lundi 7 mars 2011

Ces moments où le coeur bat fort : la tuile en maths (ET APRES SUITE 3) !

SUITE

  Comme je le disais dans le message précédent : C'était en partie "grâce" à la déculottée devant Tata que j'échappais à celle que je "méritais" ce soir là. Le cauchemar de lundi en devenait presque un souvenir positif le vendredi soir en ramenant ce carnet dont j'étais peu fière...
 Pour faire écho aux commentaires d'Agnès sur le message précédent, c'est vrai que ce verbe "mériter" avait de l'importance dans ma tête comme dans celle de Maman. Autant parfois une médaille, un passage en classe supérieure, une récompense se "mérite", autant l'idée qu'il y a aussi des fessées qui se "méritent" entrait dans nos raisonnements familiaux.
Et, là, justement de par le fait que j'avais en début de semaine reçu une fessée mémorable et sous les yeux de Tata, autant je pensais dans ma petite tête que ce carnet plutôt décevant, avec quelques commentaires ravageurs de certains profs, me dirigeait tout droit vers les genoux maternels...
J'aurais évidemment protesté, supplié, mais la notion de la "mériter" s'imposait dans mon esprit. Voire dans mon corps, en faisant écho à l'expression maternelle bien connue elle aussi qui invite à "préparer ses fesses".
Bref, j'avais été dans la peau de l'élève au mauvais carnet qui revient angoissée à la maison, dans la situation d'attendre tremblante le verdict d'une mère qui fronçait les sourcils et dont le ton montait, dans la sensation physique où je pensais à mon bas du dos que j'allais me faire rougir peut-être même là devant Diane.
Alors, cette clémence que je n'imaginais pas possible était ressentie comme un don du ciel, une chance miraculeuse, et mon "Merci, oui Maman, merci..." venait du fond du coeur. Même si il allait dans le sens de la rhétorique maternelle puisque ce merci était un véritable aveu que j'avais conscience de "mériter" une bonne fessée...

J'ai été une vacancière studieuse comme jamais


J'échappais à la déculottée dans une maison où l'on devinait encore les pleurnichements d'une Aline qui n'avait pas eu ma "chance" et je considérais les devoirs de vacances prescrits à la place de "ma fessée" (si j'ose dire comme quelque chose que je m'étais persuadée d'avoir), me semblaient un traitement de faveur.
Je dois avouer que travailler deux heures par jour, et même le samedi (le dimanche étant jour sacré), n'a pas été drôle. Je rechignais un peu, mais très vite me revenait ce à quoi j'avais échappé et je me remettais à la tâche comme soulagée.
D'ailleurs, Aline aussi, même ayant été fessée, avait droit à des séances de devoirs pour rattraper ses faiblesses. C'était moins régulier que les miens, mais je n'étais pas la seule à bûcher chaque matin.
On parle souvent de l'effet d'une fessée sur le comportement. Je testais en quelque sorte pour une fois l'effet d'une "non-fessée !
Christine la dilettante en classe, souvent distraite et chahuteuse, se retrouvait muée en élève appliquée, faisant ses devoirs avec un sérieux plutôt rare. Il faut dire aussi que Maman veillait au grain, surveillait et corrigeait mes exercices, et que chaque début de commencement de léger laisser-aller me valait quelques menaces non équivoques...
"Christine, ce n'est pas parce que tu as échappé à une fessée l'autre jour que je ne peux pas changer d'avis...", lançait-elle parfois. Ou "Christine, refais moi tout de suite cet exercice et sans faute, sinon on a un vieux compte à régler toutes les deux et j'ai le moyen de te rafraîchir la mémoire..."
Paradoxalement, puisque je m'appliquais vraiment, le résultat me valait quelques félicitations maternelles, mais elles étaient souvent remises dans le contexte... Du genre : "C'est bien, Christine, tu vois que tu y arrives facilement quand tu veux bien t'en donner la peine. Quand Mademoiselle a peur pour ses fesses, elle fait un effort... Dommage que cela ne dure pas aussi longtemps qu'on le souhaiterait..."
 

