samedi 3 mai 2014

Chronique d'un redoublement : 72. Une prise de conscience pas rassurante...

SUITE 71

Ma nuit après cette fessée magistrale ne manqua pas d'être peuplée de quelques cauchemars où j'étais en bien mauvaise posture, comme tout un chacun peut l'imaginer...

Au réveil, il fallut bien que je me rende à l'évidence : ce qui s'était passé la veille au soir changeait un peu la donne familiale.

"Allez, on ne trainasse pas au lit. Il y a école ce matin. Debout, Christine", avait lancé Maman, en pénétrant dans ma chambre, et en ouvrant les volets, avant de ressortir de la pièce pour aller faire de même dans la chambre de mes soeurs. 


 Maman m'avait réveillée énergiquement. Je comprenais qu'il n'allait
pas falloir jouer les paresseuses, et que je serais surveillée
dans le moindre de mes comportements...

Il n'y avait rien d'anormal dans la façon de faire qui ressemblait à la plupart des réveils, les matins de classe. Mais, alors que souvent, Maman procédait plus calmement, ajoutant parfois un "Réveille-toi, ma chérie, il est l'heure", le ton de ce matin était moins chaleureux, presque militaire.

Cela dit, je n'aurais peut-être pas apprécié si elle était venue doucereuse s'asseoir sur le côté de mon lit, pour me réveiller en disant : "Alors, ma chérie, as-tu bien dormi après notre explication d'hier soir ? Je suis sûre que tu n'as même plus mal aux fesses. Allez, fais un bisou à Maman, et promets-moi d'être sage. Tu sais tu n'as eu que ce que tu méritais, depuis le temps que tu la cherchais cette fessée-là".

J'aurais été gênée et honteuse, et mieux valait un réveil en fanfare sans avoir à reparler de la scène de la veille...

De fait, en me levant et m'étirant, puis en posant mes mains sur mon bas du dos, par dessus le pyjama, puis en osant y jeter un coup d'oeil furtif, je constatai que, sans être froide, car sortant de dessous les couvertures, ma lune semblait redevenue intacte, demeurant peut-être juste un peu plus sensible si elle devait être claquée à nouveau sur le champ, mais la palpation simple ne renvoyait pas de sensations de picotements.

Bref, mes fesses qui en avaient vu bien d'autres avaient retrouvé leur pâleur juvénile, et j'eus un instant une peur idiote, me disant : pourvu que Maman ne voit pas mes fesses blanches et que cela ne lui donne pas l'envie de recommencer...


Sous le pyjama, ma lune avait retrouvé sa pâleur juvénile, ce qui me rassurait.
Mais, en jetant ce coup d'oeil furtif, j'eus peur que Maman me surprenne
et ne veuille, constatant la blancheur, en raviver la couleur... 

Evidemment, Maman n'est pas venue contrôler l'état de ma lune, et ce frisson de peur est resté sans suite. En tout cas, cette espèce de vision de cauchemar éveillé témoignait bien du fait que l'événement de la veille avait changé la donne familiale, comme je le disais plus haut.

Remettant ainsi les pieds sur terre, retrouvant l'agitation familiale habituelle des jours de classe, où toilette, habillement, vérification de cartable, petit-déjeuner et départ vers école et collège, sont quasi-minutés, je prenais conscience que j'avais changé de rôle, comme on redescend d'un piédestal. Je n'étais plus celle qui entamait son 56 ou 58ème jour d'impunité, et pouvait poser sur ses soeurs une sorte de regard condescendant, celui de l'intouchable, de la grande qui en deviendrait presque exemplaire...
Non, je savais qu'en franchissant la porte de ma chambre, en croisant mes soeurs, j'étais redevenue Christine que Maman avait déculottée la veille au soir et qui avait reçu une bonne fessée, "encore" une bonne fessée...

Cette fessée me ramenait à ma position classique, habituelle, oserais-je dire. Et, autant le délai qui s'était prolongé depuis la précédente avait, un tant soit peu, fait diminuer les allusions, rendu plus rares les évocations de mes fessées dans les conversations, autant je savais que celle de la veille allait souvent revenir en écho.

D'ailleurs, avant même d'être sortie de ma chambre, j'entendis Maman hausser le ton dans la chambre d'à côté, où visiblement mes soeurs étaient bien trop guillerettes pour être attentives aux consignes maternelles. Et Maman lança notamment à Diane, sûrement la plus excitée, cette phrase : "Du calme, Diane... Tu sais ce qui est arrivé à Christine, hier soir... Alors, si tu veux prendre ton tour, dis-le..."

