SUITE 15
Effectivement, comme le suppose justement Dominique, dans son commentaire au précédent texte, les jours suivants furent l'occasion d'évocations de mes malheurs postérieurs, notamment à Tata qui passa le lendemain. La culotte jaune qui trônait dans le salon attirait l'oeil et, même entre nous, que ce soit mes soeurs, Maman ou moi, les regards que nous y posions ramenaient automatiquement à la scène de ma fessée. Il n'y avait même pas besoin de mots : un petit regard en douce de Diane, ou un petit geste du doigt pour désigner le vêtement décousu, et j'avais l'impression que toute la scène re-défilait dans nos têtes.
Ce n'est donc que trois jours plus tard que Maman se mit à faire de la couture. C'était un soir où nous étions tous au salon, et elle raccommoda avec patience et application la couture qui avait lâché, pendant que nous regardions avec mes soeurs un film à la télévision.
Quand l'émission fut terminée, elle donna à Aline les deux chemisiers dont elle avait dû recoudre un bouton, et lui demanda de les ranger dans le placard de leur chambre.
Elle fit de même pour moi avec la culotte jaune, en disant : "Tiens, Christine, j'ai recousu ta culotte. Tu peux la ranger dans le tiroir de ta commode. Et j'espère que cela ne se reproduira pas. La prochaine fois que je te donnerai la fessée, je ne te conseille pas d'essayer de m'empêcher de baisser ta culotte, sinon tes fesses le regretteront, tu peux me croire..."
Quand l'émission fut terminée, elle donna à Aline les deux chemisiers dont elle avait dû recoudre un bouton, et lui demanda de les ranger dans le placard de leur chambre.
Elle fit de même pour moi avec la culotte jaune, en disant : "Tiens, Christine, j'ai recousu ta culotte. Tu peux la ranger dans le tiroir de ta commode. Et j'espère que cela ne se reproduira pas. La prochaine fois que je te donnerai la fessée, je ne te conseille pas d'essayer de m'empêcher de baisser ta culotte, sinon tes fesses le regretteront, tu peux me croire..."
Je suis remontée ranger la culotte et me mettre au lit avec un sentiment de honte et en même temps des images angoissantes dans la tête...
Maman avait bien dit : "La prochaine fois que je te donnerai la fessée", avec une forme affirmative, sans le moindre conditionnel... Et cela me perturbait profondément. Ce n'était pas : "Si tu n'es pas sage", ce n'était pas : "J'espère que tu ne recommenceras pas", ni une phrase comme : "Et que je ne t'y reprenne pas, sinon..."
Il n'y avait pas le moindre "sinon", pas d'hypothèse, pas même de "si", au contraire, la phrase était affirmative, édictée comme une évidence. C'était "la prochaine fois que je te donnerai la fessée", et donc une évidence, comme si cela tombait sous le sens. Je venais, trois jours avant, de recevoir une bonne volée, et déjà le langage maternel n'en retenait plus que le petit incident technique d'une couture qui avait lâché, pour se projeter dans l'avenir.
J'avais l'impression que Maman me disait : "Ma chérie, tu as reçu une bonne fessée, mais c'est dommage qu'il y ait eu cet incident. Tu verras, la prochaine sera encore plus réussie..."
Alors que, paradoxalement, trois jours auparavant, je m'étais endormie plutôt aisément et j'avais fait une nuit pleine, ce soir-là, je me suis tournée et retournée dans mon lit, en faisant de drôles de cauchemars éveillés.
Les phrases de Maman me revenaient sans cesse, me ramenant à mon triste sort d'ainée jouant les demoiselles, quand tout allait bien, mais pas encore assez grande, ni raisonnable pour imaginer ne plus encourir de punitions enfantines.
En réfléchissant calmement, j'arrivais à comprendre, je me doutais bien que j'y passerais encore, mais la formule maternelle affirmative avait été un choc. Elle semblait déjà tracer mon destin et me faisait prendre conscience que prochainement m'attendait une fessée, ma fessée, la prochaine, et qu'elle serait déculottée...
Le lendemain matin, à côté de mon lit, quand je suis remontée du petit-déjeuner, Maman avait préparé les affaires à mettre, comme chaque jour. Elle avait sorti un chemisier, une petite robe d'été, et la culotte jaune, certainement parce que c'était la première sur la pile où je l'avais rangée la veille au soir.
Il n'y avait certainement pas malice en la matière, mais en la voyant, j'ai frissonné. A contre coeur, je l'ai enfilée. Je me sentais toute chose. Je me suis mise devant ma glace et j'ai remonté ma robe, vérifiant que la couture sur le côté était bien recousue. Le miroir me renvoyait l'image d'une culotte bien protectrice, mais elle était associée à ma dernière fessée, celle où je n'avais pas réussi à la faire garder en place...
J'aimais ces culottes bien couvrantes, je m'y sentais comme à l'abri, mais elle, cette jaune raccommodée me faisait revivre la sensation de son glissement vers le bas, avant la dégelée maternelle magistrale...
Et puis, c'est à cause de cette culotte recousue que Maman m'avait plongée dans l'angoisse, me parlant déjà de ma prochaine fessée...
Oui, c'est idiot peut-être de réagir ainsi. Il est évident qu'une gamine ayant le défaut de mentir à tout bout de champ, et qui va être obligée de redoubler malgré une année déjà riche en fessées maternelles, ne peut croire qu'elle n'aura plus à venir sur les genoux de sa mère.
Mais, lorsque l'on vient, trois jours avant, de prendre une tannée mémorable, c'est dur d'accepter que la suivante, et combien d'autres, vous attendent...
J'avais envie de changer de culotte, d'en mettre une autre, d'aller cacher celle-là comme si elle était un objet porte-malheur, mais je craignais que Maman ne s'en aperçoive et devine mon trouble.
Je l'ai donc gardée, tout en y pensant tout au long de la journée. Je me suis même tenue à carreau, beaucoup plus que d'habitude, ne voulant pas risquer, ne serait-ce qu'une menace, qu'une allusion. Maman a dû penser que décidément sa bonne fessée m'avait bien calmée.
C'est vrai que nous partions le surlendemain pour deux semaines à la mer, et que j'avais envie que ces vacances soient le plus calme possible, du moins pour mon bas du dos, qui s'inquiétait surtout pour la rentrée de septembre.
Et effectivement, Christine fut exemplaire, pour le plus grand plaisir de Maman, dont sans le savoir, je justifiais le bien-fondé des méthodes. J'avais toujours en tête la phrase qui m'angoissait : "La prochaine fois que je te donnerai la fessée, Christine..."
Mais j'avais l'ambition d'en retarder l'inéluctable échéance...
A SUIVRE