mardi 25 mai 2010

Moments cruciaux : la rencontre fortuite de Mlle Paule



"Mme Spaak, ah, cela tombe bien"


C'était jour de courses avec Maman. Nous allions m'acheter de nouveaux chaussons de danse et traversions le parc municipal, quand je l'ai vue qui arrivait en face. Elle, Mlle Paule, ma prof d'anglais, ma bête noire, qui venait de me donner à nouveau deux heures de colle avec un mot pour demander à rencontrer Maman.
Le mot trainait dans mon cartable depuis l'avant-veille mais je n'avais pas encore osé en parler, le montrer...
J'ai fait semblant de ne pas la voir et j'ai tenté d'attirer Maman vers une allée adjacente... Mais, Mlle Paule nous avait vues et elle fondait sur nous en forçant le pas...
"Mme Spaak, bonjour. Cela tombe bien, moi qui voulais vous rencontrer. Christine vous a bien donné mon petit mot ?" demanda-t-elle d'entrée.
Devant la perplexité de Maman, j'ai cherché à intervenir. "Ah oui, je n'ai pas eu le temps de te le dire, Mlle Paule m'a donné une enveloppe pour toi. Je voulais te le donner ce soir quand on fera les devoirs..."
Maman fronça les sourcils. "Oh, je sentais bien que Christine n'était pas dans son assiette... Qu'a-t-elle donc encore fait ? Je suis désolée des désagréments que ma fille peut vous causer..."
Mlle Paule enchaina : J'ai hélas l'habitude, il y a toujours quelques fortes têtes dans chaque classe. Disons que Christine préfère souvent discuter avec sa voisine de table que de m'écouter... Comme si ses notes lui permettaient d'être au dessus de cela. Cela lui vaut à nouveau deux heures de colle, et j'aimerais bien vous voir un soir après les cours pour que l'on discute de son avenir. Si vous voulez qu'elle passe en classe supérieure, il faudra faire un effort pendant les dernières semaines et envisager des devoirs de vacances et un contrôle avant la rentrée". 
Maman était énervée au plus haut point d'être ainsi comme prise en défaut par ma prof.  Elle se reprochait de ne pas avoir trouvé le mot elle-même ou de ne pas m'avoir questionnée suffisamment à propos de mon travail quand elle me sentait mal à l'aise hier soir.
Elle se confondit en excuses, assurant qu'elle ferait en sorte que je me reprenne, et les deux femmes convinrent d'un rendez-vous pour pouvoir discuter au calme, le lundi suivant à 18 h au collège...

"Mais, Maman, j'allais te le dire..."


Maman et Mlle Paule prirent congé, ma prof étant apparemment pressée, ce qui m'arrangeait car la tournure de la discussion n'était guère en ma faveur et je ne voulais pas que Mlle Paule en rajoute. J'avais déjà ma dose de reproches et je savais que je venais de me mettre dans de beaux draps...
Nous sommes quand même allées chercher les chaussons de danse qui étaient obligatoires pour mon cours de classique. Maman avait les nerfs à vif. "Toi, ma fille, tu vas me le payer cher... Me faire passer pour une idiote devant ta prof, me cacher sa lettre, ne pas me dire que tu avais encore été collée, tu ne l'emporteras pas au paradis, Christine, crois-moi".
J'essayais d'argumenter en marchant au côté de Maman : "J'allais te le dire ce soir, tu sais. Hier, il y avait Tata à la maison, on n'était pas tranquilles".
Mais les arguments étaient vains et la détermination maternelle inébranlable...
"En tout cas, je t'assure que, tranquilles ou pas, on en reparlera toutes les deux à la maison, Christine. Et, je peux te dire que tu peux préparer tes fesses...", répliqua Maman d'un ton qui n'incitait pas à répliquer...
J'avais les larmes aux yeux en essayant les chaussons de danse, puis le visage livide et défait en rentrant à la maison...
Les petites avaient des devoirs à montrer, le dîner n'était pas prêt, et Maman m'envoya dans ma chambre en me disant de retrouver le mot de Mlle Paule et de réviser mon anglais pendant que j'y étais : "Je ne veux pas t'entendre d'ici le dîner. Je m'occuperai de ton cas plus tard. Mais tu ne perds rien pour attendre, Christine..."
Aline et Diane qui avaient plutôt de bonnes notes à montrer à Maman et des exercices correctement faits, étaient évidemment curieuses de savoir le devenir de leur grande soeur : "Christine est punie ?" demanda la cadette.
Maman haussa les épaules, le ton las, et répondit : "Eh oui, votre soeur s'est encore distinguée en anglais et elle m'a en plus caché un mot de sa prof..."
Diane joua les étonnées, commentant : "Oh, ce n'est pas bien ça..."
Maman renchérit : "Oh, non, ce n'est pas bien du tout, et Christine sera punie ce soir. Je vais lui donner une bonne fessée pour lui apprendre à ne pas désobéir..."
J'étais déjà dans l'escalier quand elle répondit cela, ce qui fit que mes soeurs ne me virent pas rougir comme une pivoine.
Maman poursuivit sa tâche auprès des petites et en cuisine. Mes soeurettes filaient droit bien sûr, comme les jours d'orage annoncé...
Diane qui rechignait un peu plus tard à mettre le couvert eut droit à : "Diane... Ce n'est pas le moment de m'énerver... Tu ne voudrais pas que je m'occupe de tes fesses avant que je m'occupe de celles de Christine ?"
Ce genre de menaces la fit filer droit...
Le dîner se déroula dans le calme, mais je n'avais pas le coeur à participer à la moindre discussion... Heureusement que Maman n'en profita guère pour ses sermons ou allusions habituelles...

"Eh, Christine, ça te fait penser à quoi ?"



Diane devait encore prendre sa douche, Aline avait une leçon à réviser, et Maman à préparer nos affaires pour le lendemain après avoir rangé la cuisine. Je m'étais proposée pour l'aider, histoire de l'amadouer mais dès les assiettes et couverts mis dans l'évier, Maman m'envoya dans ma chambre. Elle n'avait pas oublié sa promesse...
"File te brosser les dents et te mettre en pyjama. Attends-moi dans ta chambre. Je couche les petites et j'arrive... Tu sais pourquoi bien sûr..." dit-elle avec un air entendu...
Je murmurai d'un ton plaintif : "Oh Maman, s'il te plait, nooon !"
Elle me posa son index sur la bouche comme pour dire "Chut !". Et reprit : "Allez, ouste, prépare-moi le mot de Mlle Paule, et attends-moi, ma chérie. Je mets les petites au lit et on sera tranquilles toutes les deux... Tu peux préparer tes fesses..."
Je ne pouvais rien rétorquer sans risquer d'énerver Maman davantage. Je suis montée au premier, où Diane finissait de prendre sa douche. Aline m'appela quand je passai devant leur chambre, mais je détournai le regard.
Quand je ressortis à nouveau pour aller me brosser les dents, Aline me héla à nouveau. Je jetai un oeil par la porte entrouverte. Elle était allongée sur le lit en train de relire une leçon.
"Christine, Christine", disait-elle doucement.
Je demandai : "Qu'est-ce qu'il y a ?"
Ma soeur était hilare et me montrait son bas du dos, avec sa main se rapprochant de son short, et elle me lança : "Eh, Christine, ça te fait penser à quoi , Hou la la, ça va barder... Ouille, ouille, ouille, non Maman, non !"
Je me suis retenue de ne pas aller lui sauter dessus, mais l'heure était trop grave et je savais que de toute manière son geste n'était que prémonitoire... J'avais vraiment à préparer mes fesses...

A SUIVRE (peut-être...)


2 commentaires:

  1. elle vous en aura causé des problèmes Mekke Paule, quand même...

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  2. C'est sûr que cette prof intransigeante m'a valu bien des ennuis. Je lui dois une belle série de fessées...

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