samedi 6 juillet 2019

Chronique d'un redoublement : 145. Quand le sursis se prolonge, mais les promesses se précisent...

SUITE 144

Les quelques jours qui suivirent ce sursis inespéré, je les avais vécus de façon étrange. Avec des sentiments mêlés, voire contradictoires. J'avais l'impression d'être une miraculée, tellement j'avais été persuadée que l'heure de ma première fessée de la nouvelle année scolaire était venue. 
D'ailleurs, j'y croyais, j'y étais prête même, d'autant que, mes soeurs n'étant pas à la maison, j'avais presque hâte que l'on en finisse, comme si j'étais soulagée qu'elles n'y assistent pas, ne serait-ce que par l'ouïe. 




Je n'en revenais pas d'avoir échappé à la fessée promise...
J'y étais prête, soulagée par l'absence de mes soeurs,
j'aurais presque baissé moi-même ma culotte si Maman l'avait exigé... 
Je me voyais déjà étalée en travers de ses cuisses...

J'avais bien sûr ressenti un immense soulagement, quand Maman avait finalement renoncé à me déculotter. Et j'étais fière d'avoir réussi à la convaincre, en plaidant avec un calme inhabituel, le fait de ne pas y croire m'amenant à m'exprimer clairement, plutôt que d'user des litanies habituelles, des supplications surjouées et autres promesses qui n'avaient jamais convaincu Maman une fois qu'elle était décidée...
J'en retirais comme un espoir, le sentiment que rien n'était finalement complétement perdu, même quand les apparences semblent totalement contraires... D'où une sorte de fierté, d'impression d'avoir grandi, de pouvoir renverser le destin. Et je n'en appréciais que d'autant plus, la satisfaction de rajouter chaque soir un jour de plus à la période en cours de jours sans fessée...




Chaque soir de plus sans fessée, j'avais l'impression d'une victoire...
Je passais parfois en secret ma main sur mes fesses
qui n'avaient pas rougi depuis des jours et des jours...
Mais le seul contact de ma paume me rappelait trop la main maternelle...

Alors que ma Sixième, puis les deux années de Cinquième avaient été marquées par un tour de vis de début d'année, voire une reprise en main juste avant la rentrée, je connaissais cette fois une sorte de période d'abstinence fessière, y échappant depuis l'épisode des vacances à la mer.
Sauf que, côté menaces, c'était presque l'inverse... Et que Maman n'était pas du genre à ne pas tenir ses promesses... les fesses de ses trois filles pouvaient en témoigner...
Et, j'avais bien conscience que la fessée évitée ressemblait surtout à une décision de sursis et nullement à un acquittement...
Si j'avais été accusée d'un quelconque larcin par exemple, et qu'au moment de recevoir ma fessée, on aurait découvert que la coupable n'était pas moi, Maman aurait clos l'affaire sans en rajouter, sauf peut-être en disant que j'avais failli prendre une fessée à tort, mais que cela aurait été pour les bêtises que j'ai parfois réussi à lui cacher...
Là, c'était différent. il y avait quand même cette mauvaise note, et mon étourderie de me tromper de leçons à apprendre... Ce qui, dans le raisonnement maternel, méritait de passer de la menace aux actes. Et, finalement, si, du fait que la non-vérification maternelle du carnet de textes, avait mis un doute dans le raisonnement de Maman, ce n'était pas un innocentement qu'elle avait prononcé, mais bien un sursis !
C'était du genre "tu ne perds rien pour attendre", voire "la prochaine fois sera la bonne", ou encore "au prochain faux pas, tu peux préparer tes fesses"...
Bien sûr, la sensation de joie d'y échapper avait été forte et intense, mais j'avais, paradoxalement, dans ma tête, les paroles maternelles qui tournaient en boucle, et comme une petite voix en moi qui me disait que je n'y couperais pas... Et cela peuplait mes cauchemars...




 



Les menaces maternelles devenant de plus en plus claires,
elles peuplaient mes cauchemars
où je me voyais prendre une interminable fessée déculottée
dans le salon familial devant mes soeurs... 

