mercredi 21 décembre 2011

Chronique d'un redoublement : 16. Quand le futur n'est pas conditionnel...

SUITE 15 

Effectivement, comme le suppose justement Dominique, dans son commentaire au précédent texte, les jours suivants furent l'occasion d'évocations de mes malheurs postérieurs, notamment à Tata qui passa le lendemain. La culotte jaune qui trônait dans le salon attirait l'oeil et, même entre nous, que ce soit mes soeurs, Maman ou moi, les regards que nous y posions ramenaient automatiquement à la scène de ma fessée. Il n'y avait même pas besoin de mots : un petit regard en douce de Diane, ou un petit geste du doigt pour désigner le vêtement décousu, et j'avais l'impression que toute la scène re-défilait dans nos têtes.
Ce n'est donc que trois jours plus tard que Maman se mit à faire de la couture. C'était un soir où nous étions tous au salon, et elle raccommoda avec patience et application la couture qui avait lâché, pendant que nous regardions avec mes soeurs un film à la télévision.
Quand l'émission fut terminée, elle donna à Aline les deux chemisiers dont elle avait dû recoudre un bouton, et lui demanda de les ranger dans le placard de leur chambre.
Elle fit de même pour moi avec la culotte jaune, en disant : "Tiens, Christine, j'ai recousu ta culotte. Tu peux la ranger dans le tiroir de ta commode. Et j'espère que cela ne se reproduira pas. La prochaine fois que je te donnerai la fessée, je ne te conseille pas d'essayer de m'empêcher de baisser ta culotte, sinon tes fesses le regretteront, tu peux me croire..."
Je suis remontée ranger la culotte et me mettre au lit avec un sentiment de honte et en même temps des images angoissantes dans la tête...


Maman avait bien dit : "La prochaine fois que je te donnerai la fessée", avec une forme affirmative, sans le moindre conditionnel... Et cela me perturbait profondément. Ce n'était pas : "Si tu n'es pas sage", ce n'était pas : "J'espère que tu ne recommenceras pas", ni une phrase comme : "Et que je ne t'y reprenne pas, sinon..."
Il n'y avait pas le moindre "sinon", pas d'hypothèse, pas même de "si", au contraire, la phrase était affirmative, édictée comme une évidence. C'était "la prochaine fois que je te donnerai la fessée", et donc une évidence, comme si cela tombait sous le sens. Je venais, trois jours avant, de recevoir une bonne volée, et déjà le langage maternel n'en retenait plus que le petit incident technique d'une couture qui avait lâché, pour se projeter dans l'avenir.
J'avais l'impression que Maman me disait : "Ma chérie, tu as reçu une bonne fessée, mais c'est dommage qu'il y ait eu cet incident. Tu verras, la prochaine sera encore plus réussie..."
Alors que, paradoxalement, trois jours auparavant, je m'étais endormie plutôt aisément et j'avais fait une nuit pleine, ce soir-là, je me suis tournée et retournée dans mon lit, en faisant de drôles de cauchemars éveillés.
Les phrases de Maman me revenaient sans cesse, me ramenant à mon triste sort d'ainée jouant les demoiselles, quand tout allait bien, mais pas encore assez grande, ni raisonnable pour imaginer ne plus encourir de punitions enfantines.
En réfléchissant calmement, j'arrivais à comprendre, je me doutais bien que j'y passerais encore, mais la formule maternelle affirmative avait été un choc. Elle semblait déjà tracer mon destin et me faisait prendre conscience que prochainement m'attendait une fessée, ma fessée, la prochaine, et qu'elle serait déculottée... 



Le lendemain matin, à côté de mon lit, quand je suis remontée du petit-déjeuner, Maman avait préparé les affaires à mettre, comme chaque jour. Elle avait sorti un chemisier, une petite robe d'été, et la culotte jaune, certainement parce que c'était la première sur la pile où je l'avais rangée la veille au soir. 
Il n'y avait certainement pas malice en la matière, mais en la voyant, j'ai frissonné. A contre coeur, je l'ai enfilée. Je me sentais toute chose. Je me suis mise devant ma glace et j'ai remonté ma robe, vérifiant que la couture sur le côté était bien recousue. Le miroir me renvoyait l'image d'une culotte bien protectrice, mais elle était associée à ma dernière fessée, celle où je n'avais pas réussi à la faire garder en place...





J'aimais ces culottes bien couvrantes, je m'y sentais comme à l'abri, mais elle, cette jaune raccommodée me faisait revivre la sensation de son glissement vers le bas, avant la dégelée maternelle magistrale...
Et puis, c'est à cause de cette culotte recousue que Maman m'avait plongée dans l'angoisse, me parlant déjà de ma prochaine fessée...
Oui, c'est idiot peut-être de réagir ainsi. Il est évident qu'une gamine ayant le défaut de mentir à tout bout de champ, et qui va être obligée de redoubler malgré une année déjà riche en fessées maternelles, ne peut croire qu'elle n'aura plus à venir sur les genoux de sa mère.
Mais, lorsque l'on vient, trois jours avant, de prendre une tannée mémorable, c'est dur d'accepter que la suivante, et combien d'autres, vous attendent...

J'avais envie de changer de culotte, d'en mettre une autre, d'aller cacher celle-là comme si elle était un objet porte-malheur, mais je craignais que Maman ne s'en aperçoive et devine mon trouble.
Je l'ai donc gardée, tout en y pensant tout au long de la journée. Je me suis même tenue à carreau, beaucoup plus que d'habitude, ne voulant pas risquer, ne serait-ce qu'une menace, qu'une allusion. Maman a dû penser que décidément sa bonne fessée m'avait bien calmée.
C'est vrai que nous partions le surlendemain pour deux semaines à la mer, et que j'avais envie que ces vacances soient le plus calme possible, du moins pour mon bas du dos, qui s'inquiétait surtout pour la rentrée de septembre.
Et effectivement, Christine fut exemplaire, pour le plus grand plaisir de Maman, dont sans le savoir, je justifiais le bien-fondé des méthodes. J'avais toujours en tête la phrase qui m'angoissait : "La prochaine fois que je te donnerai la fessée, Christine..." 
Mais j'avais l'ambition d'en retarder l'inéluctable échéance...

A SUIVRE

mardi 20 décembre 2011

Chronique d'un redoublement : 15. Une honte difficile à... "raccommoder" !

SUITE 14
Je pleurais à chaudes larmes alors que Maman avait enfin achevé son "oeuvre" correctrice. Assurément, elle avait tenu à s'appliquer, à donner une fessée exemplaire, bien pensée, si j'ose dire, réfléchie, comme mitonnée longuement, au contraire de certaines fessées plus désordonnées où la colère et les nerfs jouent.



En ce milieu d'été, après plusieurs semaines de trêve, voire d'indulgence, cette fessée avait pour but de remettre les pendules à l'heure, en quelque sorte, de recadrer l'ainée que j'étais, de passer de la parole aux actes...
J'avais serré les dents et fermé les yeux durant les dernières salves de claques tombant sur ma lune écarlate. Je ne voulais pas ameuter davantage la maisonnée, ni revoir s'il y avait des ombres dans le couloir, si comme je le craignais la scène était espionnée...
De toute manière, cette fessée m'était donnée au salon, donc de façon ouverte, comme semi-publique, et je n'aurais pas été étonnée qu'une ou deux soeurs ne trouvent un prétexte pour y venir comme par hasard...
Si elles n'étaient qu'observatrices de loin, c'était déjà comme quelque chose de gagné pour ma propre honte.


"File dans ta chambre", avait demandé Maman au bout de quelques minutes. "Va sécher tes larmes là-haut. Et ne te plains pas, tu l'as bien cherchée cette fessée..."
Je suis repartie en reniflant, une main rajustant ma culotte, et le regard baissé, toute bouleversée par un ensemble de sensations que je n'avais plus ressenties depuis près d'un mois...

Je n'ai pu éviter le regard presque hilare de mes soeurs en me voyant passer, mais je savais que j'allais pouvoir refermer ma porte et que je ne les reverrais plus avant le lendemain.
Maman ne l'avait pas précisé, mais cela tombait sous le sens : la soirée avançant, elle viendrait bientôt nous dire bonsoir et éteindre les lumières. Je me suis donc mise en pyjama, apercevant un instant mes fesses rouges, que je cachai vite fait sous le pantalon de pyjama en étouffant un gros sanglot d'émotion.



