lundi 9 janvier 2012

Chronique d'un redoublement : 19. C'est après-demain la rentrée...

SUITE 18

Nous sommes revenues à la maison, un peu tristes de devoir quitter le bord de mer, et surtout de comprendre que les vacances tiraient à leur fin.
Il restait dix jours avant la rentrée, et le retour au bercail a vite pris les allures d'un compte à rebours. Il fallait ranger les affaires d'été, préparer les affaires scolaires, aller acheter les livres, vérifier les listes de fourniture, finir les devoirs de vacances, et j'en passe dans le style rendez-vous chez le dentiste pour Diane, passage chez le coiffeur pour toute la famille, etc., etc.



J'essayais de vivre cela sans trop me faire de mauvais sang, mais j'avais du mal à ne pas me focaliser sur les promesses maternelles, et sur ce que je craignais.
D'ailleurs, la première nuit de retour dans ma chambre, si j'avais apprécié la tranquillité d'être à nouveau seule, contrairement à la location d'été, je m'étais endormie en me disant que c'en était fini des vacances, et que la rentrée approchait...
Au milieu de la nuit, je m'étais réveillée en nage, suffocante, la gorge pleine de sanglots, sortant d'un cauchemar. Je m'y voyais au milieu du salon, étalée sur les genoux de Maman, culotte baissée, lune à l'air, prenant une dégelée claquante et sonore à souhait...
Maman qui avait entendu que je pleurais était venue me consoler. Je lui avais dit que je faisais un cauchemar, mais j'avais prétendu ne pas me souvenir lequel...
Elle m'avait serrée fort dans ses bras et recouchée, restant quelques minutes à me passer la main dans les cheveux. C'était Maman consolatrice comme je l'aimais tant. Je ne pouvais pas lui dire que je venais de l'imaginer dans un autre rôle...



Les derniers jours passaient un par un, plutôt trop vite, augmentant mon angoisse. Maman m'avait demandé de faire quelques dernières révisions. Inutile de dire que j'ai joué les filles studieuses, contrairement à Aline qui renâclait  à devoir travailler encore. Moi, en tout cas, je ne voulais surtout pas d'histoire, surtout que l'enjeu et les promesses ne quittaient guère mon esprit, Maman ayant l'occasion de les reformuler souvent, comme pour bien m'en imprégner.


Je me souviens de cette visite à la bibliothèque où nous sommes tombées sur ma prof de maths. Et Maman de lui expliquer que je travaillerais mieux cette année, alors que c'était pourtant une des disciplines où j'accumulais les meilleurs de mes résultats.
"Christine se doit de faire une année excellente. Elle en a bien conscience. Je compte sur vous pour m'avertir dès que vous ressentez un affaiblissement, ou s'il y avait le moindre problème de discipline. Je vous promets de réagir sur le champ. Christine est prévenue. Je ne tolérerai aucun manquement et ma fille sait très bien ce que ça veut dire...", avait expliqué Maman, montrant même à la fin de la phrase une paume ouverte et menaçante qui ne laissait aucun doute aux témoins sur ce qu'évoquait ma chère mère...  Le regard un peu amusé de ma prof me mit plus que mal à l'aise et je ne pus m'empêcher de rougir et de baisser les yeux.
Je savais que durant les prochains cours de maths, je repenserais à la scène et que j'allais craindre toute allusion de la prof sur mon compte. Et, même si elle n'était pas, elle, trop de ce genre-là, le fait de savoir qu'elle savait m'était insupportable...

Devant redoubler, j'avais déjà l'essentiel de mes livres scolaires et je savais ce que les profs attendaient comme fournitures. Ce fut donc plus facile à préparer. L'après-midi où l'on faisait le point, Tata Jacqueline était venue passer une heure ou deux à la maison pour parler des vacances qu'elle venait aussi de finir.
Maman lui ayant dit que cela s'était bien passé, et que nous avions été sages, Tata m'avait félicitée en me disant qu'elle était contente que je grandisse, ce à quoi Maman avait fait quelques réserves, en expliquant que l'on verrait bien comment cela allait se passer en classe.
Tata avait rétorqué : "Ca va être plus facile pour Christine. Le même programme, peut-être même les mêmes devoirs. Elle devrait être à l'aise".
La remarque de Tata rappela à Maman que j'avais encore tous mes cahiers et devoirs de l'an passé dans mon bureau. Alors que je continuais à papoter avec Tata en lui montrant nos photos de vacances, Maman était montée dans ma chambre et en avait ramené justement les cahiers et copies de l'année précédente.
"C'est vrai qu'il vaut mieux que je les mette en lieu sûr, si je ne veux pas que ma chère fille aille voir si elle ne peut pas recopier certains exercices de l'an passé.", expliqua Maman qui devina par la demi-grimace que je tirais que j'avais pensé à cette hypothèse et l'aurais bien utilisé le cas échéant.