Cela alimentait aussi les conversations en famille. Comme souvent quand les petites comprenaient que leur grande soeur était dans le collimateur, elles avaient tendance à se tenir à carreau, pour ne pas dire à jouer les fayotes, histoire au moins de ne pas subir elles aussi les conséquences d'une mauvaise humeur maternelle. Histoire aussi de ne pas manquer la moindre part du règlement de comptes annoncé...
Voilà qui me rendait nerveuse, sentant bien le jeu des unes et des autres, et réalimentant ma peur à chaque alerte... Et elles ne manquaient pas surtout dans la bouche de Maman....
Je pense qu'en réfléchissant a posteriori, elle avait dû se dire qu'elle avait été bien trop gentille en m'épargnant alors qu'elle était décidée à me montrer que, passée en Quatrième ou pas, je restais soumise à la discipline familiale...
Et aussi, qu'ayant peur que je ne me relâche, comme j'avais tendance à le faire quand cela allait bien pendant une période plus ou moins longue, Maman était persuadée qu'une bonne reprise en mains allait être nécessaire...

Voilà qui n'était pas facile à vivre, ayant l'impression d'une épée de Damoclès au dessus de moi, ou du moins d'une main prête à agir au dessus de mes fesses...
D'où, je le répète, la sensation mitigée d'être heureuse d'avoir gagné une journée chaque soir sans fessée, mais aussi de sentir qu'inexorablement, elle se rapprochait...
Durant la semaine suivante, je ramenai quelques notes plutôt positives, mais jugées ni mauvaises ni bonnes, et me valant quelques réflexions du genre : "Tu aurais pu avoir mieux quand même". Ou plus explicite : "On dirait vraiment que tu cherches les ennuis" !

Maman en remit d'ailleurs une couche le dimanche après-midi suivant, quand Tata Jacqueline qui était venue prendre le dessert, croyant bien faire, dit à Maman : "Alors, tu vois, Christine se débrouille plutôt bien en Quatrième. Tu n'as même pas eu besoin de la gronder depuis la rentrée".


Tata qui était venue prendre le dessert dominical,
avait cru bon faire remarquer que je devais être assagie
puisque je n'avais pas été grondée depuis la rentrée...
Maman rectifia sous-entendant que je devrais sûrement
bientôt "préparer mes fesses". J'en rougis et faillis pleurer... 

Maman rectifia avec un petit air pincé, comme si elle prenait la remarque de sa soeur pour un reproche : "Je crois surtout que ta chère nièce a eu beaucoup de chance pour l'instant. J'ai été bien gentille de ne pas sévir à propos de certaines mauvaises notes, mais cela ne va pas durer. Christine sait bien qu'à la prochaine bêtise ou résultat décevant, c'est la fessée qui l'attend, et elle s'en souviendra..."Je baissai la tête, avalant un sanglot, provoqué par le ton de la menace maternelle qui était plus que déterminé...
En fin d'après-midi, quand Tata repartit, elle vint me faire un bisou dans ma chambre, et chercha à me consoler, me donnant comme argument : "Ne t'inquiète pas, ma chérie, dis-toi surtout que tu n'as pas encore eu de fessée depuis la rentrée. C'est quand même mieux que l'année dernière". Je me suis remise à sangloter en disant : "Oui, mais Tata, j'ai peur, Maman dit que c'est pour bientôt... Je veux pas, j'en veux plus".Tata me serra fort dans ses bras, disant : "Arrête de te tracasser à l'avance. Essaie de bien travailler, et si tu fais une bêtise, tu t'en remettras... Rappelle toi les années précédentes.  C'est quand même mieux"!
Diane, elle, avait bien enregistré les menaces maternelles, et je comprends désormais avec le recul des années comment les moqueuses de ma classe ont pu continuer à me harceler...


Mes moindres notes moyennes, comme les échos des menaces
maternelles à la maison nourrissaient les moqueries 
de camarades de classe me prévoyant des fessées imminentes... 

D'autant que le lundi suivant, en cours d'anglais, la jeune prof qui n'avait pas encore de véritable autorité, fit plusieurs remarques pour bavardage intempestif, avant de décider de donner 100 lignes à faire à toute ma rangée. Il fallait écrire : Je ne dois pas bavarder en classe. A rendre pour le prochain cours.
Quand j'entendis la punition tomber, je faillis me mettre à pleurer. Je me voyais déjà allongée sur les genoux maternels, culotte baissée, inaugurant ma première fessée de Quatrième...
A la récréation de 10 h, mes moqueuses vinrent me prédire une chaude réception à la maison. Je fis semblant de les ignorer, mais j'étais persuadée qu'elles avaient raison...
Mais, un espoir se fit jour quand Elisabeth, une de mes voisines remarqua que la prof n'avait pas demandé à ce que la copie soit signée par les parents...

