lundi 16 décembre 2013

Chronique d'un redoublement : 68. Des cauchemars à une longue pause qui, elle même, ravive l'angoisse

SUITE 67

J'avais très mal vécu de devoir diner en chemise de nuit, seule qui était déjà prête à aller au lit, redescendant affronter les réflexions maternelles et les regards moqueurs de mes soeurs. J'en arrivais à regretter que Maman ne m'ait pas fait attendre l'heure du coucher pour régler nos comptes. Car, à y bien réfléchir, c'était comme un privilège de grande d'être ainsi "servie" la dernière.

Les petites, elles, étaient souvent corrigées sur le moment, sans délai, et d'avoir vu Maman me prendre par la main, me faire monter les escaliers, pour me flanquer sans attendre la déculottée méritée, je l'avais ressenti comme une sorte d'infantilisation. La grande avait, moins de deux semaines avant, pris une tannée magistrale pour ses mensonges, mais cela n'avait peut-être pas suffi, puisque la grande recommençait comme une gamine, et donc, il n'était pas nécessaire de palabrer, pas nécessaire de la faire attendre et réfléchir, non. C'était récidive et donc fessée sur le champ, du moins c'est ainsi que je l'analysais...



Je restai longtemps tête basse, piquant le nez vers mon assiette,
durant ce diner pris en famille sous le regard de mes soeurs
qui savaient que leur ainée avait les fesses encore rouges...


Le seul réconfort que j'eus, à l'issue du repas, en remontant dans ma chambre, c'était bien de savoir que le plus dur était passé, que je n'allais pas devoir "préparer mes fesses", que l'heure était à l'apaisement... J'aurais évidemment préféré que ma lune soit encore blanche et fraiche, mais cela aurait signifié que ma fessée arrivait. Là, l'épiderme encore endolori, la mappemonde sensible et encore colorée, je savais que je n'avais plus rien à craindre... Même si je me doutais bien qu'il fallait que je me montre calme et apaisée, que je ne fasse pas de réflexions déplacées, bref, que je n'irrite pas Maman que je savais capable de remettre le couvert si elle avait jugé que je n'avais décidément rien compris...

J'adoptai donc le profil bas, demandant même pardon à Maman quand elle vint me coucher, et la laissant développer son sermon classique en rappelant que j'avais été prévenue, que je n'avais qu'à m'en prendre qu'à moi-même, et que je savais ce qui m'attendait si je recommençais...

De retour au collège, j'évitai aussi Martine au maximum les jours suivants, contente finalement que la prof nous ait séparées, ce qui m'éloignait de ses questions à répétition... Je sentais d'ailleurs bien que cela devait jaser derrière mon dos, d'autant que plusieurs de mes camarades avaient des soeurs dans les classes des miennes, et que je me doutais bien que les petites n'étaient pas avares dans leurs confidences sur les exploits de leur grande soeur...


 
Martine aurait voulu que je lui raconte ce qui m'était arrivé...
Elle me regardait, la tête penchée, avec une moue interrogative :
"Tu es sûre, Christine, que ta Maman t'a seulement sermonnée...?" 

Moi qui avais l'habitude d'être parmi les plus promptes à faire l'intéressante, à amuser la galerie, j'avais été calmée par cet épisode, dont la révélation par l'intermédiaire de tiers comme Martine et sa mère, m'avait valu une fessée, certes méritée, mais que je n'aurais jamais osé révéler en dehors du petit cercle familial, qui était forcément, lui, au courant... 

J'avais d'ailleurs pas mal cauchemardé, les nuits suivantes, imaginant de nouvelles retrouvailles entre la mère de Martine et la mienne, en notre présence... J'imaginais Maman me demander de raconter ce qu'il s'était passé à mon retour à la maison, et moi m'emberlificoter dans des paraphrases pas claires, rendant perplexes nos interlocutrices jusqu'à ce que Maman intervienne en disant qu'il était plus simple qu'elle leur montre ce qui s'était passé en m'entrainant à nouveau sur ses genoux, mais cette fois, dans le salon, devant elles...



 
 Dans mon cauchemar, Martine et sa mère venaient à la maison, 
et Maman me demandait de raconter ce qui m'était arrivé...
Comme je ne donnais aucun détail, Maman me remettait devant elles
sur ses genoux, et expliquait : "Tu te souviens bien, ma chérie, que j'ai baissé
ta culotte, comme à chaque fois que tu dis des mensonges, 
et que tu as reçu une bonne grosse fessée..."
De quoi se réveiller en nage, effrayée par ce cauchemar...

Ce type de cauchemars me faisait me réveiller en sursaut en pleine nuit, et il me fallait quelques minutes pour reprendre mon souffle, pour me calmer, pour me rassurer en constatant que j'étais seule dans ma chambre, que j'avais encore culotte et pyjama protégeant une lune toujours blanche...

Fuyant le regard de mes copines, moins encline à me faire remarquer, je me trouvai finalement à travailler davantage... Ayant d'ailleurs déjà réagi par quelques notes plus flatteuses durant les premiers jours du trimestre, je poursuivis mon effort après cette deuxième fessée, d'autant que l'on arrivait à la fin janvier, et que je ne doutais pas que le premier carnet de notes mensuel serait épluché sérieusement...

