vendredi 28 janvier 2011

Ces moments où le coeur bat fort : la tuile en maths !

Poursuivons cette petite série de moments particuliers, d'instants où tout bascule, où l'angoisse nait, et où le coeur se met à battre très fort, tant l'imagination submerge mes pensées.
Cette image m'en donne une illustration parlante.
Les maths, c'était mon fort. Ainsi que le français. Deux matières où je pouvais jouer les premiers rôles en classe, ce qui contrastait avec l'anglais, l'allemand, les sciences nat, voire l'histoire géo, selon la personnalité des profs. Si je m'entendais avec, je pouvais exceller, si j'avais un conflit ouvert ou larvé avec, j'étais capable de ne rien faire. Ce qui explique aussi la détermination maternelle, qui savait très bien que son ainée était douée, du moins quand elle le voulait. Voire facile comme en maths, où je pigeais très vite, au point parfois de ne pas avoir à bosser mes leçons ayant tout compris en écoutant en cours.
Le problème avec cette aisance, c'est bien sûr que Maman veillait à ce que j'ai des notes excellentes, et était attentive aux signes avant-coureurs du moindre relâchement qui m'arrivait par périodes bien sûr...
Ce jour-là, je pensais savoir ma leçon de géométrie, même si j'avais un peu bavardé la veille en cours. On était à quatre jours des vacances de Pâques, les contrôles étaient finis et je n'imaginais pas que la prof ferait passer quelqu'un au tableau.
Et, c'est tombé sur moi...
Mme Marchand avait dessiné un triangle rectangle, et me demanda comment on calculait la surface. J'hésitai, et cela déclencha une levée d'une dizaine de bras dans la classe, disant : "Madame, Madame, je sais, je peux répondre ?"
Je savais que c'était facile, mais comme je n'avais pas révisé les formules la veille au soir, j'avais un trou navrant. De voir que moi, l'une des meilleures, je calais, alors que des copines en général pas douées en maths levaient leur doigt me tétanisait. 

Je commençais à paniquer devant le tableau,
incapable de trouver la formule... 

Mme Marchand lança : "Christine, ou vous savez, ou vous ne savez pas. Ne restez pas muette comme ça. Je vous donne encore dix secondes et ce sera un zéro pointé".
Je blêmis à l'annonce de la prof. Je cherchai dans ma tête à toute vitesse et balbutiai :  " Euh, oui, bah, c'est petit côté plus grand côté multiplié par Pi".
Ma réponse provoqua un éclat de rire général. Mme Marchand haussa les épaules : "Mais quelle imagination, Mlle Spaak ! Qu'est-ce que Pi vient faire par là ? Vous confondez les triangles et les cercles. Tout ce que vous avez gagné, c'est comme un cercle, mais ça s'appelle un zéro".
Je protestai : "Non, Madame, ça y est, j'ai trouvé, c'est b par c divisé par 2".
"Trop tard, Christine. Cela vous apprendra à réviser vos leçons. Vous ne m'avez pas habituée à sécher ainsi. Ce zéro servira d'avertissement et j'espère que vous allez vous reprendre bien vite", commenta Mme Marchand.
J'étais devenue toute pâle à cette annonce et je regagnai ma place avec une mine d'enterrement. D'autant que la prof revint à la charge : "Au fait, puisque j'ai déjà rempli vos bulletins, ce zéro comptera pour le trimestre prochain. Vous aurez tout le temps pour remonter votre moyenne. Mais, en attendant, vous me donnerez votre carnet de correspondance. J'y mettrai un mot que vous me ramènerez signé demain".
En deux phrases, j'étais passée de la lueur d'espoir au noir absolu. Le zéro qui attendait le prochain trimestre, c'était la possibilité de cacher mon jeu (et j'étais la reine des fortiches en la matière), de ne rien dire à la maison, et de n'affronter le problème qu'après les vacances de Pâques...
Mais, le mot à faire signer ce soir, c'était au contraire la catastrophe nucléaire... On n'attendrait même pas l'arrivée du bulletin trimestriel distribué le dernier jour de cours, non, il allait falloir annoncer à Maman que j'avais récolté un zéro pointé, une grosse bulle soulignée en rouge dans l'une de mes deux matières préférées...
Jamais, elle ne l'admettrait... Je le savais, je n'avais aucune illusion... A la fin du cours, Mme Marchand me retint le temps de rédiger son petit mot.
Je la regardais écrire avec le coeur battant. J'étais à côté d'elle et je pouvais lire les mots qu'elle écrivait en cherchant les termes appropriés : "Christine ne savait pas ses leçons du jour. J'ai dû lui mettre un zéro qui figurera sur le bulletin du prochain trimestre. J'espère que ce n'est qu'un relâchement passager. Il serait utile que votre fille se reprenne. Je ne doute pas que vous y veillerez..."
Elle me rendit mon carnet de correspondance, sentant bien que j'étais au bord des larmes : "Je suis désolée, Christine, je ne peux pas passer cela sous silence. Je n'ai pas envie que tu gâches tes possibilités. Tu peux être une très bonne élève, mais il faut travailler régulièrement. Je me dois d'avertir ta mère. A toi de lui prouver, à elle comme à moi, que ce n'était qu'un incident de parcours et que tu sauras te reprendre en main..."
Me reprendre en main... l'expression m'aurait faite sourire si je n'étais si angoissée... C'est Maman qui allait "me reprendre en main", je le savais. Je ne pouvais pas le dire à Mme Marchand, j'en aurais eu trop honte, mais son mot c'était comme un bon de commande d'une fessée maternelle. A livraison expresse, le soir même. Plus fort que La Redoute et son 24 h Chrono.
Faire signer mon carnet de correspondance avec ce mot et cette annonce du zéro pointé, c'était comme si je venais voir Maman en lui disant : "J'ai mérité la fessée, donne-la moi"
Pas la moindre chance, je ne m'en donnais pas l'ombre d'une, et en relisant le mot de Mme Marchand, j'étais déjà en train de me demander : aujourd'hui, je sors à quelle heure, est-ce que Maman sera à la maison, les petites ont-elles danse ou pas, n'est-ce pas le soir où Tata devait passer ? Bref, j'étais déjà dans l'anticipation, dans l'angoisse de savoir quand je le dirais, où, devant qui, avant ou après le diner, etc, etc. Mes pensées n'étaient même plus à savoir comment j'éviterais la fessée, mais à en imaginer le lieu, la scène, sachant que j'allais prendre une tannée maison, une déculottée magistrale. Pas étonnant que mon coeur s'emballe en y pensant...
A SUIVRE

