vendredi 20 janvier 2012

Chronique d'un redoublement : 21. Bad news in English...

SUITE 20

Deux semaines étaient passées sans encombre, mais mes pressentiments n'étaient pas bons du tout. Sans avoir de menaces directes, j'avais senti par deux fois déjà que je m'approchais de la ligne rouge, celle à ne pas dépasser.
Les premières notes arrivaient une par une, et les réactions maternelles me montraient bien que la barre était placée haut et que, si je n'y prenais garde, j'allais bientôt en faire les frais...

Même le 12 de ma première rédaction de l'année avait été trouvé "très moyen". C'est vrai que c'était là ma meilleure matière (avec les maths) et que j'avais l'habitude de me situer plus haut.
Idem avec un 10,5 en sciences naturelles, assorti du commentaire : "Leçon sue mais sans plus", qui avait amené Maman à me rappeler ses attentes : "Christine, puisque tu redoubles, tu ne peux pas te contenter de notes aussi moyennes, surtout en ce début d'année sur un programme que tu as déjà vu l'an passé".
Et, le lendemain, à Tata qui demandait des nouvelles, Maman avait confié  : "Pour l'instant, ça va, mais je ne suis pas sûre que Christine ait compris qu'il allait falloir faire des efforts, et non pas se laisser porter par la facilité".

Mais, ce lundi soir, premier jour de la troisième semaine de cours, la première tuile est arrivée. "The" tuile, comme on dirait en anglais, avec cette interrogation surprise sur les acquis de la Sixième...



Evidemment, je savais différentes choses, mais certaines notions et mots de vocabulaires, que je n'avais pas revus l'an passé, était partis dans les oubliettes de ma mémoire.
Pour Mlle Paule, c'était un bon moyen de vérifier ce qu'avaient retenu les anciens Sixième. Sauf que, vu ma fainéantise et mon manque de motivation en anglais depuis deux ans, c'était encore moins frais dans ma tête...
Résultat : pas catastrophique, mais un 6 sur 20 très limite, et surtout une appréciation de la prof plutôt vacharde : "Des lacunes manifestes. Dommage que Christine n'ait pas révisé davantage ses bases durant les vacances".




6 sur 20 en anglais, ce n'était pas aussi dramatique que ça. L'an passé, ma moyenne dans la langue de Shakespeare était plus faible encore. Mais, c'était le premier faux-pas de l'année, qui plus est dans une matière où j'étais attendue au tournant....
J'avais donc conscience que cela allait être un test grandeur nature de la réalité ou non de la détermination maternelle...
Ce qui d'ailleurs me gênait le plus, n'était pas la note, qu'avec beaucoup de persuasion, un peu de chance et une plaidoirie efficace, j'aurais pu faire passer...
C'était plutôt l'annotation de la copie, où je me doutais bien que Maman prendrait presque pour elle le reproche que je n'ai pas assez révisé durant les vacances. C'était comme si Mlle Paule disait que Maman avait été trop laxiste...
Je ne savais pas comment annoncer cette "bad news", cette mauvaise nouvelle et j'étais dans mes petits souliers, le regard fuyant en rentrant à la maison.
Maman qui semblait lire dans mes pensées, m'interpella : "Tu n'as pas l'air dans ton assiette, Christine. Tu as des choses à me dire ?"
J'ai hésité, baissé la tête, et été tenté de mentir, de gagner du temps, le prochain cours d'anglais n'étant que dans 48 heures.   Mais, Maman insista avant que j'ai balbutié le "Oh, non, Maman, non, non, ça va", qui me brulait les lèvres et qui m'aurait amené à entrer dans une de ces spirales de mensonges dont je m'étais faite la spécialité.
Heureusement, je n'en fis rien, et répondis à Maman qui réitérait la question : "Euh, bah, j'ai eu une note pas terrible terrible. Euh, euh, en anglais".
Mon hésitation à dire la matière montrait bien mon angoisse particulière à ce sujet...
"Ce n'est pas possible. Pas déjà une mauvaise note en anglais. Et en plus sur le programme de la Sixième. Je rêve...", avait de suite réagi Maman en découvrant la copie que je lui avais tendue du bout des doigts, en me reculant vite de deux pas, comme si je craignais une paire de gifles immédiate.
Aline et Diane qui venaient de rentrer durant le début de notre échange, nous regardaient les yeux écarquillés, comprenant qu'il y avait de l'orage dans l'air.
Il allait falloir leur donner leur goûter et Maman les envoya vers la cuisine, tout en poursuivant son explication : "Et toi, Christine, tu files dans ta chambre faire tes devoirs. On réglera nos comptes plus tard. Mais, tu ne perds rien pour attendre, ma fille. Je t'ai assez prévenue de ce que j'attendais de toi cette année. Mais, puisque Mademoiselle ne comprend pas les menaces, il va falloir passer aux actes. Ah, tu peux préparer tes fesses, Christine..."



