vendredi 18 janvier 2019

Chronique d'un redoublement : 137. Des vacances pour l'instant sans heurts, mais pas sans promesses...

SUITE 136

 Trois jours sont passés, sans incident notable. Côté coups de soleil, la pommade de Tata m'avait entièrement guérie, d'autant qu'elle avait tenu à m'en remettre matin midi et soir deux à trois jours durant, en faisant toutefois attention à ce que nous soyons à l'abri des regards extérieurs, dont ceux de Diane que cela aurait amusée de m'entrevoir les fesses à l'air, me faisant badigeonner les parties sensibles par Tata.
Côté ambiance familiale, c'était assez détendu, Maman n'ayant pas à s'occuper seule de sa progéniture, la présence de Mamie qui préparait les repas et nous régalait, et celle de Tata, qui s'occupait souvent de tout ou partie de ses trois nièces, cela allégeait d'autant les tâches de chacune. Et comme il n'y avait quasiment pas de devoirs de vacances à faire (sauf un peu pour Aline), les sources de conflits étaient bien amoindries.
Voilà comment la première des deux semaines s'est déroulée sans que Maman n'ait à sévir, hormis une vague menace à l'encontre d'Aline et une ou deux réflexions en direction de Diane, qui était toujours aux aguets de nos moindres faits et gestes...
Quant à moi, je profitais pleinement de ma complicité avec Tata qui me traitait vraiment comme une grande et faisait la différence avec "les petites".
C'était valorisant pour moi, et on était presque toujours ensemble, Tata jouant, très complice, un peu la grande soeur que je n'avais pas eue.
Nous allions à la plage ensemble, nous allongeant côte à côte, et papotant quasiment comme des copines.

Par deux fois en trois jours d'intervalle, nous nous étions trouvées à côté de la voisine un peu trop curieuse à mon goût. La première fois, elle s'adressa directement à moi en demandant : "Alors, comment ça va aujourd'hui ? Toujours aussi sage, la grande fille ? Ta Maman n'a pas eu à sévir, j'espère ?"
Interloquée, j'avais tenu à répondre du tac au tac, comme si je devais me justifier, et prenant ma Tante à témoin, j'avais lâché : "Non, pas du tout. Maman ne m'a pas donné la fessée. Hein, c'est vrai, Tata ?"
Tata Jacqueline en avait ri, en confirmant : "Oui, Christine dit la vérité. Ses fesses n'ont pas rougi depuis le début des vacances. En dehors des coups de soleil..."  
Je m'en étais voulue d'avoir répondu aussi promptement à la question de la voisine, comme si je me glorifiais de ne pas avoir reçu de fessée depuis quelques jours. Ma dénégation paraissait ainsi comme quelque chose de notable, que je tenais à souligner, alors que j'aurais surtout aimé que l'on n'aborde pas le sujet...





Je m'en étais voulue d'avoir répondu du tac au tac à la voisine de plage,
affirmant que "Oh, non, Maman ne m'a pas donné la fessée"
comme si c'était un exploit notable de ne pas en avoir reçu 
depuis le début des vacances. Cela ne faisait que confirmer à ses yeux
que c'était monnaie courante dans mon éducation... 
Ce que j'aurais voulu tellement cacher...

 
La seconde fois, nous avions rejoint Maman et les petites, parties cinq minutes avant Tata et moi. Nous retrouvâmes les nôtres installés juste à côté de la fameuse dame. La dernière me voyant arriver commenta : "Ah, voilà votre grande fille ! Ne la voyant pas arriver, je me demandais si elle n'était pas punie ou privée de plage", lança-t-elle à Maman.
Celle-ci répondit avec un air amusé : "Oh vous savez, si j'avais à punir mon aînée, j'ai des moyens plus efficaces qu'une simple privation de plage, n'est-ce pas Christine ?" 