jeudi 27 janvier 2011

Ces moments où le coeur bat fort : la curiosité insistante de Tata

 Comme je le craignais, le retour à la maison, en revenant de chez Tata, n'avait pas été glorieux pour moi... Maman avait en effet croisé ma prof d'histoire-géo qui lui avait raconté qu'elle m'avait donné à écrire cent fois "Je ne dois pas bavarder en classe".

Mais, comme elle n'avait pas exigé que la punition soit signée par Maman, je m'étais bien gardée de divulguer l'information. D'autant plus que le soir même, Maman ayant une réunion de parents dans l'école de mes soeurs, j'avais pu faire mes cent lignes en douce dans ma chambre.
Hélas, la discussion maternelle avec l'enseignante se soldait, dans la tête de ma chère mère, par le sentiment que je lui avais caché quelque chose, que j'avais donc menti, et par la nécessité dans son raisonnement d'appliquer un sage principe qui est : une punition à l'école donne droit à une autre à la maison...
Cela n'avait pas tardé, et je m'étais retrouvée sur les genoux maternels peu de temps après mon retour. Dans mon malheur, j'avais au moins eu le "chance" d'être punie avant que mes soeurs ne rentrent à leur tour... Même si la nouvelle leur avait été annoncée lors du dîner ensuite.

Le lendemain, suite à une prolongation de l'absence de la prof de français, je n'avais à nouveau pas cours les deux dernières heures de la journée, et Maman, plutôt que de me laisser en permanence, avait préféré me signer un bon de sortie pour que j'aille faire mes devoirs chez Tata.


"Alors, ma pauvre Christine, ça s'est mal passé pour toi, hier soir..."



J'étais contente d'éviter deux heures de perm au collège, mais en même temps, cela me gênait de revoir Tata aussi vite... La veille, elle m'avait expédiée à la maison entre vraie compassion et gentille moquerie. Je refaisais le chemin dans le sens inverse, plutôt penaude...
J'étais bien décidée à éluder au maximum le sujet, à rester dans le flou, à prétexter du travail à faire plutôt qu'à papoter avec Tata.
Mais, elle m'avait préparé un goûter, avec un bol de chocolat chaud et une part de sa bonne tarte aux pommes, servis sur la petite table de sa terrasse, et je dus le manger, avec joie certes, mais à ses côtés, alors qu'elle profitait des rayons d'un soleil printanier agréable.
J'avais répondu à son "Ca va ?", par un  "Oui, Tata, ça va", embrayant de suite sur le devoir de français que je devais finir et la complimentant sur sa tarte, bref en cherchant à éviter le sujet qui lui brulait les lèvres...
Mais, elle ne tarda pas à l'aborder en étant affirmative : "Alors, ma pauvre Christine, ça s'est mal passé pour toi hier soir..."
J'ai piqué un fard, rougissant d'un coup, alors que mon petit coeur se mettait à accélérer très fort. Tata ne posait pas de question, elle était dans l'affirmation, et je me doutais que Maman avait dû lui raconter mes exploits.
"Euh, Maman t'a dit, euh ?", balbutiai-je. "Oh, juste l'essentiel", dit-elle, me questionnant : "Tu avais été punie pour bavardage et tu ne l'avais pas dit à ta mère, c'est ça ?"
 J'acquiesçai sans être loquace, me défendant en disant : "Oui, mais, tu sais, j'avais fait mes cent lignes comme la prof l'avait demandé".
Tata rétorqua : "Heureusement quand même, sinon cela aurait été pire. Mais, tu ne voulais pas t'en vanter à la maison, c'est çà, hein ?"
Je baissais la tête pour ne pas croiser le regard de Tata, et répondais juste en grommelant.
Elle insista : "Ne sois pas gênée comme ça, Christine. Je ne suis pas ta mère. A moi, tu peux le dire : tu ne voulais pas en parler, parce que tu savais que ta Maman ne plaisante pas avec la discipline en classe et tu savais ce qui t'attendait, n'est-ce pas ?"
Je ne pouvais pas dire le contraire.  J'avouai : "Oui, j'avais peur qu'elle me punisse en plus de l'avoir été au collège".
Elle sourit : "Sauf qu'au collège, tu as eu des lignes à faire, alors qu'à la maison, la punition n'est pas la même. Ma pauvre chérie, tu avais peur pour tes petites fesses, c'est bien cela, dis ?"
 "Oui, Tata, mais on peut parler d'autre chose ?", tentai-je de faire diversion.
Tata commenta : "Je comprends que cela te mette mal à l'aise, ma puce, mais tu vois que ce n'était pas la bonne solution de cacher tes bêtises. Une Maman ça arrive toujours à tout savoir, et au lieu d'être simplement fâchée si tu avais été franche, elle devait être très en colère que tu lui aies menti en plus..."
Le raisonnement de Tata était limpide et prenait des allures de sermon. J'étais gênée et j'en vais presque les larmes aux yeux. 
"Christine, quand même, tu devrais réfléchir avant de t'embarquer dans de telles cachoteries. Cela ne sert à rien. Tu l'as bien vu, hier. Ta Maman m'a dit qu'elle t'avait donné une bonne fessée déculottée et bien méritée. Tu sais, je ne la défends pas toujours, mais avoue que tu l'avais bien cherchée, non ?" ajouta-t-elle.
Je n'allais pas répondre oui quand même. Je restai silencieuse avec mon petit coeur qui était reparti à battre fort quand Tata avait précisé qu'elle savait que j'avais reçu la fessée.
Elle conclut : "J'espère que cela te fera réfléchir... J'avais bien senti hier soir que tu n'étais pas fière de rentrer... Ma pauvre Christine savait qu'une bonne fessée l'attendait. En tout cas, je suis sûre que tu vas bien faire tes devoirs ce soir pour ne pas fâcher à nouveau Maman..."
Et, elle avait un petit signe de la main qui tapotait ses genoux en disant : "Sinon, sinon..." qui m fit rougir à nouveau...