Je me suis ensuite mise au lit, restant longtemps la tête dans les mains, chignant et sanglotant par période, ayant du mal à retrouver des pensées autres que celles me ramenant à ce que je venais de subir...
Maman ne monta que près d'une heure plus tard. En cette longue soirée d'été, rien ne pressait, d'autant que la maisonnée était d'un calme, mais d'un calme qui devait conforter notre mère et lui faire penser qu'elle avait bien agi, et que la bonne fessée de Christine faisait même se tenir à carreau les petites. C'était donc tout bonus...



Je n'ai même pas cherché à écouter à travers la cloison ce qu'Aline et Diane disaient à Maman, ni surtout ce qu'elle répondait lorsqu'elle est venue les coucher. Mes oreilles ont dû siffler une fois de plus, et je ne doute pas que mes soeurs ont eu la confirmation de ce qui m'était arrivée...
J'étais un tant soit peu apaisée quand même, la douleur étant passée, et mes larmes séchées, lorsque Maman est rentrée dans ma chambre et s'est assise au bord du lit.
"Ca y est, tu es calmée, Christine, tu vas pouvoir dormir ?", me demanda Maman qui était visiblement en mode d'apaisement. J'ai eu comme un gros sanglot remontant dans la gorge, mais elle me posa la main dans mes cheveux, me caressant un instant : "Allez, c'est fini, Christine. N'en rajoute pas. Tu as eu ce que tu méritais, voilà tout. Et c'est à toi qu'il faut t'en prendre, ma chérie. Ce n'est pas Maman qui a triché ou menti, ce n'est pas Maman non plus qui cherche les ennuis depuis plusieurs jours."
Je posai ma tête sur ses genoux, et elle me serra dans ses bras. "Pardon, Maman, je serai sage", murmurai-je.
"Je l'espère bien, ma fille, je l'espère bien. C'est dommage qu'il ait fallu encore une fois une bonne fessée pour que tu comprennes, mais tu l'as bien cherchée... A toi de faire en sorte que je n'ai plus à sévir, sinon tu sais ce qui t'attendra encore...", commentait Maman avec une voix calme, si calme...
Elle me souhaita bonne nuit, en me bordant et au passage tapotant mon bas du dos. Puis, elle me laissa non sans récupérer mes affaires du jour pour les mettre au sale, voire faire une tournée de machine à laver avant d'aller se coucher, comme elle le faisait souvent, la machine ne chômant pas dans une maisonnée avec trois enfants.




J'ai craint d'avoir du mal à m'endormir, d'autant que la conversation avec Maman s'était achevée sur l'évocation de nouveaux ennuis pour mon bas du dos. Sur ce qui "m'attendrait" si je recommençais, et cela réveillait mes souvenirs de la soirée...
Mais, le bonsoir apaisé de Maman, l'échange de tendresse, et mes nerfs épuisés par la tannée reçue, je m'endormis vite et ne fis qu'un somme jusqu'à 9 h le lendemain.
Je descendis à la cuisine découvrant Maman devant la porte-fenêtre en train d'étendre du linge sur le fil près de la terrasse. Il y avait nos affaires de la veille, dont ma culotte jaune, le petit bloomer que j'avais tenté d'empêcher  Maman de descendre...
Je le regardai et j'étais gênée de le voir, de le savoir déjà lavé, bientôt sec, comme s'il allait pouvoir resservir...
Maman interrompit mes pensées. "Tu sais qu'il y a une couture qui a craqué, Christine. Tu as de la chance que je ne m'en sois pas aperçue dans le feu de l'action, sinon cela aurait été encore plus mal..."
Je m'approchai du sous-vêtement et constatai en effet une fente de quelques centimètres sur la couture du côté droit. Maman n'avait pas remarqué sur le champ, mais je me souvenais qu'en agrippant ce dernier rempart au moment de la déculottée, j'avais perçu un craquement sous mes doigts. C'est en partie cela qui m'avait fait renoncer à m'accrocher encore pour inverser le cours d'un destin qui n'était pas inversable...
Je déjeunai en regardant songeuse le fil à linge qui me rappelait ma fessée de la veille. Plus tard, avant le repas de midi, mes soeurs durent mettre la table, et moi Maman me demanda de ramasser le linge qui était sec.
Je le fis, en mettant bien en dessous du tas le bloomer jaune. Mais, Maman me reprit : "Christine, va poser la pile près de la table à repasser. Mais, tu n'as qu'à mettre ta culotte décousue sur ma boite à couture qui est dans le salon. Je raccommoderai peut-être ce soir".
 

Diane qui avait compris que j'étais gênée en écoutant Maman parler de cette culotte, joua les naïves : "Et pourquoi qu'elle s'est décousue la culotte à Christine ?"
Maman répliqua : "On dit la culotte de Christine, ma chérie, pas la culotte à Christine. Et, elle ne s'est pas décousue toute seule, tu sais... C'est Christine qui a tiré trop fort dessus, quand Maman voulait lui baisser sa culotte, hier soir... Résultat : une couture a craqué. Mais, cela n'a servi à rien, car Maman a quand même baissé la culotte de Christine, et ta grande soeur a reçu une fessée magistrale..."
Je baissai les yeux, et j'avais l'impression de me retrouver à nouveau sur les genoux maternels... 
Maman finalement ne raccommoda ma culotte que trois jours plus tard, quand il y eut deux autres vêtements sur lesquels il y avait des boutons à recoudre. Durant ce temps, dans le salon, à côté du canapé, sur un petit guéridon, la boite à couture trônait, avec une culotte jaune bien voyante posée dessus. Là à deux mètres de l'endroit où j'avais été déculottée... Trois jours durant, en l'apercevant, j'en ressentais presque des frissons dans le bas du dos, comme si elle glissait pour dévoiler ma lune à nouveau...

A SUIVRE

lundi 12 décembre 2011

Chronique d'un redoublement : 14. Et, mémorable, elle fut...

SUITE 13

 Je suis retournée bouder au fond du jardin, regrettant d'avoir joué les curieuses et d'avoir écouté la conversation entre Diane et Maman. Je me doutais bien de quoi elles parlaient et cela ne faisait qu'amplifier mon mal-être dans ma position de future punie...
Depuis cette annonce devant Tata dans le jardin public en milieu d'après-midi, je savais que je devais préparer mes fesses, et chaque rappel, chaque évocation, chaque pensée qui me traversait l'esprit aggravait mon angoisse...


Je pleurnichais toute seule dans mon coin, en sachant qu'il faudrait encore affronter la famille au diner et attendre sans savoir précisément quand le moment fatidique viendrait...

"Maman, Maman, on a faim, on mange quand ?", vinrent un moment demander mes soeurs, comme si elles avaient hâte de passer à table. Je n'étais pas dupe de leur motivation réelle, curieuses qu'elles étaient de ce qui se tramerait après.
Mais, Maman n'était pas pressée, profitant comme souvent de ce calme qu'amenait à la maison une promesse d'orage...



 Vingt minutes plus tard, quand elle nous appela pour le dîner, les petites arrivèrent à toute vitesse. Moi, il fallut que Maman réitère par deux fois son appel pour que j'apparaisse. Je trainais plus les pieds, et marchais avec le regard bas, la mine déconfite.
"Je comprends que tu n'aies pas très faim ce soir, Christine, mais quand je t'appelle, j'aimerais ne pas avoir à le répéter trois fois...", me lança Maman en me toisant de haut.
"Euh, j'arrive, Maman, j'arrive", répliquai-je, non sans qu'elle n'ajoute avec un air excédé : "Ah, il est vraiment temps que je te réapprenne les bonnes manières, ma fille. Tu en as bien besoin... Tu peux compter sur moi, je te le dis..."
Nous avons dîné sans trop d'autres commentaires. Mes craintes furent pour une fois démenties. Maman n'en rajouta pas, évoquant plus le programme du lendemain, où il y avait des courses à faire en prévision du départ à la mer la semaine suivante, et des rendez-vous chez le dentiste pour Diane et chez le coiffeur pour Maman.

A l'issue du repas, Maman demanda à mes soeurs d'aller dans leur chambre. "Vous pouvez jouer tranquillement, mais je ne veux rien entendre, si vous ne voulez pas d'ennuis vous aussi..." Chacun avait compris à qui elle faisait allusion...
Quant à moi, elle m'ordonna de débarrasser la table, "avant qu'on discute toutes les deux", avait-elle ajouté, en me laissant seule dans la cuisine.
J'exécutai les ordres, en prenant tout mon temps. Je n'avais pas envie de casser de la vaisselle, mais surtout j'avais envie de gagner du temps...
Maman était dans le salon, et j'ai bien évité d'aller la retrouver quand j'ai fini de ranger. Je suis au contraire remontée dans ma chambre, en croisant les doigts pour que la "discussion" se déroule là...