Diane bichait à juste titre...



Dans cet environnement studieux pour deux des trois filles, c'est Diane qui s'en sortait le mieux. Elle bichait à juste titre, mais son carnet excellent cette fois lui évitait les devoirs de vacances, Maman ayant déjà bien du travail avec deux "élèves" à suivre durant ces deux semaines.
Je passe sur les petites moqueries de la petite de mes soeurs, je les acceptais plus volontiers que j'imaginais qu'elles auraient été pires si Maman avait décidé de me donner la fessée au retour du carnet quand Diane était dans le salon aussi.
Diane a eu en revanche la chance d'aller plusieurs fois chez Tata pendant qu'Aline et moi travaillons, ce dont j'étais un peu jalouse du fait de ma position de nièce préférée habituellement.
Tata Jacqueline avait eu droit à un tableau de la situation le lendemain de l'arrivée des carnets. C'était le samedi et elle voulait nous emmener à la piscine, mais n'y est allée qu'avec Diane. Maman lui avait parlé des bons résultats de Diane et du carnet désastreux d'Aline, lui expliquant qu'elle avait reçu une fessée bien méritée.
C'est Tata qui avait relancé la conversation sur mon cas, en demandant si j'avais eu de bonnes notes, Maman lui répondant en soupirant : "Christine, ah, Christine, ne m'en parle pas. C'est encore une fois en dent de scie, avec une ou deux matières où elle travaille, et le reste où Mademoiselle se fiche du monde... A croire qu'elle cherche vraiment les ennuis..."
Et Tata connaissant bien sa soeur et ses méthodes de demander, inquiète pour moi : "Tu ne l'as quand même pas encore punie, comme, euh, comme l'autre jour ?"
Je sentais Tata à la fois curieuse et gênée, en hésitant à qualifier ladite "punition".
Maman avait alors rétorqué : "Non, ta chère nièce a eu bien de la chance quand j'y repense. Je pense qu'elle mériterait encore une bonne fessée, elle aussi. Mais, comme Mademoiselle a déjà reçu une déculottée maison devant toi l'autre jour pour ses mauvaises notes, je lui ai laissé une chance, et elle va devoir travailler durant ces vacances. Tous les matins ! Et elle a intérêt à bien le faire, sinon elle peut préparer ses fesses... Je ne te fais pas un dessin, Jacqueline, tu as bien vu lundi soir que je ne plaisante pas en la matière..."
 
Le message avait bien été reçu, et dans la tête de Tata qui me regardait avec un air compatissant dans lequel j'imaginais qu'elle se remémorait ma volée sous ses yeux. Et par moi qui ait donc été studieuse tout au long des vacances. Voire aussi une bonne dizaine de jours après la rentrée...

A SUIVRE


14 commentaires:

  1. Ciel, qu'écrire, après des commentaires comme ceux d'Agnès ?^^ Je me sens incapable de générer le même frisson, je vais donc me contenter d'une sèche analyse de lecteur.
    Belle exploration des marges, avec, comme vous le mentionnez vous-mêmes, ce contexte de la "non fessée", et ses effets en Christine (assiduité au travail) et autour d'elle (moqueries de Diane, compassion de Jacqueline). Je me demande comment la situation va évoluer, mais un rebondissement croustillant verrait se renverser la chance de la benjamine, qui par un (juste) retour de manivelle, se verrait à son tour fesser devant ses grandes sœurs amusées.
    Au fait, vous allez déplorer encore que je pinaille sur des points de détail, mais j'ai tiqué au statut familial du dimanche : "étant jour sacré". Votre maman était-elle catholique pratiquante, et ne loupiez-vous jamais la messe dominicale ? Voilà qui pourrait expliquer entre autres sa conviction dans la vertu des châtiments corporels.

