vendredi 23 octobre 2009

Ruses de Sioux : 5. La fausse adresse de vacances...

Cela m'apprendra à me croire plus maline que les autres...


Comme je l'ai évoqué dans des souvenirs précédents, le système d'heures de colle (à effectuer le samedi matin au bahut ou qui était parfois remplacé par des devoirs supplémentaires) qui régnait dans mes années collège était à l'origine de bien de mes déboires postérieurs...
Maman ne supportait pas ces punitions et comme les motifs étaient difficilement défendables (chahut, bavardage, triche, inattention, leçons non sues, etc), chaque fois que je prenais deux ou quatre heures de colle au collège, cela s'accompagnait d'une fessée à la maison...
Le bulletin de colle avisant la famille arrivait par le courrier du mercredi matin en général. Je le savais à l'avance, car le lundi après-midi, un surveillant passait dans les classes et demandait à celles et ceux qui étaient collés d'amener au plus tard mardi après-midi une enveloppe timbrée au secrétariat du surveillant général.
Quand le pion entrait et disait mon nom, j'avais déjà en ce lundi après-midi la confirmation de ce qu'un prof m'avait punie et la quasi certitude que j'allais récolter une nouvelle volée le surlendemain quand Maman recevrait l'enveloppe du collège...
J'aurais pu certes me confier dès le lundi soir ou le mardi à Maman, mais je préférais gagner du temps, même si elle sentait bien souvent que j'avais un drôle d'air...
Mais, pour moi, tant que l'enveloppe n'était pas à la maison, je gardais l'espoir... D'où parfois certaines manoeuvres... J'ai raconté comment j'avais une fois réussi à subtiliser l'enveloppe dans la boite et tenté de la brûler...
J'ai usé d'autres stratagèmes aussi...
Ainsi, un lundi soir où le pion m'avait demandé une enveloppe timbrée, j'ai eu l'idée de mettre une autre adresse sur l'enveloppe... Mais, en réfléchissant, j'ai pensé que si nous avions déménagé cela se serait su dans notre petite ville. Donc, j'ai imaginé un changement d'adresse temporaire, comme si Maman était partie en vacances ou en cure (ce que venait de faire ma grand-mère en faisant suivre son courrier le mois d'avant).
J'ai donc écrit sur l'enveloppe : Famille Spaak, Hôtel des flots bleus, Mimizan (Landes). Et je l'ai donnée au secrétariat du collège.
J'étais contente de mon coup, me disant que l'enveloppe ne reviendrait jamais puisque nous n'étions pas là-bas.
C'était sans compter sur la perspicacité de la secrétaire du surveillant général que cette grosse ficelle n'a pas trompé...
S'étant renseignée, elle a refait une enveloppe et a expédié le bulletin de colle à notre domicile, non sans y inclure mon enveloppe fantaisiste et un petit mot d'explication...
Moi qui rentrais guillerette et le coeur léger à la maison le mercredi soir après mon cours de danse, j'ai eu la surprise de voir Maman m'accueillir avec son oeil noir et les bras croisés, m'apostrophant : "Alors, Christine, Tu as envie de vacances ? Est-ce qu'il fait beau à Mimizan ?"
J'ai piqué un fard et ai balbutié : "Euh, Maman, euh, qu'est-ce que tu dis, euh !"
Mais l'enveloppe qu'elle tenait dans la main m'a incité à ne pas nier l'évidence...
J'ai tenté de dire : "Euh, bah, je vais, euh, je vais t'expliquer, euh..."
Mais, c'était inutile... "Tais-toi Christine. Il n'y a rien à expliquer... N'ajoute pas de mensonges à tes manoeuvres stupides... C'est moi qui t'expliquerai ce que j'en pense... On en reparlera après le diner, mais tu peux préparer tes fesses..."
Je suis montée dans ma chambre déposer mes affaires avant de redescendre pour le diner. Maman y a multiplié les allusions à mon entourloupe et je ne pouvais que baisser les yeux et me taire...
Puis, le souper avalé, elle m'a demandé d'aller me mettre en pyjama pendant que mes soeurs qui étaient déjà douchées et en tenue débarrassaient la table.
J'attendais Maman dans ma chambre, mais c'est elle qui du bas m'a demandé de la rejoindre dans le salon... Aline et Diane y étaient assises dans le canapé et lisaient sans dire un mot, mais en me guettant l'oeil brillant, sentant bien que l'heure était à l'orage.
Je suis entrée dans le salon et Maman m'a passé un sermon maison : "Ah, Christine, tu n'en louperas pas une... Ah, si tu mettais autant d'imagination à faire tes devoirs... Ah, tu croyais échapper à la fessée que tu mérites..."
J'ai supplié, promis de ne plus recommencer, imploré Maman de me pardonner, mais je savais que je n'avais aucune chance de la convaincre. Non seulement j'allais recevoir la fessée, mais en plus elle allait être exemplaire et donnée devant mes soeurs...
Quand Maman m'a demandé de venir auprès d'elle, j'ai protesté : "Non, Maman, non, je t'en prie. Pas la fessée, ou pas ici, pas devant elles..."
Mais, cela faisait partie de sa volonté de marquer le coup : "Oh si, tu vas la recevoir ici, Christine... Pour qu'Aline et Diane voient ce qui arrive aux intrigantes et à celles qui essaient d'échapper à ce qu'elles méritent..."
Déjà, elle m'avait attrapé par le bras et basculé en travers de ses cuisses... Mon pantalon de pyjama a vite été baissé en bas de mes cuisses et mes fesses tremblantes n'attendaient plus que leur dû...
Maman très remontée me gratifia d'une fessée magistrale, se permettant par instants de rajouter des commentaires ironiques... "Ah Christine, tu voulais m'envoyer en vacances pour que je ne sache pas tes bêtises... Eh bien, Mademoiselle va être servie... Elle va avoir des coups de soleil, mais ce sera sur les fesses.... Tiens, tiens et tiens..."
Et au fur et à mesure qu'elle poursuivait sa claquée, elle se remotivait en se remémorant mon forfait : "Ah, Christine, au lieu d'avouer que tu étais collée, il faut que tu en rajoutes... Tu croyais échapper à la fessée... Eh bien non, tiens, tiens et tiens... Tu vois, tu avais presque raison, ici c'est comme à l'hôtel de cet été, après le diner, il y a spectacle... Mais tu n'imaginais pas que tu en serais la vedette... Tiens, tiens et tiens..."
Une fois encore, ma ruse de Sioux n'avait pas marché... Et c'était moi qui devenait "peau-rouge" avec ma lune écarlate... Et mes joues aussi, empourprées de honte de me retrouver ainsi exposée devant mes moqueuses de soeurs...

