mercredi 24 juillet 2019

Chronique d'un redoublement : 146. Quand l'accalmie dure et que mes peurs s'estompent

SUITE 145

Babette et Brigitte cherchèrent bien à me faire dire que j'avais été punie pour mes cent lignes. Et, bien sûr, dans leur imagination, ce ne pouvait être qu'en recevant la fessée...
Mais, je dus paraître sincère, car elles n'insistèrent pas trop...
Cela dit, j'imagine qu'elles ne se contentèrent pas de me questionner et durent passer par les petites soeurs pour savoir si je ne mentais pas.
D'ailleurs, je me doutai d'une manoeuvre de ce genre quand j'entendis Diane, le lendemain soir, me demander si j'avais été punie en classe, ce que je niai sans vraiment la convaincre. Et, poursuivant son enquête, soeurette interrogea même Maman, avec un petit air innocent : "Est-ce que tu as donné la fessée à Christine avant-hier ?"

La question étonna Maman qui répliqua : "Mais qu'est-ce que tu racontes, Diane ? Bien sûr que non. D'où sors-tu cette histoire ?"
Sentant que son interrogation intriguait Maman, Diane rétorqua : "Euh, bah, comme Christine faisait une drôle de tête, je croyais... euh..."
Maman ne fut qu'à moitié convaincue, mais coupa là la conversation en remettant Diane en place : "De toute façon, Diane, cela ne te regarde pas. Je gronde ta soeur quand je le juge nécessaire. Comme toi et Aline. Mais je n'aime pas les petites curieuses de ton genre..."
Et d'ajouter : "Je ne dis pas que Christine n'a pas failli en prendre une ces derniers temps, ni que cela n'arrivera pas bien vite, mais cela ne concerne qu'elle et moi ?"


 Diane prêchait le faux pour tenter de savoir le vrai.
Maman lui avait bien affirmé que je n'avais pas reçu de fessée...
Mais ses dénégations confirmaient aussi que je n'étais pas passée loin...
Ce qui confirmait bien que cela risquait bien d'arriver...

J'enrageais, mais je me gardai bien de dire quoi que ce soit que Diane puisse interpréter, commençant à me douter qu'elle devait avoir eu connaissance de ma punition de cent lignes... Et je n'avais nulle envie que Maman n'en découvre, et le motif, et le fait que j'avais menti, du moins par omission, ce qui aurait constitué autant de motifs pour Maman de tenir ses promesses...

De fait, j'en arrivais à ne pas croire à ce qui m'arrivait, ou plutôt à ce qui ne m'arrivait pas... Chaque jour, pour ne pas dire chaque demi-journée, chaque retrouvaille avec Maman, je ne me sentais pas tranquille, imaginant éventuellement une rencontre avec la jeune prof d'anglais, ou que quelque autre motif ne fasse, pour ainsi dire, déborder le vase des promesses maternelles...

Ayant déjà échappé à la fessée, une fois par une étonnante clémence maternelle, et une autre fois en n'avouant surtout pas avoir été punie de 100 lignes pour bavardage en classe, j'en devenais fataliste, à la fois fière de moi et sans illusion...

Fière de moi, en secret bien sûr, car une telle double échappatoire, je n'en avais guère, et peut-être jamais, connu dans mes trois précédentes années depuis l'entrée au collège... J'avais en la matière bien plus de souvenirs de deux fessées reçues à peu d'intervalle, que le contraire.

Sans illusion j'étais aussi, car si par moment je me prenais à rêver que cela dure longtemps encore, il y avait vite un avertissement maternel, une remarque acide, voire une menace claire qui me rappelait que je "ne perdais rien pour attendre". Quand ce n'était pas du genre : "Si tu me cherches, tu vas me trouver", qui pouvait faire croire que la fessée me "manquait" alors qu'au contraire, elle peuplait presque chaque nuit mes cauchemars...

J'avoue même que, chaque soir, en me mettant en pyjama ou chemise de nuit, comme à chaque fois que je me séchais en sortant de la douche, j'avais un regard dans la glace sur ma lune bien blanche, épargnée, pour ne pas dire rescapée...

