lundi 7 mars 2011

Ces moments où le coeur bat fort : la tuile en maths (ET APRES SUITE 4) !

SUITE

En ce début de troisième trimestre, je savais que j'avais intérêt à me tenir à carreau. Les vacances s'étaient finalement passées sans incident majeur, du moins pour mon postérieur, ce qui n'avait pas été le cas pour Aline, que Maman avait à nouveau corrigé deux fois en quinze jours, du fait de devoirs mal faits.
Je n'en avais eu que l'écho à travers la cloison de ma chambre, mais cela suffisait à me motiver pour bien vérifier mes propres exercices.
Ce trimestre commençait avec deux enseignants absents : le prof de gym et la prof d'histoire-géo, et cela me donnait des heures de permanence avec des devoirs à faire. Maman qui préférait que je travaille à la maison avait signé des autorisations de sortie, s'arrangeant pour être à la maison à ces moments là, ou pour demander à Tata de venir me garder à sa place, lorsqu'elle devait effectuer des gardes à la bibliothèque municipale, où elle avait des fonctions bénévoles au sein de l'association.
Tata se prenait au jeu de me garder ainsi une paire d'heures, secondant Maman pour l'occasion, et m'aidant même pour mes devoirs avec une philosophie plus cool que sa chère soeur, on s'en doute.
J'aimais ces moments de complicité entre nous et je travaillais plus détendue. D'autant que Tata parfois voyait une erreur, comprenait qu'une leçon avait été pal apprise ou incomprise et nous y revenions.
Elle m'en taquinait un peu me disant, non sans raison : "Eh bien, ma chérie, heureusement que Maman n'a pas vu cette grosse faute... Je pense qu'elle n'aurait pas été contente... Cela aurait pu chauffer pour ton matricule, tu ne penses pas ?"
Je rosissais, gênée, mais reconnaissante sachant qu'elle n'avait pas tort...

"Dis donc, Christine, Maman n'aurait pas été contente...", lançait Tata




Après l'amnistie surprise du jour du carnet, puis deux semaines de vacances sans incident, et une dizaine de jours de cours en bénéficiant de l'assistance bienveillante d'une Tata qui disait à chaque fois à Maman que j'avais bien travaillé, un mois s'était donc passé depuis la fessée reçue devant Tata.
J'en arrivais à me considérer comme protégée des dieux et le fait d'avoir Tata en paratonnerre pour mes devoirs deux à trois fois par semaine m'amenait à être un peu moins vigilante, et à me laisser aller un tant soit peu en cours. Une vieille tendance à me relâcher dès que je sentais moins la pression qui m'avait déjà valu bien des désagréments...
Et cela ne manqua pas de se reproduire...


"Christine, si cela vous fait rire, ce sera le double"



On était en cours de Français, une de mes rares disciplines fétiches et la prof rabâchait des explications de grammaire à une des cancres de la classe. Je bayais aux corneilles et j'étais ailleurs quand la prof me demanda de répéter ce qu'elle venait de dire. Je ne pouvais pas et je balbutiai n'importe quoi, m'attirant la réaction de la prof qui m'avait déjà rappelée à l'ordre deux fois dans l'heure précédente : "Eh bien, Christine, vous me ferez deux heures de colle pour vous apprendre à suivre en cours".
Je bégayai un "Euh, n.. nooon, no, Mad' Madame". C'est alors que derrière la prof, Corinne, l'une des délurées de la classe, fit une horrible grimace en tirant la langue. Je ne pus me retenir de pouffer, cachant ma bouche derrière mes mains.
La réaction de la prof fut immédiate : "Puisque cela vous fait rire, Mlle Spaak, ce sera le double. Quatre heures de colle, cela vous calmera peut-être".
Il n'y avait rien à négocier. J'échappais au mot dans le cahier de correspondance, mais ce n'était que reculer pour mieux sauter. Deux heures de colle, je savais que Maman ne le pardonnait jamais sans ce qui allait avec... Alors, quatre d'un coup, c'était la catastrophe annoncée...

Je restais sur le banc, détournant le regard...


C'est Tata qui venait me chercher au collège à 15 h, ayant permanence à la place des deux heures de sport.
Au lieu de l'attendre enjouée et heureuse de quitter le collège, j'étais restée assise sur un banc de la cour, où elle me retrouva. "Ca n'a pas l'air d'aller, Christine", demanda-t-elle.
Je dis machinalement "Si, si, ça va", mais en détournant le regard pour cacher des yeux qui s'embuaient.
De retour à la maison, Tata avait bien compris que j'avais quelque chose sur le coeur, que sa nièce n'était pas dans son assiette.
Dans ma petite tête, je me faisais des films, et je cherchais à gagner du temps... L'avis du collège annonçant mes heures de colle n'arriverait par la poste, au plus tôt que le lendemain, et plus vraisemblablement le surlendemain. Ce qui laissait place à un jour ou deux de possibles manoeuvres et mensonges par omission avant de devoir reconnaître l'évidence...
Si Maman avait été là, par réflexe de défense, j'aurais opté à coup sûr pour cette solution de retarder l'échéance de l'inévitable explication...
Mais, devant Tata qui semblait lire en moi, j'avais du mal à nier l'évidence, à ne pas reconnaître qu'une tuile m'était tombée sur la tête...
Toutefois, autant j'avais une part de complicité avec Tata pour des petites choses, pour m'aider à un exercice, pour taire un petit grief qu'elle aurait pu rapporter à Maman, autant là, pour quatre heures de colle, je n'arrivais pas à aborder le sujet, ne voyant pas de quelle utilité Tata pourrait être. J'aurais presque eu envie de lui demander de rentrer chez elle pour éviter le scénario de sa présence lors de l'explication avec Maman...
Car, si j'avais échappé à ce que méritait mon bulletin trimestriel, ces quatre heures de colle m'annonçaient, à n'en pas douter, le retour à la case fessée...

A SUIVRE

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