mardi 30 mars 2010

Mes soeurs aussi (Suite 7) : la roue tourne...

Plus d'un mois sans la moindre gifle ni fessée, et la chance qui continue à me sourire, comme l'autre soir où j'ai échappé de peu à une tannée qui n'aurait pas été volée. Je me sens invulnérable et les ennuis à répétition de mes soeurs me mettent dans une certaine euphorie. Je me sens la grande, quasiment l'intouchable.
J'ai quand même fait ce qu'il fallait pour travailler correctement, pour ne pas me laisser aller et les résultats sont des plus corrects.
Bref, je commence à me dire que le beau temps peut durer et, même si les rappels à l'ordre de Maman devraient me faire me méfier, ma tendance naturelle à jouer avec les limites, à ne pas poursuivre plus qu'il ne le faut les efforts, me titille à nouveau.
J'essaie d'être plus calme en cours, mais ma réputation me joue des tours. Comme cet après-midi, où je n'étais pas passionnée par le cours d'histoire. Il faut dire que ma voisine Anne avait pas mal de choses à raconter et nous chuchotions en douce dès que la prof avait le dos tourné.
D'un seul coup, elle nous fit face et lança : "Anne et Christine, vous me copierez cent fois : je ne dois pas bavarder en classe. Pour demain matin, signé des parents bien sûr..."
Patatras ! Ce n'est pas possible. Je proteste : "Non, Madame, s'il vous plait, pas ça. Je ne bavardais pas, je ne faisais qu'écouter."
Mais sa décision était prise et irrévocable : "Christine, arrêtez de vous faire passer pour une sainte. Ce n'est pas la première fois que je vous rappelle à l'ordre. Vous avez de la chance que je ne vous donne pas quatre heures de colle".

"Non, Madame, s'il vous plait, pas ça"


L'argument de la prof était imparable. Mais je me demandais si je n'aurais pas préféré des heures de colle. Cela aurait été pour la semaine prochaine, Maman aurait reçu l'avis du collège seulement mercredi prochain. J'aurais eu le temps de chercher une parade.
Là, il y avait cent lignes à faire. Dès ce soir, et à faire signer... Je comprenais d'un coup que la roue avait tourné...
J'ai terminé l'après-midi de cours dans un nuage. Je ne parlais plus à mes copines, et je ne pensais qu'à une chose... Comment faire avaler ça à Maman ? Et, ses mots de l'autre soir tournaient à nouveau en boucle dans ma tête : "Christine, à la prochaine bêtise, on remettra les pendules à l'heure, ma fille... Je serais à ta place, je me tiendrais à carreau, ou alors, je préparerais mes fesses..."
Comment imaginer qu'il en serait autrement ? Le bavardage en classe, jamais Maman ne l'admettrait... Et que dire ? Que faire ? Moi qui étais si inventive d'habitude, je ne trouvais rien. J'avais le sentiment que c'était perdu d'avance...
Et pour la première fois depuis très longtemps, je suis rentrée à la maison, sans la moindre illusion, me disant que je n'y échapperais pas...
  

"J'ai éclaté en sanglots dès sa première question"

En me voyant dire bonsoir du bout des lèvres, éviter son regard, Maman a tout de suite senti que quelque chose n'allait pas. "Tu en fais une tête, Christine. Comme je te connais, il y a quelque chose qui ne va pas. Je crains le pire. Mieux vaudrait m'en parler tout de suite si c'est une mauvaise nouvelle..."
Les autres jours, j'aurais dit "Non, non, Maman". J'aurais fui les questions et tenté de gagner du temps pour préparer ma défense. Là, j'en avais trop gros sur le coeur et j'ai éclaté en sanglots... "Maman, Maman, euh, c'est la prof d'histoire. Euh, elle, euh, elle a donné une punition à ma voisine et à moi".
Maman sursaute et soupire : "Ah, c'était trop beau, je me doutais bien que cela ne durerait pas.... Quelle punition donc ? Allez, dis-le."
Je sanglote encore et raconte en chargeant ma voisine. "C'est Anne qui me causait, M'man, je t'assure. Faut qu'on fasse cent lignes de "je ne dois pas bavarder en classe" que tu dois signer".
Maman rectifie : "Christine, il faut être deux pour bavarder. Je ne veux pas savoir qui causait le plus. Tu es punie et c'est tout ce qui compte. Et cela ne va pas se passer comme ça, tu sais. Tu sais ce que je t'ai promis si tu refaisais des tiennes. Je peux te dire que cette fois, il n'y aura pas coup de téléphone de Tata ou de je ne sais quoi pour m'empêcher de m'occuper de toi..."
Je suppliai : "Non, Maman, je t'en prie, je suis déjà punie avec mes cent lignes. Non, s'il te plait..."
J'aurais voulu palabrer mais je savais que ce serait en vain, d'autant qu'Ailne et Diane qui prenaient leur goûter ne manquaient rien de la scène et que je ne voulais pas que Maman en dise trop, une promesse faite devant elles devenant encore plus gênante pour moi...
"Allez, va faire tes devoirs et tes cent lignes. On reparlera de tout cela plus tard. Mais, je peux te dire, ma chérie, que tu peux préparer tes fesses..."
C'était dit et je sentais bien que cette fois, je ne passerais pas à côté de l'orage...
Je suis montée dans ma chambre en pleurnichant et j'ai relu ma leçon d'anglais puis me suis mise à faire les cent lignes. C'était long et fastidieux et je faisais les lignes en colonnes, en écrivant sur toutes les lignes d'une page, "je, je, je", puis "ne, ne,ne, ne", etc. etc.
Il allait falloir quatre feuilles pour faire les cent.
J'en avais écrit les trois quarts quand Maman vint me voir après avoir regardé les devoirs de mes soeurs.
"Tu n'as pas encore fini. Applique-toi, Christine, car si il y a des ratures, je te fais recommencer. Et puis, tu descendras me faire signer ta punition. Je t'attends dans le salon pour qu'on parle... Je dois aller après le dîner à la réunion des parents d'élèves de l'école de tes soeurs. Mais, il n'est que 6 h et quart, on a bien le temps de régler nos petits comptes...", dit-elle avant de me laisser à mon pensum...
"Régler nos petits comptes avant le dîner", je ne m'y attendais guère. Je pensais plutôt que Maman "s'occuperait" de moi au coucher, comme souvent...
Hélas, je n'étais pas en position de discuter du programme... Je ne voyais qu'une chose, j'étais bonne pour une fessée et cela tambourinait dans ma tête....
"Christine, cela ne sert à rien de faire trainer les choses", lança Maman au bout de dix minutes... J'avais effectivement fini, mais je tardais à descendre, imaginant que j'allais marcher vers la fin de ma tranquillité...

"Christine, je t'ai assez prévenue..."

Je trainais les pieds en descendant les escaliers et j'avais les yeux humides en arrivant au salon. Je tendis les feuilles à Maman qui remarqua quelques ratures, mais signa quand même... Elle avait l'index pointé sur moi et me demandait de venir à ses côtés. Je baissais la tête et je plaquais mes mains sur ma jupe comme pour me défendre déjà. Je suppliai : "Maman, je t'en prie, je serai sage, je ne bavarderai plus, je ramènerai des bonnes notes. S'il te plait, non, pas la fessée..."
Elle eut un demi-sourire car j'avais prononcé le mot tant haï la première : "Christine, on ne va pas palabrer des heures. Tu vois bien que tu sais ce qui t'attend. C'est toi même qui le dis... Je t'ai assez prévenue. J'ai même laissé passer bien des bêtises et tu as eu bien de la chance de ne pas en recevoir ces derniers jours. Mais, cette fois, c'en est trop. Tu recommences à te faire remarquer au collège et il n'est pas question que je te laisse reprendre les mauvaises habitudes. Avec toi, il faut sévir sans attendre. Allez, viens ici, que je te donne la fessée que tu mérites plutôt dix fois qu'une".

