mardi 6 septembre 2011

Le beau temps ne dure pas éternellement... (12) Quand on reparle de lundi des jours durant...

SUITE 11

Un vrai cauchemar que cette vision nocturne d'une fessée que j'aurais reçue de Mamie. Mais, on ne commande pas ses rêves et il m'a fallu ensuite du temps pour me rendormir, sans penser et repenser à ce qui m'était arrivé durant cette journée...

Le lendemain matin, au lever, j'étais toutefois comme soulagée. Mes peurs, mes angoisses s'éloignaient et l'événement vécu, même marquant se conjuguait maintenant au passé...
Du moins dans ma tête, comme dans mon corps, où la tannée maternelle n'avait pas laissé de trace et où ma lune avait retrouvé sa pâleur normale.
Restait quand même que je n'avais pas fini d'en entendre parler. Il en était ainsi des fessées marquantes. Maman ressassait ses leçons de morale et s'appuyait sur cet exemple pour illustrer son propos.
J'ai donc eu droit aux petites phrases distillées à mon encontre ou à destination familiale. Je devais filer droit, car j'étais sinon visée par des mots du genre : "Christine, tu veux une autre fessée ?", ou "Christine, tu sais qu'il vaut mieux ne pas m'énerver... Tu l'as constaté hier...."
Ou indirectement vers mes soeurs : "Aline, tu sais ce qui est arrivé hier à Christine... Tu veux prendre la suite ?"  Voire un : "Diane, si tu continues, ce sera le même tarif que Christine, lundi soir. Une bonne fessée déculottée..."
Même si Maman s'adressait à mes soeurs, j'étais toujours comme au centre des débats : c'est de mes fesses qu'il était question, et j'en rougissais à chaque fois...


L'histoire de mes méfaits et de la fessée reçue sortit aussi du simple cadre de la maison. Mamie eut droit à un compte-rendu plutôt soft pour qu'elle ne me plaigne pas, mais même elle dût reconnaître que mes actes méritaient une sanction appropriée. Le fait que des vêtements aient été fichus, c'est quelque chose que la génération de ma grand-mère n'aimait pas, et elle donna quasiment raison à Maman qui put donc en rajouter sur le thème : "Une bonne fessée, finalement, c'est la seule chose que comprennent les enfants..."

Jeudi, jour de marché, Maman m'emmena pour racheter un survêtement nécessaire pour les cours de sport. Elle retrouva l'étal où elle avait acheté le précédent et s'enquit de savoir s'il y en avait encore. Mais, elle choisit un bleu marine, expliquant à la vendeuse ce qui s'était passé avec le précédent...
"Franchement, quelle idée a eu votre fille ? s'exclama la commerçante. "Une vraie sottise de gamine, alors qu'elle a passé l'âge quand même" commenta-t-elle.
Maman s'empressa de rétorquer : "Ah, j'aimerais bien que vous ayez raison, mais je vous assure que ma chère fille tarde à s'assagir. D'ailleurs, je peux vous dire que ça a bardé quand j'ai découvert le désastre".
Je sentais les confidences maternelles venir, et j'ai tenté de lui couper la parole. Gênée, cachant mal mon trouble, le regard fuyant, j'ai dit à mi-voix : "C'est bon, Maman, j'ai compris, tu sais..."

Mais, il fallait que Maman termine son propos, d'autant que l'on devinait l'intérêt de la commerçante pour ses confidences. Elle reprit la monnaie que lui tendait la vendeuse, et ajouta : "J'espère bien que tu as compris, Christine. Parce que, vous savez, Madame, quand je vous dis que ça a bardé, ça a bardé. Elle a beau joué parfois les petites demoiselles, elle faisait moins la fière, étalée sur mes genoux, la culotte baissée, pendant que je lui rougissais les fesses. J'en aurais eu mal aux mains, mais pour une fessée, c'était une bonne fessée, vous pouvez me croire..."
Heureusement que nous avions fini nos achats, car je serais morte de honte d'en écouter plus. Durant les semaines et mois suivants, nous eûmes l'occasion de refaire le marché à plusieurs reprises. La commerçante me regardait à chaque fois avec un air taquin qui me rappelait cette scène que je n'ai jamais oubliée...


Le même jour, en revenant du collège, j'ai trouvé Maman en pleine discussion avec la mère d'Anne, ma copine, et Anne elle-même. Elles repartaient et se trouvaient déjà dans le jardin. Je n'ai eu donc qu'à dire bonjour et au revoir à la maman de ma camarade, mais leurs yeux assez malicieux en me voyant n'étaient pas de bon augure.
Anne ne pouvait rester car elle allait chez le dentiste, et l'échange entre nous ne dura que quelques secondes, la mère d'Anne me demandant au passage : "Alors Christine, tu n'as pas encore fait de bêtise aujourd'hui, j'espère ?"
Cela me laissa sans voix et je filai dans ma chambre rougissante, et imaginant que Maman avait dû mettre au courant mère et fille de mes exploits...