mardi 25 janvier 2011

Ces moments où le coeur bat fort : le petit sourire de Tata

En dehors des récits construits, ma mémoire fourmille aussi d'impressions fugaces, d'instants particuliers, de ces moments où d'un seul coup le coeur bat la chamade, du fait d'une angoisse qui se fait jour.
Souvent l'angoisse était justifiée et la suite claquante, parfois, ce n'était qu'une alerte, mais faute de savoir l'issue à l'avance, je vivais cela avec un palpitant qui galopait et une foule de sentiments, de peurs, d'images, qui se pressaient dans ma tête.

"Dépêche-toi de rentrer, ta mère t'attend"



Je n'avais pas cours cet après-midi là, et j'étais chez ma tante Jacqueline,à dix minutes à pied de notre maison, pendant que Maman allait à un rendez-vous chez son dentiste.
Il était convenu que je rentre à 17 h, quand mes soeurs seraient sorties de l'école. Je lisais donc des bandes dessinées quand Tata m'appela après avoir reçu un coup de fil. Il était à peine plus de 16 h, et j'ai pensé que c'était pour le goûter.
"Attends, Tata, je finis cet album et j'arrive", lançai-je depuis le canapé où j'étais allongée le nez dans le bouquin.
"Non, dépêche-toi, Christine. C'est ta mère qui veut que tu rentres", répondit Tata.
Je m'étais relevée et m'avançais vers Tata, assise sur sa terrasse. Je regardai l'heure : "J'ai encore le temps, tu sais, les petites ne rentrent qu'à 5 h", ajoutai-je innocente.
Tata fit une petite mine amusée : "Désolée, Christine, mais ta mère m'a demandé que tu rentres "dare dare", et je n'ai pas eu l'impression qu'elle rigolait. Je serais à ta place, je me dépêcherais de filer..."
Je ne comprenais pas et je demandai à Tata si Maman avait dit pourquoi. Elle n'en savait guère plus mais ce qu'elle dit n'était pas de bon augure : "Ah, excuse-moi, Christine, je n'ai pas demandé de détails. Elle m'a juste dit que tu avais "encore fait des tiennes" et comme elle n'avait pas l'air commode, je n'ai pas joué les curieuses"
Les mots de Tata m'ont enlevé toute trace de gaité sur mon visage. Je me mis à pâlir et je réfléchissais : que voulait dire Maman ? Avait-elle rencontré un de mes profs ? Avait-elle reçu un courrier du collège ? Ou découvert les morceaux du vase que j'avais cassé et caché depuis trois jours derrière une pile de livres ? Ou je ne sais quoi encore ?
"Ne fais donc pas cette tête-là, Christine. Tu dois bien savoir si tu as fait ou non des bêtises. Je connais assez ma soeur pour savoir qu'elle ne se fâche pas pour rien. Je te conseille simplement de ne pas tarder, sinon cela risque de ne pas arranger ton cas", commenta Tata, alors que je reprenais mon blouson et reposais l'album commencé.
J'allais partir sans dire un mot, et Tata me rappela : "Viens me faire un bisou quand même. Et tu peux emmener l'album. Tu le ramèneras quand il sera fini"
J'ai fait une bise rapide à Tata qui m'a fait un gros poutou en retour. "Allez, file coquine. Et ne fais pas de détour sur le chemin. Si tu n'as rien à te reprocher, ça se passera bien. Sinon, mon petit doigt me dit que tu peux préparer tes fesses... Alors, ne fâche pas ta Maman davantage en étant en retard..."
Tata Jacqueline avait un petit sourire aux lèvres, qui était mi-moqueur, mi-compatissant. Ses dernières phrases résumaient parfaitement la situation, et elles mettaient des mots sur ma peur. Mon petit coeur battait très fort dans ma poitrine quand j'ai quitté la pièce...

jeudi 20 janvier 2011

Moments cruciaux : de la durée de l'effet...

