mardi 20 décembre 2011

Chronique d'un redoublement : 15. Une honte difficile à... "raccommoder" !

SUITE 14
Je pleurais à chaudes larmes alors que Maman avait enfin achevé son "oeuvre" correctrice. Assurément, elle avait tenu à s'appliquer, à donner une fessée exemplaire, bien pensée, si j'ose dire, réfléchie, comme mitonnée longuement, au contraire de certaines fessées plus désordonnées où la colère et les nerfs jouent.



En ce milieu d'été, après plusieurs semaines de trêve, voire d'indulgence, cette fessée avait pour but de remettre les pendules à l'heure, en quelque sorte, de recadrer l'ainée que j'étais, de passer de la parole aux actes...
J'avais serré les dents et fermé les yeux durant les dernières salves de claques tombant sur ma lune écarlate. Je ne voulais pas ameuter davantage la maisonnée, ni revoir s'il y avait des ombres dans le couloir, si comme je le craignais la scène était espionnée...
De toute manière, cette fessée m'était donnée au salon, donc de façon ouverte, comme semi-publique, et je n'aurais pas été étonnée qu'une ou deux soeurs ne trouvent un prétexte pour y venir comme par hasard...
Si elles n'étaient qu'observatrices de loin, c'était déjà comme quelque chose de gagné pour ma propre honte.


"File dans ta chambre", avait demandé Maman au bout de quelques minutes. "Va sécher tes larmes là-haut. Et ne te plains pas, tu l'as bien cherchée cette fessée..."
Je suis repartie en reniflant, une main rajustant ma culotte, et le regard baissé, toute bouleversée par un ensemble de sensations que je n'avais plus ressenties depuis près d'un mois...

Je n'ai pu éviter le regard presque hilare de mes soeurs en me voyant passer, mais je savais que j'allais pouvoir refermer ma porte et que je ne les reverrais plus avant le lendemain.
Maman ne l'avait pas précisé, mais cela tombait sous le sens : la soirée avançant, elle viendrait bientôt nous dire bonsoir et éteindre les lumières. Je me suis donc mise en pyjama, apercevant un instant mes fesses rouges, que je cachai vite fait sous le pantalon de pyjama en étouffant un gros sanglot d'émotion.



Je me suis ensuite mise au lit, restant longtemps la tête dans les mains, chignant et sanglotant par période, ayant du mal à retrouver des pensées autres que celles me ramenant à ce que je venais de subir...
Maman ne monta que près d'une heure plus tard. En cette longue soirée d'été, rien ne pressait, d'autant que la maisonnée était d'un calme, mais d'un calme qui devait conforter notre mère et lui faire penser qu'elle avait bien agi, et que la bonne fessée de Christine faisait même se tenir à carreau les petites. C'était donc tout bonus...



Je n'ai même pas cherché à écouter à travers la cloison ce qu'Aline et Diane disaient à Maman, ni surtout ce qu'elle répondait lorsqu'elle est venue les coucher. Mes oreilles ont dû siffler une fois de plus, et je ne doute pas que mes soeurs ont eu la confirmation de ce qui m'était arrivée...
J'étais un tant soit peu apaisée quand même, la douleur étant passée, et mes larmes séchées, lorsque Maman est rentrée dans ma chambre et s'est assise au bord du lit.
"Ca y est, tu es calmée, Christine, tu vas pouvoir dormir ?", me demanda Maman qui était visiblement en mode d'apaisement. J'ai eu comme un gros sanglot remontant dans la gorge, mais elle me posa la main dans mes cheveux, me caressant un instant : "Allez, c'est fini, Christine. N'en rajoute pas. Tu as eu ce que tu méritais, voilà tout. Et c'est à toi qu'il faut t'en prendre, ma chérie. Ce n'est pas Maman qui a triché ou menti, ce n'est pas Maman non plus qui cherche les ennuis depuis plusieurs jours."
Je posai ma tête sur ses genoux, et elle me serra dans ses bras. "Pardon, Maman, je serai sage", murmurai-je.
"Je l'espère bien, ma fille, je l'espère bien. C'est dommage qu'il ait fallu encore une fois une bonne fessée pour que tu comprennes, mais tu l'as bien cherchée... A toi de faire en sorte que je n'ai plus à sévir, sinon tu sais ce qui t'attendra encore...", commentait Maman avec une voix calme, si calme...
Elle me souhaita bonne nuit, en me bordant et au passage tapotant mon bas du dos. Puis, elle me laissa non sans récupérer mes affaires du jour pour les mettre au sale, voire faire une tournée de machine à laver avant d'aller se coucher, comme elle le faisait souvent, la machine ne chômant pas dans une maisonnée avec trois enfants.