"Christine, où es-tu ? Je ne t'ai pas demandé de monter. Peux-tu redescendre, s'il te plait ?", lança Maman du bas, au bout de quelques minutes.
J'eus la tentation de jouer l'innocente et de demander : "Euh, pourquoi, Maman ?"
Mais, la présence de mes soeurs dans la pièce d'à côté m'en dissuada. Je craignais d'entendre une voix de stentor crier : "Mais, pour ta fessée, Christine, tu le sais bien... Pour ta fessée..."
 Je repris donc ma respiration à deux fois et quittai ma chambre à une allure d'escargot....
 


Mes soeurs étaient dans leur chambre, en train de se dire des messes basses, dont je ne doutais pas que je devais être la vedette. En passant devant leur porte, je ne pus m'empêcher de voir leurs yeux qui me guettaient et leur visage franchement rieur...
"Maman t'attend Christine, Maman t'attend... Dépêche-toi... Tu sais pourquoi... Dépêche-toi...", ricanait Diane à mi-voix...
Je fermai la porte de leur chambre en poursuivant mon chemin, mais j'étais à peine dans les escaliers, que j'entendis qu'elles la rouvraient en grand...

 Je ne fis pas de bruit en descendant les marches à pas de loup. J'arrivai dans le couloir du bas et passai un oeil, découvrant Maman qui lisait assise dans le salon. Elle avait une revue sur les genoux, j'imaginais que c'est là que je serais bientôt... Je n'osais plus bouger, quitte à provoquer un nouvel appel de sa part, mais après quasiment un mois sans fessée, je tremblais de m'avancer vers la prochaine...


Je restai ainsi deux à trois minutes, immobile à regarder Maman, qui me semblait tellement calme que cela paraissait irréel...
"Christine...", au moment où elle m'appela à nouveau,elle m'aperçut l'épiant depuis la porte. "Allez, viens ici. Ne reste pas plantée là. Je ne vais pas te courir après. Tu sais bien ce qui t'attend... Allez, viens ici..." Ses ordres étaient prononcés sans cri, avec une voix normale, et je m'avançai comme une automate...
"Maman, Maman, je t'en prie, je ne recommencerai plus. J'ai compris. Je serai sage.", suppliai-je alors qu'elle avait déjà empoigné mon avant-bras et m'attirais vers elle.


"C'est trop tard, Christine, trop tard. Il fallait y réfléchir avant de tricher derrière mon dos...", répliqua Maman, alors que je résistais un instant, mais je lâchai prise et elle me bascula en travers de ses cuisses.

Elle remonta soigneusement ma jupe dans mon dos, dégageant ma large culotte jaune, alors que je suppliais à voix chuchotée pour ne pas être trop entendue du premier étage : "Maman, non, pas la fessée, je voulais juste aider Aline."
Elle répondit : "Moi, j'appelle cela tricher, ma fille, comme quand tu copies en classe, et ça mérite la même fessée, tu le sais bien, Christine... Et encore s'il n'y avait que cela..."
Comprenant qu'avec ses gestes calmes et précis, j'allais me retrouver culotte baissée avant d'avoir dit mon désarroi, je fis une tentative de bloquer la manoeuvre en agrippant ma culotte, et en tenant bon alors que Maman commençait à dégager ma lune. Je psalmodiais : "Non, non, Maman, non, je t'en prie..."
Au lieu de choisir l'épreuve de force, Maman ne perdit pas son énergie dans une vaine bagarre que j'avais perdue d'avance. Elle ne lâcha pas pour autant ma culotte, mais me demanda de céder : "Christine, lâche ça tout de suite. Tu ne fais qu'aggraver ton cas, ma fille. Je t'ai promis une bonne fessée et tu vas l'avoir... Parce que cela fait des jours et des jours qu'elle te pend au nez, et qu'elle va tomber cette fois... Parce que tu as triché avec les devoirs d'Aline, mais aussi que tu as commencé à mentir quand j'en ai parlé devant Tata, et tu sais combien je déteste les mensonges... Et je ne parle pas de toutes les remarques de ces derniers jours... Tu as de la chance que ce soit les vacances, car il y a belle lurette que je t'aurais déjà flanqué quelques bonnes fessées, ma fille... Alors, lâche ça, si tu ne veux pas que j'appelle tes soeurs pour qu'elles voient qui est la plus forte ici, et ce qui arrive à celles qui me résistent..."


 L'argument était imparable, et la peur qu'elle rameute les petites a eu raison de ma résistance... J'ai lâché ma culotte, qu'elle a immédiatement descendue largement, dévoilant une lune blanche qu'elle n'avait pas claquée depuis une mémorable soirée d'annonce de mon redoublement...


"Ah, je vois que tu deviens raisonnable, Christine", jubilait Maman qui semblait jauger mon bas du dos, avant de le rougir comme elle le souhaitait...
Je m'attendais à une grêle brulante, mais les premières claques furent au contraire appliquées comme avec méthode. Comme une reprise en main, comme une démonstration de fessée exemplaire...  
 "Je vais t'apprendre, moi, à tricher et à mentir. Tu l'as assez fait toute cette année, et je te prie de croire, ma chérie, qu'il n'en sera pas de même cette fois. Je t'ai prévenue, Christine, les mensonges éhontés, c'est fini, et si tu ne le comprends pas dans ta tête, c'est par les fesses que tu le comprendras... Tiens, tiens, tiens...", et petit à petit ma lune devenait écarlate sous une pluie claquante, sonore en diable, mais aussi calme que déterminée...



Je pleurais à chaudes larmes, je retenais mes cris pour ne pas qu'ils résonnent dans la maison, et Maman poursuivait son oeuvre correctrice. Et de rappeler mes bêtises, ses avertissements, comme pour relancer son bras : "Ah, tu l'as bien cherchée, celle-là, Christine. Ah, c'est vrai que tu y as échappé depuis le début des vacances. Mais, je vais me rattraper. A croire que cela te manquait... Tiens, tiens, tiens..."


Maman avait promis une fessée mémorable, et j'étais servie comme il se doit. La tannée me cuisait le bas du dos qui retrouvait des sensations hélas trop souvent connues. L'issue semblait proche à plusieurs reprises, mais Maman après avoir respiré une ou deux fois, le bras arrêté, reprenait sa valse claquante. Mon épiderme arrivait à ébullition et j'avais de plus en plus de mal à contenir mes gestes, et mes cris. Gigotant et suppliant désormais à haute voix, je ne pensais même plus à mes soeurs. Alors que la main maternelle parachevait son oeuvre, en relevant la tête, il m'a semblé apercevoir une ombre, voire deux dans le couloir.
Peut-être, sûrement, celles de Diane et Aline jouant les espionnes. L'impression ne fut que fugace, et j'avais trop peur qu'en les sachant là, Maman ne les fasse rentrer pour un final en famille.
Je serrai donc les dents de toutes mes forces pour retenir mes cris. Ce qui incita Maman à accentuer encore la dernière salve, la claquée ultime, en s'aidant de la voix : "Tiens, tiens, tu t'en souviendras de celle-là... Tiens, tiens, et dis-toi bien, que, vacances ou pas, tiens, tiens, le prochain mensonge, ce sera pareil. Une fessée, Christine, tiens, tiens, une bonne fessée, tiens, tiens, une bonne fessée..."
C'est une Christine épuisée, la lune écarlate, le visage inondé de larmes qui tomba à genoux quand Maman arrêta enfin son bras. Cette fessée-là, je m'en souviendrais, c'est sûr...

A SUIVRE

vendredi 2 décembre 2011

Chronique d'un redoublement : 13. Une ambiance de plus en plus électrique

SUITE 12

 Il n'était guère plus de 18 h 15, quand nous sommes arrivées à la maison. Vacances obligent, sans jour de classe le lendemain, devoirs faits, rien ne pressait comme en temps scolaire où le retour au bercail déclenche des séquences précises, presque chronométrées entre douches à prendre, affaires à préparer, table à mettre, devoirs à vérifier, diner à servir, mises en pyjama, montée de Maman pour éteindre et autre extinction des feux à une heure précise.
Mais, là, en cette fin juillet, avec des journées encore parmi les plus longues de l'année, rien ne pressait. A un détail près... Cela aurait pu, aurait dû être une journée d'été ordinaire, sans rien de mémorable, mais il y avait ce détail et il était de taille : Christine allait recevoir la fessée...