"Comme pétrifiée, je me laissai allonger en position" 

Je ne savais que dire doucement : "Non, Maman, non", et je me laissai attraper par le bras et tirer en travers de ses cuisses en position. J'étais comme pétrifiée. Je ne me débattai même pas vraiment. Dans ma tête, chaque jour, depuis plus d'un mois, je pensais à ce moment, je savais qu'il viendrait, j'en faisais des cauchemars à la moindre menace, mais là, j'avais l'impression que j'étais spectatrice de mon destin, qu'il était écrit et que je n'avais qu'à préparer mes fesses...

(A SUIVRE)

Mes soeurs aussi (Suite 6) : Un sursis inespéré...


Je repensais à ce que j'avais évité de justesse...


Ma nuit avait été un peu agitée... Je m'étais réveillée deux ou trois fois, en ayant du mal à me rendormir. Je repensais à la scène de mon coucher, à cette interruption inopinée qui avait fait changer d'attitude Maman alors qu'elle était bien décidée à s'occuper sérieusement de mon cas...
Je me répétais ses mots quand elle était venue me dire bonsoir : 
"Je suis bien gentille de ne pas te flanquer la bonne fessée que tu avais largement méritée ce soir... Cela fait un petit bout de temps que tu y échappes, mais crois-moi cela ne durera pas... Tu m'entends, Christine, tu m'entends ?"

Non seulement, je l'entendais, hier soir, mais je croyais l'entendre encore en plein milieu de la nuit me dire et me redire encore : "Ne te crois surtout pas à l'abri, Christine... A la prochaine bêtise, on remettra les pendules à l'heure ma fille. Je serais à ta place, je me tiendrais à carreau, ou alors, je préparerais mes fesses, parce qu'avec ce que tu m'as fait subir cet après-midi et ce soir, la prochaine déculottée, tu n'es pas près de l'oublier..."


Et puis je m'étais quand même endormie, et réveillée d'une humeur plutôt philosophe...
Après tout, l'essentiel était d'y avoir échappé et je me rassurais en me palpant le fond de pantalon de pyjama, avec cette sensation d'être comme fière de moi... Je me disais dans mon for intérieur : "Encore un jour de plus sans fessée... J'ai eu chaud mais je m'en suis sortie, chic alors..."
Je pensais aussi avec délice à la tête des petites qui étaient persuadées que la grande soeur allait prendre son tour et qui avaient même osé se moquer de moi effrontément, sûres de leur fait...
J'étais ravie de les décevoir et si j'avais eu leur culot, je serais allée dans leur chambre pour leur montrer un instant mes fesses blanches et leur faire un pied de nez...
Mais, j'étais trop pudique et pas assez brave pour tenter cette provocation qui aurait risqué de me coûter cher au final...
En tout cas, j'étais soulagée, et j'en aurais remercié publiquement ma tante Jacqueline d'avoir donné ce coup de fil impromptu mais qui m'a épargné une déculottée imminente...

11,5 en géo, j'étais fière, mais Maman moins...

La journée au collège s'est déroulée sans anicroche. J'ai même récolté un 11,5 sur 20 e géographie et j'étais toute contente de ramener cette note à Maman le soir même. Une bonne nouvelle après un jour de tension, cela allait encore détendre l'atmosphère et je me voyais repartie vers une prolongation de mon sursis "postérieur" si j'ose dire...
Je m'attendais à être félicitée, d'autant que la précédente avait été un 7 sur 20 bien insuffisant, mais cette note de géographie n'a pas enthousiasmé Maman. 
"Oui, c'est mieux, Christine, et j'apprécie que ta moyenne remonte. Mais, 11,5 en géographie, ce n'est pas glorieux. Ce n'est pas comme en français ou en maths. En géo, où tu sais ta leçon ou tu ne la sais pas. 11,5 ça veut quand même dire que tu n'as bien répondu qu'à un peu plus de la moitié des questions... Je ne vais pas te gronder pour ça, mais j'espère que tu décrocheras encore mieux la prochaine fois". 
J'avais moins fait d'effet que je ne l'imaginais, mais je sortais un peu du collimateur maternel et j'ai pu être tranquille toute la soirée. En montrant bien sûr que je m'appliquais à faire mes devoirs, pour éviter que Maman ne se ré-intéresse à mon cas...
En me couchant, après cette journée de total sursis, où pas la moindre menace n'était venue troubler ma tranquillité, j'étais guillerette et me mettais, comme Perrette, à imaginer veau, vaches, cochons, couvées, et un avenir sans fessée...
Surtout qu'au moment de nous mettre au lit, Aline et Diane se sont chamaillées en se coursant dans le couloir. Maman a fait irruption pour les séparer. Aline a récolté une gifle à la volée, et Diane qui tentait de rejoindre leur chambre, a reçu au passage une magistrale claque destinée à ses fesses, mais qui a atteint le haut de ses cuisses avec un bruit mat que, très égoïstement, je me serais bien repassé en boucles dans ma petite tête...
Aline reniflait en filant au lit et Diane, comédienne, avait émis un cri énorme et éclatait en sanglots pour une seule claque, mais une bonne...
L'avertissement avait suffit à ramener le calme et mes soeurs ne dirent plus un mot, ce qui fit que Maman en resta là et leur dit bonsoir sans en rajouter... Un moment, j'avais presque espéré qu'une ou l'autre se retrouverait sur les genoux maternels, mais mieux valait peut-être qu'il n'y ait pas eu de fessée ce jour-là. Mieux valait que je ne sois pas trop exigeante avec mon destin qui m'accordait encore une prolongation inespérée de cette période de sérénité...
J'en arrivais à nouveau à croire que cela durerait et durerait et durerait... Mais je ne savais pas de quoi demain était fait.... 
"Fait" du verbe "faire" qui commence par un "F"... 
Comme...


(A SUIVRE)

mardi 23 mars 2010

Mes soeurs aussi (Suite 5) : Je crois que la chance a tourné...

Mouchée par les promesses maternelles non équivoque, je suis devenue silencieuse et j'ai attendu sagement que les petites aient fini de jouer, avant que nous rentrions à la maison. Je marchais la tête basse, cherchant à éviter les regards de mes soeurs.
Elles avaient bien compris que Maman m'avait menacée d'une fessée au retour à la maison, si je continuais à faire la forte tête. Et, comme elles avaient joué pendant que nous les attendions, elles se demandaient bien quelle était désormais la situation. Avec le secret espoir que Maman soit encore assez fâchée pour mettre sa menace à exécution au retour...
D'autant que comme je faisais grise mine, Aline et Diane se doutaient bien que j'étais dans mes petits souliers...
"Ce n'est pas le moment de m'énerver davantage", avait répondu Maman à Diane qui posait une question anodine en demandant si elle pourrait jouer avant le diner.
Le ton de Maman n'était pas rassurant, et instinctivement, en marchant, j'avais posé les mains sur le fond de ma jupe, comme si je voulais me protéger...


