mercredi 2 mars 2011

Ces moments où le coeur bat fort : la tuile en maths (ET APRES SUITE 2) !

SUITE 2

"Mais, ce n'est pas possible, Christine. Tu appelles ça un bulletin en progression ? Franchement, en dehors du français, c'est même pire que la dernière fois. Je le sentais bien, que ce serait encore décevant. On dirait que tu cherches vraiment les ennuis, ma fille. Alors, ne t'étonne pas quand ils arrivent..." Le ton de Maman montait, montait, comme une mayonnaise qui prenait corps...
Je voyais la scène comme si je l'avais écrite. Je n'avais pas le moindre doute de comment elle allait finir...

 J'étais figée, le regard ailleurs, déjà dans la peur...



Maman était dans le monologue, je n'arrivais pas à dire trois mots sensés pour lui répondre. Je sentais bien ma cause difficilement défendable. Je me contentais d'acquiescer, de réagir timidement, de faire des promesses à mi-voix, d'essayer surtout de faire profil bas, de ne pas l'énerver davantage...
Même la présence de Diane qui assistait à l'engueulade maison me semblait faire partie du décor. J'avais reçu une fessée magistrale quatre jours auparavant devant Tata. Je voyais arriver une déculottée devant ma soeur, et j'en étais presque à penser que c'était dans la logique des choses, que tel était mon destin...
J'étais figée, le regard ailleurs, déjà dans la peur, dans l'angoisse d'un sale quart d'heure à passer...
Je connaissais ces moments, je savais que le sermon allait passer aux choses concrètes, que Maman allait rappeler ses promesses faites lors du dernier bulletin, de ce qui m'arriverait si la moyenne n'augmentait pas...
Je guettais ses gestes hélas trop connus, ses mots et ses placements de main qui étaient autant de signes avant-coureurs d'un orage imminent...
Je voyais ses genoux, je me disais que j'y serais bientôt exposée et longuement fessée...

 Maman tapota sa cuisse de sa main droite...



"Ah, Christine, tu m'en auras fait voir cette année. Ce n'est pas la peine de faire cette tête. Tu imaginais bien que je n'allais pas te féliciter en découvrant un bulletin pareil... Je t'ai pourtant assez prévenue... C'est la fessée, ma fille... C'est encore une bonne fessée, Christine, que tu mériterais...", dit Maman en tapotant sa cuisse de sa main droite... 
Ces mots entrèrent dans ma tête, un par un, et j'éclatai en sanglots... "C'est la fessée, ma fille...". Mes peurs étaient concrétisées et mes nerfs se lâchaient par de grosses larmes.
"C'est encore une bonne fessée, Christine...", je regardai Diane qui avait les yeux pétillants, Maman qui semblait désigner ses genoux, et je fis un petit mouvement vers l'avant, comme pour aller m'allonger et recevoir cette fessée que j'imaginais depuis que j'avais découvert mon carnet....
"C'est encore une bonne fessée, Christine..." j'avais anticipé dans ma tête, quand je pris conscience des trois mots suivants :  "que tu mériterais..." !!!
Que je "mériterais", ce n'était pas que "tu vas recevoir". Non, "mériterais", deuxième personne du conditionnel présent, se souvint la forte en français que j'étais. Cela voulait dire que je n'aurai pas ou du moins pas maintenant, pas tout de suite, voire jamais...
Mon visage noyé de larmes s'illumina... Je ne comprenais pas, mais j'avais pourtant bien entendu, Maman le confirma...
"Tu as de la chance, Christine, que je n'ai pas que cela à faire. Je viens déjà de flanquer une déculottée maison à Aline et toi, tu as eu ta part, lundi soir. Je t'ai montré ce que méritaient tes mauvaises notes et tu n'étais pas fière de te faire rougir les fesses devant Tata...", rappela Maman, provoquant de nouveaux sanglots de ma part.
"Je vais être compréhensive pour une fois, même si j'ai bien envie de t'en donner une autre. Disons que celle de lundi soir était une sorte d'avance, mais ne t'imagine pas quitte pour autant. Il y a deux semaines de vacances de Pâques, et nous allons en profiter pour travailler les matières faibles. Je te préviens : ce sera deux heures de devoirs tous les jours, et si tu ne travailles pas bien, il n'y aura pas à discuter : la fessée que tu mérites ce soir, tu la recevras sur le champ. Allez, file dans ta chambre, et estime-toi vraiment heureuse d'avoir échappé à une nouvelle déculottée...", conclut Maman.
Je fis demi-tour dans l'instant, bien heureuse de la tournure des événements. Je murmurai un "Oui, Maman, oui, merci". Et je montai, n'en croyant pas encore mes oreilles, presque tremblante d'émotion.
 En reprenant mes esprits, j'analysai à ma manière la situation. J'avais eu de la chance qu'Aline rentre avant moi et que Maman s'occupe de ses fesses la première... Il y avait aussi la proximité et le caractère mémorable de ma déculottée devant Tata Jacqueline quatre jours auparavant. Celle que j'aurais reçu ce soir aurait été forcément moins marquante, avec une mère ayant déjà dû passer ses nerfs sur soeurette. Donc, l'idée de se montrer compréhensive tout en laissant la menace au dessus de mes fesses qui allait me pousser à vraiment travailler durant ses vacances n'était donc pas un mauvais choix tactique de Maman.
Mais, c'est vrai que je n'en croyais pas mes oreilles, m'étant persuadée en rentrant que mon heure était à nouveau venue... Cherchant à positiver, j'en tirais les conclusions que la chance existait, et je ne voyais plus la tannée de lundi soir du même oeil. C'était en partie "grâce" à la déculottée devant Tata que j'échappais à celle que je méritais ce soir. Le cauchemar de lundi en devenait presque un souvenir positif.