Je grommelai : "Mais, euh, Maman, ça n'intéresse personne, euh...". Elle me coupa : "Voyons, Christine, la dame sait bien de quoi je parle. Elle a bien compris que tu recevais encore la fessée quand il le fallait... Si tu ne veux plus qu'on en parle, tu n'as qu'à plus la mériter." Avant de soupirer profondément, et de conclure en s'adressant à la dame : "Mais, hélas, mon aînée n'a pas encore la sagesse que l'on attend d'elle, ni la constance dans l'effort... Il peut y avoir des périodes plus ou moins longues où Christine est sage et disciplinée, ramenant même des notes qui montrent qu'elle a les qualités pour figurer parmi les meilleures. Et puis, d'un seul coup, elle va se relâcher, mal faire son travail, être indisciplinée en classe, m'obligeant à sévir de la seule manière qui fonctionne bien avec elle..." La voisine avait compris, j'en suis sûre, mais elle n'en a pas moins relancé Maman en posant la question : "La seule manière qui fonctionne ? Vous voulez parler de la fessée, si j'ai bien suivi...?"
Maman confirma devant un auditoire qui n'était pas limité à elle et la voisine, mais en poursuivant cette discussion que ne manquaient pas Tata, mes soeurs, et trois ou quatre personnes à portée de voix, entendant ma chère mère expliquer : "Oui, la fessée, bien sûr, la fessée. C'est bien la seule chose qui calme Christine. Et je vois bien qu'après une bonne déculottée, ma grande fille file doux, au moins pendant quelque temps..."


Cherchant à justifier le bien-fondé de sa méthode,
Maman avait expliqué que la fessée était la meilleure façon
de faire filer doux son aînée... Et comme elle n'oubliait pas
de préciser que c'était évidemment une bonne déculottée,
je devinais que les témoins de la conversation me regardaient
en imaginant la scène avec moi sur les genoux maternels...

J'avais envie de me cacher dans un trou de souris, en voyant tous les yeux tournés vers moi, observant une toute jeune fille se donnant des allures de petite demoiselle, mais qui devait encore parfois s'allonger sur les genoux maternels pour se faire rougir les fesses...
Heureusement, c'est encore Tata qui profita d'une pause dans la conversation, pour changer de sujets, en interrogeant la voisine sur les balades à faire dans les environs. Elle me sauvait la mise, et Aline et Diane quittèrent aussi leur coin de sable pour aller se baigner, le nouveau sujet de conversation étant bien moins passionnant à leur goût.


J'étais reconnaissante à Tata Jacqueline, et  il est vrai que, partageant sa chambre, et trouvant quelqu'un qui plaidait souvent ma cause, je passai l'essentiel de mon temps, les deux ou trois jours suivants, avec ma tante qui, elle, me traitait comme une grande, et surveillait les manoeuvres des petites, et surtout de Diane qui cherchait visiblement à m'attirer des ennuis.

Plusieurs fois, elle protesta en faisant croire que je l'avais poussée, ou lui avait fait une grimace, ou caché ou emprunté son livre, cela visiblement pour faire que Maman s'énerve contre moi.
Si j'eus droit à deux ou trois avertissements verbaux, du style : "Arrêtez, sinon ça va mal finir", cela n'alla pas plus loin, Tata rétablissant la vérité, ou dissuadant Maman de se fâcher.

Cela dit, Diane me poussant à bout, j'eus un soir le mauvais réflexe de donner une mini-gifle à ma petite soeur, qui m'avait tiré les cheveux, et qui força le trait en se mettant à pleurer et crier. Maman, très énervée ce soir-là bondit en criant : "Ca suffit. Christine, tu n'as pas à te faire justice toi-même. Je vais t'apprendre moi..." 

Le ton était monté de suite et je voyais venir, grosse comme une maison, une fessée sur le champ, voire l'envoi dans ma chambre pour y attendre ma déculottée...


Diane m'avait tiré les cheveux et je lui avais donné une mini-gifle
en retour, ce qui avait fait bondir Maman, ne supportant pas
que je me fasse justice moi-même. Je crus bien que c'en était fini
de ma trêve fessière... Et que j'allais y passer...
Heureusement Mamie et Tata intervinrent et Maman renonça... 
Non sans garder ce grief contre moi au fond de sa tête...
Et je me doutais bien que j'en entendrais à nouveau parler un jour prochain...
 

Par chance, Mamie venait de rentrer des courses, et Tata confirma que Diane m'avait bien tiré les cheveux sans raison. Et devant cette double défense de l'accusée Christine, Maman n'insista pas, se contenant de menacer Diane et moi : "Que je n'ai rien à vous dire de la soirée, sinon ça ira mal".

Je ne tentai pas le diable, et fus sage comme une image durant le dîner et en lisant calmement avant de dormir.
Maman couchant les petites, j'allai même sans qu'on me le demande me mettre au lit dans la chambre de Tata, pendant que celle-ci et Mamie discutaient encore au salon. Maman vint donc me dire bonsoir, se retrouvant seule avec moi dans la pièce. Et, elle en profita pour ré-évoquer l'altercation de la soirée, en me disant : "J'espère que tu vas bien dormir et te calmer, Christine. Je n'ai pas apprécié que tu aies giflé ta soeur tout à l'heure".
Je protestai : "Mais, elle avait commencé en me tirant les cheveux".
Maman fut claire : "Ce n'est pas à toi à faire la police. Tu aurais dû me le dire, et j'aurais sévi. Franchement, tu as eu de la chance que Tata et Mamie étaient là, et que je n'aie pas voulu faire de scène devant elles. Mais, je te préviens, Christine, ne recommence pas sinon tu peux préparer tes fesses... Et tu sais que je tiens mes promesses".
Je gémis : "Oh Maman, non, mais c'est Diane qui m'embête tout le temps..."

Maman reprit : "Si je la vois t'embêter, ce sera elle qui aura la fessée. Mais, c'est à toi, l'aînée de donner le bon exemple... Et j'ai vraiment l'impression que tu cherches les ennuis... Fais attention, Christine, tu y as échappé de peu à plusieurs reprises, ça ne durera pas... Et Tata ou Mamie ne seront pas toujours là pour te défendre... Ca fait longtemps que tu n'y as pas eu droit, alors je serais à ta place je me méfierais. Si j'ai encore à me plaindre de ton comportement, on n'attendra pas le retour à la maison pour régler nos comptes. Et, crois-moi cela bardera pour tes fesses... Allez, sur ce, bonne nuit, et pense bien à ce que je viens de te dire... Tu sais que c'est un sujet avec lequel je ne plaisante pas..." Elle m'embrassa en me souhaitant bonne nuit, alors que Tata entrait dans la chambre...


En venant me dire bonsoir, Maman m'avait reparlé des incidents du jour... Et elle avait été claire : je n'avais pas intérêt à me distinguer, sinon cela
barderait pour moi. Et cela même sans attendre le retour à la maison...
Ce qui me faisait craindre qu'elle en veuille me donner la fessée
si nécessaire ici même dans la location de vacances...
Mais aussi qu'elle prévoyait déjà que certains comptes se régleraient
quand nous serions rentrées chez nous...

Ma tante remarqua que je paraissais soucieuse. Il est vrai que la tirade maternelle avait de quoi m'inquiéter. La menace était claire et précise. J'allais devoir faire attention, sinon je pouvais préparer mes fesses...
Tata vint s'asseoir au bord de mon lit me souhaitant bonne nuit en me passant la mais dans les cheveux. Elle me fit parler un peu, et je lui expliquai que Maman était encore fâchée de l'histoire de la tape donnée à Diane. "Tu aurais dû te retenir, tu sais. Je comprends la réaction de ta mère. C'est toi la grande et tu dois agir comme telle. Mais, heureusement que Mamie et moi étions là, pour calmer la situation, sinon cela aurait pu mal aller pour toi", commenta ma tante.

Je la remerciai en disant : "Oui, j'ai vu que Maman était vraiment fâchée, d'ailleurs elle me l'a redit tout de suite. Elle a même dit que si elle avait encore quelque chose à me redire, j'aurais la fessée. Elle ne rigolait pas du tout, et j'ai peur parce qu'elle n'oublie jamais ses promesses..." 
Tata me dit de ne pas m'inquiéter comme ça, que je n'avais qu'à faire un peu attention à mes réactions, mais que tout devrait bien se passer jusqu'à la fin de ce séjour qui s'achevait dans trois jours. Cela ne me rassura qu'à moitié, car j'avais dans la tête l'expression maternelle disant qu'on n'attendrait pas "le retour à la maison pour régler nos comptes", ce qui laissait entendre qu'elle avait sûrement l'intention de reprendre la main dès que ll'on serait rentrées...