J'avais eu comme un réflexe protecteur
 

Aussitôt à la maison, Maman ordonna aux petites d'aller prendre leur douche et à moi de l'aider à mettre la table. J'obéissais sans rechigner, et je pense que Maman devait se dire que ses menaces avaient du bon, et que mon changement d'attitude traduisait mon angoisse...
Autant donc en profiter pour bien montrer qu'elle ne plaisantait pas... Ainsi, durant le diner, quelques allusions à ce qui aurait pu m'arriver si j'avais continué à chigner dans le parc, ponctuèrent la conversation quand les petites au contraire remerciaient Maman de ce bel après-midi. Il en ressortait que c'étaient elles les gentilles de la journée et moi la grognonne. On sentait bien que le vent avait tourné et que l'orage prochain risquait de changer de cibles...


Je ne trainai pas dans la douche

 Le dessert avalé, les petites eurent l'autorisation d'aller jouer dans leur chambre et je fus envoyée prendre ma douche. Aline et Diane étaient aux aguets et je sentais bien qu'elles avaient envie d'embêter leur soeur, de trouver un moyen de m'énerver, de pousser leur avantage en douce...
Je ne trainai donc pas dans la douche. Je n'aimais pas devoir la prendre sans fermer le loquet, car Maman l'interdisait pour éviter je ne sais quoi. Ou mieux nous surveiller. Mais, c'est de mes soeurs que je voulais me protéger surtout...
Pour guetter si elles n'ouvraient pas la porte, j'avais mal fermé le rideau de douche, ce qui mit de l'eau partout sur le carrelage.
Voyant cela, je me séchai très vite et enfilai mon pyjama. Puis, je pris l'éponge et me mis à essuyer à genoux.
"Maman, Christine a mis de l'eau partout", lançait déjà Aline qui me découvrit ainsi à quatre pattes, épongeant en reculant vers le couloir...
J'épongeais en vitesse

Maman qui montait ranger du linge me découvrit à quatre pattes... 
"Mais, ce n'est pas possible, Christine. Tu les accumules... Je t'ai dit combien de fois de faire attention... Tu as intérêt à bien éponger, parce que ça va barder, je te le dis... Ah, vraiment, tu cherches les ennuis, ma fille. Tu vas voir quand je vais m'occuper de tes fesses, ce sera bien mérité...", lança-t-elle avant de redescendre avec notre linge sale pour faire une nouvelle tournée de machine à laver.
J'avais le coeur qui battait et je continuais ce fastidieux travail, avec encore une large flaque à faire disparaitre avec une petite éponge toute simple...
Maman étant en bas, mes soeurs en profitèrent pour pointer le bout de leur nez dans la salle de bains... Elles se moquèrent de moi, reprenant un de leur jeu favori, qu'elle n'avait pas eu l'occasion de jouer depuis un bon mois....
"Tu vas être punie, tralala", chantonnait Aline. Et, Diane se plaçant derrière sa soeur lui tapota le fond du short, en répétant tout sourire : "Maman va te donner la fessée, c'est bien fait... Christine va avoir la fessée, elle l'a bien méritée, hé, hé, hé..."


 Diane riait en lui tapotant le fond du short


Au point où j'en étais j'avais envie de leur flanquer des gifles et je me relevai furibonde, mais elles filèrent en riant aux éclats... 
Je repris mon travail de nettoyage, furieuse à l'intérieur de revoir mes soeurs se moquer de moi, mais je savais bien aussi qu'hélas leur petit jeu était bien souvent le reflet d'une réalité, le prologue à une concrétisation de leurs funestes pronostics...
Je m'appliquai doublement et la salle de bains était nickel quand j'ai reposé l'éponge sur le côté du lavabo.
Les petites étaient sagement dans leur lit où elles avaient plongé dès que Maman était remontée de la buanderie. Elles jouaient les petites filles modèles et j'enrageais que Maman tombe dans leur piège...
Je pris le temps de me laver les mains, de me les sécher, avant de m'avancer vers ma chambre où Maman venait d'entrer pour préparer mes affaires du lendemain...
J'avais la trouille de me retrouver face à face avec elle après ma nouvelle bêtise...

Je me sentais si vulnérable...
 

J'étais en tenue de nuit et je me sentais si vulnérable... L'ambiance me semblait électrique et le silence total des petites à côté, qui ne papotaient même plus alors que Maman n'avait pas encore éteint leur lumière, me faisait revenir des angoisses. J'avais l'impression que je marchais directement vers les genoux maternels...
D'autant que Maman me voyait arriver et me dévisageait en se tenant les poings sur les hanches, comme pour me dire : "Ah te voilà, je vais m'occuper de ton cas..."
Je devais être toute tremblante, et j'implorai : "Pardonne-moi, Maman, je ne le ferai plus, j'ai tout nettoyé, tu peux aller voir... Je te promets, je ferai attention".
Maman avait l'oeil noir, le regard sévère et rétorqua : "J'espère bien que tu ne recommenceras pas. A ton âge, on peut faire attention quand même. Il y a des moments j'ai l'impression que tu es encore plus gamine que tes soeurs. J'en ai assez. C'est comme tout à l'heure au parc... Mademoiselle fait des caprices, joue l'égoïste. Ah, cela ne va pas se passer comme ça... Je vais te rappeler les bonnes manières, moi..."
Je connais le discours et j'en redoute l'issue. C'est sûr, Diane avait raison : je la vois venir la fessée, ma fessée...
Mais, à ce moment précis, le téléphone sonne... Maman me laisse en plan et va décrocher. C'est sa soeur Jacqueline qui veut lui parler de son rendez-vous avec le médecin. J'entends de loin Maman qui raconte que je lui fais des misères, avant que Jacqueline ne re-monopolise la conversation.
Profitant de l'intermède, je me couche et plonge sous les couvertures, en croisant les doigts...


Je suis au bord des larmes
 

La conversation s'est prolongée une dizaine de minutes, et je retiens ma respiration quand j'entends Maman monter à nouveau... Au lieu de revenir directement, elle passe éteindre chez les petites et leur souhaiter "Bonne nuit".
Puis, elle vient dans ma chambre, esquissant un demi-sourire en me voyant recroquevillée sous les couvertures. Elle s'assied au bord du lit, sa voix n'est plus en colère, mais garde un ton déterminé...
"Ah, Christine, tu l'as echappée belle... Mais, tu ne perds rien pour attendre, ma fille. Allez, je vais te laisser dormir. Il y a école demain..."dit-elle en me souhaitant bonne nuit. Je la serrai dans mes bras : "Merci Maman, je te promets, je serai sage, c'est promis, je t'assure..."
Elle éteint ma lampe de chevet et avant de se relever, elle ajouta calmement : "Tu as intérêt, Christine... Parce que je suis bien gentille de ne pas te flanquer la bonne fessée que tu avais largement méritée ce soir... Cela fait un petit bout de temps que tu y échappes, mais crois-moi cela ne durera pas... Tu m'entends, Christine, tu m'entends ?"
Dans la pénombre, je réponds : "Oui, Maman, oui, je sais, je sais, j'ai compris"...
Et elle d'enchainer : "Ne te crois surtout pas à l'abri, Christine... Je saurai me rattraper s'il le faut... La prochaine remarque que j'ai à te faire, la prochaine bêtise, et on remettra les pendules à l'heure ma fille. Tu vois, je serais à ta place, je me tiendrais à carreau, ou alors, je préparerais mes fesses, parce qu'avec ce que tu m'as fait subir cet après-midi et ce soir, la prochaine déculottée, tu n'es pas prête de l'oublier..."
Elle sortit enfin. J'avais ses mots qui résonnaient dans ma tête. Oui, j'avais encore passé un jour sans fessée, mais j'avais déjà l'impression de me voir très bientôt sur ses genoux, les fesses à l'air... J'allais en cauchemarder toute la nuit...

(A SUIVRE)

Mes soeurs aussi (Suite 4) : La tension monte, mon moral baisse...