A SUIVRE

7 commentaires:

  1. Bonjour Christine.

    Je vous prends vraiment pour une héroïne de feuilleton : je suis content que cet épisode se termine bien pour vous ! Il ne tient qu'à vous ensuite, coquine de Christine, d'y mettre plein de bonne volonté pendant vos devoirs de vacances. Ce sera peut-être votre prochain épisode ? Vous sourira-t-il autant que celui d'aujourd'hui ?

    Avec maman, une fessée récemment donnée ne l'empêchait pas de m'en infliger une autre, même à quelques jours d'intervalle (un jour, j'en avais même eu deux à quelques heures d'intervalle, la première sur le pantalon, la deuxième déculottée, même le slip). Il est vrai que, comme je vous l'ai déjà dit, chère Christine, maman me corrigeait pour la conduite, rarement pour le travail.

    A bientôt. Amitiés.
    Echappement vôtre.

    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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  2. Chère Christine,

    "Mériter", voilà à coup sûr un verbe irremplaçable lorsque l'on se soucie de répartir avec équité les récompenses et les punitions ; car les unes comme les autres peuvent se "mériter". Sévère, peut-être, mais ayant à coeur de ne jamais se montrer injuste, Maman pesait avec soin chacun de ses mots et chacun de mes actes. Elle pondérait sagement le mal par le bien, me récompensant quand j'avais lieu de l'être, elle excusait volontiers une étourderie mais gare à moi si derrière une bêtise anodine elle déchiffrait une mauvaise intention, une petite sournoiserie dissimulée. Ainsi lorsqu'elle commentait ma conduite, il n'était pas rare qu'il soit question, en guise de conclusion, de ce que je méritais, ou aurais mérité... et voilà donc un verbe qui m'est peu à peu devenu familier, conjugué à divers temps et divers mode, souvent, il faut l'avouer, pour parler de punitions plutôt que de récompenses, et bien plus souvent pour parler de fessées que de tout autre punition.
    L'expression la plus nette et la plus directe dont j'ai le souvenir, ce sont des exclamations du genre "Alors là, ma petite, ça mérite une bonne fessée !". Mais attention, malgré son aspect franc et positif, ce présent de l'indicatif ne débouchait parfois sur rien de concret : Maman menaçait beaucoup plus qu'elle ne tenait, et ces jours-là je poussais un grand soupir, j'attendais que le battements de mon coeur se calment et il ne me restait plus qu'à faire une retraite discrète, la tête pleine de bonnes résolutions.
    (D'autres fois, évidemment, Maman savait donner à l'indicatif toute sa force grammaticale et savait rapidement me démontrer qu'il n'entre dans ce mode aucune nuance hypothétique... elle en profitait même pour me faire réviser l'usage du futur proche en ajoutant "... et je vais te la donner tout de suite !")
    Le conditionnel était naturellement de meilleur augure, mais comme Maman n'était pas toujours trè logique, il est arrivé que le flou conjectural d'un "mériterais" se condense et se concrétise malheureusement en une véritable et cuisante déculottée : "Je ne comprends pas que tu te conduise comme ça... Tu mériterais... Tu mériterais une fessée... voilà ce que tu mériterais... et sincèrement je ne sais pas ce qui me retiens... Tu m'écoutes Agnès ?... Tu entends ce que je dis ?... Ca n'a vraiment pas l'air de te concerner... A te voir, on dirait que tu te fiches complètement de ce que je peux dire... Eh bien puisque c'est comme ça, je ne vois pas pourquoi je me fatiguerais à te trouver des excuses !... C'est la fessée que tu veux ? Eh bien tu vas l'avoir ma petite...". Et cette fois là, moi qui pensais m'en tirer avec une bonne réprimande j'assistai avec effarement à la montée graduelle de cette colère maternelle sans pouvoir placer un mot pour l'endiguer, et en fin de compte Maman jugea plus expédient d'en arriver à la démonstation matérielle et elle me prouva sans peine que je devais être punie en me baissant ma culotte pour m'administrer séance tenante une retentissante fessée.
    (A SUIVRE)