Moi, qui avais toujours en mémoire quelques vues de mes fesses bien rougies, écarlates, au sortir d'une fessée magistrale, et aperçues dans une glace, qui me renvoyait ce que mes soeurs, si j'avais été punie devant elles, avaient pu voir... Moi donc, je prenais cette blancheur persistante comme une victoire. Mais, consciente aussi que gagner une bataille n'est pas gagner la guerre...
J'avais donc comme une fascination devant l'image de mes fesses blanches, et parfois, lorsque je me savais seule à l'étage, en me regardant le bas du dos dans la glace, je posais ma main sur l'épiderme, ce qui certaines fois me donnait comme la chair de poule... J'osais même esquisser comme une douce claque, un petit tapotage qui, déjà à lui seul, me rappelait trop ce que je craignais, et faisait que très vite je me rhabillais, devenue toute craintive, alors qu'il n'y avait aucune chance que quelqu'un l'entende...







J'arrivais à prendre chaque nouveau jour sans fessée comme une victoire...
J'en regardais en cachette avec une grande satisfaction
mes fesses bien blanches, allant jusqu'à les tapoter doucement,
avant de me rhabiller très vite ayant trop peur d'être surprise ainsi...  

Fière de moi et sans illusion à la fois, disais-je tout à l'heure. Fière, je l'étais vraiment à chaque jour gagné, mais aussi intimement persuadée que cela ne durerait plus guère... Et, paradoxalement, c'était ma meilleure avocate, Tata Jacqueline, qui m'en persuadait sans le vouloir...
Venant régulièrement à la maison, deux à trois fois par semaine, voire plus, ma tante s'inquiétait de l'ambiance familiale, cherchant à aplanir les conflits si nécessaires, et plaidant souvent pour sa nièce préférée, alias moi ! Or, cette période de grand calme pour mon bas du dos depuis nos vacances à la mer lui paraissait une si bonne nouvelle qu'elle m'en félicitait à chaque fois, ce qui agaçait parfois Maman, lui rappelant que j'y avais échappé parfois de peu...

A force de me féliciter, de m'encourager, de fait, Tata contribuait à me faire prendre conscience que c'était une accalmie exceptionnelle, et j'en déduisais en secret, dans mon for intérieur, que cela ne pourrait guère durer plus trop longtemps...
En définitive, les compliments de Tata, je les interprétais au fond de moi comme : "Attention Christine, il va bien falloir un jour préparer tes fesses..."





Tata me félicitait à chacun de ses passages à la maison,
m'encourageant à continuer à être sage...
Mais, cela m'agaçait un peu, tant ces compliments revenaient à dire
que c'était presque étonnant que je n'ai pas encore reçu de fessée...
 

Cela dit, à ma plus grande satisfaction, cela continua pour moi jusqu'à la fin du premier mois, où je me mis à craindre que le premier carnet de notes ne réserve de mauvaises surprises. Même si mes notes continuaient à être correctes, j'avais peur de certaines appréciations...
Ma crainte était renforcée par le fait que, mes soeurs ayant eu leur carnet un jour avant moi, le sien avait valu à Aline une fessée donnée sur le champ, dans le salon devant Diane et moi... De quoi raviver mon angoisse en réécoutant les bruits et assistant à la scène d'une déculottée somme toute expéditive, mais plutôt carabinée pour l'aînée des petites, qui eut tort de trop se débattre et eut droit à une tannée bien rougissante malgré ses cris et supplications...

Diane ayant eu au contraire des louanges de son institutrice, elle fut félicitée par Maman, qui, se retournant ensuite vers moi, commença par douter que je puisse avoir mon carnet seulement un jour plus tard, se montra méfiante : "Bon, Christine, j'espère que tu n'as pas caché ton carnet pour gagner une journée... Ce serait bien de toi ce genre de choses... En tout cas, on verra demain, et je te souhaite que le carnet soit bon... Sinon, tu as vu ce qui vient d'arriver à Aline... Cela pourrait être ton tour... Et tu sais que je ne plaisante pas"...

Quoiqu'il en soit, la démonstration maternelle m'avait bien angoissée. J'en retenais la vitesse à laquelle les petites fesses de ma soeur avaient rougi, ses cris, et plus encore quand elle avait tenté de s'échapper. Rien que cela me faisait remonter de vives peurs, tout en sachant qu'avec ma taille d'ado, la fessée s'il y en avait une serait bien plus longue et démonstratrice... J'en frissonnais, rien que d'y penser...