 Deux jours de plus ont passé depuis qu'Aline a pris sa troisième fessée en un mois... Ce n'est pas le nombre qui compte d'ailleurs, les trois épisodes étaient tout à fait mérités... Non, c'est le fait que cela soit arrivé sans que je sois punie une seule fois durant la même période...
J'en suis ravie, d'autant plus que la dernière d'Aline était motivée par l'arrivée de son carnet de notes mensuel, et que je ne pouvais que me féliciter que, cette fois, ce ne soit pas moi qui avais été corrigée, alors que j'avais eu, si j'ose dire, la vedette les mois précédents...
Si je compte bien, cela doit faire trente et un jours que j'y échappe et je voudrais tant que cela dure et dure encore....
Mais, la vie ressemble parfois à un balancier et je crains le retour des ennuis. Surtout qu'Aline et Diane sont bien plus calmes depuis quelques jours. La sévérité à répétition de Maman à leur encontre a remis les choses en place, et elles sont moins capricieuses.
Cela entraine par ricochet que chacun de mes gestes et actes de travers n'en sont que plus visibles....

Le regard de Maman en disait encore plus sur sa détermination

Je sens que j'agace de plus en plus Maman, même si elle voit que je fais des efforts et si je tente de faire au mieux. Tout à l'heure, elle est venue me chercher dans ma chambre. Elle voulait que je l'accompagne en ville pour faire des courses, mais je n'avais pas envie. Comme il n'était pas prévu de m'acheter quoi que ce soit, et que j'allais surtout servir à l'aider à surveiller les petites, j'aurais préféré rester là tranquille, seule à la maison.
Son deuxième appel fut apte à me convaincre. Entrant dans ma chambre, elle lança : "Christine, tu ne discutes pas. Quand je te demande de venir, tu viens, non mais des fois ! Sinon, cela va aller mal... Tu sais, à force de chercher les ennuis, on les trouve... Et tu sais ce qui arrive..."
 Si les mots étaient à peine codés, le regard de Maman lui me fusillait et montrait sa détermination...

Les gestes nerveux de son pied parlaient d'eux-mêmes...


Après les courses, il a fallu repasser au parc pour que mes soeurs s'amusent sur les toboggans et balançoires. Maman leur avait promis, si elles étaient sages. Comme elles s'étaient tenues plutôt bien, nous y sommes allées, alors que je voulais rentrer pour voir une émission de télé.
Je rongeais mon frein, à coté de Maman qui lisait tranquillement. "Tu aurais dû amener un livre, Christine, tu n'aurais pas perdu ton temps"., me reprochait Maman.
Et toutes les trois minutes, je demandais en chignant : "Quand est-ce qu'on rentre ? Allez, on y va, dis, M'man ?"
 Mais je voyais à sa manière de bouger le pied et sa chaussure que son agacement grandissait... Ce petit signe était significatif de sa tension...
Au bout d'une demie-heure, elle appela les petites qui supplièrent de rester encore dix minutes, car une copine venait d'arriver. Maman accepta, alors que je me mis à grogner : "Non, M'man t'avais dit qu'on rentrait. C'est pas juste..."
Ma réflexion fit mouche, et Maman me lança : "Arrête tes jérémiades, Christine. Ca suffit ! Je ne veux plus t'entendre, sinon ça ira mal... C'est compris ? Plus un mot ou je m'occupe de tes fesses en rentrant à la maison. Je crois que tu en as bien besoin...."
La réplique dite devant mes soeurs m'a pétrifiée. J'en avais les yeux qui perlaient et j'avais envie de pleurer. J'ai caché mon trouble en détournant le regard et me suis rassise à côté de Maman sans plus rien dire du tout... La menace était trop précise pour que je tente de la contourner... Je ne voulais pas en croire mes oreilles, mais cela ne faisait que concrétiser mes peurs, mon angoisse montante depuis quelques jours.... Mon petit doigt me disait que j'avais intérêt à me tenir à carreau....
(A SUIVRE)

jeudi 18 mars 2010

Mes soeurs aussi (suite 3) : le ciel serait-il avec moi ?

Huit jours ont passé depuis la double punition de mes soeurs. Huit jours étrangement sans anicroche, je l'avoue. Il faut dire qu'Aline la fonceuse avait été sérieusement calmée par la dextre maternelle et que Diane sentait qu'il valait mieux qu'elle ne fasse pas des siennes...
Quant à moi, le fait est que j'ai mis un petit coup de collier et me suis montrée plus studieuse, ne voulant pas redevenir la vedette de nouveaux épisodes...
Ce soir-là, en pénétrant dans la maison, j'entends Maman m'appeler depuis le salon, alors que je défais mon imperméable et l'accroche au porte-manteau. J'ôte mes chaussures et enfile mes chaussons avant de rejoindre le salon.
Maman est assise en tailleur sur le canapé et alors que j'entre dans la pièce, elle me lance : "Ah, Christine, il faut que je te dise : j'ai rencontré ta prof de français".
La phrase me fait bondir. J'ai comme un geste de recul et je grimace. C'est un réflexe que je ne contrôle pas. Et dans ma tête, je cherche à toute vitesse ce qu'elle a bien pu dire, ce qu'elle a bien pu me reprocher...


Ma réaction fait sourire Maman


"Pourquoi fais-tu cette tête là, Christine ? Aurais-tu quelque chose à te reprocher ?", demande Maman.
Je balbutie un petit "Non" à peine convaincue.
Ma réaction a visiblement fait sourire Maman qui me soulage enfin : "Ne t'inquiète pas. Elle non plus. Pour une fois, elle m'a même dit du bien de toi. Ta rédaction d'avant-hier est plutôt bonne, m'a-t-elle dit. Tu devrais avoir 13 ou 14. Je suis fière de toi, ma fille. Tu vois que quand tu veux, tu peux... C'est d'ailleurs ce qu'elle m'a dit : Christine a des capacités, c'est juste dommage qu'elle ne veuille pas toujours faire l'effort nécessaire pour être dans les premières de la classe".
J'ai arrêté de grimacer, rassurée par ces paroles. Maman qui me félicite, c'est un moment à ne pas manquer. Mais, c'est idiot, direz-vous, mais j'ai vraiment eu peur... J'ai trop de souvenirs différents de rencontres de Maman avec des profs qui se sont soldées par un retour à la maison moins glorieux...
Sur ce, Maman m'a envoyée faire mes devoirs en souhaitant que cela continue sur cette voie. "C'est bien ma chérie. Je constate que les leçons rentrent... Comme j'ai dit à ta prof : Avec Christine, il faut de la persévérance, mais c'est son avenir qui est en jeu, alors il ne faut pas relâcher la bride..."
Les confidences et allusions de Maman à la prof de français ne me plaisaient guère, mais le ciel continuait à être avec moi, et je savourais les félicitations maternelles à leur juste valeur...