Pour moi, c'était pénible, dur à vivre, tant je sentais que ces événements me collaient à la peau, que le chapitre avait du mal à être tourné. J'avais d'ailleurs presque le sentiment que, depuis lundi soir et la petite phrase de Maman disant : "Je n'ai peut-être pas dit mon dernier mot...", l'histoire n'était pas complètement achevée... Le sentiment que Maman avait encore un peu de rancoeur à mon égard, qu'elle se demandait si elle avait suffisamment agi, alors que d'habitude la fessée servait de remise à zéro des compteurs, effaçait les offenses, permettait de repartir du bon pied.
Là, j'avais l'impression depuis lundi que l'on ne parlait encore que de cela, même si ce n'était pas le cas. Mais, tant que c'était le dernier événement en date, ma tannée de lundi demeurait la référence. Et, comme mes soeurs se tenaient à carreau, sentant l'ambiance électrique, cela pouvait durer... Quoique... avec une mère à fleur de peau, mieux valait se méfier...

A SUIVRE

3 commentaires:

  1. Bonjour Christine et merci pour vos recits et vos illustrations si bien choisies.
    Comme je comprends votre gene et emoi quand votre mère racontais sa facon cuisante de vous punir!
    Moi aussi ca m'est arrivé souvent: ma mère me fessait a chaque faute et elle aimait le raconter aux autres personnes rencontrées;certes je n'etais pas souvent fessée en public mais ma mere se complaisait a le raconter.Et bien que vetue et non en position de fessée je me revoyais dans cette situation et je savais que ces personnes me voyaient en train de me faire rougir le bas du dos:c'etait comme une deuxieme fessée et je rougissais de me sentir exposée fesses nues devant eux!
    Parfois certaines amies de ma mère me disaient "Alors Danielle tu n'as pas été fessée depuis quand?A quand ta derniere betise,donc ta derniere fessée?" et cela me mettait dans un état pas possible;j'avais l'impression que mon bas du dos cuisait deja rien que d'entendre ce genre de phrases.
    Merci pour vos recits enchanteurs.

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  2. Merci Danielle de ces encouragements. Je n'irais pas jusqu'à dire que Maman se "complaisait" à raconter nos fessées, et donc les miennes surtout...
    Mais, c'est vrai que, comme vous le dites, je ressentais toute allusion, toute évocation, toute menace ou tout rappel comme si les mots étaient accompagnés d'images que pouvaient voir les témoins.

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  3. Bonjour Christine.

    Bravo à vous et bravo aussi à Danielle pour ces pertinents commentaires.

    Moi aussi, quand maman me flanquait une bonne fessée, elle ne manquait pas de le faire savoir. A commencer par mon père, le soir, quand il rentrait du boulot, il était tout de suite mis au courant. Mais aussi notre proche entourage, notre voisine Mme M..., tata Jeannette, et bien sûr tata Marie-Jeanne. Il faut dire que les méthodes punitives particulièrement musclées de ces trois personnes étaient similaires à celles de maman.

    Effectivement, comme vous dites, on avait l'impression de recevoir une deuxième fessée, rien qu'en entendant le compte rendu de maman. Surtout quand elle donnait quelques détails, du style : "Et encore, il a eu de la chance, c'était mon jour de bonté (sic), je ne l'ai pas déculotté. Mais la prochaine fois, il n'y échappera pas !", ou encore : "Il m'a tellement énervée que j'ai baissé le pantalon et même le slip devant tout le monde !" Je n'étais pas fier, surtout par exemple quand je voyais le regard moqueur et pétillant de ma cousine Annie.

    L'avantage, c'est que, moi aussi, j'avais droit aux détails. Par exemple, quand tata Jeannette ou tata Marie-Jeanne racontaient leurs piquantes punitions corporelles infligées à leurs enfants, je me réjouissais d'entendre les mésaventures subies par mes cousins cousines, et bien sûr plus particulièrement par mes cousines Babeth (fille de tata Jeannette) et Annie (fille de tata Marie-Jeanne). Pour cette dernière, c'était pour moi une petite revanche, je devais moi aussi avoir un regard très coquin en écoutant tata Marie-Jeanne dire par exemple : "Dès qu'Annie a eu la culotte baissée, elle était déjà moins fière !"

    Amicalement, à bientôt.
    Culotte-baissement vôtre.

    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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