 Je suis partie me réfugier dans ma chambre. Allongée sur le lit, j'ai éclaté en sanglots. Je retombais dans mes pires cauchemars, ceux que j'avais imaginés et revus défiler dans ma tête dès que Mlle Paule m'avait remis ma copie... La trêve était finie. Que le "plus tard" soit maintenant dès que les petites auraient eu leur goûter, ou tout à l'heure avant le diner, ou ensuite à l'heure du coucher, qu'importe, j'allais de nouveau recevoir la fessée...

La petite phrase que Maman avait mise dans ma tête le jour où elle avait raccommodé mon bloomer jaune décousu, devenait une réalité : "La prochaine fois que je te donnerai la fessée...", elle avait eu raison de l'employer au futur et non au conditionnel. La preuve allait en être faite. "La prochaine fois que je te donnerai la fessée", c'est donc ce lundi soir.
Au vu des menaces maternelles depuis l'annonce de mon redoublement, de celles aussi réitérées depuis la dernière tannée reçue, je pourrais presque m'estimer chanceuse, me dire que j'ai été "tranquille" bien longtemps.
Mais, qui penserait à ça ? Qui aurait cette attitude fataliste ? Qui réussirait à positiver en pareille circonstance ?
Non, j'étais là à attendre "ma" fessée... Et assurément, elle allait venir...

A SUIVRE

8 commentaires:

  1. Chère Christine,

    Voilà un retour à la réalité sans concession pour notre narratrice qui prend conscience qu'elle doit être au dessus du lot, ne pouvant se contenter de ramener des résultats trop moyens pour une redoublante, surtout dans des matières où elle tenait les premiers rôles.

    Cela ne peux évidemment pas satisfaire un mère très attentive aux écarts de sa fille, en cette année, qui tout en montrant son indulgence sur l'instant, doute que celle-ci ait franchie le pas vers une résolution de travail et d'effort à fournir, préférant se reposer sur ses acquis, ce qu'elle confie à sa sœur.

    Et 'Boum' le ciel 'anglais' tombe sur la tête de Christine, sous la forme d'une interrogation ratée révélant les lacunes de celle-ci en la matière et résultant d'un manque de travail récurrent, lié à une flemmardise chronique de notre conteuse qui récolte un 6 et un commentaire assassin signifiant un retour à la case fessée pour la demoiselle.

    Malgré cela, notre narratrice imagine pourvoir faire passer cette note, avec un petit doute sur l'annotation, mais dans sa grande naïveté celle-ci oublie les paroles de Maman concernant le challenge de l'année « Christine puisque tu redouble, je veux la moyenne partout », par conséquent cette mauvaise note ne peux que la conduire sur les genoux de Maman, avec un petit plus de celle-ci se sentant visée par le commentaire.

    D'ailleurs au moment de l'annonce, la demoiselle en ressent toute la difficulté ne sachant que faire et à nouveau titiller par ce vieux démon du mensonge, lui ayant pourtant valu ses plus belles tannées, mais dans un sursaut de conscience, hésitante et angoissée, la voilà qui se libère s'inquiétant d'une réaction maternelle trop vive.

