mardi 30 mars 2010

Mes soeurs aussi (Suite 7) : la roue tourne...

Plus d'un mois sans la moindre gifle ni fessée, et la chance qui continue à me sourire, comme l'autre soir où j'ai échappé de peu à une tannée qui n'aurait pas été volée. Je me sens invulnérable et les ennuis à répétition de mes soeurs me mettent dans une certaine euphorie. Je me sens la grande, quasiment l'intouchable.
J'ai quand même fait ce qu'il fallait pour travailler correctement, pour ne pas me laisser aller et les résultats sont des plus corrects.
Bref, je commence à me dire que le beau temps peut durer et, même si les rappels à l'ordre de Maman devraient me faire me méfier, ma tendance naturelle à jouer avec les limites, à ne pas poursuivre plus qu'il ne le faut les efforts, me titille à nouveau.
J'essaie d'être plus calme en cours, mais ma réputation me joue des tours. Comme cet après-midi, où je n'étais pas passionnée par le cours d'histoire. Il faut dire que ma voisine Anne avait pas mal de choses à raconter et nous chuchotions en douce dès que la prof avait le dos tourné.
D'un seul coup, elle nous fit face et lança : "Anne et Christine, vous me copierez cent fois : je ne dois pas bavarder en classe. Pour demain matin, signé des parents bien sûr..."
Patatras ! Ce n'est pas possible. Je proteste : "Non, Madame, s'il vous plait, pas ça. Je ne bavardais pas, je ne faisais qu'écouter."
Mais sa décision était prise et irrévocable : "Christine, arrêtez de vous faire passer pour une sainte. Ce n'est pas la première fois que je vous rappelle à l'ordre. Vous avez de la chance que je ne vous donne pas quatre heures de colle".

"Non, Madame, s'il vous plait, pas ça"


L'argument de la prof était imparable. Mais je me demandais si je n'aurais pas préféré des heures de colle. Cela aurait été pour la semaine prochaine, Maman aurait reçu l'avis du collège seulement mercredi prochain. J'aurais eu le temps de chercher une parade.
Là, il y avait cent lignes à faire. Dès ce soir, et à faire signer... Je comprenais d'un coup que la roue avait tourné...
J'ai terminé l'après-midi de cours dans un nuage. Je ne parlais plus à mes copines, et je ne pensais qu'à une chose... Comment faire avaler ça à Maman ? Et, ses mots de l'autre soir tournaient à nouveau en boucle dans ma tête : "Christine, à la prochaine bêtise, on remettra les pendules à l'heure, ma fille... Je serais à ta place, je me tiendrais à carreau, ou alors, je préparerais mes fesses..."
Comment imaginer qu'il en serait autrement ? Le bavardage en classe, jamais Maman ne l'admettrait... Et que dire ? Que faire ? Moi qui étais si inventive d'habitude, je ne trouvais rien. J'avais le sentiment que c'était perdu d'avance...
Et pour la première fois depuis très longtemps, je suis rentrée à la maison, sans la moindre illusion, me disant que je n'y échapperais pas...
  

"J'ai éclaté en sanglots dès sa première question"