Voilà, à peine levée, et sans même donner de détail, ce qui sous-entendait qu'évidemment Diane savait parfaitement de quoi Maman parlait, ma fessée servait déjà de menace, de moyen de ramener le calme chez les petites...



Maman, avec un geste de la main explicite avait juste dit :  
 "Du calme, Diane... Tu sais ce qui est arrivé à Christine, hier soir... 
Alors, si tu veux prendre ton tour, dis-le..." Elle n'avait même pas eu besoin
de préciser davantage... Mes soeurs avaient compris, 
et déjà ma déculottée servait de référence, et de menace efficace... 


En descendant prendre le petit-déjeuner, j'adoptai un profil bas. J'avais parfois, en ce genre de circonstances, tenté de jouer l'innocente, de faire comme si de rien n'était, comme si c'était un matin comme les autres, quitte parfois à me voir rabaisser le caquet par une remarque maternelle, ou une réflexion de mes soeurs quand Maman n'était pas à portée d'oreilles...

Mais, là, après être descendue le coeur léger, quelque 55 ou 57 matins de suite, je n'étais pas assez bonne comédienne pour paraitre totalement détachée au lendemain d'une tannée mémorable. Même sur ce simple point là, au lieu d'être fataliste et de me rassurer en pensant que j'avais réussi à y échapper deux mois ou presque, au contraire cette fessée de la veille me semblait encore plus difficile à assumer.

Et, effectivement, il y eut les immanquables réflexions maternelles et les regards moqueurs et  pétillants de malice de mes soeurs qu'il fallut supporter, et je dus faire un gros effort pour ne pas fondre à nouveau en larmes et cacher mes yeux qui s'embuaient...

Je ne vais pas redire par le menu toutes ces sensations de vexation, de honte cachée, et autres idées noires qui traversaient mon esprit et faisaient que j'en revenais toujours à penser à ce qui m'était arrivé.

Toujours est-il que le sujet fut comme omniprésent dans mes pensées durant toute la journée, et même le lendemain. Je n'arrivais pas à m'ôter cela de la tête. Pourtant, j'essayais par moment de me dire : tu as réussi à passer deux mois sans la moindre déculottée, alors après la fessée que tu viens de recevoir, cela ne devrait pas être trop dur d'y échapper à nouveau durant quelques semaines.

Mais, ce discours passait mal, et n'arrivait pas à me convaincre d'être confiante en mon avenir proche. Car, il y avait toute la rhétorique maternelle qui me revenait sans cesse. Jamais, au grand jamais, en me donnant cette fessée, Maman n'avait laissé entendre qu'elle espérait que cela allait m'assagir pour deux mois encore. Jamais elle n'avait dit : "Ta dernière fessée t'a calmée huit semaines, j'espère que celle-là te fera de l'effet plus encore". Peut-être cela m'aurait-il aidée à relativiser, à me remplir d'espoir...

Mais, ce que je retenais, c'était au contraire que Maman avait surtout insisté sur la notion de "retard", sur le fait qu'elle avait laissé passer "bien trop longtemps" avant de s'occuper à nouveau de mes fesses.... Elle avait également affirmé comme si c'était une évidence que j'avais "dû oublier ce qu'était une fessée", qu'elle se chargeait de me "le rappeler".
J'en déduisais donc, en faisant un parallèle avec les périodes de sécheresse, que cet orage subit, aussi marquant qu'il soit, n'avait certainement pas comblé cette notion de "retard" dans l'esprit maternel... 
Sans chercher à jouer les comptables, j'avais quand même durant ces deux ou trois dernières années, été soumis à des "averses" de claques plus fréquentes. Avec des périodes considérées comme calmes où je m'en tirais avec une ou deux fessées par mois, et d'autres périodes de pointe, comme en fin d'année scolaire précédente où une, voire deux par semaine n'étaient pas si rares.
Alors, venant de vivre ces (presque) deux mois de tranquillité pour mon bas du dos, qui venaient de prendre fin par une déculottée mémorable, je n'arrivais pas à me rassurer... Au contraire, je pressentais que Maman n'hésiterait pas à vouloir combler à nouveau son prétendu "retard"...

J'avais la sensation de rester en ligne de mire, comme si Maman avait pris conscience qu'elle m'avait un peu trop lâché la bride, et s'en voulait de ne pas avoir réagi quand elle commençait à se douter que je faisais moins d'efforts.



J'étais inquiète, et tendais le dos à la moindre réflexion maternelle,
persuadée que j'étais que Maman voudrait vite combler
ce qu'elle semblait considérer comme un "retard"
vis à vis du traitement de mes fesses... 


Cela se devinait dans ses réflexions. Souvent, les jours suivants une fessée magistrale, elle commentait ma bonne tenue avec des accents satisfaits, trouvant là des arguments pour justifier sa méthode et son efficacité. Et, il est vrai, que mon propre comportement cherchant à ne surtout pas m'attirer de nouveaux ennuis, allait dans son sens et confortait son point de vue.

Cette fois, Maman demeurait plus réservée, semblant plus attentive que jamais à mon comportement. La nuance peut paraître futile, mais je la ressentais pleinement. Maman qui, me voyant calme et serviable, souvent aurait dit : "C'est bien ma chérie. Te voilà bien sage... C'est juste dommage qu'il ait fallu encore une bonne fessée pour calmer ma grande fille..." Là, demeurant sur l'expectative, elle avait tendance à dire : "C'est bien, ma chérie. Tu me sembles bien sage... J'espère que tu ne me caches rien. En tout cas, tu es prévenue. Dès que j'aurai quelque chose à te reprocher, tu n'auras qu'à préparer tes fesses..."

Bref, la fessée reçue n'avait visiblement pas soldé totalement mon compte dans l'esprit maternel. Je ne repartais pas à zéro, avec du temps devant moi avant de m'inquiéter à nouveau. J'avais l'étrange impression que j'étais déjà dans une position de future fessée...

Et, les petites tapes ressenties par moi comme des moqueries, à la fin de la récente déculottée, me revenaient en tête. Maman ne le faisait pas, mais quand elle prononçait ce genre de menaces comme la phrase que je viens de citer, c'était comme si je la sentais passer derrière moi, me tapoter deux fois le bas du dos, en me disant : "Je veux que tu restes à portée de main, tu comprends pourquoi..."

Pour toutes ces raisons, je n'étais donc pas tranquille, tendant le dos à la moindre alerte, soucieuse de ne rien faire de travers, et restant donc dans la crainte d'une nouvelle fessée, dont cette fois je ne pouvais que me rappeler l'efficacité, et les moindres détails encore tout frais dans ma mémoire...

 Le fait est aussi que nous étions à la fin du mois, et que je craignais l'arrivée du carnet de notes mensuel, même si les deux derniers étaient passés sans problème, à mon grand soulagement. Cette fois, je ne pouvais que craindre de nouveaux ennuis.
Il nous fut distribué quatre jours après cette fessée de "reprise en main", si j'ose dire. Quatre jours, où pas un ne s'était écoulé, sans au moins une menace maternelle claire dans ses paroles, et sombre pour mon avenir fessier...

Découvrant donc ce carnet, je n'étais pas rassurée pour un sou. D'autant que le 8,5 en français, avec l'appréciation inquiète de la prof, qui avait déclenché mon retour sur les genoux maternels, figurait en bonne place. Surtout que, dans le même genre, figurait un "Attention, il serait dommage de relâcher les efforts", que le prof de maths avait glissé également dans la colonne des commentaires, et accréditait la thèse maternelle d'une Christine ayant stoppé ses efforts... Toutefois, les deux notes de maths dépassaient la moyenne, ce qui ne me rassurait pas totalement, sachant que Maman se fiait plus aux appréciations qu'à des notes qu'une redoublante pouvait avoir plus aisément sans forcément bien travailler. 

Globalement, il y avait eu un recul par rapport aux deux mois précédents, mais relativement léger toutefois. Il n'en restait pas moins que, dans l'état d'esprit maternel du moment, tout recul étant le contraire des avancées souhaitées, je n'étais guère confiante...

Pour tout dire, je suis rentrée vers la maison, le coeur battant, marchant à deux à l'heure...  Inquiète, voire pire, persuadée que je n'échapperais pas à une nouvelle fessée...


Je suis rentrée en trainant le pas, le coeur battant, inquiète,
craignant d'affronter Maman,
imaginant déjà que je n'échapperais pas
à une nouvelle fessée... 