Le décevant carnet de notes d'Aline lui avait valu une déculottée magistrale, 
donnée dans le salon, devant les yeux de Diane et moi.
Ayant tenté de se rebeller, Aline avait vu sa tannée rallongée...
J'avais assisté à cette fessée qui avait ravivé mes angoisses, 
d'autant que Maman n'avait pas manqué de me menacer
de prendre la suite d'Aline si mon carnet n'était pas excellent... 



Après une nouvelle nuit où je ne dormis pas très bien, les pensées obnubilées par ce qui était arrivé à Aline, je reçus lors du dernier cours de la matinée mon carnet de notes mensuel qui me rassura plutôt. De fait les notes qu'il contenait je les avais déjà montrées à Maman, et côté appréciations c'était plutôt globalement positif. Hormis en maths, où le "Des résultats corrects" était pondéré par "Pourrait toutefois mieux faire".
Hormis aussi en anglais, où la jeune prof avait écrit : "Un travail assez régulier, qui mériterait parfois plus d'attention en classe".

Je me doutais bien que cela ferait tiquer Maman, mais j'avais surtout peur qu'il y ait une allusion aux 100 lignes pour bavardage dont je ne m'étais surtout pas vantée...
Soulagée, je préférai même ne pas attendre le soir pour montrer mon carnet, et le tendis à Maman en rentrant à midi.
Elle ne manqua pas de relever les deux commentaires des profs de maths et d'anglais, comme je m'en doutais, exprimant d'ailleurs une idée qui me fit grimacer intérieurement : "J'espère, Christine, que cela va mieux aller avec cette nouvelle prof qu'avec Mlle Paule. D'ailleurs, j'aimerais bien la connaître cette jeune enseignante. J'attends encore un peu, mais un de ces jours je prendrai rendez-vous avec elle..."
Je me suis bien gardée de rétorquer quoi que ce soit à cette volonté maternelle de rencontrer la jeune prof... Mais, je n'avais pas de mal à imaginer ce qu'une telle rencontre aurait assurément comme conséquence au retour à la maison... J'avais en la matière encore en tête quelques exemples où Maman avait été convoquée au collège, et avait promis devant moi qu'elle allait me "reprendre en main", avant que nous ne retournions au domicile familial où j'allais prendre une tannée mémorable...



L'envie exprimée par Maman de prendre rendez-vous 
avec ma jeune prof d'anglais ravivait des souvenirs encore vifs...
Ceux de rendez-vous pris par Maman avec des profs, 
quand ce n'était pas à la demande des enseignants pour se plaindre
de mon attitude en classe... 
Cela s'achevait par un retour peu glorieux à la maison...
Un retour pendant lequel, je tentais en vain de m'expliquer,
mais où Maman déjà me promettait une déculottée
dont je me souviendrais.
Tremblante, émue, pleurant même déjà parfois,
j'imaginais déjà ce qui m'attendait, ce vers quoi je marchais...



Mieux valait ne pas commenter les propos de Maman, et de ne surtout pas lui laisser deviner combien cette hypothétique rencontre avec la prof d'anglais m'angoissait, ce qui l'aurait évidemment incitée à vite solliciter un rendez-vous...
Je me sentis donc fort soulagée quand, finalement, n'ayant pas de sujet de grogne véritable, Maman signa le carnet en espérant "quand même que le prochain serait encore meilleur", ce que je promis bien sûr, ce qui ne me coûtait rien, mais confortait ma mère.
En tout cas, de mon côté, je rayonnais intérieurement, toute heureuse que la signature du carnet se soit passée comme une simple formalité, sans grand sermon, ni menaces d'orage fessier...
D'ailleurs, quand l'après-midi même, lorsque mes moqueuses de camarades, revinrent à la charge, imaginant que je montrerais mon carnet en rentrant après les cours, et me prédisant de chaleureuses explications en me disant : "Alors, Christine, ça va barder à la maison... Tu es prête pour la bonne fessée que va te donner ta Maman ?", je pus nier de façon catégorique.
"C'est pas vrai. D'ailleurs, mon carnet est déjà signé, na ! Et Maman ne m'a même pas grondée", répétai-je à mes moqueuses, sans pour autant les convaincre.
Et comme, pour une fois, Babette et Brigitte ne revinrent pas à la charge le lendemain, ni les jours suivants, j'en conclus a posteriori (car à l'époque je ne le savais pas) qu'elles avaient eu, par les petites soeurs interposées, confirmation de ce que j'avais dit...

