jeudi 24 mars 2011

Ces moments où le coeur bat fort : la tuile en maths (ET APRES SUITE 9) !

SUITE 9


J'ai mal dormi, faisant des cauchemars à base de lune rougie et de moqueries de mes soeurs. Mais je me réveillai en ne pensant qu'à une chose : le facteur allait-il amener l'avis tant redouté, la fameuse petite enveloppe à l'en-tête du collège ?

La matinée de cours passa. Je trouvais que l'horloge ne tournait pas, et en même temps je me disais que mieux valait que cela ne passe pas trop vite...
En rentrant à la maison, je regardai de suite sur le guéridon de l'entrée où on déposait le courrier. Il y avait plusieurs lettres, je les passai en revue le coeur battant. Maman voyant mon manège lança : "Tu peux reposer les enveloppes. Il n'y pas pas celle que tu crains... Pas de nouvelles du collège. J'espère que cela arrivera demain, sinon j'appellerai le secrétariat pour savoir si l'enveloppe ne s'est pas égarée..."
Je soufflai longuement, plutôt ravie de ce délai. J'hésitais entre la joie de gagner un jour et l'impression bizarre que j'allais avoir encore l'imagination galopante une journée de plus. D'autant que Maman rappela l'enjeu : "Ne te fais pas d'illusions pour autant, Christine. Le courrier arrivera bien et nous aurons la petite conversation promise... Et tu sais ce qui t'attend ma chérie..."
 Mes deux soeurs se retinrent de pouffer, leurs yeux suffisaient à traduire leur envie de se moquer de moi...

Après être retournée au collège l'après-midi, je revins moins stressée. Le facteur ne faisant qu'une tournée par jour, j'étais sauve jusqu'à demain. Et j'en étais devenue presque guillerette, chantonnant dans ma chambre et me chamaillant même avec mes soeurs pour des histoires de jeux de gosse.
Un "Christine, je serais à ta place, je me calmerais. Ce n'est pas le moment d'en rajouter..." fit toutefois son effet et me ramena à la raison.
Je me suis donc tenue à carreau le reste de la soirée, avant de jouer les serviables pour ranger la cuisine, et de me mettre au lit sans rechigner un instant. Bref, la fille modèle, du moins parce que j'imaginais que cela servirait ma cause.
J'en fus moins persuadée quand j'entendis le soir une conversation téléphonique entre Maman et Tata. Cette dernière apprenant certainement que sa nièce n'avait pas encore reçu la fessée promise, dut jouer les avocates, mais la réponse de Maman m'enleva toute illusion : "Ecoute Jacqueline, Christine aura ce qu'elle mérite. Un point c'est tout. Tu sais, ça doit faire un mois qu'elle n'a pas été punie, et je sentais bien qu'il y avait du relâchement. Elle a déjà eu de la chance d'y échapper l'autre soir quand elle m'a moitié mal répondu. Mais je ne peux pas laisser passer un mauvais comportement en classe. Christine aura sa fessée et voilà tout"
Le genre de petites phrases qui ont tourné dans ma tête durant cette deuxième nuit de sursis...

J'angoissais pour mes fesses...

 
 Le lendemain midi, c'est Tata qui était allée chercher les petites à l'école et qui nous faisait manger, Maman étant occupée à la ville voisine par une réunion des bénévoles de la bibliothèque.
Quand je rentrai, Tata avait déjà relevé le courrier et l'enveloppe du collège trônait sur le guéridon... J'ai fait la grimace, et ma tante a tenté de me rassurer par quelques propos fatalistes. Je n'étais pas convaincue.
Alors qu'on finissait de manger, le téléphone a sonné. Jouant les grandes pendant que Tata servait le dessert, j'ai répondu. C'était Maman qui venait aux nouvelles. Tata a crié de loin : "Tout va bien, ne t'inquiète pas. Les filles sont sages". Maman m'a précisé qu'elle serait de retour vers 18 h, et qu'il fallait veiller à ce que la mère de Justine emmène bien les petites au cours de danse à 17 h 30.
Je la rassurai, la Maman de Justine ayant bien noté et l'avait confirmé à Tata ce midi.
Avant de raccrocher, elle m'interrogea : "Au fait, Christine, est-ce qu'il y a du courrier ?"
Je balbutiai : "Euh, bah, oui..."
Elle se fit plus précise : "Je veux dire : est-ce qu'il y a ton bulletin de colle ?"
Je rétorquai : "Bah, euh, je sais pas, euh... Tata n'a pas ouvert les enveloppes, mais il y a, euh, oui, une lettre du collège..."
 Elle répondit : "C'est forcément cela, à moins que tu n'aies fait d'autres bêtises, Christine. Bon, je suis rassurée. Le courrier ne s'est pas perdu... On va pouvoir causer toutes les deux... A ce soir, ma chérie, à ce soir..."
J'ai eu du mal à avaler ma part de flan à la vanille. Elle passait mal et j'étais toute émue en repartant au collège, Tata me souhaitant bon après-midi et "bon courage pour ce soir..."

J'ai encore passé trois heures de cours la tête ailleurs, moitié dans les nuages, et pensant surtout à ma lune... Je suis rentrée ensuite, Maman n'était pas revenue, et je regardais l'enveloppe du collège avec l'envie de la déchirer, de la faire disparaître. Hélas, Maman savait et je ne pouvais donc pas.
Dire que cela faisait deux jours que je cauchemardais sur ce bout de papier et que sa présence, là, sur le guéridon, allait me valoir une volée, hélas méritée...
Maman rentra à 18 h 25. Juste le temps de poser ses affaires, de me faire une bise, de prendre le courrier, d'ouvrir la fameuse enveloppe et de me confirmer : "C'est bien le bulletin de colle, Christine. Pour, attends, je rêve : "Attitude rêveuse en classe. Christine ne suivait pas le cours. La retenue est doublée pour avoir eu une posture moqueuse quand elle a su qu'elle serait collée" Et ce n'est pas deux mais QUATRE heures de colle, tu m'en diras tant... Tu ne t'en étais pas vantée, Christine. J'ai bien fait d'attendre le bulletin... Ca, ma fille, ça va se payer cher..."
J'étais abasourdie : "Euh Maman, je vais t'expliquer..."
Elle m'a coupé la chique : "Je ne sais pas ce qu'il y a à expliquer, Christine. On verra ça plus tard. Je dois filer pour récupérer tes soeurs. En attendant, mets la table, et file travailler dans ta chambre. Mais je peux te dire que ça va barder ce soir..." 

A SUIVRE

1 commentaire:

  1. Et finalement, votre tante, vous a évité de faire une bêtise de plus. Mais effectivement il y a de quoi serrer les fesses.

    RépondreSupprimer