jeudi 6 mai 2010

Mes soeurs aussi (Suite et fin) : le retour à la case départ...


J'avais le moral dans les chaussettes en remontant dans ma chambre après ce dîner que j'avais eu du mal à avaler. Un manque d'appétit manifeste du fait d'une situation que je vivais mal. J'aurais mille fois préféré être mise au pain sec et à l'eau, comme on le faisait à l'ancienne, être consignée dans ma chambre jusqu'au lendemain plutôt que de devoir faire bonne figure, de tenter de cacher mes larmes et en plus de devoir demander pardon à Aline, lui faire une bise de réconciliation, alors que j'avais envie de lui arracher les cheveux.
Mais, Maman tenait toujours à ce que les repas soient pris ensemble, à ce que les conflits soient réglés, à ce qu'une punie réintègre les rangs.



Assise sur mon lit, recroquevillée en une position où je m'enserrais les genoux, c'était comme si j'enlaçais un nounours, comme si je cherchais du réconfort.
Je voulais penser à autre chose, mais les souvenirs étaient trop frais dans ma tête que je broyais du noir et me repassais un film dont j'étais hélas redevenue la vedette incontestée...
Je n'avais certes plus mal aux fesses, même si en bougeant je sentais que mon bas du dos était encore comme endolori.  Mais la fessée était encore comme palpable dans ma tête, voire dans mes oreilles. La dispute avec mes soeurs, l'irruption de Maman, son verdict instantané, ma fuite dans ma chambre et l'attente sans illusion d'une suite que l'on ne peut se résoudre à admettre, le film repassait en boucle.
Il y avait eu une rapidité dans la scène, mais le temps quand même de prendre conscience que j'allais recevoir une nouvelle fessée, trois jours après la volée magistrale qui avait mis fin à plus d'un mois d'impunité...
Cette seconde déculottée qui m'arrivait comme en accéléré avait l'allure d'une deuxième couche, d'une confirmation que Christine n'était pas passée comme par enchantement dans le camp des grandes qui ne sont plus punies.
Les espoirs mis dans ce long intermède où je m'étais tenue à carreau, où j'avais aussi bénéficié de circonstances qui avaient concentré l'attention maternelle davantage sur mes soeurs, ces espoirs donc s'étaient envolés.
Christine était rentrée dans le rang, et mon rang c'était le premier, celui de l'ainée, celui de celle qui doit montrer l'exemple, dans un sens comme dans l'autre...
Mes quelques bonnes ou moyennes notes durant ce long mois de tranquillité postérieure avaient été l'objet de félicitations, d'encouragements. Maman en avait d'ailleurs conclu que cela prouvait que sa méthode payait, qu'elle était sur la bonne voie...
Et les fessées reçues par Aline et Diane durant ce temps étaient la continuation du processus. J'avoue que, puisque je commençais à me croire à l'abri, je n'en avais que plus apprécié que mes soeurettes monopolisent un peu le devant de la scène... Je m'étais même surprise à devenir vraiment moqueuse en douce comme elles l'étaient souvent à mon encontre...
Mais, patatras, la roue avait tourné à nouveau. Je ne m'étais guère fait d'illusions en ramenant mes cent lignes à faire et à rendre signées après une incartade en classe... La fessée, je la savais inévitable, et le fait que j'y ai échappé depuis des semaines m'avait bien amenée à penser que Maman la rendrait magistrale et mémorable.
Mais, la pendule remise à l'heure, la volée reçue, je n'aspirais qu'à retrouver l'anonymat, espérant être spectatrice de la suivante, et non encore actrice principale, si j'ose dire... Hélas, trois jours plus tard, mon altercation avec Aline avait été l'erreur à ne pas commettre...
Après cinq à six semaines où mes soeurs avaient eu leur lot de disputes et de corrections, je me retrouvais punie deux fois de suite, et celle de ce soir blessait presque davantage mon amour propre que la précédente que, je répète, je pouvais trouver compréhensible...
J'avais échoué dans la mission donnée par Maman de garder mes soeurs, je n'avais pas réussi à assumer ce rôle de grande, et un geste de trop de ma part, m'avait faite dégringoler de l'ainée à qui l'on confie les petites, à la encore gamine à qui l'on doit donner la fessée...
Hier encore, deux jours après la première volée, je me consolais en me disant que j'étais bien la grande, que moi au moins, contrairement à mes soeurs, je n'avais reçu qu'une fessée en six semaines...
Recroquevillée sur mon lit, au bord des larmes, j'essayais d'ôter de mes pensées le fait que je venais de me faire baisser ma culotte et rougir les fesses deux fois en trois jours.... Ce n'était plus pareil et les regards moqueurs avaient changé de sens, comme celui triomphant d'Aline en recevant cette bise contrainte que moi, sa soeur ainée, j'avais dû lui faire, alors qu'elle savait que Maman venait de me flanquer une volée magistrale.
Oui, ce soir-là, je savais que l'accalmie avait duré, que l'avenir me réservait encore bien des désagréments si je ne devenais pas un ange. Je ne pensais déjà plus à ce mois de tranquillité, j'étais toujours dans l'encaissement de ce que je venais de vivre. Par moment quand mes yeux se fermaient, il me semblait entendre à nouveau le bruit caractéristique de la main maternelle claquant mes rondeurs jumelles.
J'en sursautais et n'avais plus qu'une pensée : "Mon Dieu, faites que le proverbe ait tort, faites que cela ne soit pas jamais deux sans trois".
Je l'ai craint encore quatre jours durant, mes soeurs comme moi nous tenant à nouveau à carreau et faisant inconsciemment le jeu maternel qui pouvait se dire que sa sévérité payait et pas seulement pour son ainée.
Le ciel m'a, semble-t-il entendu, puisque le samedi soir suivant, juste retour des choses, un caprice suivi d'une grosse maladresse d'Aline lui valut, sur le champ, au milieu de la cuisine, une fessée rapide, mais bien forte et avec le pantalon de pyjama dûment baissé. Cela n'avait peut-être rien à voir avec l'application de celles que j'avais reçues, mais cela brisait ma série en cours et j'en fus toute guillerette, même si ce n'est pas beau de se moquer du malheur des autres...
Cela ne veut pas dire que je n'allais pas à nouveau déchanter un des jours suivants, que je n'allais avoir d'autres occasions de devoir "préparer mes fesses"... 
Mais cela rejoint d'autres histoires...