2 commentaires:

  1. Bjr Christine. Puisque vos soeurs étaient si moqueuses, j'espère que vous faisiez de même lorsque c'était leur tour.
    D'ailleurs, de temps en temps, pour changer, pourquoi ne nous raconteriez-vous pas quelques scènes de fessées subies par vos soeurs ? De préférence une scène dont vous étiez témoin, bien sûr !
    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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  2. Chère Christine,

    Continuant ma quête d'inspiration au travers de vos anciens récits, je vous livre ma pensée sur « La fausse adresse et le bulletin brûlé » qui démontrent (à mon sens) toute l'innocence et l'absence de mauvais fond de notre narratrice.

    En effet, comment ne pas sourire face à ces 2 stratagèmes, voués à l'échec, l'élaboration de ceux-ci étant mise en œuvre par une demoiselle pleine de candeur et d'imprécision dans ces actes, ne pouvant la conduire que dans une posture indélicate pour un moment cuisant.

    Car sincèrement, notre ingénue fait preuve dans les 2 cas d'un manque du jugeote caractérisé, essayant de brûlé le bulletin de colle (alors qu'elle pouvait le garder dans sa poche et le jeter dans une corbeille en retournant au collège) ou inscrivant une fausse adresse sur l'enveloppe, en mettant « Famille SPAAK et non Madame » maladresse ne trompant pas l'œil exercé d'une secrétaire avisée qui comprend le subterfuge.

    Pour conclure, ces 2 épisodes reflètent (avec bonheur) l'insouciance juvénile de notre conteuse, à cette époque, qui pleine de malice échafaude des plans aussi saugrenus que ratés, afin d'échapper à la correction qu'elle mérite.

    Mais, la morale est sauve, puisque la demoiselle se retrouve au final sur les genoux maternels, déculottée, pleurante et piaillant comme une fillette honteuse, plus fière du tout, sous l'effet d'une bonne tannée de Maman déterminée à lui faire payer le juste prix de ses ruses de sioux.

    Amicalement, Dominique

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