Je dois avouer que ce premier carnet passé comme une lettre à la Poste, à l'issue d'un mois toujours sans fessée depuis les vacances à la mer, avec en prime la satisfaction intérieure d'avoir échappé à une déculottée méritée par les 100 lignes pour bavardage en cours, grâce qui plus est à un mensonge fait à Maman, commençait à me bercer dans une douce euphorie... 
Je gardais des moments d'angoisse, des cauchemars en repensant aux menaces maternelles, mais je me mettais à croire en ma bonne étoile. Parfois même, je me sentais Super Christine, la grande fille Spaak, celle qui réussit à éviter toutes les fessées, celle qui cette année laisse le rôle de la punie à ses petites soeurs...
Cela m'était déjà arrivé, par petites périodes, lors de moments d'accalmie, de plusieurs semaines sans affronter les foudres maternelles, sans la moindre fessée...
J'avais alors tendance à me relâcher un peu, à prendre un peu mes aises avec la discipline familiale, voire à me laisser aller davantage dans mon attitude en classe...


A force d'avoir peur tous les jours, j'ai commencé
à croire en mon étoile, à me dire que j'y échapperais
encore longtemps...  Comme si j'étais à l'abri...
Le seul problème, c'est que si la trouille me dictait de faire attention,
la confiance, elle, me faisait me relâcher un peu...

C'est vrai qu'en y réfléchissant, toute période où j'avais repris confiance m'avait amenée à un peu de relâchement, à faire moins attention, etc. Jusqu'à un faux pas, une erreur, une tuile... J'aurais dû en prendre conscience... Oui, j'aurais dû...



A SUIVRE

samedi 6 juillet 2019

Chronique d'un redoublement : 145. Quand le sursis se prolonge, mais les promesses se précisent...

SUITE 144

Les quelques jours qui suivirent ce sursis inespéré, je les avais vécus de façon étrange. Avec des sentiments mêlés, voire contradictoires. J'avais l'impression d'être une miraculée, tellement j'avais été persuadée que l'heure de ma première fessée de la nouvelle année scolaire était venue. 
D'ailleurs, j'y croyais, j'y étais prête même, d'autant que, mes soeurs n'étant pas à la maison, j'avais presque hâte que l'on en finisse, comme si j'étais soulagée qu'elles n'y assistent pas, ne serait-ce que par l'ouïe. 




Je n'en revenais pas d'avoir échappé à la fessée promise...
J'y étais prête, soulagée par l'absence de mes soeurs,
j'aurais presque baissé moi-même ma culotte si Maman l'avait exigé... 
Je me voyais déjà étalée en travers de ses cuisses...

J'avais bien sûr ressenti un immense soulagement, quand Maman avait finalement renoncé à me déculotter. Et j'étais fière d'avoir réussi à la convaincre, en plaidant avec un calme inhabituel, le fait de ne pas y croire m'amenant à m'exprimer clairement, plutôt que d'user des litanies habituelles, des supplications surjouées et autres promesses qui n'avaient jamais convaincu Maman une fois qu'elle était décidée...
J'en retirais comme un espoir, le sentiment que rien n'était finalement complétement perdu, même quand les apparences semblent totalement contraires... D'où une sorte de fierté, d'impression d'avoir grandi, de pouvoir renverser le destin. Et je n'en appréciais que d'autant plus, la satisfaction de rajouter chaque soir un jour de plus à la période en cours de jours sans fessée...




Chaque soir de plus sans fessée, j'avais l'impression d'une victoire...
Je passais parfois en secret ma main sur mes fesses
qui n'avaient pas rougi depuis des jours et des jours...
Mais le seul contact de ma paume me rappelait trop la main maternelle...