Maman n'avait rien précisé si ce n'est : "Nous allons régler nos comptes à la maison, et ça va barder, je te le promets..."
Cela ne me disait pas si ces fameux "comptes" seraient réglés sur le champ, en arrivant ou pas... La seule autre précision avait été dite à Tata :  "Christine a amplement mérité une bonne fessée. Elle a déjà eu de la chance d'y échapper ces derniers jours. Et celle-là, elle l'a bien cherchée et elle n'y coupera pas, crois moi..."

Je me doutais bien que je n'aurais pas à discuter et que rien n'arrêterait la détermination maternelle... Je n'avais plus qu'à préparer mes fesses...

Les petites sont restées dans le jardin quand nous sommes parvenues à la maison, Maman rentrant ranger les affaires du goûter et vaquer à diverses occupations. Elle avait laissé la porte fenêtre de la cuisine qui donnait sur la terrasse grande ouverte, ainsi que les fenêtres du salon. Aline et Diane s'étaient mises à jouer juste à côté. En d'autres moments, elles seraient sûrement parties au fond du jardin, mais elles avaient plutôt les oreilles aux aguets, ne souhaitant pas s'éloigner en prévision d'une scène attendue...

Sans rien demander, je suis montée dans ma chambre. J'avais trop peur que Maman me voyant rentrer ne me dise : "Hop, Christine, où vas-tu ? Viens ici tout de suite... Nous avons à discuter, toi et moi..."
Quitte à devoir recevoir ma fessée tout de suite, mieux valait que je me trouve à l'abri des quatre murs de ma chambre... Et, dans mon for intérieur, je priais surtout pour cela. Même pas pour ne pas être fessée, mais simplement pour ne pas l'être devant mes soeurs...




Je m'étais assise sur mon lit, laissant la porte un peu entrouverte, afin d'entendre les bruits de la maison et un éventuel appel de Maman.
J'imaginais qu'une fois les affaires rangées, elle monterait me rejoindre... Mais les minutes passaient, lentement mais sûrement. C'était déjà un rien de répit de gagné, certes. En même temps, cela n'arrangeait pas mon angoisse, mes idées noires...
Les bruits venant du bas témoignaient d'une activité maternelle dans la cuisine. Puis, je l'entendis se diriger vers la terrasse et dire : "Ca va, les filles ? Vous vous amusez bien ? Je vous appellerai pour prendre votre douche. Histoire d'être toutes propres avant le dîner. Il y aura une bonne tarte au dessert". Mes soeurs ont crié "Youpi", et Maman a demandé : "Christine n'est pas avec vous ?"
Puis, elle rentra et j'entendis son pas dans l'escalier... Mon coeur se remit à battre très fort. Je sentais que mon heure était venue.
"Christine, tu es là ? Qu'est-ce que tu fais donc ? Tu serais mieux dehors par ce beau temps", dit-elle en arrivant sur le palier. Elle me découvrit toujours assise sur le bord de mon lit. Je n'avais pas bougé d'un poil, j'étais comme pétrifiée, comme résignée...
"Tu en fais une tête ! commenta Maman. "Euh, bah, euh, je t'attendais, M'man... Bah, euh, enfin, tu sais, euh, pour, euh... ce que tu avais dit, euh..."
Maman haussa les épaules, et eut un petit sourire sarcastique : "Eh bien, si ce n'est que cela, je veux bien te faire plaisir, Christine, puisque tu attends si sagement ta fessée... Mais, on n'est pas à la minute, ma fille. Il faut que je surveille la tarte qui est au four, et la soirée ne fait que commencer. Mais, ne t'inquiète pas, cela viendra en temps et en heure. Tu sais bien que Maman tient toujours ses promesses... "

Elle traversa le couloir pour aller à la salle de bain et en ressortit avec un panier à linge pour aller mettre en route une tournée de lave-linge.
Je n'avais toujours pas bougé, restant assise, les yeux embués, la mine défaite.
"Allez, ne reste pas plantée là, Christine. Va plutôt prendre l'air. On reparlera de notre petite affaire après le dîner. Ne sois pas si pressée, ma grande. Nous aurons tout le temps de discuter, enfin, tu vois ce que je veux dire..."
Je me levai et passai devant Maman pour aller dans le jardin. La perspective de devoir attendre le soir, le risque que ce ne soit pas dans ma chambre, avaient démultiplié mon angoisse, et je ne pus me retenir de sangloter en passant devant mes soeurs, avant d'aller me planter sous un arbre du fond du jardin.  


Diane avait remarqué mes larmes naissantes et vint de suite interroger Maman : "Dis, M'man, pourquoi Christine pleure ? Elle a été punie ?"
Maman rétorqua : "Non, pas encore, Diane, pas encore ?"
Soeurette chercha à savoir : "Dis, elle va avoir la fessée, hein ? Comme tu l'as dit à Tata, c'est vrai ?"
Maman tempéra l'enthousiasme visible de sa cadette : "D'abord, cela ne te regarde pas, Diane. Toi aussi, il n'y a pas si longtemps, tu as eu aussi la fessée, ma chérie..."
Diane rougit, mais elle obtint ce qu'elle voulait, car Maman ne put s'empêcher de confirmer le programme annoncé : "Quand on fait des bêtises, on en subit les conséquences, que l'on s'appelle Diane, Aline ou Christine, vous le savez bien. Alors, oui, comme je l'ai dit à Tata, aujourd'hui je suis très fâchée après Christine, et je lui donnerai ce soir la bonne fessée qu'elle a méritée... Christine le sait bien et c'est pour cela qu'elle chigne, mais cela n'y changera rien..."
Diane aurait aimé en savoir toujours plus, sur quand, comment, à quelle heure... Mais, Maman lui fit comprendre que la curiosité est un vilain défaut et qu'elle n'avait pas intérêt à insister, au risque d'être aussi dans le collimateur. Mais, Diane comprenait bien que la menace n'avait pas la même intensité que ce qui pendait au dessus de la tête, et plus précisément du bas du dos de sa soeur...


Entendant que Maman et Diane discutait, j'avais quitté mon fond de jardin pour m'avancer doucement et tendre l'oreille, saisissant ainsi toute la conversation. En se retournant, Maman vit que je m'étais rapprochée et que j'écoutais leur échange.
"Maman, arrête, pourquoi tu racontes ça ?" grognai-je d'un air plaintif. Elle me coupa : "Je raconte ce que je veux, Christine. Et ce n'est pas un secret de dire que tu seras punie comme promis, ce soir..."
"C'est pas gentil. Après, elle se moque de moi", pleurnichai-je avant de m'entendre dire : "Christine, celle qui n'a pas été gentille, c'est toi. Et ta soeur ne pourrait pas se moquer si tu n'avais pas mérité encore une bonne déculottée, ma fille..."
Je vis Diane écarquiller les yeux, la précision (de la déculottée) n'ayant pas encore été donnée, même si elle tombait sous le sens...
Je jetai un regard noir à ma soeur et un autre à Maman, plus discret, mais bien visible. Cela fit monter son agacement : "Et, ne me regarde pas comme ça, Christine. Ou je vais te donner sur le champ un avant-goût de ce qui t'attend..."
Je baissai les yeux, comprenant qu'il valait mieux ne pas tenter le diable... "Bon, c'est mieux, allez, retourne bouder au fond du jardin. Tu ne perds rien pour attendre, Christine". Elle avait la main droite, levée et paume ouverte, me la montrant avec insistance : "Tu la vois, celle-là, Christine. Regarde-la bien, parce que tout à l'heure, tu vas la sentir quand je vais m'occuper de tes fesses, moi. Je te promets une fessée dont tu te souviendras longtemps, Christine, longtemps..."

A SUIVRE

lundi 28 novembre 2011

Chronique d'un redoublement : 12. Un retour angoissé en suivant Maman

SUITE 11

Deux jours étaient pourtant passés sans nouvel alerte. Mais, cet après-midi, le ciel venait de me tomber sur la tête... En marchant derrière Maman, je repensais à ce qui venait de se passer, à cette journée qui semblait si belle et qui se terminerait à n'en plus douter dans l'orage tant redouté...