OoOoO

Le surlendemain, je ramenais bien un 13,5 sur la fameuse rédaction. J'étais fière de montrer la copie à Maman. Elle fut moins enthousiaste en voyant l'appréciation : "Bon traitement du sujet. Dommage que la copie n'ait pas été suffisamment relue. Quatre fautes d'orthographe dans un devoir fait à la maison, c'est trop. J'enlève donc deux points pour ces fautes".
Maman ne put s'empêcher de gronder un peu : "Ah, Christine, quand je pense que sans ces fautes idiotes et évidentes, tu aurais eu 15,5. Ce n'est pas sérieux. Quand auras-tu assez de plomb dans la tête pour faire les choses bien complétement ? Ah, si encore, tu n'avais pas les moyens intellectuels. C'est vraiment rageant. Quand je vois cela, je me dis qu'il y a des claques qui se perdent..."
Heureusement, mais avec 13,5 il ne pouvait guère en être autrement, Maman ne mit pas ses menaces à exécution... C'était une journée de plus sans incident pour mon bas du dos, et je commençais presque à crâner et à me dire que la chance était avec moi.
Diane et Aline qui rentraient juste au moment où finissait la conversation avec Maman, étaient visiblement énervées. Elles s'étaient chamaillées sur le chemin du retour, et Diane se plaint de sa soeur.
Maman ne voulut rien entendre et les envoya dans leur chambre. Je sentais bien que Maman ne supporterait pas de nouveaux caprices et, de mon côté, je restai le plus calme possible. La petite phrase sur "les claques qui se perdent" ne me donnait pas envie de provoquer le moindre incident.
Un quart d'heure plus tard, quand Maman était dans ma chambre pour vérifier mes devoirs, qui étaient correctement faits, elle dut élever la voix par deux fois pour rappeler les petites à l'ordre. Puis, comme cela chahutait toujours, elle entrouvrit la porte de ma chambre doucement et sortit pour regarder en douce depuis le couloir ce qui se passait dans la pièce à côté.
Apparemment, c'est Diane qui, effectivement dérangeait sa soeur... Je vis Maman, comme un faucon pique sur une proie, entrer d'un seul coup dans la chambre des petites et attraper au vol Diane qui était sur son lit et, de là, lançait des briques de Lego à Aline qui travaillait à son petit bureau.

Maman fondit sur Diane sans sommation



Il n'y eut aucune sommation... Maman à genoux sur le lit, retourna la plus petite de ses filles dont la jupette s'était relevée dans la mêlée, et elle s'appliqua à flanquer une fessée rapide mais cuisante à Diane qui criait comme un pourceau...
La scène ne dura pas longtemps, mais Maman y alla de bon coeur, et quelque chose me disait que dans cette énergie, il y avait peut-être un peu de l'irritation que je lui avais provoquée et du fait qu'elle avait pensé que des claques se perdaient...
Veinarde Christine s'en sortait encore bien cette fois et je pensais que cette série de fessées de mes soeurs n'était qu'un juste retour des choses. En matière de statistiques, j'avais de toute manière, privilège ou servitude de ma position d'aînée, de l'avance sur elles...

OoOoO

J'avais bien parfois des menaces plus ou moins codées, je devinais à diverses reprises que je passais de peu à côté d'une nouvelle déculottée, mais les jours continuaient à m'être favorables. Même lorsqu'il fallut faire signer mon carnet de notes mensuel. Le 13,5 en français, un petit 10, mais enfin la moyenne en anglais, ajoutés à un 11 en histoire-géo, compensaient le 6 sur 20 en sciences, dans un carnet qui, pour la première fois depuis quatre mois ne comportait aucun zéro...
Maman me fit promettre de travailler les sciences, m'annonçant de sérieux ennuis si je n'améliorais pas la note la prochaine fois, mais je m'en sortis sans autre réprimande, pas peu fière d'avoir vaincu le signe indien après quatre carnets mensuels qui s'étaient achevés d'une autre manière...

Aline pleurait doucement, la tête contre le mur


Quand mes soeurs revinrent de leur cours de danse, Maman me demanda d'aller chercher une baguette à la boulangerie du quartier. Au moment où je sortais, Maman commençait à discuter avec Aline qui ne paraissait pas très tranquille. Toute fière de mon carnet acceptable, je n'y prêtai guère attention.
Mais, en revenant, vingt minutes plus tard, je vis que Diane était dans la cuisine et avait un petit air moqueur que je lui connaissais bien. Je posai la baguette sur la table et alai au salon dire à Maman que j'étais rentrée et lui rendre la monnaie.
Maman était assise devant les affaires d'école d'Aline, et j'aperçus ma soeur mise au coin, la tête contre le mur et qui réprimait de gros sanglots... Son pantalon de survêtement était remonté, mais un rien de travers, trahissant qu'il avait dû être baissé il y a peu...
J'ai compris que j'avais loupé quelque chose, mais Diane non plus n'avait rien vu, la scène s'étant déroulée juste entre Maman et Aline.
"Reste encore là cinq minutes, je t'appellerai quand on passera à table. Et que je ne te vois pas te retourner, sinon je t'en remets une...", lança Maman en m'invitant à aller mettre la table dans la cuisine.
Une fois là, je hasardai une question : "Aline a été punie, dis M'man ?"
Maman acquiesça : "Ta soeur m'a ramené un carnet désastreux. Elle n'a eu que ce qu'elle mérite".
Cela manquait de précisions et, ragaillardie par mes notes correctes, je relançai Maman innocemment : "C'est pour cela qu'elle est au coin, hein ?"
Et Maman expliqua : "Elle est au coin pour réfléchir, après avoir reçu une bonne fessée... Mais, tu avais sûrement deviné, Christine. Tu dois bien te souvenir de ce qui arrive quand on ramène un mauvais carnet de notes, n'est-ce pas ? Tu as de la chance d'avoir mieux travaillé ce mois-ci, sinon toi aussi tu aurais eu droit à une déculottée comme Aline..."
Je ne prolongeai pas la conversation qui me rappelait de mauvais souvenirs... Je regrettais d'avoir dû aller à la boulangerie et d'avoir manqué au moins l'audition de loin de la fessée d'Aline.
Dommage, me disais-je en douce, en constatant que ma chance se prolongeait de manière royale. Je m'en serais presque sentie invincible, presque à l'abri...
Demain, cela ferait d'ailleurs un mois pile que j'échappais aux ennuis postérieurs... La dernière remontait justement au carnet de notes du mois précédent. Entre temps, j'avais frôlé parfois la correctionnelle, si j'ose dire, mais je m'en étais sortie...
Pendant ce temps-là, si je compte bien Diane en avait pris deux, et Aline trois ! Cela me vengeait de tant de petites rancoeurs accumulées par leurs moqueries à mon encontre...
Ah, parfois, on se dit que la vie est belle, que cela va durer toujours...

(A SUIVRE)

mardi 16 mars 2010

Mes soeurs aussi (Suite 2) : Pourvu que cela dure...



Aline faisait moins la crâneuse...

Trois fessées en deux jours, dont je n'étais pas destinataire, et que j'avais même pu entrapercevoir... C'était Byzance. Comme un juste retour des choses. Rien que de plus normal, direz-vous, car des gamines de fin de primaire sont censées faire plus de bêtise qu'une pré-ado du début de collège...
Mais, comme je l'ai déjà dit, mon privilège d'aînée était aussi d'être naturellement l'exemple et celle que l'on devait de faire aller droit pour que cela suive derrière...
En tout cas, mes chipies de frangines faisaient moins les intéressantes le lendemain et les jours suivants. Surtout Aline, qui avait eu droit à un traitement que je qualifierais presque de "christinien", tellement il illustrait la détermination maternelle dont j'étais la cible parfois, et plus qu'à mon tour...
Fessée pour une colère et de l'effronterie la veille, elle n'avait pas adopté le profil bas qui s'imposait, et ses caprices renouvelés du lendemain ajoutés aux chamailleries avec Diane avaient poussé Maman à remettre les pendules à l'heure de façon plus claire encore...
Aline depuis évitait mes regards, sachant pertinemment car Diane avait cafté, que j'étais aux premières loges de sa déconvenue...
Je n'en abusais pas pour autant, car je ne voulais pas provoqué quelques coups en douce de mes soeurettes...