Restait toutefois à faire les cent lignes sans être surprise par Maman... Et c'est là que, par  chance, la prof d'histoire-géo du cours de 11 heures étant absente, nous eûmes droit à une heure de permanence, durant laquelle je me hâtai de faire mes cent lignes ! Et, à midi, comme le soir, je laissai la copie double feuille de mes cent lignes dans mon casier, pour éviter que Maman ne la trouve en fouillant mon cartable comme elle le faisait assez souvent...
Je rentrai à midi, comme le soir, avec une boule au ventre, et une mine angoissée que Maman ne manqua pas de remarquer. "Oh, toi, tu as la tête des mauvais jours. Tu as quelque chose à me dire ? Tu n'aurais pas été collée par exemple ?", demanda-t-elle. Je me hâtai, forçant le ton de nier bien sûr avoir été collée, mais je ne la convainquai qu'à moitié...
D'ailleurs, au moment de venir éteindre et nous dire bonsoir, Maman me reposa les mêmes questions, non sans ajouter : "Tu sais ce qui t'attend si tu as été collée, mais n'aggrave pas ton cas en me mentant en plus...".Je réussis tant bien que mal à convaincre Maman, d'autant que je n'avais pas été collée, heureusement... 
Mais inutile de dire que j'eus du mal à m'endormir m'imaginant déjà en travers des cuisses maternelles....


N'ayant pas été collée, j'avais pu rassurer à moitié Maman,
qui remarquait mon air angoissé. Je réussis toutefois à cacher
ma punition de cent lignes, évitant à nouveau la colère maternelle...
Mais j'eus du mal à m'endormir m'imaginant recevant la fessée...
 

Cela dit, le lendemain, quand je remis les cent lignes à la prof, elle ne fit pas de remarques, et je me dis que j'avais finement joué, et évité le pire.... Je ne doutais pas un instant que, si j'avais tout avoué à Maman, et annoncé donc ma punition de 100 lignes pour bavardage, je n'aurais pas fini la journée sans retrouver les genoux maternels pour cette fameuse première fessée de Quatrième qui me pendait au nez depuis des jours et des jours...
Finalement, je m'en sortais une fois encore au mieux, même si rétrospectivement j'en fis encore des cauchemars...


A SUIVRE


9 commentaires:

  1. Bonjour

    Correction évitée de justesse, mais je crains que Maman Spaak ne l'apprenne sous peu. Si les circonstances l’amènent à rencontrer la jeune prof d'anglais, cette dernière ne manquera pas de mentionner les 100 lignes.
    Un mensonge en plus de 100 lignes pour bavardage...
    Aie aie aie...

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  2. Je ne peux hélas que partager l'angoisse de ce commentateur... Après une fessée à laquelle j'ai échappé alors que je croyais mon heure arrivée, puis cette fois une punition de cent lignes pour bavardage que je me garde bien d'avouer à Maman, n'y étant pas réellement obligée puisque la prof n'a pas demandé qu'elle soit signée à la maison, je m'en sors presque miraculeusement bien...
    Mais c'est vrai aussi que je ne suis pas à l'abri d'une rencontre fortuite de Maman avec la jeune prof, ni d'une délation par le jeu des petites soeurs se confiant des secrets... Aïe, aïe, aïe... en effet, ça craint....

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  3. Bonsoir

    Effectivement, j'avais oublié que vos camarades ont aussi des petites sœurs qui connaissent les vôtres. Ce menu détail m'avait échappé alors que c'était une évidence même.

    L'anonyme empathique que je suis craint un funeste destin fessier pour l'ado que vous étiez, lady Spaak.

    Amicalement, et bon courage pour la continuité.

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  4. Merci de votre compassion. Il est vrai que vos prévisions d'un "funeste destin" pour le bas du dos de la presque ado que j'étais, paraissent plus que plausibles...

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  5. Cela ne se bouscule pas côté commentaires...
    Même les plus fidèles seraient-ils en vacances ?