De fait, il fut bien meilleur. Pas encore conforme à l'attente d'une mère qui m'aurait bien vue passer de redoublante à première de la classe, mais avec une moyenne en hausse, et quelques appréciations positives, jusqu'à ma bête noire de prof d'anglais qui écrit "Un léger mieux" que je considérai comme une victoire !

Diane étant toujours au dessus de la moyenne, Aline stable un peu en dessous, ce qui était aussi moins pire que cela n'aurait pu être, cette fin du mois vit trois carnets signés sans la moindre déculottée, ce que Maman apprécia et mit pleinement à l'actif de sa méthode, persuadée que sa sévérité avait payé...


Calmée et ramenant de meilleurs résultats, je bénéficiai d'une accalmie fessière,
si j'ose cette expression. Et c'est Aline qui prit le relais à plusieurs reprises,
même Diane n'étant pas épargnée...
Février démarra plus en fanfare pour mes soeurs. Même s'il ne dure que quatre semaines pile, le mois fut ponctué par trois fessées pour Aline, comme autant de rappel à la nécessité de travailler dur, de ne pas rechigner à faire ses devoirs, de faire des efforts demandés chaque jour par une mère bien décidée à ce que la moyenne ne suive pas l'exemple du redoublement de son ainée.

Parallèlement, Diane étant dans la facilité et en profitant pour être parfois capricieuse, ou pour embêter Aline, notre petite soeur s'octroya elle aussi deux rendez-vous sur les genoux maternels... 

Quant à moi, plus méfiante après les trois épisodes claquants (de Noël et les deux de janvier), retrouvant un programme déjà étudié l'année précédente, je réussis à ramener un deuxième carnet mensuel consécutif encourageant, sans qu'il y ait eu non plus d'épisodes de chahut, ni d'heures de colle, et février, ce qui était presque un exploit, ne rima jamais avec fessée !

Je n'en revenais presque pas moi-même, tellement décembre et janvier m'avaient marquée, me faisant penser que je repartais dans une spirale de la déculottée régulière... Mais, j'avoue que je n'étais pas peu fière, souvent habituée à ce que la dernière fessée de référence soit une des miennes, que cette fois, les claquées d'Aline, et même de Diane, tiennent le devant de la scène et des confidences maternelles.

Même si, Maman savait me rappeler régulièrement que je n'étais pas à l'abri, voire à certains moments à affirmer que cela faisait longtemps que je n'avais plus été déculottée, et qu'il fallait que je me méfie, car cela n'allait peut-être pas tarder...

Je restais ainsi sous pression, sous la menace maternelle, qui ne voulait surtout pas dévier de ses principes. Elle était forcément ravie, sans trop le montrer, voire fière que mes résultats ainsi que mon comportement en classe se soient, semble-t-il, améliorés. Elle se félicitait de l'efficacité de sa méthode, mais je savais qu'il ne fallait pas m'attendre à ce qu'elle en devienne laxiste... 

A vrai dire, il y avait quand même de bons côtés. Mes deux carnets de notes en hausse successifs m'avaient valu des permissions de sortie au cinéma, et une jupe neuve qui me faisait envie notamment.

Je commençais quand même à me dire que je réussirais à prolonger la trève le plus longtemps possible, ou du moins à diminuer le nombre de rechutes... Car, jamais, non, jamais, je ne me figurais en avoir fini avec la fessée... Surtout que les avertissements maternels demeuraient fréquents, et que les épisodes vécus par mes soeurs, surtout Aline évidemment, venaient ainsi certains jours nous rappeler les bruits caractéristiques des démonstrations maternelles...

Mais, même si février était le plus petit mois de l'année, je me sentais fière de l'avoir passé sans dommage "postérieur", comme les dix derniers jours de janvier, et j'entamais mars avec l'envie de prolonger ce qui devenait un petit exploit personnel...


Même avec un carnet de notes satisfaisant, deux fois de suite,
je ne me sentais pas à l'abri, et les menaces maternelles
à répétition commençaient à devenir de plus en plus précises... 

J'étais à la fois confiante, assez sûre de mon travail, notamment pour des parties du programme qui correspondaient à des moments où l'année précédente Maman avait tenté de reprendre sa fille en main, et dont je me rappelais d'autant mieux les leçons. Mais, cette confiance demeurait teintée d'angoisse, à cause d'une espèce de petit raisonnement qui trottait dans ma tête, et me disait que plus je m'éloigne de la dernière fessée reçue, et plus, sans le savoir, je m'approche de la prochaine...

Et, j'avoue que cette petite musique m'angoissait gravement, surtout quand, parfois, après une ou deux remarques bénignes, Maman haussait un peu le ton, et me lançait une de ces phrases qui vous font accélérer le coeur, comme : "Oh, toi, Christine, si tu cherches les ennuis, tu vas me trouver...." Ou bien : "Fais attention, car je commence à avoir la main qui me démange..." Quand ce n'était pas, plus clair encore, comme : "Continue comme ça, Christine, et ça va barder... Cela fait un moment que je ne me suis pas occupée de tes fesses, alors, dis-le moi si ça te manque..." 

Et, c'est vrai que ces avertissements réguliers, et le fait que les jours défilaient commençait à ne plus me rassurer. Je passais de l'attitude de la fille de plus en plus tranquille, confiante que cela allait durer, à une angoisse naissante consistant à me demander surtout comment éviter ou retarder cette prochaine fessée qui viendrait bien un jour...

A SUIVRE