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  2. Oui, Mardohl, je l'avais déjà évoqué, je crois. Nous étions catholiques pratiquants. Nul n'est parfait, dirais-je. Cela explique sûrement des choses, mais en tout cas, le dimanche était plus une parenthèse, avec la messe bien sûr, les repas de famille, les sorties classiques, les habits du dimanche, etc. Raison de plus d'expédier les devoirs et autres corvées le samedi.
    Pour ce qui est de la suite de l'épisode, vous verrez bien... Mais Diane ne me semble pas en danger. Chacun d'entre nous avait ses périodes plus calmes d'un certain point de vue... Vous comprenez lequel, je suppose...

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  3. Si vous l'avez évoqué, je ne m'en souviens pas. Ceci dit, ne vous en excusez pas. Personnellement, je ne me définis pas du tout comme un anticlérical.^^
    Christine, lors de la lecture de l'Ancien Testament, devait frissonner à ce verset des Proverbes : "Qui épargne la baguette hait son fils, qui l'aime prodigue la correction" (13:24). Même si, les choses ayant évolué depuis l'antan biblique, la baguette a Dieu merci été substituée par la dextre maternelle. (Et voilà pour les monomaniaques des instruments.)
    Au fait, chez les Spaak, le dimanche était-il également férié de fessée ? Voilà qui pourrait donner lieu à un récit intéressant, comme par exemple un repas de famille élargi, avec cousins et cousines, qui tourne mal pour le postérieur de notre espiègle narratrice.
    Allons, je m'en vais lire la suite n° 4 en ne tarissant pas d'éloges sur la fluidité de votre débit narratif.

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  4. Quelle culture biblique...Je reparlerai sûrement du dimanche, mais je ne veux pas me disperser. Merci du compliment en tout cas.

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  5. Bonjour Christine.

    Dans les tout débuts de votre blog, lors de l'épisode intitulé "Puis-je emprunter votre chambre ?", vous aviez pris une bonne fessée chez des amis. De mémoire, vous saurez peut-être nous dire si c'était justement un dimanche ? Ce serait un exemple concret et vécu en rapport avec votre discussion ci-dessus avec Mardohl !

    Et je tiens à saluer et à féliciter Agnès pour son retour toujours pertinent.

    Bref, entre vous deux, chère Christine et chère Agnès, mon coeur balance, continuez à nous passionner et à nous raconter votre vécu qui me rappelle le mien, même si je ne le raconte pas aussi bien, ou si je le raconte avec moins de détails "croustillants" que vous.

    Une certaine Martine nous livrait aussi parfois, il n'y a pas si longtemps, des impressions que je trouvais intéressantes.

    Bravo, continuez.
    Amicalement.
    Fesseusement vôtre.

    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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  6. Chère Christine,

    Je sais que mes contributions se sont faites rares mais je peux vous assurer que cela n'est en rien une preuve de désintérêt pour votre travail, et si ténu que soit le lien qui s'est peu à peu tissé entre nous, je souhaite qu'il subsiste ; tout simplement parce que j'ai le sentiment que vous - et certains de vos lecteurs - comprennent ce que je veux dire. En tout cas je suis heureuse de voir que vous appréciez mes commentaires, et si cela vous encourage il faut vraiment que je m'efforce d'être plus assidue.
    Merci aussi à Louis et à Mardohl, même si ce dernier s'amuse à se moquer un peu de moi...