En me voyant rentrer, le regard fuyant, Maman devina de suite : "Tu en fais une drôle de tête, ma fille... Je crains le pire... Aurais-tu reçu ton carnet de notes, comme tes soeurs ?"

Effectivement, Aline et Diane étaient déjà en pleine discussion avec Maman, les carnets sur la table de la cuisine, et si je sentais Diane sereine, je voyais bien qu'Aline n'était pas trop fière d'elle. Cependant, cela s'était limité à un sermon maison et la promesse de faire quelques devoirs supplémentaires. Qu'allait-il advenir de moi dans ce contexte tendu ?

Je restais figée à l'entrée de la pièce, et j'avais les yeux qui commençaient à s'embuer quand Maman alla vers mes affaires, et sortit d'elle-même le carnet de mon cartable, comme si elle était pressée de voir ce qui rendait son ainée si tremblante. Peut-être est-ce d'ailleurs cela qui m'a sauvé la mise ? Maman imaginait certainement pire, avec un zéro pointé quelque part, ou une chute importante de la moyenne, mais elle trouva surtout des résultats pas aussi brillants qu'elle aurait rêvés, mais pas aussi mauvais qu'elle ne le craignait...
Toutefois, comme je le craignais, le commentaire du prof de maths lui fit faire la grimace, et celui qui accompagnait la note de français, lui fit marmonner : "Ah, ce n'est pas possible, Christine... Tu cherches les ennuis... Tu sais pourtant ce que je t'ai promis..."
A ce moment précis, pour moi, l'affaire était entendue, et j'avais l'impression que quoi que je dise pour ma défense, je serais renvoyée dans les roses. Et, au lieu de me défendre, de répondre par la négative, d'être déjà dans la supplication, à cette question : "Tu sais pourtant ce que je t'ai promis, Christine ?", je m'entendis répondre : "Oui, Maman, oui..."
Je n'ai quand même pas ajouté : "Oui, tu m'as promis une fessée, une bonne fessée", mais cela tombait sous le sens, et tout le monde avait compris... J'avais l'impression de sentir posés sur moi le regard noir de Maman, et les deux paires d'yeux pétillants de mes soeurs, comme un accusé sent les regards de la salle sur lui au moment du verdict...
Mon "Oui, Maman, oui" prononcé, j'avais surtout envie de disparaitre, de prendre l'escalier en direction de ma chambre, où j'attendrais Maman... Et ma fessée bien sûr ! 
Le cauchemar aurait été que Maman veuille me déculotter séance tenante devant mes soeurs, et je restai immobile quelques secondes, avant que Maman ne parle... L'instant fut bref, mais dur à supporter tant j'avais l'impression que, dans le regard de mes soeurs, j'étais déjà sur les genoux maternels, et j'en frissonnais, comme si je ressentais ma culotte glisser vers le bas...




Oui, je savais ce que Maman m'avait promis, 
et pour moi l'affaire était entendue...
Je devinais dans leur regard que mes soeurs m'imaginaient
sur les genoux maternels, et j'avais l'impression
que ma culotte descendait devant elles...

Là encore, cette sorte d'acceptation dut impressionner Maman, qui leva la main droite, paume ouverte, dans un geste de menace sans équivoque... Mais, alors que je m'attendais à : "File dans ta chambre et prépare tes fesses, on réglera ça tout à l'heure", Maman fit entendre un long soupir avant de me dire : "Ah, Christine, tu mériterais encore une bonne fessée... Tu as de la chance que je t'ai déjà punie pour tes résultats en français, sinon je te prie de croire tu aurais fini la soirée sur mes genoux... En tout cas, sache bien que ce n'est que partie remise, et que je vais te surveiller comme le lait sur le feu... Pas question que tu te relâches, comme le craignent tes professeurs. Je vais faire attention à chacune de tes notes, et je ne laisserai rien passer... Rien du tout, tu m'entends ? Tu as intérêt à bien te mettre ça dans la tête, sinon gare à tes fesses, Christine, gare à tes fesses" !

Je venais encore de me faire promettre de prochaines déculottées, mais j'étais comme sur un petit nuage, incrédule d'y échapper ce soir-là. Même si, très vite, je redescendis sur terre, en retrouvant ma chambre et en comprenant que la détermination maternelle serait forcément suivie d'effet. Pour ne pas dire bientôt ou très bientôt...

A SUIVRE