"Allez, les filles, dites au revoir à Tata. Il est temps de rentrer à la maison", avait lancé Maman alors que nous terminions toutes les trois notre goûter dans le parc municipal, où nous venions de passer deux heures avec Tata Jacqueline.
Aline et Diane ne s'étaient pas faites prier, sachant qu'elles pourraient jouer dans notre jardin en rentrant. Je n'avais pas le même enthousiasme et demandai si je pouvais rester avec Tata.
"Pas question, Christine. Tu rentres avec nous. Tu sais bien que nous avons un compte à régler toutes les deux. Allez, dépêche-toi et ne m'énerve pas davantage, cela n'arrangerait pas ton cas, ma fille...", avait répondu Maman d'un ton qui ne souffrait aucune contestation.
Tata Jacqueline m'a serré dans ses bras en me disant au revoir, comme si elle voulait me donner du courage, me réconforter à l'avance. Elle non plus ne doutait pas de ce qui m'était promis...



Oui, c'est vrai, je l'avoue, la veille, j'avais bâclé un devoir que Maman m'avait donné à refaire. Cette série de travaux de l'année à recommencer, alors même que j'allais avoir une année de redoublement avec le même programme, commençait à m'ennuyer.
Le constat par Maman que j'avais fait le strict minimum sans aucun effort notable l'avait mise au bord de l'explosion. Et c'est bien parce que nous devions aller faire des courses et qu'elle avait ensuite un rendez-vous chez le coiffeur, que Maman s'était contentée de hausser le ton. Mais, pour la première fois depuis ces dernières semaines de calme inespéré, la menace avait été énoncée de façon claire et abrupte : "Ca suffit, Christine. Je ne le répéterai pas. A la prochaine remarque, c'est la fessée. A force de la chercher, tu vas la trouver, je te le dis, moi..."
Mais, heureusement, j'avais échappé au pire...
Le lendemain, donc, j'avais conscience qu'il fallait ne pas tenter le diable... Et je tenais donc à ce que tout se passe au mieux, et que même mes soeurs énervent le moins possible Maman, sachant que si on la poussait à bout, je me trouverais sûrement en première position dans la liste des punissables et qu'elle ne l'aurait pas oublié...
J'avais été même serviable à midi, aidant Maman à débarrasser, puis me dépêchant de commencer les devoirs du jour.
Il faut dire que nous devions aller au parc municipal retrouver Tata et y passer l'après-midi, dès que nous aurions fini (et bien fait) nos fameux devoirs.
Diane, dispensée comme toujours, était partie la première avec Tata qui était passée la chercher.
Moi, j'avais assez vite fini un programme du jour plutôt facile, et Maman m'avait autorisée, privilège de grande à rejoindre Tata et Diane, seule à pied, le parc n'étant qu'à quelques rues de la maison. Pendant ce temps, elle devait attendre qu'Aline ait fini les siens et les avoir vérifiés.

Toutefois, ayant pitié de ma soeur, et cherchant surtout à faire qu'il y ait le moins de conflit possible ce jour-là, j'avais donné un coup de main en douce à Aline. Elle avait une série d'opérations multiplications et divisions à faire. C'était très facile pour moi, et afin qu'elle ne perde pas trop de temps à calculer, je lui avais écrit sur un petit bout de papier les dix bons résultats.

J'étais donc confiante, et j'avais dit en retrouvant Tata au parc que Maman et Aline n'allaient pas tarder, ma soeur ayant presque fini quand je suis partie...

Or, près de trois quarts d'heure sont passés avant que mère et fille ne rappliquent, un retard qui ne me semblait pas très normal... J'ai vite su pourquoi !

Maman est arrivée, amenant le panier de goûters, mais Aline, au lieu de caracoler vers nous, faisait grise mine.
Tata le constatant l'interrogea, mais soeurette ne répondit pas. C'est Maman qui s'en chargea : "Oh, Aline vient d'avoir un petit souci... Je lui ai demandé de refaire devant moi quelques opérations qu'elle venait de faire à grande vitesse et sans faute... Mais, cela s'est avéré plus difficile devant sa chère Maman, n'est-ce pas Aline ?"
Ma soeur détourna les yeux et  resta muette, me jetant de petits regards inquiets qui me firent comprendre que j'allais être découverte...
Maman le confirma : "Le plus drôle, Jacqueline, mais en fait cela ne me fait pas rire du tout, c'est qu'Aline s'était faite faire ses opérations par Christine".
Par réflexe habituel, je sursautai en disant : "Mais, non, c'est pas vrai... Ce n'est pas moi..."
Ce à quoi Maman répliqua : "Inutile de mentir en plus, Christine. C'est vraiment une sale manie chez toi. Aline avait encore le bout de papier écrit de ta main avec les résultats. J'ai d'ailleurs failli me faire prendre à cette manoeuvre. Sauf qu'Aline, trop contente de n'avoir pas à se fatiguer avec le calcul a recopié trop vite et juste inversé deux des résultats  d'opération. Tout était bon sauf que deux des chiffres n'étaient pas sur les bonnes lignes..."
Tata Jacqueline n'avait pas pu s'empêcher de sourire en imaginant l'entourloupe, glissant : "Ah les futées, quand même".
Maman poursuivit d'un ton ferme : "Mais, à futée, futée et demie, et je ne me laisserai pas berner ainsi. Aline s'est ramassée une paire de claques magistrale et a dû refaire ses opérations devant moi... Elle a de la chance d'avoir réussi en s'appliquant à trouver neuf des dix résultats, sinon j'allais m'occuper de ses fesses..."
Nous suivions toutes les quatre le discours maternel, Tata et Diane avec un sourire en coin, alors qu'Aline était au bord des larmes, et que moi, je tirais une mine plus qu'inquiète, que les phrases suivantes de Maman firent passer de l'inquiétude à l'angoisse...
"En tout cas, je ne me ferai plus prendre et je ne laisserai plus les filles travailler sur la même table sans que je sois dans la pièce. Et, j'en connais une qui va payer ça...", dit-elle. Je fronçai les sourcils, apeurée. Maman confirma : "Oui, Christine, tu peux faire la grimace. Nous allons régler nos comptes à la maison, et ça va barder, je te le promets..."

 Mieux valait ne pas rétorquer en public, et tournai la tête en mordant mes lèvres pour réprimer un sanglot qui me montait à la gorge.


Tata essaya de plaider ma cause : "Ce n'est pas si grave. Elle voulait juste aider sa soeur."
Maman n'était pas de cet avis : "Quand je lui demande justement de l'aider ou de la faire réciter, Christine rechigne. Là, c'était en douce, ce n'était rien d'autre que de la triche, et je ne peux pas l'admettre..."

Tata concéda que oui, mais demanda si c'était bien nécessaire de me punir sévérement.
Maman ne voulut rien savoir : "Laisse-moi faire à ma manière, s'il te plait. Christine a amplement mérité une bonne fessée. Elle a déjà eu de la chance d'y échapper ces derniers jours. Et celle-là, elle l'a bien cherchée et elle n'y coupera pas, crois moi..."

J'avais compris sans cela, et je pestais intérieurement d'entendre Maman développer le sujet.



 
Allongée sur une couverture, et prenant une pose d'angelot, Diane ne manquait rien de la scène, buvant les paroles de Maman, et me regardant grimacer. Elle devait bicher intérieurement... Nul ne penserait plus à la fessée qu'elle avait reçue récemment. L'actualité se focalisait à nouveau sur la grande soeur...
Un nouvel épisode des malheurs de Christine était en route. Chez les Spaak, c'était comme les titres du 20 h familial, c'était même le programme du soir...

Nous sommes restées jusqu'à 18 h au parc. En partageant vers 4 h et demi le goûter apporté par Maman. L'ambiance était plutôt joyeuse chez mes soeurs, l'appétit moindre en ce qui me concernait...

Et me voici donc en cette fin d'après-midi, suivant Maman sur le chemin de la maison...
Pour une fois, Aline et Diane n'avaient pas rechigné pour se mettre en route. Seule, j'avais tenté de prolonger la sortie, voire de vouloir rester avec Tata. Qui ne tente rien, n'a rien, dit-on, mais, la ficelle était évidemment trop grosse.

Les petites devant, qui rentraient en chantant, sautillantes et gaies, se donnaient la main, sagement et visiblement réunies, comme retrouvées dans une certaine complicité. Comme si elles avaient hâte d'être à la maison.

