mardi 30 mars 2010

Mes soeurs aussi (Suite 6) : Un sursis inespéré...


Je repensais à ce que j'avais évité de justesse...


Ma nuit avait été un peu agitée... Je m'étais réveillée deux ou trois fois, en ayant du mal à me rendormir. Je repensais à la scène de mon coucher, à cette interruption inopinée qui avait fait changer d'attitude Maman alors qu'elle était bien décidée à s'occuper sérieusement de mon cas...
Je me répétais ses mots quand elle était venue me dire bonsoir : 
"Je suis bien gentille de ne pas te flanquer la bonne fessée que tu avais largement méritée ce soir... Cela fait un petit bout de temps que tu y échappes, mais crois-moi cela ne durera pas... Tu m'entends, Christine, tu m'entends ?"

Non seulement, je l'entendais, hier soir, mais je croyais l'entendre encore en plein milieu de la nuit me dire et me redire encore : "Ne te crois surtout pas à l'abri, Christine... A la prochaine bêtise, on remettra les pendules à l'heure ma fille. Je serais à ta place, je me tiendrais à carreau, ou alors, je préparerais mes fesses, parce qu'avec ce que tu m'as fait subir cet après-midi et ce soir, la prochaine déculottée, tu n'es pas près de l'oublier..."


Et puis je m'étais quand même endormie, et réveillée d'une humeur plutôt philosophe...
Après tout, l'essentiel était d'y avoir échappé et je me rassurais en me palpant le fond de pantalon de pyjama, avec cette sensation d'être comme fière de moi... Je me disais dans mon for intérieur : "Encore un jour de plus sans fessée... J'ai eu chaud mais je m'en suis sortie, chic alors..."
Je pensais aussi avec délice à la tête des petites qui étaient persuadées que la grande soeur allait prendre son tour et qui avaient même osé se moquer de moi effrontément, sûres de leur fait...
J'étais ravie de les décevoir et si j'avais eu leur culot, je serais allée dans leur chambre pour leur montrer un instant mes fesses blanches et leur faire un pied de nez...
Mais, j'étais trop pudique et pas assez brave pour tenter cette provocation qui aurait risqué de me coûter cher au final...
En tout cas, j'étais soulagée, et j'en aurais remercié publiquement ma tante Jacqueline d'avoir donné ce coup de fil impromptu mais qui m'a épargné une déculottée imminente...

11,5 en géo, j'étais fière, mais Maman moins...

La journée au collège s'est déroulée sans anicroche. J'ai même récolté un 11,5 sur 20 e géographie et j'étais toute contente de ramener cette note à Maman le soir même. Une bonne nouvelle après un jour de tension, cela allait encore détendre l'atmosphère et je me voyais repartie vers une prolongation de mon sursis "postérieur" si j'ose dire...
Je m'attendais à être félicitée, d'autant que la précédente avait été un 7 sur 20 bien insuffisant, mais cette note de géographie n'a pas enthousiasmé Maman. 
"Oui, c'est mieux, Christine, et j'apprécie que ta moyenne remonte. Mais, 11,5 en géographie, ce n'est pas glorieux. Ce n'est pas comme en français ou en maths. En géo, où tu sais ta leçon ou tu ne la sais pas. 11,5 ça veut quand même dire que tu n'as bien répondu qu'à un peu plus de la moitié des questions... Je ne vais pas te gronder pour ça, mais j'espère que tu décrocheras encore mieux la prochaine fois". 
J'avais moins fait d'effet que je ne l'imaginais, mais je sortais un peu du collimateur maternel et j'ai pu être tranquille toute la soirée. En montrant bien sûr que je m'appliquais à faire mes devoirs, pour éviter que Maman ne se ré-intéresse à mon cas...
En me couchant, après cette journée de total sursis, où pas la moindre menace n'était venue troubler ma tranquillité, j'étais guillerette et me mettais, comme Perrette, à imaginer veau, vaches, cochons, couvées, et un avenir sans fessée...
Surtout qu'au moment de nous mettre au lit, Aline et Diane se sont chamaillées en se coursant dans le couloir. Maman a fait irruption pour les séparer. Aline a récolté une gifle à la volée, et Diane qui tentait de rejoindre leur chambre, a reçu au passage une magistrale claque destinée à ses fesses, mais qui a atteint le haut de ses cuisses avec un bruit mat que, très égoïstement, je me serais bien repassé en boucles dans ma petite tête...
Aline reniflait en filant au lit et Diane, comédienne, avait émis un cri énorme et éclatait en sanglots pour une seule claque, mais une bonne...
L'avertissement avait suffit à ramener le calme et mes soeurs ne dirent plus un mot, ce qui fit que Maman en resta là et leur dit bonsoir sans en rajouter... Un moment, j'avais presque espéré qu'une ou l'autre se retrouverait sur les genoux maternels, mais mieux valait peut-être qu'il n'y ait pas eu de fessée ce jour-là. Mieux valait que je ne sois pas trop exigeante avec mon destin qui m'accordait encore une prolongation inespérée de cette période de sérénité...
J'en arrivais à nouveau à croire que cela durerait et durerait et durerait... Mais je ne savais pas de quoi demain était fait.... 
"Fait" du verbe "faire" qui commence par un "F"... 
Comme...


(A SUIVRE)

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