En me voyant dire bonsoir du bout des lèvres, éviter son regard, Maman a tout de suite senti que quelque chose n'allait pas. "Tu en fais une tête, Christine. Comme je te connais, il y a quelque chose qui ne va pas. Je crains le pire. Mieux vaudrait m'en parler tout de suite si c'est une mauvaise nouvelle..."
Les autres jours, j'aurais dit "Non, non, Maman". J'aurais fui les questions et tenté de gagner du temps pour préparer ma défense. Là, j'en avais trop gros sur le coeur et j'ai éclaté en sanglots... "Maman, Maman, euh, c'est la prof d'histoire. Euh, elle, euh, elle a donné une punition à ma voisine et à moi".
Maman sursaute et soupire : "Ah, c'était trop beau, je me doutais bien que cela ne durerait pas.... Quelle punition donc ? Allez, dis-le."
Je sanglote encore et raconte en chargeant ma voisine. "C'est Anne qui me causait, M'man, je t'assure. Faut qu'on fasse cent lignes de "je ne dois pas bavarder en classe" que tu dois signer".
Maman rectifie : "Christine, il faut être deux pour bavarder. Je ne veux pas savoir qui causait le plus. Tu es punie et c'est tout ce qui compte. Et cela ne va pas se passer comme ça, tu sais. Tu sais ce que je t'ai promis si tu refaisais des tiennes. Je peux te dire que cette fois, il n'y aura pas coup de téléphone de Tata ou de je ne sais quoi pour m'empêcher de m'occuper de toi..."
Je suppliai : "Non, Maman, je t'en prie, je suis déjà punie avec mes cent lignes. Non, s'il te plait..."
J'aurais voulu palabrer mais je savais que ce serait en vain, d'autant qu'Ailne et Diane qui prenaient leur goûter ne manquaient rien de la scène et que je ne voulais pas que Maman en dise trop, une promesse faite devant elles devenant encore plus gênante pour moi...
"Allez, va faire tes devoirs et tes cent lignes. On reparlera de tout cela plus tard. Mais, je peux te dire, ma chérie, que tu peux préparer tes fesses..."
C'était dit et je sentais bien que cette fois, je ne passerais pas à côté de l'orage...
Je suis montée dans ma chambre en pleurnichant et j'ai relu ma leçon d'anglais puis me suis mise à faire les cent lignes. C'était long et fastidieux et je faisais les lignes en colonnes, en écrivant sur toutes les lignes d'une page, "je, je, je", puis "ne, ne,ne, ne", etc. etc.
Il allait falloir quatre feuilles pour faire les cent.
J'en avais écrit les trois quarts quand Maman vint me voir après avoir regardé les devoirs de mes soeurs.
"Tu n'as pas encore fini. Applique-toi, Christine, car si il y a des ratures, je te fais recommencer. Et puis, tu descendras me faire signer ta punition. Je t'attends dans le salon pour qu'on parle... Je dois aller après le dîner à la réunion des parents d'élèves de l'école de tes soeurs. Mais, il n'est que 6 h et quart, on a bien le temps de régler nos petits comptes...", dit-elle avant de me laisser à mon pensum...
"Régler nos petits comptes avant le dîner", je ne m'y attendais guère. Je pensais plutôt que Maman "s'occuperait" de moi au coucher, comme souvent...
Hélas, je n'étais pas en position de discuter du programme... Je ne voyais qu'une chose, j'étais bonne pour une fessée et cela tambourinait dans ma tête....
"Christine, cela ne sert à rien de faire trainer les choses", lança Maman au bout de dix minutes... J'avais effectivement fini, mais je tardais à descendre, imaginant que j'allais marcher vers la fin de ma tranquillité...

"Christine, je t'ai assez prévenue..."

Je trainais les pieds en descendant les escaliers et j'avais les yeux humides en arrivant au salon. Je tendis les feuilles à Maman qui remarqua quelques ratures, mais signa quand même... Elle avait l'index pointé sur moi et me demandait de venir à ses côtés. Je baissais la tête et je plaquais mes mains sur ma jupe comme pour me défendre déjà. Je suppliai : "Maman, je t'en prie, je serai sage, je ne bavarderai plus, je ramènerai des bonnes notes. S'il te plait, non, pas la fessée..."
Elle eut un demi-sourire car j'avais prononcé le mot tant haï la première : "Christine, on ne va pas palabrer des heures. Tu vois bien que tu sais ce qui t'attend. C'est toi même qui le dis... Je t'ai assez prévenue. J'ai même laissé passer bien des bêtises et tu as eu bien de la chance de ne pas en recevoir ces derniers jours. Mais, cette fois, c'en est trop. Tu recommences à te faire remarquer au collège et il n'est pas question que je te laisse reprendre les mauvaises habitudes. Avec toi, il faut sévir sans attendre. Allez, viens ici, que je te donne la fessée que tu mérites plutôt dix fois qu'une".

