mercredi 10 juin 2020

Chronique d'un redoublement : 154. Quand, les moqueuses me mettent à bout de nerfs, et qu'heureusement la sonnerie me sauve...

SUITE 153

Le lundi matin, je n'étais guère pressée de retrouver le chemin du collège... D'autant que j'avais une heure d'anglais dès la deuxième heure, juste avant la récréation.
J'arrivai juste deux ou trois minutes avant l'heure, me mettant de suite en rang, faisant semblant de ne pas voir Babette et Brigitte qui, visiblement, guettaient mon arrivée...
Le cours de géographie passé, nous retrouvâmes donc Mlle Simon qui appela successivement trois élèves au tableau pour vérifier que la leçon du cours précédent était bien assimilée et apprise. Sophie récolta juste un 10 sur 20. Puis, Brigitte justement, se contenta d'un 12. J'étais visiblement tendue en passant au tableau à mon tour, et hésitai à la première question, puis, comme j'avais bien travaillé durant le week-end, j'ai eu bon au reste, la prof m'attribuant un 15 sur 20.


Je décrochai un 15 en Anglais pour une leçon bien travaillée à la maison, mais les commentaires de Mlle Simon attribuant le mérite à "l'intervention" de Maman, je m'en serais bien passée...

J'étais bien contente, mais je me serais bien passée des réflexions de Mlle Simon qui me dit devant toute la classe : "C'est bien, Mlle Spaak. Vous voyez que vous pouvez avoir de bonnes notes quand vous vous en donnez la peine".
Et d'ajouter : "C'est votre mère qui va être satisfaite. En tout cas, elle sera plus contente et moins fâchée qu'après notre rendez-vous de vendredi soir... si vous voyez ce que je veux dire..." Je ne répondis pas, même si, en effet, je "voyais" ce qu'elle voulait dire, et m'en souvenais parfaitement, tant dans la tête que du côté de mon bas du dos...
La petite phrase de Mlle Simon, en tout cas, n'était pas tombée dans l'oreille d'une sourde, comme on dit. Ou plutôt de deux...Cela ne faisait que grandir la curiosité de Brigitte et Babette, qui n'avaient pas oublié qu'elle m'avait vue vendredi, très angoissée au moment de rejoindre ma mère devant le bureau des professeurs pour le rendez-vous avec Mlle Simon...
L'allusion de la prof d'anglais à mon égard était du pain bénit pour mes camarades de classe, dont les plus moqueuses bien décidées à en savoir plus sur ce qui avait dû m'arriver... La récréation de 10 h tombait à pic, mais je n'étais pas pressée de sortir dans la cour du collège... Je rangeai mes affaires doucement et quittai la classe la dernière, Mlle Simon me décochant au passage : "En tout cas, Christine, votre mère m'avait promis que vous seriez bien reprise en main. Je constate qu'elle est efficace... Vous la saluerez de ma part".



Mlle Simon me demanda de saluer Maman et se disant très satisfaite de son "efficacité" de ma "reprise en mains"...
Elle n'avait pas précisé davantage, mais pour moi cela me rappelait mon retour vendredi soir à la maison, et la fessée déculottée que Maman m'avait donnée...

Brigitte et Babette m'attendaient à la sortie de notre bâtiment vers la cour. Elles m'interpelèrent : "Alors, Christine, ta Maman s'est fâchée vendredi soir..." Je ne répondis rien. Elles insistèrent : "Ca sert à rien de le cacher. Même la prof d'anglais l'a dit devant toute la classe tout à l'heure..."
Je concédai : "Bah oui, Maman n'était pas contente. Mais elle m'a juste grondée, c'est tout, pfff."
Babette se mit à pouffer et à ricaner : Grondée, oui, grondée à sa manière, avec la culotte baissée pour une bonne fessée sur ses genoux. J'en suis sûre..."
Je rageais et tentai de jouer l'innocente : "Tu dis n'importe quoi, Babette. C'est même pas vrai. Je suis grande maintenant." Brigitte revint à la charge : "Grande, grande, cela ne t'a pas empêchée de te faire rougir les fesses quand vous étiez en vacances à la mer..."


