SUITE 165
Les deux premières heures de cette matinée passèrent bien vite. Moi qui m'ennuyais souvent dans les cours d'histoire-géo, j'avais l'impression que les aiguilles tournaient plus vite que d'habitude. Il est vrai que je n'écoutais guère la prof, ce qui n'était pas sérieux tant je me serais trouvée bien en peine de répéter ses dernières phrases si elle m'avait interrogée sur le champ.
Cela m'était arrivé à deux reprises, lors de ma première année de Cinquième, et j'avais récolté deux fois deux heures de colle, avec le même motif "N'écoute pas en classe" qui m'avait valu un accueil que je qualifierais de "chaleureux" les jours où les bulletins de colle étaient arrivés dans la boite aux lettres de la maison...
Ne pas écouter en classe m'avait valu par deux fois en Cinquième deux heures de colle... Avec à chaque fois une fessée à la clé sur les genoux maternels...
De fait, j'avais été "grondée" de belle manière par une Maman vraiment en colère, surtout la deuxième fois... Et, rien que d'y penser, me revenaient les images de cette double tannée, comme si c'était hier, alors que cela faisait presque deux ans... Je me souvenais même que c'était dans ma chambre que m'avait été donnée la première fessée, car c'était bien de fessée dont il s'agissait, ce que d'aucuns auront deviné aisément...
Et je me rappelais bien que j'avais reçu la deuxième déculottée, la semaine suivante, dans le salon et devant mes soeurs...
La deuxième fessée m'avait été donnée déculottée dans le salon devant mes petites soeurs...
Les images de ces fessées me revenaient, et j'eus un instant très peur que la prof d'histoire géo ne s'aperçoive de mon trouble, car j'étais à deux doigts de me mettre à pleurer... Cela aurait été un comble...
Je respirai profondément pour retrouver mon calme et j'ai fait des efforts pour bien écouter l'enseignante, m'évitant heureusement de suivre le scénario catastrophe que mes souvenirs claquants réveillaient en moi...
La sonnette retentit annonçant l'heure de la récréation, ce qui était à la fois un soulagement par rapport à ce qui aurait pu m'arriver en cours d'histoire géo, mais l'heure de la récré annonçait une autre épreuve, avec Brigitte et Babette qui n'allaient pas manquer de revenir à la charge pour savoir ce qui m'était arrivé à la suite de la réception du bulletin de colle dans la boite aux lettres de la maison...
A la récréation je tentai de m'éloigner au fond de la cour pour éviter les questions très dérangeantes des deux moqueuses...
Je tentai de me cacher en allant me positionner derrière l'un des arbres du fond de la cour. Mais mes deux camarades repérèrent ma manoeuvre et vinrent me rejoindre. "Alors, Christine, tu joues à cache-cache ? Tu n'as pas envie de nous voir ?" lança Babette. "Pourtant, je suis sûre que tu as des choses à nous raconter, non ?" renchérit Brigitte.
"Bah, euh, non", tentai-je de leur faire croire en jouant la fille tranquille.
Cela ne plu pas du tout aux deux moqueuses, qui répliquèrent : "Bon, Christine, il vaudrait mieux que tu ne nous mentes pas, car on arrivera bien à savoir ce qui t'est arrivé, et si cela ne vient pas de toi, on le racontera à tout le monde... Alors, dis-nous ce qui s'est passé quand ta Maman a reçu le bulletin de colle..."
Je tentai de nier et de minimiser la scène... "Oui, Maman n'était pas contente... Elle m'a grondée, et j'ai promis de ne plus recommencer..."
Brigitte me coupa la parole : "Ne nous prends pas pour des idiotes, Christine. Ta Maman ne s'est pas contentée de cela... Et je suis certaine que cela a bardé, et que même tes soeurs ont dû voir ou entendre ta mère s'occuper de tes fesses..."
Je tentai de ruser : "Non, c'est pas vrai, mes soeurs n'ont rien vu, rien du tout".
J'avais commencé à faire croire à Babette et Brigitte que Maman m'avait seulement grondée et sermonnée... Mais elles n'en crurent rien...
Babette ne fut pas dupe... "Prends-nous pour des idiotes... Peut-être qu'Aline et Diane n'ont rien vu, mais cela ne les aura pas empêché d'entendre ta mère te flanquer une fessée... Allez, Christine, avoue, on sait bien que ta Maman tient toujours ses promesses... Dis-nous le, sinon on raconte tout à toute la classe..."
La menace me fit monter les larmes aux yeux et je me mis à supplier : "Non, Babette, ne le dis pas à tout le monde".
Babette au contraire éclata de rire, jubilant : "Tu vois qu'on avait raison... Tu as été grondée, oui, mais les fesses à l'air... Allez, dis-moi que c'est ce qui s'est passé, Christine..."
Je baissai la tête et restai muette... Brigitte prit le relais... "Dis-nous que tu as reçu la fessée, ou on le dit..."
Je balbutiai un petit oui, Brigitte insista donc : "C'était quand et où ? Ne nous mens pas, on saura bien vérifier..."
Alors, je me surpris à répondre devant l'insistance de Brigitte : "Oui, j'ai été punie, euh, par Maman, hier soir, euh, dans ma chambre... Elle m'a euh, m'a donné une euh, une fessée..."