"Comme pétrifiée, je me laissai allonger en position" 

Je ne savais que dire doucement : "Non, Maman, non", et je me laissai attraper par le bras et tirer en travers de ses cuisses en position. J'étais comme pétrifiée. Je ne me débattai même pas vraiment. Dans ma tête, chaque jour, depuis plus d'un mois, je pensais à ce moment, je savais qu'il viendrait, j'en faisais des cauchemars à la moindre menace, mais là, j'avais l'impression que j'étais spectatrice de mon destin, qu'il était écrit et que je n'avais qu'à préparer mes fesses...

(A SUIVRE)

9 commentaires:

  1. Bjr. Aïe aïe aïe, pauvre Christine, je vous sens mal partie. Pourtant, avec votre précédent récit (suite 6), je pensais que la suite cuisante serait plutôt réservée à vos soeurs (et pourquoi pas à Diane, après tout ?). Je pensais cela, sans doute par solidarité pour vous, et peut-être parce que, tout comme vous, je suis l'aîné. Je m'en serais réjoui, tout comme vous.

    Même si, je le répète, je ne me réjouissais pas des fessées de mes frères, il n'y avait pas de moqueries entre nous. En revanche, j'aimais, de temps en temps, assister aux fessées de mes cousins cousines par mes deux tantes (ou parfois par ma mère, car les tatas avaient l'autorisation, lorsque les parents étaient absents), surtout de mes cousines. Je les aimais bien, nous nous entendions bien, mais c'est doute parce que c'étaient des filles. Evidemment, les deux ou trois fois où c'était mon tour devant elles, j'étais beaucoup moins fier !

    Fesseusement vôtre.
    Joyeuses Pâques... piquantes ?

    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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  2. Mal partie, je le suis en effet... Mais, si j'en avais été débarrassée à jamais, je n'aurais plus rien à vous raconter... Ce qui n'est pas le cas...

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  3. Vous avez raison, chère Christine. Et ce serait dommage que vous n'ayez plus rien à dire. Vos notes de rédactions sur ce blog ne méritent pas de fessées, que des compliments !

    Et je suis content, moi aussi, d'avoir eu quelques nouvelles d'Agnès, qui nous réserve elle aussi, j'en suis sûr, d'autres aventures, dès qu'elle le pourra.

    Fesseusement vôtre.

    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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  4. En plus dans le séjour ! Si vos petites soeurs passent dans les parages...

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  5. C'est alors que Diane déboula dans le séjour :

    "Maman ! Je peux regarder la télé ?"
    "Non Diane, tu vois bien que je suis occupée avec Christine, qui a encore fait des siennes bien sûr ! Alors sois gentille, laisse-nous tranquilles veux-tu ?"
    "Mais Maman, c'est bientôt l'heure de l'émission sur les grenouilles. La maîtresse nous a demandée de la voir pour les sciences naturelles. Je n'ai pas envie de me faire gronder moi, et d'avoir un mot à te faire signer. Hein Maman, tu comprend ?"
    "Diane, arrête de me prendre pour une idiote, je n'aime pas du tout ça. Et maintenant tu files d'ici immédiatement ! Ou sinon c'est toi qui prendra la suite !!"
    "Oui Maman, je file !" fit Diane en disparaissant sans demander son reste.

    Maman, passablement énervée par cet épisode, pouvait maintenant entreprendre de m'administrer ma fessée.

    Mais - horreur ! - dans son énervement elle n'avait pas demandé à Diane de fermer la porte en sortant, ce que cette dernière s'était donc bien gardée de faire. Elle n'allait pas manquer, j'en été sûre, d'avertir Aline qui travaillait dans sa chambre, et toutes deux descendrait bientôt discrètement pour assister en catimini à mon infortune. J'en étais totalement mortifiée.

    Mais déjà Maman me retroussait la jupe et, sans tenir compte de mes supplications, m'abaissait soigneusement la culotte à mi-cuisses...

