lundi 5 septembre 2011

Le beau temps ne dure pas éternellement... (11) Sermons et promesses

SUITE 10

Maman avait le chic pour me stresser. Sa remarque avait jeté un froid, du moins de mon côté, autant qu'elle avait attisé au contraire la curiosité de mes soeurs : "Attention, Christine, ne joue pas avec mes nerfs, ma fille, car la journée n'est pas finie, et je n'ai peut-être pas dit mon dernier mot..."
C'était une menace à demi-mots, mais le ton employé lui donnait toute sa crédibilité...
Mieux valait ne pas me faire remarquer davantage et je ne dis quasiment plus un mot durant la suite du repas.
Ce qui n'empêcha pas quelques allusions sur mon sort qui me ramenaient à ma condition de gamine punie, et qui l'avait bien mérité...
Mes soeurs eurent le droit de rester un peu au salon avec Tata Jacqueline qui se proposait de faire un jeu de société, rapidement toutefois, car il y avait école le lendemain.
Moi, je fus expédiée dans ma chambre avec ces mots : "Toi, tu files dans ta chambre et tu te mets en pyjama. J'arrive..."
 


Les mots maternels augmentèrent mon trouble. Que voulait-elle dire ? J'étais plus qu'inquiète car ils ressemblaient trop à des phrases entendues certains soirs que je finissais avec une bonne fessée...
Mes soeurs et Tata étant près de nous, je n'osai pas demander de précisions. J'aurais eu trop honte de m'entendre dire que je devais aller préparer mes fesses...
J'étais au bord des larmes en remontant dans ma chambre, et je me déshabillai avec la peur au ventre. Au passage, je regardai mon bas du dos dans la glace. Il était redevenu rose pâle, il n'avait plus la couleur rouge de tout à l'heure, mais la peau restait sensible et il suffisait de frotter deux secondes pour que l'épiderme se colore à nouveau...
Je ne pouvais pas croire que Maman veuille les rougir encore...

Je me mis en pyjama et j'attendis, sans rien pouvoir faire d'autre que d'angoisser...
Maman monta plus vite que je ne l'imaginais. Sans attendre d'avoir coucher les petites qui étaient toujours avec Tata. Cela me fit craindre un scénario catastrophe, et lorsqu'elle entra et referma la porte derrière elle, je fus la première à parler. Comme une supplique : "Maman, non, je t'en prie, j'ai déjà été assez punie..."
Mon ton implorant déclencha un petit sourire maternel, de fait pas mécontente que j'ai imaginé que j'allais être à nouveau fessée...
Mais, c'est sur le lit, et non au bord, que Maman s'asseya à mes côtés en me répondant : "Christine, je te rappelle que c'est moi qui décide de ce qui est assez ou pas dans cette maison... Et je ne suis pas sûre du tout que tu aies été assez punie, comme tu le prétends. Malgré tout nous allons nous en tenir là pour ce soir, mais je te préviens que tu seras privée d'argent de poche durant un mois et que tu as intérêt à te tenir à carreau, parce que je ne laisserai rien passer, tiens toi le pour dit, ma fille..."
 


Je poussai un gros soupir de soulagement, et je promis à Maman d'être sage, je lui demandai pardon, avec une voix sincère, comprenant toutefois que, plus que les vêtements tachés, ce qui accroissait le plus la colère maternelle, c'était le fait d'avoir caché mes méfaits, d'avoir menti de façon éhontée quand Maman devinait mon trouble et cherchait à savoir.
Et elle me répéta combien c'était inadmissible de mentir, se souvenant de la sortie au parc de dimanche avec Mamie, quand elle m'avait trouvée inquiète et angoissée, et que j'avais juré mes grands dieux que tout allait bien.
"Tu n'as pas honte, Christine. De mentir ainsi, même devant ta chère Mamie qui te croit un ange... J'aurais dû réagir sur le champ et te déculotter devant tout le monde, rien que pour m'avoir menti... Je ne te conseille pas de recommencer, ma chérie, car je pourrais bien le faire la prochaine fois que tu me mentiras...", menaça Maman.
Je promis qu'il n'en serait plus rien. En de telle circonstance, j'aurais promis la lune, pour peu qu'elle arrête de parler de la mienne...
Le sermon étant achevé, Maman me demanda de me mettre au lit, et elle appela mes soeurs depuis le palier. Elles filèrent se coucher, et Tata qui était montée avec elles, vint tour à tour nous faire un bisou de bonne nuit à toutes les trois.
Elle s'attarda auprès de mon lit, cherchant à me consoler : "Allez, c'est fini, ne pense plus à tout ça, Christine. Dors-vite, demain, tout sera oublié..."
Je me blottis dans ses bras, alors qu'elle m'enserrait tendrement : "Il faut écouter ta Maman, ne plus dire de mensonges, et tout ira mieux, ma grande. Tu vois, elle n'est pas si méchante. Elle t'a juste fait la morale ce soir. A toi de montrer que tu as compris. Aline et Diane, en bas, me disaient que tu allais recevoir une autre fessée, et il n'en a rien été. Sois obéissante et tu éviteras de nouveaux ennuis..."

Tata me confirmait là que mes soeurs, comme moi, avions imaginé une soirée plus agitée pour mon bas du dos. J'en voulais à Aline et Diane, mais je ressentais un certain soulagement, comme si ma "non-fessée" de ce soir était un pied de nez fait à mes soeurs.

Finalement, épuisée par toutes ces émotions, et les nerfs apaisés après la longue tannée reçue, je m'endormis rapidement. Je me réveillai pourtant au milieu de la nuit, tremblante. Je venais de faire un cauchemar. Je me voyais punie par ma grand-mère, et me retrouvant étalée sur ses genoux, culotte de pyjama baissée, recevant une interminable fessée...



Ce n'était qu'un cauchemar, Mamie n'aurait jamais levé la main sur moi de telle manière. Toute gamine, j'avais bien eu droit à une ou deux tapes lors de colères, mais Mamie me donnant la fessée, c'était inimaginable. Sauf que l'allusion de Maman aux mensonges de dimanche qui auraient dû me valoir une déculottée devant elle, avait marqué mon subconscient, peuplant mes rêves nocturnes après cette journée où Christine, l'épargnée depuis 37 jours, avait retrouvé le chemin des genoux maternels...

A SUIVRE

2 commentaires:

  1. Encore une fois superbement raconter et illustrer Christine. Votre récit m'amène une question. Vous est-il déjà arrivé de prendre plusieurs fessée lors d'une même journée? Chose qui arrivait de temps en temps chez moi quand il y avait de l'électricité dans l'air...
    Cordialement

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  2. Bonjour Christine.

    Il m'arrivait aussi parfois que maman me menace d'une fessée devant du monde : grands-parents, oncles, tantes, cousins, cousines... Mais hélas, pour une grosse bêtise, la cuisante fessée (déculottée ou non suivant humeur) tombait aussi parfois réellement et en public, sans sommations au préalable.

    Quant à vous, chère Christine, je sais que cette honteuse mésaventure vous était arrivée une fois, devant tata Jacqueline, vous nous l'aviez raconté. Etait-ce la seule fois ?

    Amicalement, à bientôt.
    Déculottement vôtre.

    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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