Un récent commentaire me demandait : "Combien de temps éprouve-t-elle de la difficulté à s'asseoir ? Et surtout, combien de jours avant que le souvenir cuisant ne s'estompe et que Christine ne repense à faire des bêtises ?"
Comme s'il y avait une règle, une habitude. Peut-être pourrait-on parler de moyenne ? Mais cela ne m'intéresse pas. Chaque épisode est unique dans ma tête.
La difficulté à s'asseoir, elle est surtout ponctuelle, un rien psychologique quand la douleur picote ou se réveille du fait d'un mouvement ou d'une station assise plus longue.


Ce que je retiens en descendant retrouver la famille, c'est ma gêne, ma honte personnelle, ma peur du regard de mes soeurs et de celui moralisateur de Maman. J'ai honte même si les petites n'ont rien vu, mais je lis dans leurs regards ce qu'elles imaginent et j'ai l'impression qu'elles me déshabillent à nouveau...
Tout à l'heure quand je montais pour aller attendre ma fessée, c'était l'angoisse qui me taraudait, j'avais une trouille bleue des minutes à venir, maintenant, c'était le contraire, je voulais être plus tard, mettre du temps entre ma tannée et ce que je vivais, je voulais tourner la page.
Mais cela passait quand même par ce retour à la vie normale, cette réintégration parmi la famille, et l'obligation de passer donc par ces regards des autres, et les explications de Maman en forme de leçon de morale et d'avertissement pour l'avenir...
Penaude, cherchant à couper court à toute conversation, à changer de sujet dès que l'on évoquait mon cas, je n'avais envie que de retourner dans ma chambre à l'abri des regards.
J'étais prête à promettre d'être sage à vie, à jouer les anges, pour peu que l'on ne me fasse pas repenser à ce qui venait de se passer.



Une fois au lit, il y avait encore le bonsoir maternel, la petite causerie de Maman au coin du lit, consolant sa fille en lui disant qu'elle n'avait qu'à s'en prendre à elle-même, qu'elle n'avait eu que ce qu'elle méritait...
J'avais droit à un gros et long câlin qui signifiait que j'étais pardonnée, que mes fesses rougies avaient effacer ma mauvaise conduite, et que je pouvais dormir tranquille puisque je ne recommencerais plus... Ce qui m'irritait un peu quand même car cela voulait dire aussi que si je recommençais, les conséquences seraient du même ordre...
Mais, je m'endormais vite, d'un profond sommeil, les nerfs à plat après tant de stress... C'est bête à dire, mais la fessée calme et calme bien (sauf quand le sentiment d'injustice domine).
Je dormais pour oublier, sans forcément y arriver, car je pouvais me réveiller en pleine nuit en ayant fait un cauchemar souvent en rapport avec une fessée imaginaire.
Cependant, je me réveillais sereine, sans le poids de la peur des jours où je craignais d'être punie.
Cela m'amenait à une période plus calme, où j'étais aussi plus attentive, plus studieuse, plus encline à chercher à gagner des points.

L'effet fessée était sensible notamment dans le fait que j'étais très réactive aux moindres remarques de Maman. La moindre menace, la moindre allusion à ce qui s'était passé ou à ce qui pourrait à nouveau arriver, me voyaient filer doux...


C'était presque du non-verbal. Maman qui pointe son index, ou qui lève la main pour montrer une paume menaçante, suffisaient dans ces heures et ces premiers jours d'après fessée pour que je baisse le ton, que j'aille faire mes devoirs, que j'accepte de ranger la table, ou je ne sais quoi encore...
Le fameux "souvenir cuisant" en effet, celui qui donne le titre à mon blog, et qui faisait partie de la méthode maternelle.
Je repensais à l'autre jour, à mon attente dans la chambre, à ma plongée en travers des genoux de Maman, à ma culotte qui dévoile ma lune, et à cette fessée qui m'a tiré larmes et cris, alors que la maisonnée devait résonner du bruit des claques sur mes rondeurs jumelles toutes déculottées...
La moindre allusion, la moindre menace me faisait frissonner à nouveau, m'entrainait dans une angoisse, dans un refus qui me faisait répéter dans mon for intérieur : Non, non, non pas encore...
Même si mes fesses étaient redevenues blanches, toutes blanches, la claquée précédente faisait encore son effet...
Plus ou moins longtemps, jamais éternellement, car bien sûr, un jour...

mardi 18 janvier 2011

Moments cruciaux : retour sur terre

La dernière salve de claques maternelles a été un feu d'artifice, comme une dernière ligne droite où Maman va franchir en vainqueur la ligne d'arrivée.
Elle a eu jusqu'au bout cette volonté de bien faire, de bien fesser, de ne pas relâcher son effort et d'accomplir pleinement son devoir... 
Cela a relancé mes cris que je tentais d'étouffer en plaquant ma main devant ma bouche... J'étais au supplice, même si le mot est fort et ne convient pas (car je n'avais nulle blessure, bien sûr), mais disons que la symphonie s'achevait par une sorte de condensé de ce que peut faire mal une fessée bien appliquée.
Je craignais ce moment, sorte de dessert, et me serait contentée d'un menu plus simple. Mais à la pension de famille de Maman, si j'ose dire, le menu était toujours complet...
Je subissais, tout en sachant que c'était la fin de ma tannée, et à ce moment là, je m'en voulais à mort d'avoir été indisciplinée, d'avoir chahuté, et si parfois je suppliais Maman, en répétant : "Je ne recommencerai plus", c'était plus sincère que jamais...



