Maman sentait bien que je lui cachais quelque chose... Une mère attentive a comme un sixième sens qui lit dans vos pensées, qui décrypte vos petites manigances...
Depuis cinq jours, la prof d'anglais nous avait rendu les copies du contrôle surprise qu'elle avait fait sur les verbes irréguliers. Le précédent m'avait valu un 6 sur 20 et une chaude réception à la maison... Malgré mes promesses de bien travailler, de me rattraper le mois suivant, de ramener une super note, etc, etc... bref, tout ce que l'on peut jurer et promettre quand on tente d'amadouer une mère en colère et déterminée...
Le contrôle surprise avait brisé mes espoirs, moi qui comptais me mettre à réviser la veille de la composition et pas avant bien sûr...
Résultat : la prof m'avait mis un 2 sur 20 avec une annotation dont elle avait le secret : "Quel dommage que Christine ne daigne pas travailler un minimum..."
Impossible pour moi de montrer la copie le soir-même, un lundi, à Maman. J'avais trop peur de ce qui allait inévitablement m'arriver...
J'ai préféré attendre, pensant que le lendemain serait plus favorable, que je trouverais un moment propice où Maman serait détendue, où mes soeurs ne traineraient pas dans les parages...
Mardi soir, je n'ai pas plus senti de conditions favorables... Mercredi non plus... Maman était pourtant de bon humeur, mais j'ai hésité et renoncé... C'était bien plus facile de continuer à cacher, à mentir, pour rester tranquille...
Jeudi, Maman a insisté, s'étonnant que les copies n'aient pas été rendues. Mais, la discussion avait lieu devant mes soeurs et j'ai préféré gagner encore du temps...
Ce vendredi, je tournais autour du pot, je cherchais l'ouverture, le moment idéal, mais à la question de Maman, j'ai redit que les copies n'avaient pas été rendues...
Au lieu d'insister, Maman n'a plus rien dit et est allée décrocher le téléphone et composer un numéro...
J'ai demandé ce qu'elle faisiat. La réponse a fusé : "Je veux en avoir le coeur net... J'appelle Mlle Paule, la prof d'anglais..."
J'ai protesté : "Euh, non, Maman, ce n'est pas la peine. Attends, il fallait que je te dise quelque chose... Euh... Arrête..."
Mais, déjà, à l'autre bout du fil, Mlle Paule avait décroché...
J'ai bien essayé de faire des signes désespérés à maman, mais la conversation a vite pris un tour cauchemardesque...
Je n'entendais que les paroles de Maman, mais je pouvais imaginer le dialogue...
"Ah, vous les avez rendues, lundi... Christine ne s'en est pas vantée..."
J'étais découverte...
"Comment ? Vous dites bien 2 sur 20... Je comprends mieux... Elle qui m'avait promis de faire mieux que le mois dernier..."
Et Mlle Paule de donner des détails, de se plaindre certainement de mon attitude très j'm'enfoutiste, du fait que je n'écoutais pas pendant les cours...
Tellement que Maman s'en excusait elle-même : "Je suis désolée que Christine vous cause tous ces soucis... Je vous promets qu'elle va changer d'attitude... Je vais m'en occuper personnellement..."
La prof continuait à papoter avec Maman qui m'avait entre temps fusillée du regard, en levant en même temps la main droite avec un geste menaçant qui voulait dire : prépare tes fesses...
Elle poursuivait avec ma prof : "Ah, vous ressentez vraiment des hauts et des bas dans sa conduite... Je crois comprendre, vous savez... Si Christine s'est tenue à carreau une semaine après le dernier contrôle, c'est que j'avais fait ce qu'il fallait pour qu'elle se resaisisse... Si cela n'a pas duré, c'est que Christine oublie vite ses bonnes résolutions... Je vous assure que cette fois, la leçon va faire son effet plus longtemps... Et d'ailleurs, je vous le demande comme un service, n'hésitez, chère Mademoiselle, à m'avertir ou m'appeler dès que vous avez la moindre remontrance à faire à Christine... Je vous promets que cela bardera à nouveau si c'est le cas..."
Je suis pétrifiée. La conversation me glace et m'affole... Je n'ai même pas la force de chercher quels arguments je vais pouvoir trouver dès que Maman aura raccroché...
Ma note catastrophique, cinq jours de mensonge et de cachotteries, les promesses non tenues, mon attitude en classe révélée, c'en est trop pour imaginer échapper à une tannée mémorable...
Et puis cette prof qui rappelle à maman que je me suis tenue à carreau qealques jours, le mois dernier, justement après une certaine "discussion" entre Maman et moi que j'avais achevée étalée sur les genoux maternels en y recevant une bonne fessée bien méritée, n'est-ce pas un argument de plus pour conviancre Maman que c'est la seule voie possible, la seule qui fasse de l'effet...
Maman continue à parler avec Mlle Paule, moi je me sens déjà dans la peau de la punie, je frissonne et les larmes me montent aux yeux... Le bonheur, c'est simple comme un coup de fil, disait une publicité... La fessée qui m'attend aussi...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire