jeudi 24 septembre 2009

Quand Maman arrive...



De l'angoisse de l'attente...






Deux images (trouvées) pour illustrer une sensation, un souvenir fort. C'est l'heure des comptes... Maman m'a prévenue après qu'elle ait découvert que je lui avais "emprunté" un billet dans son porte-monnaie... "On réglera cela après le diner..."
Le repas achevé, elle m'a demandé de monter dans ma chambre. "Fais ta toilette, mets-toi en pyjama et attends-moi. J'arrive..."
Je n'ai rien dit, mes soeurs non plus, même si je voyais qu'elles avaient les yeux qui pétillaient... Chacune d'entre nous avait compris... Il y avait de la fessée dans l'air...
Allongée sur mon lit, moitié recroquevillée, j'angoisse... J'attends, les yeux embués, au bord des larmes... Je me répète les phrases que je vais essayer de dire pour ma défense, pour tenter de faire croire que ce n'était pas un "vol", juste un "emprunt sans le dire".
Mais moi-même je ne crois guère en mes arguments...
J'ai des frissons dans le dos, comme la chair de poule... Je me sens si vulnérable... J'ai les yeux dans le vague et je me vois déjà étendue en travers des genoux maternels...
Il fait frais mais j'ai chaud à l'avance...
Mes soeurs sont montées dans leur chambre sans difficulté ce soir... Je les entends chuchoter à travers la seule cloison qui nous sépare... Je sais qu'elles ne vont rien louper de la conversation entre Maman et moi, ni des bruits et des cris qui suivront quand Maman claquera mes fesses assurément déculottées...

...au mouvement de recul...



Je suis dans mes pensées depuis dix minutes quand j'entends les pas de Maman dans le couloir... La porte de ma chambre s'ouvre et elle rentre en repoussant la porte derrière elle.
Elle me toise, debout à trois pas de moi. "Alors, Christine, tu joues les petites voleuses, maintenant... Il ne manquait plus que cela..."
Elle n'est pas encore venue s'asseoir au bord de mon lit, là où tout va se passer, mais par réflexe, j'ai déjà un mouvement de recul, comme pour me pelotonner ou m'éloigner, à défaut de pouvoir m'enfuir...
Dans ce geste, se devine ma peur, mon angoisse... Il trahit mes pensées, il montre combien je ne suis pas sûre de moi, combien je sais ce qui m'attend... Il va y avoir un sermon et une discussion, mais ils ont presque inutile tant l'attitude de Maman, ses gestes, son regard tant de fois vu ainsi, tant ma trouille visible et palpable, annoncent la suite...
Dans quelques instants, cinq minutes au plus si Maman insiste sur son sermon, mais qu'importe, là, maintenant, incessamment, je vais recevoir la fessée...

3 commentaires:

  1. hummm ! L'angoisse !
    "... Il va y avoir un sermon et une discussion.."

    J'attends avec impatience certains mots que maman a pu prononcer. Vous, l'écoutant en vous mordant les levres tout en regardant vos pieds, vos doigts qui s'entortillent les uns dans les autres.. Ce sermon que vous entendez à peine , vous pensez à ce billet, en plus même pas un gros ..

    Vous, vous attendez que l'orage passe .. Nous ,lecteurs , nous attendons la suite avec impatience, ces 5 minutes ..

    amicalement
    herge

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  2. Merci de vos encouragements... Je vais donc poursuivre sur ces cinq minutes avec l'image suivante...

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  3. Christine vous avez un coup de plume ravissant aucun homme ne ferait mieux dans cette spécialité,même pas Monsieur Jean d'Ormesson. Je voudrais lire la totalité de votre oeuvre et éventuellement laisser des commentaires s'ils peuvent vous êtes d'une aide quelconque ? Mais par où commencer. Je ne trouve pas de point de départ et de suite ?...Merci et félicitations

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