Tata m'a même félicitée

Comme souvent, les épisodes du genre n'ont pas manqué d'être commentés dans les jours suivants. L'avantage, c'est que les menaces maternelles avaient cette fois pour références ce qui était arrivé à Aline, et non à moi. Aline eut droit à un : "Dépêche-toi de ranger. Tu ne veux quand même pas que je m'occupe à nouveau de toi, Aline... La semaine a déjà été bien agitée, mais attention, on dit souvent jamais deux sans trois..."
De quoi faire rougir soeurette et la voir se mettre à ranger au plus vite ses affaires...
Tante Jacqueline venu le lendemain de la deuxième scène pour prendre un petit café avec Maman, comme elle le faisait deux à trois fois par semaine, eut droit aux confidences de sa soeur quand elle demanda si les filles allaient bien. Et Maman d'expliquer : "J'ai du mal avec les petites cette semaine. Aline devient effrontée et coléreuse, et même Diane n'arrête pas de se chamailler avec elle".
Tata commenta : " Ca, les colères, il ne faut pas les laisser en faire, sinon on ne les tient plus..."
Maman acquiesça : "Tu me connais, ce n'est pas mon genre. Aline s'est récoltée une déculottée maison lundi soir. Et, pas plus tard qu'hier, je les ai retrouvées se battant comme des chiffonnières, et il a fallu que je remette ça. Diane a pris sa fessée à son tour, et Aline a eu droit à nouveau à une volée qui l'a enfin calmée..."
   
J'écoutais en révisant mes leçons sur le divan du salon

Tata et Maman devisaient tout naturellement sans ignorer que je ne perdais pas une miette de la conversation... J'étais allongée sur le divan du salon, en train de réviser mes verbes irréguliers. Et inutile de dire que depuis le début de la semaine, je m'appliquais à travailler consciencieusement. Je n'avais aucune envie de rejoindre mes soeurs sur la liste des anecdotes à raconter à Tata Jacqueline...
J'écoutais toutefois les paroles de Maman, avec la satisfaction d'entendre raconter les scènes que j'avais encore dans la tête, et malgré tout un peu de gêne en imaginant que, lorsque c'était mon tour, Maman ne cachait rien non plus à sa soeur...

"Et avec Christine, ça va mieux ? Elle m'a l'air bien sage, non ?", dit ma tante, ce qui me fit relever la tête de mon livre et lui faire un sourire gentil.
Maman concéda que oui : "Heureusement, ma grande est moins turbulente que les petites en ce moment. J'espère que cela va durer..."
Tata chercha à me flatter : "Il n'y a pas de raison que ma nièce préférée ne s'assagisse pas... Elle grandit, tu sais. Elle est plus à même de comprendre. C'est comme tous les enfants, ça traverse des périodes plus difficiles que d'autres et puis ça change..."
Maman n'était pas aussi convaincue : "J'aimerais bien te croire. Je pense que cela viendra un jour, mais ce ne sont pas quelques jours de calme qui suffisent pour faire un ange d'un numéro comme Christine. Tu sais, il faut se méfier de l'eau qui dort... Les petits travers reviennent vite... Et ce n'est pas faute d'avoir fait ce qu'il fallait pour la remettre dans le droit chemin..." En disant ces mots, Maman avait levé la main, paume ouverte, en faisant le signe caractéristique d'une claque.
J'en rougis et replongeai mon nez dans mon bouquin d'anglais, alors que Tata riait de bon coeur : "Ah, c'est vrai que ma nièce n'a pas manqué de fessées..."
J'adore ma tante, mais j'aurais eu envie de la griffer en l'entendant prononcer cette phrase un rien moqueuse...
Surtout que Maman renchérit : "On ne peut pas dire non plus qu'elles n'étaient pas toutes méritées... Et je voudrais bien te croire, mais je crois que nous ne sommes pas encore sorties de l'auberge...Ta nièce préférée, comme tu dis, aura encore bien souvent besoin que je m'occupe de ses fesses..."
J'avais presque les larmes aux yeux quand j'entendis ces mots, mais je continuai à faire le dos rond, à ne pas protester, cela n'aurait servi à rien... Surtout qu'au fond de moi, je pensais bien qu'elle n'avait pas totalement tort...
La conversation changea de sujet entre les deux femmes, puis Tata prit congé un quart d'heure plus tard. En partant, elle embrassa mes petites soeurs en leur disant : "Et soyez sages, j'espère. Je vous souhaite une fin de semaine plus calme qu'elle n'a commencé..."
Puis, elle vint vers moi. Je me levai et elle me serra un instant dans ses bras. Une marque d'affection pour sa nièce adorée et qui me faisait plaisir. Mais, en m'embrassant, sa main se posa au bas de mon dos : "Allez, Christine, continue à bien travailler, pour que ta Tata soit fière de toi. Et obéis à ta mère, ne la fâche pas à nouveau, ma chérie. Hein tu as bien compris... Sinon, sinon..."
Et, en finissant sa phrase, Tata m'a tapoté tout doucement le fond du short... J'avais évidemment compris l'allusion. La conversation qui m'avait ravie en parlant des exploits de mes soeurs, s'achevait hélas avec un goût amer, en évoquant la probabilité que bientôt ce soit la nièce préférée de Tata qui reçoive une bonne fessée...

(A SUIVRE)

lundi 15 mars 2010

Mes soeurs aussi (Suite 1) : Ma chance continue et en double !

 Elles se battaient comme des chiffonnières...



(SUITE DU PRECEDENT)
Aline n'avait pas apprécié d'avoir reçu la fessée pour une histoire bénigne. Elle avait mal répondu à Maman et eu des gestes colériques que notre mère ne pouvait admettre. Aline était un peu le garçon manqué de la famille. Intrépide, plus impulsive que moi, l'ainée plus modérée, et que Diane, qui jouait les douces et les chouchoutes de par sa position de plus jeune des trois.
Maman ayant voulu lui faire essayer des affaires venues d'une cousine, et qui se trouvaient dans l'armoire maternelle depuis quelques mois, Aline avait joué les fortes têtes, avant de faire un début de colère que Maman avait immédiatement réprimé à sa manière... Et dont j'avais eu loisir d'entrapercevoir le commencement...
Aline n'avait non plus pas digéré que Diane lui explique qu'elle m'avait surprise en train de la regarder se faire punir... Autant, les deux petites savaient être complices quand il s'agissait de chercher à savoir ce qui m'arrivait à moi, autant les taquineries de Diane la concernant, rendaient Aline furax.
Je me doutais bien que ma soeurette tenterait de me rendre la pareille à la première occasion, voire de me faire un coup en douce à sa manière.
De fait, la fessée d'Aline n'avait que modérément apaisé l'atmosphère. La coléreuse avait été calmée vite fait, mais il restait de l'électricité dans l'air et l'on sentait Maman irritée et irritable...

Je l'ai constaté le lendemain soir en rentrant du collège. Mes deux soeurs étaient restées à la maison, car il y avait une conférence pédagogique de leurs institutrices ce jour-là.
Cette journée supplémentaire passée à la maison au lieu d'aller à l'école avait, semble-t-il, contribué à énerver encore plus Maman. Les petites avaient du travail à faire, donné par les maitresses, mais pas un grand enthousiasme pour l'effectuer convenablement.


Quand je suis rentrée, Diane avait terminé ses leçons, mais Aline devait encore finir deux exercices, et les rappels à l'ordre de Maman se faisaient pressants. « Aline, dépêche-toi. Tu es vraiment impossible en ce moment. Je croyais pourtant t'avoir calmée, hier soir... »

Mais, pour défendre ma soeur, pour une fois (car je suis une fille juste), celle-ci avait bien du mal à travailler tant Diane qui partageait sa chambre s'amusait à la taquiner...

