jeudi 16 juillet 2009

Angoisse et vieille stratégie...

SOUVENIR...



Je suis rentrée à la maison avec la peur au ventre... Trop sûre qu'il y avait dans le courrier du jour de quoi me faire craindre des moments difficiles... Si la Poste a fait son boulot, les bulletins trimestriels partis du collège hier sont arrivés dans la boîte aux lettres familiales... Et le mien est loin d'être bon...
Une moyenne générale en baisse et surtout deux notes catastrophiques en anglais avec une appréciation de la prof qui doit être alarmiste...
La maison est silencieuse. Maman est partie chercher mes soeurs qui sortent à 18 h 30 de leur cours de danse... J'ai donc le temps de regarder si le fameux bulletin est arrivé...
Rien dans la corbeille de l'entrée où Maman stocke factures et courrier avant de les classer...
Je reprends espoir... Un retard de la Poste serait synonyme de 24 h de répit et j'en serais ravie...
Voyons dans la cuisine... Ah, la table est déjà mise pour le dîner. Le repas semble même prêt...
Je monte donc poser mes affaires dans ma chambre, presque ragaillardie... Mais, là, bien posé sur mon petit bureau... il y a l'enveloppe du collège... Déjà ouverte avec le bulletin déplié en évidence...
Pas difficile de voir rapidement qu'il est aussi mauvais que je ne le craignais... Et l'annotation de la prof d'anglais est cinglante : "Des résultats décevants pour ne pas dire nuls. Christine n'a visiblement pas travaillé du tout la matière. Une sérieuse reprise en mains s'impose..."
Juste à côté, Maman m'a laissé un petit mot : "Je suis partie chercher tes soeurs. Attends-nous... On a un compte à régler..."
Je lis ce petit mot et le relis en ayant la chair de poule... Je connais trop Maman pour savoir ce qui m'attend... Je me sens coincée, comme dans un tunnel... Je n'ai pas le moindre doute... Il y a de la déculottée dans l'air...
Attendre... c'est angoissant quand on imagine la suite... Il faut que je trouve une occupation, je ne peux pas rester là en attendant Maman comme une gamine en faute... Il faut que je me compose une attitude, que je joue les innocentes, que j'ai l'air sereine, voire sage et studieuse, histoire de faire bonne impression...
Oui, c'est ça... Je dois jouer les filles sages... Vite, je sors des livres et mon classeur d'anglais, j'en éparpille sur le lit, ouverts à des pages de mes leçons précédentes... Puis je m'allonge et me plonge dans la lecture... alors que j'entends la voiture maternelle se garer dans le jardin et les portes claquer avec les piaillements joyeux de mes soeurs.
J'essaie de me concentrer, de lire quelques lignes pour savoir au moins de quoi parle ce chapitre, si par hasard Maman s'y intéressait... Mais, j'ai la tête ailleurs et les jambes en coton... Il fait bon, mais je frissonne nerveusement... Comme s'il faisait froid. J'ai presque la chair de poule...
Mes soeurs montent dans leur chambre, juste à côté de la mienne. Au passage, elles me lancent un "Bonjour Christine" qui me semble rieur. C'est à croire qu'elles se doutent de quelque chose... Maman monte à son tour et va les voir. "Bon, les filles, il est 7 h moins dix. On dîne à 7 h et demi. D'ici là, je ne veux pas vous entendre... C'est bien compris ? J'ai à discuter avec votre soeur et je suis déjà assez énervée comme ça. Alors, je vous conseille d'être calme si vous ne voulez pas que je m'occupe aussi de vos fesses..."
L'avertissement de Maman plombe l'ambiance chez mes soeurs... On entendrait une mouche voler... En tout cas, si elles avaient encore un doute sur ce qui se trame dans la pièce d'à côté, elles n'en ont certainement plus...
Et je dois dire que les mots que Maman vient de prononcer ont encore augmenté mon angoisse... A demi-mots, elle a déjà annoncé le programme... Et dans son ton, je devine que la détermination maternelle est très forte... Et c'est compréhensible...
De mon côté, depuis que la prof principale nous a annoncé que le secrétariat du collège postait hier les bulletins, j'ai eu une appréhension croissante. Je connais trop les règles de la maison et j'ai trop d'exemples en tête et encore en souvenirs dans le bas du dos, pour savoir que je vais me prendre une bonne fessée...
Mais, je sens aussi que Maman avait deviné... Même avant de recevoir le bulletin... juste en me voyant fébrile et nerveuse...
Et puis, le facteur est passé et les soupçons maternels se sont révélés vrais... Elle a même dû lire et relire ce bulletin plusieurs fois, sentant son envie de réagir, son besoin de me rappeler à l'ordre monter...
Et le moment est venu... Et je l'entends ouvrir la porte de ma chambre... Je relève juste un peu le regard en affectant une attitude très studieuse... Elle me regarde avec un oeil noir et quelque chose qui ressemble quand même à un demi-sourire...
"Tiens, ma fille qui travaille... Mais, c'est bien, Christine, c'est très bien... Dommage que tu n'aies pas commencé plus tôt... Si tu vois ce que je veux dire..."
Je bafouille : "Euh, Maman, euh, je vais te, euh, t'expliquer..."
Et alors qu'elle s'assoit au bord du lit à une place qui veut déjà tout dire, elle répond : "J'espère bien, Christine, que tu vas m'expliquer en détail tes si brillants résultats... Mais, de toute manière, ne te fais pas trop d'illusions... Comme le dit ta prof d'anglais, une bonne reprise en mains s'impose... Et j'ai une excellente méthode pour cela... Je me doute bien que tu as préparé quelques bons arguments pour ta défense... Mais, si j'ai un conseil à te donner, c'est aussi de préparer tes fesses..."

2 commentaires:

  1. Une tactique bien connue que j'utilise régulièrement !

    Mais c'est peine perdue. Maman est une femme de parole : "chose promise, chose due", une fessée annoncée est toujours administrée.

    Ceci dit ce n'est sans doute pas tout à fait inutile : dans ce genre de situations il vaut mieux amadouer nos mère qu'exciter leur colère.

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  2. Bonjour Christine,

    Comme le retour à la maison était difficile, sachant que le facteur avait certainement livré le courrier annonciateur d'orage pour la demoiselle qui espère l'absence de distribution donnant un répit, voir même la perte du fameux courrier par la poste, lui évitant les foudres maternelles.

    Mais voilà, il n'y a pas de miracle et la jeune fille découvre alors la missive mise en évidence comme une preuve de son infortune, comprenant donc à cet instant que son avenir passera par les genoux de Maman, culotte largement dégagée, pour un rendez vous aussi claquant que cuisant.

    Et là, il faut attendre angoissée, craignant la suite tel un petit animal sans défense et se composer une bonne image, afin d'atténuer (éventuellement) la volonté de Maman à recadrer sa fille par la seule méthode qui fasse de l'effet, à savoir une bonne fessée, qui la calmera un certain temps.

    Sauf que la détermination de Maman est inébranlable et la demoiselle va en ressentir tous les effets sur ses fesses bien déculottées et offertes sans concession à la dextre maternelle pour son indiscipline, situation que j'ai souvent connue (ainsi que ma sœur) compte tenu de notre espièglerie naturelle et notre insouciance propices à des sanctions scolaires (colles, mot de profs ou commentaires sur le bulletin de notes), nous conduisant alors dans une posture inconfortable et douloureuse de la part de Maman.

    A bientôt, Sonia

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