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  3. (SUITE 1)
    "Mériter" ou pas ? Cela pouvait faire l'objet d'une question : "Tu sais ce que tu mérites ?" Souvent Maman n'attendait même pas la réponse et elle enchainait "Je vais te le dire, moi... Tu mérites une bonne fessée, tu m'entends !". Oui j'entendais, et c'était même un peu pénible à entendre, mais moins pénible, somme toute, que lorsqu'elle voulait à tout prix que ce soit moi qui donne la réponse : "Je t'ai déjà dis que je ne supportais pas le mensonge Agnès... et tu sais ce que méritent les petites menteuses comme toi... Qu'est-ce qu'elles méritent, tu peux me le dire ?... Alors Agnès, j'attends... Tu peux me dire ce que tu mérites ?...". Et si je finissais par lâcher en balbutiant LE mot, il était immédiatement repris et amplifié triomphalement par Maman : "Eh oui, une fessée Agnès... une fessée culotte baissée. Voilà ce qu'on mérite quand on passe des mois à dire des mensonges à sa Maman...allons, une fessée, et ensuite au lit, et sans regarder la télé !"
    Là encore Maman n'était pas toujours très rationnelle : après des menaces aussi enflammées il arrivait souvent que je sois simplement envoyée au lit, sans télé certes, mais également sans fessée ! En revanche le jour où Maman à trouvé des anti-sèches dans ma trousse, il n'y a eu ni colère ni exclamations, mais plutôt des questions légères et ironiques : "Attends... attends un peu Agnès avant de partir... Je pense que tu comprends que ce n'est vraiment pas bien d'essayer de tricher comme ça... C'est tout simplement malhonnête, mais ce qui l'est encore plus c'est de t'être vantée comme tu l'a fais des bonnes notes à tes derniers contrôles, d'avoir accepté en souriant les félicitations et les récompenses comme si tu les avais méritées.
    En fait c'est bel et bien une punition que tu mériterais maintenant, tu ne crois pas ?... Ca parait raisonnable, non ?... Et tu veux mon avis ? Eh bien je pense qu'en l'occurence une petite fessée serait tout à fait appropriée... Oui, oui ma chérie, une
    fessée, j'espère que tu vois de quoi je parle. Tu n'a pas l'air d'être de mon avis ? ça ne m'étonne pas mais ce n'est pas très important, parce que moi, de mon côté, plus j'y pense et plus je suis convaincue que tu mérites cette fessée, et je pense même qu'il vaut mieux que je te la donne sans trop tarder...". Et bien que tout cela ait été exposé avec le plus grand calme, sans le moindre éclat de voix, sur un ton mi-railleur mi-affectueux, il n'y eut ce jour-là pas d'amnistie. Maman se leva de sa chaise, me considéra quelques secondes en faisant la moue et déclara en m'enlevant mon manteau "Allez Agnès, ne perdons pas de temps ! Je te rappelle que nous avons des courses à faire ensuite...". Toute décontenancée par la mauvaise tournure des évènements je me laissais conduire, le coeur battant, jusqu'au canapé tout proche. Quelques secondes plus tard j'apprenais à mes dépends que même s'il arrivait à Maman d'évoquer avec désinvolture la question des punitions, cela ne l'empêchait pas de les administrer avec sérieux et fermeté.
    (A SUIVRE)