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  6. Après ce véritable miracle de « fessée évitée », qui prolonge une immunité inhabituelle, notre héroïne vacille entre l’extrême soulagement, la certitude (certes fallacieuse) d’avoir désormais son destin en main, mais aussi le sentiment de demeurer au bord du gouffre, et de se savoir punie dès le moindre futur prétexte (cet ajournement inespéré ne remettant nullement les compteurs à zéro, d’autant que Madame Spaak pourrait après coup regretter son indulgence).
    D’où ces cauchemars au cours desquels Christine se voit, perspective affreuse, châtiée devant ses sœurs, qui elles-mêmes dans la réalité demeurent aux aguets, espérant sans se l’avouer voir tomber sur les fesses de leur aînée les prochaines foudres maternelles. Foudres métaphoriquement perçues comme une épée de Damoclès, mais suspendue en un autre endroit que dessus votre tête…
    Votre tante elle-même, dont les propos se voulant rassérénant jettent plutôt de l’huile sur le feu, ravive l’impatience de votre mère en lui assurant que vous n’avez pas encore été réprimandée depuis la rentrée.
    Comme si cela ne suffisait pas, vos camarades de classe, instruites par Diane de l’ambiance familiale, continuent, par leurs moqueries et harcèlements, à entretenir votre angoisse.
    Et forcément, comme quand l’obstacle vous obsède, vous foncez dedans, advient la tuile inévitable. Votre nouvelle jeune professeure d’anglais, sans doute enthousiaste mais encore novice dans la gestion de classe, se voyant submergée pour s’être assurément montrée trop indulgente en ce début d’année scolaire, reprend les choses en main en infligeant une (légère) punition à toute la rangée incluant Christine. (Punition collective, là encore, typique erreur d’enseignant débutant.)
    Cette fois, vous (et vos persifleuses) voyez inéluctablement se dessiner la perspective de votre première fessée de Quatrième. Mais Elisabeth (pourtant dans le camp des ennemies me semble-t-il) se mue pour l’occasion en petit démon tentateur en vous susurrant que la prof d’anglais (autre lapsus de novice) n’a pas demandé à ce que la sanction ne soit signée par vos parents. Lors, comme si vous n’avez rien retenu de l’affaire de la signature imitée, qui avait si tristement conclu votre redoublement, vous retombez dans le travers de la dissimulation. Vous profitez d’une heure d’étude inopinée pour recopier ces cent lignes, que vous escamotez dans votre casier au lieu de ramener chez vous. Une fois encore, vous parez au plus pressé, colmatez la brèche sans réfléchir aux conséquences : en effet, vous aggraverez votre cas si votre mère venait, par la bouche de votre nouvelle professeure, à apprendre la vérité.
    Votre mère, à qui rien n’échappe, remarque d’ailleurs votre anxiété lors de votre retour à la maison, et ne manque pas de vous questionner. Mais, vous contentant, selon une casuistique qui vous est habituelle, de répondre strictement à ses questions (à savoir que non, vous n’avez pas été collée), vous commettez un mensonge par omission.
    Le lendemain, Christine peut rendre la punition avec l’impression d’avoir échappé au pire, mais aussi d’avoir ajouté une pièce compromettante à son « dossier » si celui-ci venait à être découvert.

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  7. Merci Mardohl de ces commentaires toujours justes et qui décryptent un peu le fonctionnement de Christinette, ma façon d'éviter des aveux dont j'imagine aisément les conséquences...
    Et j'avoue que j'étais chanceuse cette fois-là...
    Maman me sentant anxieuse imagine que je puisse avoir été collée, et je m'empresse de nier, ce qui n'est nullement un mensonge. Il en aurait été différemment si elle m'avait demandé si j'avais été punie en classe... En vous imaginez bien que je n'allais pas, de moi-même, avouer avoir dû faire cent lignes de punition... Cela aurait été comme si je demandais à Maman de me donner la fessée tellement promise...
    Et c'est vrai que pouvoir rendre la punition en classe en ayant échappé à l'inévitable déculottée que je craignais de plus en plus, avait de quoi me donner l'impression d'une sorte de victoire...

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  8. Je vous en prie, Christine.
    Et tiens, dans la foulée, comme d'habitude, j'ai encore commis une faute d'orthographe : "dont les propos se voulant rassérénant [...]" sans "s" à "rassérénant" qui, dans ce cas de figure, ne constitue non pas un participe présent invariable, mais bel et bien un adjectif verbal susceptible de s'accorder (ici au masculin pluriel de "propos").
    Sans prétendre me disculper, j'allègue néanmoins avoir été induit en erreur par le correcteur orthographique, qui étrangement n'admet pas ce pluriel.
    Enfin… je suppose que vous aurez passé l'éponge, voire même n'aurez même pas remarqué cette erreur. J'attends avec impatience votre prochain épisode, qui m'égaiera la morosité de l'imminente rentrée.

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  9. Je me suis posé la question à propos de ce "s" ou pas "s", mais j'ai en général confiance en Mardohl. S'il se met à faire des fautes, Christinette va pouvoir plaider la clémence maternelle envers ses fautes à elle... Mais pas sûr que Maman Spaak se laisse attendrir...

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