    Un des aspects que j'aime bien dans vos récits c'est qu'il me permettent de passer du connu au moins connu : retrouver des situations proches de celles que j'ai vécues mais aussi d'autres dont je n'ai pas l'expérience. Ce qui pour moi est évidemment le plus exotique, c'est la présence de vos soeurs et leur regard oh combien embarrassant. Nouveau, mais pas incompréhensible car après tout ce que vous dites de vos rapports avec ces deux moqueuses ne fait que mettre en scène une peur que j'ai eue au cours des quelques années était une désagrable réalité, celle du regard de l'autre. Maintenant, si l'on considère l'attitude de votre mère à votre égard à ce moment de votre récit, j'ai l'impression de me trouver en terrain plus familier. Peut-être - ce serait à vous de me le dire - ai-je tort d'évaluer la situation que vous décrivez en l'assimilant à celles dont j'ai eu l'expérience mais il me semble que la raison que l'on peut trouver à l'indulgence de votre mère et à sa façon de prendre en main la situation est la suivante : la multiplication des bêtises ne pouvait pas entraîner arithmétiquement la multiplication des punitions. On a beau avoir pris du recul, il faut le dire franchement ; recevoir une fessée, ça n'était jamais indifférent, c'était toujours un événement marquant, et je reste persuadée que donner une fessée n'était pas toujours si facile que ça : un soulagement, parfois peut être, mais également une corvée. Lorsque votre Maman dit "Tu as de la chance, Christine, que je n'ai pas que cela à faire" cela sonne comme une prétexte, mais les vraies raisons viennent après, à commencer par la plus immédiate : "Je viens déjà de flanquer une déculottée maison à Aline"... Devoir gronder sa fille, peut-être la traîner jusqu'à sa chambre, les plaintes, les cris, la petite lutte pour placer la fautive dans la position qui convient, et enfin les claques et les sanglots qui les suivent : il faudrait être bien insensible - et je suis persuadée que votre Maman était loin de l'être - pour ne pas être éprouvée par cela et être prête à recommencer sur le champ de gaieté de coeur.
    (A SUIVRE)

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  7. (SUITE 1)
    Dans tous les cas je n'ai pas le souvenir que Maman se soit jamais laissé aller à enchaîner les corrections de manière irréfléchie. Elle s'était certes convaincue de la valeur pédagogique de la fessée mais il me semble maintenant qu'elle s'efforcait de ne pas l'employer trop souvent, à la fois parce que c'était une punition sévère, parce qu'elle pouvait trouver fatiguant et éprouvant de me l'administer trop souvent, mais aussi parce qu'elle avait à coeur de lui conserver toute son importance, tout son impact psychologique et sa vertu éducative. Ce n'est que des années plus tard que j'ai pris conscience de la façon dont Maman arrivait à me faire sentir qu'elle restait toujours vigilante et ferme, sans avoir pour autant à me corriger.
    Comment s'y prenait-elle pour sanctionner mon inconduite et me remettre dans le droit chemin sans avoir trop souvent recours à la fessée ? De la façon dont cela m'apparaît à présent, elle s'arrangeait avant tout pour varier les menaces, leur donner plus de poids et de relief, par exemple en faisant intervenir des tiers.
    Le regard des autres ! comme c'était un levier puissant lorsqu'il s'agissait de susciter en moi le repentir de mes fautes et m'inciter à faire des efforts pour m'en corriger. J'y étais d'autant plus sensible que moi, je n'avais pas de soeurs comme témoins permanents de mes infortunes, et que Maman avait plutôt tendance à être discrète au sujet des punitions qu'elle me donnait. En général donc cela se passait entre nous et, à mon grand soulagement, cela restait entre nous. Bien sûr je savais que quelques rares personnes avaient droit à des confidences précises et régulières à ce sujet, bien peu en vérité : mon oncle et ma tante, et Annie, la meilleure amie de Maman, peut-être d'autres connaissances, mais sans doute pas régulièrement ; Voilà toutes les personnes qui étaient dans la confidence, somme toute une sorte de cercle familial (Annie était presque de la famille ; chaque fois que vous évoquez votre tante Jacqueline, je ne peux m'empécher de la comparer à elle : je retrouve ce coté affectueux et indulgent, bien différent de ce que je connaissais avec ma propre tante). Informations et commentaires s'échangeait d'ordinaire derrère mon dos mais il arrivait que Maman profite de la présence de l'un ou de l'autre, non seulement pour parler publiquement d'une punition récente et en tirer à mon intention une nouvelle leçon, mais aussi pour donner plus de poids à une menace.
    (A SUIVRE)

