'inquiéta même de suite... La prof répondit à sa demande, en proposant que Maman vienne vendredi à 17 h au collège, comme elle l'écrivit en dessous du mot maternel. Cela laissait trois jours avant une rencontre qui n'augurait rien de bien...
Le soir-même, je fis mes devoirs avec une attention rarement mise ces derniers temps. J'appris notamment par coeur deux fiches de vocabulaire anglais, me doutant bien que la prof allait m'interroger.
Et, en effet, le lendemain, je fus parmi les trois à passer au tableau. Et j'obtins un 16 sur 20, que je m'empressai d'annoncer dès le retour à la maison, à Maman, qui ne manqua pas de commenter : "Voilà une bonne note qui tombe bien. C'est quand même curieux que tu brilles, dès que je demande rendez-vous à ton enseignante... Comme quoi cela sert de te surveiller de près, si on ne veut pas avoir de mauvaises surprises..."

Je me retins de rajouter quoi que ce soit, ne sachant que trop combien la réflexion de Maman était tout à fait fondée...


 



Maman n'était pas dupe... Le fait de ramener une excellente note 
au lendemain de sa demande de rendez-vous la faisait se méfier,
et se douter que je puisse avoir des choses à me reprocher
que je ne voulais pas qu'elle apprenne... 

D'ailleurs, au fur et à mesure que l'on se rapprochait du rendez-vous, mon inquiétude grandissait... Au point d'avoir des nuits agitées et peuplées de cauchemars... Je revoyais en particulier les rencontres entre Maman et ma bête noire de Mlle Paule, dont chacune, sans exception, m'avait valu un retour agité à la maison, retour ponctué d'une déculottée magistrale...
Cela dit, consciente des risques, je fis très attention à ne pas aggraver mon cas durant ces trois jours, me révélant une élève très studieuse, et fort attentive en cours. Le vendredi matin en question, je récoltai d'ailleurs un 13 en maths, dont je fis part à midi à Maman, insistant : "Tu vois que je travaille bien ?" Mais Maman jugea que "13 dans une de tes matières préférées, c'est plutôt normal".
Et Maman d'aborder ce qui m'angoissait (même si je tentais de jouer la fille sage) : "On verra bien, Christine, si ta prof d'anglais dit aussi que tu es une excellente élève. J'aimerais tant que ce soit vrai..." Puis Maman d'ajouter : "Et ça vaudrait mieux pour toi, Christine... Oh, oui, ça vaudrait mieux..."Je ne me hasardai pas à répondre, mais je surpris un sourire contenu sur le visage de Diane, ce qui m'agaça car je me doutais bien qu'elle avait compris les menaces voilées de Maman à mon encontre...


 



Diane avait bien compris que les propos de Maman n'étaient autres
que des menaces à peine voilées à mon encontre...
Et, comme moi, elle devait se souvenir que chacun des rendez-vous
de Maman avec mon ancienne prof d'anglais m'avait valu
au retour à la maison une déculottée magistrale...
Et je me doutais bien que cela risquait d'être le cas ce soir... 

Au moment de repartir en classe, Maman me rappela que je devais l'attendre au collège à la fin des cours, puisqu'elle avait rendez-vous avec ma prof (comme si je pouvais avoir oublié...). Elle précisa aussi à mes soeurs que c'était Tata Jacqueline qui viendrait les chercher à la sortie de l'école, et les ramènerait à la maison, en attendant que Maman et moi ne rentrions.
Aline et Diane partirent en sautillant, et je me trouvai seule avec Maman, consciente que je ne la reverrais qu'en fin d'après-midi, lors du rendez-vous avec Mlle Simon. Je restai un instant dans l'entrée, hésitante, me demandant s'il ne fallait pas que j'avoue l'histoire des 100 lignes cachées, avant que la prof n'en parle à Maman... Mais, outre la peur de la réaction maternelle, une partie de moi me disait que peut-être, au vu de la bonne note récente, Mlle Simon ne dirait rien...
De toute façon, il était l'heure de filer au collège. Maman me voyant encore là m'interrogea : "Qu'y a-t-il donc, Christine ? Tu as une tête bizarre... Ne me dis pas que tu as été collée ?"

Elle avait senti mon trouble, et il n'était plus temps pour s'expliquer. Je préférai donc nier : "Mais, non, Maman voyons, quelle idée ! Allez, je pars, à tout à l'heure."Je pense que mes dénégations n'ont guère convaincu Maman, qui répondit : "A tout à l'heure, Christine. J'espère que cela va bien se passer... Je l'espère... Je l'espère, pour toi en tout cas..."
J'avais bien conscience que les petites phrases maternelles montraient la détermination d'une mère décidée, si nécessaire, à reprendre bien en main son aînée, épargnée jusque là, mais dont différents faits et gestes laissaient craindre un retour de ses mauvaises habitudes... Une attitude que notre chère Maman n'a jamais pu supporter, et dont elle sait, depuis des années, comment il convient de traiter les fautives...
Et, quand l'ainée a, de plus, bénéficié d'une presque totale impunité depuis la rentrée, l'on comprend aisément que Maman Spaak soit déterminée à appliquer la méthode qui a toujours le mieux fait de l'effet sur la grande de ses filles... C'est-à-dire sur moi...

D'ailleurs, je ne saurais le cacher, j'avais, en me rendant au collège, comme durant les cours de cet après-midi la tête ailleurs, cherchant en vain quels arguments je pourrais employer pour dissuader Maman de sévir à mon encontre... Heureusement qu'il n'y a pas eu d'interrogation surprise, ni de prof me demandant ce qu'il venait de dire, car Christinette était aux abonnés absents, à ne penser qu'à ce rendez-vous de Maman et Mlle Simon... Et surtout à comment il allait finir, à ce moment où généralement l'enseignant fait rentrer l'élève resté dans le couloir pour tirer la conclusion de l'entretien...


 



Je repensais aux différents rendez-vous que Mlle Paule avait donnés à Maman...
Et qui s'étaient poursuivis par un retour à la maison, où une fessée magistrale
m'avait été donnée par une mère en colère...
N'en ayant plus reçu depuis les vacances à la mer,
je tremblais à l'avance, frissonnant du bas du dos que Maman 
ne manquerait pas de déculotter pour flanquer une tannée magistrale...

Des souvenirs que j'avais des rendez-vous avec Mlle Paule, on ne me laissait guère parler, Maman décrétant qu'on allait "pas embêter" davantage la prof, et qu'on allait "s'expliquer" toutes les deux, Maman et moi, à la maison.
Je n'insistais surtout pas, ne sachant que trop ce qui m'attendait, alors que Maman prenait congé de Mlle Paule en lui promettant qu'elle allait "faire le nécessaire" pour que je travaille mieux et sois moins indisciplinée...
Je me doutais hélas que l'issue risquait fort d'être la même après le rendez-vous avec Mlle Simon... J'en frissonnais du bas du dos à l'avance...


A SUIVRE