J'ai craint d'avoir du mal à m'endormir, d'autant que la conversation avec Maman s'était achevée sur l'évocation de nouveaux ennuis pour mon bas du dos. Sur ce qui "m'attendrait" si je recommençais, et cela réveillait mes souvenirs de la soirée...
Mais, le bonsoir apaisé de Maman, l'échange de tendresse, et mes nerfs épuisés par la tannée reçue, je m'endormis vite et ne fis qu'un somme jusqu'à 9 h le lendemain.
Je descendis à la cuisine découvrant Maman devant la porte-fenêtre en train d'étendre du linge sur le fil près de la terrasse. Il y avait nos affaires de la veille, dont ma culotte jaune, le petit bloomer que j'avais tenté d'empêcher  Maman de descendre...
Je le regardai et j'étais gênée de le voir, de le savoir déjà lavé, bientôt sec, comme s'il allait pouvoir resservir...
Maman interrompit mes pensées. "Tu sais qu'il y a une couture qui a craqué, Christine. Tu as de la chance que je ne m'en sois pas aperçue dans le feu de l'action, sinon cela aurait été encore plus mal..."
Je m'approchai du sous-vêtement et constatai en effet une fente de quelques centimètres sur la couture du côté droit. Maman n'avait pas remarqué sur le champ, mais je me souvenais qu'en agrippant ce dernier rempart au moment de la déculottée, j'avais perçu un craquement sous mes doigts. C'est en partie cela qui m'avait fait renoncer à m'accrocher encore pour inverser le cours d'un destin qui n'était pas inversable...
Je déjeunai en regardant songeuse le fil à linge qui me rappelait ma fessée de la veille. Plus tard, avant le repas de midi, mes soeurs durent mettre la table, et moi Maman me demanda de ramasser le linge qui était sec.
Je le fis, en mettant bien en dessous du tas le bloomer jaune. Mais, Maman me reprit : "Christine, va poser la pile près de la table à repasser. Mais, tu n'as qu'à mettre ta culotte décousue sur ma boite à couture qui est dans le salon. Je raccommoderai peut-être ce soir".
 

Diane qui avait compris que j'étais gênée en écoutant Maman parler de cette culotte, joua les naïves : "Et pourquoi qu'elle s'est décousue la culotte à Christine ?"
Maman répliqua : "On dit la culotte de Christine, ma chérie, pas la culotte à Christine. Et, elle ne s'est pas décousue toute seule, tu sais... C'est Christine qui a tiré trop fort dessus, quand Maman voulait lui baisser sa culotte, hier soir... Résultat : une couture a craqué. Mais, cela n'a servi à rien, car Maman a quand même baissé la culotte de Christine, et ta grande soeur a reçu une fessée magistrale..."
Je baissai les yeux, et j'avais l'impression de me retrouver à nouveau sur les genoux maternels... 
Maman finalement ne raccommoda ma culotte que trois jours plus tard, quand il y eut deux autres vêtements sur lesquels il y avait des boutons à recoudre. Durant ce temps, dans le salon, à côté du canapé, sur un petit guéridon, la boite à couture trônait, avec une culotte jaune bien voyante posée dessus. Là à deux mètres de l'endroit où j'avais été déculottée... Trois jours durant, en l'apercevant, j'en ressentais presque des frissons dans le bas du dos, comme si elle glissait pour dévoiler ma lune à nouveau...

A SUIVRE

4 commentaires:

  1. Chère Christine,

    Un seul mot, BRAVO, l'attente de votre lectorat est largement récompensée avec cet épisode que vous avez mitonné avec soin (comme toujours) comportant toutes les saveurs de l'après fessée.

    L'exemplarité de la tannée, son application méthodique de la part d'une mère se reprochant sans doute son excès de clémence à votre égard et tenant à vous remettre dans le droit chemin, par le biais d'une déculottée savamment composée, qui au delà de la douleur vous met dans un état de détresse et de rédemption totale (le pardon, la tête posée sur ses genoux), vous ramenant à une condition de petite fille vilaine qu'il faut consoler après l'avoir puni comme elle le méritait.
    Ce qui conforte le raisonnement de Maman « Comme il n'y a que ça que tu comprennes, Christine et bien j'en userais autant de fois qu'il le faudra, à toi de réfléchir afin de devenir une grande fille raisonnable ! »

    Ensuite après une bonne nuit de sommeil, notre narratrice retrouve alors le quotidien avec son lot de détails mortifiant qui lui rappel sa fessée, tel cette culotte sur le fil (symbole du dernier rempart de pudeur) que l'on a voulu retenir et donc la couture a craqué, ce qui au passage aurait pu valoir un supplément cuisant à la demoiselle.