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  8. (SUITE 2)
    Un jour par exemple que ma tante notait en arrivant chez nous que j'avais l'air bien sombre, Maman enchaîna sur le champ avec une réflexion comme : " Elle a surtout l'air de quelqu'un qui vient de se faire gronder, et qui sait qu'elle à intérêt à bien faire attention si elle ne veut pas recevoir une bonne fessée...!" ; et ma tante qui comprenait parfaitement le sens et l'esprit de ce petit échange de propos entre Mamans, savait parfaitement lui donner la réplique et s'appesantir sur le sujet, pour ma plus grande confusion : "Une fessée...? A ma nièce !... Ai-je bien entendu ? Elle toujours si sage... discréte... obéissante..."
    - "Ces temps-ci, c'est l'obéissance justement qui pose quelques problèmes."
    - "Oh, je suis sûre que ça va s'arranger. Je la sens pleine de bonnes résolutions ; et puis c'est vrai... une fessée ça donne à réfléchir, n'est-ce pas ?"
    De telles scènes étaient gênantes, mais cent fois moins que les quelque fois où Maman s'est laissé aller à faire le même genre de réflexion devant quelqu'un d'étranger au petit cercle restreint que j'ai évoqué. "Agnès ! je te préviens, si tu n'arrête pas im-mé-dia-te-ment, je te jure que ce soir tu iras te coucher avec une fessée...!" : cette phrase, ou d'autre de la même teneur, je l'avais entendue bien des fois, mais quel choc le jour où la prononça dans un compartiment de train. En face de nous il y avait un couple avec un petit garçon. J'étais si peu accoutumée à être ainsi réprimandée publiquement que j'en restai comme pétrifiée. Mission accomplie pour Maman car je fus d'une sagesse exemplaire tout le reste du voyage. Moi qui venait de passer mon temps à entrer et sortir bruyamment du compartiment, je n'osais pas bouger de peur que cela soit interprété comme une preuve de dissipation et quand je levais les yeux j'étais assez mortifiée de constater que les deux jeunes parents en face de moi me regardaient plutôt avec amusement. En fait l'essentiel du mal était fait, en me voyant si sage ils devaient penser "Eh bien... On peut dire que cela l'a calmé... Il faut dire que la Maman n'avais pas l'air commode... Elle avait l'air de savoir de quoi elle parlait quand elle parlait de fessée... et la petite n'a pas été longue à comprendre... Ce qui est sûr c'est ça a déjà du lui arriver..."
    (A SUIVRE)

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  9. (SUITE 3)
    Il est arrivé également que je passe très près d'une fessée, et parfois même qu'elle me soit annoncée, promise, et puis que le lieu, le moment, toutes sortes d'impodérables fassent que en fin de compte j'échappe à la punition. A l'époque je pensais effectivement que je bénéficiais d'un concours de circonstances favorables, voire - comme elle même aimait à le souligner - d'un soudain accès d'indulgence de Maman. Je crois plutôt maintenant qu'il y avait souvent un peu de calcul dans tout cela. Maman savait dès le départ qu'elle n'irait pas jusqu'au bout mais elle tenait ce jour-là à aller un peu plus loin qu'une simple menace. En fait je ne peux pas affirmer que c'était une stratégie consciente et réfléchie de sa part ; peut-être se laissait-elle simplement guider par son instinct, mais dans ce cas il était très sûr, et elle connaissait bien sa fille, car ça marchait... je marchais, et Maman me menait sans peine là où elle voulait me mener.