Comprenant cela, Maman ordonna à Diane d'aller lire au salon, pour laisser Aline tranquille...

C'est ce qu'elle fit, en rechignant, mais profitant du fait que Maman était partie étendre son linge dans la buanderie, Diane remonta en douce, sous prétexte de prendre un autre livre.

Mais l'irruption d'une Diane très taquine et se moquant d'Aline, fit réagir cette dernière : « Maman, Maman, Diane est remontée et elle m'embête », cria-t-elle.
La petite sentant le danger chercha à s'enfuir, mais Aline la bloqua, les deux soeurs commençant à se bagarrer comme des chiffonnières...

Elles étaient en train de se tirer les cheveux et de se battre quand Maman est montée en quatrième vitesse...



J'étais dans ma chambre et j'ai vite compris qu'il allait y avoir du sport...

« Diane, je t'avais dit de rester en bas... Ce n'est pas possible... Vous faites tout pour m'énerver... » Et, je vis passer dans le couloir, Maman tirant Diane par le bras et entrant dans sa chambre, suivie d'Aline. A peine arrivée dans la pièce, elle s'assit sur le fauteuil de sa coiffeuse et étala Diane en travers de ses cuisses... « Ah, je vais t'apprendre à désobéir et à embêter ta soeur ».
Diane hurlait déjà, alors que les premières claques tombaient à peine. Mais, la fessée que j'apercevais depuis le couloir était bien sonore et vive. La robe de la gamine était remontée sur son dos, sa petite culotte rentrait à moitié dans ses fesses, dégageant deux quartiers de lune qui ont vite rougi sous l'effet de la claquée maternelle.

Ce n'était pas la déculottée que j'espérais voir, mais les cris (en partie forcés) de ma comédienne de petite soeur montraient que la tannée rapide devait être douloureuse. Même si elle ne dura pas très longtemps...

Diane suffoquait et se frottait le bas du dos en sautillant quand Maman la relâcha. Aline qui était aux premières loges, avait un large sourire, imaginant que Maman n'était venue qu'à son secours. Elle en profita pour lancer à Diane : "Pff, c'est bien fait pour toi, t'avais qu'à pas m'embêter, na !"
Mais Aline déchanta vite quand Maman l'attrapa à son tour par le bras. Je ne voyais la scène que de mon bout de couloir, mais j'ai compris aussi vite que ma soeur... Sauf qu'elle se mit à paniquer, alors que secrètement je jubilais et n'en croyais pas mes yeux.
"Maman, maman, que fais-tu ? Non, oh nooon !", suppliait ma soeur que Maman maintenait debout face à elle qui s'était remise assise sur le fauteuil de sa coiffeuse.
"Aline, j'en ai assez. Si tu n'avais pas trainé pour faire tes devoirs toute cette journée, cela ne serait jamais arrivé. Je crois, ma fille, que tu n'as pas compris la leçon d'hier. Alors, puisque tu n'es pas calmée, je vais te rappeler les bonnes manières, moi..." Maman avait un ton déterminé et impressionnant que je lui connaissais hélas très bien. Je n'avais donc aucun doute sur la manière dont cela allait finir. Et, en effet, elle attira Aline en travers de ses genoux, là où Diane venait de faire un voyage éclair. Mais, cette fois, elle ne se contenta pas de remonter la jupe, descendant d'une main ferme et rapide son collant de laine bleu marine et la culotte qui était en dessous...
Ma soeur était déculottée, au lendemain d'une première fessée aperçue et je voyais distinctement ses deux globes jumeaux se contracter de peur, alors que les premières claques tombaient...
"Ah, Aline, tu vas comprendre, j'espère cette fois. Puisque Mademoiselle a besoin d'une nouvelle fessée, on ne va pas la décevoir..."  Et la main de Maman allait et venait avec un bruit mat de bonnes claques bien ajustées...
Diane qui s'était rhabillée en rabaissant sa robe, avait arrêté de gesticuler et regardait bouche bée sa soeur prendre la fessée à son tour...
Maman la voyant ainsi scotchée, les yeux écarquillés comme devant un fantôme, arrêta un instant son bras et demanda à Diane de sortir : "Allez, toi, file dans ta chambre, et ferme la porte derrière toi. A moins que tu ne veuilles reprendre la place d'Aline..."
La perspective fit sursauter ma soeurette qui fit demi-tour et sortit en fermant la porte de la chambre maternelle derrière elle...
Au passage, alors que je rentrais précipitamment dans ma chambre, Diane s'est bien aperçue que j'avais dû ne rien manquer de la scène, mais elle était elle-même sous le choc et ne dit rien...
Ma séquence de vision directe des corrections de mes soeurs prenait fin prématurément... Mais, venant après celle de la veille, j'étais comme sur un petit nuage... Je n'arrivais pas à en croire mes yeux, et j'avais envie de les fermer pour bien m'imprimer les images vues et pouvoir me les repasser comme du baume au coeur...
Une fois la porte refermée, d'autres bruits nous arrivèrent aux oreilles. Maman avait repris son sermon à Aline. Et la fessée avec...
La claquée continua, assourdie à nos oreilles par la porte fermée, mais parallèlement, Aline qui avait tenté de retenir au maximum ses pleurs et ses cris devant les yeux de sa soeur (pour ne pas dire de ses soeurs...) pleurait maintenant de bon coeur, suppliant Maman d'arrêter et poussant des petits cris à chaque claque supplémentaire...
Autant la fessée de Diane m'avait semblé expéditive, autant celle d'Aline, pour une fois, me parut presque longue, et en tout cas plus appliquée que celle de la veille... Mais, je savais d'expérience que lorsque Maman a l'impression de ne pas s'être bien faite comprendre la première fois, mieux vaut ne pas se trouver sous sa main pour la deuxième...
En y réfléchissant, et sans vouloir réellement du mal à ma soeur, j'étais à l'intérieur de moi plus que contente que ce soit Aline, et non pas moi, qui me trouve dans cette situation...
(A SUIVRE)


kk

vendredi 12 mars 2010

Mes soeurs aussi : une vision qui m'interpelle


 Vision fugace mais qui était parlante...