Quelques pas derrière, Maman marchait d'un pas décidé, sans courir, avec juste une allure déterminée, et des pensées qui devaient lui tourner dans la tête sur ce qu'elle avait à faire, du linge à étendre en passant par le dîner à finir de préparer, aux douches à faire prendre aux filles, et bien sûr aux comptes à régler avec Christine...

Cinq ou six pas derrière Maman, je suivais, sans vouloir me rapprocher, pour éviter qu'elle ne me parle, sans rester trop à la traine pour ne pas provoquer de courroux supplémentaire.

Si encore, Maman avait dit "On en reparlera à la maison" ! Si elle était restée dans le vague, dans le flou, mes pensées auraient bouillonné, cherchant à trouver la parade, l'excuse, l'explication, préparant ma plaidoirie...
Mais, la sentence était tombée sans équivoque aucune : "Christine a amplement mérité une bonne fessée. Elle a déjà eu de la chance d'y échapper ces derniers jours. Et celle-là, elle l'a bien cherchée et elle n'y coupera pas, crois moi..." Les mots de Maman à Tata tout à l'heure, je les avais en tête, je pouvais les réciter par coeur et ils ne me laissaient aucun espoir.

Bien sûr, j'aurais pu minimiser en me disant que je n'aurais jamais imaginé, le soir du bulletin et des deux volées, pouvoir passer près d'un mois ensuite sans la moindre fessée... Que cela aurait pu me consoler de me dire qu'Aline avait été servie plus qu'à son tour, et que même Diane n'y avait échappé...
Mais, cela ne me faisait que comprendre que cette fois, c'était la bonne...
J'en frémissais à l'avance, j'en avais les jambes flageolantes par moment, et des montées d'angoisse, de sanglots réprimés. Je savais que si les soirées sont souvent calmes et tranquilles en périodes de vacances, ce soir ne serait pas un soir comme les autres. J'en étais et j'en serais la vedette involontaire... Allez, Christine, marche, suis Maman... Allez, Christine, rentre à la maison où Maman va te donner la fessée...

A SUIVRE

mardi 22 novembre 2011

Chronique d'un redoublement : 11. Les signes avant-coureurs s'accumulent...

SUITE 10

"Maman, Maman, Christine m'embête." Depuis qu'elle avait reçu la fessée à son tour, Diane m'accusait de tous les maux. Il est vrai que nous avions, Aline et moi, ricané en douce et su lui faire comprendre que nous savions parfaitement ce qui lui était arrivé...
Alors, vexée, notre cadette cherchait à nous provoquer des ennuis...
Maman n'était pas complètement dupe et comprenait la manoeuvre, mais en même temps nous étions tentées de chercher à agacer Diane et ses accusations n'étaient pas toutes exagérées...

"Aline, Christine, ce n'est pas le moment de m'énerver, sinon cela pourrait aller mal pour vous deux aussi", avait d'abord lancé Maman.
Un peu plus tard dans la soirée, de nouvelles plaintes de Diane m'avaient valu une menace directe, malgré mes dénégations énergiques. "Christine, si tu étais dans ta chambre, Diane ne pourrait pas dire que tu l'embêtes. Alors, restes-y et ferme ta porte. Sinon, c'est toi qui va crier, mais pour une bonne raison cette fois".



Le ton maternel était plus que sérieux, et je me suis repliée dans ma chambre, agacée d'être ainsi consignée à cause des caprices de Diane, mais consciente qu'il valait mieux ne pas abuser de la situation...  Je comprenais bien que la chance avait été avec moi depuis le début des vacances et m'avait plus ou moins permis de "passer mon tour" en quelque sorte...
Chaque jour supplémentaire était un peu une victoire. Vacances aidant, les motifs de tension étaient déjà moindres, et puis comme l'attention de Maman se focalisait surtout sur cet objectif de remettre Aline à niveau, j'arrivais en faisant attention à ne pas provoquer l'irréparable. Même si chaque jour amenait son lot de petits indices rappelant que mon sort ne pourrait s'éterniser ainsi...
A bien faire ce qui m'était demandé, à éviter de répondre aux provocations de mes soeurs, à jouer profil bas, je désamorçais nombre de conflits, j'écartais des risques d'orage, mais il n'empêche que cette période était forcément émaillée de petites remarques, de griefs mineurs certes, sauf qu'ils s'accumulaient et que je n'étais pas à l'abri d'une goutte de trop qui ferait déborder le vase... qui justifierait une reprise en mains à la manière maternelle que je connaissais si bien...


"Maman, Maman, Christine lit au lieu de faire ses devoirs", une fois encore Diane avait joué les rapporteuses. Et, j'avais vu Maman débarquer dans ma chambre. Entre temps, j'avais réussi à planquer la bande dessinée que je lisais sous mon matelas et à me recomposer une image de fille studieuse. Au passage, Maman avait certes remis Diane à sa place, en lui disant que ce n'était pas à elle à faire la police dans cette maison.
Mais, Maman n'était pas dupe et se doutait que Diane n'avait pas inventé ce qu'elle avait dit...
Le contrôle de mon travail montra quand même que je savais ma leçon, et l'incident en resta là. Toutefois, Maman me toisant de haut, bras croisés, fut claire : "Ca passe pour cette fois, Christine, mais je t'ai à l'oeil, crois-moi. Tu as eu de la chance, ces derniers temps, mais je me méfierais à ta place. Ne cherche pas les ennuis, sinon tu vas les trouver, et plus vite que tu ne crois... Et, alors, gare à tes fesses, ma fille, gare à tes fesses..."






L'avertissement avait été sans équivoque et il confirmait mes craintes. La "chance" ne dure pas toujours, et j'avais des frissons en bas du dos en pensant que mon tour pourrait bien arriver...
De retour au salon, un peu plus tard, j'ai croisé le regard de Diane, qui était allongée sur le tapis. Elle avait un sourire moqueur qui en disait long. J'y lisais : "Gare à toi, grande soeur. Gare à tes fesses... On va bientôt t'entendre chanter une drôle de chanson..."
Mieux valait pour moi faire semblant de ne pas voir ses moqueries, d'éviter tout conflit... Mais, quelque chose me disait au fond de moi que Diane avait raison....

A SUIVRE

mardi 15 novembre 2011

Chronique d'un redoublement : 10. L'incroyable accalmie...

SUITE 9

Les jours passant, Diane en prenait à son aise. Dispensée de devoirs de vacances, elle profitait d'une liberté assez large et savait jouer les gentilles devant Maman.
Et, pour l'occuper pendant que nous faisions, Aline et moi, nos devoirs, notre petite soeur allait soit à la bibliothèque, soit chez des copines, soit surtout à la piscine.
Pour que nous puissions nous dépenser aussi, avant les deux semaines que nous irions passer à la mer en août, nous avions toutefois l'autorisation d'aller aussi à la piscine une à deux fois par semaine, quand les devoirs étaient bien faits.
C'était une sortie plus agréable que de passer l'après-midi devant des livres et cahiers, mais c'était aussi l'occasion de retrouver des camarades du collège et des connaissances. Je n'aimais donc guère ces retrouvailles, d'autant que Diane qui venait plus souvent que nous ne se privait pas de confier nos déboires à ses copines ou aux mamans qui lui demandaient pourquoi ses soeurs n'étaient pas là...



Je revois encore les regards insistants des enfants et de leurs accompagnants voyant certains jours les deux punies de la famille Spaak venir se baigner comme si de rien n'était, et se remémorant certainement les confidences de Diane à notre propos...


C'était idiot, mais à chaque regard insistant, je me demandais si mon maillot était bien ajusté, si je ne laissais pas apparaître un bout de mes fesses, et cela même si cela faisait maintenant bien des jours qu'elles n'avaient pas été rougies...
Aline était moins sensible à ces moqueries plus ou moins voyantes, mais elle avait moins honte que moi, le fait d'être plus jeune rendant son statut de punie plus acceptable, voire logique puisque son aînée était assujettie au même régime.
Toutefois, quand je sentais bien que les regards des enfants et des Mamans me scrutaient comme une bête curieuse, comme celle qui allait redoubler sa classe, comme celle qui causait bien des soucis à sa mère, je tentais de changer mes idées noires et je me consolais en remarquant que depuis la douloureuse soirée de l'arrivée du bulletin et du mensonge aggravant, je n'avais plus subi les foudres maternelles...
Aline, hélas, ne pouvait en dire autant. Et la troisième semaine de devoirs fut aussi ponctuée d'une nouvelle déculottée  pour un nouveau relâchement dans l'effort...