FIN (de ce chapitre, en attendant d'autres très bientôt)

10 commentaires:

  1. Etant actuellement dans une phase où je n'ai plus la moindre envie de recevoir une fessée, je comprnds trop bien vos réactions. Par contre je serais bie incapable de les ralater aussi bie que vous.
    C'est toujours un délice de vous lire.

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  2. Bjr Christine. Ravi de vous retrouver. Et, comme pour tout feuilleton passionnant, j'attends d'autres épisodes avec impatience.
    Fesseusement vôtre. A bientôt.

    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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  3. J'évoque aujourd'hui une situation que j'ai assez rarement connue : l'angoisse, pendant environ 24 heures, dans l'attente d'une bonne fessée. Situation rare en effet, car avec maman, la fessée tombait généralement sur-le-champ, donc pas le temps d'avoir peur que déjà mon postérieur cuisait. L'épisode que je relate aujourd'hui s'est déroulé pendant mon année scolaire 1959-1960. J'étais en CP. Ce devait être en hiver, car j'étais en pantalon. J'avais 6 ans, ma mère 28 ans, ma maîtresse d'école environ 20 ans.

    Ce jour-là, toute notre école primaire partait au cinéma, voir un dessin animé de Walt Disney. Le cinéma était à un kilomètre, nous y allions à pied. En chemin, j'ai eu droit à 2 ou 3 remontrances verbales par la maîtresse, car je bavardais et je chahutais dans les rangs. A la quatrième remarque, la maîtresse me dit : "Louis, dernier avertissement, la prochaine fois, c'est une fessée dans la rue, devant tout le monde !" Sachant qu'elle ne plaisantait pas, car je m'étais déjà pris 3 ou 4 fessées devant toute la classe depuis le début de l'année scolaire (la dernière avec la pantalon baissé, mais pas le slip), je prenais peur et me tenais à carreaux. Arrivés au cinéma, nous avons eu droit à une première partie (un dessin animé court métrage, je crois), suivie d'un entr'acte. C'est pendant cet entr'acte que j'ai encore fait des miennes. J'avais un papier entre les mains, je l'ai plié pour faire un avion, et je l'ai fait voler. Evidemment, mon manque de précautions m'a valu d'être vu par la maîtresse, qui m'a donc fait changer de place, pour que je passe la fin de séance assis à côté d'elle. Mais la sanction ne s'arrêta pas à un simple échange de sièges avec un copain de la classe : "J'en ai assez de tes pitreries, me dit la maîtresse. Je t'avais prevenu, tu auras une fessée à la sortie du cinéma, je vais peut-être arriver par les fessées à te faire devenir sage !" J'avais quelques larmes aux yeux, car je me doutais que la maîtresse tiendrait ses promesses. J'angoissais, mais je me disais "Non, ce n'est pas possible, Mlle H... va sûrement attendre que nous soyons rentrés en classe pour m'administrer cette fessée promise ?" Inutile de préciser que je n'avais pas du tout la tête à suivre le dessin animé, me demandant dans quelles circonstances allait se dérouler cette dérouillée que je savais, de toute façon, inévitable. Plein de questions trottaient dans ma tête : aurais-je une fessée au-travers du pantalon, comme mes premières fessées de l'année scolaire ? ou le déculottage sera-t-il de rigueur (je me souviens qu'à cette période de l'année, la maîtresse n'avait pas encore baissé mon slip ; avec maman, de mémoire, je crois que ce n'était arrivé qu'une fois) ?
    Le film, que j'avais trouvé particulièrement long ,et pas passionnant, sans doute parce que je n'avais pas la tête à ça, était enfin terminé. Je me levai pour suivre mes copains de classe. "Non, toi, Louis, tu restes avec moi, tu sais ce que je t'ai promis à la sortie", me dit Mlle H... en me retenant par le bras. "Sortez en rang et en silence, si vous ne voulez pas subir la même chose que votre petit camarade", ajouta-t-elle. La maîtresse et moi sommes sortis de la salle après tous les autres élèves de la classe, Mlle H... me tenait toujours énergiquement par le bras.

