jeudi 31 mars 2011

Ces moments où le coeur bat fort : la tuile en maths (CONCLUSION 1) Réflexions à chaud

Vexées les frangines ! Ah, cette fessée même rapide donnée en ma présence leur rabattait le caquet. Il n'y avait qu'à voir l'oeil noir, furibard, d'Aline me fusillant du regard en s'habillant vite fait, au sortir des genoux maternels, pour cacher sous sa culotte deux petites pommes rougies et bien claquées...
Je sentais même plus que de la vexation. Comme un regard vengeur, qui me disait : toi, si je peux te rendre la pareille, tu vas voir. Je me doutais déjà que j'avais intérêt à ne pas faire de choses en douce qu'elle sache car il y aurait de la délation en forme de revanche dans l'air...


 L'oeil noir, furibard, d'Aline me fusillait du regard...





Oui, cette déculottée imprévue était comme une divine surprise pour la punie de la veille que j'étais et qui avait encore en tête les moqueries et allusions de ses soeurs durant cette journée où ma fessée avait servi d'avertissement, de menace, de référence de ce qui pourrait arriver si l'une de nous dépassait les bornes...


Cela avait été rapide, moins démonstratif que dans mon cas, moins appliqué, mais j'avais eu sous les yeux tour à tour les deux petites lunes de mes soeurettes  et j'avais bien l'intention de bien graver cette image dans ma mémoire pour me consoler de mes déboires...


Ah, c'est sûr qu'au dîner, le calme était revenu et que, cette fois, j'étais la plus enjouée, comme si la déculottée des petites avait remis les pendules à l'heure, et me faisait oublier que, moins de 24 heures plus tôt, c'est moi qui étais sur les genoux maternels pour une tannée en règle...


Maman était tranquille, sa petite famille bien calmée, et elle n'eut aucune peine à obtenir que l'on se couche à l'heure qu'elle avait décrétée, ni que l'on éteigne nos lumières. Mes soeurs eurent droit à quelques allusions à leur fessée quand Maman leur dit bonsoir. Elle ne manqua pas de me glisser à moi aussi : "Bonne nuit, ma chérie. Tu vois, ce soir, ce sont tes soeurs qui s'endorment avec les fesses rouges. Heureusement, toi, tu as été bien sage aujourd'hui... C'est vrai que nous avions eu une bonne discussion hier soir... J'espère que cette fessée va encore faire son effet quelque temps..."

 Bien évidemment que je n'avais pas oublié... La douleur était parti, mais le souvenir, les sensations restaient en moi. Et, contrairement à la veille, j'ai eu bien du mal à m'endormir. J'aurais dû être sereine, guillerette, ayant eu droit à une petite revanche du sort, mais à bien y réfléchir, cela ne me faisait pas bondir de joie. Je ne retrouvais pas en moi le côté hilare et moqueur que je devinais chez mes soeurs dans le sens inverse.

J'étais au fond surtout contente que la plus récente fessée donnée dans cette maison n'était pas la mienne. Même si Maman venait d'y faire encore référence. La déculottée des frangines rendait la mienne plus ordinaire si j'ose dire, moins présente dans les esprits.
Mais, dans ma tête, le malaise demeurait. Je vais essayer de l'expliquer...


Oui, la fessée d'Aline et Diane montrait que je n'étais pas la dépositaire exclusive de ce genre de punitions. Mais, je traduisais cela en pensant que si Aline et Diane étaient punies comme leur ainée, cela voulait bien dire que moi la grande j'étais encore soumise au régime des petites.
C'est plus qu'une nuance dans mon esprit, c'est une notion essentielle. Voir mes soeurs déculottées, c'était un juste retour des choses, mais surtout rien qu'une chose logique pour moi. Mes frangines, je les avais vues naître pour ainsi dire. Avec 4 et 5 ans d'écart, elles ont toujours été des "petiotes" et je les ai vues sans arrêt dans le bain, se changeant, courant dans le plus simple appareil, comme des petites crevettes roses.
Maintenant, elles étaient plus pudiques, mais cela n'avait rien à voir avec moi qui y faisait attention déjà alors qu'elles n'étaient que des bambins.
Je repensais à la scène dans la salle de bains : Maman les soulevait comme un fétu de paille, les retournait comme une crêpe, et je riais sous cape de voir leur lune à l'air sous la dégelée maternelle. C'était bien pour rééquilibrer les choses, cela me donnait du baume au coeur, je l'avoue. Mais pas d'euphorie...


En essayant de m'endormir, je revoyais cette double scène et je pouvais me souvenir du moindre détail, de la tonalité plus aigüe des cris d'Aline, du gigotage de Diane, de l'empreinte de la paume maternelle sur leurs fesses lors des premières claques, puis du rougissement plus complet de leur bas du dos. Le bruit des impacts, les mots de Maman, les supplications des petites, même si cela n'avait duré que quelques minutes pour les deux à la suite, j'avais comme tout retenu la scène. J'en jubilais un peu, mais en moi une petite voix murmurait : Christine, tu vois ce spectacle qu'elles t'ont donné, c'est le même qu'elles ont dû espionner hier soir depuis le couloir, c'est celui que Tata a pu voir l'autre fois quand elle était juste à côté de Maman qui te donnait la fessée...


Alors, en même temps que la satisfaction d'avoir été moi aussi une spectatrice, remontait en moi la honte d'avoir été l'actrice principale des scènes précédentes.


Pour trouver le sommeil, j'essayais de me re-concentrer sur les images d'Aline et Diane piallant. En vain. C'était le souvenir de mes propres fessées qui remontait, et j'en devenais comme spectatrice. Je prenais conscience que la séquence devait être toute autre. Mes fessées avaient été annoncées, je les avais attendues et c'était dur à vivre, mais j'imaginais aussi combien mes soeurs devaient guetter ce dénouement et s'en faire comme une joie à l'avance.
Mes fessées étaient aussi de vraies scènes et non pas des saynètes comme l'épisode de mes soeurs, avec le choix d'un lieu, comme d'une mise en scène, avec du texte avant, pendant et après, avec l'exposition d'une mappemonde qui était celle d'une jeune ado effarouchée et pas de gamines écervelées, avec une fessée digne de ce nom, que Maman qualifiait toujours de bonne, et qui laissait tout le temps aux yeux des témoins, invités ou espions en herbe, de voir l'oeuvre maternelle s'éxécuter pleinement.


Alors, vous comprendrez que cette déculottée de mes soeurettes puisse produire des sentiments très divers, entre petite vengeance et gros malaise en s'imaginant dans la situation inverse, et en sachant que c'était le cas la veille, et qu'il y en aurait sûrement d'autres...



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