Je plaignais ma soeur, mais je constatais aussi que cela la remettait au travail assez efficacement. D'un autre côté, je tendais le dos, car cette série de fessées d'Aline me faisait craindre un mouvement de balancier inverse et à mon encontre donc...
Surtout que chaque fessée d'Aline était évidemment accompagnée de commentaires familiaux et que Maman insistait toujours en disant : "Attention Christine, ne te crois pas à l'abri... La prochaine pourrait être pour toi..."
Je le savais bien hélas, partagée entre une certaine satisfaction de voir que Maman prenait Aline pour cible, et le fait que chaque claque que recevait sa lune me rappelait que j'avais tout à craindre pour la mienne aussi...
Le samedi suivant, alors que nous étions dispensées de devoirs, Maman reçut la visite de la couturière qui ramenait des affaires qu'elle avait arrangées. Elle fit une séance d'essayage dans sa chambre, appelant Diane pour qui la couturière avait remis à sa taille des vêtements venant d'une grande cousine, ainsi que deux jupes que je ne mettais plus.
De nos chambres, nous entendîmes Maman hausser le ton, et discuter assez fort avec Diane. Elle faisait apparemment la tête ne voulant pas mettre des habits de récupération.
Ma discussion cessa quand Maman raccompagna la couturière à la porte. Mais elle rappela ensuite Diane, et l'on comprit que soeurette continuait à faire sa mauvaise tête et à refuser d'envisager de porter mes anciennes jupes.




Le ton monta et un bruit sec déclencha des pleurs. Diane venait de se prendre une gifle, et Maman ne s'arrêta pas là, puisque les supplications de notre petite soeur nous firent comprendre que la chouchoute allait pour une fois recevoir son dû.
Sortant de nos chambres à pas de loup, Aline et moi nous nous sommes retrouvées dans le couloir pour mieux guetter la scène. Hélas la porte de la chambre maternelle était fermée, mais les bruits ne trompaient pas nos oreilles averties...
J'ai osé jeté un oeil par le trou de la serrure. La vision était trouble et fugace, car je me suis vite dégagée. J'avais cependant aperçu Diane à genoux, retombant des cuisses maternelles et se frottant une paire de fesses bien dégagée... J'avais le coeur battant. J'ai confié à Aline : "Maman lui a baissé sa culotte".
Ma soeur eut un large sourire et nous repartimes vite fait dans nos chambres faire semblant de rien. Diane apparut penaude quelques minutes plus tard, avec un oeil noir qui semblait rageur. Mais, nous étions plutôt ravies, Aline et moi, que soeurette ait eu son caquet rabattu...
Paradoxe des paradoxes : c'était moi la redoublante qui passait entre les gouttes... Plus de trois semaines étaient passées sans que rougisse ma lune... 
Ce samedi, c'était la bonne élève, la chouchoute qui venait de recevoir la fessée. Mon autre soeur qui avait réussi à passer en classe supérieure, en était déjà à trois depuis le début des vacances... Jamais je n'aurais envisagé pareille accalmie, et je commençais à être fière de moi, et à croire que cela allait durer...

A SUIVRE

jeudi 10 novembre 2011

Chronique d'un redoublement : 9. Croiser les doigts ne suffit pas...

SUITE 8

Aline avait pris sa fessée en criant comme une écorchée vive. Autant j'essayais quand cela m'arrivait de ne pas amplifier mes cris, autant ma soeur jouait la comédie pour tenter d'attendrir la colère maternelle.
Etant une nouvelle fois aux premières loges, la démonstration m'impressionnait quand même, d'autant que les menaces de Maman me rappelaient que je n'étais pas à l'abri d'une pareille déconvenue, moi aussi.
Quand Maman en eut fini avec ma soeur, celle-ci resta dans la pièce, car ordre lui avait été donné de finir ses exercices sous peine d'un retour sur les genoux maternels. Et puis, Aline n'avait pas envie de quitter la pièce tant que Maman n'aurait pas vérifié mes devoirs, histoire de ne pas manquer une possible fessée de son ainée...
Maman regarda mes exercices avec l'oeil sombre, forçant certainement le jeu pour que je ne me sente pas rassurée et comprenne que ses menaces n'étaient pas en l'air...
Heureusement, tout était bon, du moins très correct et elle dût le reconnaître : "Bon, tu as de la chance, Christine. Et j'espère que tu continueras tes efforts, si tu ne veux pas subir le même sort que ta soeur..."
J'avais compris et poussai un gros soupir de soulagement quand Maman quitta la pièce. Elle allait chercher Diane à la piscine et me demanda de veiller à ce que ma soeur travaille durant ce temps.



Aline chignait et reniflait en se remettant à ses opérations de calcul. Autant j'étais en rage quand il arrivait que les petites se moquent de moi lorsque j'étais punie, autant dans ce climat où j'y avais échappé et où ma soeur avait pris pour son grade, j'avais comme de la compassion pour Aline.
Je tentai donc de la consoler et de sécher ses larmes. "Bouhouhou... J'ai mal, c'est pas juste...", se plaignait soeurette. Je la rassurai : "Allez, ne pleure plus. C'est fini. Ca va passer. Tu as reçu une bonne fessée, mais n'exagère pas. Je sais ce que c'est, moi..."
Mes mots l'apaisèrent. Aline savait bien en effet que je connaissais le sujet...
Et, comme j'avais pitié, j'aidai ma soeur à finir ses opérations. Je lui en laissai faire deux toute seule, ne voulant pas que Maman s'aperçoive du stratagème. J'avais eu raison car, en revenant elle vérifia son travail et comme il n'y avait que deux fautes, elle lui épargna une nouvelle fessée, dont j'imagine qu'elle ne l'aurait donnée que si Aline n'avait rien fait du tout durant son absence.



"C'est mieux, Aline. Tu vois que quand tu veux, tu réussis. C'est dommage qu'il ait fallu une fessée pour y parvenir", commenta Maman devant Diane qui s'enquit de ce qui s'était passé...
Maman dit simplement : "Ta soeur n'avait pas bien travaillé, et j'ai dû lui donner la bonne fessée déculottée qu'elle méritait..."
Diane avait les yeux qui pétillaient, mais devait presque regretter de ne pas avoir été dans les parages...


La semaine suivante, je continuai à veiller à bien faire mes devoirs. Il est vrai que c'était ceux de l'année écoulée et qu'il me restait de bonnes bases pour la plupart. Du côté d'Aline, c'était moins évident, car Maman tenait à ce qu'elle rattrape son retard et arrive à la rentrée au niveau souhaité.
La fessée du vendredi précédent avait été un coup de semonce, mais ma soeur n'en était pas devenue surdouée pour autant. Maman lui imposa donc une deuxième séance de travail dans la journée certains jours. J'avais alors droit d'aller jouer au jardin ou même d'aller à la piscine avec Diane.
Le mercredi, en revenant de nous baigner, nous trouvâmes Aline pleurnichant dans le canapé. Et Maman nous confirma ce que nous avions deviné : "Laissez votre soeur tranquille, Aline a encore reçu une bonne fessée pour lui apprendre à mieux travailler..."
Malgré une ou deux questions plus ou moins directes, nous n'en avons pas su davantage, mais la tête de ma soeur ne laissait guère de doute : cette fessée donnée seule à seule par Maman n'avait certainement pas été donnée autrement que déculottée...
Deux fessées pour moi le jour du bulletin, deux déculottées pour Aline pour devoirs de vacances bâclés, Diane ne se sentait plus et jouait les chouchoutes, les petites filles modèles, ce qui m'exaspérait autant qu'Aline.
Ce qu'elle aimait le plus, c'était lorsque Maman recevait des amies et que la conversation en venait aux nouvelles des enfants.



Lorsque c'était le cas, Maman en profitait pour nous donner des devoirs à Aline et moi pour que nous ne les dérangions pas, et Diane, elle, se plaisait à vouloir aider Maman, ou se mettait à lire sagement dans un coin du salon à portée d'oreille des bavardages de ces dames.