Tata souriait en se disant que décidément sa nièce préférée était une maline... Maman, elle, feuilletait rapidement copies et cahiers en marmonnant : "Au moins, je vais pouvoir comparer cette année et vérifier les progrès accomplis. Ah, quand je vois certains de ses devoirs, je me dis que j'ai vraiment été trop gentille. Mais, tu ne perds rien pour attendre, Christine, tu le sais".



Tata essaya de dédramatiser, en plaidant ma cause, en disant à sa soeur de ne pas s'énerver à l'avance, que j'étais capable de comprendre et que je le montrerais. J'acquiesçais et espérais que l'on allait changer de conversation. Mais, Maman restait dans la même tonalité, grognant en regardant vite fait quelques copies. Et de s'adresser à moi : "Ah tu m'en as fait voir cette année. Quand j'y pense... Tiens, regarde cette composition d'anglais, où tu avais copié sur ta voisine. Zéro pointé et deux heures de colle. Tu t'en souviens, j'espère..."
J'ai répondu : "Oui, Maman, bien sûr. Je me souviens. Mais, je ne tricherai plus, je travaillerai, promis".
Elle haussa les épaules et poursuivit : "Je l'espère bien, Christine. J'espère que tu te souviens surtout de ce qui est arrivé quand j'ai dû signer cette copie".
J'avais tourné les talons pour cacher mon désarroi et commencé à monter vers ma chambre. Maman m'a rappelée : "Christine, je ne t'ai pas demandé de partir. Tu ne m'as pas répondu."
Je me suis assise sur les marches et j'ai caché mon visage dans mes mains en sanglotant : "Oui, Maman, oui, je me souviens. Mais, puisque je te dis que je ne le ferai plus... Arrête, s'il te plait...", suppliai-je.
"Laisse-la donc tranquille", avait plaidé Tata, "Tu vois bien que tu la chagrines".
Maman n'en avait pas moins terminé son raisonnement : "Chagrinée, c'est moi qui l'étais aussi en découvrant son comportement. Alors, elle peut l'être en se rappelant la déculottée qu'elle a prise ici même et devant ses soeurs pour lui apprendre à tricher en classe. Oui, et ta chère petite nièce préférée, Jacqueline, je peux te dire qu'il vaut mieux qu'elle se souvienne de ce que cela fait une bonne fessée de sa maman, plutôt que d'essayer de revenir cette année avec de nouveaux zéros. C'est vraiment un conseil que je lui donne..."
Je fus enfin autorisée à filer dans ma chambre pendant que Maman rangeait dans un tiroir fermé à clé mes copies de l'an passé.
Tata, avant de repartir, vint me dire au revoir. Elle tenta de me consoler : "Ma petite chérie, ne t'en fais pas, si tu travailles bien il n'y aura pas de raison que tu aies des ennuis. Tu sais bien que j'ai tendance à te défendre, mais avoue que tu les avais souvent méritées les fessées que tu as reçues. A toi d'être plus grande, et d'en mériter moins souvent..."
Elle me prit dans ses bras, essuya mon nez qui reniflait. Si même Tata reconnaissait que je les avais méritées, ce n'était guère consolant... Surtout que derrière sa phrase il y avait une évidence : l'espoir était de faire des efforts et d'en mériter "moins souvent".
J'en traduisais donc que, jusqu'à ma plus fidèle défenderesse, nul ne parlait de "plus du tout de fessées", mais d'en mériter "moins souvent". Une façon de me mettre bien dans la tête que mon avenir passait encore par les genoux maternels et que je pouvais préparer mes fesses. La phrase du jour de couture : "La prochaine fois que je te donnerai la fessée, Christine..."  était plus que jamais d'actualité. J'avais eu de la chance que les vacances se poursuivent calmement, mais la prochaine fois existerait, arriverait, et logiquement donc chaque heure qui passait m'en approchait.  A deux jours de la rentrée, c'était le genre de rappels dont je me saurais passée...