Même si je niai avoir été fessée vendredi soir, Brigitte me rappela qu'elle savait que j'y avais eu droit à la fin de l'été lors de nos vacances à la mer...

La réplique hélas imparable de la moqueuse faillit me faire pleurer. Comme je tournai les talons, Babette qui se retrouvait juste derrière moi, me tapota d'une main les fesses. Juste une sorte de petite claque sur le fond de robe, en disant en ricanant : "Je suis sûre que ta Maman n'a pas fini de s'en occuper, de tes fesses..."
J'ai frissonné, même si cette petite tape n'était qu'anodine, mais j'avais l'impression de me retrouver dans un de mes cauchemars où je me réveillais la nuit en sursaut, m'étant imaginée déculottée par Maman devant toute ma classe...
J'étais à deux doigts de me jeter sur Babette, et de lui arracher les cheveux. J'avais vraiment envie de lui faire mal, de passer mes nerfs en lui martelant le corps à coup de poings. Heureusement pour elle, la sonnerie de fin de récréation retentit, et nous dûmes nous remettre en rang.


Les moqueuses m'avaient harcelé de questions, Babette m'ayant même donné une tape au bas du dos. J'avais envie de lui arracher les cheveux, de lui donner des coups de poing...
Heureusement, la fin de la récréation sonna, et m'empêcha de me venger. A tout bien réfléchir, cela m'évita là de nouveaux ennuis postérieurs...


C'était une chance pour la moqueuse, indubitablement, mais à tout réfléchir pour moi aussi, car si nous nous étions bagarrées et avions roulées par terre, on nous aurait séparées, emmenées devant la surveillante générale, où nous aurions dû expliquer le motif de cette empoignade, et tout le monde l'aurait su... Sans compter que nous aurions, à coup sûr, récolté deux heures de colle...
Et cela, ce n'est pas un 15 en anglais qui aurait suffi à calmer Maman... J'étais, à n'en pas douter un instant, bonne pour une nouvelle déculottée maison... Même si me défouler les nerfs sur Babette m'aurait sûrement fait du bien, j'avais pour ainsi dire été sauvée par le gong, car ma chère mère n'aurait jamais admis ce qu'elle aurait qualifié de "vouloir se faire justice soi-même" et mes pauvres fesses en auraient payer le prix fort...


J'avais d'ailleurs en la matière quelques exemples marquants et restés dans ma mémoire... Comme ce jour où Maman m'avait confié la garde, juste pour une heure, de mes soeurs et où j'avais distribué des gifles à mes deux petites soeurs qui, certes, les méritaient de mon point de vue, mais avaient à son retour raconté à leur manière la scène à Maman, se mettant à pleurer à chaudes larmes, jouant presque les martyres, ce qui m'avait valu une déculottée devant Aline et Diane...


Je repensais à l'envie que j'avais eu de faire justice moi-même, et aux conséquences que cela aurait eues à coup sûr. Je me rappelais quand j'avais giflé mes deux soeurs qui avaient tout raconté à Maman. J'en avais été quitte pour une tannée maison, Maman me rougissant les fesses devant Aline et Diane...

Mais revenons à ce lundi matin. Heureusement donc, la récréation terminée, les cours reprenant, j'échappai aux moqueries de mes camarades de classe. Et, en y réfléchissant, j'étais plutôt soulagée que Babette et Brigitte aient été dans le questionnement et non dans l'affirmation, ce qui me laissait penser qu'elles n'avaient que des interrogations sur ce qui avait bien pu se passer à la suite du rendez-vous entre Maman et Mlle Simon, et cela me laissait espérer qu'elles n'en sauraient pas plus...
Même si, au fond de moi, je gardais une certaine inquiétude que le détail de mes mésaventures ne revienne tôt ou tard aux oreilles des moqueuses...

A SUIVRE...