Maman arrêta enfin son bras, desserra son étreinte qui me bloquait les reins et je tombai à genoux à ses pieds. Un peu groggy, un peu déboussolée, revenant sur terre, ou plutôt à une position moins horizontale. Je restai quelques secondes ainsi prostrée alors que Maman se relevait pour quitter ma chambre.
Je me redressai en sanglotant, chancelante, les jambes entravées par la culotte encore baissée, mes mains se plaçant comme par réflexe sur mes fesses, comme pour les protéger encore, alors que l'orage était passé.


Je suppose que, derrière mon dos, Maman regardait sa fille éplorée et la lune écarlate, avec un sentiment mêlé de compassion et de devoir accompli.
Elle quitta la chambre en me rappelant que nous allions bientôt dîner. Mais, elle ferma bien la porte derrière elle, me laissant seule avec ma peine.

La porte refermée, j'étais comme revenue dans mon univers, à l'abri des regards, et l'émotion que j'avais au fond de moi pouvait s'exprimer.
Ne pouvant contenir mes larmes, je me suis affalée sur mon lit, en position presque foetale, les bras serrés contre ma poitrine, et j'ai pleuré longuement sur mon sort.
La fessée m'avait calmée, vidée, j'avais l'impression de peser une tonne, d'être comme un sac de linge posé sur le lit.


J'avais mal, le bas du dos endolori, mais le pic de douleur était à conjuguer au passé, et elle allait s'apaiser doucement.
Cette sensation, je la connaissais par coeur, c'était une douleur sourde mêlée de beaucoup de chaleur, et j'allais encore ressentir quelques picotements en m'asseyant ou si je gardais la même position un moment. Toutefois, ces petits rappels douloureux, parfois aigus, n'étaient rien à côté des claques maternelles.
Il y avait donc aussi un sentiment fort de soulagement. Je sortais du cauchemar. Cette fessée, j'avais commencé à craindre de la recevoir dès que la prof m'avait annoncé mes heures de colle. La menace m'avait hanté plusieurs jours, elle était devenue angoisse et peur bleue quand Maman m'avait expédié dans ma chambre pour l'attendre...
Je la craignais à juste titre car c'était une véritable épreuve, que je savais que j'allais "en prendre une bonne" comme disait Maman, et elle avait tenu sa promesses, et je venais de passer un mauvais quart d'heure...
Sauf, qu'une fois descendu des genoux maternels, on passe du pendant à l'après, et même si l'on a encore les fesses écarlates, on est comme soulagée.



J'avais été prévenue, je connaissais l'enjeu, j'avais tout de même récidivé dans mes bêtises, je ne pouvais donc pas me plaindre, si je suivais le raisonnement maternel, et ce raisonnement étant la règle, dictant notre cellule familiale, je sortais de ma fessée avec le sentiment que je l'avais méritée.
C'est à moi que j'en voulais, pas forcément pour avoir fait des bêtises, je m'en voulais parfois surtout de m'être faite prendre... Mais le résultat était le même. Christine fessée se sentait Christine repentante.
Ce n'était pas la même sensation dans les cas de fessée devant mes soeurs ou de circonstances où j'avais l'impression d'être punie à tort.
Là, dans un cas aussi clair, avec récidive, et épilogue donné dans le huis-clos de ma chambre, il y avait comme une acceptation de ma part. C'est sur moi, sur mon sort, que je pleurais, sans animosité envers Maman.
Au bout de dix minutes de sanglots et de soupirs sur le lit, je me suis relevée et j'ai essayé de me redonner une apparence normale. Un coup d'oeil furtif dans la glace m'avait montré deux fesses encore rouges et le contact de ma main sur l'épiderme postérieur me donnait l'impression de toucher deux radiateurs, tout en me faisant frissonner.
"A table", lança Maman du bas, déclenchant la galopade de mes soeurs pressées d'aller dîner... Je mis plus de temps, vérifiant dans le miroir que j'avais séché mes larmes, me recoiffant vaguement et rajustant ma tenue pour paraître comme si de rien n'était.



En descendant des genoux maternels, j'avais regagné le plancher des vaches, comme disent les aviateurs. En rejoignant la famille attablée, c'était un retour encore plus délicat. Il allait falloir supporter les regards rieurs en coin de mes soeurs, entendre inévitablement Maman faire une ou deux allusions à ce qui venait de se passer... Mais, cela faisait partie du lot, du sort d'une punie. J'avais mérité la fessée, elle m'avait été promise, je venais de la recevoir, et il convenait pour boucler la boucle que chacun le sache.
J'étais donc toute penaude en descendant vers la table familiale...

lundi 17 janvier 2011

Moments cruciaux : bruits, douleurs et sentiments mêlés

Et tombait donc la fessée sur ma lune toute exposée,bien mise en place, solidement maintenue, et pleinement à portée de la main correctrice d'une Maman qui pris le temps de respirer, qui est totalement motivée et décidée à me donner ce qui m'est dû, ce que j'ai mérité...