    Pour couronner le tous, Maman fait ramasser le linge à sa fille, lui précisant de laisser ladite culotte en évidence pour la réparer et comble de la honte pour notre narratrice, Diane la perfide, prêche le faux pour savoir le vrai et obtenir les détails sur la fessée de sa grande sœur (qu'elle n'ignore pas) de la bouche de Maman, lui donnant ainsi un sujet de moqueries à l'égard de Christine, qui revit alors ce moment désagréable pour elle.

    Enfin, ce sous vêtement chargé d'un épisode cuisant pour le bas du dos, de notre narratrice va demeurer à la vue de tout le monde et devenant le témoin gênant d'une soirée historique, pour une Christine honteuse et plus du tout fière d'elle.

    D'autant que durant ces 3 jours, il y aura peut être des visites chez les SPAAK et que la présence de cette culotte décousue, alimentera alors des conversations insupportables pour notre narratrice, qu'en pensez vous, chère Christine ?

    Amicalement, Dominique et merci encore pour cet épisode.

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  2. Chère Christine,

    Après ce premier commentaire sur la suite 14, j'ai l'âme à rebondir sur certains détails ou réactions de votre part dans cet épisode.

    1) La détermination et la volonté de Maman :

    Celles-ci s'expriment par l'application d'une tannée, que j'imagine, plus magistrale que d'autres que vous avez connues (compte tenu de la trêve, pour vos fesses), construite et pensée, par une mère consciente que sa fille (malgré les vacances) replonge à nouveau dans tous ses travers détestables et pour lesquels Maman se doit d'intervenir, avec vigueur et sans concession, pour que la demoiselle comprenne (enfin, peut-être) qu'elle doit grandir et devenir raisonnable ?

    2) Le raisonnement de Maman, conforté par la situation :

    En donnant à Christine (la grande), la bonne fessée déculottée qu'elle méritait, les petites (qui n'en sont pas à l'abri) sont néanmoins plus sages et m'obéissent plus facilement, cela confirme que ma méthode éducative a du bon, même si çà m'ennuie pour Christine qui devrait y échapper, mais dont elle à 'besoin' pour l'instant.

    3) La propension de votre mère sur le devoir accompli, reformulant le contexte de cette fessée, se présentant à vos yeux comme une Maman ayant simplement agit pour votre bien « Tu vois ma chérie comme cela t'a calmée » et en vous démontrant que en vous porter la responsabilité, elle obtient tout naturellement une rédemption sincère et émouvante de Christine, qui pour l'occasion redevient une vilaine petite fille pas fière du tout d'avoir reçu la bonne fessée qu'elle méritais, mais ne peux s'en prendre qu'à elle même et non à Maman qui trouve dommage d'en arriver là, pour que sa fille comprennes qu'elle doit s'assagir.

    4) Enfin tous ses petits détails de la vie quotidienne, mais symboliques (la remarque de Maman sur le petite culotte décousue, l'intervention perfide de Diane et le rappel de Maman sur les circonstances) font alors galoper les neurones d'une Christine mortifier, honteuse, qui revit durant trois jours, chaque instant de cette scène ou elle a joué un rôle très infantile, pour une grande fille comme elle.

    Amicalement, Dominique.

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  3. Rien à dire d'autre que bien vu, finement analysé. Merci de cette contribution détaillée et au raisonnement très fondé.
    La détermination maternelle tient, je suis d'accord, au fait que je rusais, que ma manoeuvre pour faire croire qu'Aline avait fait ses opérations sans faute, était donc une manière de tromper Maman, qu'elle se fondait sur une entourloupe, et que j'y ait même rajouté un mensonge en niant l'évidence. Il fallait donc pour Maman, bien marquer le coup, reprendre la main.
    Et à l'arrivée, cette reprise en main n'était pas qu'une image, c'était concret, avec une Christine qui "reprenait" en effet la main maternelle sur ses fesses...

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  4. Chère Christine,

    Merci pour le compliment,

    C'est vrai que Maman a bien marquer le coup et surtout vos rondeurs jumelles qui ont été reprises de fort belle façon par sa main, leurs concoctant un scénario minutieux dont l'action percutante, aux multiples rebondissements n'était pas une fiction, mais un dur retour à la réalité des choses et des sensations trop souvent connues par notre narratrice, épargner jusque là, et qu'il fallait remettre sur de bons rails.

    Sur ce, Christine, je vous souhaite ainsi qu'à vos lecteurs, un joyeux noël.

    Amicalement, Dominique

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