SUITE 160
Je ne savais plus quoi dire. Je répétai donc : "Mais, Maman, je peux t'expliquer, euh..." Rien à faire, elle ne voulut rien entendre, d'autant que mes petites soeurs arrivaient à leur tour, et qu'il allait falloir déjeuner rapidement avant de repartir en cours...
"On reparlera de ça, ce soir, et crois-moi, tu t'en souviendras, Christine", dit Maman d'une voix déterminée comme jamais...
Aline et surtout Diane auraient bien voulu en savoir plus, la cadette questionnant Maman : "Christine va être punie ?" Elles n'obtinrent qu'un "Oh que oui, elle le sera. Mais ne m'énervez pas, sinon gare à vous aussi... Allez, on passe à table..."
Je sentais bien que mes soeurs brûlaient d'envie d'en savoir davantage, mais à l'évidence Maman n'était pas d'humeur à leur répondre. Et, une fois le repas terminé, mes soeurs repartirent à l'école et moi au collège.
J'avais été surprise par Maman alors que je regardais sur le meuble de l'entrée si le bulletin de colle était arrivé dans le courrier du jour... Je n'aurais jamais imaginé que Maman savait déjà tout en ayant rencontré la mère de ma voisine de cours...
J'essayai d'éviter Babette et Brigitte, profitant d'être quelques minutes en avance pour trouver Elisabeth et lui demander ce qu'elle savait... Ma camarade était désolée pour moi : "Ma pauvre Christine, je ne savais pas que tu n'avais encore rien dit à ta mère pour nos heures de colle... Maman l'a dit à la tienne comme si elle savait".
"Bah, tu sais j'attendais l'arrivée du bulletin de colle, pour savoir ce qui est écrit comme motif", expliquai-je à Elisabeth, qui rétorqua : "Moi, je dis tout le soir-même, sinon Maman se fâche encore plus fort".
Elisabeth rajouta : "En tout cas, d'après Maman, la tienne est très fâchée. Tu vas être drôlement punie, qu'elle a même dit..." Heureusement elle n'avait semble-t-il pas employé le mot "fessée" et je n'interrogeai pas davantage ma camarade d'heures de colle.
Elisabeth était bien embêtée d'avoir été involontairement à l'origine de la révélation à ma mère que je cachais avoir pris deux heures de colle depuis trois jours... Elle me confirma que Maman avait bien dit devant elles que je serais "drôlement punie". Elle n'avait pas employé le mot "fessée", mais je savais moi que j'y aurais droit...
Brigitte et Babette avaient repéré notre conversation, et je m'écartai un peu en les voyant venir vers moi. Babette entra dans le vif du sujet : "Alors, si tu parles à Elisabeth, c'est que les bulletins de colle sont arrivés ? Ca va barder chez toi, Christine..."
Je cherchai un biais pour ne pas dire que le bulletin de colle n'était pas arrivé, mais que Maman savait tout... Je tentai de la jouer maline en disant : "Oui, Maman est au courant pour les heures de colle. Elle était fâchée, mais je n'ai pas eu la fessée. Non, pas du tout. Je suis grande maintenant".
Babette semblait songeuse doutant de la sincérité de ma réponse que j'avais claironnée un peu trop vite pour que ce soit la réalité. D'ailleurs, Brigitte donna son avis, en devinant la vérité : "Moi je crois plutôt que ta mère n'a pas eu le temps de s'occuper de toi, Christine. Je pense que ce sera moins drôle pour toi ce soir. Je parie que tu vas avoir les fesses toutes rouges... Et j'espère que tu ne nous mentiras pas demain..."