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  6. A LOUIS :
    Merci pour ces bonnes notes que vous mettez à mes rédactions. Si j'avais pu les avoir à cette époque là, cela m'aurait évité quelques désagréments postérieurs...
    Même si, le français était en général une matière où j'avais de bonnes notes, l'une de celles qui faisaient dire à Maman que j'avais de vraies capacités et que j'aurais dû avoir ce style de notes partout...
    En revanche, il est vrai que je remettais parfois mes rédactions avec du retard et que je n'ai guère changé, puisque vous pouvez remarquer que certains (comme Oliver Strict) arrivent même à me doubler, hihi...

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  7. A OLIVER STRICT
    Excellente imagination. Tout à fait dans le ton. C'est super pratique, bientôt je n'aurai même plus à écrire et mes débuts d'histoires se finiront tout seuls...
    Mais, je plaisante bien sûr. Merci de cette jolie contribution. Surtout qu'elle est assez proche de ce qui va se passer... A quelques détails près évidemment et je vous promets de vous écrire cette suite avant Pâques (pour éviter de me faire sonner les cloches...).
    Je suis en tout cas contente que mon fidèle lectorat note vite les détails qui comptent dans chaque épisode...
    Le fait d'être punie au salon est évidemment propice à susciter la curiosité de mes soeurs. Auditive mais aussi oculaire...

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  8. On peut en effet facilement penser que votre Maman devait avoir une idée derrière la tête en décidant que vous deviez descendre au salon pour faire signer votre pensum, et surtout pour ce petit "règlement de compte" dont la nature ne faisait de doute ni pour vous ni pour vos soeurs. Dans plusieurs de vos récit antérieurs votre Maman a plutôt tendance à écarter les témoins indiscrets lorsqu'elle fessait l'une ou l'autre d'entre vous, mais peut être en fonction des circonstances lui arrivait-il d'être moins stricte sur ce point, et de faire comme si elle n'avait pas remarqué que quelqu'un épiait avec intérêt la scène qui était en train de se dérouler. En tout cas, ce jour là, même si elle n'était pas allé jusqu'au point de vous administer délibérément et solennellement la fessée en public, votre Maman ne s'est pas génée pour évoquer sans ambiguïté devant vos soeurs la punition qui vous attendait ("...je peux te dire, ma chérie, que tu peux préparer tes fesses...", nul doute qu'il y avait à ce moment deux chipies que cette petite phrase n'a pas laissée indifférente). Pas très discret non plus cette façon de vous rappeler à l'ordre: "Christine, cela ne sert à rien de faire trainer les choses" ; si elle a lançé cela depuis le salon alors que vous étiez dans votre chambre, Aline et Diane ont dû en conclure tout de suite que la crise était imminente. Ensuite le bruit qui est sorti du salon devait être si caractéristique, si inimitable... et si bien connu que c'est comme si votre Maman avait envoyé un message à toute la maisonnée : "Attention, attention... Christine est en train de recevoir une fessée !" une publicité bien gênante... mais je vous fais confiance pour nous faire partager les émotions que vous avez ressenti à ce moment là, et nous détailler comment vos soeurs et votre Maman ont réagi.
    Et merci à Olivier pour son improvisation sur le thème des soeurs indiscrètes.

    Amicalement

    Agnès

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  9. Merci Agnès,
    Encore une belle analyse, parfaitement dans le ton. Je n'y réponds qu'en partie pour éviter d'empiéter sur la suite du récit. Mais, effectivement, vous notez bien comment mes soeurs pouvaient être aux aguets, Maman par ses petites phrases, menaces et appels, donnant déjà une certaine "publicité" à ce qui se préparait.
    Pas anodin non plus le choix du salon, mais je ne suis pas certaine que ce soit entièrement volontaire.
    Son absence dans la soirée enlevait la possibilité de programmer notre "conversation" au moment du coucher, après le dîner.
    Il y avait en revanche la nécessité d'attendre que j'ai fini ces cent lignes pour signer la copie et entamer la "discussion"...
    Certes, Maman aurait pu me dire : "Quand tu auras fini ta punition, appelle-moi". Mais, en me faisant venir, c'était certainement de façon inconsciente une façon de réaffirmer son autorité. Le cadre du salon donnait aussi un degré de solennité, un aspect plus marquant pour un retour à la case punie après ce long calme...

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