Les phases précédentes m'avaient vue plaider ma cause, m'accrocher jusqu'au dernier instant à l'hypothèse d'un sursis, d'une amnistie, d'un pardon.
Mais, dès la première claque, je voudrais déjà être dans l'après, que ce soit fini, que ce ne soit qu'un mauvais souvenir...
Or, l'ennui dans une fessée, et ce qui fait que l'on angoisse tellement, que l'on y pense à l'avance, c'est qu'il n'y a pas qu'un avant et qu'un après, mais aussi un pendant...
Et Maman s'employait à le rendre mémorable, à en faire un chapitre majeur de cette histoire...
Sur ma peau encore blanche, les premières claques piquaient et réveillaient mes sensations. C'était immédiatement très sonore, avec ce bruit clair et mat de la paume maternelle s'écrasant contre mon postérieur rebondi.
Et j'en haletais, en poussant des cris aigus...


Et Maman continuait, s'aidant de la voix, me promettant que j'allais "voir" ce qu'elle réserve comme sort aux chahuteuses, que j'allais "m'en souvenir" de celle-là, etc...
Les claques tombaient, je poussais des cris, elle élevait la voix, et d'un coup, je pensais au raffut que cela faisait dans la maison, à mes soeurs qui devaient tendre l'oreille...
J'essayais donc de me mordre les lèvres, de jouer les stoïques, de retenir mes cris...
Mais cela ne durait que quelques instants, et je n'en entendais que plus le bruit caractéristique de la fessée déculottée...


Maman, par moments, arrêtait son bras, le reposant, jaugeant la couleur de ma lune, avant de repartir de plus belle. J'essayais dans ces mini-pauses où elle desserrait son étreinte, de dégager mon bras, de tenter de l'interposer, de protéger ma lune, que je sentais déjà si chaude sous ma main...


Mais, force restait à la loi maternelle. J'étais à nouveau ceinturée, et la tannée de mon bas du dos reprenait comme un nouveau mouvement de la symphonie...
J'étais définitivement vaincue, je ne pouvais que laisser Maman poursuivre son oeuvre, déverser cette volée magistrale qu'elle m'avait promise...
"Ah, Christine, j'espère que tu auras compris cette fois... Quand arrêteras-tu de te moquer du monde ? On va en classe pour travailler, pas pour amuser la galerie... Tiens, tiens, tiens et tiens...", ses sermons étaient une manière pour elle de se re-motiver.
Et la fessée se poursuivait, se fignolait pour ainsi dire... Ce n'était pas, et de loin, la première fois que je ramenais deux heures de colle pour un chahut ou un motif disciplinaire. La fessée avait déjà sanctionné mes précédents exploits, à chaque fois, la dernière étant déjà avec cette même prof, il y avait à peine deux ou trois semaines...
Alors, il y avait dans la tête de Maman une idée comme : "Ah, Christine, si tu n'as pas bien compris, si la fessée de la dernière fois n'a pas suffi pour te calmer, je vais faire mieux encore..."
 

Ma lune était écarlate, la douleur devenait plus sourde, plus interne, je ne pouvais que tendre mon dos à chaque claque supplémentaire, et gémir, puis pleurer, pleurer, pleurer à chaudes larmes, déjà épuisée et bien calmée par cette dégelée maison. Dans ma tête à moi, je redevenais penaude, toute bouleversée, et repentante. Je le disais en suppliant Maman d'arrêter, mais je le pensais aussi vraiment (sur le moment), que je ne recommencerais plus, que je serais sage, que plus jamais je ne mériterais la fessée, cette fessée qui se prolongeait avant un final comme en feu d'artifice...


Et, c'est toute ruisselante de larmes, toute émue et sincèrement repentante que je quittais enfin les genoux maternels, les jambes encore empêtrées par une culotte que je n'avais qu'une hâte de remonter...

mercredi 12 janvier 2011

Moments cruciaux : l'instant faitidique...

SUITE

J'avais été envoyée dans ma chambre avec cette consigne presque surréaliste d'avoir à "préparer mes fesses"... Mais, c'est Maman qui venait de s'en occuper, de les dévoiler, de les positionner bien maintenues en travers de ses genoux prêtes à recevoir leur dû...
Ce moment qui m'avait été annoncé tout à l'heure, mais auquel je pensais, que je craignais parfois depuis des jours, depuis qu'une prof avait décrété en pleine classe, après un chahut, que j'aurais deux heures de colle (moi qui savais ce que Maman en penserait...), bref cet instant où l'on doit régler ses comptes était donc arrivé...
La fessée, ma fessée, j'allais la recevoir...
Comme je l'ai évoqué dans le message précédent, il y avait eu la phase plaidoirie et sermon, celle de la parlotte quand je m'étais retrouvée seule avec Maman dans ma chambre, puis la phase de la mise en place avait été quasi-silencieuse, comme un rapport de force, comme un jeu de rôle, un jeu de gestes maintes fois répétés.
Je n'avais rien pu faire pour empêcher Maman de m'étendre en travers de ses cuisses, de me remonter jupe ou robe, ni surtout de baisser ma culotte malgré mes gémissements et mes protestations.
L'affaire était entendue, plus rien ne pouvait empêcher le couperet de tomber, ou plutôt la dextre maternelle sur ma lune exposée, comme offerte.



L'empoignade avait parfois été désordonnée, en forme de courte lutte, et Maman avait eu, évidemment, le dessus. Puis, elle avait donc imposé la position qu'elle souhaitait, l'exposition de mon bas du dos, l'ampleur de la surface dégagée...
Nous avions, elle et moi, dépensé un peu d'énergie dans un combat au résultat connu d'avance, mais nécessaire car nul ne saurait accepter la suite sans au moins tenter de s'y opposer.
Cette fois, nous y étions, à l'instant fatidique... 
Mais, l'instant, par définition ponctuel, fugace, prenait ses aises et se prolongeait en quelques secondes, des secondes qui paraissent interminables lorsque l'on est déculottée sur les genoux maternels...
Cela ressemblait un peu à ces instants avant l'exécution d'une symphonie, quand le chef d'orchestre constate satisfait que tout est en place, quand il jette un coup d'oeil sur la partition, quand il attend le silence, laisse à chacun le temps de régler sa respiration, parfois même annonce le nom du morceau à venir, puis enfin lève le bras et fait résonner l'orchestre...

C'était donc le moment, et Maman pouvait constater satisfaite que tout était en place, qu'elle allait pouvoir mener à bien son oeuvre, tenir sa promesse... Ces quelques instants la voyaient prendre sa respiration, la calmer après la petite empoignade de la mise en place, la préparer à l'effort qu'elle allait fournir...

La sensation indescriptible que j'avais éprouvée en sentant ma culotte glisser en bas de mes fesses, l'impression d'impuissance donnée par le fait que Maman me maintenait fermement, donnaient à ce moment une intensité sans pareille.
Je gémissais, quand je n'éclatais pas en gros sanglots, je bégayais des pardon, des "non, non, non" et je tendais le dos dans l'attente de la première claque...
Maman qui avait été, comme je le disais, plutôt silencieuse durant la mise en place, retrouvait la parole pour répondre à mes dénégations, pour rappeler éventuellement le motif, la raison, et ce qui m'attendait. Je le savais bien, même trop bien, elle aussi, mais c'était encore une manière de faire le lien entre la faute et la sanction, et certainement pour elle de se motiver à bien me corriger...
"Ah, je vais t'apprendre à chahuter en classe, ah, tu vas le regretter ma fille. Ah, tu réfléchiras peut-être après la bonne fessée que je vais te flanquer, Christine. Si, si, tu vas l'avoir, tu l'as bien méritée..." Les mots auraient pu paraître inutile entre une mère fâchée et sa fille déculottée sur ses genoux. La scène se suffisait pour comprendre, mais les phrases apportaient à ma prise de conscience.
Je fermais les yeux en craignant la première claque, le début de l'averse. Parfois, la main de Maman effleurait ma lune, ou rajustait jupe ou culotte qui avaient pu bouger d'un centimètre ou deux. Un ultime contact comme une caresse avant le feu de l'orage...
Cela me faisait frissonner, mes deux rondeurs jumelles tremblant un micro-instant... A en avoir la chair de poule,,, A trembloter comme si elles avaient froid, comme si elles demandaient : "Réchauffez-moi", comme si elles invitaient la main de Maman à venir les claquer...



Au fond de moi, de toute mon âme, je disais "Non", mais l'angoisse et la peur prenaient corps...
Le bras de Maman s'était levé... Sa paume s'abattait sur une mappemonde encore blanche et qui allait rougir, rougir et rougir...
Christine l'avait bien méritée, Maman lui donnait la fessée, sa fessée, et longtemps, longtemps, elle s'en souviendrait...

Moments cruciaux : des paroles aux actes...

SUITE

Tout était réuni, disais-je. Lieu, motivation, actrices, il était temps de passer de la parole aux actes...
Mes explications emberlificotées, mes excuses et mes promesses peu crédibles, mes implorations au pardon, mes supplications sans trop y croire s'arrêtaient d'un coup. Au moment où Maman signifiait qu'il n'y avait rien à discuter.
C'était souvent par un "Ca suffit", par un "Tais-toi, j'en ai assez d'entendre toujours les mêmes promesses". Ou par un "Viens ici" désignant les genoux maternels...
J'aurais plutôt reculé qu'avancé, mais une main de fer avait déjà saisi mon bras ou mon poignet pour me faire basculer en position....



Je ne pouvais l'empêcher, même si je me tendais pour essayer d'échapper, en sachant bien que c'était sans espoir...
Hormis quelques "Non, non" craintifs de ma part, ou un "Arrête de gigoter" de la bouche de Maman, la scène se déroulait presque sans parole.
Il n'était pas besoin d'expliquer ce qui se passait, Maman mettait sa fille en position et sa fille comprenait qu'elle allait être déculottée...
Il y avait une lutte mais elle était disproportionnée, le vainqueur en était connu, la vaincue ne pouvait être que moi...
Mais, j'avais forcément des gestes pour me débattre. Jamais, je n'aurais baissé moi-même ma culotte ou attendu sans tenter de m'opposer. Ce qui venait me faisait trop peur, c'était, je l'imaginais bien, juste un baroud d'honneur, mais quelques secondes de gagnées me semblaient une victoire...