    J'ai l'impression que c'est un peu ce que fait ici votre Maman : cette fessée devant Tata Jacqueline était vraiment mémorable, et trop récente pour que l'on puisse envisager tout de suite le même genre de punition. Quelques claques pour la forme n'auraient servi à rien et une nouvelle déculottée magistrale dans le même style aurait été trop sévère... et puis il avait fallu tout d'abord "régler le problème" d'Aline ! Pour marquer le coup et susciter une salutaire réaction chez la petite paresseuse, il restait les menaces, des menaces précises, l'annonce d'une nouvelle correction presque imminente, tellement présente que lorsque vous comprenez que l'on vous accorde un sursis, vous avez du mal à exprimer votre reconnaissance. Quant à votre Maman qui sait bien qu'il faut cent fois remettre son ouvrage sur le métier, elle n'hésite pas à tirer parti de la curiosité bien intentionnée mais tellement indiscrète de sa soeur (cette Tata quand même, quelle gaffeuse !) et la voilà qui, devant elle (et devant vous!), commence à parler sans détour de fessées et de déculottage. Elle sait bien qu'aussi douce, compatissante et bien disposée à votre égard que soit sa soeur, c'est un témoin dont vous vous passeriez volontiers et cela donne d'autant plus de poids à ce nouveau rappel à l'ordre.
    Est-ce que c'est une interprétation qui vous paraît vraisemblable,ou tirée par les cheveux ?

    Amicalement

    Agnès

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  10. Non, Agnès, vous êtes sûrement dans le vrai. Et merci encore pour ces commentaires riches et sensés, qui sont au diapason de ce que je ressens.
    Je crois que Maman savait jouer de la fessée comme des peurs qu'elle engendrait. Une deuxième tannée dans cette semaine n'aurait pas été imméritée mais n'aurait guère apporté puisque j'avais le souvenir de la précédente encore chevillé au corps.
    Me laisser une chance en laissant aussi la menace bien présente au cas où je ferais mal mes devoirs de vacances était une bonne manière de me maintenir sous pression, de se montrer généreuse d'une part, mais bien décidée à reprendre la main au moindre faux pas.

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  11. Chère Christine,

    Notre famille également était pratiquante, mon oncle et ma tante plus régulièrement que nous il faut l'avouer, et puisque la question du dimanche a été posée, j'ai un souvenir précis associé à un dimanche. Je le tourne et retourne depuis longtemps dans ma tête en me demandant comment arriver à le raconter, à restituer cette atmosphère : pourquoi ne pas le tenter aujourd'hui.
    Il s'agissait donc d'un dimanche, un beau dimanche d'ailleurs, un de ces jours de juin qui ont déjà la saveur des vacances. Cet avant-goût d'été imprègne à juste titre tout le souvenir qui me reste de cette journée, en effet nous avions été invités par une amie de Maman (Annie dont j'ai déjà dit quelques mots) à passer la journée chez son frère qui vivait dans une propriété à quelques dizaines de kilométres de la ville où nous habitions.
    C'était une villa du début du siécle, un jardin avec de grands arbres sous lesquels nous avons déjeuné, avec pour couronner le tout et finir de nous rapprocher de l'été, ce luxe inédit pour moi d'une piscine au fond du jardin. Le frère d'Annie avait deux enfants, un garçon de mon âge et une fille plus grande. Il y avait aussi un autre couple avec un petit garçon - peut-être 7 ou 8 ans ? - Comme on peut le penser, après le repas tout ce petit monde n'a rien eu de plus pressé que d'aller se mettre à l'eau ! Nous avons joué longtemps, nous nous amusions bien, le neveu et la nièce d'Annie étaient vraiment sympathiques, et ce qui me plaisait particulièrement c'est que la grande, malgré ses quatorze ans ne me snobait pas du tout. Sans nous être jamais fréquentés auparavant nous étions en fait dans le même collège, et nous avons commencé à échanger souvenirs et anecdotes. Elle connaissait tous les professeurs que j'avais eu cette année, elle avait une large provision d'histoire sur chacun d'entre eux, et comme elle avait un vrai don, et à l'évidence un vrai goût pour raconter elle savait parfaitement mettre en valeur le comique de ses portraits, et nous nous tordions de rire toutes les deux entre deux plongeons. De mon côté j'étais flattée d'être traitée d'égale à égale par une fille qui avait bien deux ans de plus que moi. J'apportais mes propres récits et réflexions,mais, avec moins de matière, moins de maturité, j'avais tendance à forcer le trait pour donner plus de couleur à mes évocations, les rendre moins ternes. C'est ainsi que j'en suis venue à parler de Mme V... , professeur d'histoire-géographie, justement réputée pour sa sévérité : "Quelle horreur... quand elle se met à marcher dans la classe en dictant sa leçon... tu sais... elle s'arrête, elle jette un coup d'oeil sur un cahier... elle repart... elle recommence...Tu te souviens ! Elle veut vraiment trouver quelqu'un à prendre en faute... Elle n'est pas contente tant qu'elle n'a pas trouvé quelqu'un qui ait fait une erreur ou sauté une phrase... ". Et comme j'étais encouragée par les rires de ma nouvelle amie, j'ai continué : "Et alors, quand elle commence à partir... 'Qu'est-ce que vous êtes en train d'écrire !'... Oh... quand elle dit ça, on sent qu'elle jouit... Quelle vieille peau de vache... Quelle salope quand même ... "
    (A SUIVRE)