    Je vous raconte la suite très prochainement.

    Fesseusement vôtre.
    Louis3901
    gallie050753@palatine.fr

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  4. SUITE DE MON RECIT DE CE JOUR :
    Mlle H... fit mettre toute la classe bien en rang sur le trottoir, à la sortie du cinéma. Elle me tenait toujours par le bras. N'étant pas en rang avec tout le monde, je craignais le pire. Mon coeur battait très fort. "Puisque votre petit camarade a encore trouvé le moyen de se faire remarquer, il va recevoir une bonne fessée, et maintenant ! Et je ne veux rien entendre, sinon je peux continuer avec un autre d'entre vous, ça ne me gène pas !" Il y avait les autres classes de l'école, je commençais à pleurnicher, je n'étais pas fier. Aussitôt dit, aussitôt fait. La maîtresse déboutonna mon manteau, puis dégraffa mon pantalon (bretelles, boutons, braguette). Puis elle me plaqua contre elle, ma tête contre son ventre. J'eus encore quelques secondes de répit, le temps que Mlle H... re-soulève mon manteau et dégraffe les bretelles de derrière. Il me semblait qu'il y avait un silence autour de moi, je crois que toutes les classes (que des garçons, heureusement !) devaient regarder la scène dont j'étais, bien malgré moi, l'acteur principal. Le répit était terminé, il fallait y passer. Mlle H..., comme à son habitude, avait la main leste, les claques résonnaient très fort, en partie couvertes par mes cris et mes pleurs. La longue, cuisante et efficace fessée en public devant toute l'école était enfin terminée. Je pleurais à la fois de douleur et de honte. Je n'avais pas mis de temps à remonter mon pantalon, voyant que tous les élèves n'en avaient pas perdu une miette. Et pourtant, cette fois encore, la maîtresse s'était "contentée" de m'infliger la fessée au-travers du slip (blanc de coton). Mais je peux vous dire que l'épaisseur d'un slip constituait un bouclier... totalement inefficace.

    Eh non ! l'histoire n'est pas finie.
    LA SUITE TRES BIENTOT

    Fesseusement vôtre.

    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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  5. SUITE DE MON RECIT DE CE JOUR (3 e partie) :

    Le soir, quand je rentrais à la maison avec maman, celle-ci me dit : "Dis donc, Louis ! Mon petit doigt m'a dit quelque chose : il paraît que tu as reçu une fessée par la maîtresse à la sortie du cinéma ?" Je ne m'en étais pas vanté, mais mes parents nous faisaient croire à "mon petit doigt m'a dit". Je n'ai donc pas pu nier. Maman a alors monté d'un ton : "Qu'est-ce qui s'est passé, encore ?" Je lui ai raconté que c'est mon voisin Jean-Paul, au cinéma, qui n'arrêtait pas de parler, et je ne faisais que lui répondre, mais la maîtresse s'en est prise à moi. "C'est pas juste", ajoutai-je. Mais maman, pas convaincue, décida que le lendemain, elle irai voir la maîtresse. Nouvelles heures d'angoisse en perspective, car je craignais de me prendre une deuxième fessée, cette fois par maman. Je me suis endormi en pleurnichant.

    LA SUITE TRES PROCHAINEMENT. A bientôt.
    Fesseusement vôtre.

    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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  6. Merci Louis de ces confidences. Je n'ai pas connu de fessées données à l'école. Ce n'était plus toléré, mais je comprends votre émotion, et surtout, car là j'ai vécu cela souvent, je partage votre angoisse avant une entrevue entre Maman et le corps enseignant... Ce n'était pas souvent de bon augure...

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  7. bbbbonjour Christine,j'ai,outre le martinet maternel,moi aussi connu les fessees deculottees,par ma tante et mrs instites:ma tante refusait l'emploi du martinet,juge trop cruel,mais donnait de "superbes fessees"a ma cousine et a moi si j'etais dans les parages lorsque nous etions indisciplinees,et je vous assure que ce n(etait pas pour rire;seule consolation,ca ne se voyait pas apres,nous avions les fesses ropugies et cuisantes mais une fois reculottee on ne voyait plus rien,au contraire de traces du martinet maternel!!!
    donc je preferais les punitions de ma tante bien que tres cuisantes.
    Et ausqsi,eleve dans uneecole religieuse,je fut souvent fessee deculottee devant mes copines et ca ca marque.
    Merci pour la reprise de vos recits.

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  8. Superbe photo. Une jeune fille de bonne famille attendant, résignée, l'inévitable.

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  9. En dehors du texte, toujours touchant, finement ciselé, j'aime beaucoup la photo l'illustrant

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  10. Que de compliments. Merci. Cela donne du baume au coeur pour poursuivre.
    A bientôt donc...

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