Et, bien sûr, Maman ne pouvait que soupirer sur la difficulté d'élever ses filles, expliquant que "Christine a perdu bêtement son année d'avance, en n'étant pas assez sérieuse en classe". Puis que, "en plus de l'ainée qui va redoubler, Aline, elle passe de justesse et va devoir travailler toutes les vacances pour bien démarrer en septembre".
Cela arrivait alors à Diane, "heureusement qu'avec la cadette, j'ai moins de mal, et qu'elle a de bons résultats".
Souvent, l'une de ces dames tentait de rassurer Maman avec des propos fatalistes, du style : "C'est ainsi, il y a de bonnes et de mauvaises années, on n'y peut pas toujours grand chose".
Ce que Maman réfutait avec énergie, en confiant que "les bonnes vieilles méthodes heureusement fonctionnent encore", et que "ce n'est pas toujours drôle, mais qu'il n'y a rien de telle qu'une bonne fessée pour remettre mes filles dans le droit chemin".
Ecoutant nous aussi la conversation, Aline et moi piquions du nez dans nos devoirs, alors que Diane arborait un petit sourire auto-satisfait...
Il était hélas bien rare qu'une de ces dames ne relance pas le débat en posant une question ou en allant dans le sens de Maman. Ou en feignant de la plaindre : "Ah, ma pauvre, ce ne doit pas être facile, mais si cela fait de l'effet, c'est l'essentiel".
Maman donnait alors parfois des exemples : "Regardez Aline, l'autre jour, elle me faisait des fautes à chaque multiplication. Je lui ai donné la fessée, et une heure après, elle avait presque tout bon..." Ma soeur avait rougi en écoutant cette confidence, et je m'apercevais que finalement l'aide que j'avais apportée en douce à Aline se trouvait conforter Maman dans ses théories...
"Et avec la grande, cela marche aussi bien ?", devait renchérir une autre dame du quartier, ce à quoi Maman répondit volontiers : "Ah, c'est évidemment moins facile avec Christine. Mon ainée me donne plus de fil à retordre. Elle est du genre à ruser et à tenter d'échapper à ce qu'elle mérite. Tenez, l'autre jour, elle m'avait fait croire qu'elle n'avait pas reçu son bulletin annonçant son redoublement. Ca a même failli marcher, d'ailleurs. Si je ne l'avais pas appris par Mme Aumont, la maman de Marion, Christine s'en tirait sans problème..."
La dame voulut savoir l'issue de l'histoire, et Maman le raconta volontiers : "Eh bien, ma grande qui avait reçu une déculottée magistrale pour son redoublement, n'était pas fière de se retrouver le même soir à nouveau sur mes genoux pour une fessée mémorable donnée devant ses petites soeurs. Et je peux vous dire que cela l'a calmée..."
Assise devant mes devoirs, j'avais les larmes qui perlaient dans mes yeux et je cachais autant que possible mon trouble.
Et comme ses amies la félicitaient, Maman précisa : "Bien sûr, je me dis que si j'avais été encore plus derrière elle durant l'année, nous aurions peut-être pu éviter de perdre une année, mais elle sait à quoi s'en tenir pour l'an prochain. Et d'ailleurs depuis ce fameux soir, Christine s'est bien assagie et fait ses devoirs avec application. Comme quoi, la leçon doit porter ses fruits..."
Autrement dit, là encore, mon attitude était comme une justification de l'efficacité des méthodes maternelles. Elle avait ajouté toutefois : "Mais, je me doute bien que cela ne durera pas des lustres... Au moins, Christine sait-elle que je ne lui passerai rien, et que le moment venu, elle pourra préparer ses fesses..."
Dans mon coin, je croisais les doigts pour conjurer le sort, mais croiser les doigts ne suffit pas toujours...

A SUIVRE 

Chronique d'un redoublement : 8. Des vacances bienvenues quand même...

SUITE 7

La fessée reçue par Aline, à l'avant-veille des vacances, m'avait à la fois donné du baume au coeur et inquiété... Aline déculottée devant moi, cela montrait que je n'étais pas la seule à mériter la foudre maternelle. Cela donnait aussi une autre référence dans les conversations. Ma double volée n'était pas le dernier exemple à citer.
En même temps, cette réaction maternelle qui, à deux jours des vacances, flanquait une fessée à Aline pour une poésie non apprise, cela me montrait la détermination maternelle. Comme elle n'avait pas hésité pour mon mensonge de me corriger à nouveau le même soir qu'une première déculottée mémorable, l'épisode Aline donnait le ton de ce qui nous attendait. Maman était bien décidée à être intraitable, vexée de mon échec d'une part, et fatiguée de voir Aline demeurer toujours à la limite des mauvais résultats.



J'avoue que j'ai mal vécu les dernières 48 heures de cette année scolaire. Le fait d'être encore avec mes camarades, en sachant que j'étais l'une des trois élèves qui ne passerait pas en classe supérieure me rendait grognonne. J'avais beau jouer la blasée, j'assumais difficilement ce coup de massue, surtout que, même si j'avais leur âge, j'allais me retrouver avec les Sixième de cette année, les filles dont on s'était souvent moqué en les snobant du haut de notre statut de "grandes" de Cinquième. Encore heureux que, durant ces deux derniers jours, aucune copine n'ait eu vent, de par des confidences de mères ou de ce que mes frangines auraient pu dire à des soeurs de filles de ma classe, de ce que m'avait valu cette décision de redoublement...



C'est donc soulagée que je quittai le collège le dernier soir, ramenant mes cahiers et livres, ainsi que mes devoirs de l'année, ceux-là même que Maman était décidée à me faire refaire durant ces vacances...
Comme nous ne partions à la mer que deux semaines en août, le mois de juillet allait être mis à profit pour faire des devoirs à un rythme soutenu.
D'un côté, je n'étais pas si fâchée de devoir rester à la maison, n'ayant pas trop envie de fréquenter des copines qui allaient se retrouver dans une classe supérieure. Et puis, il faut bien dire que si Aline avait un programme pénible pour elle, car son retard était manifeste, le fait pour moi d'avoir à réviser les cours de l'année était plus facile. C'est donc ma soeur qui mobilisait les énergies de Maman plus que moi. Dès l'instant où j'avais compris qu'il fallait réviser tranquillement sans se moquer du monde, je savais que Maman serait moins sur mon dos.



La première semaine se passa sans heurt, et si je n'appréciais guère de devoir travailler tous les jours, sauf le dimanche, je faisais montre de bonne volonté, n'ayant pas envie de défier l'autorité maternelle.
C'est le vendredi de la deuxième semaine de vacances qu'eut lieu le premier orage. Connaissant Maman parfaitement, surtout dans ce domaine-là, je sentais bien qu'elle allait vouloir remettre les pendules à l'heure, et les remarques persistantes faites à Aline accusée de ne pas faire assez d'efforts commençaient à s'accumuler...
Nous ayant donné des exercices à faire de 15 à 16 h, Maman qui avait laissé Diane aller à la piscine pendant que nous travaillons, contrôla notre travail à l'heure dite. Je m'étais appliquée, comprenant que la météo était à l'orage, mais Aline, elle, très en froid avec le calcul, n'avait fait que la moitié des opérations, et encore avec quelques grosses fautes...

Il n'en fallait pas plus pour provoquer la foudre maternelle. "J'en ai assez, Aline... Si tu ne veux pas comprendre, je vais employer un moyen plus radical... J'ai été assez patiente ces derniers jours, et je crois qu'une bonne fessée va te faire le plus grand bien...", lança-t-elle en mettant sa menace à exécution sur le champ...
Basculée en travers des genoux de Maman, Aline eut beau piailler avant même d'avoir pris la première claque, elle se retrouva pantalon de jogging et culotte baissés pour une fessée magistrale, claquante et rougissante à souhait.
J'étais cette fois encore en première ligne, et même la seule témoin en l'absence de Diane, et je n'en manquai pas une miette, avec comme toujours cette drôle de sensation qui me faisait à la fois plaindre ma soeur et ressentir une espèce de demi-joie d'être du bon côté de la scène...
Maman tout en achevant et peaufinant cette claquée de la lune de soeurette, me lança un regard noir en forme de défi : "Quant à toi, Christine, j'espère que tu as réussi tes exercices, sinon tu peux aussi préparer tes fesses, ma grande..."
J'avais beau être assez sûre de mon travail, j'assistai à la fin de la fessée d'Aline avec un sentiment moins rassuré... Ces genoux où était étalée ma soeur, cette main de Maman qui claquait de bon coeur une lune rougissante, j'avais conscience que cela pourrait bientôt être mon tour de les retrouver...


A SUIVRE