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  12. (SUITE 1)
    J'ai à peine eu le temps de constater que le rire franc de mon interlocutrice s'était changé en un sourire un peu contraint ; une voix m'a fait tourner la tête : "Agnès ?. Maman était debout derrière moi, au bord de la piscine, et d'un coup j'ai pris conscience de la grossiéreté que je venais de dire. Maman a continué, sans élever la voix, sur un ton qui était plus froid que coléreux : "Agnès ? Tu veux bien sortir de l'eau et te sécher s'il te plait. J'aurais quelques mot à te dire". Je n'avais qu'à m'exécuter sans protester : je suis sortie de la piscine, je me suis essuyée et quand j'ai reposé la serviette, Maman m'a pris par la main et toutes deux nous nous sommes dirigé vers la maison. Je voyais bien que Maman était mécontente et je savais pertinemment pourquoi. Il fallait vite que je trouve quelque chose à dire pour éviter que les choses tournent trop mal. "Maman, balbutiai-je, Je suis désolé...Je regrette vraiment... Je... je n'aurais pas du parler comme ça...". Sans me regarder, Maman se contenta de lâcher d'un ton glacé "Ca, c'est sûr...".
    Nous avons passé sous les arbres où les autres adultes étaient assis et nous sommes rentrées dans la maison par la porte de derrière. Après un petit couloir, on débouchait sur un grand salon qui occupait la majeure partie du rez-de-chaussée ; une vaste pièce qui donnait par une porte-fenêtre sur une autre partie du jardin. Tout était silencieux ; la porte-fenêtre était ouverte mais les volets étaient à moitié fermés et le salon baignait dans une pénombre tranquille.
    Maman ne s'embarrassa pas de préliminaires, il n'y eut pas le longue réprimande qui servent à vous convaincre qu'une punition va venir et qu'elle est inévitable, pas de sermon interminable... non, elle me conduisit sans hésiter vers un des deux grands canapés en cuir qui se faisaient vis-à-vis devant une table basse, et elle me dit simplement mais avec un accent de colère qui me saisit "Je ne veux pas que tu parle comme ça de tes professeurs... et je ne veux pas que tu emploie ces mots !". Il n'avait pas été question de fessée, mais Maman remplaça avec efficacité les paroles par des actes : quelques secondes plus tard j'étais couchée à plat-ventre en travers de ses cuisses. J'avais à peine eu le temps de réaliser qu'elle venait de baisser mon maillot que déjà les claques se mettaient à pleuvoir, drues et vives, sur mon postérieur. Indiscutablement, même si le mot n'avait pas été prononcé, il s'agissait d'une fessée, et pas une fessée pour rire,je vous prie de le croire ! J'avais été prise par surprise ; moins de dix minutes avant je barbotais dans l'eau en riant et en racontant des bêtises, et maintenant... je me sentais toute étourdie, envahie par ce vertige, cette sensation de perdre pied, au moment où il ne reste plus d'autre solution que de s'abandonner un court instant à la volonté de qui vous punit. En même temps je ressentais de plus en plus péniblement, de plus en plus douloureusement l'existence sensible de ce derrière sur lequel s'abattaient les claques maternelles. Et comme si tout cela ne suffisait pas, uen vague de honte m'envahit en pensant aux camarades de jeu que j'avais laissé quelques minutes auparavant. En un éclair j'eus conscience de ce qui était en train de se passer : j'étais dans une maison étrangère, les gens dehors, adultes comme enfants entendaient clairement le bruit retentissant des claques qui se succédaient avec rapidité, un bruit tellement identifiable que personne assurément ne pouvait douter de ce qui était en train de se passer : la Maman d'Agnés était en train de donner une fessée à sa fille !
    (A SUIVRE)