A SUIVRE

9 commentaires:

  1. Bonjour Christine.

    Je salue Mardohl, le revenant, qui fait, j'en suis sûr, de son mieux pour nous donner de ses nouvelles. Ne doutons pas que, dès qu'il le pourra, il developpera ses commentaires, toujours pertinents. Cher Mardohl, je vous présente mes meilleurs voeux pour 2012.

    Tous mes voeux de bonne santé et de pleine réussite, chère Christine, également à tous vos autres lecteurs fidèles, comme Dominique, ainsi qu'à d'autres lecteurs ou lectrices, plus occasionnels et dont les commentaires nous manquent : je pense en tête à Agnès, qui se fait trop rare, mais aussi à une lectrice plus récente, Danielle, qui semble elle aussi bien connaître le sujet de la fessée. Comme dirait Drücker : "Agnès, Danielle, si tu nous r'gardes..." Revenez, Mesdames, recontactez Christine.

    Amicalement, à bientôt.
    Mardohlement vôtre.

    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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  2. Chère Christine,

    Eh oui, les vacances sont finies Christine et Mme SPAAK reprend son costume de Maman qui doit gérer le quotidien de la maison (rangement, ménage, lessive) ou préparer la rentrée pour ses filles (les derniers devoirs, les fournitures et d'autres choses encore..) et voilà que notre narratrice ayant retrouvée son antre, cauchemarde, la rentrée approchante synonyme de retour cuisant sur les genoux de Maman, fait travailler ses neurones.

    Mme SPAAK telle une politicienne poursuit sa campagne, peaufinant le programme de l'année à venir pour sa fille, le présentant aux principaux acteurs et à sa plus proche collaboratrice (Tata Jacqueline) qui par son ingénuité tire une sonnette d'alarme sur une astuce inquiétant Maman qui en écarte le danger par une manœuvre de soustraction et que sa fille avait l'intention d'utiliser.

    Poursuivant son exposé, Maman, retrace alors toutes les erreurs de la demoiselle et ce qu'elles lui ont valu au final, l'invitant à ce souvenir de l'effet de ces bonnes fessées, qui la chagrine sachant qu'elle n'est peut être au bout de ses peines.

    Tata se voulant consolatrice, conforte le principe de sa grande sœur, sur le fait que sa nièce adorée doit grandir afin de mériter moins souvent les foudres maternelles, ce qui n'est pas gagné connaissant les petits travers de notre chère narratrice.

    Désolé pour vos fesses, quoique....! Hihi.....!

    Amicalement, Dominique

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  3. Comme Louis, j'espère aussi le retour de quelques commentatrices moins prolixes en ce moment, mais je ne me plains pas trop, puisque ce début d'année est assez fourni en réactions de qualité. Merci à tous.
    Bon rebond de Dominique sur cette partie à propos de la "politique" maternelle et de l'intervention de Tata qui, voulant me défendre, ne fait que pousser Maman à mettre les points sur les "i" et à développer son message. Un message d'autant plus angoissant pour moi que j'étais bien àplacée pour savoir que, contrairement à bien des politiciens, Maman, elle, appliquerait son programme...

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  4. J'aime beaucoup votre blog, Christine. Comme vous, j'ai redoublé au collège. Pendant les semaines qui ont suivi, à chaque fois que la conversation tombait là-dessus (ce qui arrivait souvent, on s'en doute), ma mère disait : "L'an prochain, il va recevoir des fessées, il va se mettre à travailler".

    Ce n'était même pas : "je lui donnnerai la fessée s'il ne travaille pas", mais "je vais lui en donner et il va travailler". Il faut avouer que ce n'était pas du pessimisme mais du réalisme. J'ai reçu peaucoup plus de fessées l'année après le redoublement que l'année d'avant. Car non seulement ma mère s'est montrée exigeante sur les résultats scolaires, mais pour toutes les bêtises, insolences etc. elle devenue beaucoup plus sévère. Ce qui, je dois le dire, m'a fait le plus grand bien.