Mon cours de danse de ce vendredi là devait durer 1 h et demie comme d'habitude. Mais la prof avait un impératif et nous a lâchées à 18 h 15 au lieu de 18 h 45. Je rentre à la maison sans tarder, le temps frais ne prêtant pas à flâner en route.
Je range mon vélo dans le garage et je rapplique dans la cuisine. Maman n'y est pas, même si la soupe cuit à petit bouillon.
Je m'apprête à appeler pour savoir où elle est quand j'entends des bruits de conversation orageuse qui viennent du premier. Curieuse, je monte sans faire de bruit. Les éclats de voix viennent de la chambre de Maman où doit se trouver aussi Aline, d'après ce que je perçois. 
La porte n'est pas tout à fait fermée et je m'approche de l'entrebaîllement avec le coeur battant.
Ce que j'aperçois me fait battre le coeur encore plus fort. La vision est fugace et partielle, mais il n'y a pas de doute, Aline vient de plonger en travers des genoux maternels, sa jupe est dégagée et elle agite ses jambes en se débattant...
Je ne perds pas une miette de ces quelques secondes en espérant en voir davantage, mais j'entends derrière moi une voix. C'est Diane qui tendait l'oreille, elle depuis sa chambre, et m'a vue arriver. "Maman, Christine est rentrée", crie la plus petite de mes soeurs.
Coincée, je pousse la porte et me montre un instant devant Maman qui me renvoie immédiatement : "Sors d'ici, et ferme la porte, Christine. Tu vois bien que je suis occupée".
Je ne peux que rebrousser chemin, non sans avoir croisé un regard furtif, courroucé, d'Aline en bien fâcheuse position....
Arrivée dans ma chambre, j'ai eu de par l'oreille la confirmation que ma vision fugace était réelle... Maman donnait bien la fessée à l'aînée de mes petites soeurs et les bruits caractéristiques résonnaient dans la maisonnée...
Bizarrement, je vivais la situation étrangement avec un mélange de satisfaction et d'angoisse à la fois. Que mes soeurs reçoivent la fessée me vengeait un peu de leurs moqueries, nous mettait à égalité si j'ose dire. Mais, comme elles avaient 3,5 et 5 ans de moins que moi, je trouvais que c'était juste normal, cela ne prenait pas la dimension émotive de ce qui m'arrivait à moi...
Je me disais que c'est bien fait pour Aline et j'avais une petite joie supplémentaire en ayant pu l'apercevoir sur les genoux maternels, même si je l'avais vue qui avait encore sa culotte, ce qu'elle n'a certainement pas dû garder une minute de plus...
Mais, cette satisfaction très compréhensible était accompagnée de sensation bizarre. J'entendais la main de Maman claquer le derrière d'Aline et je ne pouvais m'empêcher de penser que lorsque c'était mon tour, mes soeurs devaient entendre aussi et autant...
J'avais vu le regard furibard d'Aline me voyant la regarder étalée sur les cuisses de Maman. Cela me rappelait d'autres situations où mes soeurs ont cherché à me voir punie, quand ce n'était pas Maman elle-même qui en certaines occasions m'avait corrigée devant elles pour l'exemple...
Je me souvenais que lorsqu'Aline ou Diane surgissait ainsi et me voyait déculottée, j'avais moi aussi un regard qui les fusillait, et une envie de revanche.
Je me doutais bien qu'Aline me revaudrait cela dès qu'elle le pourrait et qu'il fallait que je m'attende à quelques représailles ou coups en douce de sa part...
Bref, la fessée de ma soeur me réjouissait en étant comme un baume au coeur, mais en même temps, les bruits des claques, les pleurs de ma soeur et la détermination maternelle me rappelaient que dans cette maison la fessée était de règle, et que toute aînée que j'étais, je n'en étais pas à l'abri...
Bien sûr, une fois Aline punie, c'était un peu comme si cela éloignait dans le temps ma dernière fessée... Le soir au dîner, c'est sur ses démêlés avec Aline que Maman reviendrait, et nous aurions droit à l'explication de cette tannée reçue par ma soeur, avec l'avertissement fait aux deux autres de ne pas se comporter de la même manière, sinon...
Le soir, c'est Aline que Maman allait consoler et câliner un peu en lui rappelant qu'elle n'a eu que ce qu'elle méritait...
Diane et moi aurions le droit à l'allusion teintée de menace nous appelant à être sage si on ne voulait pas suivre le même chemin que notre soeur.
Mais, en vivant tout cela, je ne pouvais m'ôter de l'esprit que cela se passait aussi ainsi quand j'étais punie. J'avais dans les yeux l'image d'Aline gigotant sur les genoux maternels, mais une petite voix me disait à l'intérieur de moi : "Attention, Christine, ne te réjouis pas trop des malheurs de ta soeur... Aujourd'hui, c'est elle qui a reçu la fessée, mais qui sera la prochaine ? Peut-être Diane, mais rien n'est moins sûr... La prochaine, ce sera peut-être toi, Christine... Ses bruits, ses pleurs entendus tout à l'heure, la prochaine fois, ce seront peut-être tes larmes Christine, et peut-être tes fesses qui claqueront sous la main de Maman, qui rougiront toutes déculottées..."
Et la petite voix, en plus, avait raison...

(A SUIVRE)

mercredi 10 mars 2010

Les signes avant-coureurs : l'ambiance devient pesante

Je voyais bien que le regard de Maman s'assombrissait



Une hirondelle ne fait pas le printemps... Ce n'est qu'un signe parmi d'autres, mais en revoir une en mars fait prendre conscience que la belle saison approche...
De même, certains signes ne se convertissaient pas immédiatement en explication cuisante, mais témoignaient d'une sorte d'approche plus ou moins inéluctable de la prochaine fessée...
Le climat familial est ainsi qu'il comporte des périodes d'accalmie et d'autres plus agitées, mais que bon an mal an, après l'hiver revient le printemps, et qu'après des jours ou des semaines sans scènes notoires, la nécessité de remettre de l'ordre, de régler des comptes, de recadrer l'une ou l'autre des filles s'impose...
J'ai été marquée par quelques fessées reçues sans préavis, des fautes découvertes et punies sur le champ, mais je crois que le sentiment d'attente, cette impression que l'on a que tôt ou tard on va y passer, sont des ressentis encore plus forts, encore plus prégnants car l'angoisse fait plus travailler les méninges que la surprise.
Il y avait ainsi des moments que cette image (trouvée) illustre bien, où je pouvais prendre conscience que les conditions météorologiques familiales allaient tourner à l'orage pour mon bas du dos... Le soir même ou dans les jours à venir, mais les signes avant-coureurs n'avaient pas forcément besoin de mots, ou en tout cas pas de mots directs, les allusions suffisant à me faire comprendre ce qui m'attendait...
Je m'imagine ainsi révisant une leçon en prévision d'un contrôle le lendemain. Je n'ai guère envie de rabâcher ni d'apprendre par coeur. Je comprends vite, alors je me dispense souvent de travailler dur, je sais qu'avec un petit effort je décrocherai une note moyenne, et je ne vois guère l'intérêt d'en faire plus...
J'ai moitié la tête dans le bouquin et moitié le regard et les pensées ailleurs...
"Christine, je te ferai réciter après le dîner, tu as intérêt à bien savoir ta leçon cette fois...", la petite phrase de Maman me fait replonger dans mon bouquin.
Je vais faire l'effort car je sens que c'est mon intérêt...
Effectivement, ce soir-là, j'ai pu réciter la leçon comme il fallait et m'éviter des ennuis immédiats...
Mais, j'ai bien senti dans le regard de Maman que je l'agaçais, qu'elle n'appréciait pas de devoir me rappeler à l'ordre pour que je me mette vraiment à travailler... Un moment, elle a marmonné un : "Oh, toi, oh, toi..." accompagné d'un très gros soupir, d'une longue respiration en me fixant avec des yeux sombres...
Il n'y a rien eu d'autre, mais ce petit signe était comme une hirondelle de plus dans mon ciel personnel... J'en étais consciente et cela entretenait mon humeur boudeuse et grognonne...
Plus je sentais Maman accumuler des griefs contre moi, plus je faisais grise mine, assaillie par une angoisse croissante... Je savais que je devais faire attention, que je pouvais désamorcer la situation pour l'instant, mais je sentais que c'était surtout du temps de gagné, rien de plus...
Quelque chose me disait déjà dans le regard maternel que, même en l'évitant ce soir, l'orage continuait à tourner autour de moi, qu'il reviendrait à la prochaine occasion, et qu'un moment ou un autre, il y aurait un "Cette fois, ça suffit..." qui précéderait l'averse tant redoutée...
Je sentais vraiment que je finirais par l'avoir cette fessée dont le nom n'avait même pas été prononcé mais dont les signes avant-coureurs concordants m'annonçaient qu'il y avait de la déculottée dans l'air, que je pouvais préparer mes fesses...