Alors que ma Sixième, puis les deux années de Cinquième avaient été marquées par un tour de vis de début d'année, voire une reprise en main juste avant la rentrée, je connaissais cette fois une sorte de période d'abstinence fessière, y échappant depuis l'épisode des vacances à la mer.
Sauf que, côté menaces, c'était presque l'inverse... Et que Maman n'était pas du genre à ne pas tenir ses promesses... les fesses de ses trois filles pouvaient en témoigner...
Et, j'avais bien conscience que la fessée évitée ressemblait surtout à une décision de sursis et nullement à un acquittement...
Si j'avais été accusée d'un quelconque larcin par exemple, et qu'au moment de recevoir ma fessée, on aurait découvert que la coupable n'était pas moi, Maman aurait clos l'affaire sans en rajouter, sauf peut-être en disant que j'avais failli prendre une fessée à tort, mais que cela aurait été pour les bêtises que j'ai parfois réussi à lui cacher...
Là, c'était différent. il y avait quand même cette mauvaise note, et mon étourderie de me tromper de leçons à apprendre... Ce qui, dans le raisonnement maternel, méritait de passer de la menace aux actes. Et, finalement, si, du fait que la non-vérification maternelle du carnet de textes, avait mis un doute dans le raisonnement de Maman, ce n'était pas un innocentement qu'elle avait prononcé, mais bien un sursis !
C'était du genre "tu ne perds rien pour attendre", voire "la prochaine fois sera la bonne", ou encore "au prochain faux pas, tu peux préparer tes fesses"...
Bien sûr, la sensation de joie d'y échapper avait été forte et intense, mais j'avais, paradoxalement, dans ma tête, les paroles maternelles qui tournaient en boucle, et comme une petite voix en moi qui me disait que je n'y couperais pas... Et cela peuplait mes cauchemars...




 



Les menaces maternelles devenant de plus en plus claires,
elles peuplaient mes cauchemars
où je me voyais prendre une interminable fessée déculottée
dans le salon familial devant mes soeurs... 

Cela alimentait aussi les conversations en famille. Comme souvent quand les petites comprenaient que leur grande soeur était dans le collimateur, elles avaient tendance à se tenir à carreau, pour ne pas dire à jouer les fayotes, histoire au moins de ne pas subir elles aussi les conséquences d'une mauvaise humeur maternelle. Histoire aussi de ne pas manquer la moindre part du règlement de comptes annoncé...
Voilà qui me rendait nerveuse, sentant bien le jeu des unes et des autres, et réalimentant ma peur à chaque alerte... Et elles ne manquaient pas surtout dans la bouche de Maman....
Je pense qu'en réfléchissant a posteriori, elle avait dû se dire qu'elle avait été bien trop gentille en m'épargnant alors qu'elle était décidée à me montrer que, passée en Quatrième ou pas, je restais soumise à la discipline familiale...
Et aussi, qu'ayant peur que je ne me relâche, comme j'avais tendance à le faire quand cela allait bien pendant une période plus ou moins longue, Maman était persuadée qu'une bonne reprise en mains allait être nécessaire...

Voilà qui n'était pas facile à vivre, ayant l'impression d'une épée de Damoclès au dessus de moi, ou du moins d'une main prête à agir au dessus de mes fesses...
D'où, je le répète, la sensation mitigée d'être heureuse d'avoir gagné une journée chaque soir sans fessée, mais aussi de sentir qu'inexorablement, elle se rapprochait...
Durant la semaine suivante, je ramenai quelques notes plutôt positives, mais jugées ni mauvaises ni bonnes, et me valant quelques réflexions du genre : "Tu aurais pu avoir mieux quand même". Ou plus explicite : "On dirait vraiment que tu cherches les ennuis" !

Maman en remit d'ailleurs une couche le dimanche après-midi suivant, quand Tata Jacqueline qui était venue prendre le dessert, croyant bien faire, dit à Maman : "Alors, tu vois, Christine se débrouille plutôt bien en Quatrième. Tu n'as même pas eu besoin de la gronder depuis la rentrée".


Tata qui était venue prendre le dessert dominical,
avait cru bon faire remarquer que je devais être assagie
puisque je n'avais pas été grondée depuis la rentrée...
Maman rectifia sous-entendant que je devrais sûrement
bientôt "préparer mes fesses". J'en rougis et faillis pleurer... 