D'ailleurs, avant même l'épisode de la gifle à Diane, je me souvenais d'une réflexion faite par Maman en pleine discussion avec sa voisine de plage. Cette dernière avait relancé Maman en disant : "Il faut être sévère, mais en même temps on peut laisser un peu la bride sur le coup durant les vacances, en étant moins strictes. C'est comme çà chez vous, je suppose". Ce à quoi Maman avait acquiescé tout en poursuivant le raisonnement : "Oui, vous avez raison. Je suis moins derrière leur dos durant ces vacances. La preuve, aucune n'a eu de fessée depuis dix jours maintenant. Mais, mes filles savent que cela pourrait tomber si elles exagèrent. Pour le reste, on remettra les pendules à l'heure dès le retour à la maison. La rentrée scolaire ne sera plus très loin et il va falloir reprendre les bonnes habitudes."La voisine avait ironisé : "Autrement dit, si elles y ont échappé durant les vacances à la mer, je devine que vos trois filles vont devoir se méfier de la fessée de rentrée..."
Ce que Maman avait confirmé : "Surtout que je tiens à ce qu'elles commencent l'année scolaire sur de bonnes bases. Je suis bien décidée à être ferme dès le début. En particulier pour Aline, qui a du mal à suivre, et aussi pour Christine, qui vient de redoubler sa Cinquième. Elle n'a pas trop eu à se forcer pour refaire le programme de l'année précédente, mais là, en montant en Quatrième, pas question de se relâcher. Je ne laisserai rien passer".
En jetant un oeil vers moi, la voisine avait ajouté : "Voilà qui promet quelques chaudes explications avec votre grande fille alors..." 
Maman se voulut rassurante : "Mais, j'espère qu'elle comprendra d'elle même. Christine a toutes les capacités pour figurer parmi les meilleures. Elle le sait et je l'ai prévenue que je serais intransigeante. Pas question de tolérer le moindre zéro ou la moindre heure de colle ou mauvaise appréciation, Christine sait parfaitement ce qui l'attendrait à la maison..."
Et la voisine conclut : "La fessée, je suppose, la fessée sur les genoux de Maman. Je comprends que cela fasse peur..."
J'avais suivi la conversation en grognant intérieurement. Seule Diane, qui tendait l'oreille, avait souri à la dernière réplique de la voisine, qui l'avait remarquée et dit : "Au moins cela fait sourire votre plus jeune fille". Maman s'en apercevant avait fusillé ma soeurette du regard en menaçant : "Si cela te fait rire, Diane, je pourrais m'occuper aussi de tes fesses, et pas plus tard que maintenant. Ne te moque pas de ta soeur, si tu ne veux pas que je te déculotte devant tout le monde..." Diane n'avait pas insisté et était allée retrouver Aline qui faisait un château de sable un peu plus loin...
C'était ce bout de conversation qui me revenait en boucle dans la tête, et qu'avait confirmé le message transmis par Maman avant de me souhaiter bonne nuit...
D'un côté, je pouvais me réjouir de la présence de Tata et de Mamie, dont les interventions, surtout de ma tante, semblaient à n'en pas douter m'avoir évité une nouvelle fessée. Mais, en même temps, j'avais de plus en plus conscience que ce n'était que du temps de gagné, comme si Maman, à chaque fois qu'elle renonçait à donner une fessée, se gardait les motifs dans un coin de sa tête, pour "régler nos comptes" plus tard...

Or, j'avais la nette impression que les motifs me concernant s'accumulaient, sans être graves, mais constituant ces fameuses "gouttes d'eau" qui font déborder le vase de la patience maternelle, patience qui n'était guère forte envers moi, Maman n'ayant pas complétement digéré l'épisode de la fausse signature...
J'arrivais même à me demander si j'allais pouvoir arriver à la fin de ce séjour en Bretagne indemne, du moins sans nouvelle fessée... Et j'étais déjà dans l'anticipation, en imaginant que les quelques tout derniers jours de vacances où l'on allait retrouver la maison, allaient être une occasion pour Maman de "remettre les pendules à l'heure", pour que la rentrée se passe au mieux...


Je ne savais pas où, ni quand, mais la détermination maternelle
me semblait telle que je pressentais, comme une sorte de passage obligé,
que j'allais bientôt retrouver les genoux maternels...
Et, mentalement, j'y préparais mes fesses...

Les conversations avec la dame de la plage l'avaient clairement dit. En tout cas, je ne pourrais pas dire que je n'avais pas été prévenue. Mais, ce soir là, j'avais beau me sentir bien, câlinée par ma tante, je n'arrivais à m'ôter de la tête que j'avais comme une sorte d'épée de Damoclès au dessus de mes fesses...


A SUIVRE