    Mais voilà, que Maman remémore ses attentes pour l'année à Christine et comme sa fille reste indifférente à la prévention, celle-ci décide alors de passer au mode répressif, en utilisant la seule méthode qui fasse de l'effet et invite la demoiselle à regagner sa chambre, pour y préparer ses fesses.

    Ceci n'est évidemment pas du goût de notre narratrice qui n'a plus maintenant aucune illusion sur la suite à venir, envahit de larmes et se rappelant l'affirmation, sans conditionnel, de Maman « la prochaine fois que je te donnerait la fessée », avec une certitude que celle-ci sera déculottée « ne t'avise surtout pas de m'empêcher de baisser ta culotte ou tu le regretteras », l'absence de sérénité étant donc parfaitement naturelle et louable pour notre conteuse, même après une période de 'tranquillité' et qui ne peut qu'attendre dans l'angoisse la venu de Maman.

    Amicalement, Dominique

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  2. Bonjour Christine,

    Si j'ai été épargnée par l'horreur d'un redoublement et ces conséquences, cet épisode éveil en moi quelques souvenirs concernant des résultats scolaires jugés insuffisants, par une mère exigeante, qui ne tolérais pas les notes en dessous de la moyenne reflétant un manque de travail, qu'elle sanctionnait aussitôt à sa manière et appliquait également le principe, qu'une punition à l'école en valait une autre à la maison, ceci sans aucune rémission.

    Dans ces conditions, vous comprendrez aisément que j'ai connu (ma sœur aussi) certains retours de l'école très difficiles, angoissée par la peur et une fois à la maison, tout comme vous j'hésitais en cherchant mes mots pour annoncer la mauvaise nouvelle à Maman et tenter d'atténuer sa colère, mais sans trop d'illusion sur la suite qu'elle réservait à mes fesses.

    Compte tenu du redoublement et de son contexte, votre mère ne peut que se montrer intransigeante avec vos résultats et ne rien vous laisser passer, afin d'enrailler toute nouvelle dérive de votre part sur l'effort à fournir et surtout, à mon sens, vous faire perdre tous ses travers qu'elle ne supporte pas (nonchalance, fainéantise, tricherie, mensonge) trop souvent à l'origine de vos déboires fessiers.

    A partir de là, Maman, constatant que ses mises en garde sur l'objectif à tenir sont sans résultat, elle considère que le temps est venu de passer aux actes par la seule méthode qui fasse de l'effet à sa fille et la remet sur le droit chemin, pendant une période plus ou moins longue, comme savait si bien le faire la mienne.

    Au final, il ne reste plus à la demoiselle qu'à se réfugier dans son antre, attendre Maman, mais aussi et surtout la fessée promise, dans l'angoisse et la crainte de ce moment redouté, face auquel la sérénité est impossible, puisqu'en fait 'on prépare ses fesses'.

    A bientôt, Sonia

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  3. Attendre, en effet, attendre en sachant que je n'y échapperai pas. Que cette fois, il n'y a pas de sursis à espérer, que la sentence est prononcée, que je me coucherai avec les fesses rouges...
    Attendre avec cette sensation bizarre que c'est presque dans l'ordre des choses, puisque c'était promis, puisque je le savais, puisque je n'ai pas fait ce qu'il fallait pour l'éviter, puisque donc je la "mérite"...

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  4. Chère Christine,

    Quel bel aveu de culpabilité, de notre narratrice, reconnaissant qu'elle n'a pas su éviter la tannée qui se profile à l'horizon et a conscience de 'méritée', cette fessée inéluctable et salutaire pour une demoiselle encore trop écervelée, à laquelle il ne faut pas lâcher la bride et Maman va s'y employer (chose promise, chose du) sans tarder et avec la plus grande détermination, à n'en pas douter.

    Cette confession de notre conteuse, m'amène a penser que celle-ci résignée 'acceptera' la sentence ne manifestant son refus lors de l'exécution, que par de symboliques réactions pour la forme et s'efforcera de garder sa dignité, aussi longtemps que possible, avant de craquer sous la dextre maternelle qui sait se montrer fort généreuse avec les rondeurs jumelles de Christine.