Maman rectifia avec un petit air pincé, comme si elle prenait la remarque de sa soeur pour un reproche : "Je crois surtout que ta chère nièce a eu beaucoup de chance pour l'instant. J'ai été bien gentille de ne pas sévir à propos de certaines mauvaises notes, mais cela ne va pas durer. Christine sait bien qu'à la prochaine bêtise ou résultat décevant, c'est la fessée qui l'attend, et elle s'en souviendra..."Je baissai la tête, avalant un sanglot, provoqué par le ton de la menace maternelle qui était plus que déterminé...
En fin d'après-midi, quand Tata repartit, elle vint me faire un bisou dans ma chambre, et chercha à me consoler, me donnant comme argument : "Ne t'inquiète pas, ma chérie, dis-toi surtout que tu n'as pas encore eu de fessée depuis la rentrée. C'est quand même mieux que l'année dernière". Je me suis remise à sangloter en disant : "Oui, mais Tata, j'ai peur, Maman dit que c'est pour bientôt... Je veux pas, j'en veux plus".Tata me serra fort dans ses bras, disant : "Arrête de te tracasser à l'avance. Essaie de bien travailler, et si tu fais une bêtise, tu t'en remettras... Rappelle toi les années précédentes.  C'est quand même mieux"!
Diane, elle, avait bien enregistré les menaces maternelles, et je comprends désormais avec le recul des années comment les moqueuses de ma classe ont pu continuer à me harceler...


Mes moindres notes moyennes, comme les échos des menaces
maternelles à la maison nourrissaient les moqueries 
de camarades de classe me prévoyant des fessées imminentes... 

D'autant que le lundi suivant, en cours d'anglais, la jeune prof qui n'avait pas encore de véritable autorité, fit plusieurs remarques pour bavardage intempestif, avant de décider de donner 100 lignes à faire à toute ma rangée. Il fallait écrire : Je ne dois pas bavarder en classe. A rendre pour le prochain cours.
Quand j'entendis la punition tomber, je faillis me mettre à pleurer. Je me voyais déjà allongée sur les genoux maternels, culotte baissée, inaugurant ma première fessée de Quatrième...
A la récréation de 10 h, mes moqueuses vinrent me prédire une chaude réception à la maison. Je fis semblant de les ignorer, mais j'étais persuadée qu'elles avaient raison...
Mais, un espoir se fit jour quand Elisabeth, une de mes voisines remarqua que la prof n'avait pas demandé à ce que la copie soit signée par les parents...

Restait toutefois à faire les cent lignes sans être surprise par Maman... Et c'est là que, par  chance, la prof d'histoire-géo du cours de 11 heures étant absente, nous eûmes droit à une heure de permanence, durant laquelle je me hâtai de faire mes cent lignes ! Et, à midi, comme le soir, je laissai la copie double feuille de mes cent lignes dans mon casier, pour éviter que Maman ne la trouve en fouillant mon cartable comme elle le faisait assez souvent...
Je rentrai à midi, comme le soir, avec une boule au ventre, et une mine angoissée que Maman ne manqua pas de remarquer. "Oh, toi, tu as la tête des mauvais jours. Tu as quelque chose à me dire ? Tu n'aurais pas été collée par exemple ?", demanda-t-elle. Je me hâtai, forçant le ton de nier bien sûr avoir été collée, mais je ne la convainquai qu'à moitié...
D'ailleurs, au moment de venir éteindre et nous dire bonsoir, Maman me reposa les mêmes questions, non sans ajouter : "Tu sais ce qui t'attend si tu as été collée, mais n'aggrave pas ton cas en me mentant en plus...".Je réussis tant bien que mal à convaincre Maman, d'autant que je n'avais pas été collée, heureusement... 
Mais inutile de dire que j'eus du mal à m'endormir m'imaginant déjà en travers des cuisses maternelles....


N'ayant pas été collée, j'avais pu rassurer à moitié Maman,
qui remarquait mon air angoissé. Je réussis toutefois à cacher
ma punition de cent lignes, évitant à nouveau la colère maternelle...
Mais j'eus du mal à m'endormir m'imaginant recevant la fessée...
 

Cela dit, le lendemain, quand je remis les cent lignes à la prof, elle ne fit pas de remarques, et je me dis que j'avais finement joué, et évité le pire.... Je ne doutais pas un instant que, si j'avais tout avoué à Maman, et annoncé donc ma punition de 100 lignes pour bavardage, je n'aurais pas fini la journée sans retrouver les genoux maternels pour cette fameuse première fessée de Quatrième qui me pendait au nez depuis des jours et des jours...
Finalement, je m'en sortais une fois encore au mieux, même si rétrospectivement j'en fis encore des cauchemars...


A SUIVRE