    Stéphane

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  5. Chère Christine,

    Désolé pour cette petite absence de 48 heures, mais j'étais en permission chez mon ex-femme qui avait besoin de menus travaux dans son nouvel appartement et au passage j'en profite pour remercier Louis de ces vœux que je lui retourne à l'identique.

    Ceci dit chère jeune fille, tel un partisan, je n'ai aucun doute sur la volonté de votre mère de faire aboutir son programme et tenir ses promesses (sans langue de bois) à l'encontre de notre narratrice confrontée à un choix limpide mais délicat, répondre aux exigences ou préparer ses fesses ?

    En tant que lecteur assidu, je pencherais plutôt pour la deuxième solution, concernant une année de redoublement que notre conteuse réussira au final, soutenue et aidée de façon particulière par un leader responsable qui s'appelle Maman.

    L'objectif atteint, Mme SPAAK sera alors conforter dans ses principes pouvant mettre en avant le bien fondé de ses 'bonnes vielles méthodes' envers sa fille et délivrer au passage, un message fort aux petites pour leur propre avenir et qui peuvent donc craindre les mêmes tourments fessiers, que la grande sœur, ceci fera peut être l'objet de nouveaux récits de notre narratrice.

    Je vous renouvelle mon soutien moral, même si celui ci ne vous sera pas d'une grande utilité en vous dirigeant vers les genoux de Maman et sa main 'chaleureusement' généreuse pour vos rondeurs jumelles, mais ça c'est une autre histoire qui vous mettra à nouveau dans l'angoisse et la crainte de ce moment que vous redoutez, mortifiant et infantilisant pour la 'presque' grande fille, que vous êtes.

    Amicalement, Dominique.

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  6. - Intéressante nuance dans les menaces de fessées évoquées par Stéphane. Cela me fait penser à la phrase maternelle : "La prochaine fois que je te donnerai la fessée" qui, elle aussi, impliquait une notion de certitude et m'invitait presque à m'y préparer...
    - Je vois aussi que Dominique a des talents de bricoleur qui retardent ses commentaires. Bon, je ne lui en veux pas, puisqu'à l'arrivée, sa contribution est intéressante et bien écrite. Et je lui accorde bien volontiers qu'un soutien moral est bien gentil, mais n'aide guère à s'avancer vers les genoux maternels...

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  7. Chère Christine,

    Eh oui, chère narratrice, il faut de tout pour faire un monde 'bricoleur' / 'Conteuse' et autres, jeune fille, mais je constate avec un certain plaisir (oh ! Quel égocentrique cet homme) que la courte absence de réactivité de ma part à titiller la demoiselle, qui m'accorde néanmoins un crédit suscitant la sienne, acceptant mon soutien, le recadrant dans son contexte (comme Maman SPAAK) et qui, en effet, ne vous aidera pas à venir sur ces genoux 'accueillant' mais évocateur de douloureux moments.

    Et, sincèrement reconnaissez que vous êtes en parti responsable du pétrin auquel vous devez faire face, certes au détriment de vos petites fesses qui n'ont (à mon avis) pas finis de rougir, sous la dextre maternelle, désolé.

    Amicalement, Dominique

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  8. Evidemment, Dominique, que je ne peux que reconnaître que j'ai des torts, et que ce n'est pas sans raison que je vais me retrouver dans la même classe que l'année précédente pour une nouvelle Cinquième où je n'ai plus le choix, où il va falloir montrer mes capacités, si je ne veux pas avoir à montrer souvent mes fesses sur les genoux maternels...

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  9. Chère Christine,

    Voici le message du 15/01,

    Cette sincérité vous honore et je vous souhaite, de pouvoir conserver le plus longtemps possible vos petites fesses blanches et fraîches, mais j'en doute un peu, compte tenu de votre propension à sauter à pieds joints dans les ennuis, je n'irais pas jusqu'à penser que vous 'souhaitiez' ces rendez vous sur les genoux de Maman, mais il est indéniable que ceux ci avaient une influence positive sur votre comportement et votre réflexion.

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