Maman avait certainement aussi bien conscience qu'elle devait s'imposer clairement, qu'il n'était pas question que je m'échappe, ni que je ne sois pas mise en parfaite position.
Le fait qu'elle ne parle plus ou si peu dans cette phase de transition montrait bien que l'on était entré dans la phase active et punitive.
Ses gestes avaient la précision et l'efficacité d'une expérience acquise à mon dépens et à celui des lunes de mes soeurs. Ma robe ou jupe n'était pas remontée n'importe comment, il y avait de l'application dans les gestes maternels, ma culotte n'allait pas être descendue de travers, ni tire-bouchonnée à la va-vite. C'était à la fois rapide et net, comme des formalités nécessaires pour passer à l'étape suivante, mais accomplies avec méthode, sans excès de nervosité, presque dans le calme.

Ces gestes, je les devinais à l'avance, comme une récitation souvent rabâchée, et j'en connaissais les rares failles, le moment où j'allais pouvoir tenter de m'agripper à la culotte pour l'empêcher de descendre, ou celui ou je cherchais à placer ma main sur mes fesses en guise de protection.

Mais, même ces gestes de défense, Maman les connaissait aussi par coeur. Elle récupérait mon poignet pour bloquer mon avant-bras. Ou, si je m'accrochais fort, une claque sur la cuisse me faisait par réflexe lâcher ma prise pour tenter de me protéger plus bas.

On était loin de quelques fessées données parfois de façon impulsive, dans l'immédiateté d'une bêtise flagrante, ou sur le coup de la colère. On sentait au contraire la détermination, la volonté de bien faire. Ce n'était pas de la minutie, ni de la maniaquerie, mais une mise en place réfléchie et efficace pour que rien ne puisse interférer, pour que la cible soit bien dégagée, bien en équilibre, bien maintenue, pour que l'on passe aux choses sérieuses...

La fessée promise allait être donnée...

A SUIVRE

jeudi 6 janvier 2011

Moments cruciaux : Huis clos et faux suspense...

 SUITE (plus ou moins)

Maman s'asseyait donc sur le bord de mon lit. Au milieu du côté qui faisait face au centre de la chambre. Elle avait parfois utilisé la chaise qui me servait à travailler sur ma table-bureau, en la retournant vers le milieu de la pièce, mais c'était pour les quelques fois où je travaillais quand elle arrivait.



Mais, sa place fétiche, peut-être la plus confortable, c'était bien ce milieu de mon lit, souvent pour des fessées données à l'heure du coucher, ou plus généralement pour ces comptes à régler entre quatre murs, pour ne pas dire entre quatre yeux...
Maman avait fermé la porte derrière elle, elle était venue s'asseoir à une place qui m'évoquait tant de mauvais souvenirs, elle m'y rejoignait, moi sa fille à qui elle avait des choses à reprocher, moi sa fille qui avait été envoyée dans ma chambre avec la double consigne d'y "attendre" Maman et de "préparer mes fesses". Il n'y avait donc pas vraiment de suspense dans cette scène jouée à huis clos.
Je savais que j'allais plaider ma cause une ultime fois, je m'accrochais quand même à un fol espoir, mais il était plus minime que jamais...
A la limite, une explication donnée en famille, devant mes soeurs, ou même seule au salon pouvait être perturbée par une arrivée, par un coup de sonnette, par un coup de téléphone. Là, on était dans une configuration totalement "bordée" si je peux emprunter l'expression.
Maman avait fini ses tâches ménagères, elle avait veillé à ce que mes soeurs soient occupées, elle avait donné ses consignes de ne pas être dérangée, et elle avait même du temps devant elle, pour ne pas agir dans la précipitation.
Même y aurait-il eu un coup de téléphone, un impromptu, qu'elle aurait pu l'expédier pour reprendre tranquillement son devoir éducatif...


Et de tout cela, j'avais pleinement conscience, avec ce sentiment mêlé qui me faisait penser que j'échappais peut-être à pire, mais que je n'échapperais pas à la volée annoncée...
Oui, récolter une fois encore deux heures de colle pour un chahut, deux semaines à peine après un épisode semblable, cela aurait pu me valoir, pour peu que j'ai mal répondu à Maman en prime, une fessée devant mes soeurs. J'en avais la crainte en rentrant à la maison tout à l'heure, et c'est pour cela que j'ai joué profil bas...
Mais si je pouvais imaginer que je bénéficiais d'une relative clémence, je n'avais plus la moindre illusion en voyant Maman assise sur mon lit de pouvoir m'en sortir autrement que les fesses rougies...
La maison était d'un calme absolu, mes soeurs jouant sans bruit, surtout pour pouvoir tendre l'oreille et deviner le sort de leur ainée..
Assise à la droite de Maman, la conversation n'allait pas durer longtemps. J'allais essayer d'adoucir sa colère, mais elle allait me rappeler que j'avais déjà promis de ne pas recommencer la dernière fois, et que la fessée reçue alors n'avait donc pas fait d'effet...
J'allais sangloter en suppliant à nouveau, mais mon émotion venait surtout de l'imminence de ce qui m'attendait...
La main de Maman tapotait son propre genou, comme un appel...
J'aurais sûrement un petit mouvement de recul quand elle allait vouloir m'attirer en position... Mais, ce ne serait pas une révolte, juste une dernière peur, avant que je ne me laisse faire, vaincue et résignée...
Tout était réuni, le cadre, les personnages, le motif, la volonté maternelle, l'angoisse de la fautive, bref la fessée de Christine était avancée...

A SUIVRE (éventuellement)