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  13. (SUITE 2)
    Enfin Maman jugea que la punition était suffisante. Pleurant, reniflant, je retrouvai la station debout, et encore toute étourdie, je m'empressai de me reculotter. Ce fut presque une surprise que la sensation de fraîcheur apaisante que je resentis en remettant mon maillot encore humide. Il faut avouer que Maman n'y était pas allé de main morte et je resentais pleinement cette sensation désagréable de fourmillement et de cuisson qui est la conséquence d'une bonne fessée.
    (Pour ouvrir une parenthèse plutôt rigolote : ce moment resta si bien fixé dans ma mémoire que plusieurs mois plus tard, un jour où Maman - très mécontente de moi - avait pris le temps de m'administrer une longue et cuisante déculottée, l'idée me vint, après avoir séché mes larmes, d'aller chercher ce même maillot et le porter mouillé afin de rafraichir un peu mon fessier brûlant. Peut-être cela vous fera t-il rire, en tous cas, à l'époque cela a beaucoup amusé Maman quand elle s'en est rendu compte, et - preuve que rien n'est simple - elle a même réusi à me faire rire moi aussi.)
    En revanche j'étais loin d'avoir envie de rire après cette magistrale fessée ; surtout lorsqu'il me fallut sortir pour récupérer mes habits dans une petite cabane près de la piscine, là où nous nous étions changés. Il n'y avait plus personne dans la piscine, tout le monde était sous les arbres, près de la table où nous avions déjeuné et Maman alla les rejoindre. Je devinais sans peine de quoi ils étaient en train de parler ! Je filai le plus discrètement que je pus vers la cabane où se trouvaient mes habits, en détournant les yeux et en tentant de me persuader qu'à cette distance personne n'aurait pu voir si une rougeur indiscréte dépassait de mon maillot (c'est vraiment un épisode qui m'a marqué, et plus tard j'ai eu le déagrément de revivre la même peur).
    Après m'être rhabillée, je restai un moment sans oser sortir. C'est la belle-soeur d'Annie qui vint me chercher : "Ecoute, ta Maman s'est mise en colére, et je dois dire qu'elle n'a pas eu entièrement tort... Maintenant c'st fini... Il faut que tu viennes... Personne n'a envie de se moquer de toi... Tu viens avec moi, tu viens embrasser ta Maman, et on n'en parle plus, d'accord ?".
    C'est vrai que personne ne se moqua de moi. Tout le monde fit comme si de rien n'était ; mais par moment je croisais le regard de l'un ou de l'autre et le simple fait de savoir qu'il ou elle savait ce qui s'était passé me mettait comme une boule dans la gorge. Et maintenant, plus de trente ans après je pense à ces gens qui étaient là à ce moment - pour la plupart d'entre eux c'est la seule fois que nous nous sommes croisés. Ceux qui sont encore vivants se souviennent peut-être encore de cette journée... ce si beau dimanche... on avait mangé dehors... Ah oui, il y avait cette amie d'Annie qui avait donné une fessée à sa fille... Quelle hisotire !... comment s'appelait-elle déjà ? Ane-Cécile ? ou Agnès peut-être ? je ne sais plus...

    Amicalement

    Agnès

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  14. Un souvenir cuisant, encore une fois fort bien raconté. Je suis vraiment ravie de ces commentaires qui sont en même temps de véritables contributions et qui enrichissent mon blog.
    Merci encore.

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