SUITE 159
Les menaces claires de Maman avaient alimenté de mauvais rêves, et confirmé que, toute élève de Quatrième que j'étais, je risquais encore des désagréments postérieurs, si j'ose dire...
Je sentais bien que les menaces maternelles n'étaient pas que des paroles, mais qu'elle n'hésiterait pas à les appliquer... J'en frissonnais à l'avance...
Heureusement, le lendemain m'apporta une satisfaction avec un 14 en mathématiques, qui me vit fanfaronner de retour à la maison. Maman me félicita d'abord, mais n'en fit pas tout un plat, puisqu'en relisant bien ma copie, elle remarqua que j'avais fait deux fautes qui relevaient surtout de l'étourderie. "C'est dommage, Christine. Tu aurais bien relu ta copie avant de la rendre tu aurais eu encore une meilleure note", m'avait elle lancé, refroidissant mon enthousiasme.
Cela dit, je ne pensai plus aux menaces de Maman durant les deux ou trois jours suivants. Ils se passèrent sans incident notable, hormis un rappel à l'ordre assez ferme, après que nous nous fûmes chamaillées Diane et moi, ma petite soeur cherchant visiblement à me pousser à bout en espérant que je sois la plus grondée...
"Arrêtez les filles, avait tonné Maman, je ne veux pas savoir qui a raison ou tort. Si j'ai encore un mot à dire, gare à vos fesses toutes les deux". Voilà une menace qui a calmé nos velléités de tenter le diable...
Diane cherchait à me mettre à bout, et multipliait les taquineries, avec l'idée en tête que ce soit moi qui subisse la colère maternelle...
Deux autres jours passèrent, et je commençais à croire en ma bonne étoile. Je me sentais plus en confiance, et j'avoue que j'en repris l'envie de bavarder en classe, du moins dans les cours que je trouvais moins intéressants...
C'est en cours d'histoire que le ciel me tomba sur la tête. Pour une fois, ce n'est pas moi qui ai commencé, mais Elisabeth, ma voisine de cours en cette matière. Elle avait un joli sens de l'observation et aimait imiter certains de nos profs. Elisabeth osa mimer la prof d'histoire dans son dos. C'était très drôle, et je ne pus me retenir de pouffer de rire... L'enseignante qui écrivait au tableau, devait avoir repéré notre petit jeu et se retourna très vite découvrant nos faces hilares.
Nous n'eûmes pas le temps de tenter de nous expliquer que la sentence tombait : "Mademoiselle Spaak et Mademoiselle Aubry, si vous avez envie de rire, vous viendrez le faire durant deux heures de colle". Nous tentâmes bien de supplier la prof de ne pas nous coller, mais c'était sans appel. Et, pour moi, c'était l'annonce d'un cataclysme...