    Alors, soyez courageuse jeune fille, en essayant de vous dire qu'il s'agit d'un mauvais moment à passer qui vous libérera de ces angoisses accumulées depuis l'incident du bloomer jaune.

    Amicalement et compatissant, Dominique.

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  5. Accepter, le mot est fort. J'ai juste conscience qu'en l'ayant évitée tous ces jours précédents, je ne pouvais que me rapprocher de l'inéluctable. Conscience aussi que Maman ne pouvait laisser passer la remarque de Mlle Paule et cette mauvaise note, au risque de ne plus être crédible...
    L'an passé, les mots, mauvaises notes, colles ou convocations maternelles par Mlle Paule m'avaient valu quelques déculottées mémorables. Inutile de dire que Maman m'attend particulièrement dans cette matière qu'elle considère à juste titre comme essentielle...
    Pas de chance pour moi : mon premier faux-pas de l'année se produit justement avec Mlle Paule... Je sais que mes fesses vont s'en souvenir...

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  6. Chère Christine,

    L'idée d'acceptation était entre 'guillemets' chère Christine, sachant fort bien que notre narratrice ne s'y résoudra jamais par fierté, bravade et crainte de ce moment qu'elle connaît dans ses moindres détails,le redoutant et ce que je conçois.

    Tout comme le fait que Maman SPAAK étant vexée par l'annotation de Mlle Paule, comme je l'ai dit précédemment, risque de vous coûter un peu plus cher, sans compter que cette première tuile intervient dans un domaine ou vous étiez déjà sous haute surveillance et ne peux donc valoir à notre conteuse qu'une fessée exemplaire, qui sera mémorable, vous m'en voyez désolé.

    Ceci dit je m'aperçois que la suite 22 a été livrée, sur laquelle je vais maintenant me pencher.

    Amicalement, Dominique.

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  7. Fierté, bravade et crainte, dites-vous. Sûrement un mélange de sentiments c'est sûr. Fierté, oui, crainte à l'évidence. J'y rajouterais de la honte anticipée. Quant à la bravade, c'est moins certain, car en ce genre de moments, on a plus tendance à jouer profil bas, à vouloir arrondir les angles, ne pas faire monter la pression maternelle...

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  8. Bonjour Christine,

    Comme vous le dites, attendre et attendre comme c'est insupportable, d'autant que cette attente ne concerne pas un cadeau mais une punition et quelle punition ! C'est 'la punition par excellence' celle que l'on redoute le plus et vers laquelle nous conduisent nos bêtises ou nos erreurs, en se reprochant à cet instant d'avoir été prise.

    Dés lors, on comprend que la fessée est inévitable, mais cela n'atténue en rien l'angoissante attente voulue par nos mères, afin de nous faire culpabiliser et 'admettre' que cette sentence 'méritée' n'est que la juste réponse à notre inconduite, nous permettant de vraiment réfléchir.

    En lisant vos récits, il me semble que le raisonnement de votre mère et de la 'mienne' était assez similaire, consciente de ses responsabilités d'éducation envers ses filles et de gestion du quotidien (papa étant peu présent, du fait de son métier, mais néanmoins attentif et réactif), voulant (par amour) épargner mon père ces contingences qu'elle savaient gérer avec autorité et compétence.

    A partir de là, elle mettait un point d'honneur à montrer à mon père la bonne éducation de ses filles, vantant nos résultats scolaires (dont il nous félicitaient) ou l'informant sur notre conduite en général, ne lui cachant pas qu'elle savait s'occuper de nos fesses quant il le fallait, se qu'il approuvait et nous faisaient alors rougir comme des pivoines.

    D'ailleurs, il nous est arrivés plusieurs fois (suite à des bêtises ou une insolence) qu'elle en fasse la démonstration devant lui, ce qui nous rendaient encore plus honteuses et toutes penaudes, d'êtres ainsi déculottées et copieusement fessées, sous les yeux de Papa.

    Après celui-ci nous consolaient et nous faisaient calmement la morale rappelant que Maman n'avait fait que son devoir et que cette fessée était méritée, à nous d'êtres plus sages en obéissant à Maman, ce en quoi il avait raison.

    A bientôt, Sonia

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