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  4. (SUITE 2)
    Ce fut une bien amère expérience de me retrouver à peine un quart d'heure plus tard dans la rue à côté de Maman. Dans ma tête résonnait encore le bruit des claques qui venaient de m'être administrées et dont je sentais encore l'effet sur la partie la plus charnue de ma personne. Bien entendu il n'y avait dans toute cette rue que Maman et moi qui savions ce qui venait de se passer, mais cela n'apaisait nullement la gêne que que me causait le léger endolorissement de mon fessier, et le sentiment de confusion irrationelle que je ressentais devant les passants, comme s'ils pouvaient deviner, lire dans mes pensées, interpréter une démarche que je m'efforçais de rendre la plus naturelle possible ou bien, magiquement, voir à travers mes vêtements ! Et Maman qui tenait toujours à ce que tire le meilleur profit des punitions qu'elle m'administrait ajoutait encore à mon embarras en profitant de notre trajet jusqu'au centre ville pour me faire la leçon. Oh bien sûr à voix basse, en s'interrompant lorsque nous croisions quelqu'un, mais nous étions quand même dans la rue et j'étais terriblement honteuse à l'idée que quelqu'un puisse entendre ce qu'elle me glissait à l'oreille ; et que me disait-elle ? Elle me parlait de tricherie, de mensonge, de l'humiliante correction que je venais de recevoir et que j'aurais tant voulu oublier et concluait "En tout cas Agnès, ne va pas dire que je suis trop sévère. Je peux t'assurer que cette fessée, tu l'as bien méritée".

    Car "Mériter" se conjugait aussi au passé, par exemple ainsi : "J'ai eu une longue discussion avec madame Galand, elle m'a tout expliqué au sujet de ces deux heures de colle ; mais je vais te dire, en l'écoutant je pensais que tu aurais plutôt mérité une bonne fessée.". Et tout naturellement, lorsqu'il s'agissait de faire le bilan d'une de ces "discussions" privées destinées à me remettre dans le droit chemin, le même petit verbe venait montrer le bout de son nez : "Tu sais, je suis vraiment contrariée d'avoir été obligée de te punir, mais vraiment tu l'avais mérité... Je pense que tu t'en rends compte". Oui, je me rendais compte. A ce moment je ressentais tout à la fois honte et soulagement,peut-être un peu de ressentiment d'avoir été traitée comme un bébé, un vague espoir que Maman finisse par se montrer moins sévère, mais cela ne m'empéchait pas de me sentir coupable. Tout au plus j'avais parfois le sentiment que "ça n'était pas entièrement de ma faute", ou que la punition m'avait surprise au moment où je m'apprétais à tout réparer mais cela avait peu d'importance : la vérité c'est que lorsque Maman me disait que je méritais une punition, je ne le prenais jamais pour des paroles en l'air, et son avis suffisait à me faire comprendre et sentir que j'étais fautive, avant qu'elle même m'en administre la preuve irréfutable en me couchant en travers de ses genoux pour me fesser... comme je le méritais.

    Amicalement (et toujours admirative de votre talent et de votre constance)

    Agnès

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  5. Florent

    Ta maman a été bien clémente cette fois!
    J'imagine que ton postérieur ne sera pas épargné sous peu ?.
    Une question : ta maman ne t'a jamais menacée de l'achat d'un martinet ?

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  6. Grand Merci à Agnès. Quel magnifique commentaire, tout en nuance et en analyse très juste. C'est vraiment au diapason de ce que j'ai vécu pour ma part et l'essentiel pourrait être co-signé de ma main.
    Vous vous dites admirative de ma constance et de mon talent. Le talent, vous en avez aussi beaucoup. Ma constance, elle est requinquée et encouragée par ce type de contribution riche et positive. Et non pas les sempiternelles questions baisques qui ne font pas avancer le débat.
    Encore merci Agnès !
    Sincèrement.
    Christine

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  7. En effet, quel rafraîchissant commentaire que celui d'Agnès. Et quelle pertinence dans l'évocation sémantique des modes et temps verbaux ! Moi aussi, j'ai savouré tout le sens que prenait pour Christine l'emploi chez sa mère du conditionnel, et Agnès nous balade avec bonheur à travers les colonnes de ce tableau de conjugaison que sur les bancs d'école nous trouvions si fastidieux. Belle variation sur le thème grammatical, et qui incite à vous lire, encore et davantage. (J'ai bien aimé le récit des courses en ville effectuées juste après la correction. Vous trouvez là un ton juste et novateur, on se sent comme dans un mauvais rêve.)

    (Au fait, Christine, avez-vous compté le nombre de fois où les mêmes "sempiternelles questions basiques qui ne font pas avancer le débat" ont été posées ? Parce qu'à force, ça en devient pathétique.)

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